Kami-sama, ce que ce sac pouvait être lourd.
Eiji réajuste la bandoulière de son sac de cours qui lui sciait l'épaule avec autant de délicatesse que possible et en espérant ne pas avoir l'air de soulever un parpaing. Heureusement pour lui, personne n'était tellement intéressé sur la manière dont un 3-A pouvait réajuster ses affaires, et chacun vacait à ses occupations, certains se rendant dans leur salle de classe, d'autres discutant par petits groupes dans les couloirs. Treize heures. Si pour certains la journée de cours finissait pour s'ouvrir sur les devoirs et activités de club, pour d'autres c'était la fin de la pause déjeuner et le moment de réintégrer la salle de classe. Eiji se trouvait dans le premier cas : nul cours ne venait obscurcir son après-midi de son ombre étouffante, et les activités de club ne commençaient pas avant de 17h aujourd'hui, lui laissant toute latitude de vaquer à ses occupations.

Il avait profité de sa pause déjeuner pour filer jusqu'au chenil, jouant avec un Shizuka en mangeant ses onigiri comme il pouvait, sous les yeux amoureux du chien qui ne demandait qu'à récupérer des miettes de saumon grillé ou de riz, n'hésitant jamais à lui sauter dessus pour aider les fameuses miettes à tomber jusqu'à lui.

Son sac s'agita, pesant lourdement sur son épaule alors qu'il ouvrait la porte qui menait jusqu'au toit. D'une main ferme, le kendoka le maintint en place le temps de refermer la porte métallique et jeta un coup d'oeil autour de lui pour vérifier que personne d'autre n'avait décidé de venir bosser ses cours ou simplement se reposer sur la terrasse au même moment que lui. Pour son plus grand plaisir, personne d'autre n'avait eu cette envie. Coup de pouce des kamis ou plus rationnellement, à cause du vent qui soufflait de manière régulièrement, emmélant ses cheveux, et des nuages qui s'amoncelaient à l'horizon, il n'en avait cure, seule la tranquilité comptait.
Avec un soupir de soulagement, il déposa d'abord la veste d'uniforme qui avait recouvert son sac, puis le sac distendu lui-même sur un des bancs. Aussitôt, une tête rousse et poilue en sortit et poussa un jappement, puis entreprit de s'extirper totalement du sac pour venir à sa rencontre, agitant de la queue d'une manière honteusement joyeuse pour un chien qui venait d'être enfermé dans une petite sacoche le temps de traverser tout un bâtiment.

" Tu deviens trop gros pour ça, tu le sais ? "

Loin de saisir le sens de sa phrase, Shizuka se contenta de lui donner un coup de truffe magistral, heureux comme un roi d'avoir pu suivre son maître quelque soit les circonstances.
Ce n'était guère malin comme idée, mais le chien avait semblé si dépité de devoir retourner dans son box au chenil qu'Eiji avait craqué et avait caché l'animal dans son sac avant de monter sur le toit tel un ninja, stressé à l'idée de se faire surprendre par un délégué à chaque virage. La chance avait été de son côté il fallait croire.

" Bon, maintenant, tu es sage et tu me laisses bosser, ok ? "

La salle de classe ou la bibliothèque avait été hors de portée, plaçant le toit comme solution de secours, qui paraissait plutôt agréable au final. Avec un soupir de soulagement, Eiji laissa son animal fureter à la découverte du toit en sortant son livre de maths et ses feuilles d'exercice. Le plus dur restait encore à venir.

[Hrp : Shizuka est un shiba inu pas tout à fait adulte encore, genre ça ]

Installé à cheval sur un banc, Eiji était plié en deux sur ses exercices de mathématiques, essayant laborieusement de se souvenir comment dériver cette fonction. Le côté particulièrement irréaliste de ce qu'il faisait le bloquait, comme toujours. Comme apprendre à conjuguer avec quelque chose d'aussi abstrait ? Si la physique ou la biologie était encore compréhensible, basé sur des faits concrets et réels, même si un peu lointain, les mathématiques par contre... lui aurait-on donné à apprendre des symboles cabalistiques pour des rituels magiques qu'il n'en aurait été pas plus étonné. Les sourcils froncés, il en était réduit à maudire le nom du prof de maths qui leur refilait les exercices sans trop se soucier de savoir s'ils avaient ou non compris le cours. Encore un devoir dont le résultat aller se montrer catastrophique...
Avec un soupir, il raya une énième fois une solution et entrepris de la gommer pour tenter une nouvelle résolution avec guère plus de motivation que la première, deuxième ou quatrième fois. Peut-être devrait-il finir par céder à la facilité d'aller mendier un peu d'aide auprès de Kantaro ?

Les aboiements furieux de Shizuka le sortir de sa transe mathématique juste à temps pour contempler le spectacle indescriptible du chien faisant la fête à un jeune homme, lui sautant dessus et le léchouillant avec son enthousiasme habituel. Image qui aurait pu être adorable mais qui donna l'impression au kendoka que son cœur venait d'être plongé dans une mare gelée. Vu la tête de l'autre garçon, la surprise n'était pas de son goût à lui.
En un instant, le plus âgé fut sur ses deux pieds, les feuilles d'exercices oubliées, prêt à intervenir.

" Shizuka ! Suffit ! Assis ! "

Penaud, le shiba tourna la tête vers lui avant de s'éloigner de sa victime pour venir poser son arrière-train aux pieds de son maître, sa queue touffue remuant de droite à gauche dans une vaine tentative de l'amadouer. Son intonation avait du suffire à l'alerter du fait qu'il était mécontent : Shizuka restait sensible au ton, et surtout aux cris des humains.
Malheureusement pour lui, le troisième année était surtout inquiet de la réaction de son kohai et de la possibilité de l'agacement de celui-ci face à cette présence impromptue. Il ne pouvait plus tellement se permettre encore des remontrances au vu de ses premières péripéties, si bien que son regard ne dévia pas du visage du jeune homme, oublieux pour quelques minutes de son compagnon canin.

" Euh... désolé pour ça. Il ne t'a pas fait mal ? Désolé s'il t'a surpris... Il est juste enthousiaste et joueur."

Et n'aurait normalement pas dû être sur le toit, mais c'était un minuscule détail que l'étudiant ne se sentait pas obligé de préciser pour le moment. Pas besoin de faire dégénérer une conversation pas encore trop rude, non ?
Les sourcils froncés, le kendoka tenta de remettre un nom sur la voix éraillée plus marquante que son physique de petit japonais mignon. L'illumination vint sous la forme de l'homonyme du prof d'art : difficile d'oublier un nom pareil, quand qui plus est il avait eu à faire au jeune homme dans l'atelier facultatif de cuisine.

" Tu venais chercher quelque chose sur le toit Hasegawa-kun ? "

Noyer le poisson, ou plus précisément le shiba-inu ? Que nenni ! Ou peut-être bien un peu, mais tant que ça restait crédible...

A première vue, son cadet ne semblait pas choqué outre mesure par la présence de l'animal, ni prêt à réclamer justice devant le principale à la vue du choc émotionnel qu'il venait de recevoir. Tant mieux. Si ça avait été cet emmerdeur de Nakamura qui avait ouvert la porte à la place du jeune homme, il était près à parier que celui-ci aurait déjà été en chemin vers le bureau du directeur pour réclamer justice, avec la même hargne qu'envers Shirogane. Pour être honnête, le kendoka avait plus de patience envers les chiens qu'envers les jeunes filles voyeuses dans les douches des garçons, mais on ne pouvait réclamer à tout le monde d'avoir le même état d'esprit.
Méfiant, il suivit tout de même les pérégrinations de son kohai sur le toit en direction du banc qu'il avait abandonné quelques minutes auparavant, sans toutefois trop s'en inquiéter. Nulle correspondance tabou ou magazine cochon n'attendait son regard parmi les papiers éparpillés à la hâte sur le banc de béton. A part s'abimer les yeux sur une réponse particulièrement fausse d'un exercice de maths, le première année ne trouverait rien d'inconvenant posé là.

La question, enthousiaste, lui fit revoir d'une autre manière le caractère du jeune homme qui avait semblé pourtant mal à l'aise devant le chiot : il prenait plutôt bien les choses au final. Le kendoka s'avança de quelques pas en direction du bas, laissant son ombre frôler le plus jeune. Non, il ne cherchait pas à être menaçant – c'était juste qu'il était difficile d'avoir l'air mignon et avenant quand on est plus grand, plus baraqué et qu'on arrive pas toujours à offrir un sourire franc parce qu'on est mal à l'aise – Après un instant d'hésitation, le sportif offrit un demi sourire à l'autre garçon.

" Il a encore quelques soucis avec les dérivés, c'est pour ça qu'il est avec moi : je le fais bosser dessus pendant mon temps libre."

Loin des maths et des discussions entre humains, Shizuka en avait eu assez de rester immobile et avait repris son occupation première puisqu'il lui était apparemment interdit de sauter sur les autres arrivants pour les inciter à jouer : la truffe sur le sol, les oreilles dressées, le chien flairait avec intérêt le sol et suivait toutes les dalles avec la plus grande attention, traversant dans un pas lent le toit de part en part. S'il avait pu parler, une bonne partie des secrets de l'école auraient pu être dévoilée en cet instant : qui était venu ici avec qui, quelles odeurs se mêlaient ensemble, qui était resté au même endroit des heures... les traducteurs Shiba_humain n'existant pas encore, l'honneur restait sauf pour les étudiants.

Du moins pour la plupart des étudiants. Avec un jappement bref, l'animal se précipita sur un petit objet qui était resté au sol et le cueillit avec délicatesse entre ses dents, le secouant avec ardeur avant de se coucher, le bloquer entre ses pattes avant et commencer à le léchouiller avec une intensité effarente. L'aboiement du chien alerta le maître qui se retourna pour contempler quelle catastrophe Shizuka allait à nouveau provoquer.

" Tu manges quoi toi ? Lache ça ! "

Le vent, ou un kami audacieux choisit ce moment pour souffler, envoyant valser dans les airs les exercices de maths faits avec tant de peine. Entre la sauvegarde de ses exercices, voué à une perte certaine par delà le toit, et celle d'un objet non identifié des dents de Shizuka, le choix fut vite fait : Eiji se retrouva à danser sur le toit comme un idiot pour tenter de rattraper les différentes feuilles, offrant ainsi un spectacle rare et particulier à Ryuu.

Qui aurait pu deviner que des feuilles de maths pouvaient se montrer aussi facétieuses et rapides ? Certainement pas un certain kendoka qui se devait d'user de toutes ses capacités physiques pour attraper au vol les différentes feuilles, le tout sans en passer une, ou lui-même, par dessus les barrières de sécurité, et en direction du sol deux étages plus bas. Un paquet de feuilles froissées entre les mains plus tard, et son regard se tournait en direction de l'appel au secours de Ryuu. Avec une certaine patience compte tenue de la situation qui n'était drôle que d'un point de vue extérieur – certainement pas du sien, ces fichues exo commençaient à lui courir gravement sur le haricot – Eiji posa un genou au sol et extirpa de sous le pied de l'adolescent une feuille maintenant ornée d'une magnifique marque de chaussure. On pouvait presque lire la pointure de l'autre garçon.

Avec un grognement agacé, Eiji enfourna le paquet de feuilles dans son sac et le referma avec une brutalité qui n'avait d'égale que celle avec lequel il assénait des coups pendant les entrainements de Kendo. Ou quand il se vengeait sur un adversaire plus ou moins innocent qui avait fini par le provoquer un peu trop.

" Merci "

Le ton rogue n'était guère assorti à ce qui était dit, laissant difficilement comprendre si :
Oui, il remerciait bien Ryuu mais était trop agacé par la situation pour avoir un ton gentil, ou , version moins agréable :
Il se retenait juste de mettre son poing dans la figure de son kohai qui avait osé mettre son pied sur son devoir.
Libre au plus jeune d'interpréter comme il le voulait la situation en fonction des données dont il disposait et du fait, qu'envers et contre tout, Eiji ne l'avait ni frappé ni même menacé.

La seule chose de menacée restant pour l'heure le pauvre strap innocent sauvagement agressé entre les pattes d'un Shizuka en grande forme. Shizuka dont Eiji se rappela la présence une fois ses exercices à peu près sauvés. Un soupire sur le bord des lèvres, l'athlète tendit les bras et empoigna le chien, lui arrachant de la gueule le petit objet, sans état d'âme pour les regards mouillés que pouvait lui lancer l'animal, déçu de se voir ainsi retirer son jouet sans aucune pitié.

Lentement, le trophée fut levé par une de ses petites pattes à hauteur de regard, détrempé de bave animal, mais au final bien moins abimé qu'il n'aurait pu l'être. Eiji posa un regard dubitatif dessus, se demandant s'il avait été jeté là à dessein – le méfait d'une demoiselle jalouse qui vole et ensuite un abandonne le strapp d'une de ses copines ? - ou oublié par hasard. A ses pieds, Shizuka tenta de tendre le museau pour récupérer ce qu'il devait croire maintenant être son dû. Eiji se contenta de lever le nounours un peu plus haut.

" Qu'est ce qu'il faisait sur le toit, lui ? "

Son ton était cette fois un peu plus calme alors qu'il s'adressait à nouveau à son kohai, le prenant à témoin plutôt que l'interrogeant réellement.

Un nouveau coup de vent arracha de sous la main de Ryuu la dernière feuille de cours non rangée, s'attirant un regard désœuvré d'Eiji alors qu'elle partait en voletant en direction du Mont Fuji, par delà la barrière, le toit et le parc.

" Laisse-la, vu ce que j'en faisais, ça sera pas une grosse perte..."

Cette fois, l'expression horrifiée sur le visage de son kohai n'échappa pas à Eiji, qui réussit même l'indicible exploit d'additionner deux et deux – difficile quand on voyait l'état de ses devoirs de maths – pour comprendre ce qui horrifiait le jeune garçon. Hum... oups ? Le kendoka était suffisamment habitué à la destruction semée par son chien pour bien connaître l'horreur mâtinée d'agacement à retrouver un objet aimé tout baveux et plein de traces de crocs. Et il s'agissait de son chien, une petite bête adorée, et non celui d'un autre lycée qui n'avait rien à faire en ces lieux.
De tout point de vue, Ryuu était plutôt patient de ne pas s'énerver plus contre le chien ou son propriétaire. Certes, il ne put que noter les quelques gestes rapidement signés, mais sa connaissance du langage des signes étant ce qu'elle était, le sportif ne put que ressentir une vague surprise en voyant l'autre garçon faire ce genre de gestes.

Machinalement, Eiji passa sa main dans ses cheveux, cherchant à afficher un calme et une contenance qu'il était loin de ressentir. Il n'aimait pas particulièrement se retrouver en défaut, mais l'idée que quelqu'un se retrouve léser par sa faute ou celle de son animal était gênante. Dire qu'il avait cru que l'autre garçon allait raler contre la présence de Shizuka et n'avait au final rien dit...
Certes, on pouvait mettre ce silence sur le compte d'une certaine crainte par rapport à un troisième année peu patient, mais certains ne se seraient pas gêné pour autant.

" Je peux essayer de le recoudre si tu veux. Et fais pas cette tête, faut bien que je recouse mes hakamas quand ils sont abimés, c'est pas les kamis qui vont le faire à ma place !"

Il n'avait pu s’empêcher de se mettre tout de suite sur la défensive à l'idée du regard forcément curieux que Ryuu allait poser sur lui. Oui, il se débrouillait pour raccommoder et faire les ourlets : il avait bien fallu apprendre pour entretenir ses hakamas mis à rude épreuve par des entrainements quasi quotidiens, comme le reste de son matériel de sport en fait.
En toute honnêteté, sortie du malaise qu'il ressentait face à ce passe-temps de fille, il ne pouvait même pas dire qu'il détestait franchement ça. Au contraire, ça rejoignait l'entretient de son shinai et du reste de son matériel en fait, un temps serein et paisible pendant lequel il se concentrait sur des petites taches précises. C'était l'idée qu'on pouvait se faire de lui qui le mettait mal à l'aise, idée liée à quelques autres soucis par rapport à son image qu'il nourrissait depuis un moment... mais ce n'était guère le moment d'en parler.

Préférant se concentrer sur la tache à venir que de se poser trop de question sur ce que pouvait en penser le 1ère année – et ainsi risquer de devenir agressif alors qu'il voulait juste l'aider - Eiji rappela Shizuka à ses pieds et attrapa l'animal dans ses bras. Paisible, celui-ci se laissa faire avec une docilité de peluche, bonne pâte ayant une confiance entière dans tout ce que pouvait lui faire son maître. Difficile pour Eiji de garder une image de grande brute insensible quand même son propre chien semblait s'y opposer.

" Au lieu de trouver un moyen de te suicider, viens avec moi, tu vas me garder Shizuka dans le parc pendant que je vais chercher de quoi réparer ta bestiole dans ma chambre."

Le kendoka récupéra sa besace et y colla le chien, le recouvrant de veste d'uniforme. En témoignage de l'habitude de cette pratique peu recommandable, Shizuka se contenta de se tasser au point de disparaitre sous le vêtement, ne laissant paraitre qu'une besace difforme et distendue, dans laquelle mieux valait ne pas passer à l'état des pauvres exercices d'arithmétiques.

" Dépéchons-nous. "

Souvent était peut-être un terme un peu trop fort. De temps en temps était plus proche de la réalité, à moins qu’occasionnellement ne soit le tempe approprié. Il y avait eu la fois où le chiot avait gémi si fort derrière sa grille qu'Eiji l'avait emballé dans son t shirt pour le ramener dans sa chambre un soir, tard, juste avant le couvre-feu, sous le regard amusé de Kantaro – pour une fois que le Président se livrait à une exaction ! - et exaspéré de Hugh. Il l'avait ramené à la première heure en allant faire son jogging. Il y avait eu cette fois – la première où Shizuka avait été glissé dans un sac, sous une veste d'uniforme – suite au défi lancé par Konata de faire venir l'animal sur le toit. Et encore une fois ou deux, où le kendoka s'était senti trop déprimé pour être seul et l'avait fait suivre, à chaque fois dans la chambre ou sur le toit, un endroit pas trop gênant pour les autres, ce qui expliquait qu'il ne s'était encore jamais fait prendre à ce petit jeu.

Une main posée sur ce qu'il devinait être la croupe de Shizuka, autant pour le rassurer que pour lui éviter trop de secousses, le sportif adressa un sourire amusé à celui qui le suivait en gage de réponse. A quoi bon lui expliquer le cheminement de ses pensées, ou devoir justifier ses actions comme autre chose que le défi d'un grand crétin qui s'amuser à amener son chien dans des lieux interdits ? Mieux valait passer ce détail sous silence, tant que l'autre était près à ne pas tout dévoiler au reste du lycée.

Perdu dans ses pensées, le kendoka manqua de rentrer de plein fouet dans son kohai quand celui-ci lui passa devant et lui indiqua de se taire. Comme pour contredire cette notion, Shizuka lacha un jappement plaintif étouffé par les couches de tissus, vite rassuré par une main apaisante le tapotant au travers du sac tandis qu'il essayait de comprendre le message. Ah, la salle de cours ? La salle de cours où le première année aurait du se trouver ? Eiji lui lança un regard interrogateur qui essayait de demander pourquoi l'autre ne pouvait retourner en cours au final, et le laisser se dépatouiller du strap. Le message devait être trop long et trop complexe à transmettre, puisque l'adolescent préféra se retourner et avancer à pas mesurés pour ne pas se faire voir ou entendre du reste de ses petits camarades. Apparemment, jouer les espions à pattes de velours avait bien plus d'attrait que d'aller s'enfermer dans une salle à étudier ou reproduire de l'art. Eiji ne pouvait qu'être d'accord avec lui.

" Kimihiro-kuuuuunnnnn ! "

Eiji se figea, pris en flagrant délit. Difficile de faire croire que l'on n'avait pas entendu quand on n'était quasiment seul dans un couloir. Avec un regard pour le première année, le jeune homme se retrouva, s'arrangeant pour prendre le plus de place possible dans le couloir – guère difficile avec son sac – pour boucher la vue à la nouvelle arrivante et laisser ainsi toute latitude à Ryuu pour arriver à la sortie sans se faire repérer. Le jeu en devenait presque amusant.
Tout sourire, Eiji donna son attention à la menue demoiselle de troisième année.

" Tu n'oublies pas l'entrainement pour le relais ce soir hein, il faut absolument qu'on finisse de définir les équipes et les remplaçants ! "

" Pas de soucis, je serais là, tu sais bien que je ne perds jamais une occasion de courire et de faire transpirer les autres. "

" Super. Tu as prévu autre chose d'ici là? "

" Faut que j'aille finir mes maths, je suis à la bourre ! A tout à l'heure ! "

Si le regard que lui lança la demoiselle était perplexe, et quelque peu déplacé jusqu'à son sac, elle ne chercha pas à le retenir. Il en entendrait surement parler tout à l'heure, mais en l'attendant... Eiji intercepta le première année fuyard à la sortie du bâtiment, dans une cour désertée.
Il attendit d'être dissimulé dans un coin plus reculé pour sortir Shizuka, l'attacher en vitesse et tendre la laisse à Hasegawa.

" Je te le laisse, je reviens de suite ! "

Ayant toute confiance en l'adolescent pour garder un chien relativement sage d'un peu moins d'une tonne, Eiji piqua un sprint en direction du bâtiment Meiji. Attention, nouveau record pour faire le trajet cours-internat à battre en vue !

Libéré du poids du shiba-inu, Eiji piqua un petit sprint en direction de l'internat et monta les escaliers quatre à quatre avant de s'arrêter à la porte 102. Comme prévu, la chambre était désertée. Entre Kantaro dont les devoirs présidentiaux lui volait quasiment tout son temps libre, et un Hugh dont les clucs et occupations – manga, dessins, photos et autre trucs artistiques – étaient à l'opposé des siennes, dans la philosophie comme dans la géographie, leurs emplois du temps étaient si dissemblables qu'ils ne se croisaient réellement que le soir, après toutes les activités du club.
Où est-ce qu'il avait rangé ça déjà ? Eiji ouvrit grand la porte de son placard, regardant de haut en bas le placard bien rangé sans voir l'ombre de la petite trousse totoro - offerte par Konata - qui servait de nécessaire de couture de fortune.
Mais bien sur ! Il s'en était servi pour la dernière fois quand il avait recousu un bouton de la chemise d'uniforme de Hugh, agacé de voir la manche de l'autre garçon batifoler autour de son poignet droit à force de passer son temps à la remonter pour encrer ou dessiner. S'il ne pouvait rien faire pour la multitude de petites taches d'encre de chine qui marbrait le tissu, le bouton arraché, ça , il pouvait encore le réparer, et c'est ce qu'il avait fait, agrippant le blond par l'épaule pour le trainer dans leur chambre entre deux cours, réparant en vitesse le bouton fautif sous les commentaires moqueurs du métis. Avant d'abandonner sa trousse dans le tiroir de son bureau parce qu'ils étaient en retard pour le cours suivant.

Victoire ! Elle était bien là où il l'avait jeté à la va-vite, entre un classeur et le livre à lire pour le prochain cours de japonais. Eiji l'extirpa de sa cachette pas si secrète et reparti au pas de course dans la direction d'où il venait. Il avait laissé assez longtemps le première année avec Shizuka : qui pouvait deviner ce qu'ils avaient fait l'un à l'autre pendant ce temps ?

Les mains sur les hanches, le sportif s’arrêta vers le parc, regardant à la ronde entre les arbres et au milieu de l'herbe verte en essayant de repérer les deux silhouettes. Ce fut finalement en baissant son regard au raz des pâquerettes qu'il repéra la masse compacte du chien en train de tenter de tracter son kohai en direction du plan d'eau. Ce qu'il réussissait relativement bien pour un chien de son gabarit. Il fallait croire que son chien était à son image : pas vraiment en délicatesse. A force de le faire courir des kilomètres avec lui tous les matins, il avait réussi à bien le muscler.

" Je suis là ! "

Sa voix réussit à obtenir tout ce que Ryuu galérait à avoir jusque là : le chien se figea avant de se tourner vers lui, remuant follement la queue et attendant sur place, immobile à l'exception de son fanion triomphant, que son maître arrive pour le féliciter.

" Tu veux te mettre près de l'étang ? Si tu veux. "

Il n'allait pas contrarier Ryuu pour si peu. Non que ce ne soit pas dans ses habitudes, mais sur le coup, il n'était pas dérangé par l'endroit. Il y avait bien un peu de vent et quelques nuages menaçants, mais ils restaient la garantie que personne ne viendrait les déranger pendant qu'il se livrait à des activités douteuses qu'il ne voulait voir révéler à personnes d'autres.
Quelques pas de plus avant de se laisser tomber dans un creux d'herbes touffus, Shizuka sur ses talons forçant Ryuu à suivre. L'animal eut tot fait de se vautre dans l'herbe, le ventre en l'air, tandis que son maître fouillait dans sa trousse à la recherche des bons instruments. Quelques secondes plus tard, il exhibait une fine aiguille et un rouleau de fil gris de coton. Assez épais, mais vu ce qu'il raccommodait en temps habituel...

" Fait passer le patient ! Et je garantis pas qu'il n'ai pas de cicatrice par contre."

La peluche dans une main et l'aiguille dans l'autre, Eiji se débrouilla comme il pouvait pour rapprocher les deux berges de tissus, plongeant l'acier au milieu du rembourrage pour réussir à obtenir un premier point un peu grossier. Ce n'était pas aussi compliqué qu'il l'aurait pensé, mais moins évident que de recoudre son hakama, tissu épais ou non. La peluche avait tendance à vouloir s’enfuir dans tous les sens plutôt que de rester sagement entre ses mains, sans oublier la ouate interne qui tentait une dernière percée entre les sutures, l'obligeant à coudre de manière hyperserrée. La peluche aurait une sacrée cicatrice en fin de compte. Ryuu pourrait toujours dire qu'il avait voulu ajouter à son charme en en faisant une peluche d'Halloween avant l'époque.

Shizuka tenta bien une nouvelle approche en se redressant, le museau tendu vers la petite peluche qu'il avait déjà amoché, mais un rappel à l'ordre vocal suffit à le faire se recoucher, le museau aplati dans l'herbe verte et la queue remuant follement, venant battre sur la cuisse de Ryuu à chaque mouvement.
Heureusement pour Ryuu, Eiji avait le regard fixé sur Shizuka quand l'adolescent posa sa question. Question tellement incongrue et inattendue qu'elle le fit suffisamment sursauter pour se planter l'aiguille dans le doigt, le forçant à interrompre son ouvrage le temps de porter la goutte de sang qui perlait à son doigt à sa bouche, lui donnant une seconde de battement avant de répondre. Seconde qui n'adoucit en rien le regard noir que posa le sportif sur son cadet. S'il n'avait eu les mains pleines, nul doute qu'il aurait étranglé le petit con, ou tout autre forme de torture qui convenait bien à la situation? Le cas échéant, il allait devoir trouver autre chose pour faire passer le message.

" Tu te fous de moi ? Oui, je sais cuisiner parce que j'aimerai bien ne pas en être réduit à bouffer tous les jours des ramens quand je vivrais seul et je sais coudre parce que mes hakamas se réparent pas automatiquement. Maintenant tu te la fermes et tu me laisses finir à moins que tu ne veuilles te retrouver à bouffer l'herbe et les vers de terre qui vont avec pour vérifier si je suis vraiment un mec."

Surpris par la brève colère de son maître, le chien s'était assis sur son derrière et les regardait maintenant, la tête penchée, comme en train de se demander si ça valait le coup d'intervenir ou si ce n'était pas des histoires de chien. Comme la tête d'Eiji se repencha à nouveau sur la peluche, l'animal estima qu'il n'avait rien à voir la dedans et s'en retourna à des occupations plus amusantes, comme venir fourrer une truffe humide et froide dans la nuque de Ryuu, reniflant avec le plus grand intérêt celui qu'il ne connaissait pas depuis bien longtemps.

Plantant l'aiguille avec plus de force que nécessaire, Eiji rongeait son frein. Une fille ? Lui, une fille ? Il voulait vraiment le bouffer son strap ? Il avait juste appris des éléments indispensables de survie, c'était logique, non ? Oui ? Cette remarque, il n'était pas près de la digérer.
Shizuka choisit ce moment pour repérer quelque chose vers le plan d'eau et partit à fond de train dans cette direction, laisse au vent et oreilles dressées.

" Mais bordel, rattrape-le ! "

Oui, il aurait pu le siffler et il serait revenu. Mais là, il voulait juste le voir disparaître de sa vue un moment.

Regarder Ryuu courir comme un dératé aux trousses d'un Shizuka endiablé vallait bien son brusque énervement. Le chien avait l'art et la manière de faire tourner n'importe qui en bourrique, et Eiji avait souvent dû à ses seules capacités de coureur d'arriver à rattraper ce petit bout de chenapan sans perdre sa patience. Heureusement, malgré les apparences, le chien répondait maintenant assez bien à ses appels et au sifflet pour qu'il ne se soucie plus de l'emmener promener ou courir avec lui. Ceci étant, le chien était visiblement excité... et Eiji n'avait pas pris la peine de le rappeler, lui laissant toute latitude de jouer sans se faire disputer.

Après un regard sur le duo, le kendoka se repencha avec sagesse sur son ouvrage, finissant quelques derniers points qui soudaient solidement la plaie jusque là béante de la petite peluche, réintégrant ainsi le rembourrage à l'intérieur. Le résultat était... solide, on ne pouvait pas dire le contraire : la bestiole ne risquait plus de se déchirait plus. L'esthétique par contre, n'était pas tellement conservée, sauf sil l'on souhaitait être gentil et prétendre que cela donnait un charme particulier au strap. Dans le genre nours baroudeur qui a vécu et qui a des cicatrices. Ne lui manquait plus qu'un tatouage et le look serait parfait.

Et les deux autres idiots, où en étaient-ils ? Eiji se leva et marcha en direction du plan d'eau, se dirigeant aux aboiements de Shizuka plutôt qu'au visuel. Debout comme s'il ne savait qu'en faire – ce qui était surement le cas soit dit en passant – Ryuu contemplait Shizuka qui s'acharnait contre une grenouille. Bien grand mot puisque son acharnement semblait consister à lui tourner autour et à donner de la voix. Le kendoka ne chercha pas à retenir le sourire qui illumina son visage à la vue de son animal. Rien ne semblait jamais compliqué quand on le regardait vivre.

«  Shizuka ! Au pied ! »

Le shiba jappa une fois de plus avant de venir trotter jusqu'à son maître, fier comme un paon d'avoir délogé la grenouille de sa mare. A priori, l'idée de ne pas l'avoir ramenée au pied d'Eiji ne le dérangeait pas plus que ça, et si sa queue fouillant l'herbe restait une bonne indication, il repartirait sitôt l’intérêt de son maître ailleurs. Attraper la laisse semblait être une bonne idée pour éviter ce soucis.

Avec un regard lourd de sous-entendu, le travesti fille/garçon apprenti couturier-cuisinière de fortune tendit le bras, balançant la breloque sous le nez du premier année – avec au moins la décence de ne pas l'éborgner au passage malgré l'envie fugace de le faire. Après tout, malgré sa grande gueule, il ne semblait pas être un mauvais garçon. Ca lui allait bien d'avoir des pensées pareilles...

«  Ne le perds plus, je ne garantis pas que Shizuka en laisse assez pour le recoudre une prochaine fois. Et pas sur que tu trouves une fille assez sympa pour le recoudre. »

L'autre main du kendoka se retrouva soudain sur la tête du cadet... et lui ébouriffa sans prévenir ses cheveux déjà en désordre d'un geste plus amical que véhément.

«  Si t'as un doute sur le fait que je suis une fille, viens me voir au dojo, je te montrerai ce que font les vrais mecs. »

Merci Shizuka pour l'effet anti-stress.

Avec curiosité, Eiji regarda adolescent signer devant Shizuka. On pouvait vraiment se faire comprendre avec ce genre de gestes ? Pour lui, il avait l'impression d'une suite de mouvements désordonnés, juste un peu plus complexe que du para para, mais qui avait le mérite d'attirer l'attention complète du shiba, qui suivait les mouvements de main avec un intérêt qui s'approchait de la fascination. Il fut d'ailleurs surpris de ne pas le voir sauter sur les mains de Ryuu pour les attraper ou les lécher.
Eiji secoua la tête et tapota sa main sur sa cuisse, attirant l'attention du jeune chien qui revint s'assoir à son pied, la queue remuant toujours avec véhémence. Que faudrait-il pour finir de l'épuiser ? Quelques kilomètres de course en plus ? Essayant de ne pas oublier l'autre humain sur place, le kendoka lançant un petit sourire ironique à son cadet.

«  La prochaine fois, trouve une nana pour le recoudre ton nounours, je déclare forfait. Enfin si Shizuka est ok avec toi, il n'y en aura pas d'autres, hum ? »

Loin de la conversation, le chien battait de la queue et fixait le plan d'eau avec un intérêt renouvelé. Il avait comme un doute sur le fait qu'il ignorerait l'ours si jamais son chemin croisait à nouveau le petit strap mais... on pouvait toujours l'espérer. Depuis ses premiers pas à ses côtés, l'animal s'était grandement calmé. Ses baskets l'en remerciaient pour cela d'ailleurs. Les premières semaines avaient été hautes en moment de destruction, laissant Kantaro et Eiji songeurs sur les possibilités de le garder. Depuis...il fallait juste faire attention, comme aujourd'hui.

Le jeune homme allait repartir quand une idée frappa son esprit. Le genre de détail qu'il aurait été trop heureux de passer sous silence mais... en toute honnêteté, vu le comportement de Shizuka, il ne povuait l'outrepasser. Certes, Hasegawa-kun, avec sa façon de mettre ses pieds dans sa bouche, n'était pas vraiment un adolescent innocent et angélique qui traversait le lycée en suivant à la règle toutes les lettres – sa fuite du cours d'art en était bien une preuve – mais lui se sentirait mieux après ce petit exercice de style.

«  Au fait... merci de ne pas t'être plaint de la présence de Shizuka sur le toit. Bon courage pour la fin de la journée et la fin du cours. »

Voilà, c'était fait. Si la plupart des gens auraient trouvé la présence de l'animal adorable, ça aurait pu totalement changé devant les dégâts qu'il avait commis. Le sportif ne savait pas ce qui aurait été le pire : qu'on lui interdise de garder Shizuka après un tel tour, ou qu'il récolte encore un nouveau blâme sur un dossier déjà abimé. Sans aucun doute, la première solution. L'idée de ne plus avoir sa bestiole près de lui était un crève-coeur. Et mieux valait ne pas l'annoncer trop haut, de peur que quelqu'un comme Ryuu ne trouve encore ça trop féminin. Il y avait un sexe de prédilection pour aimer son animal ?
Sur un dernier signe de tête, Eiji attrapa fermement la laisse et partit en direction du chenil avec un bref appel pour le shiba. Une seconde plus tard, les deux rompaient au pas de course, ravis de pouvoir se défouler en courant à tout à l'heure, humain comme canin. Ils avaient un trop plein d'énergie à dépenser avant de pouvoir retourner s'enfermer, l'un comme l'autre !

[hrp : fini pour ma part :3 Et c'est quand tu veux pour en refaire un :p]

C'est sûr qu'il n'y en aurait pas d'autre si réellement le brave toutou s'attaquait aux chaussettes de son maître ! Rien que d'imaginer la tête du kendoka en voyant Shizuka avec un lambeau de tissu dans la gueule l'obligea à pincer ses lèvres pour ne pas rire. Ainsi, avec cette envie de rire lisible sur son visage, il secoua la tête en guise de négation. *Non, je me fies à ton chien pour s'attaquer uniquement à tes affaires et oublier les miennes !*

« Merci en tout cas » *Miss*

Il estimait toutefois qu'il se devait de le dire encore une fois, en évitant soigneusement de terminer avec sa pensée. Là, Ryuu était certain de finir décapité alors que finalement, Eiji n'était pas un mauvais bougre dans le fond. Sur cette nouvelle marque de gratitude, Ryuu ressortit la peluche de sa poche et la regarda une dernière fois. *Ça fera l'affaire... j'espère.* Mais en faisant contre mauvaise fortune, bon cœur, il sourit malgré tout en lançant le nounours en l'air pour le rattraper tout aussi vite et le remettre dans sa poche pour éviter toute nouvelle agression canine.

D'autant, qu'aux dernières nouvelles, leurs chemins se devaient de se séparer là. Ryuu devant retourner vers son homonyme tandis que Eiji avait certainement d'autres occupations pour le reste de l'après midi : la chasse aux batraciens peut-être. Mais alors que Ryuu lui fit un signe d'au-revoir, se résumant à deux doigts sur la tempe avant de s'apprêter à rebrousser chemin, voilà que son aîné le stoppa. Le forçant à tourner à nouveau la tête vers lui.

*Chacun fait ce qu'il veut que je sache !* pensa Ryuu en haussant les épaules. Mais alors que sa pensée était indifférente, son sourire montra qu'il n'en voulait ni à l'un, ni à l'autre. Et puis finalement, tout deux avait un secret sur l'autre. Eiji qui emmenait un chien un peu partout dans l'école et Ryuu qui séchait allègrement les cours pour retrouver un stupide objet sans réelle valeur. Alors il se contenta d'un clin d'œil complice et s'inclina pour prendre à nouveau congé.

« On va faire aller... » soupira-t-il.

Il restait maintenant à trouver un prétexte bidon pour le prof d'art. C'est pourquoi Ryuu marcha calmement, le temps de trouver. Jetant juste une fois un œil en arrière pour voir les deux molosses (l'humain et le chien) filer au pas de course. *Il est plus marrant que je ne croyais finalement...* sourit-il avant de rentrer dans le bâtiment scolaire. Ce fut d'ailleurs une fois l'entrée franchie que son visage changea du tout au tout. L'adolescent grimaça et se tint le ventre alors qu'il frappa à la porte de sa classe. Feindre une subite indigestion devait être dans ses cordes pour ne pas finir avec une belle heure de colle.

[HJ : de même, quand tu veux ;)]