Après une journée de cours éreintante, il avait fallu qu'il s'endorme là, le nez sur son livre d'anglais....

Tout partait d'un bon sentiment, d'une bonne idée. Et voilà que Ryuku se retrouvait dans une nouvelle mésaventure. Après s'être rendu compte que son niveau d'anglais ne lui permettait plus de suivre les cours de Moe sensei actuellement, Ryuku avait décidé de s'y mettre sérieusement pour rattraper ses lacunes. Il bûchait sur la chambre des Lords et apprenait son vocabulaire. Seulement voilà. N'ayant pas eu de nuit complète depuis plusieurs semaines, ce qui devait arriver... arriva.

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Ryuku s'était endormi dans un petit canapé du foyer, trop confortable pour pouvoir lutter bien longtemps contre cette fatigue omniprésente. Et comme, il fallait bien le dire, la chambre des Lords ne passionnait pas Ryuku plus que ça, le combat était trop inégale pour l'étudiant qui dormait à présent d'un sommeil de plomb. De plomb, oui. Car ni les allées et venues des autres élèves dans le foyer, ni leurs conversations, ni leurs moqueries à l'égard de l'endormi ne parvenait à tirer Ryuku de son sommeil.

De ce fait, il était facile de devenir la cible d'un groupe de gens (de filles) mal intentionné(e)s... En effet, lorsque l'estomac de Ryuku le força à réaliser qu'il n'attraperait jamais ce donburi sauvage qui lui glissait entre les mains en rêve et qu'il devait sortir de son sommeil pour aller se restaurer, l'étudiant de 3-A eut la vilaine surprise de constater que non seulement on lui avait dérobé son pantalon d'uniforme, mais qu'en plus, on l'avait tout englué d'une substance étrange. Mollets, cuisses, et même une joue avaient été recouverts de cire épilatoire. Elles avaient dû bien rire les petites pestes à l'origine de cette blagounette trèèèèès amusante...... !

La cire avait durcie. Ryuku essaya de gratter une partie sur sa cuisse mais c'était difficile à décoller ce truc. Mais il parvint à retirer un petit morceau.

Un cri déchira le silence du foyer presque vide, puis qu'il n'y avait qu'un pauvre sans-culotte qui luttait contre sa malchance. Car si Ryuku n'était pas très poilu, il n'en restait pas moins que la cire s'était prise dans les poils fins qui recouvraient sa peau et que ça faisait affreusement mal de se les arracher. Comment faisaient-elles les filles ? Étaient-elles à ce point passionnées de torture ? Étaient-elles masochistes pour s'infliger de telles souffrances ? Ryuku n'allait pas résoudre cette énigme aujourd'hui et pour l'heure, le plus important était de se débarrasser de ça.

Quelqu'un entra. Ryuku s'empara de deux coussins du canapé pour caché le fait qu'il n'avait pas de pantalon. Le mieux aurait été d'être invisible à ce moment là mais puisque ce n'était pas possible, il fallait bien assumer. Ryuku reconnu Toshihiro chan, une demoiselle de première année. Ryuku ne la connaissait pas vraiment. Seulement de vue car elle sortait apparemment avec un mec de sa classe. Elle lui paraissait gentille avec son petit visage doux. N'ayant de toute façon pas d'autre solution sous la main, Ryuku l'interpela.

"Heu, salut. Toshihiro, c'est ça ?.... Dis.... tu pourrais m'aider ? J'ai un petit problème."

Et Ryuku souleva un coussin pour lui montrer que non seulement il n'avait pas de pantalon, mais qu'en plus, il avait cette espèce de matière extra-terrestre collée à sa peau.

"On m'a fait une petite blague. Tu sais comment retirer ce truc ?"

Minji affichait un sourire heureux. Sans raison particulière, ce sourire était destiné à ses souvenirs du premier trimestre. Même les situations les plus gênantes devenaient cocasses au fil du temps. C’est donc avec un camarade de classe, qu’elle changea de bâtiment. Durant tout le trajet, leur conversation était en anglais. Une fois arrivée au niveau des escaliers, le chemin avec son collègue de classe se sépara. Lui allait rejoindre sa chambre, tandis qu’elle, celui du foyer. Son atelier commençait demain et elle voulait un peu se détendre en lisant ses bouquins. Elle avait apportée quelques livres avec elle et son sac de club sur l’épaule.

Mais elle s’arrêta à quelques mètres de la porte, car un groupe de fille venait de sortir de la salle avec un pantalon et de la cire à épiler. Minji suivait du regard le groupe jusqu’aux escaliers. Elles n’avaient pas prêté attention à elle en tout cas, mais à entendre leurs rires, elles avaient sûrement fait quelque chose de pas net. Surtout qu’un cri venait de retentir, elle devait aller lui porter secours. Comme pour l’histoire du yokai, la curiosité la poussait à ouvrir l’antre du foyer et de connaître la pauvre victime.

En découvrant la personne, ses yeux se sont agrandit. Elle posa rapidement sa main devant sa bouche pour ne pas hurler à son tour et referma la porte derrière elle. Visiblement, ce garçon avait besoin d’aide. Pas étonnant après les demoiselles étaient parties fières de leur farce. La métisse n’avait pas eu du mal à reconnaître le camarade de classe d’Akihito. Elle avait l’habitude de l’attendre devant l’entrée de la porte de sa classe et de le croiser quand il sortait de sa salle

« Euh…o-o-oui bi-bi-bien sûr… », dit-elle en bredouillant.

Elle le vit ôter le coussin de son entrejambe et automatiquement, elle cachait ses yeux pour ne pas voir le garçon à demi nu. Après vu son professeur torse nu à cause de la chaleur, la voilà dans une situation similaire, mais sans le bas. Ou plutôt juste avec le caleçon. Elle écartait les doigts et regardait d’abord le visage du garçon, puis descendit lentement vers les jambes.

« Je ne vous promets rien sempai, mais je pense que je pourrais vous enlever la cire. »

Après un instant de réflexion, elle déposa ses affaires à côté d’un fauteuil et sortit de son sac de natation des gants et des serviettes. Elle alla fouiller dans le coin cuisine à la recherche d’une grande bassine. Elle n’avait pas trouvé trente-six mille solutions. Une fois la bassine en main, elle le remplissait d’eau chaude. C’était peut être une méthode longue, mais il fallait bien tester. Elle trempa les serviettes en coton à l’intérieure et fixa son interlocuteur.

« Avec de l’eau chaude ça devrait le faire…vous voulez que je vous aide à enlever ou vous préférez le faire vous-même ? »

MInji était une fille réputée timide. La preuve en était qu'elle bégayait parfois lorsqu'elle était prise de cours. La pauvre. Etre mise dans une situation pareille par la faute d'une poignée de filles à l'humour douteux. Bon si Ryuku ne s'endormait pas n'importe où et n'importe quand aussi, ça eviterait qu'il se retrouver plongé dans ce genre de situation grotesque. Enfin bon, peu importe. L'heure n'était pas à trouver un responsable à la situation gênante des deux élèves, mais plutôt à trouver une solution pour se sortir de là.

Ryuku la regarda avec un leger vent de panique dans les yeux. Il pensait que c'était un truc inné chez toutes les filles de savoir s'épiler à la cire. Alors pourquoi disait-elle qu'elle ne lui promettait rien ? ça allait être une opération délicate ? C'est ça ? ça allait faire super mal ? Ryuku en avait eu un petit avant gout et n'osait même pas imaginer la douleur que ça serait d'arracher tout simplement la cire de sa peau. Il tenait à ses poils, aussi fins soient-ils !

Minji évoqua une solution. De l'eau chaude. Quoi c'est tout ? De l'eau chaude serait suffisante pour retirer ce truc tout collant ? Quoique le truc avait durcit. Mais justement, est-ce que ça n'allait pas être encore plus dur à enlever ? ... Hein ? le faire soi-même ?

"Oh non, non ! j'y tiens pas ! Je sais pas faire ça moi. ET quand j'ai tiré sur un bout, ça m'a fait super mal parce que ... hum... parce que quelques poils sont partis avec. J'ai pas du tout envie de me retrouver épilé en plus. Tu crois que ça va être possible d'épargner ma pilosité ?"

Ryuku avait aperçu son pantalon qui avait été abandonné par les filles qui le lui avait retiré. Il était échoué sur le dossier d'un fauteuil. Ryuku avait pensé l'enfiler par dessus la cire et basta. Ni vu ni connu. ça allait bien finir par partir un jour. Le problème, c'est qu'il avait une visite médicale demain. Ryuku attrapa un poignet de Minji pour qu'elle comprenne bien le désarroi dans lequel il était.

"Toshihiro chan, je t'en prie, aides-moi. Si tu penses que l'eau chaude suffit alors montre moi comment je peux faire pour l'enlever. Mais me laisse pas comme ça."

Minji avait déjà enlever de la cire sur un vêtement ou encore sur sa peau, mais de la à la retirer sans souffrance, ce n’était pas facile. Alors qu’elle montrait de la peur dans ses yeux, elle lisait le désarroi dans ceux du garçon. Comment pouvait-elle l’aider ? Elle ne voyait pas beaucoup de solution, mis à part l’eau chaude. Ses lèvres commençaient à trembler. Rien que d’entendre la voix du jeune homme assez impressionnante la crispait et pourtant, il ne lui voulait aucun mal. Plus il se montrait impatient, plus Minji avait peur. C’était plus le visage du garçon qui l’effrayait. Elle s’apprêtait à lui répondre, mais elle sentit la main masculine lui tenir le poignet. Tel un agneau apeuré à la vue du loup, elle baissa la tête évitant le regard du ténébreux tout en tenant fermement la serviette chaude.

« O-oui...n-n-ne vous inquiétez pas. Je vais vous enlever cette cire. Mais il faut que vous vous calmiez et que vous vous asseyiez… »

Minji prit son courage à deux mains et le poussa doucement jusqu’au siège le plus proche. Elle se posa à genoux pour pouvoir mouiller la jambe du garçon avec sa serviette chaude. Sa serviette qui était toute neuve et qu’elle allait devoir changer. Tout ce qu’elle espérait, c’est qu’elle ne croiserait pas un professeur pour lui expliquer l’état de sa serviette. La métisse aurait sûrement protégé le brun, si elle serait amenée à donner des explications. Avec douceur et délicatesse, elle pressa le tissu épais en coton contre la peau.

« Vous leur avez fait quelque chose pour qu’elles se vengent de cette façon ? »

Spoiler:

Ryuku se laissa pousser par Minji qui avait posé ses petites mains sur lui. Elle était délicate et légère comme une brise printanière. En cet instant, Ryuku comprit pourquoi son camarade de classe avait craqué pour elle. Jolie, gracieuse, gentille et féminine, elle représentait une forme d'idéale féminin comme Ryuku en rêvait parfois. Sa seule experience amoureuse l'avait grandement échaudé, pensant que les femmes avaient bien plus ce côté volage que les hommes. Mais Minji n'était pas comme les autres.

Ryuku la regardait s'activer pour retirer le plus délicatement possible la cire qui lui collait aux jambes. Ryuku avait tout le loisir de la regarder car elle ne lui faisait pas mal. Par contre, il réalisait que si quelqu'un entrait au foyer maintenant, il aurait de quoi se faire des idées vu que Minji était agenouillée devant Ryuku qui ne portait plus de pantalon.

Citation :

« Vous leur avez fait quelque chose pour qu’elles se vengent de cette façon ? »

Interrompu dans ses pensées frivoles, Ryuku senti ses joues le picoter. Il aurait pu rougir mais sa peau avait décidé de rester blanche. Il répondit en détournant les yeux :

"Va savoir... Elles ne m'apprécient pas j'imagine. J'ai eu la mauvaise idée de m'endormir en révisant. Voilà le résultat."

Il poussa un soupir et ajouta :

"Ce qu'elles peuvent être connes quand elles sont en groupe..."

Il se ravisa vite car il ne voulait pas que Minji pense qu'il mettait toutes les filles dans le même sac.

"Enfin je parle de ces filles là. Des filles de ma classe en plus je crois. J'espère que l'année prochaine, les filles de 3e année changeront du tout au tout."

Il fit un sourire à Minji, espérant qu'elle comprenne qu'il faisait allusion à elle et à l'espoir que les filles de sa classe seraient aussi douces qu'elle. Posant les yeux sur le travail de Minji, Ryuku constata que la méthode de la deuxième année était efficace et sans douleur, mais qu'à ce rythme, ils y seraient encore demain. Il demanda le plus gentiment possible :

"Y'a pas de solution plus... rapide ?"

Ne pas apprécier une personne était tout à fait normal, mais de là à lui faire subir ce genre de farce ne l’était pas. Ses instincts de journaliste commençaient à prendre le dessus. Elle prenait sur elle pour contrôler ses questions. Elle se doutait bien que l’insulte ne lui était pas destinée. La métisse était plutôt calme, gentille, douce et offrant des gâteaux à ses camarades. Oui, elle s’entendait avec tout le monde. Elle retira la serviette. La cire était en train de se décoller. Minji retourna vers la bassin encore chaude pour y tremper à nouveau une autre serviette.

« Je ne pense pas qu’elles changeront ou alors avec une bonne décharge électrique… »

Sadique ? Légèrement. Elle aurait pu l’aider pour leur rendre la monnaie de leur pièce. Mais, d’une part, elle ne le connaissait pas tellement pour lui accorder sa confiance, et d’autre part, elle avait déjà deux heures de colle fraîchement offerte par le concierge. Alors se faire punir une nouvelle fois, il était hors de question. Elle le fixait un instant en poussant un soupir.

« Faut savoir…soit je pratique la méthode douce, un peu longue et indolore, soit j’utilise la manière plus brute, plus rapide et on vous entendra hurler jusqu’à l’autre bout du monde ? »

Son ton était neutre et sans agression, mais s’il continuait, elle ne cacherait pas son agacement. Faire deux choses en même temps, ce n’était pas possible aux yeux de la métisse. Minji préférait quand les choses étaient claires et nets. Elle aurait pu le laisser là pour qu’il se débrouille comme un grand, mais il lui avait demandé si gentiment qu’elle ne pouvait pas résister.

La réaction de Minji concernant les filles qui lui avaient fait un coup pareil était amusante. Minji était tellement différente des autres que Ryuku ne pouvait pas faire autrement que de s'attacher. Il faut dire qu'elle était adorable avec sa bouille encore légèrement enfantine, ses manières polies et son esprit bougon légèrement revanchard face à des imbéciles.

Lorsque Ryuku lui demanda s'il n'y avait pas de solution plus rapide pour retirer tout ça, la jeune fille prit la mouche quelque peu. Elle faisait de son mieux pour ne pas lui faire mal et pour lui venir en aide. Elle aurait pu le laisser se démerder tout seul mais elle avait accepté de voler à son secours. Ryuku lui en était d'ailleurs très reconnaissant et n'avait pas voulu vexer la jeune fille :

"J'voulais pas insinuer que tu étais lente. Excuse-moi. C'est juste que... c'est pas une situation très agréable. Je suis pressé de relégué ça dans les mauvais souvenirs. Tu comprends."

Regonflant son orgueil de mec, Ryuku ajouta :

"Mais tu sais, j'suis pas une mauviette. J'crains pas la douleur. Tu peux y aller franchement. Mes poils repousseront."

De toute façon, il était un homme non ? Si les filles survivaient à la douleur de l'épilation, pourquoi n'y arriverait-il pas ?

"Allez vas-y, j'suis prêt. Arraches tout."

Le pire, c'est que Ryuku était sûr de lui, convaincu qu'il supporterait sans effort.

La petite brune s'était peut-être un peu emporté dans ses paroles sans qu'elle ne le veuille. Elle le regarda en clignant des yeux, puis un doux sourire se dessina sur son visage. Elle continua donc de presser la serviette chaude contre la peau du garçon.

« Détendez-vous sempai, ça commence à s'enlever de toute façon. Vous n'en aurez plus pour longtemps...Mais si ça se reproduit on utilisera l'autre méthode. », dit-elle avec doux sourire.

Minji avait tendance à être sadique, mais pas au point d'être cruelle. De plus, si elle devait réellement l'épiler, elle aurait mal pour lui. Elle était déjà passé par cette épreuve et elle n'osait même pas imaginer si elle devait utiliser cette méthode. D'ailleurs, elle l'aurait sûrement fait si ça aurait été quelqu'un qu'elle n'appréciait pas, mais là, c'était différent. Sans trop comprendre, il y avait quelque chose de doux et de sensible dans le regard du garçon. C'est pourquoi la jeune fille se plongea dans les yeux de son sempai sans le vouloir. Il y avait ce « je ne sais quoi » dans les prunelles du jeune homme pour qu'elle ait du mal à se détacher. Elle reprit ses esprits, puis alla sécher ses serviettes sur un radiateur avant d'aller s'asseoir sur un sofa avec son livre de cuisine sur ses cuisses.

« Vous êtes dans la classe d'Ishiin-kun, non ? »

Elle avait peut-être une mémoire de poisson rouge pour se souvenirs des noms de quelques personnes, mais pas pour oublier des visages. En particulier, ceux qui la marque. En général, ce sont souvent pour ceux qu'elle respecte. Cela pouvait paraître étrange pour certain, mais elle était comme ça. Elle les admirait sans pour autant leur voué un culte. Quoiqu'il en soit, elle était prête à prendre la défense de ces personnes sans connaître leur vie.

Minji, la douceur incarnée, se refusa à jouer les sadiques tandis que l'occasion se présentait. Ryuku esquissa un sourire en la regardant. Car en fait, l'inverse l'aurait étonné. De plus, la jeune fille disait vrai. L'essentiel de la cire avait été ôté par l'eau chaude et la patience de Minji. Le garçon se détendait donc, observant de manière silencieuse et discrète les mains et le visage concentré de la seconde année.

« Vous êtes dans la classe d'Ishiin-kun, non ? »

Heureux qu'elle lance un sujet de conversation malgré la timidité légendaire qui faisait sa réputation, Ryuku hocha la tête.

"C'est ça."

Mais sa joie retomba bien vite lorsqu'il constata être bien incapable de développer le sujet. Oui, il était dans la classe de son mec. La belle affaire ! Qu'est-ce qu'elle en avait à foutre en fait ? A moins qu'elle cherchait une occasion pour parler de Ishiin ? La pauvre était mal barrée, car Ryuku ne parlait pas à grand monde, même parmi les élèves de sa classe. Ishiin, il ne le connaissait pas plus que ça. Pourtant, il appréciait bien le rouquin. Est-ce que Minji avait besoin de savoir quelque chose à son sujet ?

"C'est un mec bien ce Ishiin."

Peut-être que cela ne suffirait pas à délier la langue de la demoiselle. Ryuku se demandait si elle avait demandé ça comme ça, juste pour meubler, ou s'il y avait une autre raison. Est-ce qu'elle se tracassait de quelque chose ?

"ça fait longtemps vous deux ?"

Ryuku se rendit compte qu'il pouvait paraitre très indiscret. C'était parti tout seul. Et il est vrai que des petits couples qui duraient étaient plutôt rares par ici. Ils devaient être bien amoureux l'un de l'autre. Quel chanceux ce rouquin quand même ! Minji était belle et douce. Raffinée, délicate, cultivée. Un vrai bonheur. Après avoir posé une question indiscrète, voilà qu'il la dévisageait. Ryuku voulu faire diversion pour qu'elle ne se fasse pas d'idées bizarres. Constatant qu'il y avait un morceau de cire durcit au-dessous de son genou, Ryuku voulu se montrer courageux, voire héroïque. Ou con. Au choix. il tira sur le morceau, s'arrachant une poignée de petits poils duveteux. Et là...

serrant les dents pour ne pas hurler comme un loup, il ne laissa échapper que de l'air de ses lèvres. Mais son visage crispé montrait combien il avait dérouillé ! Y'a bien que les filles pour inventer de pareilles tortures au service de la beauté.

Minji se laissait fondre dans le fauteuil bien moelleux du foyer. Elle caressait la couverture de son livre avec sa petite main et esquissa un sourire gêné.

« Est-ce pour me rassurer ou pour le couvrir ? »

Certes, ça lui arrivait de s'inquiéter sur sa relation avec Akihito, mais elle avait confiance en son amoureux. Mais elle pensait rarement à se faire des films, le rouquin était sûrement quelqu'un d'honnête prêt à assumer. Quand elle écoutait certaines filles raconter leur mécontentement avec leur petit copain respectif, elle se disait qu'il n'y avait pas vraiment de grand intérêt à s'énerver pour des broutilles. Une image de sa jalousie envers son copain apparu dans son esprit. Comment réagirait-elle ? Elle ne savait pas quelle serait sa réaction. Elle ne s'était jamais vraiment préoccupée de ces choses là. Peut-être que le jour où ça arrivera, elle se comporterait autrement avec lui. Minji s'énervait pratiquement jamais. Elle pouvait certes bouder, mais pas d'être en colère.

«  Depuis la fête...oui c'est depuis la fête du Solstice d'été qu'on est ensemble. » dit-elle avec sourire nostalgique. « On avait du mal à se croiser entre les cours et les clubs, qu'il m'avait glissé un mot dans mon casier pour me proposer de passé la journée avec lui et c'est comme ça qu'il a voulu officialisé. »

Une journée qui lui était resté en mémoire comme toutes les autres d'ailleurs. Elle parlait si aisément, qu'elle ne savait pas si elle ennuyait le garçon ou pas. Elle était si discrète sur sa vie privée aussi, qu'elle était un peu étonnée que des membres de la troisième A soit au courant de leur relation.Celle d'aujourd'hui aussi sera inoubliable pour la jeune brune. Elle observait avec attention, et se retenait de rire, son sempai qui tentait d'enlever un morceau de cire qui avait bien durcit. C'est dans un rire moqueur qu'elle le regarda.

« Faut souffrir pour être beau... Mettez ça sur votre peau pour éviter de vous gratter.»dit-elle en lui tendant un tube de crème après avoir fouillée dans son sac.