Akira n’arrivait pas à dormir dans son lit et quand cela arrivait, c’était sûrement du à quelque chose qui le tourmentait. Il avait beau chercher une pause adapter pour dormir, mais rien n’y fait, il fallait qu’il sorte de la chambre. Son visage montrait étrangement de la tristesse aujourd’hui. C’est à pas de loup qu’il quitta sa chambre en survêtement. Bien évidement, il ne fallait pas qu’il se fasse repérer, sauf qu’il avait un léger avantage, c’est qu’il était Rônin.

Entre les cours et le boulot, il avait dû mal à s’organiser. Surtout qu’il avait raté son entrée pour les études supérieures, il devait à tout prix réussir cette fois-ci, sinon il allait regretter d’avoir fait des économies. En attendant, il cherchait à faire quelque chose de plus calme pour se détendre. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas fait d’insomnie. Son manque de sommeil était souvent du à son passé qui le rongeait souvent. Le fait de revoir cette scène en boucle dans des moments où il se retrouvait seul, lui donnait la nausée.

Il était sorti du bâtiment Meiji pour rejoindre le gymnase. Là-bas, il était sûr qu’il trouverait le moyen de se détendre comme il pourrait. Le sport permettait de se défouler. Autant, il aurait aimé frapper quelques balles au tennis, mais avec la pluie qui tombait à l’extérieur, le terrain était impraticable. Quand au gymnase, il se demandait pourquoi il était encore allumé. L’équipe de basket était-elle en train de s’entraîner ? Pour le savoir, il décida d’aller y jeter un coup d’œil. Il n’y avait personne à l’horizon. Un doux sourire se dessina sur ses lèvres en voyant le terrain avec les deux cages de but et les paniers de basket.

Ses souvenirs d’adolescent ressurgissaient. C’était le temps où lui-même faisait parti d’une équipe de basket. Un ballon orange était posé sur les gradins. Il marcha dans cette direction pour aller le récupérer. Mais quelque chose attira son attention. Il venait de trouver un magazine à côté du ballon. Ce n’était pas n’importe quel magazine. C’était un bouquin sur la musique. D’ailleurs, sur la couverture, il avait reconnu la fille aux cheveux roses. En gros titre « SAN fait encore des ravage ! ». Akira la connaissait sous le nom de Tenryu Hanami. Elle était aussi inscrite à Ginkgo Gakuen. Il le savait car il la voyait pour les cours du soir, sauf qu’il était loin d’imaginer que c’était une célébrité.

Assez feuilleté, ce genre d’hebdomadaire ne l’intéressait guère. C’est pourquoi, il enleva son sweat à capuche pour ne porter qu’un débardeur. Il attrapa la grosse balle et commença à dribbler avant de l’envoyer dans le panier de basket. Mais cette dernière percuta l’anneau. Il trottina jusqu’à la baballe. Il se baissa pour la prendre à nouveau et au moment où il comptait repartir, il était resté bloqué sur les chaussures d’un ou d’une inconnue.

Le lit était dur. Vraiment très dur. Il en avait mal au dos ! Et puis c'était quoi toute cette lumière ? Déjà le matin ? Non. Les réveils n'avaient pas sonné. Un de ses collocs avait du allumer sa lampe juste au dessus de sa tête. Pas possible autrement. Il voyait même la lumière à travers ses paupières ! Ouais, c'était forcément ça. Quelqu'un avait dû changer son matelas et lui coller sa lampe de chevet sur les yeux.
Yukimichi se retourna en grognant ... et tomba par terre.
Bon, ok, son lit était moins haut que ce qu'il avait cru, mais là, ça dépassait le supportable ! Il se redressa à moitié, les yeux à peine ouverts, la tête enfarinée, et exprima son mécontentement de façon virulente à travers la chambre.

" Bordel ! Mais laissez-moi dormir !! "

Sa voix résonna étrangement dans la pièce, à sa grande surprise, et Yuki ouvrit un peu plus les yeux pour tenter d'en comprendre la raison. Il lui fallut quelques instants avant de réaliser qu'il n'était pas dans sa chambre, et quelques instants supplémentaires pour reconnaître les vestiaires du gymnase du lycée. Mais qu'est-ce qu'il foutait là ?

L'adolescent se releva en se frottant l'arrière du crâne. Visiblement, il s'était endormi sur un des bancs du vestiaire et venait d'en tomber. Bon, ça c'était pour l'immédiat. Mais avant ? Dans un effort de concentration, Yukimichi réussit à rassembler ses idées et à les remettre en ordre.
Une journée de cours ordinaire. Un entraînement de basket un peu houleux à cause d'un litige entre un remplaçant en 1-C et un sempai de la 3-A. Les devoirs avec l'aide précieuse de Seiji. Le dîner au self. Et ... Ah oui ! Insatisfait par l'entraînement de l'après-midi avec le club, Yuki avait voulu s'exercer un peu tout seul avant d'aller dormir. Il avait trouvé le gymnase vide, évidement, à l'exception d'un ballon abandonné sur les gradins près d'un magazine. Après un rapide coup d'œil, il en avait déduit que ce devait être à une des filles du club - un mec ne pouvait décemment pas lire ce genre de truc - et s'en était désintéressé pour s'entraîner. C'est après deux bonnes heures que, fatigué, il avait pris la direction des vestiaires et s'était écroulé sur le premier banc, cinq minutes, le temps de souffler avant de prendre une douche ... Visiblement, les cinq minutes avaient bénéficié de prolongations ...

Fort de cette reconstitution des faits, Yukimichi consulta sa montre et échappa un soupir. Au point où il en était, regagner sa chambre n'était plus une urgence, autan mettre à profit cet éveil nocturne. Le jeune homme récupéra son ballon et se dirigea vers les terrains du gymnase en s'amusant à le faire tourner sur son index.
C'est sans surprise qu'il trouva la salle illuminée, puis ce qu'il n'avait rien éteint avant sa "sieste". En revanche, il n'avait pas prévu d'y rencontrer quelqu'un, et il lui fallut quelques instant pour se persuader qu'il était bien réveillé. Vu la tignasse verte qu'il avait sous les yeux, il avait un doute.

" Heu ... Salut ... "

Rien de plus intelligent à dire. En même temps, il n'avait pas de trait de génie à sortir lors d'une rencontre aussi improbable.

Hana marchait, ou plutôt courait en direction du gymnase. Elle avait des baskets, un sweat à capuche, jusque là rien d’anormal, mais était en pyjama ! Elle se demandait pourquoi, non de dieu, elle était aussi tête en l’air et marmonnait une quantité impressionnante d’injures très peu adapté au vocabulaire d’une jeune fille. Mais comment avait-elle bien pu en arriver à courir en direction du gymnase au beau milieu de la nuit et en pyjama ? Revenons en arrière au début de cette journée.

Comme tous les matins, Hana c’était levée du pied gauche, après tout ce n’était pas de sa faute si elle avait du mal à se lever. La matinée c’était passé sans encombres et elle avait suivit ses cours, au premier rang comme d’habitude. Le midi elle avait retrouvé sa colocataire Hinata avec qui elle s’était liée d’amitié il y a peu de temps. Les deux jeunes filles avaient d’ailleurs beaucoup rigolé pendant le repas.

Hana avait finit les cours à la pause déjeuné aujourd’hui et avait consacré sa journée à son sport favori le basket. Elle était d’abord montée se changer avant de repartir en direction du gymnase avec un magazine et son ballon sous le bras. Notre jeune fille était toute souriante et en arrivant au gymnase elle pu constater que l’équipe des garçons s’entrainer déjà. Ne voulant pas déranger elle s’était installé dans les gradins regardant l’entrainement. Elle finit tout de même par ouvrir son magazine car elle commençait à perdre patience et avait vraiment envie de jouer.

La première contrariété de la journée vint pendant l’entrainement de l’équipe fille. Hana avait bousculé une fille sans le faire exprès et l’histoire avait failli dégénérer. Préférant s’aérer l’esprit elle était resté dans le gymnase s’entrainant encore plus. Depuis qu’elle avait arrêté la gymnastique elle n’arrivait plus à se dépenser suffisamment et restait souvent s’entrainer tard le soir jusqu'à l’heure du repas.

Mais aujourd’hui, deuxième contrariété, elle n’avait pas vu l’heure passer. Alors qu’elle tirait s’était arrêté cinq minutes dans les gradins pour boire un peu d’eau, elle avait reçu un message d’Hinata lui demandant ou elle était passée. Horreur elle était en retard d’une bonne demi-heure. Hana partie en courant tout en répondant à son amie qu’elle arrivait. Heureusement Hinata lui avait prit un bentô.

Nous voilà maintenant un peut plus tard dans la soirée, Hana avait prit sa douche, préparé ses affaires pour le lendemain et elle s’attaquait à ses devoirs. Elle avait travaillé très tard et lorsqu’elle eut finit et qu’elle rangea ses affaires de cours elle se mit à chercher son ballon pour le ranger sous son bureau. Et là troisième contrariété, notre jeune fille se rendit compte qu’elle était partit tellement vite tout à l’heure qu’elle avait oublié son ballon et son magazine sur les gradins. Hana avait enfilé des baskets, mit un sweat et était partit en courant récupérer son ballon de basket adoré.

Arrivé devant le gymnase, Hana s’arrêta pour reprendre son souffle, elle releva la tête et haussa un sourcil en voyant l’intérieur du gymnase éclairé. Timidement elle ouvrit la porte sans faire de bruit. Elle vit alors deux garçons au millieu du terrain. Le premier, avait les cheveux verts, c’était vraiment étrange et il tenait son ballon dans les mains. Quand au deuxième, elle le reconnaissait pour l’avoir vu jouer l’après-midi pendant qu’elle était dans les gradins. Il faisait partie du club de basket.

Doucement elle s’approcha se demandant s’ils voudraient bien lui rendre son ballon. Voyant qu’ils ne l’avaient pas remarquez, elle toussa légèrement espérant attirer leur attention.


- Heu ... Excusez-moi mais ce ballon est à moi. J’aimerais le récupérer s’il vous plait.

Alors qu’il pensait être totalement seul dans le gymnase, voilà qu’une voix masculine se faisait entendre. Les pieds qui se trouvaient sous son nez n’étaient autre que ceux d’un jeune garçon. Les plus jeunes devraient déjà être au lit à cette heure-ci, mais ce jeune homme n’était pas encore dans le sien. Souffre-t-il de somnambulisme ? D’après ce qu’il voyait, son acolyte masculin n’avait pas les symptômes de ce genre. Au contraire, il avait l’air assez bien éveillé ou presque. Son salut avait l’air assez surpris ou alors c’était comme d’habitude du à ses cheveux. Il savait que sa chevelure ne passerait pas inaperçu. Pourtant, dans l’enceinte de l’établissement, il faisait de son mieux pour être discret et être sérieux en cours. A l’extérieur, il ne se gênait pas du tout pour laisser exprimer ses envies. Il se sent un peu comme un oiseau qui retrouve la liberté une fois à l’extérieur.

« Bonsoir jeune homme. Alors on n’est pas au lit à cette heure-ci ? Quand les chats dorment, les souris dansent c’est ça ? », dit-il avec un sourire plein de malice.

Akira faisait allusion aux surveillants du pensionnat. Avec son âge, il aurait pu l’être, sauf qu’il ne se voyait pas du tout surveillant. Il savait déjà qu’il avait du mal à être autoritaire avec son petit frère, alors tenter de faire la police avec des adolescents c’était pas du gâteau. Alors qu’il s’apprêtait à lui proposer un petit match contre l’étudiant, un bruit se fit entendre dans la salle. Une demoiselle venait de les rejoindre. Visiblement, le ballon qu’il tenait entre les mains était le sien. Une tête en l’air ? Il se disait qu’elle devait être vraiment préoccupée pour avoir oublié son magazine et son ballon. Il souleva un sourcil intrigué avant de la questionner.

« Ah…et tu t’es levée exprès pour venir le chercher ? C’est bizarre quand même, non ? En plus seule… »

Il se tourna vers l’autre garçon espérant avoir un avis de sa part. Qui sait peut-être que cette demoiselle était en mission secrète pour le directeur du pensionnat et que le ballon était un ordinateur super sophistiqué. Il devrait songer à arrêter de visionner les séries d’agent secret.

Après quelques instants de silence, l'intrus prit finalement la parole, laissant Yukimichi interloqué. C'était quoi cette histoire de chats et de souris qui dansaient ? Ce type avait une façon de penser aussi étrange que sa coloration. Quant à être au lit ... en quoi ça le regardait, franchement ? Du moment qu'il ne faisait rien de mal et qu'il ne quittait pas l'établissement, il pouvait bien faire ce qu'il voulait.

Yuki haussa doucement les épaules, une petite moue boudeuse sur les lèvres. Il s'apprêtait à répondre lorsqu'une jeune fille fit irruption à son tour. Vu l'heure, le gymnase devait sans doute penser qu'il était victime d'une invasion. Une fois plus près, il finit par l'identifier comme une des membres de l'équipe féminine. Il connaissait moins bien les filles du club que les garçons, vu qu'ils s'entraînaient rarement ensemble, mais leurs visages ne lui étaient pas inconnus pour autant. Elle, c'était Aoki ... le prénom lui échappait en revanche.

" Hé ben ! C'est une vraie réunion ici ! "

Quoique ... maintenant qu'il y pensait ... C'était peut-être un rendez-vous amoureux entre les deux autres et ils prétextaient cette histoire de ballon pour se retrouver. Et lui était un élément indésirable dans cette histoire. Ah oui ! Ca devait sûrement être ça !

" Heu ... Je crois que je vais rentrer. J'me suis assez entraîné pour aujourd'hui. Bonne ... soirée ... "

Ou nuit, ou tout ce qu'ils voulaient. Ce n'était pas vraiment ses affaires.

Sans demander son reste, Yukimichi se détourna du couple et prit la direction de la sortie en dribblant avec son propre ballon. Il avait tout juste fait deux pas à l'extérieur qu'une voix s'éleva dans la semi obscurité.

" Daiki ? Je me demandais qui pouvait bien traîner au gymnase à cette heure. C'est pas un peu tard pour un entraînement ? "

Le jeune homme adressa un grand sourire au coach de l'équipe qu'il venait de reconnaître.

" Ya pas d'heure pour le basket, M'sieur ! "
" Peut-être mais une vie saine est un élément important pour un sportif. Tu dois être en forme pour le prochain match, alors file te coucher ! Je vais éteindre le gymnase. "
" Oui m'sieur ! "

Yuki fila au pas de course, avant de se souvenir de la présence des deux autres. Bah ... Il les avait à peine quitté, ils ne devaient pas en être à un stade compromettant normalement. Ils serviraient au coach leur histoire de ballon et ça irait. L'homme était d'un naturel compréhensif en dehors des entraînements. Avant de tourner à un coin de bâtiment, le jeune homme jeta un coup d'œil en arrière. La lumière était éteinte. Le coach avait dû les mettre à la porte. Dans un bâillement ostensible, il prit la direction de l'internat. Son véritable lit l'y attendait et il était finalement assez impatient de le retrouver.