Il est quatre heures, Dan s'éveille quelques minutes avant la sonnerie. Ses yeux ont beau être fermés, il sait que la machine diabolique ne va pas tarder à les lui faire ouvrir, alors il profite des derniers instants de calme avant la journée, vous savez ces derniers instants qui ne sont pas soumis aux lois qui régissent le temps, ceux qui peuvent durer un battement de cil ou bien une profonde réflexion sur les fondements du monde. Et bien il en profite pour faire le point. Sa nouvelle vie vient de commencer et lui l'ancien nomade, qui se retrouve sédentaire aussi brusquement, a l'impression qu'en ayant freiné aussi fort, tout ce qu'il avait rangé sur les étagères de sa vie vient d'en dégringoler, et que ranger tout ça allait prendre du temps. Il sentait comme une couverture de plomb qui l'écrasait et lui ôtait toute envie de se lever, ah non en fait ça c'était la flemme du matin.

Bon fi de ces lamentations, ça n'est pas ça qui fait avancer le monde, le réveil sonne enfin Dan a l'impression d'avoir réfléchi vingt minutes mais seulement deux se sont écoulées. Il est déjà relativement tard et il doit être présent dans les cuisines du pensionnat pour préparer la journée et le petit déjeuner des internes. Choix difficile, fry-up ou bien continental, il savait que seuls les professeurs de langues étrangères et les curieux de nouvelles saveurs se satisferaient de ces extravagances, mais les réfractaires auront quand même droit au petit dej traditionnel.

Preuve évidente de la possibilité de la distorsion temporelle, le simple fait de se demander que cuisiner pour le matin lui avait pris au moins dix minutes. C'était le moment de faire plus vite que la lumière pour arriver à temps au travail, mais ça il savait qu'il pouvait le faire. Le temps de prendre une douche, sauter dans son jean et son blouson, qu'il était déjà en route a toute berzingue, sa moto pétaradant dans les virages, le sac à dos ou il rangeait sa tenue de travail valdinguant a tout va. Et bien c'était ça tous les matins depuis peu, heureusement la route qui reliait son lieu de travail et son logement n'était pas en ligne droite.

Le self était encore silencieux à son arrivée. Il profita du calme pour aller se changer sans bruit, il était le premier arrivé dans les cuisines, comme à son habitude d'ailleurs, il partait toujours plus tôt pour profiter de la route sans la circulation. De retour dans les cuisines qui ressemblaient à un bloc opératoire lumières éteintes, il pouvait voir son reflet dans l'inox rutilant des ustensiles. Son reflet, mais pas que, la journée commençait et il n'était pas le seul matinal ici.

Ne prenant même pas la peine de se retourner, Dan engagea la conversation.

- Salut ! Je vois que je ne suis pas le seul à aimer me lever tôt ici.

[j'espère que c'est ok pour toi que je vienne squatter ton topic (:]

4h30 du matin. Quand d’autre sont profondément endormi, d’autre vont se coucher et d’autre encore sont complètement éveiller. Dean, lui, faisait parti de ceux de la troisième catégorie. Il s’était couché à 00h30 après avoir joué de la guitare et s’être avancer sur sa nouvelle composition, avait dormi pendant 2h et s’était tourné et retourné pendant le reste du temps, tentant de trouver les bras de Morphée, en vain. Alors, lorsque son réveil afficha 4h30, Dean décida de se lever. Si déjà il ne pouvait pas dormir, autant en profiter et s’avancer dans le classement des fiches des élèves … qui se trouvaient dans l’infirmerie. Soupirant, notre jeune homme se laissa tomber à nouveau sur le matelas, se maudissant de ne pas avoir eu envie de transporté le carton jusqu’à l’appartement à la sortie du boulot.

Laissant sortir un autre soupir en se redressant à nouveau, Dean se leva enfin et, d’un pas mal assuré, se dirigea vers la porte et appuya sur l’interrupteur. La vive lumière l’aveugla et il dut cligner plusieurs fois, pour que ses yeux s’habituent à la clarté. Puis, se passant une main sur le visage et dans les cheveux, il se dirigea vers l’armoire. Il en sortie un jeans bleu légèrement délavé, un t-shirt gris foncé et une chemise bordeaux. Sachant qu’à cette heure de la journée, où devrais-je dire de la nuit, il faisait assez frais, Dean enfila le tout et descendit l’escalier sur la pointe des pieds. Attrapa sa veste de cuir au passage, il chaussa ses chaussures et sorti de l’appartement.

Laissant glisser les clefs de l’appartement et celle de l’infirmerie dans la poche de son jeans, il se dirigea en faisant bien attention à ne pas faire de bruit excessif, vers les escaliers, descendit dans le hall d’entrée et sorti du bâtiment Edo. Puis, virant un peu sur la droite, il prit la direction du bâtiment Meiji, bien décidé de faire un tour par la cuisine histoire de boire son café habituel.

Une fois dans ladite cuisine, Dean s’immobilisa brusquement en voyant un autre reflet que le sien dans la vitre. Ce même reflet se mit à parler et, à l’écouter, Dean ne put d’afficher un sourire silencieux.

« C’est pas que j’aime bien me réveiller aussi tôt. C’est que je n’avais pas le choix » dit-il tranquillement en se dirigeant vers la machine à café. Il aurait très bien pu utiliser la sienne ou celle de la salle des professeurs, mais la première faisait trop de bruit, risquant de réveiller ses coloc, et la seconde ne faisait pas un bon café. « Je suis juste venu me faire un café, je ne vais pas vous dérangez plus longtemps » reprit Dean en appuyant sur le bouton pour mettre la machine en route.

Pendant que celle-ci chauffait, notre infirmier chercha une tasse adéquate et la plaça sur la machine avant de se tourner vers l’inconnu. L’observant rapidement, Dean se demanda si sa mémoire était réellement tellement endommagée ou s’il ne connaissait vraiment pas le jeune homme qui se dressait devant lui. Soit. Si déjà ils étaient tous les deux ici et matinaux et que l’inconnu lui avait, plutôt gentiment, adressé la parole, autant continuer sur la lancé.

« On ne s'est jamais vu, non? Vous êtes nouveau ? » Demanda-t-il tout en laissant couler le café dans la tasse.

Qu'avait-il dit juste avant? Qu'il n'allait pas déranger le jeune homme? Bon, ben on retire ce qu'on à dit ...

Il est vrai qu'en se levant aussi tôt Dan ne pensait pas croiser l'ombre d'un chat, cependant une rencontre fortuite n'était pas pour lui déplaire, cela le changeait de d'habitude. Enfin "habitude" un bien grand mot, après tout ça ne faisait que trois jours qu'il avait commencé à travailler. Mais l'installation d'une routine l'effrayait tout de même un peu, son nouveau travail n'était pas déplaisant quoi qu'un peu répétitif. Il brisait alors cette répétition à travers sa cuisine, et puis le fait de faire découvrir de nouvelles choses aux gens lui plaisait, quelles qu'en soient les réactions, les moues dubitatives, émerveillées, écœurées ils les avait déjà vues.

L'inconnu avec qui il avait engagé la conversation était en train de se faire un café tout en discutant avec lui. Dan le détailla en un rapide coup d'oeil, c'était un grand brun d'allure décontractée typé japonais, il avait aussi des traits ouest-européens ou bien nord-américains, difficile à dire. Il avait encore le visage un peu embrumé de sommeil, voilà ce qui justifiait son irruption dans la cuisine, l'appel du café matinal est irrésistible pour ceux l'ont déjà entendu trop souvent.

La machine à café, véritable usine à gaz puisqu'elle était sensée produire son breuvage pour tout un pensionnat, gargouillait lentement, remplissant la tasse de son or noir.

- Effectivement, ça ne fait que quelques jours que je travaille ici.

Ça faisait déjà quelques jours, et il ne s'était pas vraiment encore intégré à l'équipe hormis avec le personnel de la cuisine. Il était temps qu'il fasse un peu plus connaissance avec le reste des employés du pensionnat. Se créer de nouvelles relations ne pouvait pas lui faire de mal. En y repensant, il n'était resté en contact qu'avec très peu des personnes qu'il avait connues au cours de sa vie de voyage. Ce qui ne lui laissait que très peu d'amis en comparaison d'une personne normale. Il n'était pas misanthrope pour autant. Il nouait simplement des relations plus vite que la normale, et les défaisait tout aussi vite .

Dan commençait maintenant à mettre la cuisine en état de marche, allumant tous les appareils qui nécessitaient de chauffer, préparant les ingrédients frais et décongelant les produits surgelés. Le reste des cuisiniers n'arriverait que plus tard mais prendre de l'avance sur la journée détendrait l'équipe. Et vu qu'il se chargeait des menus étrangers il lui fallait aussi optimiser son temps de travail, en faire plus, mais ça ne le gênait pas il avait l'habitude, il aimait ça même.

- D'ailleurs si vous pouviez rajouter une tasse pour moi je vous en serait reconnaissant.

Un petit café de bon matin ça aidait toujours à bien démarrer la journée.

- Au fait, comme je suis nouveau ici je ne connais pas encore les autres membres du personnel.

Dan s'était arrêté de manipuler les fourneaux, il était maintenant nonchalamment appuyé contre un comptoir en inox et regardait le grand brun dans les yeux.

- Je me présente, moi c'est Dan, sans fioritures aucune.


[HRP : noproblemo, c'est un topic libre il est fait pour ça. Par contre en ce moment j'ai du mal à faire plus d'une réponse par semaine :/ ]

Dean avait donc affaire à un certain Dan qui, à en juger ses allez et venus dans la cuisine devait être le nouveau cuisinier. Etait-ce aussi lui qui leur avait servie un menu américain ignoble et très peu réussi ? Hm, peut-être. Notre jeune homme n’avait jamais cherché à comprendre ni à savoir qui se trouvait derrière les fourneaux ni ce qu’il y faisait. Tout ce qui lui importait était d’avoir l’estomac remplit, le reste importait peu. Mais faire des nouvelles connaissances étaient toujours sympathique, car, à vrai dire, Dean ne connaissait pas tellement ses collègues membres du personnel. Alors, à la demande du cuisinier, Dean attrapa une deuxième tasse et laissa couler le liquide brun dans les deux tasses. Attendant qu’elles se remplissent, notre infirmier se tourna vers l’inconnu, qui ne l’était plus tant que ça et l’observa discrètement.

Ce qu’il put remarquer en premier fut, évidement, le poids du jeune homme. Pour Dean, un cuisinier devait avoir un gros ventre avec des jambes et des bras bien gras, trahissant le fait qu’il aimait cuisiner, mais aussi manger, n’hésitant pas à goûter à toute les saveurs. Mais Dan était tout le contraire. Sa taille pas bien grande et son ventre tout plat, ne faisait pas de lui quelqu’un d’imposant. Mais, comme tout japonais, il avait les yeux et les cheveux très foncés. Leurs regards se croisèrent alors que Dan s’adossait à un comptoir et Dean soutint longuement son regard, un demi-sourire naissant sur ses lèvres.

Ce fut un « clic » provenant de la machine à café qui sorti Dean de ses pensées. Se redressant, il se tourna et attrapa les deux tasses.

« Lait et sucre ? » Demanda-t-il. Après avoir attendu la réponse de Dan, Dean attrapa les tasses et le rejoignit, lui tendant le café comme il l’avait souhaité.

« Voilà pour vous » sourit-il en prenant une petite gorgé de sa boisson « Moi c’est Dean, celui à qui vous serez amené à rendre visite si vous vous brulez aux plaques de cuissons ou aux fourneaux, à savoir, l’infirmier scolaire » Sans perdre son sourire qui se fit plus grand tandis qu’il parlait, Dean reprit une gorgée de son café et vint s’adosser à côté de Dan « Vous êtes bien le cuisinier, non ? »

Car oui, tout en parlant, Dean avait ressentit comme un doute. Et si cet inconnu n’était pas celui à qui pensait notre infirmier ? Si s’était un professeur ou un bibliothécaire, il prendrait sans doute mal le fait que Dean l’avait traité de cuisinier.

« Vous … vous venez d’où ? » Lança-t-il machinalement en tentant de refouler son malaise grandissant et essayant de faire diversion.

Vu que Dan a été supprimé, ce topic peu être classé.