Ça faisait un bail que Hlyn n'avait plus eu de phénomène de ce genre dans sa vie, une erreur peut-être? Où alors une petite cachotterie de sa meilleure amie? Aeris aurait un amoureux et ne lui aurait rien dit? En tout cas, quelle ne fut la surprise de l'adolescente de voir une petite enveloppe blanche glisser sous la porte de leur chambre. Curieuse comme toujours, Hlyn se rendit donc vers le bout de papier et à sa grande stupéfaction, son prénom était inscrit dessus; pas celui d'Aeris, pas celui de Jun… Yunnosuke -il faudrait décidément qu'elle se décide à retenir et découvrir qui était ce mystérieux colocataire dont elle ne connaissait que la couleur de cheveux et les quelques grincements de dents pendant la nuit. Non, c'était le sien, à elle, qui était écrit sur l'enveloppe et sauf erreur, y a pas foule à porter ce prénom à la prononciation si simple mais à l'orthographe si particulier. Dans le doute, elle alla malgré tout sur le seuil de sa porte mais le petit facteur avait déjà déguerpit.

"Bah tant pi"

En haussant les épaules, la jeune fille referma la porte derrière elle et les yeux toujours rivés sur l'enveloppe, se dirigea nonchalamment vers son bureau où elle prit place, non pas comme une élève studieuse mais de la façon la plus simple du monde, soit à moitié assise sur le rebord de sa table de travail. Déjà, l'écriture ne lui disait rien, ce n'était donc pas une personne qui avait l'habitude d'écrire à la jeune fille. Et ce n'était pas de tourner la lettre dans tous les sens qui allait lui dicter le contenu donc, en inspirant bien fort, les traits crispés, Hlyn ouvrit enfin l'objet du délit, ravalant sa salive comme si de l'Anthrax allait lui sauter à la figure. Mais non, ce n'était qu'une lettre bleue pastel qui dégageait une légère odeur de parfum masculin, enivrant d'ailleurs mais ça, c'est un détail…

*De qui ça peut bien venir?* Cette question ne trouva pas de réponse dans le contenu de la lettre parfumée qui était signée -ton admirateur secret- avouez que ça n'aide pas une signature pareille et le contenu n'était pas mal dans son genre non plus. Après avoir fait la lecture à l'envers -c à d en commençant par la signature en bas de page- Hlyn se décida de la lire dans son entièreté et dès la première ligne, le fou rire s'empara de la jeune fille qui peina bien à étouffer son rire avec sa main libre. C'est d'ailleurs à ce moment là qu'Aeris entra dans la chambre, trouvant son ami au bord de la crise d'hilarité et qui ne se priva pas de lui faire lire la lettre de rendez-vous galant dans la cabane de l'école. Bien sûr, en jeune femme prudente, son amie lui conseilla de ne pas s'y rendre mais c'était plus fort que Hlyn qui, promettant mainte et mainte fois à Aeris d'être prudente, enfila son manteau pour sortir vu qu'en plus de ça, la supposée heure de rendez-vous était toute proche.

C'est donc ainsi qu'en début de soirée, malgré le froid polaire régnant dans la ville, Hlyn se trouva au lieu de rendez-vous. Elle avait beau avoir fait la forte près de son amie à qui elle avait promis de téléphoner en cas de soucis, là, Hlyn n'en menait plus très large et encore moins en voyant bouger dans la cabane éclairée.

"Allez, zen ma fille, si ça se trouve, y a quelques jeunes comme d'hab. tout va bien se passer, courage"

Elle resta quelques temps devant la porte puis se décida enfin à pousser la porte. Hlyn eu juste le temps de reconnaître la décoration qui s'était élaborée d'année en année avant de voir les quelques bougies qui illuminaient la pièce s'éteindre et sentir deux mains la pousser dans la pièce, accompagnées d'un ricanement digne d'une hyène. À quatre pattes au sol, Hlyn perçu le bruit d'un objet lourd qu'on plaçait devant la porte puis un chuchotement "j'espère que tu n'as pas peur des loups garous" et de nouveau le ricanement, auxquels s'ajoutaient ceux de deux ou trois autres personnes. La pauvre Hlyn était désespérée, en entendant le bruit sourd de -allez savoir quoi- contre la porte, elle s'était ruée pour sortir mais en vain et ce n'était pas en tambourinant et hurlant après ses geôliers que ceux-ci allaient revenir. Restait donc à appeler son amie à la rescousse seulement voilà: dans sa hâte, et grâce à son étourderie, Hlyn avait laissé son téléphone dans sa chambre.

Et l'histoire de loup garou ne l'enchantait pas non plus. Dernièrement, sa classe avait vu les légendes urbaines de par le monde et il fallait avouer que celles sur les loups garous n'étaient pas faite pour la rassurer, que du contraire, en classe, elle déclancha l'hilarité de tout le monde en hurlant de peur en visionnant un film à ce sujet, renversant même son banc en se redressa d'effroi! La perspective de rester là n'était donc pas des meilleures mais impossible de sortir, ses 'kidnappeurs' avaient bien prévu leur coup et avaient tout barricadé. Après avoir tant hurler, après avoir tourner en rond dans sa prison, Hlyn se résigna enfin à s'asseoir sur un des sièges présent et enlaça un des coussins amenés par un élève pour rendre les lieux plus confortables. Ne lui restait donc plus qu'à attendre calmement qu'on la libère. Oui mais voilà, entre la colère d'être enfermée, l'obscurité sinistre de la pièce et le vent lugubre, le calme n'était pas vraiment de mise…

"J'ai pas peur, les loups garous, ça n'existe pas, c'est juste une légende" se rassura t elle à mi-voix avant de crier toute sa colère " UNE LEGENDE!! VOUS M'ENTENDEZ BANDES D'IMBECILES? J'AI PAS PEUR!! J'EN AI VU D'AUTRES… JE HAAA" hurla t elle alors en entendant un craquement près de la cabane "… c'était quoi ça?"

C’était l’obscurité totale dans la cabane, mis à part la lune qui éclairait seulement une petite partie de la pièce. Shawn n’eut pas le temps de se retourner et riposter contre les soi-disant kidnappeurs, il se trouva également prisonnier dans cette cabane avec une fille qu’il reconnaissait mais ne se souvenait pas de son nom. Même si elle voulait le prévenir, la scène s’est passée à une telle vitesse qu’il ne put rien faire. Il avait dans un calepin tous les noms de ses camarades de classe uniquement avec des notes. Ces notes l’indiquaient sa première impression avec les personnes dont il avait commencé à papoter. Pendant qu’on lui demandait de ses nouvelles, il en profita pour jeter un regard circulaire dans la pièce. Une pièce lugubre où un petit vent frais fit son apparition.

« Ca va merci. »

Ne pouvant parfaitement distinguer le visage de son interlocutrice, il put néanmoins apercevoir ses faits et gestes. Il l’observa partir en direction de la porte afin d’évacuer sa rage contre celle-ci. Il devait y avoir une raison à cet acte limite violent. Sûrement la peur qui la rongeait. Shawn pouvait se mettre à sa place, être enfermé dans un endroit inconnu, il y avait de quoi avoir la chair de poule. D’accord, se balader seul en pleine nuit, ça n’avait rien de rassurant non plus, surtout pour une fille. Posant une main sur l’épaule de sa camarade, même si le stresse prenait un peu le dessus. D’une part, être enfermé sans occupation, c’est-à-dire sans cahier pour réviser, l’inquiétait un peu. D’autre part, il fallait mettre un peu de lumière dans cette cabane neuve.

« N’ai pas peur, on trouvera un moyen de sortir d’ici, ok ? Il doit sûrement y avoir un moyen et de trouver une lampe de poche. Elle est pas si vieille que ça cette cabane.»

Sa main quitta l’épaule d’Hlyn avant se retrouver le long du corps. Shawn marcha dans un petit coin où des paquets de cartons y étaient regroupés. Calme ? Ce serait un miracle de la part de Shawn, mais à force d’étudier son stress prend une grande part dans ses sentiments que c’est presque impossible. Il se contrôlait tant bien que mal de ne pas montrer son angoisse. Les rabats du premier carton qui lui passait sous la main, faisaient un peu de bruits à cause des frottements. Comme il était dans le noir, il ne pouvait percevoir dans la pénombre.

Il plongea sa tête en espérant dissocier un quelconque objet ayant la forme d’une lampe ou bougie pour sortir de cette opacité sinistre. Il ressortit la tête et y plongea sa main cette fois, mais il tâta quelque chose de mou et poilu. Il sortit la chose poilue du carton. Il l’a suspendait face à la lune, par la queue. Il regarda sa camarade de classe.

« Un rat mort…Non je plaisante, il est en plastoc. »

Franchement, les garçons avaient la fâcheuse manie de taquiner les filles, mais le moment était un peu mal choisit. Shawn fouina une autre boîte quand il trouva quelque chose qui ressemblait un peu plus à une lampe. Ce n’était pas totalement une lampe, mais un phare que l’on pouvait trouver su des vélos. Il appuya sur le bouton et le dirigea vers Hlyn. Il la voyait en train de tenir contre elle un coussin.

En voyant Hlyn en plein étreinte avec le coussin, il se dit qu'il aurait préféré ne pas être à sa place. Vu l'état dans lequelle il était, difficile de reconnaître. Une goutte sur sa tempe venait de couler. Il éclaira la salle afin de mettre la main sur un éventuel interrupteur pour illuminer cette cabane si sombre. Mais il entendit la voix de sa camarade qui avait cru voir quelque chose.

« T'as vu un truc? »

Excédée, Hlyn ferma les yeux, le dos toujours contre la porte. Doucement, elle tentait même de reprendre une respiration lente, posée mais sa rage contre les drôles d'olibrius n'était par contre pas décidée à partir et elle expliquait sans nul doute la profonde expiration d'air hors de ses lèvres entrouvertes. Pourquoi diable, parmi toutes les filles de sa classe, fut elle celle désignée pour servir de jouet lors du petit bizutage du nouvel élève? En y pensant, l'adolescente trouvait elle-même la réponse: quand on est une jeune fille comme Hlyn, qui est la maladresse même et à qui, sans qu'on s'en mêle, il lui arrive quelque chose, c'est de suite tentant, histoire de rire encore plus. Et donc nul doute encore une fois que son cri lors du cours d'histoire concernant les loups garous, mêlé à l'isolement de la cabane faisait qu'elle était la demoiselle appropriée pour ce rôle, s'en était même à croire que c'était un rôle fait sur mesure pour notre petite tête de linotte, du moins était-ce ce qu'elle pensa d'elle-même avec ironie quand une main vint se poser sur son épaule, le faisant sursauter et revenir par la même occasion à la réalité: Hlyn était enfermée avec quelqu'un qu'elle ne connaissait que de quelques heures et qui était planté là devant ses yeux à nouveau ouverts!

La cabane n'est pas si vieille? Il rigole dites?! Car quand Hlyn est arrivée à Shokuboo Inochi, ce machin en bois était déjà là! Et ce n'était pas la première fois que Hlyn s'y retrouvait: loin de là. Comme beaucoup d'amoureux, l'adolescente était déjà venue en charmante compagnie et parfois, certaines petites fêtes s'y déroulaient, en comité restreint cela va sans dire, la cabane n'est pas digne d'une salle de réception mais il y a moyen qu'un petit groupe d'amis s'y amusent, y dansent et y papotent de tout et de rien. À vrai dire, ce qui inquiétait plus Hlyn n'était pas de s'y retrouver vu que c'était un endroit connu, mais s'était de s'y retrouver seule, en pleine nuit, dans le noir absolu et en tête à tête avec un parfait inconnu, un garçon qui pourrait bien cacher des instincts de serial killer sous son joli minois, des troubles névrotiques aigus sous son semblant de calme ou pire, des envies de viol!! Hlyn dégluti à nouveau difficilement en le voyant repartir vers le fond de la cabane. *réfléchis Hlyn, réfléchis* facile à dire -ou à penser- mais pas facile à faire vu les circonstances. Déjà, il fallait se remémorer ce qui se trouvait là-bas… *ah oui, les cartons* car bien que la cabane servent de "petit repaire" aux jeunes, elle servait aussi de remise pour certaines choses dont plus personnes ne se sert à l'école mais qui pourraient toujours être utile dans ces lieux.

L'adolescente opta alors pour surveiller ce que son camarade d'infortune allait y faire, quittant la porte pour faire quelques pas fébriles dans sa direction, la peur au ventre. Tant qu'il farfouillait dans la caisse, c'était bon signe, il ne viendrait pas s'en prendre à elle donc Hlyn pouvait continuer d'avancer mais soudain, plus de bruit et la silhouette de Shawn se redressa, bloquant Hlyn sur place au beau milieu de la pièce.

"HIIIII… "

Ses mains quittèrent le coussin pour étouffer ce petit cri quand Hlyn, sous le pâle rayon de la lune vit la chose pendant des doigts du garçon. Vu comme elle le voyait, il n'avait rien d'un faux et avec les yeux exorbités, les mains en croix sur sa bouche: Hlyn tremblait de tout son être. De son coté, le coussin avait un peu de répit en finissant sur les souliers vernis de l'adolescente qui l'avait lâché sous la peur. *L'idiot!!* il ne pouvait être qu'un idiot de montrer ça sous le nez d'une jeune fille, sans prévenir qui plus est… et d'avouer, une fois l'effet escompté produit, qu'il s'agissait d'un faux *non mais j'vous jure…* les mains toujours chevauchées l'une sur l'autre sur ses lèvres, Hlyn respirait maintenant comme un buffle, soufflant bruyamment pour inspirer rapidement et ainsi de suite. Et quand ses mains s'ôtèrent et que Shawn retourna à sa fouille, Hlyn ne put réprimer une grimace à son encontre, lui montrant les dents tout en se rabaissant vers son coussin qu'elle reprit dans ses bras; le serrant tout contre son cœur quand Shawn tenta de la rendre aveugle, ce qui lui fit fermer un œil tout en finissant de se relever avec mister coussin.

"Pour finir je ne verrais plus rien du tout avec ton truc!"

Hlyn porta une main grande ouverte devant son visage, la paume en direction de Shawn pour se cacher de la lumière aveuglante de la dynamo. Et une fois ses pupilles soulagées, Hlyn profita de la lumière engendrée pour jeter un petit coup d'œil circulaire, à la recherche des allumettes: il y en avait, c'était obligé, il y avait plus de bougie qu'autre chose dans ce local et donc, forcément, des allumettes pour les allumer…

"Là!" Sa main pointa de son index un recoin, à coté du vieux sofa qui avait sûrement fait la guerre "il y a la boite d'allumettes"

Hlyn resta plantée sur place tout en suivant Shawn des yeux, ne le lâchant pas d'une semelle et serrant toujours son coussin comme si ce dernier allait vraiment pouvoir faire quelque chose en cas de danger. Cela étant, en suivant ainsi son camarade de classe des yeux, sa façon de marcher ne trahissait personne, même s'il voulait le cacher, il s'était réellement fait mal au pied mais la jeune fille n'ajouta rien, bien trop affairée à penser encore et encore, se demandant surtout si elle devait le craindre ou bien se détendre. Pour l'heure, c'était une chose impossible à décider alors à défaut, elle ne faisait que le surveiller pendant qu'il rendait à la pièce son aspect chaleureux habituel, bougie après bougie, seul le contexte de la chose rendait la cabane moins charmante qu'à l'accoutumé.

Néanmoins, une fois la lumière revenue, Hlyn se permit de se diriger vers le divan pour s'y asseoir, à l'extrémité la plus éloignée de Shawn. La pauvre était toujours un peu sur ses gardes -sait on jamais- mais étrangement, le jeune homme se montrait lui aussi distant, s'éloignant pour regagner la fenêtre, ne faisant plus attention au fait qu'il boitait. Que du contraire, si plus tôt, le doute aurait pu être permis, cette fois ci, avec la semi clarté due aux bougies, Hlyn pouvait clairement voir que ce dernier avait mal et ce petit détail la rasséréna un rien, sans réelle raison mais assez pour que le coussin puisse un peu respirer, bien que toujours dan ses bras et appuyé sur ses genoux. Était ce le fait de le savoir avec un léger handicap qui l'apaisait? Peut-être en tout cas, elle parvint même à poser un regard tranquille sur Shawn quand ce dernier lui adressa la parole, acquiesçant sagement à la première question pour ensuite poursuivre posément.

« Et bien j'ai reçu une… Shawn? Ça va? »

Hlyn tirait une tête de deux ronds de flan en constatant que son interlocuteur ne l'écoutait même plus pour se parler à lui-même, ne laissant pas à Hlyn l'occasion de comprendre quoique ce soit ou alors, de simple bribes qui, sans le reste de la phrase, voir carrément l'entièreté de certains mots, ne voulait rien dire du tout. C'est donc ainsi que sa question devint légitime bien que la réponse ne fut pas des plus glorieuses et laissa ainsi la pauvre demoiselle encore plus hébétée que précédemment. C'était aussi incompréhensible que ses murmures, un vrai charabia. En écoutant son camarade, Hlyn tirait une telle tête qu'on aurait pu croire qu'elle avait sous les yeux un extra-terrestre tout droit descendu de son vaisseau spatial.

« T'es sûr que ça… »

Décidément, personne ne voulait la laisser parler vu que cette fois ci, alors que Hlyn inclinait la tête sur le coté, la tête plus que perplexe, c'était les zigotos de l'extérieur qui s'y mettaient, lançant une réplique qui lui rendit sa mine furibonde, soufflant par le nez vu que sa bouche était serrée, en cœur, avec des propos acerbes qui ne demandaient qu'à sortir et qui finirent par prendre le pas sur sa décision de ne pas desserrer les dents vu que Shawn lui-même s'était permis de leur répondre. Il n'y avait vraiment qu'eux pour rire de la situation car pour l'adolescente c'était TOUT sauf drôle, c'en était même très loin! Elle ne rêvait que d'une chose, mettre la main sur un de ces abrutis pour le lui faire payer. La pauvre, quelques mois plus tôt, elle avait sagement dit que ces farces n'étaient rien, là, Hlyn revoyait vraiment son point de vue là-dessus, ces idiots méritaient vraiment la pire des corrections et ainsi, dans sa rage, sa politesse fut reléguée au second plan:

« ANO BAKA!! SHINJIMAE YAROU!! »*

Sur ces mots hurlés avec vigueur, l'adolescente se releva d'un bon, jeta son coussin de toutes ses forces pour qu'il atterrisse sur la porte et resta là, plantée comme un piquet, les bras raides le long de son corps et ses poings serrés de sorte que ses ongles lui rentrent dans les paumes au point que ça fasse mal sans aller jusqu'à la faire saigner, heureusement. Sérieusement, ce genre de blagues n'étaient pas drôles du tout et les entendre rire encore et encore avait de quoi la rendre folle de rage. Pour peu, elle aurait remit une couche, changeant ainsi ses habitudes de fille souriante et polie en vilaine petite grossière mais malgré tout, elle se retint, respirant fortement tout en contenant les mots d'une grossièreté extrême de sortir à la suite de autres.

Cela étant, ça lui avait fait un bien fou d'hurler de la sorte et bien que sa respiration était assez profonde, Hlyn parvenait à se détendre autant que faire se peut. Fermant les yeux pour canaliser sa rage, reprenant ainsi une respiration plus calme de seconde en seconde. Et comme son camarade l'avait fait un peu plus tôt, ce fut sont tour de parler à mi voix, pour elle-même bien que le silence environnant, les rires s'éloignant, on pouvait plus ou moins entendre ses remarques.

« Ce sont vraiment des idiots, avec leurs jeux débiles, ils ne se rendent même pas compte qu'il s'est fait mal en venant dans leur piège; ils s'en foutent pas mal tant que ça les amuse. Il faut vraiment être idiot pour faire ça, de vrais idiots. » La tête baissée, Hlyn renifla pour ne pas pleurer « J'en ai marre de leurs jeux, ce n'est plus drôle, plus drôle du tout… ».

Cette fois ci, adieu crainte envers Shawn, adieu colère, Hlyn était à bout. Même ses larmes, elle ne parvenait pas à les retenir quand doucement elle finit à genoux par terre, les bras ballant le long de son corps et les mains posées sur leurs revers contre le sol, de part et d'autre de ses mollets. C'était la deuxième, peut-être même la troisième fois qu'elle tombait sur ces idiots dont elle ne connaissait pas l'identité, et là, l'adolescente n'en pouvait plus. Au début ça pouvait paraître drôle, maintenant ça ne l'était plus du tout.

*pour faire court, elle leur dit d'aller en enfer en les traitant, en autre, d'idiot. u_u

Pourquoi était ce encore tombé sur elle? Que leur avait elle fait à ces idiots pour que le sort s'acharne? Avait elle réellement la tête à l'emploi ou bien? Peut-être connaissait elle l'un d'entre eux et qu'il voulait lui faire payer dieu sait quoi? Encore une fois, des visages vinrent à sa mémoire, n'importe qui pouvant avoir une raison quelconque de lui en vouloir au point de lui en faire baver mais non, rien, personne, pas de raison… pas de raison valable en tout cas. Hlyn n'était pas du genre à ennuyer son monde, à être méchante; l'adolescente tout en laissant ruisseler ses larmes, tentait de se convaincre qu'elle ne méritait pas ça quand elle sentit son visage se relever par la force de quelqu'un d'autre: Shawn était devant elle, la regardant droit dans les yeux. Être ainsi en tête à tête lui donna encore plus envie de pleurer, comme si le simple fait d'être nez à nez avec ce garçon la rendait encore plus mal dans sa peau mais au lieu de fondre en sanglot, Hlyn renifla encore une fois et hoqueta en l'écoutant parler.

*T'es gentil* Hlyn aurait voulu le lui dire mais sa gorge était nouée, persuadée que si elle entrouvrait les lèvres, un flot de larmes feraient leur apparition sur ses joues à peine séchées. Si seulement Shawn pouvait entendre le fond de sa pensée, si seulement il savait que Hlyn n'arrivait pas à croire en ses paroles bien qu'elle aurait bien voulu. Oui, Hlyn souhaitait réellement que chaque mot sortant de la bouche du jeune homme soit vrai hélas, son cœur lui dictait tout autre chose. Hormis son amie Aeris qui savait qu'elle était venue là, personne ne s'en inquiéterait avant le lendemain en cours et encore vu que deux élèves du sexes opposés absents après une nuit entière d'absentéisme, ça n'amènerait que des ragots les concernant et aucune crainte qu'en à leur état. Hlyn pouvait aisément en faire la déduction, imaginant ce qui se passerait en classe lors de la prise des présences: le professeur citerait chaque nom de famille, puis arriverait à May sans réponse, il répéterait le nom une ou deux fois puis marquerait "absent" sur son carnet. Ensuite, il reprendrait son énumération et rebelote avec "Tosh" mais là, sûre que la classe entière glousserait en se rendant compte que deux tourtereaux séchaient les cours.

Et si cette hypothèse ne venait pas germer dans leurs esprits, il fallait être sûr que quelqu'un s'en chargerait, un de ces idiots aurait eu vite fait de propager la rumeur dans toute l'école. Une rumeur qui rendit à Hlyn son envie de pleurer. Laissant à nouveau ses larmes ruisseler sur ses joues. Machinalement, la jeune fille rabaissa son visage, ne voulant pas que son camarade la voit dans un si piteux état. Mais paradoxalement, quand ce dernier s'apprêta à la laisser là, toute seule, Hlyn le rattrapa par la cheville, s'agrippant à son pantalon alors que son autre main faisait de même sur le pan de sa jupe par-dessus ses genoux. La pauvre se sentait tellement mal que l'idée d'être seule la terrorisait, même si Shawn ne pouvait aller que quelques mètres plus loin, c'était déjà trop. Mais le lui dire? Impossible! La seule chose qu'on pouvait entendre était sa façon maladroite de retenir ses larmes tout en reniflant. Mais malgré cela, la jeune fille trouva le moyen de murmurer une simple demande, à peine audible et qu'elle regretta aussitôt d'avoir prononcer.

« me laisse pas… »

Elle n'aimait pas dire cette phrase car toutes les fois où elle l'avait dit, on l'avait abandonnée. Et pire encore que d'être piégée là, Hlyn se rappela les gens à qui elle avait posé la même question. À cet instant, personne n'aurait pu se trouver plus ridicule qu'elle, tellement ridicule que lorsque Shawn la prit par les bras, l'adolescente ne put que se laisser faire, telle une poupée de chiffon. Seul son menton s'enfouissait de plus en plus contre son torse, cachant son visage derrière un rideau de mèches poivre et sel. Il était maintenant question de retenir ses larmes, elles ne devaient plus couler, Hlyn le savait, elle savait qu'il fallait se ressaisir mais cette pièce, cet atmosphère tamisé, Hlyn ne le connaissait que trop bien! Une fois assise à coté de son camarade de classe, la jeune fille crispa ses mains sur le rebord de sa jupe, incapable de répondre, incapable de dire quoi que ce soit sous peine de contredire Shawn. Contrairement à lui, Hlyn ne voyait rien de positif à cette histoire. Quand on les retrouverait, car on finirait bien par les faire sortir, Hlyn aurait toujours les remords d'avoir pleuré, les angoisses de s'être retrouvée seule et la rancœur tenace envers ces idiots…

Mais pour l'heure, elle était épuisée, fatiguée d'avoir crier, d'avoir pleurer, de pleurer encore… ses larmes se firent plus discrètes mais bien présentes, roulant les unes après les autres sur le même sillon tracé sur ses joues. Et alors que plus tôt dans la soirée, elle aurait voulu se tenir le plus loin possible de cet "inconnu", voilà que son corps ne lui obéissait plus; la fatigue avait gagné contre ses convictions et alors que tout son être se détendait, son buste bascula lentement sur le coté, laissant sa joue tomber sur le torse du métis. En d'autres circonstances, la jeune fille aurait certainement sauté en l'air tout en s'excusant mais son esprit était ailleurs, ou du moins, à une autre époque où il n'y avait rien à craindre et ou les murmures étaient les plus appréciés. Avec ce trop plein d'émotions, Hlyn en avait perdu toutes notions du temps et de l'heure, son esprit était à la frontière entre le rêve et les souvenirs où seules les paroles bien réelles de Shawn trottaient dans sa tête et qui la maintenait éveillée.

« merci… »

Lui qui espérait avoir rassuré sa camarade, c'était comme si il avait fait des efforts inutile. Shawn avait du mal à distinguer les mots qui sortaient, mais il crut comprendre qu'elle lui demandait de ne pas la laisser. Où pouvait-il bien aller? De toute manière, il ne pouvait pas sortir de la pièce. D'autant plus que d'être séquestré ainsi lui rappelait de mauvais souvenirs. Même si Shawn avait prit goût aux études, il se faisait quand même enguirlander par son paternel avant Shokuboo. Le fait de se remémorer l'une des scènes avec son père donnait la chaire de poule. En attendant, Hlyn était en train de pleurer dans ses bras. Son angoisse s'était amenuisée et ils étaient assis l'un à côté de l'autre sur le sofa. Mais il était quelque peu inquiet pour sa camarade. Il espérait que la cause de ces larmes ne venaient pas de lui, même si c'était à cause de lui, il ne savait pas ce qu'il avait fait pour la mettre dans ses états. A moins que ce soit le fait qu'il parlait un peu trop. D'autant plus qu'il disait des bêtises depuis le début...

Shawn enleva sa veste et la posa sur les épaules de la fille aux yeux bicolores avant de la serrer contre lui pour la laisser vider ses larmes. Il sentait que son T-shirt commençait à être mouillé à cause des gouttes salées de sa camarade. D'habitude, il aurait repoussé ou encore bégaillé. Bref, il aurait perdu tout ses moyens. N'allait pas croire qu'il était à l'aise, il était quand même un peu crispé. Cette fois-ci, il abandonna l'idée de la réconforter. Le métis souffla sur les bougies pour n'en laisser qu'une seule. Il alla chercher la main de la jeune fille pour la sentir entre la sienne. Ce n'était pas plus mal de se reposer et trouver une solution le lendemain. Il posa sa tête contre le dossier du canapé et s'apprêtait à rejoindre Morphée, mais il avait peur de ce qui pourrait se passer si il dormait. Comme si une autre personne allait venir en douce pour les agresser. Malheureusement, il ne pouvait pas rester éveiller plus longtemps. Sans aucune résistance, il se laissa emporter aux pays des rêves.

Les premiers rayons du soleil pointait son nez à travers la fenêtre. Après quelques étirement des bras, il se frotta les yeux comme un enfant qui venait de se lever dans son berceau. Puis il se massa le cou, vu qu'il avait dormit assis. Ce n'était pas très confortable comme position fallait l'avouer. L'étudiant avait du mal à ouvrir ses paupières. Une fois qu'elles étaient ouvertes, Shawn vit la tête d'Hlyn posée sur ses genoux. Il ne pouvait pas voir son visage, car les cheveux poivre-sel le cachaient. Une main alla balayer lentement les mèches de l'étudiante. Il observa un instant jusqu'au moment où elle commençait à bouger. Puis il se demandait ce qu'il avait dans une de ses mains. Ce n'est qu'au moment où ses yeux regarda sa main qu'il sentit ses joues rougir. Il retira lentement sa main de la sienne. Hlyn était enfin réveillée.

"Bonjour."

N'était-ce pas ce que les gens se disaient le matin? Pour Shawn, c'était normal. D'accord ils ne se connaissaient que depuis hier, mais il avait omis qu'ils étaient enfermés dans une cabane abandonnée. Il l'observa la jeune Hlyn. Après ce qu'il s'était passé hier, le métis était un peu inquiet. Quand elle releva le visage, Shawn pouvait enfin voir le visage de la fille qui avait passé la soirée avec lui.

"J'espère que tu as bien dormi, car j'ai trouvé une solution pour sortir d'ici."

Même pas le temps de la laisser se réveiller en douceur. Le sofa était assez éloigné de la fenêtre. Shawn se le va et se dirigea vers la porte pour voir si ils avaient décidé de les libérer. Mais non, la porte était toujours close. La douleur à sa cheville avait presque disparu. Il regarda dans les cartons comme il avait la veille, pour chercher quelque chose d'assez dur. Non par magie, sûrement par chance, il vit une batte de base-ball debout contre le mur et qui se trouvait derrière les cartons. Une fois qu'il la prit, un nuage de poussière fit son apparition. Le lieu était peut-être nouveau, mais la femme de ménage ne passait pas dans le coin. Shawn se dirigea vers la vitre pour frapper un bon coup de dessus. Un gros bruit se fit entendre. Ce n'était sûrement pas la meilleure solution, mais il n'en voyait pas d'autre de toute manière. Les kidnapeurs avaient même bloqué la fenêtre de l'extérieur. Les mâlins avaient prévus leur coup. Shawn sortit sa main pour ouvrir de l'extérieur. Enfin! Ils allaient pouvoir prendre l'air. Il enjamba le petit muret de séparation, pour se retrouver dehors. Il attendit ensuite sa camarade qui était à l'autre bout de la pièce. Le brun fit signe à Hlyn. Il n'allait pas la laisser toute seule quand même.

"Viens!"

(Enfin T_T gomen boulot boulot...)

[En espérant que ça vous convienne. J'ai utilisé les persos de la fic sur fictionpress, hésitez pas à la relire et (pour Aki) à relire mon intervention en cours d'histoire pour vous faire une meilleure idée de leurs caractères^^]

Il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait là. Le temps n'était pas propice à la sortie et l'herbe fraiche et humide rendait ses chaussures désagréables à porter. Quelle idée il avait eu de n'emmener que celles-ci, comme s'il allait faire soleil toute la semaine ! Mais on ne lui laissa pas vraiment le temps de se morigéné. Ses deux compagnons s'étaient arrêté net lorsque l'un d'eux avait marché sur du bois sec. Ça faisait quelques minutes déjà qu'ils observaient les deux « oiseaux » sortis de la cabane. Sans doute deux tourtereaux qui avaient voulu passer la nuit en couple. C'était ce à quoi ils avaient pensé, et désireux de ne pas les déranger, ils les avaient contournés pour repartir à le recherche du chat.

C'était une sorte de test qu'ils devaient passer avant de faire parti du club tout à fait officieux de la 2D. Un club aux activités multiples et dont le but premier était de découvrir avant tous les autres qui étaient les LP. Nul besoin de dire qu'ils avaient jusqu'à présent échoué, sans quoi toute l'école aurait d'ors-et-déjà été au courant de leur exploit. Inutile de dire que ni Chiyo Hideaki (en l'occurrence lui), ni Minoko ni Takura n'en était là. D'ailleurs, le premier d'entre eux se demandait très sincèrement pourquoi il perdait son temps, appareil photo en main, à capturer l'image de pattes de chat qui n'en était pas. C'était pas comme ça qu'ils le retrouveraient ! Et ça semblait à mille lieux des préoccupations des deux autres, ce qui le fit soupirer intérieurement lorsqu'il leva la tête vers eux.

Minoko Ai, identique à elle-même, grimait à un arbre pour voir ceux qui les suivaient fort discrètement. Takura Aki, pour ne pas changer, avait trouver un coin un peu sombre et brousialleux où il s'était mis à l'abri des regards, en particulier de celui du jeune brun. Ce dernier, pour finir, hésitait à salir ses vêtements en s'appuyant contre un tronc d'arbre. Il était donc planté sur ses deux jambes, raide comme la justice, et patientait avec un ennui visible le temps que la jeune fille redescende de son perchoir, ce qu'elle fit d'un bond élégant.

« C'est les deux amoureux de tout à l'heure... Takura reviens-la enfin, on va pas te mordre ! »

Sa voix était à peine plus forte qu'un murmure, et si le brun l'entendit sans peine, il devina facilement que l'autre garçon s'était rapproché parce que l'adolescente l'avait ordonné à grand renfort de gestes.

« J'ai bien envie qu'on change de cible. Laissons le chat de Jun tranquille, surtout qu'il doit être en train de manger ses croquettes à cette heure-ci. »

Hideaki se demanda alors sérieusement ce qu'ils fichaient là, mais il n'avait pas envie de perdre plus de temps et écouta la suite.

« A mon avis, les deux qui nous suivent sont plus intéressants... J'ai bien envie qu'on leur fasse une petite peur. »

Elle les entraina chacun par un bras un peu à l'écart alors qu'ils les entendaient s'approcher, puis, une fois éloigné, leur énonça son plan. La technique était simple : Aki se pointerait devant eux, prétextant qu'il avait perdu un bracelet, un collier ou n'importe quoi et il leur demanderait de les aider. Hideaki songea que vu sa timidité, la diversion leur donnerait bien assez de temps pour la suite. Suite à laquelle il participerait activement, tout en se demandant ce qu'il fichait encore là.

-------------------------

Sitôt dit, sitôt fait. Le brun regarda Takura se diriger droit vers les deux autres élèves, alors que Minoko et le brun les contournait. Il vit la jeune fille grimper à nouveau à un arbre d'où elle ferait tomber feuilles et petites branches fines, alors que lui devrait faire les bruitages et les prendre en photo avec le flash. L'objectif était de leur faire une grosse frayeur, et pour cela, le troisième larron qui devait faire diversion se chargerait de distiller la peur dans leur veine avec quelques sous-entendus et questions bien placés... Il avait intérêt à y arriver, se dit Hideaki alors qu'il prenait sa première photo de la journée.

Qui ne croirait pas à ce genre d’histoire ? Surtout que l’endroit était un décor idéal pour tourner un film d’horreur où l’on pouvait très bien imaginer l’assassin d’Halloween ou le clown du bouquin de Stephen King. Cette pensée lui flanquait un peu la frousse. La pression ne faisait que d’augmenter d’un cran à chaque pas qu’il avançait. Par contre, Shawn ouvra grand les yeux en sentant la pression de sa camarade sur son bras, sans vraiment le montrer. Visiblement elle semblait aussi effrayée que lui. Ils continuèrent leurs inspections quand il posa un doigt sur ses lèvres en demandant gentiment à Hlyn de se taire. Non pas qu’elle était bavarde, mais le hongkongais crut entendre un bruit.

"Tu entends ce que j’entends ?" lui chuchotait-il.

Shawn en était sûr et certains cette fois. Il n’y avait aucun doute. D’autres personnes étaient présentes ! Des bruits se firent à nouveau entendre. Mais que se passait-il réellement ? Qui étaient avec eux ? Les choses devenaient de plus en plus sérieuses à présent. Son ouïe n’était pas assez développée pour écouter la conversation mais il pouvait encore distinguer des voix. De plus, c’était ce qui l’avait mit la puce à l’oreille. Malheureusement, il était difficile de se préparer à une éventuelle attaque. Il tourna la tête du côté où la main d’Hlyn se trouvait. Personnes à l’horizon ! Le silence était à nouveau revenu.

" Surveille tes arrières Hlyn. On ne sait jamais. Ils peuvent venir de devant, mais aussi par derrière. Restons sur nos gardes. Ça peut-être n’importe quoi ou n’importe qui."

Ses paroles n’étaient pas rassurantes, c’est sûr. Mais après ce qu’ils leurs étaient arrivés dans la cabane, ils n’étaient à l’abri de rien. Et Shawn craignait que ce ne soit les mêmes personnes qui les avaient enfermés dans la cabane abandonnée. Il tourna sa tête pour regarder à en face de lui et cru apercevoir une silhouette. La même qu’il avait vue un instant plus tôt. Ses doutes ne cessaient de s’amplifier et la peur le rongeait depuis le début. Même le soleil n’était pas avec eux, car il était toujours camouflé derrière ses nuages. Ils continuèrent leur chemin afin de trouver un quelconque indice de leur ravisseur. Le jeune homme baissa ses yeux et vit des pas. Il pointa du doigt les empreintes pour l’indiquer à l’irlandaise.

"Dis, c’est moi ou je vois des traces par terre ?"

Shawn avait une bonne vue, mais le fait qu’ils venaient de se réveiller, peut-être que ce n’était qu’une hallucination. Il s’arrêta et se tourna complètement vers Hlyn en posant à son tour une main sur l’épaule de la jeune fille. Il venait de se rappeler le rêve qu’elle venait de lui raconter.

" Euh…est-ce que tu fais souvent ce genre de rêve ? Ou plutôt as-tu déjà fait des rêves prémonitoires ?"

En effet, le rêve qu’elle avait raconté pouvait très bien se réaliser. Ce n’était donc pas un indice à bannir. Et peut-être qu’ils découvrirait qui se cachait derrière les Loups-Phoques dans cette école. Il regarda un petit moment Hlyn quand il sentit son cœur battre. Pourquoi battait-il à cette vitesse soudainement. Il fit semblant de tousser afin de reprendre ses esprits.

[Sorry pour le big retard]

Tous deux avaient repris leur marche lente et prudente. Et plus ils avançaient plus Hlyn avait le trouillomètre à zéro. Jamais dans le pire de ses cauchemars elle n'avait ressenti pareil sentiment de crainte : son cœur était près à jaillir de sa poitrine alors que tout son être se raidissait. Même l'air semblait avoir du soucis à se frayer un chemin jusqu'à ses poumons c'est pourquoi elle voulu prendre une profonde inspiration mais c'est exactement à cet instant que son camarade lui posa l'index sur la bouche, la bloquant ainsi dans sa tentative de respiration normale. Pire, ça la bloqua, effrayant d'avantage la jeune fille. Et en bonne petite élève, au lieu de répondre par la parole, elle secoua la tête. Hlyn n'avait rien entendu et même en tendant l'oreille, elle n'entendait toujours rien. À vrai dire, son cœur faisait bien trop de bruit pour entendre quoi que ce soit d'autre. Dans la tête de l'adolescente, son rythme cardiaque ressemblait à un concert de tambour chinois qui se faisait pile poil au seuil de ses tympans. C'était même un miracle qu'elle comprenne ce que son ami lui racontait.

À moins que ce soit lié au fait qu'elle même se serait dit la même chose, soit être prudente et de surveiller ses arrières. Shawn lui, n'avait rien à craindre de ses arrières étant donné que Hlyn le talonnait, le tenant par les épaules. Ainsi elle devait surveiller ses arrières et lui, ses avants. C'était un bon compromis mine de rien. Par contre, si quelqu'un les observait, ce que la jeune fille craignait plus que tout, cette personne devrait bien rire car la peur faisait pivoter la tête de notre demoiselle de gauche à droite à rythme régulier, telle le pendule d'une horloge. Rien à gauche, rien à droite, toujours rien à gauche, toujours rien à droite... puis paf!

« Niah mais... »

Shawn aurait pu prévenir avant de s'arrêter brutalement pour contempler des traces sur le sol. Comme si vraiment c'était le moment de faire de la zoologie. Mais malgré tout, Hlyn regarda dans la direction indiquée et ses yeux s'ouvrirent encore plus grand (dans l'expectative que ce soit encore possible vu qu'ils avaient déjà la taille de sous tasse).

« Mais ce sont des traces de chaussures, c'est pas des traces de daim?!?! »

Machinalement, l'adolescente regarda les pieds de Shawn et non, ça ne pouvait pas être des traces à lui. Puis ses propres souliers : non, toujours aucune coïncidence. Il y avait donc bien quelqu'un qui avait marché là avant eux, et il y a peu de temps! Son regard bicolore continua d'arpenter le sol quand Shawn attrapa un ton solennel tout en attrapant l'épaule de la jeune fille. Il ne restait donc plus qu'à regarder son ami dans les yeux, l'air aussi grave et sérieux que lui. *Des rêves prémonitoires?* Un des sourcils de l'adolescente se arqua d'instinct tandis que son jumeaux se fronçait.

« Euh non... »

C'en était même saugrenu qu'il le lui demande. Ça n'était pas inscrit sur son front qu'elle ne faisait pas de rêves prémonitoires? Elle n'était ni voyante, ni médium et elle n'avait donc pas de vision... quoique. Ses yeux se rouvrirent en grand. Derrière Shawn...

« Shawn...? »

Sa voix résonnait en un murmure alors qu'elle se hissait sur la pointe des pieds, agrippant les épaules du garçon en face d'elle. Sans y faire attention, son visage se rapprochait de celui de son ami pour dévier au dernier instant, lentement, vers sa joue, collant la sienne contre l'oreille du jeune homme. Derrière Shawn se tenait une ombre, quelqu'un approchait. Au début, incrédule, elle cru à une vision, pouvant corroborer avec les sois disant dons que Shawn lui attribuait mais au fur et à mesure que les secondes passaient, la vision prenait corps, sortant de la brume pour prendre les traits d'un autre jeune homme.

« Shawn...? » continua t elle avec des tremblements autant dans la voix que dans le corps « Shawn, y a quelqu'un derrière toi »