Pas forcément heureux, le retour [PV ma biche Sheikhan]

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Le petit blond se frotta les poignets…Ils les serraient ces fichus menottes, ces bandes d’enfoirés… Il détestait les flics, et en regardant ce papier qu’il avait entre les mains, il était bien forcé de constater qu’il en était devenu un lui-même… Il avait envie de l’arracher, de le mettre en pièce, et de l’écraser, de leur faire manger le moindre petit coin de feuille. Seulement, il n’avait pas le choix, ce « métier » faisait désormais partie intégrante de son identité… Il était un flic, et c’est tout. Quand on le croisait dans la rue, on ne le voyait pas, c’est sûr, ils lui avaient tout de même permis de rester habillé comme il l’était habituellement, et pour cause, s’il s’infiltrait là où il était si célèbre dans les quartiers chauds, il ne tiendrait pas longtemps s’il avait arboré leur superbe costume bleu…

Le jeune homme se dépêcha de s’éloigner du commissariat à grand pas, et il regardait cette entrée bondée de voitures de police comme s’il devait les craindre toujours, peut-être quelques réflexes qui resteront en lui à jamais qui sait… Seulement, désormais, il devrait se rendre dans ces bureaux au moins une fois par semaine pour leur témoigner de l’avancée ne serait-ce qu’infime de l’enquête, ils voulaient tout savoir… Pourquoi pas une caméra cachée non plus ? Saleté de poulets…

Il avait besoin de se défouler, et pourtant il n’en avait plus le droit. C’est ce qui serait certainement le plus difficile à venir, de ne pas pouvoir évacuer sa colère.. Se contenir, toujours et encore, ils le connaissaient mal… ils en auraient à couvrir des erreurs judiciaires et ce genre de trucs… Parce que même s’ils le renvoyaient en prison, ils avaient besoin de lui pour coincer Sheik’, personne ne pouvait le coincer à part lui… Et il n’avait pas le courage de le coffrer maintenant s’il le croisait… Il devrait juste cacher son présent, et ses absences…

Il savait très bien que de toute manière, le brun ne lui demanderait rien, mais il était évident qu’il n’avait pas pu rester dans la rue, et ne plus avoir aucune blessures, et en plus, par-dessus le marché, guérir les anciennes… pour sûr, ils l’avaient gardé enfermé à l’hosto pendant je ne sais combien de temps… A croire qu’ils n’avaient jamais vu quelqu’un de vraiment blessé, les pauvres petites infirmières débutantes –et très jolies d’ailleurs- ne savaient plus pas où commencer… Il les aurait bien guidé s’il avait pu, mais non, aucune infirmière n’aura pu croquer le fruit du péché en compagnie du jeune blond… dommage, quel gâchis…

Il continuait de marcher, et regardait les passants sans grande conviction… pourquoi tout le monde n’avait pas une vie aussi compliquée que la sienne ? Ou plutôt, pourquoi n’avait-il pas une vie aussi simple que celle des autres ? Il n’en savait rien, comme si le destin s’était acharné sur une seule personne, et que Dieu avait décidé à sa naissance que ce serait lui… remarque, il pensait mourir avant la trentaine, et il fallait bien se rendre à l’évidence que s’il terminait cette année-ci, il finirait par les avoir ses trente ans… Quoi que qui sait ce qu’il peut arriver en une année, quand on se rendait compte du changement opéré chez le jeune homme en seulement deux ou trois mois…

Il était plein de paradoxes, et il faut dire que de passer de tueur à flic, il y a un grand pas, même si c’était malgré lui… Et puis, ils lui avaient interdit de faire parler de la police, d’affaires sombres et de tremper la brigade dans les erreurs judiciaires… en clair, il ne devait pas se faire choper dans quoi que ce soit… Seulement, qui a dit que c’était interdit de commettre quelque crime que ce soit, si personne n’est là pour en témoigner ?

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Longue journée en perspective. Sheikhan s’alluma une clope. Les yeux rivés sur les papiers qui trônaient sur le plateau incliné, le jeune homme s’interrogeait. Dans la pièce d’à côté, un grand roux s’activait. Il entendait quelques marmonnements indistincts, parfois un juron. Au moins il était tranquille pour travailler. Tellement d’ailleurs qu’il ne faisait rien. Il tira sur sa cigarette et regarda le crayon qui était posé sur les plans. Il s’ennuyait. Comment pouvait-on lui avoir donné une telle tâche à accomplir. Non qu’il s’en sente incapable, loin de là. Il avait même déjà mis en route son projet. Le poisson avait mordu à l’hameçon. Le brun expira un nuage de fumée. Oui, le surveillant s’était laissé approcher. Avec quelques efforts et de la persévérance, il finirait par avoir ce qu’il voulait. Restait à mettre à exécution l’autre partie.

« Bordel !!! »

Le voleur soupira et fit pivoter sa chaise avant de se lever. Une fois dans la salle attenante, il s’appuya sur le mur. A quelques mètres devant lui, pencher sur la petite table de la salle à manger, un homme fulminait.

« Qu’est-ce qui t’arrive ?
- Ton matos a lâché. »

Le propriétaire de l’appartement haussa un sourcil en portant la tige de tabac à sa bouche. Quelques secondes plus tard, il se décida à répondre.

« Il fonctionnait avant que tu n’y touches. »

Un raclement se fit entendre, puis le bruit d’une chute. La chaise de bois sur laquelle était assis son « invité » venait de choir au sol. Celui qui, peu avant, se tenait encore dessus était à quelques centimètres de lui. Menaçant.

« Commence pas à m’faire chier Sheikhan ! Ton truc, c’est juste d’la merde !
- Si t’es pas foutu de t’en servir, j’y peux rien. »

Une sage parole qu’il se serait abstenu de prononcer s’il avait deviné la suite. Porté par ses nerfs, le roux venait de faire demi-tour. Il redressa le siège et récupéra sa veste avant de se saisir du matériel à souder et de le balancer contre le mur. Évidemment, maintenant, ça allait beaucoup moins fonctionner…

« J’me tire !
- A ton aise. »

La porte claqua. Ce mec était définitivement trop bruyant. Les voisins allaient encore râlé quand il les croiserait. Ca faisait une semaine qu’il était là. Une semaine de trop. Sheikhan se sentait d’humeur à l’achever. Il ne pouvait pourtant pas. On lui avait bien fait comprendre qu’Il voulait des résultats de leur équipe et que toute tentative pour se débarrasser de l’autre membre de l’équipe serait sanctionnée. Le brun eut un rictus méprisant qui disparut quand il ramassa son outil. Il n’avait plus qu’à s’en trouver un autre, songea-t-il en voyant l’état de la bête. L’autre con n’y était pas allé de main morte avant qu’il n’arrive.

L’ancien dealer termina sa cigarette et écrasa son mégot dans le cendrier le plus proche, puis retourna dans sa chambre. La compagnie des feuilles couvertes d’écriture et de traits n’était pas désagréable. Il se posa à nouveau et se saisit des photographies de l’école. Où pouvaient bien se trouver ce fichu lieu ? Il n’avait pourtant vu aucune porte louche…

Il se laissa aller contre le dossier et observa le plafond décrépi. Combien de fois s’était-il dit qu’il ferait des travaux de rénovation ? Il n’en avait toutefois jamais le temps. A peine finissait-il un job qu’on lui en confiait un nouveau. S’en était à regretter le temps où, logeant dans le pensionnat, il pouvait faire ce que bon lui semblait. Enfin bon, se perdre dans les méandres de ses pensées n’était pas une bonne idée.

« Et ce bâtard ne va pas me racheter de quoi faire les soudures… Putain, il m’emmerde vraiment, lui ! »

Son exclamation retentit dans le silence de l’appartement. On entendait juste, en arrière-fond, un soupçon de salsa. Le gars du dessus sans doute. C’était à croire qu’il n’écoutait que ça de ses journées. A force, le jeune homme s’y était fait, mais il se rappelait assez bien de ses envies d’éviscération du début.

Sa main attrapa son paquet de cigarettes. L’habitude prenant le pas sur la raison, il glissa ses doigts à l’intérieur pour se saisir de sa source de calmant mais il ne toucha que l’aluminium des rebords. Il se redressa et jeta un œil avant de lancer d’un geste négligent le conteneur de carton sur sa table de travail. Plus de clopes non plus. Il allait vraiment devoir sortir là. Et faire ses courses aussi. Il avait la dalle. Le frigo était presque vide et il commençait à se lasser des ramens.

Ce fut donc décidé d’un coup qu’il se leva. L’estomac et l’addiction étaient trop forts pour qu’il lutte et reste à faire ce qu’il se tuait à faire ces derniers temps : travailler. Il sortait pourtant parfois, allait visiter deux ou trois contacts dans les rues pour ne pas perdre la main. Ça lui était même arrivé de se battre et il s’était pour la peine accordé le droit à prendre quelques cours d’arts martiaux. Un petit plus appréciable pour lui et qui le maintenait en forme. Non qu’il ne se soucie pas de rester en bonne condition physique sans ça, au contraire.

Tout à ses pensées, Sheikhan jeta un œil par simple réflexe à l’extérieur. Il faisait beau, mais sans doute frais. Il fit quelques pas et prit une veste qu’il enfila avant de se tapoter les poches extérieures. Une fois sûr que son porte feuille était bien là et après vérification de la somme qu’il contenait, il embarqua ses clés et sortit, se souciant peu que Gabriel se retrouve devant une porte close en revenant de sa « promenade digestive ».

Le brun fit quelques pas et descendit en bas de son immeuble par les escaliers, avant d’emprunter rues et ruelles jusqu’à son marchant de tabac. Là, rassasié et heureux de tenir en main la sainte cartouche, il en sortit un paquet pour s’allumer une tige en se dirigeant vers les magasins d’alimentation. Il s’arrêta pourtant net. Face à lui, à quelques mètres, se trouvait un blond qu’il n’avait plus revu depuis des mois. Ce dernier ne semblant pas lavoir encore aperçu, le voleur hésita sur la marche à suivre mais décida finalement d’aller vers lui. Même s’il s’était décidé à lui « rendre sa liberté » pour que son amant (ou ex amant ?) ne subisse plus rien à cause de lui, sa vue réveillait dans son corps des émotions qu’il croyait avoir enterrées. A l’évidence, ça n’était pas le cas. Le cœur battant, les mains légèrement tremblantes par l’anxiété – lui qui restait toujours maître de lui, quel comble ! – Sheikhan apostropha finalement l’autre frangin.

« Yo. »

Et merde ! Sa voix s’était faite peu sûre d’elle ! Quelle plaie !

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Nihya avait eu le réflexe d’enfiler la feuille qu’ils lui avaient confiée dans la poche arrière droite de son jeans. Il n’avait même pas prêté attention à ce geste, parce qu’il pensait déjà au suivant. Pas même le temps d’y penser davantage, il sortait déjà une clope de son paquet, et s’apprêtait à l’allumer. La clope, c’était bien le seul truc dont il était finalement resté dépendant. Il savait bien qu’il lui suffirait d’une seule dose pour retomber dans le reste, mais tant qu’il pouvait s’en passer, pourquoi pas, ça fera plus de sous pour remplir le frigo…

A cette pensée, le blond esquissa un fin sourire, il n’avait jamais eu ces préoccupations-là, qui étaient pourtant le quotidien de milliards de gens de nos jours. Préparer les courses, repasser le linge, faire le ménage… Lui ses soucis étaient carrément différents, et ils l’avaient toujours été. La seule période où il avait endossé plus ou moins le rôle de père contre son gré était elle aussi révolue puisqu’il n’avait pas recroisé le gamin depuis très longtemps, et à vrai dire, il n’était pas pressé de revoir la deuxième tête blonde, certainement la seule autre au Japon…

Un mini double, qui le mettait au pied du mur à chaque fois, et il appréhendait déjà bien assez de croiser Sheikhan à lui tout seul… Que lui dirait-il ? Un instant il pensa à la scène culte du genre « au nom de la loi je vous arrête » avec les menottes et tout, et durant ce moment, son sourire s’élargit légèrement, avant qu’il ne baisse la tête et la bascule à nouveau, pour remettre ses cheveux hors de ses yeux… Il n’avait jamais cherché à aller chez le coiffeur, à croire que ses cheveux ne poussaient pas tant que cela… De toute façon ce n’était pas important.

Il porta la cigarette à sa bouche, et l’alluma au même moment que retentit une voix qu’il connaissait tellement bien… Si bien qu’il sentit son cœur accélérer… la seule personne qu’il ne voulait pas croiser serait devant lui lorsqu’il remonterait son regard…

Le jeune blond releva doucement la tête, et planta ses yeux verts dans ceux du brun, sans même enlever ses cheveux de son regard… Il ne sut quoi répondre, et tira sur sa clope, tout en la gardant à ses lèvres. Il recracha la fumée quelques secondes plus tard. Le fait d’avoir été sevré il y a un petit moment déjà lui donnait encore meilleure allure qu’auparavant, il avait l’air plus lumineux, et déjà, il ne sentait plus l’alcool… Il avait ses manches relevées, chose qu’il ne faisait jamais avant, mais désormais, il n’avait plus aucune trace de piqûre à camoufler…

Après un silence pesant cette fois, il répondit d’un chuchotement presque, comme à son habitude… Il esquissa un très léger sourire sans joie, à peine perceptible, mais que Sheikhan saurait remarquer, il n’en doutait pas… Cependant, celui-ci s’effaça rapidement après son mot, qui fut exactement le même que celui du brun…

« Yo… »

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Sheikhan détailla l’homme du regard. Il avait l’air en forme. En fait non, c’était même plus que ça. Il avait meilleure mine que toutes les autres fois où le brun l’avait vu. Son regard semblait normal, sa peau avait retrouvé une couleur plus naturelle, il n’avait pas l’air blessé non plus. Oui, il était en forme. Et il avait l’air clean. Avait-il enfin arrêté de se détruire complètement avec la drogue ? Le voleur voyait qu’il avait relevé ses manches. Rien. Pas une seule trace de piqûres, à part peut-être des restes d’avant. Le métisse sourit légèrement, curieusement heureux. Il allait bien. Vraiment bien. C’était rassurant.

« T’as l’air en forme. »

A peine avait-il dit ça qu’il se sentit ridicule. Des mois qu’il ne l’avait pas vu et il ne trouvait rien de mieux à affirmer. Pourquoi pas lui parler du beau temps aussi ? Bon sang. Il se sentait l’âme d’une midinette devant son héros. C’était horrible. Et insupportable ! Il avait 20 ans, c’était un mec en pleine possession de ses moyens et il se comportait comme une adolescente énamourée, incapable d’avoir une pensée cohérente et pire, incapable de se taire s’il n’avait rien à dire ! Quelque part, il sentait qu’il fallait qu’il dise quelque chose. Ils n’allaient pas rester là à se regarder dans le blanc des yeux tout de même. Il fallait qu’il trouve un truc. Un truc plus intelligent que ce qu’il avait déjà sorti. Il ne trouvait rien. Le brun referma la bouche qu’il avait entrouverte pour parler. Peut-être que rester silencieux était préférable, après tout. On disait bien que le silence était d’or et la parole d’argent.

Il y avait pourtant une multitude de choses qu’il aurait voulu demander. Qu’avait-il fait ces derniers mois ? Avait-il vraiment arrêté de se droguer ? Où était-il passé ? Que faisait-il maintenant ? Est-ce qu’il lui avait manqué ? Est-ce qu’il lui avait pardonné pour Aoi ? Ou peut-être juste : est-ce qu’il lui avait pardonné ? Et finalement, il avait presque envie de lui demander si là, maintenant et tout de suite, il pouvait le serrer contre lui à l’en étouffer. Il avait cru le perdre, avait tout fait pour se donner une raison, avait finalement renoncé à le chercher en se disant qu’il avait tout fait pour que ça en arrive là. Et là…

Le brun finit par couper la poire en deux et s’alluma finalement sa cigarette, appréciant le calme tout relatif qu’elle lui apportait. Sa nervosité n’en était pourtant pas réduite de beaucoup. Il dut même s’y reprendre à plusieurs reprises pour remettre le briquet dans sa poche. Finalement, il lâcha un sourire un peu triste, expira la fumée en évitant de l’envoyer contre Nihya et reprit la parole.

« On a l’air con au milieu d’la rue. J’t’aurais bien proposé de v’nir chez moi mais y a l’Aut’ qui va nous faire chier. »

Et puis il ne voulait peut-être pas. En fait, Sheikhan aurait peut-être du ne pas aller vers lui. Il ne savait pas du tout si le blond était toujours ok pour lui parler. Avec le temps qui était passé, il avait sans doute du tourner la page. Non. Le brun l’observa un peu plus, comme si le voir suffirait à percer tous ses mystères. S’il pouvait se vanter de le comprendre sans que trop de mots ne soient prononcés entre eux, il ne pouvait clairement pas prétendre tout savoir de lui. Mais là, quand même, il y avait quelque chose. Il ne le laissait pas totalement indifférent, donc tout n’était pas perdu.

N’est-ce pas ?

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le brun avait l’air gêné par ces silences qui étaient, il faut bien l’avouer, plus qu’inhabituels entre eux deux. On ne peut pas dire que Nihya fut gêné par ces silences, il était plutôt dans ses pensées, il gambergeait, et finalement, pour le coup, il ne réalisait pas vraiment que Sheikhan était face à lui. Il n’avait rien à dire lui non plus, pas même des réflexions stupides du genre « tu vas bien depuis tout ce temps ? » Il ne réagissait même pas que ça faisait plus de deux mois qu’ils ne s’étaient pas vu, le temps passe vite derrière les barreaux, et cette ville n’ayant pas changé d’un poil depuis son départ, il avait l’impression que la vie avait arrêté son cours, et qu’il état revenu ici, que tout avait repris son court normal… il avait l’impression de ne rien avoir loupé…

Seulement tout le reste du monde avait continué à vivre, normalement. Et le brun aussi avait continu à vivre, il avait probablement cherché à le retrouver les premiers temps, mais qui sait, il s’était probablement consolé avec quelqu’un d’autre, il ne savait pas encore qui mais quelle importance finalement ? Le blond n’avait plus envie de se battre pour ce qui ne lui appartenait pas… le brun était libre, libre de faire ce qu’il voulait, et Nihya avait appris bien assez jeune que rien ne nous appartenait, et c’était tellement prétentieux de dire que l’on possède quelqu’un… On possède l’amour qu’il veut bien nous donner durant quelques temps, mais sa personne n’appartient à personne, même si parfois, le jeune blond avait l’impression qu’il appartenait à quelqu’un qui jouerait avec sa vie comme avec un poupon… Une vie aussi nulle que la sienne, ça ne pouvait pas arriver par hasard… Autant essayer de tirer aux dés… Tssk.

Il esquissa un sourire ironique quand le brun parla. Bien sûr qu’il était plus en forme physiquement, mais toujours plus détruit qu’auparavant dans son intérieur, et ça, il ne pouvait le confier à personne, pas même à la seule personne qu’il aimait sur cette Terre, le brun. Il tira une latte sur sa clope et analysa les yeux bleus de son interlocuteur… Voilà bien longtemps qu’il n’avait pas plongé ses pupilles dans celles-ci… Il avait des yeux si beaux si… purs… Bien plus purs que l’âme de leur propriétaire d’ailleurs mais peu importe…

Rien n’importait pour Nihya, et il ne cherchait à se raccrocher à rien. Il portait un sac, occasion exceptionnelle aussi en présence du brun. Un petit sac en bandoulière, comme un étudiant qui irait en cours, même s’il n’avait plus vu de salle de classe depuis des années… Dedans, il possédait tout ce que pouvait se vanter de posséder un jeune flic : une arme à feu et des menottes, complétées de quelques bricoles.

Seulement, il ne bondirait pas sur celui qu’il devait coffrer pour être libre... C’était dur, et il ne pensait pas avoir à faire face à ce choix un jour… L’amour contre la liberté… Sa liberté contre celle de la personne en vie qui lui était le plus chère… De toute façon, c’était sûr, s’il devait le chopper un jour, il était bien loin d’être prêt pour ce face à face qui les forcerait à se battre… une fois de plus. Et Dieu seul sait que leurs affrontements avaient été loin d’être enfantins, à chaque fois, l’un ou l’autre en avait pâti de manière si forte… Ils se haïssaient autant qu’ils s’aimaient, et c’était bien ça qui les forçait toujours à devoir se retrouver, et qui les forçait malgré eux à s’aimer… pour la vie certainement… triste destin me direz-vous…

Seules quelques secondes s’étaient écoulées avant les paroles du brun, et c’est étonnamment avec le sourire aux lèvres que le blond passa sa main dans ses cheveux, et répondit…

« Ouais… Tu n’as pas changé depuis la dernière fois… »

Lui non plus n’avait trouvé aucune autre parole qui aurait pu être intelligente. Ils étaient ici comme deux gamins qui se retrouvent, et ma foi, ils paraissaient aussi bêtes qu’ils avaient tellement changés, qu’ils ne s’étaient vu pendant tellement de temps qu’ils ne se déchiffraient plus mutuellement, et que désormais, les mots étaient indispensables presque… ça aussi c’était triste, mais bon. Il hésita un instant, et esquissa un véritable sourire comme on lui en avait vu très peu, à part étant tout gamin. Il se frotta la tête d’un air un peu idiot, et adressa une réponse à la seconde proposition de Sheikhan…

« Au pire on pourrait faire comme les gens normaux pour une fois, et aller prendre un verre dans un café… Non ? »

Ca lui faisait terriblement bizarre de parler comme ça avec Sheik’, mais parfois, ça avait du bon de se dire qu’il n’était pas si différent des autres après tout. Peut-être était-il un mec normal finalement… Pas tant que ça, mais il était humain, comme les autres, et désormais, il n’avait plus à se cacher, il aurait bien assez payé toutes ces dettes, après cette vie au service de ses plus grands ennemis…

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Il n’avait pas changé ? Si, quand même. Peut-être pas physiquement, même si ses cheveux avaient encore poussé. Un jour il les ferait couper. Un jour. Mais la question n’était pas là et Nihya avait déjà enchaîné sur une autre remarque. Remarque pertinente que le brun approuva d’un léger signe de tête, avant de se tourner pour observer autour d’eux. L’envie de marcher ne lui prenait pas. Les silences qui ne manqueraient pas de s’installer entre eux le gênait. Une chose étrange pour deux amoureux de la non-parole, à défaut de la non-violence. Où étaient donc passées les périodes de calme où ils n’échangeaient pas un mot ? Le temps avait décidément effacé bien des choses…

« Le bar là-bas m’a l’air pas mal. »

Les yeux rivés sur une enseigne engoncée entre deux magasins de vêtements, Sheikhan observait les quelques passants qui évitaient les tables encore dehors. Malgré le froid, le propriétaire n’avait pas semblé utile de les faire rentrer et elles étaient empilées deux par deux, enchaînées littéralement l’une à l’autre. Peut-être n’avait-il juste pas de place. Le brun s’en moquait.

Sitôt l’accord du blond donné (je suppose qu’il ne fera pas la fine bouche), le voleur entama sa marche vers le lieu de débauche. Une question lui taraudait l’esprit, bien plus innocente que toutes celles qui avaient précédées. Comment allait-il s’en tirer sans boire d’alcool ? Si le blond n’avait pas arrêté réellement la boisson, le criminel se sentait bien finir rond comme une barrique. Et ça, c’était une mauvaise idée. Il ne voyait pas comment, une fois désinhibé, il allait se retenir de lui faire subir les derniers outrages.

Il coula un regard sur la fine silhouette à ses côtés. Ni’ ne serait certainement pas contre. Enfin il osait espérer lui faire toujours un peu d’effet. Peut-être pas autant qu’avant, mais un peu quand même. L’idée qu’ils puissent finir par se séparer totalement lui paraissait moins bonne maintenant qu’Il était de nouveau dans les parages.

Le voleur s’obligea à penser à autre chose et poussa la porte, la retenant une fois entré pour que le blond ne se la prenne pas dans la tête. Sans attendre davantage, il se dirigea vers une petite table, un peu éloignée des personnes déjà présentes (deux ivrognes déjà bien faits et quelques amis qui discutaient). Ses yeux se posèrent sur l’autre homme, l’interrogeant du regard. Une fois assuré que ça lui convenait, le brun s’assit et garda le silence quelques secondes.

« Je crois que c’est la première fois qu’on fait comme tout le monde… »

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C’était la première fois qu’ils faisaient comme tout le monde, oui. Et Nihya avait, ma foi bien appris difficilement à faire comme tout le monde. En plus ces fichus bars étaient non-fumeurs… Kss. Ils entrèrent, et Nihya reprit la porte en scrutant tous ceux présents à l’intérieur. Il faut dire qu’ils avaient tous tourné leurs regards en leur direction lorsqu’ils étaient entrés... Remarque, opposés comme ils étaient, pas étonnant que les gens soient surpris en les voyants côte à côte. Un grand bruns aux yeux bleus, c’était peut-être étonnant, d’autant qu’il ne faisait pas asiatique… Mais le petit blond aux yeux verts qui, lui faisait asiatique sans aucun doute les perturbait, semble-t-il, au plus haut point… Pensez-vous donc…

Il avait eu un petit haut le cœur en émettant l’hypothèse intérieurement qu’un flic ait pu venir boire un coup ici, mais non, personne à l’horizon, et dans sa poche, il sentait toujours ce fichu bout de papier qui faisait de lui un flic… Il détestait cela, mais il n’avait pas vraiment le choix, et rien que le fait d’y penser le faisait se tendre de toute part… Il prit un bon souffle et passa une rapide main légèrement angoissée dans ses cheveux… Et si un jour son amant découvrait tout ?

Il le suivit sans trop faire attention à vrai dire, et leurs pas les menèrent a une petite table reculée, qui, néanmoins surplombait légèrement la salle. Parfait. Ils savaient tous deux gardé leurs réflexes de planque, et pourtant, ils avaient l’air de gars normaux… Même pas homos, en plus =D

Nihya s’asseyait face au grand brun et esquissa un fin sourire pour lui-même. Depuis combien de temps le brun n’avait-il pas bu ? Et combien de verres pouvait-il ingurgiter sans devenir saoul ? Le blondinet n’en savait rien, mais malgré son sevrage forcé, il restait de loin le maître des deux… certes il ne descendait plus des bouteilles entières, mais il restait un buveur averti, et ça ne le gênait pas bien, du temps de la tôle, de jouer je ne sais quoi au poker, avec une bonne boisson, et il finissait toujours par tous les coucher les uns après les autres… amateurs...

Son regard se tourna vers son vis-à-vis, légèrement inquiet, il se demandait si c’était le verre qu’il redoutait tant, ou le fait de devoir parler avec le blond. Sûr que c’était un peu angoissant, d’en venir aux mots entre eux deux… ils n’avaient jamais eu besoin de cela auparavant... Cependant, c’était marrant de se voir dans cette situation… Comme on dit, qui l’eut cru hum ?
Le sourire du blond devint plus visible, et son ton fut blagueur…

« Bon alors, tu prends quoi ? »

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Quelle bonne question ! Nihya ne se doutait sans doute pas de ce qu’elle provoquait chez son amant (ex-amant ?). Non que boire quelque chose lui paraissait un calvaire, il avait étrangement le gosier sec. Toutefois, à la différence de Stevens qui ne savait rien de lui et avec lequel il s’était permis de prendre un diabolo menthe, avec le blond, ça ne passerait pas aussi bien. L’avis des autres l’indisposait généralement peu, mais il savait que l’autre homme allait se foutre de lui pendant un bon moment s’il prenait un truc sans alcool. Ou alors…

« Un expresso, ça suffira. »

Il n’était pas obligé d’avouer qu’il ne tenait vraiment pas l’alcool et sa virilité n’était pas trop mise à mal. L’honneur étant sauf, il se permit un sourire fugace.

« Et toi, alcool je suppose. »

La surprise d’avoir parlé – encore – lui fit plisser les yeux un court instant, mais il redonna à son visage l’aspect détaché qu’il avait normalement. Une pensée couvrit pourtant toutes les autres et s’imposa à lui comme un boomerang. C’était la fin. La fin d’une période relativement heureuse, quoique compliquée. S’ils en arrivaient à s’exprimer plus souvent avec des mots qu’avec des silences, des regards bien dosés et quelques gestes savamment effectués, l’heure de la séparation était là. Et il ne le voulait pas. Vraiment pas. Tout n’avait pas toujours été rose, certes, mais la passion, la compréhension, l’action et l’amour n’étaient pas des choses qu’il voulait écarter de sa vie. Nihya était tout ça pour lui, depuis le premier jour ou presque. Dire qu’au départ, il avait juste voulu jouer !

Se rendant compte d’où ses pensées le menaient, il les chasse d’un geste mental de la main. Ses yeux se fixèrent dans ceux de son vis-à-vis. Vert amande contre bleu cobalt. A croire que même pour leurs regards, ils n’avaient pas pu se résoudre à faire comme tout le monde.

« Qu’est-ce qui t’amène à Tokyo ? »

Sa voix s’éleva à nouveau, à peine plus forte qu’un murmure cependant. Le blond devait l’avoir entendu, les autres clients, non. Il n’avait pas osé demander plus fort. Pas par timidité, pas par souci de discrétion. En fait, il n’était pas certain de vouloir savoir, parce que, vraiment, il n’arrivait pas à se décider quant à ce qu’il avait envie d’entendre.

Invité

Le jeune blond sourit quand son vis-à-vis lui fit part de ce qu’il commanderait… ça lui avait jamais réussi de boire de l’alcool à celui-ci… Le blond avait toujours été sans conteste le meilleur buveur entre les deux… Mais il y avait bien des domaines dans lesquels le brun était meilleur que le blond… Entre autres il était un bien meilleur voleur…

Chacun sa spécialité me direz-vous, et le blond n’avait jamais attaché beaucoup d’importance à piquer chez les autres, quoi qu’il avait été un art dans le pick-pocket il y a quelques vingt ans de cela… ça faisait bizarre de se dire que c’était si loin que cela, l’enfance. Le brun en était un peu plus proche, lui, et ma foi, ça lui allait assez cette vingtaine… Il était mignon, et avec le temps qu’il ne l’avait pas vu, le blond redécouvrait presque ses yeux bleus qu’il avait fixé pourtant tellement de fois… dans des moments parfois bien plus intimes que celui qu’ils étaient en train de vivre…

Nihya se surprit dans ses pensées, et il se rendit compte que ça faisait bien longtemps qu’il n’avait pas repensé avec nostalgie à ses moments avec le brun… Serait-il en manque d’affection de la part de celui-ci ? Certainement, parce que dans un sens, il ne serait pas revenu à Tokyo si ça n’avait pas été le cas… Quoi qu’il n’avait pas vraiment eu le choix, vu la mission qu’on lui avait collé dans les bras, ils lui avaient refilé le bébé sans se soucier de ses petits problèmes personnels… Comment il se démerderait avec tout ça lui, hein ? Chier…

Il secoua légèrement la tête, faisant voler ses mèches blondes au passage, et il regarda le brun avec une lueur malicieuse dans les yeux… Bien sûr qu’il ne boirait pas de café, lui… Puis il lui adressa sa commande d’une voix légèrement sensuelle qui troublerait sans aucun doute le brun, d’habitude, ce n’était pas Nihya qui prenait cette petite voix langoureuse, mais après tout, peut-être ce passage en tôle l’avait-il rendu plus sympathique… On peut toujours rêver non ? Quoi que le brun ne l’aimerait certainement pas autant s’il n’était pas aussi pourri que cela…

« Pour moi, ce sera une tequila… »

La question suivante du brun le rendit beaucoup moins à l’aise, mais il n’en fit rien paraitre… Il se contenta se passer sa main dans ses cheveux une fois de plus, et d’esquisser un très léger sourire que le brun ne percevrait peut-être même pas… Il ne savait quoi répondre, il n’allait toujours pas lui dire la vérité, certainement pas… Parce qu’en vérité, il avait un choix difficile à faire… sa vie ou celle de son amant, quoi qu’il aurait bien choisi de sauver celle du brun, mais s’il avait accepté de sortir de prison, il ne tarderait pas à y retourner pour perpette s’il ne donnait pas quelque résultat que ce soit très très rapidement… Et en revanche, ce n’était pas chose facile, pas qu’il ne pouvait pas coincer le brun, s’il en avait non seulement le courage, il pourrait le coffrer tellement facilement si celui-ci ne s’en doutait pas, mais c’est surtout qu’il se battait contre lui-même…

« Tu me manquais… »

Tant pis pour les apparences, parce qu’en vérité, c’était un peu ça qui l’avait poussé à accepter cette mission merdique…

» De retour...Pourquoi?!?!?! T_T
» Okami le retour
» Sheikhan [Validé]
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» Sheikhan ? Flâner ? Ben... Ouais ! [PV]

Pas forcément heureux, le retour [PV ma biche Sheikhan]

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