La ville était recouverte d'un épais manteau blanc alors que Jordan était entièrement vêtue de noir. Du chouchou qui nouait sa crinière flamboyante en queue de cheval à ses petites bottines à bouts noirs vernies qui apparaissaient difficilement sous son long pantalon de velours. Seule une rose blanche dans sa main droite gantée, s'alliait avec le décor hivernal alors qu'elle se dirigeait vers la sortie de l'école. Aujourd'hui n'était pas une journée joyeuse pour la rouquine, en cette journée ensoleillée mais froide, la rouquine se rendait dans la chapelle la plus proche. Aujourd'hui encore, comme chaque année, elle allait prier pour sa mère décédée il y a plusieurs années de cela. Une mère qui n'avait pas été là pour la rentrée au collège, qui n'avait pas conseillée sa fille lors des premiers soucis féminins – ce qui avait forcé monsieur Smith à expliquer gauchement la marche à suivre – une mère qui hantait encore souvent les songes de l'adolescente.
Quelle ironie qu'une journée si triste soit aussi si ensoleillée. Jordan s'arrêta devant la grande porte d'entrée une fois celle ci franchie et contempla un instant le ciel bleu sur lequel se faufilaient de fins nuages blancs, semblant trainer un chariot de nuées grisâtres. Peut-être allait il encore neiger cet après midi. En tout cas, c'était le cadet de ses soucis. Jordan serait très certainement rentrée quand ça arriverait, peut-être même que lorsque le premier flocon tomberait, elle serait dans la bibliothèque en train de lire la suite du roman de Stephenie Meyer dont la saga était plus que passionnante avec ses loups garous et ses vampires.
Mais avant cela, le bon Dieu l'attendait dans une de ses nombreuses maisons. La rouquine soupira profondément, s'apprêtant à affronter le monde extérieur qui lui faisait toujours aussi peur. Peur de ces gens qui vous dévisagent, qui vous jugent sans même vous connaître, sans connaître votre histoire, ces gens qui...
« Argh... saleté de... »
Ces gens qui vous jettent de la neige et qui vous font tomber par la même occasion. Des petits gamins d'une dizaine d'années se chamaillaient à coup de boule de neige et qui avaient mal calculé leur coup. Et c'est ainsi que Jordan se prit une semonce dans l'épaule ce qui l'empêcha de faire attention à la plaque de verglas qui était pourtant remarquable vu ses larges proportions. Et on a beau dire, ce n'est pas parce qu'on a plus de graisse que le commun des mortels qu'on ne ressent pas la douleur! Ça faisait un mal de chien, ce qui arracha une grimace à la jeune fille qui venait de se vautrer sur son postérieur. Mais alors que la douleur se dissipait, Jordan remarqua des petits petons et ce qui semblait être une jupe portefeuille droite. Ainsi donc une jeune femme avait été témoin de la scène, une jeune femme que la rouquine détailla centimètre par centimètre, relevant le visage pour parvenir à voir le visage de la nippone.
« Yuki no Hana... »
Ce nom sortit en un murmure de ses lèvres rosées. Devant la rouquine pétrifiée se tenait une femme vêtue d'un kimono et au visage repoussant. Et même si la légende disait que la dame des glaces était superbe, Jordan ne trouva rien d'autre à dire en voyant la personne qui se tenait debout devant elle. Son maquillage noir coulant sur ses joues mi rougies par le froid, mi blanches, son ''fond de teint'' qui semblait lui enlever une partie de son visage comme s'il s'agissait d'une poupée de cire posée sur un volcan la rendait hideuse. C'était *Effrayant* au point que la rouquine dégluti sans pour autant pouvoir bouger de son siège gelé ni pouvoir détourner le regard du visage semblant déformé de la ''geisha'' ici présente.