Aujourd’hui, Aya avait fini les cours bien plus tôt que d’habitude, ce qui n’était pas sans lui déplaire. En ce jour, elle était atteinte d’une certaine flemme qui lui interdisait d’écouter en cours. Au lieu d’écouter la voix suave de la prof de sciences sociales, Aya avait préférer gribouiller quelque chose sur son cahier avant que son attention fut porter vers l’extérieur. Alors qu’elle observait les nuages et les arbres dont les feuilles dansaient tranquillement au gré du vent, son esprit vagabondait et …

Elle se retrouva à imaginer ce que serait sa vie à la place de son père. Son père était marin dans la marine Américaine. Il s’était engagé à l’âge de 19 ans, avait eu une formation militaire puis avait apprit son métier. Bien qu’étant japonais, il n’avait pas eu de problème à se faire une place parmi les hommes. Plus petit et frêle que ses collègues, Kyûji Shirogane avait une forte personnalité. « A l’armée, si t’es petit, faut avoir de la gueule et du caractère », c’est ce qu’avait le père de notre jeune fille. Il avait commencé en tant que quartier maître et maintenant, 20 ans après, le voilà qui avait une grande partie de l’équipage sous ses ordres. Il avait fait le tour du monde, avait visité toutes les contrés imaginables et inimaginable pour notre jeune Aya. Elle avait aimé le voir, qu’il lui raconte toutes ses aventures. Et, bien qu’il lui manque atrocement, elle était fière de lui. Fière d’avoir un père qui faisait parti de l’armée Américaine. Fière que son père défende le pays qui l’avait accepté. Fière de …

Elle ne put finir sa phrase qu’elle entendit la sonnerie, marquant ainsi la fin du cours. D’un bond, elle se leva, rangea ses affaires à la va vite et sorti de la classe, ignorant la prof qui donnait encore quelques devoirs. Tant pis, elle les reprendra sur un camarade. Rapidement, Aya fila le long du couloir puis sorti à l’air libre et se dirigea au pas de course vers la sortie de l’enceinte du lycée. Tout en marchant, elle sortie son portable et s’immobilisa instantanément. A l’écran s’afficha un appel manqué de … Son père ! Sans réfléchir d’avantage, elle composa le numéro du chef de famille et le rappela, tout en s’avançant plus doucement. Lorsqu’il décrocha, le cœur de notre jeune fille fit un bond et s’accéléra.

Elle parla avec Kyûji pendant tout le chemin jusqu’au centre commercial. Après avoir raccroché, elle s’immobilisa et regarda l’écran de son portable, souriant. Qu’il était bon de l’avoir à nouveau entendu. Son père se trouvait, en se moment même à Djibouti, en Afrique car l’armée Américaine était en mission avec la marine Française et avait accostée à cette base navale. La discutions n’avait même pas duré 5 minutes, mais c’était tellement agréable d’avoir à nouveau entendu la voix de son père. Ce dernier lui avait, en outre, promis de passer la voir dans son nouveau lycée, dès qu’il aura quelques semaines de permission. C'est-à-dire dans 3 mois. Dit comme ça, c’était long, mais à quoi bon. Aya comptait, dès à présent, les jours et était à nouveau perdue dans ses pensées, ne faisant pas attention où elle allait, ce qui lui valut un petit problème.

Alors qu’elle marchait, elle vit au loin une jeune fille qui ressemble étrangement à Aimi, une très bonne amie d’enfance. Ni une ni deux, Aya agrandit un peu plus son sourire et se mit à courir vers la jeune fille.

« AIMIII !!!! »

Fut tout ce qu’elle dit, histoire de prévenir son ‘amie’ avant qu’elle ne lui saute littéralement dessus. Heureusement Aya avait ralenti son allure. Mais, au moment de prendre son appel, elle remarqua que la jeune fille en question n’était pas du tout Aimi. Sauf qu’il était déjà trop tard et Aya se retrouva maintenant sur la pauvre inconnue qui n’avait rien demandé, ses bras entourant les épaules de la jeune fille. Elles restèrent une fraction de seconde corps contre corps avant qu’Aya ne se redresse vivement, se reculant de deux pas.

« M … mince. Dé … solé. Je t’ai confondu … avec … quelqu’un … d’autre … » bégaya-t-elle en baissant le regard, ses longs cheveux lui tombant comme un mur devant le visage.

Que faire maintenant ? S’excusez à nouveau et partir ? Partir sans dire un mot ? Rester sur place et faire face aux éventuels problèmes ? Ah ! ça apprendra à notre jeune fille de ne pas réfléchir avant d’agir ….

Ouf, la jeune victime ne semblait pas être plus perturbée que ça, qu’une inconnue l’ai presque étranglée. Heureusement pour notre Aya, qui, au lien de prendre les jambes à son cou comme elle l’aurait sans doute fait, put se détendre un peu plus. Alors qu’elle passait sa main dans les cheveux, laissant ensuite retomber son bras le long de son corps, l’inconnue continua de parler, ce qui étonna notre jeune japonaise.

Ce ne fut pas tant le sujet qui l’étonna, mais bel et bien le ton que l’inconnue utilisait. Le ton était celui qu’on prenait lorsqu’on faisait face à un ami de longue date qu’on était heureux de voir ou revoir. Pourtant, ce n’était pas le cas, non ? Aya avait une mémoire visuelle assez développée et se souvenait sans trop de problème des gens qu’elle avait rencontré dans sa vie. Sauf que là, rien, niet. L’inconnue n’avait sans doute pas été très marquante. Et pourtant, Aya avait, elle aussi, l’impression de l’avoir déjà vu. Au détour d’une rue ? Dans un magasin ? Elle ne tarda pas à avoir la réponse à sa propre question, car l’inconnue, qui s’était présentée comme étant une certaine Machi Ogawa, lui avoua en plus qu’elle était au lycée de Ginkgo Gakuen. Ah bah voilà ! Cela expliquait ceci ! Alors qu’Aya s’apprêtait à répondre, Machi reprit la parole pour … s’excuser de trop parler ? Notre jeune fille ne put s’empêcher d’esquisser un sourire mi malicieux mi amusé et fit un signe de la main pour lui signifier qu’il n’y avait pas de soucis.

« Je préfère ça qu’un silence oppressant dans lequel je ne pourrais pas te cerner » avoua notre jeune fille une fois qu’elle fut bien sûre que Machi n’allait rien ajouter, avant d’hocher doucement la tête « Pour ma part je suis Aya Shirogane et je suis en prépa au même lycée que toi. C’est sans doute pour ça que, malgré que tu ne sois pas Aimi, tu me sembles familière » Ajouta-t-elle en agrandissant son sourire.

Le silence retomba entre elles. Que dire ? Qu’ajouter de plus ? Machi était sympas et avait l’aire d’être quelqu’un d’agréable, mais comment réagir face à une telle personne ? Déjà que leur rencontre n’avait pas été des plus tendre, comment Aya pourrait-elle continuer de lui parler, sans que Machi ne s’énerve ou l’envoie balader ? Hm …

« Tu fais de la photo en tant qu’hobby ? » Demanda-t-elle finalement, pensant que parler de quelqu’un de son éventuelle passion pourrait être mieux qu’autre chose et au moins c’était un sujet sûr « tu photographies quoi ? C’est quoi ton sujet préféré ? »

Evidement qu’Aya remarqua le léger voile de tristesse qui passa sur le visage de la jeune fille lorsque celle-ci évoqua son père. Grimaçant légèrement, Aya se mordit un peu la lèvre inférieure, s’en voulant d’avoir éventuellement pu mettre son interlocutrice mal à l’aise. Enfin, ça lui passera sans doute et puis Aya n’était pas sensé savoir que c’était un sujet tabou. Elle n’était donc pas en faute. Mais soit. Elle s’empressa de réafficher son sourire lorsque Machi lui demanda si elle ne voulait pas aller boire ou manger quelque chose. A vrai dire, ça l’arrangeait pas mal. Elle n’avait pas avalé grand-chose ce matin et elle n’avait pas eu l’occasion de boire son café matinal. Et puis Machi avait l’air d’être quelqu’un d’intéressant, autant en profiter pour la connaître d’avantage, non ? Alors, hochant vivement la tête et agrandissant son sourire, notre jeune fille fit un pas en avant.

« Avec plaisir ! » déclara-t-elle d’une voix enjouée. Puis, se dressant sur la pointe de ses pieds, elle regarda le bout de la rue, une moue de réflexion sur le visage, avant retomber sur le sol, reportant son attention sur l’inconnue « D’ailleurs y a mon café préféré qui vient d’ouvrir, juste au bout de la rue. Un café dans le american style. Ça t’intéresse ? Je te promets que si tu goutes à leur triple chocolate cookies ou leur blueberry muffin tu n’en reviendras pas et tu emmèneras toutes tes copines là dedans dès que vous serez en ville »

Elle lança un coup d’œil vers l’arrière puis vers le magasin devant lequel s’était installé Machi avant de reprendre la parole, sourire éternel s’agrandissant à l’approbation de la jeune fille.

« Alors vient ! »

Sans lui laisser le temps de réagir d’avantage, Aya lui attrapa le poignet et l’entraina avec elle –la lâchant tout de même lorsqu’elles étaient en route. Ensemble, elles entrèrent dans le café et, après avoir lancé un ‘salut’ au serveur, Aya se dirigea vers une table pour deux près de la fenêtre et s’installa. Elle posa son sac à ses pieds puis regarda Machi et l’observa quelques instants avant de se lever. Elle alla chercher deux cartes et en tendit une à la jeune fille en revenant s’installer en face d’elle.

« Alors, si je peux te conseiller … prend le blueberry muffin avec … le chocolat blanc chaud ou le café au sirop de noisette » Aya laissa son regard passé sur le menu puis reposa la carte et sourit à Machi « moi je prend ce café et un triple chocolate cookie. [b]»

Ça y est, elles inversèrent les rôles. D’abord c’était Machi qui parlait de trop, maintenant c’était au tour de notre jeune fille. Enfin, ce n’était pas plus mal que ça étant donné qu’il y aura peu de chance qu’un blanc ne s’installe entre elles.