Dean avait enlevé ses chaussures et s’était assis sur l’un des lits de l’infirmerie. De là, il avait mit Silversun Pickups en tant que musique de fond sonore. C’était le genre de musique au rythme égale et donc parfaite pour accompagner les quelques instants de répit. D’autant que le chanteur avait une voix magnifique et ce n’était pas le genre de musique que l’on entendait souvent. Soit. Il avait ensuite attrapé le livre qu’il avait commencé il n’y a pas si longtemps : « Simetierre » de Stephen King. Un livre très obscur mais tellement prenant que notre infirmier profitait de chaque instants de libre afin de s’avancer dans sa lecture. En ce jour, il était en fin de journée. De ce fait les minutes de libres s’enchaînaient en bien plus grande quantités et notre jeune homme en profitait donc à fond.

Dean était entrain de lire l’explication du vieil homme sur le retour de son fils avec tellement de ferveur qu’il sursauta lorsqu’il entendit qu’on frappait à la porte. L’infirmier n’eut pas le temps de se poser plus de questions que déjà il vit apparaître Luca Tizziano sur le pas de la porte. Se redressant, Dean coinça son marque page entres les deux pages qu’il venait de quitté et passa ses jambes au-dessus du rebord du lit. Pendant ce temps, le professeur de sport lui avoua qu’il était « à sec ». Hochant doucement la tête, Dean lui sourit, tout en chaussant ses converses. Il se releva ensuite et soutint quelques instants son regard

« Je vois » dit-il simplement avant de se diriger vers l’armoire. Il revint avec une boîte de médicament et la lui tendit « je songe à vous les faire facturés un de ces jours » sourit-il, amusé puis haussa les épaules, reprenant son sérieux « par contre j’aimerais savoir : vous en êtes à prendre combien de cachet par jours ? Parce que j’ai l’impression que vous m’en demandez de plus en plus, de ces boîtes … »

Sans doute que la curiosité de notre jeune homme jouait pas mal dans cette demande mais c’était tout important sur le plan médical. Normalement ces médicaments n’étaient addictifs, mais tout de même …

Cet italien mentait mal. Très mal même. Il était évident qu’il n’allait pas bien. Simplement en regardant la manière dont il tremblait en prenant deux cachets. Deux cachets, c’était donc le stade qu’il avait atteint. Dean n’avait surement pas du être le seul à lui prescrire d’en prendre seulement un. Retenant un soupire, l’infirmier hocha doucement et discrètement la tête, affichant une petite moue de réflexion tandis qu’il observait le professeur de sport avaler les deux cachets sans eau. Dean Arqua légèrement un sourcil puis inclina la tête sur le côté en l’entendant parler. Ce que l’italien dit arracha un petit sourire amusé à notre jeune homme. Haussant les épaules, il se redressa.

« C’est sûr, il fermé, mais j’attends toujours au moins encore 30 minutes avant de déserter les lieux, dès fois que quelqu’un aurait oublié de me voir pendant les heures d’ouvertures » dit-il calmement. Il croisa ensuite les bras et s’adossa à son bureau, observant le jeune homme d’un peu plus près.

Pas tellement plus grand que lui, cet inconnu n’avait vraiment rien de japonais. Des cheveux bruns plaqués en arrière au regard émeraude en passant par sa grande taille, il était évident qu’il était bien plus typé européen. Ce qui en soi ne gênait pas notre américain qui avait pas mal voyagé en Europe. Par contre l’Italie était un pays qui ne l’attirait pas vraiment, pour ne pas dire ‘pas du tout’. Certes, la bouffe était bonne –rien ne valait une bonne pizza, suivi d’un tiramisu ou d’une bonne grosse glace a l’italienne- mais c’était tout ce que ce pays avait comme attrait. La langue n’était pas jolie, la politique laissait à désirer et ne parlons pas de l’équipe de foot que notre infirmier abhorrait par-dessus tout. M’enfin, ça c’était un détail plutôt futile pour lequel il ne pouvait pas en vouloir à Luca.

Soit. Dean lorgna vers la poche de l’italien dans laquelle se trouvait le paquet de médicament. Il pinça légèrement les lèvres dans une moue dubitative puis hocha à nouveau la tête et soupira

« C’est pas pour dire mais j’ai comme l’impression que vous devenez accros à ces pilules. Vous devriez vraiment vous contenir » levant la tête il porta son attention sur Luca «les médicaments sont une sorte de drogue. Et peu importe ce que c’est, une drogue ne fait jamais du bien au corps. » Il soupira à nouveau puis haussa les épaules, tout en soutenant son regard, affichant un petit sourire malicieux « mais ça vous le savez déjà, pas vrai ? »

Dean observa son collègue et arqua un sourcil. Il était évident qu’il avait du mal à se contenir. Cela s’entendait quant à sa manière de parler et à le regarder. Une manière bien italienne que notre jeune homme détestait par-dessus tout. Certes, le professeur de sport était plus âgé que lui, mais était-ce réellement une raison pour ne pas lui offrir le respect d’un adulte ? Dean soutint sans problème le regard dédaigneux de l’italien et hocha doucement la tête, l’écoutant attentivement. Il attendit ensuite quelques instants, laissant planer le silence, avant d’esquisser un fin sourire amusé.

« Je comprends tout à fait » dit-il d’une voix calme et posée « c’est normal que vous ne voulez pas que tout le lycée sache votre passé et les détails de cet accident. » Il se redressa et décroisa ses bras « donc tout est dans votre intérêt que nous restions en de bon termes. Parce sinon … »

Laissant le reste de sa voix en suspens il observa son collègue, toujours avec son sourire en coin. Sachant pertinemment qu’il venait d’emprunter le mauvais chemin, Dean n’avait pas pu résister à cette petite pic. Et, bien qu’il sache que le rital n’allait pas rester de marbre, notre jeune homme se redressa complètement, soutint encore quelques instants son regard, puis se détourne pour fermer l’armoire qu’il avait abandonnée, ouverte. Lorgnant au-dessus de son épaule, notre infirmier lança un coup d’œil à Luca, continuant de sourire

« Je vous souhaite encore une bonne soirée, Luca »

Tout en gardant sa main posée sur la clenche de l’armoire, Dean garda ses sens en alertes, dès fois que le prof de sport en vienne aux mains …

Heureusement que Dean avait encore le regard vaguement fixé sur le prof de sport. De cette manière il vit que celui-ci s’avança. L’infirmier eu tout juste le temps de se tourner avant que son collègue ne l’empoigne par le col et ne le plaque avec une certaine violence contre l’armoire. Tout d’abord grimaçant suite au choc assez violent, Dean reprit assez vite ses esprits et releva son regard vers Luca. Il porta sur lui un regard neutre, ne montrant aucunement ce qu’il ressentait, ou du moins essayait de ne pas le montrer.

Ce professeur le menaçait donc ? De mort en plus. C’était assez de conditions réunis avec lesquelles l’infirmier pourrait porter plainte contre l’italien pour harcèlement moral. Mais là, ce n’était pas réellement ce à quoi pensait Dean. Il soupira légèrement lorsque Luca eu fini son discours et, continuant de soutenir son regard, il secoua doucement la tête

« Ne t’inquiète pas, vieux. Je ne dirais rien » esquissant un mince sourire, il leva sa main et vint la poser sur celle de Luca, la tapotant doucement « tu voudrais bien me lâcher, maintenant, hm ? » C’est ce que le prof fit. Alors, lâchant sa main à son tour, Dean soupira à nouveau et se redressa « on est quit maintenant, j’imagine ? Je t’ai menacé, tu m’as menacé. What else? » Demanda-t-il en arquant les sourcils et en haussant les épaules, en une moue innocente, avant de soupirer à nouveau. Relâchant ses épaules et secouant la tête « je n’ai que fait mon boulot d’infirmier. Donc ce que je te propose c’est qu’on reste tout les deux dans notre petit univers. Toi tu crèves les jeunes avec tes millions de tours de terrain, moi je les soigne. On s’ignore comme on peu et je pense que le tour est joué. » Il releva sa tête, portant un regard neutre, sourcils légèrement froncés, sur Luca « tu me laisse partir maintenant ? Ou t’as encore quelque chose à mettre au clair ? Profite-en, je suis en position d’infériorité. C’est tellement plus cool et tellement plus viril de frapper quelqu’un qui n’a pas tellement de moyens de se défendre … »

La fin de ses paroles avait été dite de manière assez hésitante et Dean pesta intérieurement contre lui et son constante manie d’empirer les choses. Car il était évident que toucher à la virilité d’un homme pouvait le mettre en rogne. Faites maintenant l’équation « haine difficile à contenir + rogne » et vous aurez le résultat. Mais, ne laissant rien transparaître, l’infirmier continua de soutenir le regard de l’Italien, se préparant à une éventuelle attaque directe de sa part.

Merde. Oui c'était le terme, encore qu'elle ne l'eut pas formulé ainsi. Merde. Les deux hommes y étaient jusqu'au cou, en vérité. Elle n'était pas dans l'infirmerie depuis longtemps pourtant. Une minute, sûrement moins. Juste le temps d'entendre l'ultime provocation de l'infirmier, puis de voir la réaction chez le professeur de sport. Juste le temps de se demander si l'infirmier serait apte à faire son travail – elle venait tout de même le chercher pour ça – et de sentir la déception la gagner face à la violence de son colocataire. Juste le temps de rester figée là, interdite, alors qu'un silence lourd s'étirait.

Il se brisa lorsque le bruit de ses talons claqua sur le sol. L'assistante de direction avança jusqu'à l'infirmier sans un regard pour l'Italien, moins inquiète pour l'Américain qu'on aurait pu le croire pourtant. Au mieux était-il masochiste. Au pire totalement stupide. L'un dans l'autre, elle ne trouvait pas plus excusable de provoquer que d'être un parfait idiot, encore moins lorsqu'on avait un poste comme le sien. Les lèvres pincées, elle observa l'infirmier pour vérifier s'il allait bien tout de même, sans pour autant le toucher. Elle ne dit même rien lorsque ses yeux s'attardèrent sur la trace inévitable qui commençait à orner son visage. Il était sonné et retrouvait peu à peu ses esprits, ce fut tout ce qu'elle voulait. La jeune femme s'écarta donc d'un pas, le regard guère plus conciliant pour lui qu'il ne l'aurait été pour le professeur si elle s'était retourné pour lui faire face.

« Si vous êtes en mesure de faire votre travail, l'une des secrétaires a fait un malaise et aurait besoin que vous l'examiniez. Elle est à l'entrée du bâtiment administratif. »

Ses premiers mots résonnaient durement même à ses oreilles alors qu'elle se taisait ensuite. Elle prit encore un peu de distance, à reculons, assez pour pouvoir observer les deux hommes tour à tour. Ce qu'elle allait dire et faire ne lui plaisait pas : Tizzy était son colocataire et elle était parvenu à avoir de l'estime pour lui, mais laisser des adultes se battre était hors de question.

« Je préviendrai le Directeur de ce qui vient de se passer, messieurs, j'espère que vous en êtes conscients. »

Elle ne bougea plus en attendant les réactions – et le départ d'Onwara pour le bâtiment administratif. Quelque part, Radha comptait bien sur sa présence pour empêcher l'un ou l'autre de s'énerver encore ou de vouloir répliquer au coup, aussi attendrait-elle jusqu'à ce qu'ils se soient séparés.

Dean s’était certes préparé au coup de poings, mais jamais il n’aurait crut que le professeur allait mettre ses menaces à exécutions. Ni frapper tellement fort. L’infirmier n’avait rien vu venir et senti seulement sa tête partir tel un vulgaire punching-ball vers l’arrière et se cogner avec une certaine violence contre l’armoire qui résonnait. Le choc fut tel que notre jeune homme en oublia de respirer. Luttant quelque peu pour se tenir debout, Dean s’appuya sur le rebord du bahut et ferma les yeux, le temps de reprendre ses esprits et s’efforça de respirer calmement.

Mais alors qu’il rouvrit les yeux, son regard tomba sur le visage d’une jeune femme. Quelque peu étonné de la voir si près de lui, il eu un léger mouvement de recule, ce qui accentua son mal de tête grandissant. Clignant plusieurs fois des yeux, une grimace de douleur sur le visage, il bougea légèrement sa mâchoire, constatant avec un certain soulagement que celle-ci n’avait rien. Une petite douleur passagère, voilà tout. Mais, alors qu’il se passa la main sur l’arrière de son crâne, la jeune femme prit la parole. Non, elle n’était pas inquiète. Pas du tout même. Elle voulait qu’il fasse son boulot. Putain, elle ne devait surement pas avoir vu le coup que cet saleté de rital lui avait donner. Non bien sur. Le boulot passe avant tout, hein. Soupirant simplement, il se redressa et fit un pas en avant, lui un deuxième.

Avec soulagement, il s’aperçut qu’il n’avait rien, si ce n’était qu’un léger étourdissement. Cependant, alors qu’il atteignit son bureau pour récupérer son porte feuille, la jeune femme reprit la parole. S’appuyant sur le bureau, il soupira à nouveau. Evidement. Lui se faisait agressé, et ils prenaient tous les deux. Bon ok, il l’avait cherché aussi, c’est sûr et il ne le nierait pas. M’enfin, qui était le plus fautif d’entre eux ? Lui qui avait simplement plaisanté sur le fait de révéler le secret médical de Luca au grand jour –chose qu’il n’allait évidement pas faire- ou l’italien qui l’avait menacé de mort et l’avait en plus frappé ? Bon après tout, à quoi bon vouloir se défendre ?

Mettant son porte feuille dans la poche arrière de son jeans, il attrapa ses clefs et se retourna vers les deux autres adultes. Il aurait pu trouver sa révoltant que la jeune femme ne dise rien à l’Italien, ou du moins pas devant lui, mais pas aujourd’hui. Encore quelque peu sonné, il se passa la main sur le visage et ferma un instant les yeux, se sentant prit de vertige, avant de les ouvrir à nouveau et regarda Radha.

« Je … vais y aller. J’imagine que j’entendrais encore parler de vous un peu plus … tard dans la semaine … » Puis, sans un regard à Luca, il se détourna et se dirigea vers la porte « laissez juste la porte ouverte quand vous … partez. Dès fois que le malaise serait plus grave … »

Se disant, il tata la poche avant droite de son jeans pour voir si son portable était en place, au cas où il devrait appeler les secours, et se dirigea aussi rapidement que son état actuel le lui permettait vers la sortie, afin d’aider la jeune femme qui avait besoin de son aide.

[HRP: A moins que Luca ne veuille retenir Dean pour l'utiliser comme punching ball ou que Radha souhaite lui marcher dessus avec ses talons, pour ma part, je fini sur ce. Prévenez-moi pour le prochain topic devant de Dirlo o/]