Vétue de son hakama ainsi que de son armure, son bokken à la main, Konata marqua un temps d'arrêt à l'entrée du dojo. Il était bien différent de celui de son père, celui ou elle avait été élevée. La, sur le coup, elle perdait au change, c'est clair ! Pas qu'elle eut escompté trouver dans cette école un vieux dojo encore imprégné des temps passés, mais tout de même : La déception était un peu la.

C'était surtout le parallèle entre ce qu'elle avait quitté et ce qu'elle gagnait qui, sur l'instant, la chagrinait un peu. Elle avait quitté pères, frères et vieux dojo familial pour une école ou elle ne connaissait personne ni aucun lieu. Bah, il était temps qu'elle prenne son envol, non ? Ils étaient tous tellement protecteurs avec elle, si ça continuait ainsi elle allait rester une petite fille toute sa vie ! Elle fit un pas en avant, effectuant un salut calme en total opposition avec les pensées qu'elle faisait évoluer en elle. Les affaires personnelles étaient une chose, le kendo et son dojo en étaient une autre ! Même si profondément liés dans on esprit pour elle...

La jeune fille s'avança, découvrant les lieux. Sa silhouette, rendue plus rude par le port de l'armure et du casque qui laissaient juste dépasser quelques boucles brunes derrière sa nuque, demeurait petit et fluette, révélant la jeune fille derrière le costume. Les lieux étaient vide. Le kendo n'avait jamais été très à la mode, c'était vrai. Mais les pratiquants qu'elle avait croisé au dojo de son père, pour des manifestations ou des échanges, n'avaient pas tous été des vieux. Il y avait plein de jeunes qui pratiquaient le kendo ! Alors, pourquoi pas ici ? Konata se mis en place, prête à effectuer quelques mouvements pour s'échauffer.

Tout de même, elle était bien crétine. Elle quittait la maison pour changer d'habitudes, et quel était son 1er geste en venant ici ? Faire du kendo ! Voila qui n'était pas forcement des plus féminins. En même temps, si elle s'en était véritablement soucié jusque lors, elle ne serait pas celle qu'elle était à ce jour. Plus que pour ses valeurs morales, le kendo était réconfortant, familial. Habituel et totalement ancré dans sa vie. Il n'y avait pas de mal à se rassurer un peu dans ce nouveau lieu en allant faire ce que l'on connaissait et qui réconfortait, pas vrai ? Changer d'adversaire - si d'aventure quelque entrait en ces lieux - serait pas contre certainement bizarre, mais aussi formateur. Elle n'avait que trop combattu ses frères et son père. Le bokken fermement maintenu dans ses petites mains fines qui paraissaient plus imposantes grâce à ses gants, elle fit siffler l'arme dans les airs, retrouvant ses marques, et une certaine sérénité dans l'exécution de cet exercice.

Son père et 2 de ses frères l'avaient accompagné à l'entré. Mais pas Tetsuo, qui apparemment avait alors mieux à faire. Si elle s'en était sentie vexée, elle avait refusé de le montrer. Elle avait d'ailleurs été plus préoccupée par les regards des jeunes filles de sa nouvelle école posés sur ses frères. Comment ces pouffes osaient elles les regarder ainsi ?! Son étreinte avait été peut-être un peu plus possessive qu'elle ne l'avait voulu alors qu'elle leur avait fait ses adieux. Et puis, vu l'époque de l'année à laquelle elle intégrait cette école... L'éloignement serait de courte durée, non ? Une sorte de test, pour l'année prochaine.

Eiji avait quitté les cours avec un sentiment de soulagement indicible, avant de se ruer dans sa chambre pour y laisser ses quelques affaires, dans le but avoué de se rendre au dojo pour toute la fin de l'après-midi. Le cours de maths lui avait laissé la vague impression d'être en train de se noyer, sans bouée ou terre sauve à l'horizon. Les chiffres se moquaient de lui sur la feuille, lui rappelant qu'il y avait au moins une matière où il était au delà de tout espoir. Le sportif bossait suffisamment pour obtenir la moyenne dans toutes les matières, mais les maths lui restaient profondément obscures. Et ce n'était pas comme s'il avait besoin d'une bonne raison pour courir s'enfermer dans le dojo et s'entrainer jusqu'à ce que ses muscles demandent grâce.

C'est vétu de son hakama qu'il entra dans le dojo d'un pas sûr, avant de s'arrêter net au bord du tatami à la vue de la petite silhouette qui enchainait les coups avec hargne. A cette heure là, le dojo était habituellement désert - il n'y avait guère que le week end que certains venaient s'entrainer en touriste , et il ne se souvenait pas de cette personne. Eiji se serait surement souvenu d'elle si il avait déjà eu l'occasion de la croiser : elle était petite et fine, mais ses mouvements étaient surs, presque furieux, et ses cris résonnaient dans le dojo avec plus de conviction que ceux de la plupart des kendoka du lycée. Le jeune homme resta immobile quelques minutes à observer la jeune fille - ou un tout petit garçon ? - jaugeant de ses qualités sur ce qu'il pouvait voir. Le résultat était plutôt alléchant pour quelqu'un qui manquait d'un partenaire régulier pour s'entrainer.

Sans bruit, Eiji alla de l'autre côté de la pièce récupérer une armure d'entrainement sur le ratelier où elles étaient rangées dans l'attente d'un éventuel entrainement, et enfila lentement les différents accessoires, prenant le temps de les ajuster parfaitement à sa silhouette. Seuls les gants et le casque furent laissés de côté, le jeune homme préférant attendre le dernier moment pour mettre ces encombrants accessoires qui le dissimuleraient au monde. Enfin, surtout à une personne, présentement.
Même si elle devait avoir déjà perçu sa présence, Eiji parla enfin, rompant enfin la douce litanie des kiais de la jeune kendoka.

" Hello. Un adversaire te tente ? "

On ne pouvait pas dire qu'il s'était foulé niveau sociabilité mais... il préférait s'entrainer avant et discuter ensuite, si possible. Il n'était pas venu ici pour tenir un salon social, et il espérait qu'il en soit de même pour elle.
Attendant la réponse, le jeune homme se lança dans la vérification minutieuse de son shinai, de la garde à l'estoc, vérifiant que toutes les lames de bambou étaient parfaitement à leur place.

C'était bien dans un dojo qu' Eiji montrait l'étendu de sa méticulosité. Il n'était pas particulièrement maniaque - voir même pas du tout - même s'il faisait certainement attention à ranger correctement ses affaires et à ne pas laisser trainer trop de désordre - surtout dans une chambre à 5, ça aurait été une raison pour s'entretuer - mais au Kendo... il adorait prendre son temps pour vérifier tous les petits détails de son armure ou de son shinai, nettoyer et ranger correctement le matériel... toutes ces petites choses qui faisaient tout autant partie du sport que l'entrainement en lui-même.

Tranquillement, il reporta son attention sur Konata, attendant sa réponse à sa proposition.

Du coin de l'œil, Konata avait aperçu l'entrée du jeune homme dans le dojo. Intéressée, elle s'était tout de même astreinte à finir son enchainement. Elle n'allait pas l'interrompre en son milieu pour saluer le nouvel entrant ! Il mettait son armure, tandis que la jeune fille continuait ses enchainements avec concentration. Konata avait une vision du dojo assez facile et désinhibée, ou l'on se proposait à l'adversaire sans trop d'hésitation. Inutile de tourner autour du pot. A l'idée qu'elle allait peut-être affronter un adversaire inconnu, elle sentait monter en elle une légère excitation. L'hésitation ? Elle ne connaissait pas ! Elle était sure d'elle et de ses capacités. Elle était tout de même née dans un dojo.

Elle se retourna vers le jeune homme lorsqu'il l'interpella, le regardant de bas en haut. C'était un grand jeune homme, bien fait de sa personne. Bon, sous le casque, ce détail perdait de son importance, mais pour le moment, le casque sous le bras, la vue n'était pas désagréable. Elle sourit son la grille de son casque. Dans l'attente de sa réponse, le jeune homme s'était mis à la vérification de son matériel, dont elle le tira bien vite en le hélant sans politesse.

"Hey, Passe moi un shinai !"

Konata lança son Boken à Eiji dans faire de manière. Il ne lui venait pas à l'esprit que le jeune homme puisse ne pas rattraper l'arme d'entrainement. Que ferait un bras cassé pareil dans un dojo sinon ? Sa présence ici devait au moins être signe d'habitude, voir de compétence, et puis, au vu de la manière dont il avait facilement attaché son équipement et de celle dont il vérifiait son arme, il n'en était pas à ses premiers pas ici. Encore heureux, faire son premier combat à Kobe contre un branquignole, très peu pour elle.

Konata n'étais pas si orgueilleuse que ses pensées auraient put le faire croire. Ou plutôt, tout était une question de point de vue à ce sujet. On aurait aussi très bien put dire qu'elle était simplement habitué à un certain standing en matière de kendo. Les mains sur les hanches, machant avec application le chewing gum à la fraise qu'elle trainait depuis le début de ses enchainements, elle attendait la réaction d'Eiji.

Eiji attrapa le bokken au vol, entre stupeur, amusement et agacement. Stupeur face à ses manières vive et définitivement peu féminines, amusement sur l'entrain de sa future adversaire, et léger agacement de voir le matériel traité avec autant de légèreté et le calme du dojo ainsi mis à mal. D'un autre côté, seuls tous les deux, sans maître et sans contexte sérieux, il n'y avait pas de raison de se prendre la tête sur ce manque de rigueur, tant qu'il ne se reflétait pas dans le kendo en lui-même. Le jeune homme attrapa un des shinai posés sur le râtelier et se tourna vers la jeune fille, sourire aux lèvres, ce sourire carnassier et dans l'expectative que seuls ceux qui venaient au dojo avec lui avaient le plaisir - ou pas - de voir.

" Hai ! à ton service Hime-sama ! "

Le jeune homme lança l'arme à Konata, avec un peu plus de douceur qu'elle n'en avait eu pour lui. Moins par respect de l'arme que parce qu'il se souvenait encore de ce qui s'était passé la dernière fois qu'il avait lancé quelque chose en direction de quelqu'un. Il préférait faire attention maintenant...
Sans se presser, le kendoka finit de mettre son armure, laissant son adversaire fendre l'air en l'attendant. Oublieux du bruit derrière lui, ces derniers préparatifs étaient le bon moment pour se mettre dans l'état d'esprit adéquat pour le kendo. Il ne s'agissait pas seulement de se battre et d'atteindre l'autre avec une arme en bambou, mais bel et bien de le faire avec un certain état d'esprit pour que le combat soit beau, et juste. Le casque abaissa un voile sur la réalité, parachevant cette impression d'être ailleurs.

Les deux adversaires se mirent en place, s'approchant l'un de l'autre avec une grâce certaine malgré leur encombrant équipement, évoluant avec une grâce née d'un long entrainement. Le salut enchaina sur un cours instant d'immobilité, avant que le plus petit des deux combattants ne se précipitent sur l'autre avec une violence qui dénotait des gestes de son ainé, plus mesurés.
Eiji s'amusait. C'était même plus que cela... un plaisir allié au soulagement, alors qu'il récupérait quelque chose dont il n'avait pas eu l'impression qu'il lui eut tant manqué. Comme un assoiffé à qui on offre une fontaine d'eau fraiche en libre-service. Il pouvait enfin se battre à son juste niveau, sans se retenir ou sans chercher à faire du pédagogique avec moins bon que lui.
Rapidement, il put apprécier les défauts et les qualités de son adversaire : la jeune fille avait une excellente offense, puissante et rapide, qui résonnait dans les bras d' Eiji à chaque fois qu'il interceptait un coup. Sa défense pêchait beaucoup plus par contre, et il n'était guère difficile pour lui de la pousser dans ses retranchements. Un mix assez déséquilibré au final, qui ne devait pas trop se voir avec des adversaires à son niveau, mais qui se ressentait déjà plus face au jeune homme.
Quelle avait été son entrainement pour laisser passer de telles failles ? Il serait intéressant de discuter avec elle après le combat. Mais pour le moment, seul les armes avaient la parole.

Abandonné dans la passion du combat, Eiji se lança à fond dans le combat sans chercher à ménager son adversaire, faisant reculer pas à pas son adversaire plus petit, se laissant parfois surprendre par un coup un peu plus vicieux qu'un autre de l'autre combattant, goutant de la joie d'entendre raisonner le dojo des cris et des coups de shinais, ambiance dont il avait trop longtemps été privé...

Le brun attrapa l'arme d'une main, affichant un air qui oscillait entre l'agacement de ce comportement et l'amusement. Et quoi, il était choqué peut-être ? S'il était déjà coincé comme un vieux à son âge, c'était vraiment pas joli ! Mais non, il finit par sourire et lui lancer un shinai en retour, avec douceur cependant. Bien qu'ayant été le plus souvent ménagée par ses frères, Konata avait aussi sut se montrer suffisamment hargneuses pour qu'eux agissent en retour et ne retiennent par leurs coups.

Elle attrapa sans difficulté l'arme, et eut un geste appréciateur à l'égard d'Eiji tandis qu'il la qualifiait d'un petit sobriquet qu'il ne pouvait pas imaginer si prêt de la vérité. Parmi tous les surnoms dont l'avait affublé son père - qui allaient du terrible "Mon sucre" au gentil "Princesse", celui ci faisait partit de la liste des surnoms communément utilisés. Ses frères eux, préféraient "le troll". Princesse des trolls, ça lui allait. Elle vérifia en vitesse les lattes de bambous, qui semblaient parfaitement ajustées et en bon état pour l'utilisation, avant de faire quelques coups dans les airs, se faisant à l'arme.

Elle s'arrêta, se tournant vers Eiji qui finissait de mettre son casque. Il était bien sérieux, ce garçon. Tant mieux. Un minimum de sérieux était exigé lors du kendo. L'art qui commence et se termine par un salut. Konata avait été élevé avec ce dicton encadré dans le salon, et l'avait toujours approuvé. Pour elle, respect ne rimait pas forcement avec austérité. Si elle avait vécu dans une ambiance particulièrement portée sur le kendo, sa maison étant liée au dojo, elle n'en avait pas pour autant été amenée à considérer les choses comme coincées ou austère. Ou lorsque les règles du kendo deviennent quotidien.

Après le salut, la jeune fille se positionna face à Eiji, prenant appui sur ses pieds. Elle inspira lentement, avant d'attaquer avec enthousiasme. Elle ne connaissait que l'attaque de front. Ne disait-on pas que la meilleure défense, c'était l'attaque ? Sans surprise, son adversaire avait du répondant. Le sourire aux lèvres, Konata rendait coup sur coup, ayant l'impression de se battre avec l'un de ses frères. Il était aussi grand que Soji, il avait une attaque qui ressemblait à celle de Mikani. Par contre, à la différence d'un combat contre l'un de ses frères, elle se voyait forcée à reculer, cédant du terrain et se voyant mise en porte à faux. Loin d'en être découragée, elle n'en répondait qu'avec plus de hargne, heureuse elle aussi d'avoir trouvé un adversaire auquel se confronter.

Bloquée dans ses mouvements par les attaques d'Eiji, Konata profitait de sa petite taille par rapport à son adversaire pour esquisser ses attaque et l'attaquer par en dessous du bras, jusqu'à ce qu'un coup porté à sa taille ne la fasse hoqueter, avalant tout rond le chewing gum qu'elle avait gardé coincé entre ses dents.

"Kof, kof !"

Indiquant à son adversaire un cessé le feu immédiat, elle toussa, la main portée à sa poitrine, pour se dégager. Lâchant son shinai, elle ôta son casque avec vivacité, pour se débarrasser de cette grille soudainement trop étouffante. Le casque ainsi ôté révéla une petite jeune fille aux yeux verts, dont les cheveux n'étaient qu'à moitié attachés sur le haut du crâne, en bataille suite au port prolongé du casque. Elle toussa une dernière fois, le point devant la bouche.

"... J'ai avalé mon chewing-gum..."

La larme à l'œil, au bord du fou rire, elle adressa un air malicieux à Eiji, s'excusant d'interrompre ainsi le combat. Encore heureux, encore quelques coups, et elle perdait !

Le combat cessa d'un coup, quand son adversaire recula de manière précipitée, son shinai abandonné au sol alors qu'elle enlevait son casque le plus vite possible en toussant comme un tuberculeux. Eiji eut un instant d'angoisse, se demandant s'il avait porté un coup trop fort, à un défaut d'armure, bref toutes les possibilités qu'il se retrouve à encore envoyer quelqu'un à l'infirmerie. Déposant son shinai au sol, il s'avança vers Konata au moment où celle-ci jetait son casque au sol, dévoilant une joli minois encadré de mèches brunes en train de s'étouffer sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit. Quelle était la conduite à tenir déjà ? Taper dans le dos ? Heimlich ? Avant qu'il n'ai pu songer à casser quelques côtes en plus à la jeune fille, celle-ci réussit à reprendre son souffle et lui expliqua la raison de son brusque étouffement, l'oeil brillant. Eiji déposa à son tour son casque au sol, pour parler librement, entre incrédulité et... quoi donc alors ?
Le jeune homme finit par choisir la deuxième fois en éclatant de rire devant l'air plus ou moins penaud affiché devant lui. D'après ce qu'il venait de voir depuis qu'il était entré dans le dojo, il avait l'impression qu'il ne devrait pas se formaliser des manières de la brune.

" Le sage a dit : pas de chewing gum à l'entrainement si tu veux vaincre ! "

Le jeune homme ramassa les deux shinais abandonnés au sol avant de jeter un regard amusé à sa cadette qui finissait de se remettre de ses émotions. Mignonne, plus jeune que lui, elle n'avait pas cette apparence de midinette fine et fragile de la plupart des filles de sa classe - enfin ça, c'était probablement parce qu'elle venait de lui balancer quelques coups qui laisseraient surement des bleus - et son regard moqueur ne devait pas toujours être tendre.
Maintenant qu'il n'était plus en mouvement, Eiji ressentait le contre-coup d'un combat durement mené, sans aucun temps mort : ses cheveux étaient humides de sueur et ses muscles tiraient, demandant quelques minutes de repos avant qu'ils ne puissent recommencer un effort aussi intense. C'était de sa faute aussi - il s'était jeté à corps perdu dans le duel sans autre échauffement que la petite dizaine de minutes de course qui avait précédée son arrivée au dojo, autant dire rien du tout.

" On laisse le combat en suspens jusqu'à une prochaine fois ? "

Il supposait qu'il aurait fini par vaincre, si on lui avait laissé le temps, mais il restait très curieux de finir un combat avec elle dans des conditions adéquates. Non, en fait, il voulait absolument se battre à nouveau avec elle, reprendre un entrainement sérieux et régulier, et vivre son kendo comme il l'avait fait jusque là. Sans être dérangé par un chewing-gum coupable. Et si cette petite minette était capable de mener un combat correct avec lui, il saurait s'entendre avec elle.
Eiji fit soudain un demi-tour vers Konata, et s'inclina dans ce salut traditionnel du kendoka.

" Kimihiro Eiji. Content d'avoir pu me battre avec toi. Je suppose que tu viens d'arriver ? Je ne t'avais encore jamais vue dans le dojo."

Comme s'il était impensable qu'il ai pu la manquer, si jamais elle était arrivée. Impensable aussi qu'elle ne soit pas passée plus tôt au dojo en fait. La logique d'Eiji était simple, et de son point de vue, infaillible. Il lui était difficile de prendre en compte le fait que certains étaient moins passionnés que lui envers le sport, moins prompts à passer chaque minute de leur temps dans un entrainement ou un autre. Qu'ils avaient une vie normale en somme, ou tout du moins plus classique.
Les deux shinais retrouvèrent leur place sur le râtelier sous les soins attentifs du jeune homme.



Le jeune homme face à elle renonça au combat - encore heureux, on attaquait pas un adversaire au sol quand même ! - et ota lui aussi son casque pour laisser partir un éclat de rire auquel la brunette répondit avec bonne humeur, sans imaginer qu'il puisse se moquer d'elle. Elle leva les yeux au ciel avec bonhomie à la réflexion du brun. Wé wé, mais en même temps, les sucreries, comment s'en passer ? Elle était sure de ne jamais tomber addict de la cigarette ou de l'alcool plus tard, au vu de son penchant toujours insatisfait pour les sucreries. Tiens, ça lui rappelait qu'elle avait une carie qui attendait toujours sa visite chez le dentiste. Roh, ça pouvait bien attendre encore un peu hein ? Elle approuva derechef à la proposition de stand by de son ainé.

"Wé, j'en peux plus la ! "

Ôtant ses gants, elle leva les mains à ses cheveux rattacha vaguement. Pwah, vivement la douche ! Le kendo avait cet inconvénient de rendre la transpiration encore plus présente. Heureusement que dans le feu de l'action, on ne s'en rendait pas compte. Elle jeta un regard vaguement appréciateur au geste d'Eiji qui rangeait les shinai avec soin. Celui-ci se retourna, la saluant avec politesse. Elle lui rendit son salut, alors qu'il se présentait succinctement, et lui parlait amicalement.

Waw, c'était quand même fort ça non, à peine arrivée, elle rencontrait un beau gosse as du kendo ! Ça aurait put être le début d'un shojo manga. Elle pris mentalement note de faire part de cet évènement à ses copines laissées derrière elle. Voir même à ses frères. Quoique non, ils seraient capables de venir ici pour jauger le muffle qui avait osé ne serait-ce que lui adresser la parole. Ces grands frères sur protecteurs étaient rassurants, mais un peu lourdingue des fois. Elle était grande quand même maintenant !

" Konata Akiyama, enchantée Eiji ! J'ai écris noob sur le frond ou quoi ?"

Elle avait prononcé son nom avec une certaine fierté. Le kendoka face à lui ne devait pas être sans savoir qu'il appartenait à une vieille maison de kendo. Bien que sur le déclin, eut égard à l'âge de son père et le manque de successeur potentiel... Elle écarta assez vite cette pensée. Elle était bien venue ici pour ne plus avoir à réfléchir à ça, non ? Elle fit tourner son épaule, le contact de son keiko-gi humide de transpiration n'étant pas des plus agréable. Vivement la douche !

" Je suis arrivée ce matin, et je suis venue me défouler un peu ici, prendre mes marques tout ça... Il a pas l'air très fréquenté ce dojo. "

Fit elle remarquer, avec un regard éloquent vers Eiji qui était déjà étiqueté "futur adversaire quotidien". Heureusement que le garçon avait la même idée en tête. Ses joues étaient un peu rouges, effet de l'échauffement autant que de ce contact pour une fois un peu intime avec un garçon qui n'était pas un de ses frères.

Eiji aida Konata à ranger les deux masques abandonnés au milieu des tatamis quand la jeune fille avait manqué de s'étouffer, avant d'enlever à son tour son armure, respirant un peu mieux quand les quelques kilos des plaques se retrouvèrent ailleurs que sur ses épaules. Ce n'était que quand il les enlevait qu'il se rendait compte que oui, l'armure était encombrante et lourde - il comprenait un peu mieux ceux qui suggéraient que le kendo était un sport de bourrin. Le comprenait, ce qui ne l'empêchait pas de leur casser la figure si c'était dit à portée de ses oreilles.
Il dédia un sourire à la brunette, dont l'enthousiasme était plutôt contagieux - difficile de rester taciturne devant tant d'énergie !

" Noob je sais pas, mais je t'avais jamais vue ici, et je pense que je connais tous ceux du lycée qui font du kendo."

Akiyama, ce nom lui disait quelque chose... le jeune homme fronça les sourcils en finissant de remettre le matériel en place, tout en fouillant dans son esprit où il avait pu en entendre parler. Mais bien sur ! C'était le nom d'un dojo de la région d'Osaka. Il avait eu l'occasion de rencontrer certains des élèves lors de rencontres régionales, et Akimiya Koyo, le maître à la tête du dojo avait été un d'eux ceux présents quand il avait passé sa première dan. Pas étonnant que la petite jeune fille sache en découdre vu son hérédité !
Le jeune homme préféra tout de même s'enquérir d'un lien éventuel avant de partir en vrac avec une discussion de passionnés de kendo qui risquait de ne pas intéresser grand monde. Avoir quelqu'un pour parler de Kendo lui manquait presque autant que l'entrainement en lui-même au final. Les quelques élèves qui venaient au dojo avaient autre chose à faire que de passer des heures avec un sempai un peu trop passionné pour leur goût.

" Akiyama, comme le dojo ? "

Eiji alla s'assoir au bord du tatami, goutant enfin de quelques secondes d'un répit plus propice pour discuter. Au commentaire de Konata, son regard se posa sur le dojo aux tatamis un peu abimés et pas parfaitement alignés, à la peinture un peu défraichie... suffisamment en état pour être utilisable par les irréductibles fan d'arts martiaux, mais rien à voir avec les terrains flambants neufs de foot ou de baskets, sans parler des cours de tennis magnifiques. Au moins le matériel était-il en bon état et tout à fait adéquat pour ceux qui venaient s'entrainer. Mais pour quelqu'un habitué à un vieux dojo antique entretenu avec amour, le choc devait être rude. Il se souvenait avoir eu du mal à digérer ce point de détail quand il était arrivé au lycée.
Le jeune homme soupira avant de répondre sur un ton désabusé.

" Pas fréquenté, c'est le moins que l'on puisse dire... Ici, les arts martiaux sont oubliés au profit de sports plus modernes ou européens comme tu veux... du coup il y a 3 ou 4 pèlerins qui viennent s'entrainer en touriste. Pas exactement l'idéal... Jusqu'à maintenant."

Son regard se posa à nouveau sur Konata, inquisiteur. Difficile de deviner exactement les formes de son corps sous l'encombrant hakama, mais sa silhouette semblait menue - et probablement bien musclée vu la façon dont elle frappait - une jolie frimousse au sourire charmeur, de longues mèches noires en pagaille, des yeux expressifs. Elle était jolie. Et sa tenue de kendo, ainsi que sa manière de se battre la rendait encore plus attirante du point de vue de Eiji. Ok, lui aussi était d'accord pour la voir assez régulièrement.



Tandis que le jeune homme se défaisait de l'encombrante armure, et le jaugeait de haut en bas, appréciant la statue qu'elle pouvait deviner malgré l'épaisseur du kimono. Beaucoup trouvaient équipement et costume encombrant, mais pour quelqu'un qui en avait eut l'habitude depuis le plus jeune âge... Il ne lui venait pas à l'idée de ne serait-ce que remettre en question cet état de fait. Laver son Hakama dans un grand bac dégorgeant d'eau bleuit par la teinture du vêtement et se mettre à 2 pour le soulever et l'essorer lui était également normal. Sur ce point la, Eiji tombait bien, en voila un à qui elle pourrait demander ce genre de service ! Elle leva le nez avec un petit air amusé à sa réponse.

"Genre, t'es si expert que ça sur le sujet ? C'est ton royaume ici ?"

Cela dit, elle voulait bien le croire. Dans ce genre de sport peu coté, il était facile d'avoir prédominance, si c'est face à 4 amateurs qui venaient de temps à autre essayer d'attacher leur Hakama par le mauvais coté. Imitant Eiji, elle enlevait morceau par morceau son équipement, l'accrochant au mur, avant de fouiller dans son sac à dos posé sur le bord du tatamis pour en sortir un nouveau chewing gum qu'elle se mit à mâchonner avec enthousiasme. Entre les parfums qu'elle appréciait et ses sempiternelles sucreries, il était rare que Konata ne sente pas la fraise ou la banane, ou tout simplement le sucre. Mais cela collait totalement avec son allure de petite jeune fille, même s'il était présentement difficile d'en constater sous l'épais tissus de son keiko-gi. A la question d'Eiji, elle eut un éclair de satisfaction dans les yeux et se tourna d'un coup vers lui, posant ses mains sur les hanches.

"Oui ! Akimiya Koyo est mon père !"

Déclara t'elle avec fierté. Eiji c'était assis au bord du tatami, et elle l'imita, s'asseyant quand à elle en face de lui, directement sur les nattes de bambou. Sa veste lui tenant trop chaud, elle s'en extirpa les bras, révélant des petites épaules menues et une petite poitrine qui perçait tout juste sous la brassière de sport qu'elle avait enfilé en dessous de sa tenue. Sa veste ainsi rabattue lui faisait une étrange jupe supplémentaire. Elle croisa les jambes, les faisant bouger comme des ailes de papillons épileptique.

"Ah, ça pue !"

Elle regarda autour d'elle avec intérêt, avant d'en revenir à Eiji.

"Mais mon père m'a toujours dit que l'esprit d'un lieu était du à ses combattants plus qu'au lieu en lui même, alors, on va avoir intérêt à faire de notre mieux s'il n'y à que nous !"

Elle sourit de toutes ses dents à l'attention du jeune homme face à lui. Y'avait pas à dire, elle préférait les mecs ! Elle avait déjà croisé quelques filles de sa classe, mais... Comment se sentir mieux que dans un dojo de kendo, avec un garçon ? Elle n'était définitivement pas habituée à la compagnie rapprochée des filles...

"Et sinon, l'école, elle est comment ? J'ai jamais été en internat."

Le contact était facile, la jeune fille, habituée à plaire et être ménagée, n'imaginant pas qu'il y ait put avoir autre chose derrière le comportement d'Eiji. Le comportement de quelqu'un qui n'avait jamais été sujet à brimades ou à ennuis, qui avait toujours été protégé et apprécié.

A la réponse quelque peu moqueuse, Eiji attrapa un des gants d'entrainement et le lança sur Konata, avec plus ou moins de force. Vu le poids d'un seul gant - rien à voir avec une moufle d'hiver - c'était plutôt moins que plus d'ailleurs. En fait, c'était surtout le matériel qu'il ne voulait pas abimer. Sa réponse fut assez joviale.

" Vu que je suis quasiment le seul à m'entrainer sérieusement ici, alors c'est pas difficile. Au royaume des aveugles...."

Il n'était certainement pas borgne, du moins pas au kendo. Mais faute d'adversaire correct, c'était assez dur de se placer, et un peu facile de se classer au dessus d'une pyramide de vide. La jeune fille se débarrassa du haut de son hakama devant un Eiji médusé, pour laisser apparaître - heureusement ou non - un minuscule haut qui lui couvrait tout juste la poitrine, mettant en valeur plus qu'il ne dissimulait deux seins menus. L'adolescent posa le regard dessus quelque secondes avant de détourner pudiquement les yeux, même si il était le plus gêné des deux, Konata ne semblant même pas envisager qu'une telle vue put perturber l'adolescent devant lui. Eiji accueillit avec bonheur ses commentaires et questions qui relançaient la conversation loin de sa tenue - ou de son absence de tenue.

" Recréer l'esprit d'un dojo ? Ca me va. Tu veux une cérémonie avec du saké pour faire venir quelques kamis protecteurs aussi ? "

C'était un peu ironique, mais pas tant que ça. Le kendo était tellement ancien, et associé à de vieux rites, que l'idée d'entretenir un temple pour un kami dans un dojo n'était même pas choquante. C'était les manières modernes qui semblaient plus dépassées et étranges dans un lieu qui se soumettait encore à des règles vieilles de plusieurs siècles.

Le jeune homme appuya ses mains sur le tatami, derrière son dos, et leva la tête, observant un plafond défraichi qui aurait bien mérité un bon coup de peinture. Çà et là une vieille poutre parlait d'un bâtiment qui avait du être beau dans son antique jeunesse. Rien à voir avec le dojo centenaire où il s'entrainait avant, avec son parquet poli et ses boiseries entretenues avec amour, où ils s'étaient plusieurs fois réunis pour faire une cérémonie du thé après un cour, ou avant une compétition. Un drame pour les plus jeunes, mais qui avait fini par plaire au plus âgé, comme un continuité de l'esprit du kendoka. Son maître avait été doué de réussi à leur inculquer ça.

" Le lycée... en lui-même il est assez international, avec pas mal de profs et d'élèves étrangers. Du coup certains cours sont un peu disparates, mais ça va. L'internat, lui, il est plutôt tranquille. Les surveillants sont assez plan plans. Ils font juste un tour entre 22h et minuit, du coup c'est pas bien dur de sortir se balader. A mon avis, leur credo c'est que tant qu'ils ne voient rien, rien ne se passe... et pas la peine de chercher plus loin. "

Il n'était pas du genre à sortir tous les soirs - il lui était juste arrivé de rentrer tard pour avoir le temps de s'entrainer, ou pour aller en ville jusqu'à la piscine - mais sortait fréquemment tôt le matin. Le tout sans jamais de soucis.
En tous cas, il ne se sentait pas enfermé dans l'école.



Konata croisa les bras devant elle pour intercepter le gant en riant et l'empêcher de s'écraser sur son visage, prenant cette petite attaque pour ce qu'elle était, à savoir un jeu, une taquinerie. Il ne lui vint pas à l'esprit de penser que face à une autre, le geste d'Eiji aurait certainement été mal pris. Pour elle, c'était une chamaillerie tout à fait ordinaire. Son regard était pétillant. C'était si agréable de trouver si vite quelqu'un avec qui s'entendre ! Elle ne se retournait pas la tête, ne se posait pas de question sur l'après, le pourquoi et le comment.

Il semblait simplement qu'elle eut trouvé assez rapidement le type de garçon avec qui s'entendre, et elle n'allait pas s'en plaindre. En même temps, dans un dojo de kendo... Mais il était vrai qu'elle aurait put tomber sur un mufle arrogant qui lui aurait déplu dès le premier regard. Elle aquiesca d'un petit hochement de tête à la réflexion du brun. C'est sur que s'ils n'étaient pas nombreux ici... Facile de s'approprier les lieux. Ce dojo serait son nouveau chez elle ? Elle fit craquer ses articulations qui réclamaient une douche chaude avec insistance. La mention du saké et des kamis attira à ses lèvres un petit sourire amusé.

"On devrait commencer par nettoyer les lieux. Je n'ai jamais vu un dojo si poussiéreux ! "

Vieille valeur souvent oubliée que celle de l'entretien soigneux d'un dojo, tout comme ont l'eut fait d'un temple, ou la propreté était un premier signe de paix intérieure. Konata voulait bien pratiquer dans un vieux dojo abimé, mais qu'il soit au moins briqué avec amour ! Pour tout ce qui était de ces choses la, elle devenait soudainement bien traditionnelle. Mais ce n'était jamais pour longtemps.

La discussion en revint au lycée, suite à sa question, le jeune homme énonçant d'un ton un peu désabusé sa vision des lieux. Un peu tranquille aussi. Le temps avait l'air de s'écouler tranquillement ici. C'était exactement ce qu'elle avait espéré. Un endroit pour se poser un peu. Elle suivit le regard d'Eiji au plafond, qui n'était en vérité fixé sur rien de particulier.

"Ca a l'air tranquille quoi... Y'a des douches dans ce dojo au fait ou pas ? "

Non parce que c'était bien chouette de discuter affalés comme ça sur le tatami, mais elle préferait le faire sans suinter la transpiration.

Eiji regarda autour de lui. Effectivement, le dojo était assez poussiéreux, entretenu de temps à autre comme le reste des équipements sportifs par une équipe de nettoyage du lycée. Mais moins utilisé, il était forcément moins reluisant... il avait pris sur lui de prendre le temps de s'occuper du matériel, autant par plaisir que par intérêt personnel, mais nettoyer tout le dojo de font en comble n'était pas une idée qui le motivait. Du moins, pas seul. Après, en bonne compagnie, dans l'idée général de rendre le lieu plus reluisant pour eux... c'était déjà plus intéressant. Il fallait savoir trouver les mots pour se motiver.
Mais pas tout de suite. De toute façon, le dojo n'allait pas s'envoler.

Le jeune homme tourna légèrement la tête, observant la petite jeune fille du coin de l'oeil. Elle était aussi vautrée que lui sur le sol, détendue en sa compagnie. Depuis combien de temps n'avait-il pas pris le temps de profiter du dojo hors de son entrainement ? Pas ces derniers temps en tous cas, où ceux qui venaient en faire le faisait juste pour l'entrainement. Et s'il restait un peu plus longtemps pour prendre soin du matériel, le lieu devenait vite un peu oppressant sans personne avec qui discuter.

" Faudra faire ça... enfin on a le temps."

L'inactivité détendait ses muscles, une sensation douce et léthargique qui lui donnait l'impression qu'il avait deux possibilités : soit réutiliser à nouveau ses muscles tout neuf pour une séance de sport intensif, soit suivre une impulsion un peu indolente et d'endormir. Autant dire qu'il ne prenait quasi jamais la deuxième possibilité. Il avait déjà tout juste le temps d'aller en cours, de s'entrainer, et de faire ses devoirs, alors si en plus il prenait le temps de faire la sieste... il aurait fallu qu'il sèche la moitié des cours pour ça !

" Hum ? oui, mais elles sont cassées depuis un moment. Enfin tu peux prendre une douche froide si ça ne te gène pas, mais je te conseille plus les douches des pensionnaires à l'étage. Ça sera plus agréable. "

Il avait fait l'expérience une fois, et ne préférait pas la renouer. Eiji n'avait pas d'habitude hédoniste, mais la douche restait sacrée, la douche chaude d'après le sport en particulier. Les quelques dizaines de minute passées à se détendre les muscles faisaient partie d'une espèce de rituel que le jeune homme avait appris à adorer. Et tant pis s'il devait traverser le lycée vêtu d'un hakama pour se faire, et ce n'était pas comme si porter cette tenue le dérangeait vraiment. Il avait surpris des petites lycéennes à rire à son passage, mais les regards étaient souvent loin d'être moqueurs à ce sujet.

" Je crois que je vais aller prendre la mienne en parlant de ça.... Si t'as besoin de quelque chose, ou si tu veux que je te refasse visiter le lycée... je suis chambre 6. "

Selon un oeil extérieur, c'était de la drague pure et simple. Du point de vue de Eiji... ce n'était pas que cela. Il se plaçait honnêtement comme Sempai, près à aider Konata si besoin. Autant joindre l'utile à l'agréable.



Mâchonnant distraitement son chewing gum, Konata en revint à Eiji, le regardant d'un oeil amusé. La perspective du ménage ne semblait pas l'enchanter. Elle se ferait un plaisir de le tirer par les pieds pour l'inciter à le faire tout de même ! Elle ramena ses jambes sous ses cuisses en un simulacre de posture traditionnelle pour s'étirer au sol comme un chat, détendant ses muscles. Elle resta affalée un instant avec une mine dépitée à la mention des douches cassées.

"Non, la douche froide, à par pour bizuter les crétins boutonneux, ça sert à rien."

Elle releva la tête vers Eiji à la mention des douches de l'étage, accompagné de la proposition de venir le voir un de ces 4. Son sourire se fit mutin, presque effrontée, sure d'elle et de plaire suffisamment pour que le jeune homme en face d'elle l'invite déjà à venir le voir. Et pas de frère dans les environs pour brider ce genre de rencontre ! Konata ne savait pas si elle devait s'en montrer heureuse ou dépitée. En tous cas, elle n'avait pas peur.

"Trop serviable chevalier ! Tu m'accompagne aux douches alors ? Parce que j'ai aucuuune idée d'où ça se trouve."

L'idée de traverser l'école en Hakkama la gêna un instant, avant qu'elle ne se dise qu'à 2, ça serait soudainement bien moins gênant. Sans attendre de réponse, elle s'était déjà remise débout, renfilant les manches de sa veste pour obtenir une tenue un peu plus présentable, se mettant à sautiller d'un pied sur l'autre comme pour motiver son ainé à se lever lui aussi et à ouvrir la marche. Une bonne douche, et après... Elle verrait. La phase d'exploration de l'école demeurait quelque chose de bien amusant ! Il faudrait qu'elle se renseigne sur la salle de musique aussi tiens...

Elle ne savait pas où étaient les douches ? Décidément, l'administration avait de sérieuses lacunes si personne n'avait trouvé le temps de faire faire un tour minimum à une nouvelle arrivante, au point qu'elle ne sache pas où se trouve les douches. Quoique, étant donné ce qu'il avait pu voir de ce petit bout de bonne femme... elle n'avait surement du entendre que ce qui l'intéressait. Genre, où étaient les terrains de sport et en particulier le dojo. Avec un sourire amusé, le jeune homme se releva, et épousseta du dos de la main les quelques poussières qui étaient venues maculer le bleu intense de sa tenue.
D'une main tranquille, le jeune homme s'occupa ensuite de la tenue de sa cadette, remettant parfaitement en place le haut de hakama qu'elle avait plus ou moins refermé, lui donnant la parfaite allure de la petite kendoka revenant de son entrainement. Le tout sans arrière pensée ou geste déplacé. La jeune fille se laissa faire sans sourciller, comme habituée à ce genre de traitement de la part de garçons plus âgés qu'elle.

" On est parti. "

Après avoir récupéré son sac dans le vestiaire, Eiji précéda Konata hors du dojo, fermant la porte coulissante derrière lui. Il n'y avait aucun verrou sur la porte - tant mieux, il aurait eu plus de mal à organiser ses entrainements comme il le souhaitait - et malgré le matériel théoriquement de valeur, aucun vol ou dégradation, du moins depuis qu'il était là. Il supposait que les murs et grilles du lycée était déjà suffisamment dissuasifs... et que des voleurs n'auraient pas été intéressé par du vieux matériel de sport.

Dehors, c'était un temps doux et agréable qui les attendait, avec un soleil de printemps si présent qu'il fut presque surpris de ne pas entendre les grillons chanter. Il était en avance d' encore quelques semaines sur la période estivale. Kobe serait-il aussi chaud que Tokyo en était ? La présence de la mer à proximité risquait de changer la donne. Eiji était curieux de ce qu'il allait découvrir en ces lieux dans quelque temps, loin de ses habitudes forgées et entretenues. Il était trop jeune pour avoir des habitudes.

Le chemin le plus court pour retourner au dortoir faisait passer par la cour, mais Eiji supposa que sa kohai fraichement arrivée n'avait pas forcément envie d'être vue pour la première fois en hakama, et préféra passer par le petit chemin derrière le bâtiment administratif, bien moins fréquenté à cette heure là de la journée. De là on arrivait directement sur l'escalier de côté, totalement à l'extrémité des dortoirs en ce qui le concernait. Le jeune homme baissa la tête vers la jeune fille, interrogateur.

"Tu arrives à te repérer ? On est passé derrière les bâtiments de cours là. "

Eiji n'était pas bien loin de la vérité avec ses supposition. A la vérité, elle aurait surement eut droit à une visite des lieux... Si elle ne l'avait pas décliné en semant le jeune garçon qui lui avait été assigné comme guide pour faire le tour des lieux, à peine arrivée ici. Mais ce type avait été d'un tel ennui ! Elle avait eut toutes les raisons du monde pour le planter ainsi et regagner sa chambre sans trop de difficulté par ses propres moyens. Sautillant d'un pied sur l'autre, elle s'arrêta lorsque Eiji lui remis son kimono en place d'un geste fraternel, de sempai à kohai, sans aucune arrière pensée dans ses gestes.

A la vérité, c'était le même genre de geste qu'avaient ses frères à son égard. Konata leva le museau vers lui, haussant un sourcil amusé assortit à un sourire mutin. Eiji se recula, enfilant ses zoris à l'entrée, Konata l'imitant dans la foulée après avoir récupéré son sac à dos dans lequel se trouvaient ses vêtements qu'elle n'avait pas voulu laisser dans les vestiaires, ne connaissant pas encore bien les lieux ni leur sureté.

Elle acquiesça derechef aux propos d'Eiji, le suivant en sautillant, comme incapable de tenir un rythme de marche plus consensuel. Elle considéra d'un air songeur le dojo dépourvu de verrou. Cela l'avait déjà surpris en arrivant, elle avait mis cela sur le compte d'un quelconque responsable qui viendrai matin et soir s'occuper de fermer les lieux, mais il n'en était apparemment rien... Le dojo était totalement libre d'accès. Et peu fréquenté comme il l'était, il était presque le leur. Heureusement qu'Eiji avait l'air d'un type sympa, parce que si elle avait du se coltiner la présence d'un mec ennuyeux, s'aurait été fâcheux !

Elle emboita le pas à Eiji, regardant alentour avec attention, se repérant par rapport aux bâtiments. Le chemin emprunté par Eiji était desert, le jeune homme cherchait il à l'amener dans quelque recoins sombre ? En considérant sa nuque, il semblait évident que non. Le jeune homme semblait bien trop droit pour ça. Tout droit dans son hakkama, il avait une certaine prestance que ses frères n'auraient pas eut à lui envier. Konata rajusta le sac à dos sur son épaule, qui avait une trop forte tendance à glisser.

"Wé wé, je situe bien !"

Acquiesça t'elle à la question du jeune homme. Elle s'étira, profitant des rayons du soleil de cet agréable saison. Sa main s'abattit sans préavis dans le dos d'Eiji dans une claque d'amitié virile.

"Bon ! Je vais me doucher ! Tu m'emmène balader après, pour t'excuser de m'avoir fait avaler mon chewing gum et risquer la mort par étouffement sur le tatami! On se retrouve ici dans 30 mn ! "

Vu le ton employé, ce n'était pas une question mais bien une affirmation. Sans attendre la réponse d'Eiji, Konata avait déjà commencé à gravir les escalier au pas de courses, apparemment peu gêné par son encombrant vêtement.

La claque sur son dos résonna durement - pour une si petite jeune fille, elle en avait de la poigne ! - laissant Eiji interdit quelques instants : les marques d'amitié virile, il n'en avait pas l'habitude de la part des filles, rien de bien étonnant, mais au final, c'était plutôt marrant. Un léger sourire éclaira son visage alors que Konata montait les marches d'escalier devant lui comme un petit écureuil, Eiji suivant derrière à quelques pas avec un peu plus de dignité. L'idée de retourner se balader avec elle après n'était pas désagréable, il devait se l'avouer. Konata était certes un peu remuante - à voir à la longue ce que ça donnait - mais aussi pleine d'énergie et en accord avec lui sur des points fondamentaux... il ne se souvenait pas avoir pu discuter avec quelqu'un aussi tranquillement depuis qu'il était arrivé. Il ne s'entendait pas mal avec les autres élèves de sa classe, mais il était difficile de créer des liens en arrivant si tard dans l'année.
Et ses colocataires... la situation finissait enfin par décanter en un statu quo, où ils étaient au moins capable de discuter sans se frapper, mais il ne pouvait pas dire que c'était non plus le parc d'attraction tous les jours. Il y avait encore trop de rancœurs entre eux - et ses migraines étaient trop présentes - pour que la situation soit parfaite. Mais c'était déjà mieux qu'avant.

Le jeune homme passa dans la chambre 6 - vide de ses occupants humains - pour y récupérer ses affaires avant d'aller prendre sa douche. Le jeune homme s'offrit le luxe de prendre son temps. De vraiment le prendre, laissant l'eau brulante lui dénouer les muscles avec un plaisir infini, avant de se laver avec la série de produits qui avaient parfois fait sourire sa mère. Si utiliser un shampoing et un après-shampoing était bizarre, pourquoi donc étaient-ils en vente au supermarché...

Quand Eiji émergea de la douche, le cheveu humide, et habillé d'un jean et d'un T-shirt, la demi-heure était largement passée. Le jeune homme prit tout de même le temps d'aller ranger son hakama dans sa chambre, ainsi que le reste de ses affaires, ne se rendant compte de son retard qu'après un coup d'oeil laconique sur le réveil pour voir l'heure. Il avait vraiment pris autant de temps que ça ? Certes, il savait qu'il perdait la notion du temps facilement sous la douche, mais à ce niveau... Le jeune homme piqua un sprint dans les couloirs, évitant deux première année qui flânaient dangereusement dans les couloirs pour arriver au bas des escaliers où attendait Konata, les bras croisés et une moue boudeuse sur le visage. Ses cheveux humides fleuraient bon l'abricot, et elle avait revêtu des vêtements beaucoup plus classiques pour une lycéenne : une courte jupette qui laissait voir de longues jambes fines et une chemisette à manches courtes. Une véritable jeune fille cette fois, de manière bien plus irréfutable qu'avec son hakama. Seule sa posture, à moitié vautrée sur la rambarde, trahissait le garçon manqué qu'il avait vu au dojo.

" Prête ? "

Bon... c'était un peu gonflé de sa part de demander ça alors que c'était lui qui arrivait en retard mais bon... il n'était pas si en retard, non ? Un quart d'heure tout au plus. Le jeune homme offrit un joli sourire d'excuse à la midinette.

" Un tour dans Kobe ça te dis ? A moins que tu ne préfères rester dans le lycée. "

Aller en ville lui plaisait bien à lui, histoire de souffler un peu, de respirer hors des murs du lycée où il était enfermé quasiment tous les jours. Il ne s'était jamais su claustrophobe, ni allergique au lycée, mais au bout d'un moment, il finissait quand même à en avoir marre de ces murs, de ces salles, et de voir toujours les mêmes élèves.

La jeune fille avait monté les escaliers 4 à 4 sans vérifier ce que faisait Eiji, se contentant d'un geste de la main à son égard. Une fois dans le couloir, elle avait rejoint les douches d'un pas joyeux, ignorant ceux qui la regardaient passer avec étonnement, le nez levé avec fierté. Ce n'est qu'une fois dans les douches qu'elle pris le temps, sous l'eau chaude, de réfléchir à ce qui venait de se passer. Aka elle venait de faire la connaissance d'un garçon très très beau qui avait l'air très très bien et très nissan like.

Mais difficile de savoir s'il l'était vraiment en le laissant partir ainsi, et comme elle n'avait pas envie de passer le reste de l'après-midi seule, il avait absolument fallu qu'il reste avec elle. L'évidence même. Et s'il s'avérait n'être qu'un looseux sans intérêt, il lui devait de toutes façons au moins une sortie comme prix de sa compagnie au Kendo.

La douche fut rapide et revigorante, la jeune fille revêtant ensuite des vêtements simples qu'elle portait jusque lors. Elle ramena son Hakama jusqu'à sa chambre, qu'elle étala sur son lit dans le but de le ranger plus proprement plus tard, et rejoignit le point de rendez-vous convenu... Qui était vide. Passé un temps de surprise, Konata s'assit sur le banc le plus proche, guettant les environs. Le jeune homme déboucha en trombe au bout d'une bonne 20ene de mn, la helant avec une petite moue d'excuse. Konata le jaugea de haut en bas. Il avait une véritable carrure d'athlète qui se laissait voir sous le tee shirt, et il était propre - encore heureux, vu le temps passé sous la douche ! - et ses vêtements étaient également tout frais sortit du placard. Il remplissait au moins la clause "Propreté" dans la liste des qualité indispensables à un garçon pour qu'elle le côtoie.

"Dit moi, t'es toujours comme ça ou t'a pris le temps de te faire beau pour moi ?"

Demanda t'elle en guise de réponse, avant de se redresser pour rejoindre Eiji.

"Un tour dans l'école ? Pourquoi pas un meeting dans le CDI pendant qu'on y est ! Non, je veux aller en ville moi ! Allez ! "

Elle attrapa le bras d'Eiji, l'entrainant vers ce qui lui semblait être la sortie de l'école qui rejoignait la ville.