Un coup à gauche, un coup à droite. Un lift, un coup droit. Une esquive et une balle de perdue. Tant, pis il en avait encore une en réserve. Bam. Un service et une balle qui frôle l’oreille gauche de notre tennisman. Soupirant il relâcha sa raquette et resta quelques instants figé sur place. Et voilà. Maintenant il devait réellement allez chercher les balles, faute de ramasseur. Ah ces ramasseurs. Bien qu’étant pour la plupart des jeunes ignares, ils sont quand même vachement pratique. Donc, soupirant, Nathan se retourna et se mit à marcher le long des cours histoire de ramasser toutes les petites balles jaunes.

Une fois qu’ils les eu toutes récupérées, il se plaça à nouveau là où il était avant et fixa le mur sur lequel il jouait depuis plus d’une heure. Soupirant, Nathan se passa le revers de la main sur le front, y essuyant la sueur. Il lança ensuite un coup d’œil au dessus de son épaule et grimaça en voyant qu’il était encore seul. Le club de tennis ne se réunissait pas en ce jour, n’empêche que, souvent, ses membres se retrouvaient en dehors des cours pour s’entrainer ensemble et disputer quelques matchs entre amis. Mais là, rien. Le calme plat. Nathan aurait donné tout et n’importe quoi pour avoir un adversaire digne de ce nom en ce moment même.

Jouer seul pouvait être ingénieux par moment, mais pas aujourd’hui. Notre jeune homme avait une telle envie de se dépenser, n’ayant pas mit un pied sur le court depuis assez longtemps, que le fait de jouer seul était bien plus ennuyeux et peu gratifiant. Baissant le regard vers sa raquette, notre tennisman soupira à nouveau et se redressa, fouillant sa poche pour en sortir une balle.

Les jambes légèrement écarté, bien d’aplombs sur ses deux pieds, il fit rebondir plusieurs fois la balle à ses côtés, fixant le centre d’un rond qu’il avait dessiné à la craie sur le mur. Son but était de garder le contrôle de la balle de manière à ce qu’elle rebondisse toujours sur le même point du mur, chose assez difficile en somme, mais gérable si on s’entrainait suffisamment. C’était son coach qui lui avait donné cette idée et lui avait conseillé de s’entrainer de cette manière après lui avoir signifié qu’il avait la force mais pas assez de technique.

Prenant une profonde inspiration, Nathan stoppa le rebondissement de la balle et se redressa. En même temps il lança la balle en l’aire. Son pied droit vint se placer à côté du gauche et, fléchissant légèrement les genoux, notre tennisman lança son bras gauche vers l’avant. Le tamis cogna contre la balle, l’envoyant directement dans le centre du rond. En même temps que la balle se dirigeait à vive allure vers le mur, Nathan se mit en position de jeu, toute son attention étant concentré sur la petite balle jaune. Celle rebondit sur le mur et se dirigea droit sur notre jeune homme, l’obligeant à faire un rapide pas sur le côté de manière à pouvoir la frapper à nouveau.

L’échange balle/mur-balle/raquette dura bien 6 minutes. 6 minutes intensives durant lesquelles le pouls de Nathan monta en flèche. Sa respiration se fit plate, son cœur battant à tout rompre. Les muscles de son bras gauches se contractèrent au fur et à mesure, tandis que la douleur se propageait assez rapidement dans son épaule puis tirait jusque dans le bas de son dos. Mais Nathan ignora tout ça. Son regard était fixé sur la balle qui tapait toujours au même endroit. Un sourire étira furtivement et légèrement les lèvres de notre jeune homme, sans pour autant le déconcentrer. Son but était atteint. Enfin.

Kantaro consulta à nouveau le dossier alors que les autres délégués de troisième année quittaient la salle du conseil. Il était rare qu'ils se réunissent en si petit nombre, mais il s'agissait de préparer le test de courage de leurs kohai et, en toute logique, les délégués plus jeunes n'étaient pas conviés à ces réunions là. Le président du conseil relut à nouveau le planning résumant les évènements prévus.
Le test de courage... C'était une sorte d'institution dans la majorité des lycées nippons et il s'y pliait comme tout le monde, même si les autres semblaient toujours plus enthousiastes que lui. Comme quand il y avait participé, lorsqu'il était en première année. Il n'en avait pas gardé un souvenir impérissable pourtant : ça avait tout juste eu le mérite de l'occuper une partie de la soirée. Aujourd'hui, il se retrouvait à devoir en superviser un. A la différence que, cette fois, l'évènement occupait non seulement une soirée, mais également plusieurs de ses après-midi rien que pour les préparatifs. Enfin, au moins, le côté organisationnel était-il beaucoup plus instructif.

Kantaro lâcha un petit soupir en refermant le dossier pour aller le ranger. Son regard dévia sur la bouilloire dans laquelle restait de quoi se faire un dernier thé. Pourquoi pas, il n'était pas pressé... Il n'avait pas de cours de russe de prévu, ses devoirs étaient faits depuis longtemps, et Hugh était à son club de dessin pour encore quelques heures...

Son thé engloutit, le jeune homme se décida finalement pour aller taper dans la balle. A cause de ses obligations au conseil, il n'avait pas pu participer aux deux dernières séances d'entraînement du club. S'il ne faisait pas de compétition, le tennis restait une part importante de sa vie, tout autant que la peinture. C'était aussi un bon défouloir pour canaliser les tensions accumulées. S'éreinter physiquement était le meilleur moyen qu'il ait trouvé pour réduire ses pulsions colériques.

Après un passage rapide par la chambre pour se changer et prendre sa raquette, Kantaro fila sur les cours. Ce n'était pas un jour où le club se retrouvait, mais ça ne le dérangeait pas. Il avait l'habitude de jouer seul sur les demi terrains. Etre président des élèves ne le laissait pas toujours pratiquer ses activités comme il aurait voulu.
Ce fut avec étonnement qu'il découvrit que quelqu'un s'entraînait déjà. Un de ses camarades de classe d'ailleurs... Kantaro l'observa un moment, avant de s'avancer sur le cours lorsque l'échange cessa. La balle roula jusqu'à ses pieds et il se pencha pour l'attraper.

" Pas mal, Scott. Mais tu devrais faire un peu plus attention à ton épaule gauche. Elle fait parfois un mouvement étrange sur tes revers. Tu risques de te la déboîter si tu ne le corriges pas. "

C'était plus facile de voir ce qui clochait de l'extérieur. Kantaro avait pu s'en rendre compte avec les filages photos de Hugh, et avait corrigé deux de ses défauts déjà, grâce à ça.

Un dernier revers et les muscles du bras de notre tennisman se contractèrent douloureusement, l’obligeant ainsi à baisser sa raquette. Il releva la tête à temps pour éviter la balle qui alla finir sa volé derrière lui. Hors d’haleine et la respiration courte, Nathan resta figé sur place, le regard rivé sur le sol, et posa la raquette sur le sol. Prenant plusieurs profondes inspirations, il se passa la main droite sur le bras gauche, sentant peu à peu que les crampes diminuaient. Affichant un sourire amusé, Nathan secoua la tête et se détourna du mur en se passant le dos de la main sur le front pour y essuyer la sueur. Une fois complètement tourné, Nathan se figea en apercevant Kantaro Fugiwara. Les yeux légèrement écarquillé, il eu un mouvement de recul, sous la surprise de voir une autre personne, spécialement lui.

Pour le peu qu’il connaissait son camarade de classe, il savait que ce dernier n’était pas des plus commodes qui soient, bien qu’eux deux n’avaient pas encore eu de différents. Cela n’empêchait pas que Nathan fut assez étonné en entendant le ton plutôt calme de la voix du délégué de classe. Soit. Parvenant à se détendre, notre tennisman écouta les conseils de Kantaro. Sans qu’il ne s’en rende réellement compte, sa main droite vint effleurer son épaule gauche, tandis que son sourire se transforma en une moue de réflexion. Il baissa le regard vers son épaule et grimaça légèrement.

Il est vrai que son coach, du temps où il habitait encore en France, le lui avait déjà dit à plusieurs reprise, mais c’était tout. Il ne lui avait jamais expliqué le bon mouvement ni comment corrigé celui auquel il s’était habitué. Soupirant discrètement, Nathan releva le regard et sourit doucement à l’attention de Kantaro.

« Tu n’es pas le premier qui me le dit » dit-il tranquillement. Son regard dévia légèrement vers sa balle tenue par Kantaro et il se mordit légèrement la lèvre inférieure

« Tu veux bien me montrer comment faire et me corriger ... au besoin … ? » demanda-t-il

Mais à peine avait-il dit ces paroles, que le doute le prit. Baissant à nouveau le regard, il ragea contre lui-même. Si Kantaro était venu sur ces courts, c’était sans doute pour se détendre et pas pour donner des conseils à un tennisman qui ne savait même pas comment faire un revers correct.

« … enfin tu dois avoir autre chose à faire. Excuse-moi. »

Honteux, Nathan garda le regard baissé et se détourna vers le mur puis se baissa pour récupérer sa raquette. En la prenant en main, il se rendit compte que le grip était pas mal usé et qu’il devrait le changé bientôt …

Kantaro nota le mouvement de recul de son camarade mais s'abstint de le faire remarquer. Ca arrivait souvent que ceux qui ne le connaissaient pas vraiment soient impressionnés par son statut de président des élèves, son niveau scolaire, ou sa réputation d'individu désagréable, voir carrément par les trois. Il avait l'habitude, même si ça avait un côté agaçant, surtout quand la personne était un élève de sa propre classe, sensé le connaître un peu mieux que les autres. Visiblement, Nathan était de ceux qui restaient méfiants à son égard, bien qu'il n'y ait pas vraiment de raison pour ça.

Préférant mettre ce détail de côté, Kantaro avança sur le terrain tout en écoutant son camarade. Ce dernier avait l'air mal à l'aise de lui demander service. Etrangement, il ne lui avait pourtant pas semblé que le jeune homme soit à ce point timide. Ou alors était-ce un arrière goût de fierté qui lui faisait accepter difficilement sa remarque ? Possible. Après tout, il était peu présent au club et passait assez souvent pour un outsider aux yeux des autres membres. Il pouvait comprendre ça.

Le délégué pivota légèrement la tête en signe de négation, mais Nathan regardait déjà ailleurs. Il prit donc la parole pour appuyer son geste.

" Si je suis venu ici, c'est pour le tennis. Et ça fait parti de l'entraînement de se conseiller entre joueurs. Tu ne crois pas ? "

Sa question n'en était pas une et n'attendait pas de réponse. Ca lui semblait logique d'agir ainsi entre membres du club. Un échange de bons procédés en somme...

" On voit toujours mieux les défauts des autres que les siens. J'ai pu corriger deux des miens grâce à des filages photos. "

Lorsque Nathan le regarda à nouveau, il lui adressa un petit sourire qui se voulait encourageant. Ce n'était pas vraiment sa spécialité, mais depuis qu'il était avec Hugh, il s'était tout de même amélioré.
D'un coup de raquette, Kantaro envoya la balle vers le mur. Pas trop fort et en ligne droite, pour avoir le temps de parler et de montrer les mouvements sans avoir à trop se déplacer sur le terrain.

" La plupart de tes re...vers sont bons. Mais quand... tu reçois la balle dans cette po...sition, tu fais un angle avec ton... épaule. Comme ça. Tu vois ? "

Le jeune homme stoppa le dernier trajet de la balle qui retomba mollement dans quelques rebonds avant de rouler doucement pour finir sa course contre le mur. Kantaro alla la chercher et la tendit à Nathan, dans un geste qui signifiait "à ton tour".

Il est vrai que Nathan avait sans doute sur réagit. Sous l’effet de la surprise de voir Fugiwara sur le même court que lui, notre jeune homme s’était senti quelque peu mal à l’aise de lui demandé de l’aider. Sans doute était-ce parce que la plupart de ses camarades de classe allait vers le jeune homme dans le seul but de lui demandé de les aider dans leurs devoirs ou des trucs de ce genre. Le fait que Nathan lui ait demandé conseil pour le tennis équivalait à la même chose, non ? Mais son camarade ne devait pas le voir de la même chose.

Au lieu de réagir de manière réticente, Kantaro lui offrit un sourire puis lui expliqua que donner des conseils était une bonne façon de s’entrainer. Mais d’un côté, n’était-ce pas en son devoir d’aider un camarade en difficulté ? Pas vraiment, mais si on était venu vers Nathan dans le but de vouloir de l’aide, notre jeune homme ne l’aurait pas jamais envoyé promener. Il pouvait donc s’imaginer que ce serait la même chose avec ses autres camarades. Enfin, là n’était pas notre histoire. Tout ce qui importait était que Fugiwara acceptait de l’aider.

En parlant de lui, voilà que le président des élèves se plaça à côté et commença à frapper doucement la balle, tout en lui expliquant et en essayant de lui montrer réellement le faux mouvement que faisait l’épaule de Nathan. Tout en observant son camarade de classe, notre jeune tennisman fut assez choqué en constatant que ce mouvement d’épaule pourrait très vite lui être fatal. Mais la question était : faisait-il réellement un tel mouvement ? Parce que si s’était le cas, Nathan s’étonna pourquoi il ne s’était encore jamais luxée l’épaule. Mais soit. Lorsque Kantaro lui tendit la balle, notre jeune homme lui offrit un sourire, hocha la tête et attrapa la balle, avant de se mettre à la place de son camarade.

Là, il lança un coup d’œil au mur puis lança la balle en l’aire et la frappa doucement. Notre tennisman alterna revers et coup droit tentant tant bien que mal à se remémoré les mouvements justes que lui avait montré Fugiwara. Après un échange d’une dizaine de coups, pensant commencer tout doucement à s’améliorer et être sur la bonne voie, Nathan attrapa la balle de sa main droite et se tourna vers Kantaro.

« C’est mieux comme ça ? » demanda-t-il en l’interrogeant du regard une lueur d’espoir brillant dans ses yeux « n’hésite pas à me le dire si ce n’est pas encore ça … » reprit-il en lui tendant la balle, au cas où Kantaro voudrait lui remontrer le mouvement juste.

Kantaro n'avait sans doute pas reproduit exactement le mouvement de Nathan, l'exagérant certainement un peu pour que son camarade le visualise mieux. S'il avait su l'inquiétude qu'il venait de créer chez lui par cette démonstration, il se serait excusé et lui aurait expliqué qu'il n'en était pas non plus à ce stade. Mais pour l'instant, il ignorait les pensées du métis et se contentait donc de suivre ses revers. Appliqué et concentré sur son mouvement, il faisait un sans faute. Logique.

" Nickel. Vu que tu te concentres dessus, le contraire aurait été inquiétant. "

Un petit sourire sur les lèvres, Kantaro reprit possession de la balle tendue par Scott.

" Les mauvaises habitudes, on les prend machinalement et c'est difficile de les perdre. Tu referas sûrement encore ce faux mouvement plusieurs fois dans le feu de l'action. Mais maintenant que tu le sais, tu devrais finir par réussir à t'en débarrasser. "

C'était quand on n'y pensait pas que l'on faisait des erreurs. Et il fallait du temps pour prendre une bonne habitude. Kantaro ne comptait plus le nombre de séances qu'il lui avait fallu pour corriger la position de sa propre épaule. Parfois il lui semblait qu'elle déviait encore un peu, mais il se corrigeait aussitôt.

Le jeune homme fixa la balle un instant puis l'envoya vers le mur et fit quelques échanges plus sérieux que lorsqu'il avait montré son mouvement à Nathan. C'est qu'il était aussi venu pour s'entraîner.
Une fois suffisamment échauffé à son goût, il s'arrêta et revint près de l'autre garçon. D'un mouvement de tête, il désigna les terrains.

" Ca te dit un petit match amical ? "

A bien y réfléchir, il n'avait jamais eu l'occasion de jouer contre Nathan et ignorait même son niveau.

Les paroles du jeune homme eurent un bon effet sur notre tennisman. Le sourire que notre Nathan avait affiché s’agrandit d’avantage et il hocha la tête, donnant ainsi suite aux quelques explications complémentaires que venait de lui donner Fugiwara. Il est vrai que vu comme ça, notre jeune homme ne pouvait que s’améliorer et il remerciera sans doute encore longtemps son camarade de classe pour ses explications et ses conseils. Encore fallait-ils qu’ils portent ses fruits, mais ça c’était une autre histoire.

Soit. Fugiwara attrapa la balle en main et commença un échange plus sérieux avec le mur. Nathan fit quelques pas en arrière histoire de ne pas le gêner mais de manière pouvoir encore voir les mouvements de son camarade. Et quels mouvements ! Fluides et contrôlés, ils étaient exécutés presque à la perfection, bien que Nathan puisse y voir deux ou trois défauts, mais rien de bien marquant. Il était évident que son camarade n’était pas débutant, mais pas non plus professionnel. Ils devaient sans doute avoir à peu près le même niveau. Mais Nathan aura rapidement l’occasion de le vérifier, car son camarade avait à peine arrêté l’échange avec le mur, que déjà il s’était tourné vers notre jeune francophone lui demandant un match amical. Sans grande hésitation, Nathan afficha un grand sourire et hocha vivement la tête

« Avec plaisir ! » déclara-t-il avec un certain entrain tout en se détournant de Kantaro et se dirigea vers un des cours.

Là, Nathan se tourna vers Kantaro et après s’être mit en place, hocha la tête en sa direction

« Je te laisse commencé, c’est toi qui a la balle » déclara-t-il en souriant, puis se redressa et fixa quelques instants son adversaire, hésitant « Dit, Fugiwara … ce … ça fait longtemps que tu joues au tennis ? »

Oui, notre jeune homme était un éternel curieux. En plus de ça, savoir le nombre d’années de pratique de son camarade de classe, donnait un aperçut, même si très léger et minime, sur le niveau de son adversaire.

Kantaro fut légèrement surpris par le soudain entrain de son camarade de classe. Cependant, Nathan était venu s'entraîner, tout comme lui, et devait trouver l'occasion d'avoir un partenaire trop belle pour être gâchée. Sans avoir le même enthousiasme que le jeune français, il devait avouer qu'il n'était pas non plus mécontent de cette rencontre et de pouvoir échanger des balles avec autre chose qu'un mur. Il le suivit donc sur le terrain et se dirigea de l'autre côté du filet.

Il atteignait tout juste la ligne du fond lorsque la voix de Nathan s'éleva à nouveau, hésitante. Kantaro se retourna vers lui, légèrement surpris. Pas que la question soit inattendue, indiscrète ou quoi que ce soit d'autre, mais bien parce que l'attitude de son camarade le laissait incertain sur la façon de le prendre. Parfois enthousiaste, parfois timide, souvent sans qu'il comprenne pourquoi. Kantaro n'arrivait pas à savoir, par exemple, pourquoi Nathan hésitait en lui posant cette question somme toute banale. Est-ce qu'il l'intimidait à ce point ?

" Ca fait environ huit ans. J'ai participé à quelques tournois au collège et au lycée, avec un classement honorable au niveau régional. Mais j'ai arrêté la compétition. Je ne joue plus que pour le plaisir. "

C'est tout naturellement qu'il avait apporté ces précisions, se disant que la question de Nathan devait sans doute avoir trait à son niveau de joueur plus qu'au nombre d'années de pratique. Il se plaça en position pour servir mais sans commencer pour autant. Tant que la conversation n'était pas close, ils ne pourraient pas jouer vraiment.

" Et toi ? Tu participes au tournoi inter lycées avec le club de l'école, non ? "

Des renseignements qu'il avait sur les membres du club, il lui semblait que Scott se situait dans les bons éléments du club de tennis. En toute logique, il devait faire parti des sélectionnés pour le tournoi. Kantaro ne pouvait cependant pas l'affirmer, n'ayant pas eu le temps de jeter un œil à la liste des représentants de Ginkgo Gakuen.

La réponse de son camarade se fit rapidement entendre. Sans hésiter, Kantaro donna plus d’informations à Nathan –quant à son niveau de jeu et au fait qu’il avait participé à de nombreux tournois- que notre jeune tennisman avait demandé à entendre, à la base. Ce fût avec un petit sourire amusé, que notre francophone absorba ces informations supplémentaires, afin de se faire une petite image de qui était réellement son adversaire.
C’set vrai qu’à l’observer ainsi, balle en main, le regard fixer sur son adversaire, Kantaro n’avait pas l’air très commode. Si on faisait sa connaissance sur un court de tennis, nul doute qu’on puisse le respecter au plus haut-point, voire le craindre. Ça pouvait en déstabiliser plus d’un. Mais pas Nathan.

Notre français avait déjà affronté un bon nombre de joueurs, bien plus effrayant que Fugiwara. Son camarade n’était lui, qu’un adversaire banal. De taille, certes, mais banal tout de même.

Soit. Nathan était entrain de se préparer à renvoyer un service, lorsque son camarade reprit la parole. Se redressant, notre jeune homme l’écouta avec attention puis, abaissant sa raquette, il hocha la tête.

« Tu es bien renseigné dis-donc » sourit-il, amusé « mais oui, je participe au tournoi inter-lycées. D’ailleurs c’est un, pour ne pas dire « le », premier tournoi auquel je participe depuis ma venue au Japon. » Il soutint quelques instants le regard de Kantaro, tentant de déchiffrer ses pensées, puis haussa les épaules « Enfin, je jouais toujours simplement comme ça au Tennis, mais je doit t’avouer que la compétition me manque. Je n’ai donc pas hésité à m’inscrire à ce tournoi »

Il est vrai que, maintenant qu’il y repensait, Nathan avait ressenti comme un vide au fond de lui. Un vide que rien, même pas le violon ou ses entrainements quotidiens, n’avaient pu combler. Un vide don Nathan ignorait l’origine …. Jusqu’à cette proposition de tournoi. En France, Nathan avait une compétition presque tous les week-ends et adorait ça. C’était donc là où résidait le problème.

« Mais assez parler. Place à l’action maintenant ! » Déclara-t-il finalement

Se penchant légèrement en avant, ses deux mains attrapant sa raquette, les jambes légèrement écartés et fléchis, bien d’aplombs sur ses pieds, Nathan afficha une mine concentrer, fixant toute son attention sur son adversaire.

[tu peux PNJiser Nathan pour que tu ais plus de "choses" à raconter. Et désolé pour le temps d'attente ....]

Un léger soulèvement d'épaules accompagna la première remarque de Nathan. Oui, il était bien renseigné, du moins essayait-il. Etrange que les gens s'en étonnent. N'était-ce pas son rôle après tout ? Certes beaucoup de choses lui échappaient étant donné qu'il n'était pas omniscient non plus. Mais dans la mesure du possible, le président des élèves essayait de se tenir informé au mieux, et sa faculté à retenir facilement les informations l'aidait grandement dans cette tâche.
Ce fut à son tour d'être surpris par la suite des propos du français. Kantaro ne l'aurait pas imaginé parmi les adeptes de la compétition. Comme quoi les apparences étaient trompeuses... Il ne revint cependant pas sur le sujet et se contenta d'un hochement de tête approbateur. Ils auraient largement le temps de parler de tout ça après le match.

" En trois sets. "

Sur ces mots, la balle fusa à l'autre bout du terrain sans que Nathan ne réussisse à la récupérer. Le premier set se termina cependant par la victoire du français, plus échauffé que Kantaro. Après une courte pause, ce fut au tour du délégué de remporter le set. Egalité. Et les jeux se tenaient. Les niveaux des deux garçons étaient relativement équivalents.
Le dernier set fut encore plus serré que les précédents, alors qu'aucun des deux ne voulait lâcher prise. A la toute fin, Kantaro décrocha le set, mais il était difficile de dire si c'était parce qu'il s'était montré meilleur à ce moment là, ou si Nathan avait fini par céder à la fatigue de son entraînement intensif juste avant.

Après avoir repris son souffle, Kantaro avala une longue gorgée d'eau de sa bouteille et s'installa sur un des bancs longeant les courts. Il posa un regard satisfait sur Nathan. C'était un bon joueur.

" Ca faisait longtemps que je n'avais pas fait un match aussi serré. On doit être à peu près de même niveau. J'aimerais bien en faire d'autres à l'occasion. Si ça te tente, évidemment. "

Mais si Nathan aimait vraiment la compétition, il ne refuserait sans doute pas un adversaire de même valeur. Ne serait-ce que pour prendre sa revanche.

Bien qu’étant concentrer sur la balle et sur les futures actions de son adversaire, Nathan ne vit rien venir. Faut dire aussi que Kantaro engageait le match de manière assez violente et sans attendre. Ainsi le premier point revint au délégué. Mais, gardant son calme, notre jeune homme n’eut aucun mal à remonter et gagner ainsi le premier set. Content de lui, il se reposa quelque peu sur ses lauriers, ce qui valut à Kantaro la victoire du deuxième set. Ainsi donc, après avoir retrouvé la niaque et bien décidé de ne pas se laisser battre si facilement, Nathan se concentra d’avantage lors du 3ème set. Très serré, ce dernier dura bien plus longtemps que les autres pour, au final, se solder par la victoire du délégué.

Hors d’haleine, mais affichant tout de même un sourire à la fin du match, Nathan resta quelques instants sur place, observant Kantaro qui, comme lui, semblait exténué. Le suivant du regard vers le banc, notre jeune homme fut assez étonné de son propre calme. Non pas qu’il était mauvais joueur, mais qui est-ce qui aimait perdre ? Pourtant, il trouva que la victoire du délégué était amplement méritée. Lui-même avait fait quelques erreurs et n’avait pas été concentré à 100%.

Soit. Se dirigeant à son tour vers le banc, il attrapa sa bouteille d’eau et, tandis qu’il la dévissa, écouta Kantaro. N’était-ce pas une manière indirecte de dire qu’il était bon ? Si, surement. Du moins, était-ce ainsi que notre jeune homme le prit. Alors, se sentant grandir de quelques centimètres, il afficha un grand sourire et hocha vivement la tête :

« Très bon match, effectivement » dit-il avant de prendre deux longues gorgé de son eau. « Et c’est quand tu veux pour un autre match. » reprit-il en s’inclinant légèrement avant de se laisser tomber sur le banc à côté de son adversaire, dans un soupir qui en disait long sur son état actuel « en tout cas tu m’as littéralement achevé »

D’accord, Nathan avait déjà été sur le cours à jouer depuis plus longtemps que Kantaro, mais il doutait que cela jouait un très grand rôle dans le fait qu’il venait de perdre le match. Mais une dernière question lui triturait l’esprit.

« Hm, mais dit moi. Qui est-ce qui a fait les photos dont tu me parlais ? Avec lesquelles tu as réussi à décelé et travailler tes défauts ? »

En plus de la curiosité, venait le fait que ce serait une bonne idée. Dès fois que le fameux photographe accepterais de l’utiliser comme model, histoire de se voir lui-même en action.

Kantaro ne savait pas au juste ce qu'il avait dit de si particulier, mais Nathan en sembla ravi malgré sa défaite. Ca le changeait des réactions habituelles où même sa neutralité était interprétée comme du mépris -ce qui n'était pas loin d'être le cas une fois sur deux. Il n'allait donc pas s'en plaindre.
Un léger sourire désolé accueillit les paroles du jeune homme.

" Pardon. Mes frappes de balles ont tendance à être un peu violentes parfois. "

Et encore, il retenait toujours un peu sa force face à un adversaire. Il n'y avait bien que le mur des demi-courts pour souffrir de son côté bourrin quand il évacuait sa colère... ou la tempe d'Eiji, mais c'était une vieille histoire...

Il fallut quelques secondes pour que Kantaro comprenne de quoi parlait Nathan exactement. Il n'avait pas pensé que le français reviendrait sur ce point mentionné de façon anecdotique lors de leur précédente conversation. Ca avait dû faire son chemin dans son esprit pour qu'il relance le sujet.
Kantaro pencha doucement la tête, prenant son temps avant de répondre. Cette histoire de photos le ramenait toujours à sa première rencontre avec Hugh, à une époque où il était encore plus fermé qu'à présent. Le souvenir était précieux, pour de nombreuses raisons.

" Hugh. Je veux dire, Hugh Brown, de notre classe. "

La précision était superflue : il n'y avait pas deux personnes portant ce prénom au sein du lycée. Nathan étant dans leur classe, la confusion était impossible. Mais Kantaro avait la désagréable sensation de dévoiler son intimité en montrant qui il appelait par son prénom.

" Il est plutôt doué en photographie. "

Hugh Brown. C’était donc lui le fameux photographe qui avait tant aidé le délégué. Fronçant légèrement les sourcils à l’évocation de ce nom, affichant une moue de réflexion, le regard notre français se perdit dans le vide. Hugh Brown. Ce nom lui disait vaguement quelque chose. N’était-ce pas un de ses camarades de 3ème année ? Si, sans aucun doute. De toute manière, il y avait très peu de gens non Japonais dans ce lycée. S’il ne se trompait pas, Nathan en comptait 4: ce fameux Hugh Brown, le professeur de mathématiques, lui-même et l’infirmier –quoique ce dernier était tout de même à moitié Japonais. Mais soit. LE regard de notre jeune homme s’éclairci à nouveau, tandis qu’il réafficha un sourire et releva le regard vers Kantaro.

« Dit, Fugiwara-kun ? » commença-t-il avant de se faire un peu plus hésitant.

Faisant semblant de chercher ses mots, il réfléchit rapidement au fait que sa demande serait peut-être un peu trop mal placé. Enfin, il avait commencé à parler, ayant sans doute déjà ravivé la curiosité de son camarade de classe. Alors, pour ne pas le faire languir plus longtemps, il reprit la parole.

« Tu crois que Brown-kun accepterais de faire des photos de moi ? Tous les moyens sont bon pour pouvoir m’améliorer pour … » son regard et son sourire se firent très légèrement plus malicieux « pouvoir te battre, un jour. »

Bon, cette dernière condition était une condition comme une autre. Il aurait aussi très bien pu dire ‘pour ne pas me blesser’. Mais il avait choisi de mettre un peu d’humour – si on pouvait appeler ça comme ça - dans cette conversation. Bien que Kantaro et lui avait le même niveau, se pourrait très bien que, lors du prochain match, ce soit Nathan qui gagne. Et si ce fameux Hugh Brown pouvait l’y aider, pourquoi ne pas essayer ? De toute manière, notre jeune tennisman avait une revanche à prendre sur Kantaro.

Nathan semblait avoir une idée en tête mais hésitait à la dévoiler. Ca n'était pas la première fois qu'il lui donnait cette impression depuis leur rencontre sur le cours. Un manque d'assurance en lui peut-être ? Enfin, du moment qu'il ne laissait pas la discussion en suspens, le reste ne le regardait pas vraiment.

La question tomba enfin, et Kantaro reprit une gorgée d'eau pour dissimuler l'agacement qui le gagnait. Il s'y était un peu attendu, mais cela ne lui était pas moins désagréable pour autant. Sa possessivité galopante se serait sentie beaucoup plus satisfaite si l'objectif de Hugh ne s'était jamais tourné que vers lui. Mais il ne pouvait exiger une telle chose de son petit ami. Il l'aimait bien trop pour laisser sa jalousie priver le blondinet de ses passions.

" Sans doute. Il prend souvent des photos de sportifs. Il te suffira de lui demander. "

D'un mouvement souple, Kantaro se leva et s'étira, avant d'éponger son visage avec la serviette. Il n'avait pas envie de s'agacer pour des futilités, surtout après un match aussi agréable. Il valait mieux qu'il file sans tarder sous la douche.

" Tu m'excuseras, j'ai pas mal de travail pour le conseil. Ma pause est finie. J'espère qu'on aura une nouvelle occasion de jouer ensemble. "

Jolie excuse qu'il avait là. Le conseil des élèves lui permettait de couper court à de nombreuses discussions sans que personne n'y trouve à redire. La plupart lui souhaitaient même bon courage.
Après un petit salut, Kantaro fila donc aux vestiaires, son sac sur l'épaule.