La nuit était déjà bien avancée lorsque Vlad ouvrit les yeux. Il les cligna même plusieurs fois, les paupières gorgées de sommeil. Puis soupira de fatigue et se résigna à se lever. Devenait-il insomniaque ? Ou était-ce simplement l'excitation provoquée par l'hiver ? Ou bien...de la nostalgie ? Peut-être, peut-être pas. Le Roumain s'efforça de ne pas réveiller son colocataire en s'extirpant de la chambre. Hésitant, il finit tout de même par prendre la décision de s'habiller. Un baîllement le surprit, et un étirement paracheva son réveil. Autant faire un petit tour nocturne, ce n'était pas la première fois. Et puis, il avait une petite envie de chocolat chaud au coin d'un bon feu de cheminée.

Vlad tendit l'oreille, accablé par un bruit de bourrasque. Dans le couloir, la pluie frappait les vitres des fenêtres. De la pluie ou bien de la neige fondante, ou pire encore de la grêle ! Dommage que le temps ne soit pas encore venu pour la neige de recouvrir la ville de son magnifique manteau blanc. Les enfants s'en seraient donnés à coeur joie à rouler des boules, à en envoyer sur la tête du voisin ou à leur doubler la taille pour en faire des bonshommes de neige. Oui, des enfants... Le sourire aux lèvres à une pensée fugitive, Vlad se détourna de la fenêtre, s'apprêtant à emprunter l'escalier. Il essayait de ne pas faire trop de bruit mais la discrétion n'était pas vraiment son fort.

Une respiration dans une pièce attenante le stoppa net alors qu'il s'apprêtait à poser le pied sur la première marche. Et il ne s'agissait pas de la respiration d'un dormeur. Non, la salle non loin de lui était un petit salon où les étudiants aimaient se rassembler pour bavarder, lier connaissance ou improviser une petite fête entre eux. A priori, il ne devait y avoir personne à cette heure. Alors qui ? La curiosité le poussa à en savoir davantage ; Vlad entrouvrit la porte, laissant passer un fin rai de lune par son entrebaîllement. Un grincement se fit entendre. Il faudrait penser à huiler les portes, c'était encore moins discret que ses pas dans le couloir...

Le jeune homme aperçut alors une forme sombre au loin, proche d'une fenêtre. Un éclair zébra le ciel, ce qui permit au Roumain d'entrevoir ce qu'était réellement cette silhouette. Une jeune fille apeurée. Embarrassé mais également peiné par cet état de fait, Vlad se rapprocha à grand pas d'elle, dans l'idée de la rassurer de ses frayeurs. Et ce ne fut que lorsqu'il se fut suffisamment rapproché que Vlad remarqua qu'elle avait pleuré.

- Est-ce que...ça va ?

Question idiote. Bien sûr que non, cela n'allait pas ! Il le savait bien sûr mais que pouvait-il demander d'autre afin d'engager la conversation ? Le jeune homme avança la main, essuya les traces furtives de ses lèvres, la naissance d'un sourire rassurant sur ses lèvres. Ses yeux vairon étincelèrent de compassion. Vlad lui replaça quelques cheveux calmement, cherchant à l'apaiser par tous les moyens. Les joues de cette jeune fille étaient si froides. Venait-elle de l'extérieur ?

- Je suis désolé de t'avoir effrayé. Tu as l'air gelée. Cela te dirait un chocolat chaud ? Je crois que tu en as autant besoin que moi.

Il rit, plus décontracté. Il ne cessait de l'observer, guettant le moindre de ses mouvements. Pas comme un chat le ferait avec une souris, non. Il avait surtout peur qu'elle ne s'effondre. Son rire mourut sur ses lèvres, mais son sourire s'éternisa. Et il n'y avait absolument aucune animosité dans celui-ci, comme pour les précédents. Vlad avait dans l'idée qu'il ramènerait sans aucun doute un deuxième chocolat dans ses bagages cette nuit. Mais cela ne le dérangeait pas outre mesure, bien au contraire. S'il pouvait prodiguer un peu de bien à autrui, il le ferait sans hésiter. Parce qu'il était ainsi, tout simplement.

La demoiselle n'entendait rien, le monde se renfermait sur elle. Elle sentait la pesanteur des malheurs lui arriver sur ses fortes épaules. Elle ne voulait plsu rien, elle n'arriait plus à rien. Son monde dans lequel elle avait été bercée depuis son enfance lui apportait maintenant que malheur, déception, souffrance et solitude. Elle ne vivait que seule, dans sa chambre, si loin d'elle en ce moment, destinée à accueillir des inconnus nuit après nuit, à les mettre dans son lit et petite rémunération, et c'était tout. Mais pour Fujumi c'était déjà trop. L'envie de tout arrêter l'envahissait et c'était pour elle, maintenant, une obligation de tout stopper. Elle cherchait un stratgème pour éviter ses vautours qui ne cherchaient chez elle qu'à s'accoupler. Mais comment s'y prendre ?

Fujumi comprit très rapidement qu'elle ne pouvait pas arrêter, sans ce travail clandestin obscene, elle pouvait dire adieu à ses études, à son futur travail, et pouvait saluer son nouvel ami qu'allait être la rue. Il était hors de question, mais quoi faire ? Il était impossible pour elle d'envisager de mettre dans son CV : prostituée professionnelle depuis l'âge d'environ 10 ou 11 ans, travail très bien rémunéré, que je vous conseille vivement. Elle n'avait jamais fait de petit boulot avant, à part celui qu'elle avait actuellement, et donc avait aucune chance d'être embauchée, mais avait plus de chances d'être renvoyée si jamais son employeur apprenait tout sur son passé. Pour notre adolescente de 16 ans, l'avenir lui semblait ni radieux, ni prometteur...

Puis des bruits de pas l'atteignit, qui était cette créature méconnue de la demoiselle qui se dirigeait vers elle ? Etait-ce le monstre qui sortait du placard, ou encore l'araignée géante qui n'attendait qu'une chose : prendre Fujumi dans sa toile ? Son petit aller retour , réel-imaginaire donna quelque peu le vertige à notre demoiselle, qui se rendit compte que cette créature n'était autre qu'une de ses semblabes. Mais qui était-il, et que voulait-il ? Manquait-il lui aussi de chaleur humaine, et voulait se réchauffer en entrant en collision avec la demoiselle ? Ou était-ce juste de l'attention ? La jeune femme fut perdue par la multitude de questions que son petit cerveau, bien bouillasque maintenant, accumulait.

Oh la la.. Non, ça n'allait pas vraiment. Voire même pas du tout du tout. Le jeune homme avait sur elle des gestes qui lui étaient complètement étrangers. Elle ne leva pas une seconde les yeux vers la personne qui d'après sa voix, était de sexe masculin. La chaleur que le jeune homme dégageait était tout à fait différente que celle qu'elle subissait avec les autres. Elle n'avait jamais trouvé telle chaleur dans son appartement qu'elle avait quitté il y a déjà quelques bonnes heures. Recouverte d'un manteau, sans chaussures, juste vêtue d'une chemise et d'un short, la demoiselle était partie se réfugier dans le seul endroit qu'elle connaissait : l'école Shokuboo-Inochi. Elle s'y sentait bien protégée, même si elle savait que cette sensation n'était qu' éphémère. Ecoutant chaque syllabe, chaque consomme, chaque voyelle que le jeune homme prononçait, la jeune femme ne sut répondre. Impossible pour elle de sortir un son audible même pour les chauves souris. Elle se résigna donc à ne rien dire, continuant à trembler.

Puis sans trop savoir ce qu'elle faisait, elle déplia une première jambe, puis l'autre, et les tourna vers l'intérieur du salon, elle se leva, tremblante comme jamais, et s'adossa au mur. Si le jeune homme voulait aller quelque aprt, elle le suivrait, elle ne savait quoi faire d'autre. Un chocolat chaud lui ferait le plus grand bien. Mais elle savait qu'un peu de chaleur humaine lui en ferait d'autant plus. Son regard toujours baissé vers un sol toujours aussi plat et noir, elle attendit. Elle ne comptait dire aucun, sortir aucun mot, ses gestes parleraient d'eux même, espérant que l'inconnu les comprenne. La jeune femme, versant toujours quelques larmes à intervalles irréguliers, sans force, glissait doucement contre le mur, ses jambes ne la retenait plus. Elle se laissait tomber petit à petit... Elle se laissait mourir petit à petit...

( Désolée... Il risque d'y avoir des inventions de mots, des incorrections d'expressions, des problèmes de ponctuation, mais espérons que tu n'y feras pas attention ! ^^ )