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Le lycée sous le signe de l'arbre aux 1000 écus
 
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 Décoration particulière [Hugh/Eiji/Kantaro]

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AuteurMessage
Eiji Kimihiro
Élève de la 3-A

Eiji Kimihiro


Personnage
Âge : 20 ans
Chambre / Appart : 102

A savoir
:

Décoration particulière [Hugh/Eiji/Kantaro] Empty
MessageSujet: Décoration particulière [Hugh/Eiji/Kantaro]   Décoration particulière [Hugh/Eiji/Kantaro] EmptyDim 6 Fév - 8:49

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Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Cela faisait maintenant plus d'une semaine que Hugh avait migré dans la chambre 6. Après un début un peu tendu, l'américain avait bien vite repris son comportement habituel, à savoir peut-être un peu trop direct et curieux pour ceux qui l'entouraient. Mais cela restait principalement une façade. Face à Kantaro, Hugh prenait garde à ne pas avoir de comportement trop ambigu, à ne pas le toucher ou l'acculer. Face à Eiji ... Il restait poli et enjoué, mais les premiers jours à le côtoyer n'avaient pas été sans une petite terreur tapie au fond de lui, terreur qu'il s'efforçait d'étouffer à force de raisonnement. Il fallait avouer qu'Eiji au réveil, les yeux au fond de la tête et les cheveux ébouriffés, avait bien l'air de mauvaise humeur - comme nombre d'ado au réveil - mais pas spécialement dangereux ou agressif non plus. Hugh ne le considérait pas comme une brute, malgré leurs antécédents. Seulement comme quelqu'un chaud de caractère.

Idée que ne semblait pas spécialement partager Kantaro, qui restait poli mais neutre face à lui, ne parvenant pas à dissimuler un petit accent de mépris ou d'agacement au coin de sa lèvre lorsqu'il lui parlait. Et ce encore plus depuis quelques jours. Hugh n'avait pas tous les détails de l'affaire en main, mais il faisait montre de suffisamment d'esprit de déduction pour avoir compris que les deux avaient fait une course, ou quelque chose dans ce genre là, et que Kantaro avait perdu. De plus, il boitillait depuis, et l'étui de sa raquette n'avait pas bougé depuis non plus. Hugh avait été tenté de s'inquiéter de son sort, mais ne voulant pas infliger une gêne supplémentaire au jeune homme, il se contentait de lui éviter les marches lorsque cela était possible, en lui tendant ses affaires par exemple, ou tout autre petite attention de ce genre ...

Hugh avait commencé à prendre ses marques dans la chambre, et son bureau se dénotait de celui de Kantaro, proprement rangé, et de celui d'Eiji, relativement sobre si ce n'était les quelques magazines de sports qui traînaient sur le coté, par la profusion de matériel et de gadgets qui traînaient sur le sien. Matériel de dessin, carnets empilés, mangas et magazines de prépublications, gashapon gagnés au distributeur ... Le bureau de Hugh était un joyeux bordel qui témoignait des activités de son propriétaire. Son lit, par contre, semblait avoir échappé à cette vague, demeurant comme à son arrivée, n'eut été le drapeau des New Yankees qui servait de couvre lit. Mais apparemment, cela était sur le point de changer, au vu de la manière dont Hugh découpait avec précautions le dernier poster d'un des magazines de prépublication qu'il venait d'acheter. C'était un numéro spécial "Poster" qui présentait les personnages de ses séries fétiches dans des poses pour le moins évocatrices, sans pour autant aller plus loin. Hugh était particulièrement fan d'un des posters représentant les personnages de Get Backers dans des chaînes.

Il avait fait acquisition ce jour-ci de plus de magazines qu'il n'en achetait habituellement. Sorte de manière de se défouler après son rendez-vous à l'hôpital, qui non content de lui avoir mangé une partie de son après midi, s'était accompagné de réprimandes quant à la marque qu'il avait sur la joue. Quel qu'ait été la manière dont il l'avait obtenue, c'était irresponsable de sa part. Hugh n'était pas certain d'apprécier le paternalisme avec lequel le médecin l'avait morigéné. S'imaginait-il qu'il devait prendre la place de son père, pour l'expatrié qu'il était ? Hugh était rentré d'humeur un peu maussade, son sac de médicaments à la main, qu'il avait posé sur l'angle de son bureau sans plus s'en soucier.

Progressivement, le jeune homme perdait de sa prudence et de sa réserve, et, agacement aidant, il n'avait nulle envie de cacher les médicaments dans la boîte qui leur était assignée, comme un secret honteux. De toutes façons, la chambre était vide en ce milieu d'après-midi. Misa était probablement sortie avec des amies, Kantaro devait être à la bibliothèque, et Eiji au sport. Hugh avait bien compris que sa drogue à lui, c'était bien ça. Mais ça ne semblait pas spécialement être pour ses bénéfices physiques, mais bien spirituels, qu'Eiji s'y adonnait. Le sport semblait être son moyen d'expression, comme l'était le dessin pour lui.

Son pc allumé sur une playlist de Iosys, Hugh commença à accrocher les posters au dessus de son lit.


Eiji Kimihiro - [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

C'était d'une humeur plutôt sereine qu'Eiji regagnait la chambre 6 en cette fin d'après-midi, après-midi qu'il avait passé entièrement au dojo, à s'entraîner au kendo avec toute la rage qui le caractérisait. Si en semaine le dojo était complètement déserté, il y avait un peu plus de pratiquants le week-end, pour le plus grand plaisir du jeune homme. Malheureusement, la plupart de ceux qui venaient là étaient des débutants, au mieux des amateurs médiocres. Qu'importe, Eiji y avait tout de même trouvé son compte en entraînant les plus jeunes et en organisant quelque combats avec les autres. Il avait fini par s'entraîner sur ses katas quand la salle avait été désertée de tous, effectuant les mouvements dans un silence religieux et apaisant, s'émerveillant parfois de ses propres capacités alors que ses muscles étaient épuisés. L'un dans l'autre, l'après-midi avait été excellente.
La seule petite ombre au tableau avait été la douche défectueuse des vestiaires : il n'avait pas eu envie de se soumettre à une douche froide après plusieurs heures d'entraînement intensif, si bien qu'il s'était retrouvé à traverser le lycée en hakama, son sac à la main, dans l'idée de se changer dans sa chambre.

Eiji portait bien la tenue traditionnelle de Kendo. Habitué depuis tout jeune, il n'était pas le moins du monde gêné par le pantalon ample et l'aspect un peu antique, même hors du dojo. Ce n'était pas tellement différent que de porter un yukata au final. Et la couleur indigo de ses affaires barrait ses traits juvéniles, lui donnant un aspect plus mature qu'il ne méritait pas forcément.

C'est dans cette tenue qu'il entra dans sa chambre, persuadé que celle-ci serait vide à ce moment, les autres colocataires occupés loin de leur lit un samedi après-midi. La présence de l'américain le figea sur ses pas. Ils ne s'étaient pas souvent retrouvés seuls dans la même pièce, le petit blond se débrouillant pour fuir sa présence avec une maestria qu'Eiji ne pouvait pas vraiment lui reprocher. L'ambiance de la chambre avait été particulière ces jours-ci. Fugiwara toujours à cran, Brown un peu fuyant, et Misa parlant légèrement pour essayer de détendre la situation, consciemment ou non. Comme à son habitude, Eiji s'était réfugié dans le sport, encore et toujours.

La musique qui envahissait la pièce, un peu trop rythmée au goût d' Eiji, avait masqué son entrée au garçon blond trop occupé à essayer de punaiser un poster sur le mur entre leur lit. Le jeune homme ne pouvait pas le voir d'ici mais ... c'est vrai que ce n'était pas une mauvaise idée. A part Misa, aucun d'entre eux n'avaient commencé à décorer leur coin de chambre, comme si l'endroit était un no man's land inviolable. Et au vu des rapports entre eux, c'était parfaitement le cas. Fugiwara n'avait pas été d'excellente humeur de voir réduit sa marge de mouvement à cause de leur course quelques jours plus tôt.

" Hello Hugh "

Le jeune homme laissa tomber son sac au pied de son armoire. Tant qu'à prendre une douche ici plutôt que dans les vestiaires, autant prendre ses affaires de toilette plutôt que de se contenter d'un rapide tour sous l'eau chaude. Sous le casque, ses cheveux devenaient suffisamment poisseux de sueurs pour mériter un shampoing de toute façon.

L'américain se retourna en l'entendant, et Eiji eut enfin une bonne vue du poster que l'autre garçon avait accroché. Bonne vue qui se traduisit par un écarquillement incrédule des yeux noisettes. Le kendoka dut se passer la langue sur les lèvres avant de réussir à prononcer un mot. Il se foutait de lui là, non, c'était sûrement ça ? Une moquerie par rapport à l'histoire de la bibliothèque ?

" Tu ... tu ne vas quand même pas afficher ça ici ? "

Les trucs pervers n'avaient jamais été de son goût, mais là, franchement ...


Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Si Hugh ne prêta pas attention au bruit de la porte qui s'ouvrit derrière lui, il tourna néanmoins la tête vers Eiji à son salut. C'était amusant, cette manière qu'avaient les gens d'utiliser des mots anglais au milieu de leurs phrases. Les "hi" et autres hello étaient monnaie courante, et il doutait que les gens l'utilisent à son égard dans le but direct d'utiliser un tant soit peu de son dialecte d'origine. Ou peut-être était-ce une délicatesse d'Eiji bien masquée. Il n'en savait rien, et n'avait pas spécialement envie de s'appesantir sur la question. En premier lieu parce que la présence d'Eiji était en soit même une raison de se tenir sur ses gardes, et ensuite parce que la tenue du jeune homme avait attiré son regard au moment même où il s'était tourné vers lui.

S'il avait trouvé que le jeune homme avait une certaine prestance sur le terrain de sport, c'était encore tout autre chose en tenue de Kendo. Sa posture droite, son air sérieux, les cheveux encore un peu humide du sport, lui donnaient une présence épatante. Hugh se promit de graver cette image dans sa mémoire pour en dessiner quelque chose. Hey, mais ça collait parfaitement avec son début d'idée de scénario qui se passait dans une école de sport ça ! Et s'il introduisait un personnage kendoka, qui se retrouvait au début à devoir abandonner le Kendo car le tennis serait le principal sport de cette école, et ...

Hugh fut interrompu dans son rush mental de bienheureuse inspiration scénaristique par les paroles éberluées du brun dont le regard semblait ne pas réussir à se décoller du poster que le blond venait d'accrocher au mur. Hugh eut une petite moue, son regard allant du poster - certes tendancieux, et alors ? - au visage contrarié du brun.

" Bah quoi ? Je t'empêche pas d'accrocher des posters de filles à poil au dessus de ton lit toi ! "

Hugh, alors assis au bord de son lit, ponctua sa réplique d'un coup d'œil vers le lit du dessus, dont le mur était encore vierge de toute affiche. Il eut un petit rictus amusé.

" ... Enfin, quand tu voudras le faire. "

Il en revint à Eiji. A aucun moment il n'avait spécialement pensé à lui en affichant cette image, mais il semblait qu'effectivement, ses intérêts n'étaient que moyennement compatibles avec les siens ... Et pas qu'un peu. Ils étaient un peu à l'opposé, en fait. Eiji était sportif, le plus souvent habillé avec classe, un pur japonais propre sur lui. Hugh était non seulement cloîtré à l'intérieur, mais affichait un look à limite du ringard, essentiellement composé de vêtements choisis par maman dont il n'avait cure. Un vrai petit look d'étudiant américain un peu rétro. Face au splendide kimono d'Eiji, le contraste était encore plus frappant.

Hugh pris le deuxième poster de la pile soigneusement empilée à son coté, dont il avait précédemment détaché tous les éléments avec un soin tout particulier de ses magazines, et déplia une affiche de Bleach, dans les mêmes tons que la précédente. Ses mœurs personnelles semblaient perturber le jeune homme ? Il ne l'ennuyait pourtant pas sur les siennes, à savoir de se montrer quasiment asexué, au vu du peu d'intérêt qu'il accordait aux filles. Hugh coula le regard vers Eiji. C'était trop difficile de ne pas le titiller là dessus.

" D'ailleurs, si tu veux faire venir une copine ici, faut pas hésiter hein. Je sortirais si tu veux un peu d'intimité. "

Lança t'il avec désinvolture. Tout en sachant pertinemment qu'Eiji n'avait jamais lorgné envers une fille, du moins de ce qu'il en avait vu. Lorsque Misa s'était changée derrière une porte de placard, il n'avait même pas essayé de regarder, et ce n'était pas de la politesse ou de la retenue, c'était véritablement un non intérêt total de sa part pour ce genre de choses. Ca combiné à la réaction qu'il avait eu dans la bibliothèque ... Le coté voyeur et lurker de Hugh n'avait pas besoin de calculer bien longtemps pour en tirer les conclusions qui s'imposaient, et même s'il n'était pas certain de ce qu'il pensait à son égard, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un léger sentiment de supériorité envers ce japonais qui n'assumait apparemment aucun de ses penchants. Au moins avait-il ça de supérieur sur lui.


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Le regard de Hugh était perturbant. Il était ... scrutateur, il n'y avait pas d'autres mots pour le décrire. Tout à fait le même genre de regard qu'un professeur de kendo avait sur son élève, ou que quelqu'un avait sur un objet avant de l'acheter. D'après ce qu'il avait pu voir et comprendre, l'américain dessinait. Les deux étaient probablement liés ? En tous cas, il ne se sentait pas à l'aise sous ses yeux bleus, même si à aucun moment il n'avait réagi aussi brutalement que la première fois.
La réponse arracha une grimace à Eiji qui arrêta la fouille de son placard, posant sa joue sur le bois tendre du mur. Les américains étaient-ils tous du même acabit, à offrir des solutions aussi foireuses et déplacées ?

" Ça serait de mauvais goût. "

Non, là, honnêtement, aller mettre des images de filles nues dans la chambre ... Oui, c'était joli, mais ce n'était pas le genre de chose qu'il avait envie de partager entre mecs. Surtout entre personne qui ne se connaissait pas bien. Sans oublier Misa ! La pauvre serait sûrement consternée, pour ne pas dire gênée de se retrouver dans une antre de garçon libidineux fasciné par des images plus ou moins pornographiques.
En attendant, il se retrouvait quand même quasi nez à nez avec le poster de Hugh. Enfin les posters, puisque le jeune homme s'obstinait maintenant à sortir une deuxième image du même acabit pour placer à côté de la seconde. Impossible de ne pas les voir en entrant dans la chambre. Et de toute façon, il saurait qu'elles étaient là ... juste sous son lit. Charmant.

Le jeune homme n'eut pas le temps de donner son avis sur la question - à savoir qu'il était hors de question que *ça* reste dans sa ligne de mire - que déjà Hugh repartait à la charge, avec une suggestion qui amena le rouge aux joues de l'adolescent. Eiji inspira lentement avant de répondre. S'il n'avait pas passé l'après-midi à se défouler, revenant d'une humeur paisible dans ses quartiers, il se serait sûrement énervé plus vite que ça. Ou aurait cherché à fuir la conversation avant d'être réellement de mauvais poil. Hugh semblait avoir le don pour déclencher ça, consciemment ou non.

" Mais ça va pas ? Si je veux de l'intimité, c'est pas dans une chambre à cinq que je viendrais. Vous êtes tous aussi sans gêne les américains ou je suis tombé sur l'exemplaire à part ? "

Eiji sortit sa trousse de toilette de son armoire et referma la porte un peu plus brusquement que prévu avant de s'y adosser, les bras croisés sur la poitrine, une expression fermée sur le visage. Il n'arrivait pas à ne pas se mettre sur la défensive, comprenant difficilement si l'américain plaisantait ou non. C'était peut-être le cas, mais il n'arrivait pas à en rire. Il était du point de vue qu'une relation avec une fille ... devait se faire avec beaucoup de respect et de douceur non ? Chercher à la culbuter dans le premier lit venu l'écœurait un peu. Et l'idée qu'on s'imagine que c'était ce qu'il ferait était gênante.

" Tu pourrais au moins te demander si tes images ne gênent pas les autres vu leur teneur. Tout le monde n'a pas envie de dormir en voyant ces ... insanités. "

Le regard d'Eiji balaya les posters avant de se détourner aussitôt, passant sur le reste de la chambre encore très neutre, sur les bureaux plus ou moins rangés, les quelques affaires signalant la présence d'adolescents dans cette pièce. Elle était au final assez bien rangée et propre, comme s'ils n'étaient que de passage pour quelques jours, et non pensionnaires vivant ici. Ils avaient du mal à se faire à l'endroit ...
Au fond de lui, le sportif tentait de s'imposer le calme. Il avait déjà perdu contrôle de lui une fois face à Hugh, et ne comptait pas le refaire. Parce que l'adolescent était trop fragile pour ça, et parce qu'il avait un peu trop conscience que c'était une façon de fuir face à lui et qu'il était capable de mieux.


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Hugh ne s'était pas attendu à une réponse positive de sa part, mais pas non plus à ce rougissement que lui fit retenir un sourire. La simple évocation de ce genre de choses semblait grandement perturber l'adolescent face à lui. Pourtant, ils étaient dans la même classe, il devait avoir 18 ans, comme lui, non ? Il était passé, l'âge ou l'on s'offusquait de la moindre allusion ... Ou pas. Hugh ne savait pas trop, étant passé à coté du schéma évolutif normal de l'adolescent moyen, concernant les choses de la vie.

A force de vivre dans son coin, c'était un peu comme s'il avait oublié dans la foulée les gênes et les hésitations que l'on est censé avoir. Son histoire avec Brian ... était arrivée si naturellement. Parce qu'il n'y avait aucun mal à se rapprocher physique de la seule personne dont il était proche jusque lors. Ses lectures et ses visionnages avaient forgée son éducation sexuelle, et son expérience avec Brian avait fait le reste. Tiens, au final, il n'était jamais sorti avec une fille. Il doutait en trouver une qui lui convienne. Il doutait en fait tout simplement trouver quelqu'un qui lui convienne. S'il avait une relation ici, ce serait certainement quelque chose de superficiel. Comme pour bon nombre d'adolescents. C'était le fait d'en avoir conscience qui était un peu gênant.

Assis au bord du lit, appuyé sur ses jambes, Hugh haussa un sourcil. La question était rhétorique et ne demandait pas de réponse, ce n'était qu'une manière de lui rappeler que son comportement gênait. Cela venait-il vraiment de lui, ou Eiji était-il trop coincé ? Un peu des deux peut-être. Tout est relatif, non ? Hugh n'arrivait pas à déterminer si c'étaient les japonais qui étaient trop coincés ou les américains qui étaient trop ouverts. Ou simplement lui qui oubliait un peu trop souvent de faire preuve de retenue dans ses propos et dans ses actes. Hugh afficha un sourire paisible face à l'agacement d'Eiji qui refermait la porte de son placard sans trop de douceur. Sourire qui trembla un peu à la dernière phrase d'Eiji.

" Et toi, tu pourrais peut-être te demander si tes propos ne risquent pas de me peiner, non ? Il n'y a pas que les américains pour manquer de tact apparemment. "

Pourquoi Eiji rappelait-il sans cesse ses origines ? L'expression de Hugh n'avait presque pas changé, paisible et aussi un peu amusée. Comme s'il était essentiellement spectateur et ne parlait pas pour se défendre lui. Mais il n'était apparemment pas décidé à laisser passer le terme utilisé comme si de rien n'était. Il était peut-être temps de crever l'abcès.

" Ou alors dois-je considérer que tu me considères aussi comme une insanité ? "

Le regard bleu ne lâchait pas celui du brun, dans l'attente d'une réponse. Pourquoi fallait il toujours que la tension monte entre eux deux ? Enfin, si Eiji apprenait à mettre de l'eau dans son vin, et tournait sa réponse de manière humoristique ou un tant soit peu décalée ... S'il ne prenait pas les choses trop au sérieux, et bien, la situation pourrait être désamorcée. Malgré les apparences, Hugh ne cherchait pas à provoquer Eiji. Mais il n'acceptait pas de se laisser marcher sur les pieds non plus.


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Pourquoi rappeler sans arrêt les origines de Hugh ? Parce qu'elles étaient aussi visibles qu'un pissenlit dans un parterre d'herbes vertes, et aussi difficiles à oublier. Il était plus aisé de le blâmer pour son comportement à cause de son sang que de n'importe quoi d'autre. La manière de Hugh de retourner la situation, d'essayer de mettre sur son dos ce que lui avait instigué ... Eiji serra les lèvres jusqu'à ce qu'elles deviennent une ligne étroite sur son visage fin.
La phrase de Hugh lui amena un regard quasi choqué de la part de Eiji qui ne bougea pas de sa position, bien campé sur ses pieds, bras croisés sur la poitrine. Respirer, ne pas s'énerver ... L'américain avait vraiment un esprit tordu dont il n'arrivait pas à suivre toutes les circonvolutions.

" Pourquoi, tu comptes toi aussi poser à demi nu, avec des chaînes partout sur le corps ? "

Le kendoka essaya de chasser cette image mentale assez horrible de son esprit.
Et non, il n'avait pas compris ce que sous-entendait l'américain. Ou n'avait pas voulu le comprendre ? Ca revenait au même de toute façon. Il finirait bien par additionner 1 et 1, mais c'était le genre de détails qu'il préférait ignorer comme un simple détail un peu troublant dans son champs de vision, et ne pas s'attarder dessus. Au final, c'était la vie de Hugh, pas la sienne. Il s'en fichait, mais ne tenait simplement pas à la voir se trimballer sous son nez. Était-ce si dur à comprendre qu'il avait un peu de pudeur et ne tenait pas à connaître les détails de la vie des autres, ainsi que leurs préférences intimes ? Il n'arrivait pas à savoir si il était trop coincé, ou l'autre trop américain. Et ensuite Hugh se demandait pourquoi il insultait son côté outre pacifique.

Eiji serra les mâchoires. Il commençait sérieusement à envisager de demander à changer à nouveau de chambre, quitte à aller supplier le CPE ou n'importe quel autre surveillant pour ça. Après tout, si c'était pour le bien et le calme de chambrée, et éviter un meurtre avant la fin de l'année scolaire. C'était un peu attristant comme constat, mais il fallait savoir reconnaître un constat d'échec, et apparemment, ils ne devaient pas être fait pour réussir à se supporter.

Le jeune homme se passa la main dans les cheveux une fois de plus. Il était fatigué, avait envie de sa douche chaude bien méritée, et était encore là à discuter décoration et morale.

S'il n'était pas revenu de trois heures assez intensives de sport, Eiji serait reparti courir. Autant pour se défouler que pour être seul dans sa tête.


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Hugh fit la moue à la question d'Eiji. Il faisait exprès de ne pas comprendre ? Du peu de temps qu'il avait côtoyé Eiji, Hugh en avait déduit qu'il était un jeune homme très "simple", campé sur de bonnes et vieilles valeurs, comme celles enseignées au sport, pratique dont il semblait de plus faire grand cas, comme en témoignait le kimono qu'il portait en cet instant avec tant d'aisance, ou ses habituels entraînements. Hugh doutait que sa réplique fut initialement à visée humoristique, mais rien ne l'empêchait de le prendre de cette manière. Contrairement à ce que l'on aurait put croire au vu de son comportement envers Eiji, Hugh n'était pas quelqu'un qui cherchait les embrouilles.

" Non, je ne pense pas que ça m'irait. Pas assez musclé. Ça t'irait mieux à toi. "

Le minois de Hugh avait pris un petit air sarcastique, mais pas dénué de connivence. Les mots n'étaient pas faits pour vexer. Si Eiji choisissait de les prendre mal ... Et bien, ils n'auraient qu'a s'ignorer mutuellement, ou lui à demander à changer de chambre. Hugh ne voulait pas s'y astreindre. Parce qu'il appréciait Kantaro, ne désespérait pas de réussir à s'entendre avec Eiji, et surtout, ne voulait pas que sa mère ait vent de quelconques troubles auxquels il aurait été confronté. Hugh replia en quatre le poster qu'il tenait encore dans les mains, avant de pousser un petit soupir déçu.

" ... Ça te gêne vraiment, si j'accroche ce genre de poster ? Il me plait bien moi. On voit bien la relation un peu tordue des deux protagonistes, et puis c'est un rappel de ce qui se passe dans le volume 14 où ... "

Hugh s'auto interrompit dans sa tirade d'otaku malvenue en cet instant. Le moment n'était pas de faire un topo complet sur cette série ! Il eut une petite toux discrète pour reprendre contenance. Il voulait bien faire des concessions envers Eiji. Mais celui-ci semblait aussi s'offusquer de tout et de rien. Ou était-ce parce qu'ils étaient diamétralement opposés ? Mais il existait bien un dicton qui disait que les contraires s'attiraient. Restait juste à voir pour quel résultat.


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Eiji soupira et finit par enfin se déloger de sa place dos à l'armoire, pour la troquer pour une des chaises d'un des bureaux, se fichant duquel pour le moment, et s'assit à califourchon, les bras croisés sur le dossier. Un hakama n'était pas ce qu'il y avait de plus pratique pour s'asseoir sur ce genre de chaises, les plis du tissus épais s'arrangeant de manière peu confortable. Le choix de la position était très révélatrice : le jeune homme n'était plus vraiment sur la défensive, juste ... las. Comme Hugh, se prendre la tête dès qu'il passait le pas de la porte n'était pas ce qu'il préférait.
C'était un peu vexant. Dans son ancien lycée, il ne s'était jamais pris la tête avec les autres de cette manière. Il ne vivait pas avec eux non plus, et il était vrai que passer du temps avec les autres - même les quelques huit heures que durait une journée de cours - n'était pas la même chose que devoir partager une chambre, et forcément, une certaine intimité avec d'autres personnes qu'il ne connaissait en aucune manière. Et même s'il les avait connues avant, leur cohabitation se serait-elle mieux déroulée ? Eiji avait eu pas mal de copains dans son ancien lycée, mais jamais de vrai ami, la fameuse grande amitié profonde qui fait prêter des serments. La raison en était assez simple : il s'était toujours essentiellement focalisé sur le kendo, et il n'y avait eu personne d'assez motivé dans le club du lycée pour le suivre.

Son regard se posa sur la fenêtre, où brillait un soleil doux et chaud de fin de printemps. Le temps semblait vouloir rester au beau fixe pendant cette période de fin d'année, un peu moqueur par rapport aux tempêtes qui étaient les humeurs adolescentes. Il fallait bien que quelque chose reste stable au moins.
Il se demandait s'il ne regrettait pas sa décision d'être parti loin de chez lui pour finir dans un pensionnat inconnu. L'idée avait semblé merveilleuse de base, propre à le libérer de tout ce qui l'encombrait là-bas. Mais le résultat n'était pas aussi radical. Il avait été complètement stupide de croire que l'éloignement lui ferait du bien. Elle n'en faisait pas à son caractère en tous cas, comme le prouvait ses baskets prématurément usées de toutes ses courses infernales. Il ne serait pas dur de demander à rentrer à Tokyo - maintenant, où pendant les vacances scolaires - mais ce serait un autre constat d'échec difficile à supporter. Il devrait plutôt essayer de faire un effort.

Son regard noisette se posa à nouveau sur Hugh. Sa voix était plus posée qu'il ne l'aurait cru possible quand il reprit la parole, parfaitement assortie au jeune homme en hakama qui était entré dans la pièce.

" Non, laisse tomber, fait comme tu veux. Je pense que je vais plutôt voir pour être changé de chambre. Si on ne peut vraiment pas accorder nos violons, on va peut-être essayer de limiter la casse. "

Il savait déjà qu'il ne supporterait pas beaucoup de blagues vaseuses dans ce genre, et si l'américain se complaisait toujours dans ce genre de comportement, même alors qu'il avait dit qu'il éviterait quand il s'était excusé ...
Eiji regarda une fois de plus les posters en vitesse, avant de détourner les yeux. Rien à faire, ça le dérangeait, l'écœurait même. C'était si incompréhensible que ça ?

Sa main monta à sa boucle d'oreille dans un geste machinal, essayant de jouer avec l'attache qui refusa de céder sous la pression de ses doigts. Le jeune homme grommela en essayant de défaire la petite barre, une fois de plus coincée à cause du casque de kendo. Il fallait bien s'accrocher comme on pouvait aux petits détails du quotidien.


Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Eiji s'était assis à califourchon sur la première chaise venue durant sa tirade, affichant un visage pour le moins las. La chaude lumière de cette belle journée de printemps venait jouer dans ses cheveux, les ornant de reflets chauds. Une jolie image à dessiner ou à photographier, d'autant plus que les plis du hakama étaient alors très intéressants, entre les jeux d'ombres et de lumière et la forme générale du vêtement ... Un bon exercice de dessin. La réponse d'Eiji le tira de ses pensées, amenant un air surpris sur le visage du jeune homme.

Changer de chambre ? Il n'aurait pas cru qu'Eiji avait déjà pensé à ça. En même temps, il était vrai que leurs relations étaient pour le moins tendues, et que se conforter dans cette ambiance n'était pas forcement au goût de tout le monde, mais ... Hugh se frotta la nuque, l'air gêné. Il n'avait pas voulu faire tourner les choses comme ça. En se remettant un peu en question, il voyait bien qu'il n'était pas innocent dans la mise en place de cette ambiance, à toujours chercher Eiji plus ou moins consciemment ... Parce que c'était tentant, parce qu'il se sentait agressé et donc répondait par l'agression, repoussant Eiji dans ses tranchées. Mais, et si Eiji n'était tout simplement pas agressif ? Hugh sentit une once de remord lui traverser l'esprit. Il joignit les mains sur ses genoux, cherchant ses mots.

" On n'est peut-être pas obligé d'arriver à de telles extrémités ... "

Il croyait toujours fermement, au fond de lui, que la cohabitation avec Eiji était possible. Que c'était juste un passage où ils se jaugeaient l'un et l'autre. Mais apparemment, la vie n'était pas aussi facile que dans les mangas et les films, et parfois les protagonistes semblaient enclins à prendre des chemins qu'il n'aurait pas imaginé. Lui qui avait considéré presque comme une évidence que désormais, ils seraient tous dans la même chambre, et que cela ne changerait pas ... Une excuse comme une autre pour forcer la fréquentation avec les autres, et donc quelque part, les liens. Si tant est qu'ils aient voulu en créer entre eux.

Hugh baissa les yeux. N'était-ce pas lui même qui s'était engagé à ne pas parler à Eiji de certaines choses ? Ce genre de poster n'en était qu'une variante. Eiji ne l'agressait pas directement : il se contentait d'énoncer son désaccord. Faire des concessions ... n'était pas forcement baisser la tête devant une agression. C'était juste s'efforcer de vivre en bonne entente. Rien ne l'empêchait d'accrocher ce genre d'image à l'intérieur de son placard, et laisser sur le mur ce qui était tout public, comme le dernier poster du shonen jump. Peut-être qu'Eiji n'était pas le seul à être gêné, mais le seul à l'énoncer.

" Je sais que je manie pas le tact et la rhétorique à la perfection, mais ... Je n'ai pas spécialement envie que tu changes de chambre. "

Que pouvait-il trouver à ce garçon qui l'avait frappé dix jours auparavant, et dont il gardait encore les séquelles de l'agression sur la joue, sous la forme d'une marque verdâtre ? Peut-être justement ce caractère entier qui faisait qu'il se comportait avec lui comme avec n'importe qui, et non pas comme avec une chose fragile. C'était quelque chose que Hugh avait du mal à accepter de la part de Kantaro, qui avait des penchants protecteurs à son égard, sans parvenir à lui dire ou à trouver le moyen de le lui faire comprendre, se contentant de prendre en souriant.

Mais Eiji lui, n'était pas ainsi. Il ne le considérait peut-être pas comme un égal, le mot "américain" revenant un peu trop souvent dans sa bouche, mais il y avait quelque chose qui s'en approchait, peut-être ? Ou tout simplement Hugh n'avait-il pas envie d'un énième changement qui laisserait un sentiment amer dans leur chambre, en plus d'une hostilité à jamais figée entre lui et Eiji. Si l'on mettait de coté leurs petits différents ... Il y avait quelque chose à en tirer non ? Et ce jeune homme athlétique avait quelque chose qui fascinait Hugh, même s'il ne le réalisait pas vraiment lui même.

Son regard s'attarda sur la main agacée d'Eiji qui s'obstinait sur son oreille. Avait-il pris un coup au sport qui l'avait coincée ? La première réaction de Hugh fut de se lever, dans l'intention avouée d'aller l'aider, lorsqu'une petite voix au fond de son crâne lui rappela que c'était justement ce comportement qui l'avait mis en porte à faux jusque lors. Ce n'était pourtant pas compliqué : il fallait juste y penser.

" ... Tu veux un coup de main ? "

Voilà, juste demander la permission, tâter le terrain pour ne pas se faire intrus dans l'intimité de l'autre. Voilà bien quelque chose dont il n'avait pas l'habitude, mais les efforts devaient être faits de chaque coté, n'est-ce pas ?


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La réponse de Hugh sonna bizarrement aux oreilles d'Eiji. Il s'était attendu à de la neutralité, voir de la satisfaction de la part de l'autre. Il ne lui avait pas donné de raison d'apprécier sa présence dans la chambre, ni de réel intérêt en tant que colocataire. L'aider pour ses cours ? Bien qu'en quatrième année, Fugiwara serait bien plus à même que lui de le faire. Si bien que quand les mots qui sonnaient presque comme un regret s'élevèrent dans la chambre, le kendoka leva le nez, observant le métis avec une franchise inquiétante, s'imprégnant de son air quasi contrit et de sa manière de torturer ses mains dans son giron.

La raison de ce retournement de situation n'était pas évidente à comprendre, et à dire vrai, Eiji n'essayait même pas de suivre le cheminement des pensées du blond. Il avait déjà compris que la manière de réfléchir de celui-ci était bien trop différente de la sienne pour qu'il comprenne ces étranges circonvolutions. Origines différentes, histoire de vie différente ... tout était une justification plausible et qui aurait demandé plusieurs séances de psychanalyse pour désemmêler. Et à quoi bon ? Ils n'avaient pas besoin de tout savoir l'un de l'autre, juste apprendre à se supporter.
Etait-ce pareil pour toutes les chambrées ? Probablement pas non. Dans la première chambre où il avait été, il aurait pu compter sur les doigts d'une main les mots échangés alors qu'ils s'ignoraient tous dans une bienheureuse béatitude. D'autres encore semblaient être des petits groupes bien soudés, formés dans l'habitude de vivre ensemble. Qu'est-ce qui faisait que ça marchait ou non ? Ne pas avoir frappé un des colocataires au préalable devait sûrement aider à la bonne entente.

Eiji lâcha sa boucle d'oreille et inclina la tête. Acceptation, approbation ... le geste avait bien des valeurs, le genre d'instinct japonais qu'Eiji avait intégré alors qu'il était encore nourri au biberon. Sa voix était une fois encore assez contemplative quand il reprit la parole.

" On peut attendre quelque temps pour voir si on y arrive avant de prendre des mesures définitives. "

Le jeune homme fut surpris de la proposition, et sa main remonta jusqu'à la boucle d'oreille visiblement bien coincée à son oreille. Il avait pensé attendre d'être dans la salle de bain pour essayer de la décoincer devant un miroir, avec du savon ou de la force brute. La proposition semblait être sincère, sans sous entendu comme savait si bien le faire Hugh.

" … je veux bien, merci. "

Il n'était pas sûr de le vouloir, mais il devait reconnaître que ça serait plus simple. Le jeune homme se redressa, restant immobile sur sa chaise pour laisser la possibilité de travailler si près de son visage. Quoique ... il leva la main, écartant les mèches châtains qui gênaient l'accès à son oreille droite. Peut-être un peu trop longues, non ? Elles lui chatouillaient agréablement la nuque, mais devenaient presque gênantes sous son armure au kendo. Il faudrait qu'il voit ça de plus près. Plus tard, tout seul, quand il n'aurait rien de plus pressant auquel penser.

Ainsi immobile, son regard tomba sur le bureau de Hugh, sur lequel traînait un gros sac à l'effigie de l'hôpital de Kobe. Hugh avait bien dit avoir des problèmes de santé, non ? Pas exactement en ces termes certes, mais à mi-mot, c'était ainsi. De sa position, il pouvait entrapercevoir une boite de médicament telle que celle qu'il avait pu voir chez son grand-père, avant de détourner les yeux, un peu gêné de percevoir ainsi les détails de la vie de son condisciple.


Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

La légère réponse gestuelle d'Eiji, ainsi que ses propos, avaient un étrange goût de couple qui tente de remettre ça après un clash. Mais cette vision des choses, Hugh se retint de la dire, gardant ce genre de pensée pour lui. Dommage, c'était beaucoup moins drôle de ne pas pouvoir énoncer ce genre de trucs à voix haute. Eiji porta de nouveau la main à sa boucle d'oreille, apparemment surpris de la proposition. Mais de quoi n'était-il pas surpris de sa part ? La musique saccadée de Iosys continuait à s'échapper avec régularité de l'ordinateur de Hugh, et celui-ci tendit la main par dessus les bureaux pour appuyer sur une touche qui coupa le flux de musique ininterrompu.

Il se doutait quelque part que ce genre de musique n'était pas non plus pour plaire à Eiji. Autant essayer de faire les choses proprement. Revenant près d'Eiji, Hugh put constater que celui-ci avait passé ses cheveux derrière ses oreilles, laissant l'accès libre à la boucle d'oreille à l'attache tordue. Hugh prit le lobe de l'oreille entre ses doigts froid, dans un geste doux.

" Aouch ! Mais comment tu t'es fait ça, tu as pris un coup ? Ça doit faire mal ... Attend, bouge pas. "

Bien que peu habitué à tripoter ce genre de bijoux, n'ayant lui-même jamais eu de piercing ni même la prétention d'en avoir, les doigts fins du jeune homme finirent par dissocier l'attache tordue de la petite puce en forme de salamandre. Il la tint un instant entre ses doigts, avant de la poser sur le bord du bureau pour ne pas forcer Eiji à tendre la main. Il repassa un court instant la main derrière l'oreille du brun, l'examinant de nouveau.

" Du coup c'est enflé, tu devrais lui foutre la paix quelques jours. "

Le blond n'avait pas perçu le regard d'Eiji sur les médicaments. C'était bien là une différence fondamentale entre eux deux. Celui qui était respectueux de la vie privée des autres, et qui attendait qu'il en soit de même pour la sienne, et celui qui ne réalisait non seulement pas lorsqu'il se montrait envahissant, mais pas non plus les égards qu'Eiji avait envers lui. Il aurait lui aussi pu depuis longtemps lui poser des questions gênantes et personnelles, mais il ne l'avait pas fait. Mais ça, Hugh n'en avait pas véritablement confiance. Relent d'enfant unique et gâté ?


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Les mains de Hugh étaient un peu froides – à moins que ce ne soit son oreille qui soit enflammée ? - et réveillèrent une petite douleur quand elles se mirent à tripoter son lobe. Le garçon resta néanmoins immobile quand l'américain tira un peu fort sur le bijou jusqu'à réussir à séparer les deux morceaux et retirer le clou de la chaire. Il était effectivement bien tordu, la tige dressée à un autre angle que les 90° communément admis. Pas étonnant qu'il ait eu du mal à la retirer. Hugh se pencha un instant de plus sur lui, frôlant son cou de ses doigts froids le temps d'examiner la chaire meurtrie.
Le jeune homme effleura à son tour son oreille, s'efforçant de ne pas toucher les doigts de Hugh par la même occasion. La douleur était bien présente, petite et insidieuse, mais réelle. Il soupira légèrement à l'idée de se passer quelques temps du bijou qu'il avait appris à avoir en permanence sur lui. C'était un peu stupide, de s'attacher à ce genre de petites choses matérielles, mais il aimait bien, comme un objet protecteur, un charme attaché à lui. Il ébouriffa ses cheveux, les remettant en place, signifiant plus ou moins consciemment que le moment du contact physique était bel et bien fini.

" Merci. "

Il récupéra le bijou posé sur le bureau : il essaierait de remettre la tige droite pour sauver la boucle si c'était possible. Il l'aimait bien : la petite salamandre en argent était un cadeau d'une copine, datant de l'été dernier. Enfin, une copine ... Kaede méritait peut-être un possessif, non ? Une adorable petite jeune fille très volubile qui avait pris un malin plaisir à traîner Eiji dans les centres commerciaux, à se faire admirer quand elle essayait différents articles, voir même à s'amuser à rhabiller le jeune homme comme s'il n'avait été qu'une poupée à taille humaine. Il avait souri et lui avait servi de poupée sans broncher, et s'était laissé exhiber au bon plaisir de la jeune fille.
Il n'avait pas envie de devoir se débarrasser du souvenir.

" C'est en kendo, oui. Le men, enfin le casque si tu préfères, il arrive parfois qu'il frotte ou s'accroche à la tige. Et si tu ajoutes un coup ou deux à la tête ... C'est de ma faute aussi, j'oublie une fois sur deux d'enlever la boucle d'oreille, ce qui serait le plus pratique. Ce n'est pas la première fois que j'en abîme une... mais la première fois que je n'arrive pas à la retirer. "

Eiji se leva, la main fermée sur les vestiges de la boucle d'oreille, enjambant la chaise suffisamment haut pour ne pas laisser le hakama s'accrocher dans le meuble, avec une aisance née de la pratique et se dirigea vers son armoire, où il déposa l'objet dans la petite boîte où se trouvait ses autres clous. S'y trouvait déjà une petite demi douzaine de clous en argent, achetés le plus souvent par hasard, parfois cadeau comme la petite salamandre. Un peu comme se faire tatouer, se faire percer l'oreille avait été fait sur un coup de tête. Mais contrairement au premier, il ne regrettait absolument pas la discrète décoration qu'il changeait au gré de ses envies. Le tatouage était un souvenir un peu plus sévère d'un de ses actes de rébellion ... qui au final n'avait touché que lui, gravé dans sa peau. La leçon était intéressante : au final, tout ce qu'il faisait se répercutait avant tout sur lui.

" Je vais essayer de faire plus attention à ce qui casse ... "

Prononcé à mi-voix, avec un léger sourire, les mots avaient bien le sous-entendu qu'ils paraissaient avoir. Et oui, même Eiji pouvait s'essayer à une faible tentative d'humour par moment, sans être vraiment sûr de comment ses mots seraient perçus. C'était bien là ce qu'il préférait dans le sport, surtout dans le kendo : les actes étaient directs, la réponse, immédiate.


Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Hugh hocha légèrement la tête en guise de réponse au remerciement succinct. Au moins le brun ne s'était-il pas offusqué qu'il l'ait touché de nouveau, comme il l'avait craint juste après avoir réalisé son geste. Sans en faire grand cas, Hugh se retourna vers le lit et tendit la main, décrochant le poster déjà en place dont il ôta soigneusement les petites boules de pâte à fixer, dans l'optique de l'accrocher plus tard dans son placard. Il le repliait lorsque Eiji reprit la parole, expliquant la raison de la petite boucle tordue. Au moins n'avait-il pas été frappé par quelqu'un.

Ça aurait pourtant collé à son profil, de chercher la bagarre et de se battre dans une rue ou un couloir. Enfin, en apparence. Obscurément, Hugh n'imaginait pas Eiji comme ça. Peut-être avait-il une imagination trop fantasque et rapide, mais il voyait à travers lui quelqu'un de plutôt droit, qui éliminait ses pulsions agressives à travers le sport, et pas quelqu'un qui serait allé se battre à la moindre provocation.

" J'imagine que c'est le genre de truc qu'on oublie facilement d'enlever, oui. "

Comme tout bijou ou accessoire quotidien, comme ceux qui allaient sous la douche avec leurs lunettes par exemple. Hugh releva la tête vers Eiji, qui s'était relevé avec aisance malgré l'encombrant vêtement qu'il portait, pour ranger la boucle d'oreille dans une petite boite de son placard. Il était à son image, propre et ordonné. Le regard de Hugh se posa sur les médicaments abandonnés sur la table. Il faudrait songer à les ranger, il n'aimait pas non plus les voir ainsi exposés aux yeux de tous.

Maintenant que la tension était retombée, il sentait revenir la petite gêne associée. Il en revint à Eiji, qui avait prononcé à mi voix des propos lourds de sous entendu que le blond n'était pas sûr d'interpréter correctement. Il eut néanmoins un doux sourire. Quoi qu'ait voulu signifier Eiji par ce biais ... peut-être allaient-ils arriver à quelque chose, en s'accommodant de chacun. Son regard s'attarda de nouveau sur le costume d'entraînement qu'Eiji portait.

" ... C'est vraiment trop cool le hakama. "

Il y avait dans sa voix un véritable intérêt émerveillé, peut-être un peu trop proche de celui du pur gaijin pour toucher Eiji, mais qu'importe. Autant il avait eut la possibilité de voir - et de porter - le yukata, autant ce genre de vêtement plus spécifique, il n'avait pas toujours put en voir ou en toucher.

" Dit, je pourrais te dessiner en hakama un de ces quatre ? C'est tellement plus parlant que les photos en vrai ! Avec le boken même ? " Le regard de Hugh s'était fait un instant plus brillant alors qu'il s'emballait tout seul dans ses propos. " Enfin, j'imagine que là tout de suite, tu veux aller à la douche. "

Le ton de sa voix s'était fait rieur sur la fin de ses propos, le blond montrant malgré lui qu'il avait intégré certaines des habitudes d'Eiji, à commencer par son hygiène digne de celle d'une fille. En tout bien tout honneur. Il imaginait difficilement un sportif qui se complaisait dans la transpiration après son entraînement quotidien.


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L'enthousiasme de Hugh pour son hakama laissa Eiji un instant interdit. Il était tellement habitué à ce costume qu'il ne le voyait plus comme extravagant - encombrant et pas toujours pratique hors d'un dojo certes - mais pas au point de mériter une telle réaction. Mais il était habitué à évoluer dans un milieu où faire du kendo était un classique, ce qui n'était pas habituel aux États-Unis en tout état de cause. Sous le coup, le regard admirateur de Hugh, cette fois justifié, était plus flatteur que désagréable. La demande de le dessiner fut accueillie cette fois avec un regard incertain qui se mua en rire chez Eiji. Difficile de ne pas suivre l'excitation dans les yeux de l'américain. Presque aussitôt, le japonais monta la main à sa bouche pour essayer de calmer l'éclat de rire franc qu'il n'avait su retenir. Apparemment, Hugh n'était pas seulement direct dans ses moqueries, mais bien dans toutes ces paroles. Perturbant, mais il supposait qu'avec un peu d'habitude il se laisserait moins surprendre.

Il reprit son calme suffisamment pour essayer de répondre, se passant la main dans les cheveux pour se redonner quelque peu contenance après cet éclat qui le surprenait lui-même - vu la tension à son entrée dans la chambre, il n'aurait pas cru se détendre suffisamment pour rire -. Si ça se trouve, c'était juste une réaction de ses nerfs.

" Ca doit pouvoir se faire, il suffit que tu viennes au dojo un de ces après-midi. Ca serait plus intéressant qu'un défilé de mode. Par contre si tu veux que je sois immobile ... faudra faire ça plutôt pendant un entraînement de kyudo. "

Kyudo, kendo ... Eiji se sentait assez sûr de lui sur ces terrains pour accepter un regard étranger. De toute façon le hakama - et l'armure qui allait avec - offrait une des meilleures protections possibles pour assurer la paix de son esprit. Et puis ... il s'était énervé la première fois sur Hugh à cause de cette histoire de voyeurisme, autant apprendre à passer outre si le dessinateur passait vraiment tout son temps à regarder les autres pour ensuite les retranscrire sur le papier. Son regard avait peut-être été purement celui du dessinateur, cette première fois.
Et non, il ne voulait pas penser au poster maintenant soigneusement replié et ce qu'il pouvait bien vouloir signifier d'autres par rapport à Hugh. "Oublier" certains détails de la personnalité du blond rendrait plus évident de s'entendre correctement avec lui. Et correctement voulait dire autrement qu'à couteaux tirés.

Eiji s'étira longuement. Les muscles de ses épaules et de ses bras étaient un peu douloureux suite à tous les mouvements d'extension qu'il avait pu faire avec son shinai, et au choc en retour quand ses coups, portés avec peu de douceur, trouvaient un écho. Sans compter les quelques endroits où ils portaient des hématomes à cause de coups un peu trop violents.

" Oui, la douche me paraît indispensable. "

Longue, brûlante, le plaisir ultime qui le faisait fantasmer à sa seule évocation.



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Eiji Kimihiro
Élève de la 3-A

Eiji Kimihiro


Personnage
Âge : 20 ans
Chambre / Appart : 102

A savoir
:

Décoration particulière [Hugh/Eiji/Kantaro] Empty
MessageSujet: Re: Décoration particulière [Hugh/Eiji/Kantaro]   Décoration particulière [Hugh/Eiji/Kantaro] EmptyDim 6 Fév - 8:50

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

La couverture de cuir lourde claqua avec violence sur la dernière page quand une main s'abattit sur elle, faisant légèrement vibrer la table sur laquelle le livre reposait. Dans un sursaut, les trois jeunes filles se turent instantanément et dévisagèrent avec stupeur - et un peu d'inquiétude - l'auteur de ce mouvement d'humeur qui posait sur elles un regard noir. Les trois élèves jugèrent préférable de ne pas rester à proximité et allèrent poursuivre leurs commérages dans un autre lieu. Quand est-ce que les gens cesseraient de confondre la bibliothèque avec un salon de discussion ? Kantaro fulminait. C'était au moins le cinquième groupe de pipelettes - garçons et filles confondus - qu'il faisait fuir de la sorte. Petit à petit, même les tables studieuses autour de lui avaient été désertées de leurs occupants, ces derniers préférant éviter de rester à proximité de l'aura sombre dégagée par le jeune homme. A peine dix minutes plus tard, un portable fit entendre une sonnerie à la mélodie douteuse et il plia bagage, non sans avoir vertement réprimander le fauteur de trouble qui les regarda partir, lui et sa mauvaise humeur, avec des yeux ronds.

Kantaro prit la direction du seul endroit où il pourrait trouver un peu de tranquillité, à condition que ces colocataires ne soient pas présents dans la chambre. Misa avait beau être gentille et calme, ses pipelettages incessants lui portaient sur les nerfs, et il ne supportait que très peu la présence d'Eiji. Le seul qui trouvait grâce à ses yeux était Hugh, même si ses petites attentions pour épargner sa cheville l'agaçaient parfois, lui rappelant désagréablement la raison de son état de nerfs. Car tout venait bien de là, de cette course avec Eiji dont il était revenu blessé.
Depuis cinq jours, l'adolescent était dans une tension telle, que la moindre petite chose était prétexte à augmenter d'un cran sa mauvaise humeur. Tous ces petits désagréments de la vie quotidienne, qu'il supportait aisément d'ordinaire, s'accumulaient joyeusement sans qu'il puisse évacuer quoique ce soit en tapant dans une balle ou en courant. Et c'était sans compter ses nuits d'insomnie durant lesquelles il se voyait cantonné dans la chambre. Maudite cheville qui le privait de ses balades nocturnes !

Kantaro gravit péniblement les escaliers menant à l'étage du pensionnat. Il sentit la vibration de son portable au fond de son sac, toujours en mode silencieux. Le temps de franchir les dernières marches et il s'était déjà coupé. Les gens n'étaient guère patients. Le jeune homme alla s'appuyer contre un mur et farfouilla entre ses livres pour retrouver l'appareil. Quatre appels en absence, aucun message, du même numéro inconnu à chaque fois. Peu patient et insistant ... S'il ne laissait pas de message, comment pouvait-il savoir qui l'appelait ? Les gens étaient vraiment pénibles ... Machinalement, il retira le mode silencieux et fourra le portable dans sa poche d'un geste agacé, avant de reprendre la direction de sa chambre.

Le jeune homme pénétra dans la pièce qui était loin d'être vide. Ses lèvres s'ornèrent d'une moue déçue tandis qu'il marmonnait un vague bonjour et déposait son sac de cours sur son lit. L'ambiance avait l'air détendue, sans doute une bonne chose, mais il n'était pas en état d'en juger. Il observa un instant les deux autres garçons, habité par l'envie de finalement ressortir de la chambre. Mais sa cheville lui exprimait clairement qu'elle refusait tout déplacement supplémentaire. Résigné, Kantaro s'assit sur son lit et ouvrit son sac.
Il partait à la recherche de son livre d'histoire quand la sonnerie de son portable l'interrompit. Il fronça les sourcils en voyant le même numéro inconnu que pour les appels précédents. Vraiment très insistant ... mais cette fois il saurait de qui il s'agissait.

" Oui ? ... "

Son coeur rata un battement lorsque la voix s'éleva dans l'appareil. Cette voix honnie, qu'il aurait tant voulu oublier, il l'aurait reconnue entre mille. La respiration suspendue, les yeux écarquillés de stupeur, Kantaro eut un moment de latence avant de se relever brusquement. A présent campé sur ses deux pieds, oublieux de la douleur physique, le corps frémissant de colère, son visage se durcissait tandis que son regard passait progressivement de la surprise à la haine. Le ton de sa voix se fit bas et glacial, presque menaçant.

" Oublie-moi. "

Sans attendre de réponse, Kantaro raccrocha pour composer aussitôt un nouveau numéro, peu soucieux du regard que pouvaient poser sur lui ses deux colocataires. Il n'eut pas à attendre longtemps pour avoir son interlocuteur au bout du fil sur lequel il déchargea aussitôt toute sa colère.

" Ryo ! Comment as-tu osé lui donner mon numéro ?!!! ... Je veux pas le savoir ! ... Non ! ... Je vais changer de numéro. Mais si tu recommences, père ou pas père, tu devras passer par l'accueil pour me parler ! "

Kantaro ferma le clapet de son téléphone d'un geste brusque, tremblant de rage. Lorsqu'il se remit à sonner, il n'y jeta pas même un oeil et l'envoya exploser contre le mur opposé.

" Merde !!! "


Eiji Kimihiro - [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Le jeune homme était allé récupérer ses affaires de toilette et ses vêtements propres quand la porte s'ouvrit avec un fracas un peu inhabituel pour la chambre 6. De manière un peu stupide, Eiji avait noté comment les différents habitants de la chambre ouvraient la porte. Misa, comme une petite souris, glissant la tête avec un petit sourire pour voir qui était là avant d'entrer. Hugh, de manière égale à lui-même, ouvrait la porte en grand et rentrait, souvent de manière bruyante. Fugiwara ... le terme pour le décrire aurait été précis et sec, comme s'il avait calculé l'angle adéquat pour rentrer et refermer la porte derrière lui en un mouvement. Et cette ouverture quasi violente ne leur correspondait ... sauf si l'on prenait en compte le visage furieux de son cadet.

Ce fut un peu figé qu'il assista à la conversation téléphonique de l'autre - en grande partie parce que Fugiwara était sur son chemin, et qu'il se voyait mal le forcer à se déplacer alors qu'il déversait toute sa bile au téléphone pour une raison ou pour une autre. S'il y avait une chose qu'Eiji avait fini par comprendre sur son colocataire, c'est qu'il semblait avoir un caractère aussi agressif que le sien, mais bien mieux dissimulé sous des couches de froideur et d'agacement. Les derniers jours avaient été un festival d'évitement, les deux garçons faisant leur possible pour ne pas rester en présence l'un de l'autre. Difficile quand l'un d'eux pouvait à peine marcher.

Eiji sortit de ses pensées quand le portable fusa vers le mur, manquant son visage de quelques centimètres seulement. Il avait conscience de ne pas avoir été visé, mais plutôt d'avoir été un malheureux objet se trouvant non loin de la trajectoire du portable décimé. Celui-ci avait explosé contre le mur et gisait maintenant au sol, fendu en deux, probablement mort pour le compte. Quoi qu'ait pu être la conversation qui venait de tourner court, elle n'avait pas plu au 4ème année qui semblait suinter la rage par chaque pore de son être, sans aucune mesure avec l'humeur maussade dans laquelle le sportif avait déjà pu le voir.

" Tu pourrais essayer de viser ailleurs. "

A posteriori, Eiji voulait bien reconnaître que sa phrase était maladroite. D'un autre côté ... il n'était pas en assez bon terme avec Kantaro pour se permettre de se montrer curieux avec un "ça va" plein de sollicitude qui aurait probablement sonné faux entre eux deux. Ils n'étaient pas au stade où ils s'intéressaient honnêtement à l'humeur de l'autre.


Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Hugh resta un instant surpris face au rire léger d'Eiji, ne sachant pas comment le prendre. Mais apparemment, c'était une réaction positive de sa part. Ou alors se moquait-il de lui ? Étrangement, il avait du mal à imaginer ce comportement de la part du brun, du moins, pas de manière aussi évidente. Et puis, au vu de la proposition qui suivi ... Hugh retint un grand sourire enthousiaste en serrant les lèvres, regardant Eiji avec de grands yeux avant de hocher vigoureusement la tête. Dojo ? Kyudo ? Tant de mots qui sonnaient merveilleusement bien à ses oreilles. Eiji acquiesça à ses propos, et s'apprêtait à sortir de la chambre, lorsque l'entrée furieuse de Kantaro l'en empêcha.

Hugh resta interdit devant le comportement de son cadet, et la salutation qui était née au fond de sa gorge y mourra aussitôt. Il observa le jeune homme qui s'assit sur son lit, un peu à l'écart. Le lit de Kantaro était toujours une sorte de no man's land dans la chambre, là où ceux de Hugh et Eiji se trouvaient au centre de la pièce et donc de l'activité, le sien, toujours fait avec soin, donnait une perpétuelle impression de propreté immaculée, voir d'endroit inutilisé et inutile.

Kantaro répondit à un appel téléphonique qui sembla le mettre en rage, avant de rappeler quelqu'un aussitôt. Hugh ne songea pas à détourner la tête pour laisser le jeune homme à ses affaires, ne parvenant pas à détourner son regard du brun, surpris qu'il se montre soudainement si agressif. Le mot père, bien que craché avec haine, s'échappa entre deux paroles sifflées, avant que le téléphone ne soit envoyé avec brutalité contre le mur, manquant de peu Eiji. Le regard de celui-ci se porta sur le téléphone puis sur son lanceur, avant qu'il ne lâche quelques mots un peu secs. Typiquement Eiji en fait. Hugh lui adressa un regard un peu désobligeant, avant de se tourner vers le jeune homme tremblant de rage sur le lit.

" ... Kanta... "

Le nom avait été à peine soufflé, Hugh posant les doigts sur ses lèvres après l'avoir appelé, comme si son geste avait été malencontreux. On était censé faire quoi face à quelqu'un en colère ? S'intéresser à ce qui l'énervait, ou peut-être le laisser en paix ? Il n'avait aucune idée du comportement adéquat à aborder.


Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Le regard furieux posé sur son défunt portable, Kantaro essayait de se débarrasser des images un peu trop précises qui lui revenaient en mémoire, mais surtout de ce visage pour lequel il ressentait tant de haine. Pourquoi ... S'il refusait de la voir, n'était-il pas évident qu'il refusait également de l'entendre ? Cette femme n'avait jamais voulu de son existence, le battant comme pour le faire disparaître de la surface de la terre à chaque coup. Pourquoi, maintenant qu'il n'était plus dans sa vie, ne pouvait-elle faire comme s'il n'en avait jamais fait partie ? Ryo avait vaguement eu le temps de parler de pardon et de remord ... Mais qu'elle s'étouffe avec ! Comment pouvaient-ils imaginer un seul instant qu'il accepterait de lui pardonner ? Si elle culpabilisait d'avoir manqué de le tuer, tant mieux ! Et si elle pouvait s'écrouler sous le poids de ses fautes, parfait ! Cette démarche, elle ne la faisait pas pour lui de doute façon. C'était juste pour se donner bonne conscience, et ça, il n'était certainement pas disposé à lui accorder !

Kantaro ferma les yeux, frémissant de rage et déglutissant avec difficulté. Il ne s'était jamais senti aussi peu maître de lui-même, presque déconnecté de la réalité, totalement perdu dans ce monde trop plein d'émotions et de souvenirs. Une sensation qui l'agaçait au plus haut point. Il leva une main tremblante pour redresser ses lunettes, mais ce geste fut avorté par l'absence de l'objet familier.

La voix de Kimihiro s'éleva alors, sèche et légèrement sarcastique. Le jeune homme rouvrit les yeux, levant un regard noir vers son aîné ... sur le visage duquel venait sournoisement se superposer celui de cette femme. Son sang ne fit qu'un tour et, avant de réaliser ce qu'il faisait, Kantaro franchit les trois mètres qui les séparaient pour venir écraser violemment son poing sur la tempe d'Eiji.

" Et là ? C'est suffisamment bien visé ?!!! ... "

Bon sang que ça faisait du bien ! Décharger ainsi ce surplus de colère qui manquait de l'étouffer ... Lui qui ne pouvait plus se défouler par le tennis de toutes ses tensions, venait de trouver un nouvel exutoire qui ne manquerait certainement pas de répliquer ... de quoi évacuer sa rage.

Et avec tout ça, Kantaro avait complètement oublié la présence de Hugh dans la pièce. Mais est-ce que l'américain aurait pu changer quelque chose ? Rien n'était moins sûr : il était à bout ...


Eiji Kimihiro - [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

La tête d'Eiji résonna sous la violence du coup, le sonnant un instant. Là, il ne l'avait pas vu venir. Probablement à cause de la manière qu'avait eu Fugiwara de se montrer hautain et méprisant, il avait cru le jeune homme du genre à se servir de sa langue plutôt que ses poings lors d'un conflit. Comme quoi il n'avait pas vraiment pris la mesure correcte de son cadet. Mais ses pensées n'eurent pas le temps d'élaborer plus avant quant au comportement du tennisman.
Si Eiji n'avait pas su esquiver le coup, ne s'y attendant pas du tout, il n'était pas du genre à tendre l'autre joue, bien au contraire.
La bouche tordue en un rictus peu aimable, le bras du jeune homme surgit en avant, l'attrapant au col alors que son poing s'écrasait sur la joue de l'autre, mimant son geste en un réflexe quasi immédiat. Se battre contre quelqu'un qui répliquait n'avait jamais été un souci pour le kendoka, bien au contraire.

La bagarre se serait sûrement prolongée, n'en restant pas à un ou deux coups de la part des protagonistes - surtout à la vue des antécédents un peu lourd qui traînaient entre eux et qui n'avaient attendu qu'une petite étincelle pour exploser- si une lourde impression de chuter ne s'était pas abattue sur sa tête à ce moment. Sa tempe pulsait - pas étonnant vu le coup qu'il s'était pris - mais pire que ça, la douleur semblait résonner en vague dans son esprit, l'obnubilant et empêchant toute autre pensée. Comme au kendo, quand parfois il se prenait un coup sur la tête qui le forçait à s'asseoir quelques minutes le temps de reprendre ses esprits.

Eiji recula, prenant appui sur le bureau le plus proche, un air peu engageant sur le visage, expression qui se mua en une expression plus neutre quand son regard n'arriva plus à fixer le visage de Kantaro. Le jeune homme avait l'horrible sensation de se sentir partir sans rien pouvoir y faire, comme s'il glissait dans un trou avec des bords bien trop lisses pour pouvoir s'y accrocher. Quelques minutes ou secondes, il n'arrivait pas à savoir, s'écoulèrent dans un silence quasi religieux au moment où il se sentit englouti par une vague de plomb, le sol se rapprochant dangereusement de lui alors que le bureau ne lui suffisait plus comme soutien. Le jeune homme chuta, sa tenue de kendo donnant l'illusion d'un samouraï tombé au combat, pourtant sans blessure apparente.

Quelque chose de chaud et souple le retint dans sa chute, l'empêchant de cogner durement contre le sol. Sa dernière pensée avant de plonger dans l'inconscience était qu'il était vexant de s'être fait mettre au tapis par Kantaro pour une raison tellement obscure qu'il ne l'avait même pas comprise.


Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Les évènements semblèrent se dérouler avec une lenteur extrême, sans qu'il ne fût pour autant possible de les intercepter ou de les ralentir. Il vit Kantaro se lever avec rage, allant planter son poing dans la figure d'Eiji sans retenue, crachant quelques mots rageurs, et celui-ci répliquer aussitôt, l'attrapant au collet comme il l'avait fait avec lui deux semaines auparavant. Le rictus d'Eiji avait quelque chose d'étrange en cet instant, comme si cet échange de coup avait quelque chose d'obscurément amusant ou de jouissif pour lui. Le coup porta sur Kantaro, et Hugh fit un pas en avant, n'arrivant pas à bouger plus que cela, face à une situation qui paraissait inexorable.

" Stop it ! "

Il ne fut pas sûr que sa voix fût entendue. Par contre, il perçut bien le recul d'Eiji qui semblait soudainement fort peu stable sur ses pieds, sa main venant agripper le rebord du bureau comme s'il eut été la dernière chose stable en ce monde. Hugh écarquilla les yeux, regardant Eiji chuter en arrière avec une lenteur terrible. Le jeune homme réussi à sortir de la posture figée qu'il arborait jusque lors pour tendre les mains et rattraper la haute silhouette.

Ses gestes étaient désespérément lents, et les tissus rêches sous ses doigts. Hugh se laissa glisser à genoux sous le poids du kendoka, qui finit inanimé dans ses bras, faiblement maintenu. La respiration haletante, le regard de Hugh alla du visage comme endormi d'Eiji, subitement dénué de toute expression haineuse ou amusée, à celui de Kantaro qui semblait lui aussi perdu dans l'instant. Hugh en revint à Eiji, qui semblait définitivement absent.

" ... Kimihiro ? "

Hugh leva vivement la tête vers Kantaro, cherchant appui dans son regard, même si sur l'instant, tous ses repères étaient pour le moins réduits en miette. Depuis quand le tennisman agissait-il avec ses poings plutôt qu'avec sa voix ? Eiji était lourd sur ses genoux, la différence de musculature entre eux deux se faisant bien sentir en cet instant. Mais il n'osait pourtant pas le lâcher.


Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
S'il était dans une sorte d'état second lorsqu'il avait frappé Eiji, le fait d'être agrippé par le col puis frappé en retour avait ramené Kantaro à une certaine réalité. Réalité dans laquelle une bagarre en bonne et due forme se profilait pour la plus grande satisfaction de ses nerfs. D'autant qu'au rictus de son adversaire, il pouvait clairement deviner qu'il en était ravi lui aussi. Trop de tensions traînaient entre eux deux depuis une semaine pour qu'ils ne profitent pas de cette opportunité de les évacuer.

Contre toute attente, alors qu'il semblait prêt à le frapper à nouveau, Eiji fit un pas en arrière, prenant appui sur le bureau à ses côtés comme s'il ne pouvait plus tenir debout par ses propres moyens. Son regard jusque là plein de hargne se posa sur lui comme surpris, avant de se vider peu à peu. Le corps du jeune homme suivit le même cheminement et bascula en arrière, rattrapé in extremis par Hugh.

La scène n'avait sans doute pas duré plus de quelques secondes, mais avait semblé interminable aux yeux de Kantaro, figé dans une totale incompréhension. La réalité, la vraie cette fois, lui jeta au visage qu'il avait frappé quelqu'un - dans une situation qui était loin d'être de l'autodéfense - et que ce quelqu'un gisait au sol, inconscient ...

" ... non ... "

Sa voix étranglée avait franchi avec difficulté la barrière de ses lèvres, se transformant en murmure.

Ce fut le regard de Hugh qui le poussa à s'extirper de ses pensées et à réagir. Emmener Eiji à l'infirmerie ? Non. S'il se souvenait bien il l'avait frappé à la tête, c'était sans doute grave pour qu'il ait perdu connaissance. Ses yeux se posèrent un instant sur son portable détruit. Il fallait appeler une ambulance, aller à l'hôpital ... un téléphone ... l'accueil ... oui, mais avec sa cheville ... Hugh irait plus vite que lui ... Hugh ... Il n'avait pas un portable ?
Kantaro avait l'impression que sa tête allait exploser tellement ses pensées fusaient à toute vitesse. Il repéra le téléphone portable de Hugh abandonné sur son bureau et s'en empara sans demander l'autorisation, composant à toute vitesse ce numéro qu'il connaissait par coeur depuis son enfance.

Dix minutes plus tard, les ambulanciers embarquaient un kendoka - qui sortait de l'inconscience, sans comprendre ce qui se passait autour de lui - et ses deux colocataires qui avaient tenu à l'accompagner à l'hôpital.
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Décoration particulière [Hugh/Eiji/Kantaro]

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