Hugh bailla à s’en décrocher la mâchoire, mettant vaguement sa main devant la bouche dans un effort de civilité. L’œil un peu vide, auréolé d’une teinte sombre, ainsi que ses cheveux arborant ce qui chez d’autre aurait put passer pour un effet de style coiffé / décoiffé, tout chez lui semblait crier la nuit courte voir cafeinée. L’air d’un mangaka en fin de bouclage, et on était pas si loin de la vérité. Avertit un peu tard d’un concours à la date d’expiration des plus proches, Hugh avait passé une bonne partie de la nuit à griffonner pour pouvoir poster à temps sa participation. Il en payait ce matin les frais.

Pour une fois, il s’était décidé à aller au self service avec les autres élèves, plus par flemme d’aller au distributeur que par une réelle envie. Il pourrait peut-être s’y faire, non ? Mais maintenant attablé devant son poisson grillé et son bol de riz, il sentait un doute s’insinuer dans son esprit. Son regard s’attarda sur le bol de soupe miso avant de s’arrêter sur le natto. Il le porta à son nez, l’humant avant de grimacer, pris d’un haut le cœur et de repousser l’infâme met loin de lui. Vraiment, c’était une mauvaise idée. Peut-être faudrait il suggérer à l’école d’adapter ses menus à ses nombreux habitants étrangers ? Mais le chauvinisme des japonais, associé à la volonté de l’école de ne pas forcement faire du cas par cas, était certainement un obstacle de taille à un tel projet.

Hugh se souvenait, lorsqu'il était plus jeune, qu'il mangeait pourtant ce genre de plat, quand il était au japon, et encore un peu après. Puis ils avaient arrêtés. certains ingrédients n'étaient pas facile à trouver, Hugh voulait manger des cornflakes avec le tigre et la surprise comme ses petits camarades, et papa avait du mal avec le natto et le poisson grillé. Et la nourriture japonaise avait finalement totalement disparue du petit déjeuner, sa mère se trouvant une addiction plus poussée que jamais au délicieux café du torréfacteur. L'odeur ici présente avait donc un petit effet de madeleine de proust pas désagréable, mais qui ne parvenait tout de même pas à lui ouvrir réellement l'appétit.

Jouant avec sa soupe, la tête appuyée sur sa main, Hugh songea vaguement au club de journalisme de l’école. Il aurait put y participer, en photos et même en article. Mais il faudrait s’entendre avec les gens. Ce n’était pas si difficile de faire bonne figure et d’être de compagnie joviale, mais des fois, il avait simplement envie d’être lui même. Et puis, aurait il eut le temps ? On trouvait toujours le temps, affirma une voix au fond de son esprit. Surtout quand on veut s’occuper à chaque instant pour éviter de penser à ce qui dérange, ajouta t’il mentalement.

Oui, la raison de son effervescence actuelle n’était pas bien dure à déceler. C’était donc ainsi qu’il réagissait face à ce genre de problème ? En s’occupant les mains et l’esprit autant que possible, dans une activité frénétique qui n’était pas sa caractéristique première ? Comme quoi, on pouvait toujours apprendre de nouvelles choses sur soi.

Hugh inspira un grand coup avant de porter le bol de soupe à ses lèvres. Quand faut y’aller, faut y’aller. Son estomac gargouillait et se moquait de ce qu’on lui donnait, du moment que cela s’avérerait digérable.


Eiji jongla avec son plateau au dessus de la tête d'un premier année un peu trop agité ce matin, réussissant in extremis à ne pas lui faire tomber son bol de soupe miso sur le crâne. Le cinquième année lança un regard noir dans la direction générale où il était parti, mais le plus jeune ne s'était même pas retourné, bien trop occupé à parler de jeux vidéos avec un de ses camarades. Eiji soupira avant de repartir dans la direction qu'il avait repérée un peu plus tôt, vers là où déjeunait en solitaire une tête blonde bien connue.
Il était rare qu'il prenne son petit déjeuner avec Hugh. Il était souvent levé plus tôt pour aller courir, revenant prendre quelque chose en 4ème vitesse une fois le réfectoire ouvert, tandis que l'américain se contentait souvent de barres chocolatées et de canettes du distributeur.

Le jeune homme déposa son plateau à côté de celui du blond avant de s'assoir à son tour, souriant à la moue dégoutée de l'américain devant son plateau. Un coup d'oeil au plat dans sa main lui permit d'identifier – de visu comme à l'odeur – la source principale de son malaise. Le soja fermenté était loin d'être un de ses plats préférés, même si sa grand-mère avait essayé de lui aire gouter un nombre incalculable de fois, parce que ça rendait fort. Il pensait avoir réussi à démontrer à son aïeul qu'on pouvait devenir fort même sans manger ce qui avait l'odeur d'une vieille chaussette oubliée des mois dans un placard.

" Du natto au petit déjeuner ? Violent. Perso je préfère éviter... "

Il s'attaqua sans frémir à sa soupe Miso. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait Hugh avoir un peu de mal avec le petit déjeuner classique japonais. De son côté, peu habitué aux sucreries, c'était ses céréales ou barres hyper sucrées qu'il avait un peu de mal à ingurgiter. Ok après le sport quand il était crevé et avait besoin d'un coup de boost, mais commencer la journée par ça ? Un peu dur. Enfin c'était une habitude à prendre. Il ne se souvenait pas avoir mangé autre chose que ça, que ce soit avec ses parents du temps où ils étaient ensemble , ou après, ou même avec ses grands-parents. Ca aurait été encore plus invraisemblable avec ses grands-parents, traditionnels jusqu'au bout de leurs tabis.

Un instant, il joua avec son poisson grillé du bout de ses baguettes avant d'oser prendre la parole, s'attaquant à la raison pour laquelle il avait voulu discuter avec Hugh en premier lieu, alors qu'il l'évitait ces derniers temps. Et si ce n'était que lui... ces derniers temps, il évitait à peu près n'importe qui, à l'exception du club d'athlé pour des entrainements rigoureux. Seul moyen pour réussir à s'effondrer comme une masse le soir, définitivement épuisé, sans avoir à se soucier des autres autour de lui.
Dans la salle de bain ce matin, il avait cherché dans son reflet des traces de son agitation intérieur sur son visage. Apparemment aucune, à part un regard un peu lointain : son organisme semblait relativement bien supporter le stress.

" Je voulais te remercier pour le devoir en anglais hier... et m'excuser aussi, j'aurais pas du le faire. J'espère que ça ne t'a pas posé soucis."

Pour quelqu'un qui avait toujours mis un point d'honneur à ne pas demander les devoirs de son camarade américain pour les recopier – malgré les propositions – il avait échoué en beauté. Au point où il en était, ce n'était pas comme s'il se souciait de rater quelque chose de plus, il pouvait difficilement faire pire.


Un plateau fut posé à coté du sien, et Hugh identifia immédiatement la silhouette entraperçue du coin de l’œil comme celle d’Eiji. A force, il était capable de le reconnaître à des signes infimes, comme sa main ou sa démarche. Résultat imprévu d’une intimité forcée par les chambres du pensionnat, on l’on se retrouvait à vivre avec les autres, et à apprendre à conjuguer avec eux. Les ado trop imbus ou égoïstes devaient faire la une amère expérience de la vie. Pour sa part, étant initialement assez coulant et soucieux de gêner, Hugh n’avait pas eut trop de problèmes. Juste quelques fois ou il était resté éveillé trop tard, gênant ses colocataires qui voulaient dormir. Depuis, il avait compris : Il mettait le casque et dessinait à la lumière de l’écran de son ordinateur.

Le blond grimaça avec un hochement de tête aux propos du brun, avant de le regarder avaler sa soupe sans ciller avec une pointe d’envie.

« Ça me dérangeait pas pourtant quand j’étais gamin. »

Il en revint à son bol, le fixant d’un air morne accentué par ses cernes, avant de le repousser du plat de la main.

« Enfin si, même la le natto, j’arrivais pas. »

Il planta les baguettes dans son poisson, bien décidé à manger tout de même. Un silence tranquille s’installa entre eux 2, celui de camarades – d’amis ? – qui mangeaient ensemble. Hugh appréciait cela. La présence d’Eiji à coté était agréable. D’autant plus que ces derniers temps, le sportif se donnait corps et âme dans ses activités sportives, lui donnant même parfois l’impression de l’éviter. Mais qu’il s’assoit à coté de lui ce matin montrait bien que non. Il était simplement très occupé, comme lui pouvait l’être de son coté.

A la réflexion, lui aussi pouvait avoir de bonnes raisons de lui en vouloir, suite à ce qu’il s’était passé un beau matin dans la forêt. Peut-être qu’Eiji l’évitait pour ça ? Hugh lui en avait voulu au départ… Jusqu’à ce que son sens commun lui impose le fait qu’Eiji n’avait pas pensé à mal et avait simplement voulu lui faire partager ce qu’il aimait. Un peu comme lorsqu’un otaku force un ami à s’asseoir devant un épisode de son animé préféré. Enfin, version hardcore.

Eiji repris la parole, le sortant de ses réflexions, et se voyant obtenir un regard surpris du jeune homme.

« Hein ? Ho, y’a pas de soucis. Je te l’avais déjà proposé. Et puis, le prof se fatigue pas à ramasser ce genre de devoirs chez moi, donc ça me gêne pas. »

Il les faisait pour la forme, par respect pour le professeur, tout comme il venait en cours par respect pour lui. Il y avait une fille dans sa classe, qui ne venait pas aux cours sous prétextes qu’elle était native des states et le pratiquait couramment Si c’était pour demander des cours adaptés, autant aller dans une autre école. Il trouvait son attitude simplement désobligeante. Enfin, lui qui séchait les cours d’arts plastique parce que le prof le terrorisait, il n’avait rien à dire.

« Mais ça reste surprenant de ta part, de pas faire tes devoirs. »

Il porta un nouveau morceau de poisson grillé à ses lèvres, avant de reprendre.

« Faut passer moins de temps au sport, tu aurais plus de temps pour faire tes devoirs. Comme dirait nos parents, « si tu passais le quart du temps que tu met à faire du sport, tes notes seraient excellentes ! » » Il rit « Enfin, je crois que c’est ce que sont sensés dire les parents dans ce genre de cas, non ? »

Sa mère n’avait jamais eut le cœur de le réprimander lorsqu’il dessinait encore et encore, pour combler la solitude de devoir rester chez lui.


C'était toujours bizarre d'entendre Hugh rappeler qu'il avait vécu au Japon étant enfant. Il avait beau savoir le blond métissé, c'était toujours le côté américain – différent donc – qui se rappelait un peu plus à son bon souvenir, à cause de toutes ces petites différences que le blond arborait, à commencer justement par sa couleur de cheveux. Il s'y était habituée, mais ça restait étrange de se dire que Hugh aurait pu être bien pire. Enfin bien plus gaijin, si c'était compréhensible.

Eiji s'attaqua à la suite de son repas, sans réelle faim, enfournant les plats comme un robot qui prenait son carburant sans faire attention à la saveur. Il n'était pas du genre à se laisser mourir de faim, même contrarié. De toute façon, avec la quantité de sport qu'il faisait, il était obligé de manger. Et le sport étant son dernier exutoire, hors de question qu'il fasse quoi que ce soit qui puisse l'en priver. Le jeune homme se concentra sur son bol de riz, cherchant à attraper précisément un grain de riz quand Hugh exprima sa surprise à ce qu'il n'ai pas fait son exercice. Marrant comme ce détail n'était passé inaperçu pour personne. Lui qui était sérieux dans ses études habituellement...
Le kendoka ne redressa pas la tête pour répondre à mi-voix, le compte des grains de riz soudain important dans sa vie.

" J'avais pas trop la tête à faire mes exercices en fait... On a rompu. "

C'était un peu plus facile à exprimer que "je me suis fait jeté par Konata". La fin de la phrase "parce qu'elle a dit que j'étais gay" était carrément impossible à exprimer en public. Même là, les quelques mots qu'il venait de dire restait coincé en travers de sa gorge comme une boule douloureuse qui se refusait à partir.
Dommage que la première fille qui lui fasse cet effet soit aussi la première à le lâcher avec perte et fracas. Qu'importe qu'il ai identifié ses sentiments comme de la tendresse plutôt que comme de l'amour au sens premier du terme. Ça restait douloureux. Vexant aussi, mais à ce niveau, il était au-delà de la vexation avec elle. C'était l'humiliation totale, l'annihilation de son ego de jeune mâle alpha.

Le poisson grillé n'avait aucun gout et ne voulait définitivement plus passer. Eiji reposa le plat sur le plateau, et aligna ses baguettes à côté, avec des gestes d'une minutie qu'il n'avait habituellement que pour le kendo ou le kyudo. Ce fut la tasse de thé qui finit dans ses mains, autant pour se les occuper, que parce que le gré chaud contre sa peau était au final une constante rassurante.
Pourquoi venait-il d'en parler ? Il avait évité de le faire jusque là, pour une simple raison : parler des raisons de la rupture était au dessus de ses forces. En particulier avec Hugh.
Mais il fallait croire que le poids était trop dur à porter pour ses épaules seules, et qu'il n'était au final qu'un animal grégaire comme les autres, qui allait se rassurer auprès du reste du troupeau quand ça n'allait pas... Certes, Hugh et Kantaro, c'était un peu limité comme troupeau, mais c'était déjà ça.


Continuant à manger, Eiji ne semblait pas vraiment l’écouter, plongé dans ses pensées. Occultant ses dernières phrases, il répondit du bout des lèvres pour expliquer son absence de devoirs faits, concluant sur quelques mots qui manquèrent d’en faire lâcher à Hugh ses baguettes. Il ne pouvait s’agir que d’une seule personne et c’était bien surprenant. Il était vrai qu’il n’avait pas vu la brunette depuis une semaine, mais…

« Hein ? »

Fut la réponse peut éloquente qui franchis ses lèvres malgré lui. Hugh avala sa bouchée, avant de reporter les yeux sur son repas, gêné. Autour d'eux, le brouaha du self continuait, bien peu concerné par les confidences d'un jeune homme victime d'un chagrin d'amour comme il y en avait tant.

« … Je suis désolé boy… »

C’était sincère. La situation était bien triste, et il eut préféré qu’elle n’ait pas lieu. Eiji et Akiyama étaient ensemble depuis longtemps, et lui semblaient souvent comme les 2 doigts de la main. Même si la jeune fille était exécrable avec lui, il ne pouvait nier qu'elle était mignonne et convenait parfaitement à Eiji : Le même sport, un coté "populaire", et tant d'autres choses qui faisaient d'eux l'un des couples phare de l'école. Il hésita un moment, avant de poser la question qui était attendue de sa part dans ce genre de situation, du moins l’imaginait il.

« … Pourquoi ? Il s’est passé quelque chose ? Je veux dire, vous alliez si bien ensemble, c’est pas un truc que j’aurai put imaginer… »

Parler de mésaventures amoureuses, voilà bien la dernière chose qu’il eut imaginé faire avec Eiji, non, même au sein de sa vie de lycéen. Entre mecs, on évitait ce genre de choses non ? Etre trop sentimental, tout ça… Enfin, entre mecs normaux. Lui était gay, plus porté sur les sentiments, et Eiji… Ho.

Peut-être qu’en fait, quelque chose avait finit par réellement merder avec Akiyama. Quelque chose qui remettait tout en cause… Ou tout simplement Eiji n’arrivait il pas à être autre chose que lui même ? Hugh se mordilla la lèvre. Il ne dirait rien à ce sujet. Il ne voulait pas le peiner, ni se faire cogner dessus.


Eiji cligna des yeux plusieurs fois, avant d'esquisser un sourire forcé qui ne réussissait pas à atteindre ses yeux. Au moins, la nouvelle de leur rupture – et la raison qui allait avec – n'avait pas fait le tour de l'école. Il pourrait la remercier, si un jour il se reparlait. Il savait son ex-copine assez chafouine et rancunière pour se livrer à ce genre d'exploit si l'envie lui en prenait. Mais... non. Konata était restée aussi discrète que lui. Le jeune homme poussa un petit soupire à la question? Forcément, c'était lui qui l'avait invitée en parlant si directement de sa rupture. Le jeune homme fixa l'eau sombre de son thé, espérant qu'elle lui apporte des réponses. Une nouvelle réponse même, qui pourrait le satisfaire réellement plutôt que celle imposée par Konata.
Malheureusement, nulle divination dans le sachet de thé de l'école. A peine un peu de chaleur et de parfum douceâtre.

" Il faut croire que ce n'était pas le cas. Elle voulait de moi... quelque chose je ne pouvais pas lui donner."

Même dit à mots couverts, c'était franchement ridicule. Ca lui donnait l'impression de sortir d'une de ces 10 000 séries pour adolescents, pleine de guimauve et de conneries. Sauf qu'habituellement, c'était les filles qui couinaient entre elles à propos de leurs déboires amoureux et de leur dernier flirt, avec autant de larmes de crocodiles que possible, le tout sans faire virer le mascara. Pitoyable.
Il avait autre chose à faire surement. Il ne savait pas quoi, mais rester à ressasser en regardant un plateau à moitié vide n'allait pas beaucoup l'aider à se sentir mieux. Il ne voulait pas avoir honte devant un de ses amis en pleurnichant sur son sort.

Le sportif reposa un peu brutalement sa tasse de thé sur son plateau, à côté du riz à moitié mangé et du poisson grillé à peine entamé. Tant pis pour sa volonté de manger correctement pour être en état de faire du sport, il se vengerait plus tard sur quelque chose sorti du distributeur pour ne pas se sentir trop fatigué. Ou quand il commencerait à se sentir trop fatigué. Pour le moment, le repas qui refroidissait pour son plateau n'avait plus rien d'appétissant.

" Désolé, je veux pas t'embêter avec ça. Ça va aller."

Il se leva avec son plateau, sachant qu'il devait donner l'impression qu'il ne savait pas sur quel pied danser, venant parler avec Hugh avant de fuir aussi vite. Et c'était le cas. Il avait déjà frappé, crié, couru. Il avait envie de pleurer mais sa dernière once de fierté masculine avait tenu, unique barrage contre des larmes qui n'avaient aucun sens. Qu'est-ce qu'il se sentait con ces derniers temps.... Il n'y avait pas d'autre mot, rien de pertinent pour se décrire. Il était juste là, incapable de savoir où il allait ou ce qu'il voulait.
Il avait déjà fuit une fois une situation qu'il détestait, en venant en internat à Kobe. Il n'avait plus cette possibilité maintenant. Enfin physiquement, si, il aurait pu choisir d'aller ailleurs, mais à quoi bon ? Son esprit ne pouvait pas fuir les mots lâchés par Konata cette fois.

" A tout à l'heure. "

Traverser le self sans cogner un élève qui discutait joyeusement avec un autre, ceux qui arrivaient, ceux qui repartaient... il n'avait jamais fait attention à quel point l'endroit était bruyant, et pas très agréable. Ou peut-être était-ce simplement son humeur qui influait sur sa vision des choses.


Après un soupir, Eiji finit par répondre à mi voix et de manière silibyne à sa question. Sauf que pour Hugh, la situation était claire comme de l’eau de roche. C’est pourquoi il se contenta alors d’un silence respectueux et d’une petite grimace, visualisant sans mal quel genre de scène avait put se produire. Le silence entre d’eux repris, Hugh mangeant pour se donner une contenance sans forcement trop savoir quoi dire. Eiji repris l’action en main avant lui, reposant subitement son thé avant de se lever avec son plateau et mots brefs.

« Hey, mais, Eiji ! »

Hugh se releva, ayant un regard pour son plateau avant de se décider à être un peu malpoli pour une fois, et le laissa en plan, courant à la suite d’Eiji qui, même s’il se contentait de marcher, avait déjà une allure conséquente. Lorsqu’il le rattrapa, un croisement plus loin, il était déjà essoufflé et du s’accrocher à l’épaule du brun pour pouvoir reprendre son souffle.

Plus que d’habitude peut-être, leurs allures étaient totalement opposés : leurs vêtements, leurs cheveux, leur posture… Un peu comme L et Raito. Hugh chassa cette idée mal appropriée de sa tête, et se concentra sur la reprise de sa respiration.

« … Attend, puf, c’est… C’est quoi le plan la ? … Puf… »

Cela faisait des jours qu’il était ainsi, mais la, ça atteignait des sommets dans l’absurde. Il avait attendu qu’il se décide à parler, sans succès. Pour ne rien arranger, Kantaro de son coté était comme une tombe qu’il préférait lui même éviter. On aurait dit que le sort avait décidé qu’il était temps pour eux 3 de vivre un tournant dans leur vie. Mais quand on est tous en train de se débattre dans ses soucis, difficile de penser à s’occuper de ceux des autres, surtout quand on a 18 ans.

Ou alors y avait il la un manque de confiance, du à leur déboires passés ? Le jeune homme serra sa main, ne cherchant pas vraiment à faire mal, mais à secouer, et haussa d’un ton.

« Quand t’a un soucis, tu en parle à tes amis, tu décide pas de te transformer en anguille, merde quoi ! »

Hugh afficha un air ébahi, comme surpris lui même de s’être ainsi mis en colère. Mais c’était bien ça, quelque part : La conduite d’Eiji le peinait autant pour lui que pour leur relation : N’avait il donc pas confiance en lui de ne rien vouloir lui dire, de fuir ainsi après quelques mots ?

« Et puis une anguille, ça te va pas du tout, comme animal. »

Reprit il avec un petit sourire gêné, ôtant lentement sa main de l’épaule d’Eiji, comme ayant peur de la réprimande.


La main de Hugh sur son épaule le laissa inerte un instant, à considérer la petite main pâle en se demandant si elle appartenait vraiment à l'américain, si celui-ci lui avait vraiment couru derrière dans la cafétéria pour l'empêcher de fuir. C'était tellement peu habituel pour Hugh de le toucher, en rapport à leur histoire commune, qu'il s'imagina un instant qu'il s'agissait d'une erreur. Mais non, il était là, à agripper son épaule et à prononcer quelques mots, à bout de souffle, d'abord lentement, puis plus violemment et rapidement, comme s'il craignait qu'il ne détourne la tête et parte sans l'écouter s'il lui en laissait l'occasion. L'aurait-il fait ? Il ne pouvait nier que l'idée de partir sans tourner la tête lui avait effleuré l'esprit, jusqu'au moment où Hugh l'avait attrapé, lui interdisant tout échappatoire. Faire comme s'il ne l'avait pas entendu n'était plus possible. Et après tout... pourquoi pas ? Il y avait des centaines de bonnes raisons qui se bousculaient dans sa tête pour ne pas lui parler. Et il en voyait difficilement plus d' une bonne pour le contraire. Avoir vu le blond lui courir après.

Le jeune homme laissa échapper un sourire un peu pâle à la plaisanterie, esquivant un élève plus petit qui lui lança un regard curieux. Apparemment, se tenir immobile devant la porte de sortie n'était pas une très bonne idée selon son point de vue, et Eiji était assez d'accord avec cette idée. Même si personne ne s'écoutait dans cette cohue, il haïssant au plus profond de lui-même l'idée que quelqu'un pourrait l'entendre parler. C'était bizarre. Jusqu'à présent, il avait toujours été facilement sociable, ne s'inquiétant que peu de discuter au milieu des autres, assez confiant sur le fait de ne pas avoir de répercussions. Maintenant, il se sentait aussi étranger à tout cela qu'il l'était dans son propre corps. Soudain, il y avait comme une hostilité ambiance. A moins qu'il ne s'agisse juste de ses propres sentiments qu'il attribuait aux autres.

" On peut juste aller à un endroit où on sera plus tranquille ? "

Sortant du self, Eiji se contenta de marcher à côté de Hugh, laissant l'américain choisir le lieu de son choix. Comme d'habitude, les couloirs résonnaient de bruit à cette heure, alors que chacun se préparait à aller en classe, çà et là des groupes de filles discutant avec animation, un premier année refermant bruyamment son casier, un petit groupe en tenue de sport courant à moitié vers les terrains... Avec l'essentiel des cours le matin, le lycée semblait prendre vie à ce moment précis, puis l'effervescence retombait doucement au fur et à mesure que les gens rejoignaient leur classe pour ne recouvrir leur liberté que quelques heures plus tard.
En remontant doucement les escaliers, il avait l'impression d'être à contre-courant.Un poisson qui n'avait pas compris dans quel sens nager pour suivre le courant et qui s'épuisait à aller quelque part où il ne trouvait rien. Quelque part, de manière ironique, c'était bien là la source de problème. A son insu, son corps avait décidé de faire quelque chose à l'envers, sans prendre le temps de prévenir son esprit et de se mettre d'accord avec lui. Il se retrouvait jeté à dans le mauvais sens, avec l'impression que quelqu'un venait de lui faire une mauvaise blague dont il allait bientôt se réveiller. Malheureusement, il avait beau se pincer, il n'arrivait toujours pas à en sortir.

Hugh ne prit pas la direction du couloir de leur chambre, mais un autre escalier, celui qui menait sur le toit. Pourquoi pas. A cette heure-ci, ils seraient théoriquement loin de tous, alors que leurs autres colocataires étaient encore potentiellement dans la chambre. Sans parler de Kantaro qui devait passer remettre Shizuka dans la chambre après sa promenade matinale. Et vu comme les choses entre Hugh et Kanta étaient tendus ces derniers jours... il préféra éviter d'y penser. Comme toujours, il était doué pour ne pas réfléchir à ce qui le contrariait.

Il attendit que Hugh est refermé la porte derrière lui pour se laisser glisser au sol, dos contre le grillage. Il n'avait pas envie de contempler la magnifique vue de l'école qu'offrait le toit du lycée. Les terrains, le parc, la cour, tout ça, il connaissait par coeur.

" Je pensais vraiment l'aimer tu sais..."

Pas besoin de préciser de qui il parlait.


Si la foule prenait la peine d’esquiver Eiji, eut égard à sa stature, Hugh lui n’avait pas cette chance, et se voyait bousculé à intervalles régulières. Mais ce n’est pas pour ça qu’il allait faire route arrière. Finalement, Eiji le convia à aller ailleurs et sortit de la foule, Hugh derrière lui pour se protéger de la cohue, avant qu’il ne puisse marcher à son coté une fois qu’ils se trouvèrent dans un endroit plus dégagé. Visiblement, Eiji attendait de lui qu’il choisisse un endroit. Pas de soucis. Le meilleur endroit à cette heure de la journée, c’étaient les toits.

Le couloir se fit désert, et bientôt ils débouchèrent, seuls, sur le toit ou le vent courrait. Hugh eut un soupir, heureux d’avoir échappé à la foule. Au moins ici, Eiji ne fuirait pas. Quoique. Tout était possible avec lui. Abattu, Eiji n’avait pas attendu longtemps pour aller s’asseoir dos au grillage, le regard fuyant. Ses mots furent succincts, mais éloquents. Il avait de la peine, et ce n’était qu’une confirmation de plus.

« … Ça suffit pas. »

Avançant lentement vers le grillage, à coté d’Eiji, Hugh glissa ses doigts sur le fer, regardant la cour sans la voir. La situation résonnait douloureusement en lui, même si les points communs étaient pourtant bien peu. Était ce humain, de tout ramener à soi, ou était une particularité qui lui était propre ? De surcroît, Eiji venait de vivre une rupture, alors que lui… Avait vécu un silence radio qui, au bout de quelques mois, s’était imposé comme une disparition complète de sa vie.

« La vie serait beaucoup plus facile s’il suffisait d’aimer l’autre sincèrement pour qu’il reste avec soi pour toujours. »

Hugh regarda Eiji avec un sourire un peu tordu, cherchant les mots à lui dire qui auraient put le réconforter. Mais il n’y en avait pas, et il le savait.

« Désolé, je cherche pas à te ruiner le moral pourtant. »

Trop tard, il l’était déjà avant qu’ils ne parlent, c’est ça ? Hugh resta silencieux un instant, avant d’en revenir à Eiji.

« Et si on séchait les cours aujourd’hui ? Ça te dirait pas d’aller avec moi dans les quartiers ? Y’a une nouvelle salle de jeux vidéos qui vient d’ouvrir, j’avais bien envie d’essayer. »

Et comme ça, il serait sur de ne pas croiser Kantaro. Puis bon, c'était pas qu'il avait faim, mais si en fait. Et les bicoques à proposer de quoi se remplir la panse ne manquaient pas la bas.

Le jeune homme ferma ses yeux brulants. Pas parce qu'il avait les larmes au bord des yeux – pleurer rester un truc de filles - , mais tout simplement parce que la lumière trop crue du ciel d'un bleu intense le brulait. Comme pour se moquer un peu plus de son état d'esprit, le début du mois de mai était radieux, le soleil irradiant un ciel sans nuage, rendant l'atmosphère confortable et paisible pour toutes les activités extérieurs. La voix de l'américain, ce japonais bizarrement accentué, résonnait doucement à ses oreilles, conciliante et calme.
Rien qu'il ne sache déjà, rien de vraiment rassurant. Mais la voix en elle-même l'était déjà plus, signalant une présence quand même réconfortante. Tout d'un coup, il eut envie de le détester, ce petit blondinet aux manières américaines trop ouvertes, qui acceptait – affirmait ? - une homosexualité cinglante, celui qui affichait des posters de jolis garçons dénudés dans leur chambre, même s'il s'agissait seulement de l'intérieur de son placard, et qui n'hésitait pas à suivre du regard le derrière des garçons musclés qu'il croisait. Il avait envie de tout nier en bloc. L'attirance qu'il avait eu pour son corps, la rebuffade de Konata, la tristesse qu'il avait lu dans ses yeux, et tout simplement ce qu'elle lui avait dit. Combien de fois déjà avait-il eu ce genre de pensées ? Mais c'était trop tard, le ver était déjà dans le fruit. L'idée était bien présente, réveillant un écho confus qu'il se refusait encore à embrasser complètement.

Eiji crispa un instant ses mains sur ses genoux avant de rouvrir les yeux, fixant la mince silhouette devant lui. Blond, les mèches ébouriffées, des bras un peu maigres sortant d'un t-shirt comme toujours bien trop grand. Même le contre-jour dans lequel il se trouvait ne suffisait pas à donner un peu de couleur à sa peau pâle. Tout juste s'il arborait encore deux taches rouges sur les pommettes suite à l'effort qu'avait représenté pour lui de monter les escaliers jusqu'au toit.
Non, c'était faux. Hugh ne l'attirait pas le moins du monde. Hugh était un ami, un complice de chambrée, avec qui il avait partagé conneries et fou-rire. Rien dans sa silhouette n'évoquait quelque chose de désirable ou d'excitant. Pourquoi, à cet instant, dans la forêt, le contact de son corps contre le sien avait-il déclenché cette étincelle qu'il ne retrouvait plus maintenant ? Et qu'il n'avait pas su trouver contre Konata ? Qu'est-ce qu'il n'arrivait pas à comprendre ?
Le kendoka détourna le regard, conscient qu'il fixait Hugh avec une intensité effarante.

" Est-ce que tu crois que je suis gay ? "

Ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire. Il avait voulu répondre à sa proposition, accepté de passer la journée avec lui hors du lycée, dans une borne d'arcade ou n'importe où ailleurs. Même si les jeux vidéos n'étaient pas sa passion, l'alternative était toujours plus intéressante que de rester cloitrer dans une salle de cours en essayant de faire semblant de suivre correctement une leçon qui ne l'intéressait plus.
C'était ce qu'il avait voulu répondre, mais sa langue en avait décidé autrement, à mille lieux de ce que son esprit conscient avait choisi. Un silence choqué résonna entre eux après sa déclaration, mais même le temps ne pouvait avaler les mots ainsi lachés.

C'était tellement ridicule... Il posait là la question qui lui avait fait frapper Hugh quelques mois auparavant, et se disputer avec lui un nombre incalculable de fois. Il s'engageait lui-même sur le chemin de sa déchéance comme un animal qui a pris le mors aux dents et court à l'aveuglette droit devant lui, sans se rendre compte que le chemin le mène droit dans un précipice.
Il se força à ouvrir sa main crispée, venant la poser sur ses yeux comme unique barrière entre lui et le monde réel. Et surtout face au regard de Hugh qu'il ne voulait pas croiser en cet instant.

" Je suis pitoyable... "

Le jeune homme se leva d'un coup, toisant largement au dessus de l'autre cinquième année.

" T'as raison, on ferait mieux de sécher..."

Silencieux, Hugh garda le regard fixé vers les bois, évitant de regarder Eiji. Du coin de l’œil, il le devinait tendu. Il se laissa aller à ses pensée, le regard un peu flou, laissant Eiji aller à son rythme. Etait il plongé dans le dilemme de manquer ou non les cours, ou ses pensées étaient elles ailleurs ? Inconscient de la manière dont le brun le regardait, Hugh ne tourna la tête qu’à la question subitement posée, sentant son cœur s’affoler alors. Parce que c’était inattendu, surprenant. Parce que c’était le sujet tabou qui lui avait valut à plusieurs reprises de rencontrer les poings d’Eiji.

Après avoir fermé les yeux sur tout ce qui approchait cela de prêt ou de loin, après avoir presque renié ce que lui était, voilà qu’il se mettait à réfléchir si lui, il en était ? Hugh déglutit avec difficulté. Pour lui, les choses avaient été assez vite claires. Et pas parce que les gays avaient un radar qui permettaient de déceler leurs confrères au berceau, pas plus que parce qu’il aurait put contaminer ses compagnons de chambrée ou avoir une influence néfaste – quoique vu le taux d’homosexualité latente dans leur chambre, on était en droit de se poser la question – mais parce que cela crevait les yeux, tout simplement. Et qu’Eiji se refusait à voir la poutre dans son œil. Jusqu’à maintenant.

Eiji avait caché ses yeux d’un main, faible barrière contre le monde et ses questions. Une main pendant mollement le long du corps, l’autre encore accrochée au grillage, Hugh le regarda en silence, n’arrivant pas, pour une rare fois, à trouver les mots. Il n’avait pas envie d’enfoncer Eiji. Mais il ne savait pas non plus quoi lui dire pour lui remonter le moral.

« … Ne dit pas ça… »

La tête baissée pour ne pas avoir à croiser son regard, la main toujours agrippée sur le grillage, Hugh ne pouvait néanmoins se taire.

« Tu n’a rien de pitoyable. Tu es un type bien, honnête et droit. Tu est bon au kendo, tu cours vite, toutes les filles te regardent… »

L’envie et la jalousie perçaient malgré lui dans ces propos qui voulaient, de base, se montrer réconfortant. Comment lui dire ? Comment lui expliquer, de nouveau, avec de nouveaux mots, ce qu’il lui avait déjà dit par le passé ? Peut-être que les même le toucheraient plus, maintenant qu’il était plus ouvert et se posait des questions ? Impossible à savoir. Les gens étaient toujours si imprévisibles…

Hugh releva la tête, cherchant à donner du poids à ses paroles. Défendant tout autant sa fierté que celle d’Eiji.

« Alors, n’ait pas honte de ce que tu es. Il n’y a pas de honte à avoir ! »

Les dents serrées, il avait lâché le grillage, se contentant de rester campé face à son compagnon.


A quel genre de réponse s'était-il attendu ? A dire vrai, la question était tellement spontanée qu'il n'avait pas envisagé ce que Hugh aurait pu lui répondre, si bien qu'il resta un long moment à l'écouter, silencieux. Les mots de Hugh... au delà de ce qu'ils voulaient dire en eux-mêmes, n'étaient qu'une réponse affirmative à une question qui aurait préféré rester dans le silence. Le blond n'avait pas eu besoin de réfléchir ou de temporiser pour répondre, lui parlant d'abord sur un ton qui se voulait rassurant pour petit à petit se faire plus autoritaire.
Habituellement, Eiji aurait prit la mouche pour moins que ça, partant en claquant la porte à défaut de mettre son poing dans la figure de Hugh. Mais il était loin d'être dans son état d'esprit habituel, sinon les mots n'auraient même pas franchis ses lèvres.

La honte...était-ce ça le soucis ? Il avait toujours cru qu'il suivrait un chemin de vie simple et logique, où il finirait marié avec des enfants, dans les bras d'une jolie épouse. Sans aller aussi loin, avoir une petite amie... il n'avait jamais envisagé autre chose. C'était tellement.... hors de propos ? Incompatible avec ce qu'il connaissait ? Pas correct ? Il n'arrivait pas à trouver les mots pour exprimer ce qu'il ressentait. Il avait toujours pensé à un choix conscient de la part de ces gens, mais dans ce cas, pourquoi n'arrivait-il pas à aller au delà ? L'envie de frapper de toutes ces forces dans le mur vint et passa aussi vite qu'elle était venue. Il avait déjà frappé de toutes ses forces sur des tas de gens, sur un arbre... à quoi bon ? Rien n'avait changé. Pire même : il était douloureusement conscient, a posteriori, de la raison de la plupart de ses gestes.

Gêné, le jeune homme détourna le regard, supportant difficilement celui de Hugh. Frapper était plus simple oui, mais hors de propos à cet instant. Et surtout inutile. Sa réponse première à ses problèmes se révélait inapplicable... de quoi en devenir dingue. Il était comme las, comme si quelque chose qu'il avait toujours eu s'était cassé à l'intérieur, et avait besoin de temps pour se remettre.

"Je... Pas tout de suite Hugh. "

Encore un peu de temps. Ces mots fuyants étaient le plus qu'il avait pu dire pour accepter la réponse du blond. Mais cette fois, au moins, il n'avait rien nié en bloc.
Le silence s'alourdit jusqu'à ce qu'il redresse la tête et ne marche jusqu'à la porte du toit, s'immobilisant seulement quand sa main entoura la poignée.

" Elle est loin ta borne d'arcade ? "

A défaut de frapper quelqu'un, tuer des zombies comme il avait déjà vu Hugh le faire lui semblait une excellente alternative, et un moyen significatif pour se vider l'esprit. Pour le reste, il aurait toujours le temps d'aviser. Ce n'était pas comme si les choses risquaient de partir...