9h45
Brian cligna des yeux de fois et tenta d'enregistrer les chiffres qui restaient clairement affichés sur son portable, se refusant à être simplement le fruit de son imagination. Presque 10 heures... pas mal. Du coin de l'oeil, il lorgna le reste de sa chambre, aussi vide que possible. Forcément, ses trois autres colocataires avaient probablement cours à cette heure là, lui laissant toute la chambre pour dormir à son aise. Sans la voix bruyante et enthousiaste de Yuki, les commentaires un peu perchés de Nakamura ou les sérénades au violon de Nathan, il n'y avait pas à dire : la chambre était délicieusement calme. Non qu'il n'apprécie pas ses colocataires... mais la tranquilité était un réel plaisir d'autant plus qu'il était rare.
Il avait passé quasiment toute la journée à son travail, hier, avant d'enchainer sur les cours du soir, puis quelques heures de travail personnel. Quand il avait rejoint son lit, aux alentours de 3 heures, les couloirs de l'internat étaient silencieux, et les trois autres garçons dormaient depuis bien longtemps.

Pour aujourd'hui, il avait la journée devant lui, du moins jusqu'à ses cours ce soir. Après un baillement à se décrocher la machoire, il sauta au bas de son lit, se passant machinalement la main dans les cheveux en regardant le temps par la fenêtre. Autant ne pas perdre complètement sa matinée au fond de son lit s'il pouvait aller somnoler un peu dehors au soleil. Avec ses cours d'éco à réviser en même temps, pourquoi pas ? L'idée finissait de faire son chemin dans son esprit embrumé, guidant sa main pour attraper ses affaires de toilettes.

Quinze minutes plus tard, c'était un jeune homme frais et dispo qui sortait dans le parc, ses cheveux chatains encore humides et sombres après une longue douche fraiche qui avait achevé de le réveiller dans une agréable odeur d'agrumes qui collait encore à sa peau. Le soleil lui chauffait agréablement ses bras nus alors qu'il suivait une allée à la recherche d'un coin tranquille où il pourrait se poser pour lire le livre qu'il avait finalement emmené avec lui, et au passage déguster la petite bouteille de lait qu'il avait pris au distributeur pour lui tenir lieu de petit déjeuner. L'heure était bien trop avancée pour que le self serve encore des petits déjeuners, et de toute façon, il n'aimait guère manger le matin. Ces derniers temps, il avait pris l'habitude de se caller avec du lait pour tenir jusqu'au déjeuner. Machinelement, il leva la petite bouteille pour vérfier ce qu'il avait pris. Une fois, il s'était trompé et avait pris du lait de soja, avant de tenter de le boire sans vérifier ce que c'était. Il avait manqué de recracher le liquide au gout douceureux qui n'avait rien à voir avec du vrai lait. Depuis, il vérifiait sa bouteille avec un soin maniaque, allant parfois jusqu'à humer l'odeur avant de boire. Plus jamais le lait de soja.

Son chemin l'avait amené derrière le batiment Showa, lieu un peu plus éloigné et moins occupé par les élèves – surtout à cette heure-ci, c'était une autre affaire à l'heure du déjeuner – Brian continua à avancer, marchant plus pour le plaisir de profiter du soleil que vraiment pour choisir un coin tranquille. A ce stade, n'importe où était parfait. Une silhouette accroupit non loin d'un banc attira son attention, par la position autant par le fait qu'elle était la seule dans les parages. Curieux, le jeune homme s'approcha, finissant par reconnaitre Tawaraya-sensei, le professeur de japonais. L'homme était agenouillé devans... des chatons ? Enfin devant un, l'autre étant niché dans le creux de sa main, la machoire résolument occupée sur le pouce de l'homme. L'image était assez comique, l'homme arborant une expression génée bien loin de celle de calme ou d'attention qu'il affichait pendant les cours.
Une expression amusée trouva sa place sur le minois de Brian, plus par rapport au comportement de l'homme que de celui des chatons.

" Bonjour Sensei. Je ne savais pas que vous aviez des chatons... Ils ne sont pas un peu jeunes pour être promenés en liberté ? "

Quoique, en s'approchant de plus prêt, les petites bestioles n'avaient pas grand chose de chatons domestiques. Maigrelets, le poil ébourrifé, les yeux qui coulaient pour le petit blanc effarouché... Pas vraiment l'image du chaton beau et plein de vie qu'on retrouvait parmi les lolcats qui courraient partout sur internet.
Le jeune homme posa sur son professeur un regard interrogateur et curieux, déposant son livre et sa petite bouteille sur le banc pour s'approcher d'un peu plus prêt, s'arrétant quand le petit chaton blanc s'ébourriffa en une magnifique boule de poils à la vue du deuxième humain qui s'approchait.