Jools avait décidé de sortir aujourd’hui. Les mains dans les poches de son pantalon beige et son MP3 sur les oreilles, il avançait tranquillement dans la rue en fredonnant la chanson qu’il écoutait. Les murs blancs et impeccables de l’école, sans aucune vie intérieure lui avait semblés bien mornes et l’américain avait choisit de mettre un terme à sa torpeur ce jour même. Les cours n’étaient pas bien intéressants depuis que la majorité de Shokuboo s’était rendue dans son pays natal. Il manquait du mouvement à l’établissement à présent, et lui qui haïssait au plus haut point l’ennui se trouvait très mal à son aise dans celui-ci. Abordant un sourire enfantin du haut de ses 17 ans, un air insouciant s’installa sur son visage. Alors qu’il pensait à son père qui croyait dur comme fer qu’il était parti avec les autres élèves pour Chicago, sa ville natale. Il serait bien surpris de ne voir son fils alors qu’il savait parfaitement le programme puisque Jools lui avait envoyé en promettant d’y aller. Le jeune homme sentait venir d’ici le coup de téléphone imminent que ses parents lui donneraient. Il aurait le droit à des remontrances mais pas des plus gravissimes car un enfant gâté n’est jamais bien longtemps fâché par ses géniteurs. Il ne serait pas puni, bien sûr que non. Que pourraient-ils faire de toute façon. Être dans ce pays lui plaisait plus qu’à l’ ordinaire et rien ne le ferait changer d’avis pour qu’il rentre au bercail, même pas les menaces du paternel.

L’américain ouvrit deux grands yeux étonnés lorsqu’il sentit tomber sur lui quelques gouttes de pluie. Il rabattit sur son crâne la capuche de son sweet et pencha la tête en avant pour le pas recevoir une quelconque goutte dans la figure. Il détestait devoir masquer ses cheveux. Sentiment dédié principalement aux filles, mais il n’en faisait rien. Ses mèches blondes proches du blanc complétées de nombreuses perles et tresses de toutes les couleurs faisait sa fierté. Et rien ne lui faisait plus plaisir qu’on regarde avec attention sa tignasse. Ce n’était pas seulement sa tête que les passants regardaient malgré la pluie, c’était lui tout entier. Avec sa taille élancée, ses vêtements colorés bien qu’ils soient ordinaires, son expression de gamin de trois ans et ses magnifiques yeux bleus qui se posaient partout. Jools se redressa un instant et, avec un large sourire, accueilli avec joie un arrêt de bus qui se dressait non loin devant lui. Il se mit à courir, aussi vite que son sac en bandoulière le lui permettait, perdant au passage la capuche qui se remit dans sa position d’origine. Essoufflé, le jeune garçon s’arrêta brusquement lorsqu’il fut arrivé à proximité et failli tomber en arrière. Il se redressa rapidement et se plaqua contre la vitre avant de s’affaler sur le sol. Il s’accroupit et secoua la tête en posant ses bras sur ses genoux. Les perles s’entrechoquèrent et provoquèrent un certain bruit en projetant de l’eau un peu partout autour de lui. Avec un grand sourire, il se tourna vers la jeune fille près d’elle qu’il avait remarquée de loin. Dévoilant toutes ses dents, il la détailla de ses pupilles bleues.

« Désolé de t’avoir arrosée. »

Ayant toujours son Mp3 sur les oreilles, le jeune homme ne saisit pas la première partie de sa phrase et ôta en toute vitesse ses oreillettes. Il mémorisa son nom et obéissant à ce qu’elle avait dit, il se leva et s’assit sur le banc, en ramenant ses jambes de chaque côté. Jools pencha la tête en arrière et son crâne vint s’appuyer sur la vitre. Il resta ainsi une bonne minute avant de voir que la jeune fille frissonnait. En même temps, elle n’était pas très bien couverte. L’américain baissa le regard et ses yeux se posèrent sur le pantalon de la demoiselle. S’il y’avait bien quelque chose qu’il n’aimait sur les filles, c’était les slims. Ignorant sa remarque intérieure, il retira son sweet et le tendit avec un grand sourire. Il terminait en T-shirt vert fluo, mais il n’y accordait pas d’importance. Un frisson lui parcourut l’échine, et là, il fut bien obligé d’y accorder un minimum d’attention. Il détestait la pluie, mais il ne faisait pas froid à en geler direct, c’était plutôt le faite qu’il soit trempé de la tête au pied qui lui faisait avoir froid. Après avoir lâché le sweet sans un mot, Jools plongea ses mains dans ses cheveux dégoulinants, les secoua une énième fois du mieux qu’il pouvait et les laissèrent reprendre leur place habituelle. Des mèches humides vinrent lui barrer le visage, il les dégagea d’un mouvement de la tête, provocant des petits tintements audibles pour les personnes aux alentours, grâce à ses mèches pleines de perles en bois.

« Enchantée Mademoiselle, je suis Jools Halenbach. »

Il avait parlé d’une voix gaie, agréable et proche de la joie en ponctuant sa phrase par un sourire. L’américain ne savait faire que ça, sourire, mais ça lui paraissait tellement naturel de le faire. Une journée sans sourire était une journée qui ne méritait pas d’être vécue. Il n’avait rien dit quand il lui avait tendu son sweet, mais Jools était sûr qu’elle avait comprit. Elle ne paraissait pas sotte et le froid n’atteignait pas le cerveau d’après ce qu’il savait. Si la jeune fille lui avait tendu en lui disant qu’elle n’en voulait pas, son expression se serait transformée en un instant, et, avec le regard qu’il aurait lancé, elle aurait bien été obligée de l’accepter. Mais ce n’était pas le cas, et il ne voulait pas que ça le devienne. Lunatique, tout en fierté. Il savait utiliser son défaut à merveille.

« Puis-je savoir ce que fais une aussi jolie jeune fille telle que toi par ce temps orageux ? »

Séducteur, non, absolument pas, il était engageant voila tout. Une jeune fille qui se voit entendre qu’elle est jolie et autre qualificatifs qui leur font plaisir, sera toujours plus encline à continuer une conversation.

Jools refusa poliment l’écharpe de la jeune fille d’un hochement négatif de la tête et d’un sourire à moitié crispé. Elle n’avait pas besoin de s’inquiéter, ça irait, ça va toujours pour Jools de toute façon. Son sourire s’élargi franchement lorsqu’elle émit un sous-entendu affirmant qu’il était joli. Il n’y avait pas meilleur façon de lui faire plaisir au tout début d’une conversation. Yelle aurait dit qu’il été mignon, l’américain lui aurait sauté dans les bras. Tout ce qui pouvait le rattacher à l’enfance lui faisait plus que plaisir et lui apportait autant de joie qu’un chocolat chaud, qui aurait été plus qu’appréciable, par ce temps. Ses beaux yeux bleus s’illuminèrent quand elle complimenta son prénom et il éclata de rire soudainement. Ce prénom avait tout une histoire bien sûr, mais la plupart des japonais ne voyait pas la différence. Une personne provenant des Etats-Unis ou d’Angleterre aurait tout de suite comprit. Le jeune homme regarda son interlocutrice dans les yeux, et avec une voix qui trahissait son amusement, lui lança :

« C’est un prénom de fille, mais merci tout de même. »

Jools lui fit un clin d’œil et se tourna vers la route où, malgré la pluie, un nombre impressionnant de voitures de différents genres roulaient à une allure assez vive. Bien sûr qu’il était à Shokuboo, il n’aurait pas accepté d’aller dans une quelconque autre école dont la renommée n’était pas audible jusqu’en Amérique. Sa mère l’avait inscrit dans cette école, en sachant bien qu’il était modérément d’accord avec elle. Il lui fallait tout de même un minimum de renom. Les écoles qu’il avait fréquenté dans son pays natal faisaient parties des plus prestigieuses, sans être la crème de la société américaine. Être gâté depuis la naissance n’arrangeait rien, surtout lorsque l’on avait un père directeur de clinique. L’arrivée à Shokuboo n’avait rien provoqué en lui, mais les deux premiers jours l’avait totalement changé. Pouvoir côtoyer des gens de tous les horizons était vraiment plus intéressant que de se trouver enfermé entre quatre murs avec une trentaine de personne dont les parents sont friqués aux as.

« Oui, je suis inscrit dans cet établissement. Depuis peu d’ailleurs. J’ai 17 ans si tu veux savoir. »

Le jeune homme lui lança un sourire engageant en tournant la tête dans sa direction. Provocant un mini concert dans sa chevelure. 17 ans physiquement et largement moins de 10 dans ses périodes enfantines. Il pouvait passer d’un seul coup à un caractère véritablement désagréable, froid et sans scrupule pour les autres. Devenir détestable l’instant suivant.

Dix-huit ans ? Et bien, elle ne les faisait vraiment pas. Le jeune homme avait entendu dire que les filles aimaient entendre ce genre de chose, mais il ne tenta pas pour vérifier. Il n’aimait pas jouer son Don Juan, et ne supportait pas qu’on le drague en quelconques circonstances. Jools ne passait pas sa vie, ou plutôt, le début, à courir après toutes les demoiselles qu’il croisait, il trouvait ça puéril. Même si lui était un enfant dans l’âme, il n’appréciait pas ce genre de chose et la plupart des personnes qui semblaient s’intéresser à lui, il les trouvait tout bonnement ridicules. Le véritable sens du mot. Certes, l’américain avait eu quelques aventures, mais elles n’avaient jamais duré bien longtemps pour qu’il s’en intéresse. Ce jeune homme était tout simplement trop volage. Rares étaient les représentantes du sexe féminin qui attiraient son attention. Sa dulcinée devra être considérée comme « étrange » par les autres. Tout comme lui. Quelqu’un qui lui ressemble. Qui ose fièrement affiche son aberration pour la mode et qui affirme ses propres décisions sur ses vêtements. Une demoiselle qui a un tempérament de feu, qui ne se laisse pas faire, qui aime rire, et à qui rien ne fait peur. Une jeune femme exceptionnelle à ses yeux. Qu’elle soit élancée comme un mannequin ne lui plaisait en rien. Tout ce qui est petit est beaucoup plus mignon.

Un certain renom, oui, c’est ce qu’il avait espéré en arrivant à Shokuboo. Mais par rapport à ses anciens établissements, cette école là n’était qu’une modeste école de quartier. Mais ne se plaignions pas. Contentons-nous du peu que nous avons. Oui, bien sûr, pas de problème. Mais comment faire quand on est habitué, depuis son plus jeune âge, à recevoir le maximum. Jools aurait pu rester aux Etats-Unis, avec ses parents, à attendre patiemment de recevoir le même métier et continuer à la suite de son père. Mais non, il ne voulait pas. Il s’était décidé à lui tout seul ce qu’il ferait. Au début, ils n’avaient rien voulut savoir. Mais le jeune homme avait tout fait pour les chercher, changeant d’humeur fréquemment. Et comme d’ordinaire, sa mère la première, avait craqué et l’avait envoyé assez loin pour ne plus avoir à supporter ses jérémiades. Et le voila arrivé dans le pays d’origine de sa chère maman. Et dans la même école en plus de cela. Vu les années passées entre deux, Jools aurait pensé que l’établissement aurait prit de l’ampleur. Mais non, tout au contraire, il était resté le même, avec quelques changements par-ci par-là, mais presque non voyants.

« Même si je suis seule, ça ne change rien, cette école n’est pas comparable avec celles que j’ai fréquentées auparavant. »

Jools avait parlé d’une voix calme et n’avait fait aucun sourire pendant tout ce temps. Le jeune homme pencha la tête en direction de Yelle et vit qu’elle tentait sans vraiment y arriver de ne pas croiser son regard. Il porta ses mains à ses bras, comme pour essayer de faire disparaître la chaire de poule qui s’installait sur ses bras. Il sourit enfin, lorsqu’il comprit, en détaillant le visage de la jeune fille qu’elle n’arrivait pas à sourire. Nombres de personnes qu’il avait rencontrées se trouvait ainsi tristes et à la fois écœurées de ne pas réussir à lui renvoyer un sourire aussi éclatant que le sien, ou même de simplement le regarder dans les yeux alors qu’il souriait simplement, comme à son habitude. Trop de pensées encombrantes, dont on aimerait bien se débarrasser. Le jeune homme tendit une main en avant et tourna doucement le petit visage de Yelle vers lui. Ila la fixa intensément de ses yeux bleus, tout en lâchant son visage et lui sourit encore une fois. Mais d’un sourire moins éclatant que les autres, un sourire compréhensif en quelque sorte.

« Ça arrive. Mais ne détourne pas les yeux pour autant. »

Oui, ça arrive de ne pas réussir à sourire quand on veut. De se forcer, et de finir en larme un instant plus tard. Mais il fallait affronter. Jools n’attendait pas un sourire de la jeune fille, mais seulement qu’elle ne détourne plus le regard. Le jeune homme plongea la même main qui lui avait servit pour attirer l’attention de Yelle dans sa poche et en retira un appareil photo. Sans laisser lui laisser le loisir de se recoiffer, et autre chose inutile que font les filles, ou même de se rendre compte de la nature de l’objet qu’il avait sortit de sa poche, il la prit en photo et déclara avec un sourire franc, cette fois ci :

« Souvenir. »

Pas comparables à celles qu'il a fréquentées ? Et bien, le jeune homme avait apparemment d'après cet indice, fréquenté des écoles d'un niveau très élevé. Ce qui veut dire que le jeune homme était un gosse de riche. Non, Yelle ne juge pas comme ça. La première chose qu'elle se dit, ce fut : en fait je suis pas si seule que ça. Yelle aussi venait d'une famille qui avait plutôt les moyens, voir même de gros moyens. Mais là, elle avait plus que les moyens, elle pouvait ne pas travailler, elle pouvait vivre comme une retraitée avec tout l'argent qu'elle avait. Enfin qu'elle avait bientot avoir, vu qu'elle n'avait pas encore 18 ans, et qu'elle n'avait pas accès direct à son compte bien rempli. Mais, lorsqu'elle regardait le jeune homme, enfin Jools, elle voyait bien qu'ils se ressemblaient, ils savaient tous les deux que dans les cas où ils étaient tous les deux, ils avaient un chemin déjà tout tracé, qu'ils avaient décidé respectivement de déviés. Peut être que lui c'était par choix, Yelle, c'était par défaut. Elle avait perdu les 3/4 de sa famille, alors elle décida de faire comme s'il ne s'était rien passé. Elle avança dans la vie, sans avoir ses parents derrière elles, et ses grands parents à l'encourager.

Tout ça pour dire, qu'ils avaient à peu près les même origines. Seulement, il n'avait pas le même genre de vécu. Enfin ça se trouve que le jeune homme avait vécu la même chose qu'elle, mais vu le sourire qu'il gardait sur son visage, Yelle pensa immédiatement que c'était improbable. A moins que le jeune homme soit vraiment fort mentalement, ce qui était en général le cas de beaucoup d'hommes. Je suis complètement perdue là... Bref, Yelle pensa à tout ça, sans trop se préoccuper de la personne qui se trouvait à coté d'elle, dont elle commençait un peu à oublier la présence. Mais cette présence la prit par surprise délicatement. Yelle ne controlait plus rien, sentant les larmes lui monter, elle s'était paralysée en un instant. Elle regarda le garçon d'un air de chien battu sans arriver à le changer. Que faire ? Jools la fixait, ce qui la paralysait de plus en plus. Ses mains tremblaient, mais elle ne s'en rendait même pas compte. Elle savait juste que c'était pas à cause du froid, mais du fait qu'elle était complètement hors service. Yelle avala sa salive, un gloups se fit très bien entendre tout en gardant son regard dans celui de Jools. A peine Yelle eut le temps de se rendre compte de ce qui s'était passé, qu'elle fut prise en photo par le jeune homme. Très surprenant, elle ne grimaça pas, mais ses yeux s'ouvrirent en grand comme un réflexe. En général, on ferme les yeux face à un appareil photo, mais là non, elle les avait ouvert en grand. Puis au moment de les fermer, quelques larmes s'échappèrent sans même que Yelle puisse faire quelque chose. Elle les essuya à toute vitesse.

" Excuse moi... J'essaye de faire des efforts... On se ressemble un peu... Tu as l'air d'être dans une situation plutôt aisée... ce qui est mon cas... Seulement j'ai perdu beaucoup de gens dans la famille, alors... Bah... Ca a bousculé beaucoup de choses... Pourquoi je te raconte tout ça ? J'essaie de me justifier mais ça va rien changer... Bon... Pour continuer... Dans son ensemble architecturale, tu l'aimes bien l'école ? Tu connais des gens ici ? "

Yelle savait pas trop quoi dire, mais elle voulait absolument rattraper la situation. Hors de question qu'elle craque de nouveau devant le jeune homme qui lui avait un mine resplendissante, et qui avait un sourire longue durée. Elle en pouvait plus, il fallait que ça se stoppe,e t c'était à elle de prendre les choses en main. A partir de maintenant, elle ne devait plus pleurer devant qui que ce soit, ni même montrer sa tristesse. Elle l'avait fait trop souvent, c'était fini maintenant. Stop it now ! Yelle souria, mais ferma les yeux, comme ça, elle ne détournait pas le regard, elle le cachait. C'était comme une issue de secours, qu'elle empruntait, une fois de plus dans sa vie. Elle échappait à tout. Comme maintenant. Elle échappait la réalité, c'est à dire : sa tristesse longue durée...

( pas terrible :-S j'ai fait beaucoup de répétitions désolée, j'espère que tu m'en veux pas trop, si tu veux que je fasse des RP plus courts, dis le moi, hein ? ^^ )