Qui l'eût cru ? Tsuzuki, jeune homme fort bien fait de sa personne, artificiellement blond comme les blés, venait de se perdre dans les couloirs après bien des mois passés dans cette école si spéciale qu'était Shokuboo Inochi. En lieu et place de se retrouver devant la porte menant au parc, il était dans le hall d'entrée de l'école, à cette heure très fréquenté. Lui qui n'aimait pas la foule, il avait tout gagné.

Le garçon s'avança en jouant des coudes, espérant tant bien que mal gagné la sortie en prenant un chemin un peu détourné (les casiers) quand il se retrouva bloquer par une bande d'énergumènes trop occupés à se percer mutuellement les tympans en hurlant pour se décaler. Il chercha donc à faire demi-tour, mais finit par percuter un jeune homme.

"Gomen." grommela-t-il, agacé d'être si maladroit ces derniers temps.

[J’adore le titre ]

C’est dans les couloirs qu’Hideto poursuivait sa course sur la route de la découverte du pensionnat de Shokuboo, et plus précisément à la recherche de son casier personnel. Il possédait bien la clé et le numéro, mais pour le retrouver c’était une autre histoire le plus dur étant, à cette heure ci, de se frayer un chemin à travers les fainéants amassés dans les couloirs pour se taper bruyamment la discussion. Etant de petite taille, et n’ayant pas un corps d’athlètes, il se méfiait de ce genre de regroupement et de ses bousculades traditionnelles. Longeant les murs, il s’engagea dans un couloir bordé de rangée de casiers, où il pensait à tout hasard trouver le sien. L’air crispé, il serrait les clés dans sa main moite et brûlante, alors qu’il dévisageait au passage ces ribambelles de face d’ahuris qui s’égosillaient, s’extasiaient, pour un rien. Cela lui faisait penser pour certains cas à une sorte de parade animale. Il avait l’air mauvais, mais il passait de toute façon inaperçu dans son costume sombre. Il les haïssait, mais quelque part, très très profondément, dans inconscient, il les enviait.

*Peuh…Regardez vous… abrutis sans cerv… Huh !*



Perdu dans ses pensées, le regard momentanément évasif, Hideto avait relâché sa vigilance, et déjà il se prenait un coup. D’épaule pour être exact, en plein dans la joue. Le choc et la surprise lui firent faire un bond un arrière, et instinctivement il porta sa main gauche à sa joue, bien qu’il n’y ressentait que peu de douleur. Il s’était heurté à un garçon, moyennement grand, teint en blond, il avait l’allure d’un de ces abrutis de frimeurs qui ont toutes les nanas qui leur courent après. Déjà il s’attendait à ce que l’autre en fasse une affaire d’état, et prenne tout le publique à témoin, histoire de se faire remarquer. Ce n’était pas difficile face à Hideto, et il avait plusieurs fois essuyé des insultes de ce genre, mais jamais sans y répondre. Enfonçant ses yeux droit dans ceux du garçon, il serrait les dents prêt à mordre, mais étonnement le blondinet grommela simplement quelque chose qui, perdu dans la cacophonie ambiante, s’apparentait à une excuse.
L’air dubitatif Hideto examina l’individu, le toisant de haut en bas, avec une sorte de mépris dans le regard. On eut dit qu’il pesait la situation dans tous les sens, et finalement il enfouit simplement ses mains dans les poches, et passa à coté du garçon qui le dominait d’au moins 10 centimètre, en lui lâchant d’un air hautain.

- Pfff … Regarde où tu vas.

Il ne s’attarda pas une seconde de plus sur lui, mais l’accrochage lui fit un instant oublier ce pour quoi il se trouvait ici, là maintenant…Pour le moment, il n’avait pas encore remarqué qu’il avait lâché les clés qu’il serrait dans sa main, au moment de la bousculade. Ce petit porte-clef blanc classique, facile à repérer sur le sol, et où chaque clé était étiquetée soigneusement. On pouvait lire sur l’une des deux Chambre n°7.

Le mépris de l'autre le laissait ni chaud, ni froid. Tsuzuki n'était pas d'un naturel susceptible de toute façon, et si l'autre se jugeait supérieur, tant pis pour lui. Ou tant mieux, selon le point de vue. Pour le blond, c'était surtout idiot, mais il ne comptait pas entamé de débat sur la question. Il préféra snober royalement le petit brun et repartir quand son pied marcha sur quelque chose de petit, dur et métallique. Un clé, constat-t-il en levant le pied. Deux, compta-t-il finalement. Il se pencha pour les récupérer, évitant un coup de genoux avec sa main et se releva finalement en regardant le porte clé. Chambre 7... Il fouilla sa poche à la recherche de sa propre clé, se demandant s'il avait perdu la sienne mais il s'avéra que non.

"C't'à toi ?" demanda-t-il finalement au garçon qu'il avait bousculé. Ce dernier était probablement le propriétaire du mini-trousseau de clefs qu'il venait de trouver, et, à la tête du blond pour une fois expressive, il pouvait comprendre que ça ne l'enchantait pas.

Il lui semblait qu'il faisait fuir les gens. Enfin non, les garçons plus exactement. La jeune miss qu'il avait bousculé dans la rue ne l'avait pas fui, loin de là. Néanmoins, ces derniers temps, les deux seuls mâles avec qui il s'était entretenu avaient eu la nette tendance à se montrer ingrat et s'éloigner de lui en vitesse. C'était franchement bizarre comme truc. Il devait avoir quelque chose sur lui de répulsif avec les adolescents...

Il haussa les épaules, regardant une dernière fois son nouveau colocataire s'éloigner de lui. Ma foi, ils auraient bien le temps de se revoir... Le soir allait certainement arriver trop vite au goût de Tsuzuki. Il n'aimait pas les gens grincheux et impoli. Même lui qui s'exprimait peu avait au moins la décence de s'exprimer poliment.

Ce fut donc en pestant intérieurement qu'il poursuivit sa route dans le couloir désormais vidé. Il rencontrait quelques personnes à l'occasion mais fort heureusement, plus aucun attroupement ne vint perturber sa sortie et il se retrouva enfin dans le parc...

[Fini^^ Court topic, mais bon, les rencontres entre les gens sont parfois rapides et intenses xD]