Après une bonne nuit suivie d’une grasse matinée, Akira ne savait trop comment exprimer ce jour. Son corps venait de se lever pour former un L. Ses mains se frottèrent contre ses yeux afin de permettre à ses paupières de s’ouvrir et aussi d’apercevoir un rayon de soleil traverser la fenêtre pour aller toucher le sol de la chambre. C’était bien la première fois qu’il se réveillait à une heure tardive. Il s’étira les membres tout en les accompagnant de petit gémissement. Il tourna sa tête à 45° vers sa gauche. Personne. Même les deux autres lits sont vides. Il arqua un sourcil se posant intérieurement la question suivante : mais où sont-ils passés ? Peut-être qu’ils n’appréciaient pas la compagnie du garçon aux cheveux verts à cause de sa bonne humeur quotidienne. Quoiqu’il en soit, il fallait qu’il se lève, se lave et s’habille.

La douche était assez rafraichissante et vivifiante en cette belle journée de dimanche. Il jeta un dernier regard dans la pièce avant de la fermer à clef pour ne pas subir les foudres de ses colocataires. Étrangement, il avait l’impression d’avoir oublié quelque chose. Il se dirigea vers son placard et en sorti un béret pour le mettre sur ses cheveux. Il se plaça devant le miroir pour terminer de se faire tout beau avant d’être à l’extérieur. Quelques grimaces par-ci et par-là, mais il tournait aussi sa tête pour voir ses deux profils. Puis comme si une mouche venait de lui piquer, un sourire illumina son visage et sa voix mua pour imiter une voix de groupie.

« Haaaaaaaaaaan Tanaka-sempai ! Kawaaaaaaaaiiiiiiiiii ! »

Ce n’était pas la première fois et ça ne risquait pas d’être la dernière également. Sauf qu’Akira faisait toujours en sorte de se retrouver seul à seul avec son ami le miroir. Il imaginait déjà l’expression de ses camarades de chambre, surtout que c’était le plus âgé des garçons, il n’était pas un exemple. Mais étant donc dans son petit délire, il continua son petit sketch en croisant les bras et en adoptant une position bras croisé. Le torse bombé, haussant les sourcils et reprenant une voix d’homme un peu mûr, il s’adressa à nouveau son portrait dans la glace.

« Merci mon miroir, mais je le savais déjà… »

Il resta un instant figé avant de reprendre ses esprits en secouant la tête et de retirer son béret pour le ranger. Finalement ce sera sans son chapeau. Il était temps pour lui d’aller faire un petit tour dans le campus de l’école. Il n’avait pas encore eu l’occasion d’explorer les lieux. Il devait rapidement profiter de cet instant pour se détendre avant de débutait une nouvelle semaine avec du travail et de suivre des cours du soir.

C’est alors avec un soleil radieux, qu’il se mit en marche pour un coin tranquille et calme. Un petit sourire se dessinait sur un coin de ses lèvres. Une certaine nostalgie avait prit place dans ses pensées, tout ça à cause de ses prunelles marrons qui s’étaient posées sur les élèves. La machine à remonter le temps venait d’être activé par accident dans son cerveau. Il revoyait des images avec les personnes dont il avait croisé au fil des années.

Malheureusement, ces flashbacks furent interrompus par une poubelle qui avait gentiment rencontré son entrejambe. La bouche en cul de poule, il prit une grande inspiration et coupa sa respiration d’environ quinze seconde avant d’expirer un bon coup. Il tapota le rebord de la corbeille en fer. Il reprit sa balade quand son regard s’arrêta sur une demoiselle assise sur un banc en train de dessiner. La voyant seule, il se permit de s’approcher d’elle sur la pointe des pieds. Puis il arriva à quelques mètres d’elle et s’accroupit en posant sa main sous son menton avant d’incliner la tête. Il ne voyait pas le visage de la jeune élève étant donné que le cahier était entre les deux personnes.

« Oh…Gabio ? »

Aujourd'hui, c'était un jour de congé mais ça n'avait pas empêché Nagisa de se lever aussi tôt que d'habitude, elle n'était vraiment pas du genre à faire la grasse matinée. Au contraire, elle aimait bien se lever avant tout le monde... Il n'y avait personnes, tout le monde dormait, et elle pouvait se balader librement partout en se payant le luxe de croire qu'elle était seule au monde, ce qui signifiait surtout pas de risque d'être regardée et pas de risques non plus qu'on lui adresse la parole.

Je rappelle les faits, pour ceux qui n'auraient pas suivit dans le fond. Nagisa est une personne d'une timidité tellement maladive que rien que le fait de venir lui dire bonjour peux provoquer un évanouissement, la figer sur place ou provoquer une fuite précipitée de sa part, ce qui lui a valu différents qualificatifs dont les deux qui reviennent le plus souvent sont "trouillarde" et "personne froide." Si vous avez compris ça, on peux passer à la suite.

Ses colocataires dormaient encore, et elle prit bien soin de ne pas les réveiller. Elle n'avait échangé qu'un bonjour très gêné avec ces dernières et n'avait pas encore envie de les réveiller et, par conséquent, les déranger.
Elle s'habilla sur la pointe des pieds sans provoquer de réveil prématuré, prit son carnet à dessin de la même façon ainsi que son crayon et sortit en refermant la porte tout doucement. Même le cliquetis de cette dernière lorsque le loquet atteignit la fente réservée à cet effet fut presque inaudible.

La discrétion était le point fort de Nagisa-chan, c'était même une seconde nature pour elle. Elle jeta un regard circulaire sur le couloir qui se présentait à elle pour constater qu'il n'y avait pas âme qui vive, ou du moins pas d'âme éveillée pour être plus précise.

Elle avait parlé un peu vite... Un peu plus loin, une porte s'ouvrait, laissant entrevoir la main tenant la poignée et Nagisa courut dans la direction opposée assez longtemps pour se retrouver dans une section de l'école qu'elle ne connaissait pas très bien. Elle était vide, et Nagisa aperçu par l'une des nombreuses fenêtres un bout de verdure. Elle s'en approcha et constata qu'il s'agissait du parc, lui indiquant du même coup ou elle se trouvait.

*Le parc... Je suis dans le bâtiment Showa alors ?*

Et le parc en question lui sembla soudain être une très bonne idée. Il n'y avait personne non plus là bas, il était encore tôt. Elle descendit jusqu'au lieu dit et foula doucement l'herbe de ses jolis souliers. Elle n'avait pas sa tenue d'étudiante aujourd'hui, bien qu'il lui arrivait de la mettre même le dimanche quand elle n'avait vraiment pas d'idée sur comment s'habiller. Aujourd'hui, elle portait un petit débardeur rose clair assorti à une jupe en jean's. Pas de maquillage, pas non plus d'accessoires voyants comme un collier ou des boucles d'oreilles. Pas qu'elle n'aimait pas ça, au contraire, mais comme dis plus haut, elle faisait tout pour ne pas attirer l'attention sur elle.

Elle jeta à nouveau un regard circulaire sur l'intégralité du parc pour constater qu'il était désert lui aussi. Cela la dérangeait quelque-peu... Si elle avait pris son carnet à dessin, c'était principalement pour dessiner quelqu'un... Bien, si il n'y avait personne à immortaliser sur la feuille, elle pourrait toujours s'asseoir sur son banc favori (dans le fond, un peu à l'abri des regards) et regarder la nature.

Elle fit cela pendant une heure, jusqu'à ce qu'une étrange personne ne se présente à ses yeux. La première réaction qu'elle eut fut de faire des yeux ronds de surprises et d'étonnements.

*Des cheveux... vert ?*

Elle aimait bien trainer dans ce parc durant les jours de congé, mais il lui semblait ne l'avoir encore jamais vu. Elle hésita un moment. D'habitude, quand elle dessinait, elle se débrouillait pour se faire cacher derrière la foule afin que son sujet ne la voie pas, mais là ils n'étaient que tout les deux...

*Combien y a-t-il de chances qu'il tourne la tête précisément par ici hein ? Zéro.*

Évidemment, c'était pour se rassurer. Sachant qu'elle était seule avec lui, il y avait toutes les chances qu'il la remarque, mais ses pensées la rassurèrent. Elle cala son carnet à dessin devant elle, prit son crayon et observa le jeune homme.

Il est plus vieux que moi, pensa-t-elle tandis qu'elle commençait par dessiner les cheveux de l'individu. Elle ne commençait jamais par là, en fait, elle ne commençait jamais au même endroit. Elle débutait toujours un dessin par l'endroit de la personne qui l'avait littéralement frappée, et là en l'occurrence, si ce n'était pas les cheveux, ce n'était rien du tout. Elle se demanda tout de même comment il avait pu garder cette coloration... Elle savait Ginkgo Gakuen assez stricte par rapport à ce genre de fantaisies mais, après tout, si il avait réussit, tant mieux pour lui.

Elle ne releva pas la tête vers lui. Sa technique de dessins était assez simple, elle regardait un petit moment, mémorisait l'instant et dessinait, ce qui lui permettait de capturer même des cibles mobiles à la pointe de son crayon. Elle avait finit les cheveux assez rapidement, ils étaient plutôt facile, et releva la tête pour s'intéresser au visage pile au moment ou son sujet se prit une poubelle avant de la tapoter comme pour s'excuser.

Elle ne ria pas, mais ne put empêcher un léger sourire de se dessiner sur ses lèvres, la transformant littéralement sans même qu'elle ne s'en rende compte. Elle écarta légèrement l'un de ses doigts invalides qui l'empêchait de continuer correctement, puis dessina finalement le visage par petit coups de crayons rapide, prenant le soin de faire le nez en tout dernier. Elle détestait faire les nez, elle trouvait cet appendice quelque-peu disgracieux au milieu de la symétrie parfaite qui composait le visage humain. Généralement, elle utilisait la technique des mangakas, elle simplifiait tout en ne faisant qu'un léger trait au milieu, censé représenter l'organe respiratoire. C'était la seule partie non réaliste de son dessin, pour le reste, on reconnaissait parfaitement Akira. Elle apporta quelques retouches aux sourcils qu'elle fut un tout petit peu plus prononcé et releva encore la tête afin de capturer le corps du jeune homme dans sa mémoire, avant de se rendre compte qu'il n'était plus là.

Elle regarda un peu partout, mais plus personne... Il ne pouvait pas avoir disparu si vite ? Il n'y avait rien de très probant pour se cacher depuis le point ou il se trouvait. Elle se posait vraiment un tas de questions lorsqu'elle entendit : "Oh... Gabio...?"

Son premier réflexe, typiquement féminin, fut de resserrer les jambes afin que le nouvel arrivant ne puisse pas voir sa petite culotte. Son deuxième réflexe fut de pencher légèrement le carnet à dessin pour voir de qui il s'agissait, craignant que ce qu'elle pensait ne soit confirmé.

Ce fut le cas, son sujet s'était effectivement déplacé jusqu'à elle et l'observait. Elle avait été trop concentré sur la feuille pour réaliser cela, et à présent, son esprit s'était bloqué en voyant ça...

Mais il redémarra bien vite pour signaler un danger plus que potentiel. Akira était actuellement un INCONNU en lettres majuscules, et les INCONNUS étaient des gens effrayants, qui disaient du mal d'elle, qui se moquaient de sa main, qui... qui... Elle serra son carnet et son crayon contre elle de sa main gauche, cacha la droite dans son dos et eut un mouvement de recul tellement violent qu'elle passa par dessus le dossier du banc pour s'écrouler par terre. Pas trop longtemps toutefois vu qu'elle se releva directement pour fixer l'INCONNU, et plus rien.

Elle resta debout, la main gauche serrant son carnet et son crayon, la droite restant cachée dans son dos, et ne donnait plus signe de vie. Elle s'était figée, et c'était généralement la réaction naturelle de son cerveau face à ce genre de situations. Elle fixait Akira d'un air tellement paniqué qu'il aurait presque pu en être comique si il n'avait pas été aussi sincère. Elle avait la bouche grande ouverte, et ne bougeait plus un muscle.

*Bouge, s'il-te-plaît, bouge, s'il-te-plaît, bouge !*

Mais sa litanie ne fonctionna pas le moins du monde. Alors elle tenta de parler afin, peut-être, de se donner un courage qu'elle n'avait pas du tout.

"J... J... G... Sss..."

Et c'était tout. Peut-être avait-elle tenté de dire "Je suis Nagisa" ? Mais plutôt dur à déterminer... Enfin voilà, la peur lisible clairement sur son visage (ainsi que sur tout le reste de son corps) était clairement visible et il était normalement impossible de ne pas s'inquiéter pour elle. Akira de loin ça allait bien, Akira de près ça allait beaucoup moins bien.

[HRP : Petite explication à tout ceux qui auraient lu mon sujet avec Yuu-kun. En fait, Nagisa à eu une réaction aussi exagérée uniquement car Akira est un adulte, et la timidité de Nagisa ici c'est transformée en peur panique en voyant que Akira l'avait surprise. Si il était venu simplement lui dire bonjour, elle aurait sans doute eu une réaction proche de celle qu'elle a eu avec Yuu =) C'est tout, pour ceux qui voudraient faire la comparaison, le sujet entre Yuu & Nagisa se trouve aux passerelles.]

Si Akira devait réaliser un court-métrage, le titre adéquat serait « Akira ou comment effrayer une jeune fille en dix leçons ». Ce n’était pas la première fois qu’il se plantait devant une fille ou encore pire, il aurait pu se placer derrière elle et regarder par-dessus son épaule et d’observer ce qu’elle était en train de faire. Il se demandait intérieurement s’il ne devrait pas revoir ses méthodes pour approcher une personne. De plus qu’il était surpris par le geste instinctif d’une fille en présence d’un garçon. Il aurait pu en profiter pour regarder sous les jupes s’il aurait l’âge d’un adolescent. Pourtant, quand il était encore lycéen, il ne se gênait pas pour collectionner quelques culottes. Le pire, c’est qu’il arrivait toujours à en prendre une de chaque fille de son ancien pensionnat. Bien évidemment, elles savaient vers qui se tourner quand elles voulaient le récupérer. En grandissant, il était devenu plus sage, dans le sens moins pervers, et peut-être même un tantinet timide par moment.

Il ne fut pas très étonné de la réaction. Ses yeux étaient grands ouverts quand il la vit derrière le banc. Son premier réflexe aurait été d’aller l’aider à se relever, mais il la vit rapidement debout. Le serveur se leva également pour observer la jeune fille qui cachait sa main droite dans son dos. D’habitude, on cache plus quelque chose qu’on avait entre les mains. Il était assez surpris qu’elle dissimule son autre main. Il pensa qu’elle avait un secret, sauf que ce n’était pas ses oignons et qu’il n’allait pas lui demander ce qu’elle avait avec cette main droite. Monsieur avait réussi à la mettre mal à l’aise, s’il continuait dans sa lancé, il ne saurait pas comment cela aurait terminé. Et heureusement qu’elle n’était pas cardiaque, car le martien n’aurait pas su comment gérer la suite.

Il voyait bien qu’elle était sous le choque de sa présence. Un sourcil se arqua prêt à répondre devant la demoiselle. Mais il avait droit à "J... J... G... Sss...". Etait-ce un code ? Une autre langue ? Un début de messages à déchiffrer ? Ou encore venait-elle d’une autre planète et prendre forme humaine ? Si il le pouvait, il ne se serait pas gêné pour chercher la molette afin d’avoir la bonne fréquence terrienne. Hum…son imagination commençait à aller légèrement loin. Quoiqu’il en soit son "gabio" n’avait rien de terrien non plus. Akira avait juste repris ce mot après avoir visionner un manga avant la rentrée des classes. Sa voix intérieure le retenait de ne pas répondre par un langage extraterrestre, bien que cela était assez tentant.

Il décida de prendre un air un peu plus sérieux, afin de la saluer et de s’excuser. Ses bras les longs de son corps, la partie haute se baissa lentement avant de rester dans cette position durant un petit moment.

« Excusez moi, j’ai été impoli de m'être présenté ainsi. »

Sa voix se voulait rassurante comparé à celle qu’il avait prise pour la surprendre. Cette demoiselle était assez jeune et semblait être déstabilisée par sa présence. Il aurait pu sauter par-dessus le banc pour se retrouver côte à côte avec la brune pour aller poser une main chaleureuse sur son épaule, sauf qu’il préféra se tenir derrière cette frontière. De plus, il se demandait si elle n’était pas en train de le prendre pour un type malsain. Avec ses cheveux verts, il n’aurait pas été stupéfait de sa réaction. Akira ne comptait plus le nombre de personnes dont il faisait fuir. C’était un peu comme Casper qui cherchait à se faire des amis mais que les gens préféraient prendre la poudre d’escampette.

« Ça va ? Vous ne vous êtes pas fait mal ? J’espère que vous n’avez rien. »

Le rônin se pencha à nouveau en direction vers l’étudiante. Ses mains derrière son dos, il lui montra sa joue prête à recevoir un soufflet de la part de sa kohai. Il ferma les yeux avant de reprendre la parole.

« Allez-y et mettez-y toute votre force. Je le mérite. Ça m’apprendra de m’amuser à terroriser les jeunes demoiselles. »

Deux choix s'offraient à elle. Le premier était de fuir vite et loin, comme d'habitude. Le deuxième était d'attendre de voir la suite par pure curiosité. Étrangement, ce fut pour la deuxième option qu'elle opta, peut-être car elle était effectivement curieuse ? Malgré le fait que cet espèce d'habitant d'une autre planète lui fiche une trouille de tout les diables, elle avait envie peut-être de le connaître un tout petit mieux, car il fallait reconnaître qu'il avait l'air bien particulier et, par définition, intéressant.

Maintenant qu'elle y réfléchissait, c'était bien la première fois qu'elle pensait ainsi. Est-ce que c'était ses cheveux vert ou son comportement inhabituel ? Peut-être est-ce qu'elle s'identifiait inconsciemment ne serait-ce qu'un peu à lui, puisque son propre comportement n'avait rien de normal lorsqu'il s'agissait de sociabilisation avec le reste du monde. Elle ne s'était pas trompée d'ailleurs, et ne pu s’empêcher d'avoir un petit sourire en le voyant s'incliner.

*C'est amusant de voir que la politesse perdure en vieillissant.*

Ce n'était de loin pas une vérité absolue, mais elle trouvait cela agréable. Elle supposait que n'importe qui d'autre aurait trouvé sa réaction carrément disproportionnée. On ne voyait pas tout les jours une jeune fille passer par dessus un banc parce qu'on lui avait dit Gabio. Inversement, on ne saluait pas tout le temps les gens avec un Gabio, donc un point partout se disait-elle. Lorsqu'il s'excusa, en plus de la courbette, il annonça qu'il avait été impoli. Elle secoua la tête et répondit simplement.

« N... Non ce n'est rien, je crois que ma réaction n'a pas été très normale non plus... »

Elle se surprit elle même de répondre d'une manière aussi... naturelle ? Tant qu'elle gardait la distance de sécurité et le banc en tant qu'obstacle entre elle et l'homme aux cheveux verts, elle sentait qu'elle arriverait à tenir une conversation plus ou moins normale, même si elle avait toujours quelques sirènes d'alarmes de routines qui tournaient en boucle dans sa tête. Il continua à lui parler. Ce n'était sans doute qu'une impression, mais ce type lui semblait sympathique. C'était étrange de réussir à penser ça d'un inconnu, surtout pour Nagisa.

« Je ne me suis pas fais mal... J... J'ai juste été... surprise ? »

C'était le cas, même si sa surprise était proprement exagérée... comme tout ce qu'elle faisait d'ailleurs. Elle fut encore plus surprise (mais n'eut qu'un très léger mouvement de recul cette fois là) lorsqu'il lui tendit sa joue afin qu'elle le frappe. Il était réellement sérieux ? Il voulait vraiment...? Nagisa réfléchit un instant et ne pu s’empêcher d'avoir un petit rire, révélant pour la première fois sa vraie personnalité à quelqu'un, très brièvement toutefois.

« Je pourrais vous frapper, mais vous me tendez votre joue gauche et j'aurais bien du mal. Mais même si vous me tendiez la droite, je ne le ferais pas. »

C'était impressionnant, elle était en confiance... Et ça l'étonnait elle même.

[HRP : Vraiment navrée pour la courtitude extrème de ce post]

Akira regardait des pieds à la tête afin de voir si ce qu’elle disait était vrai. Du moins, qu’elle ne s’est pas blessée. Rien à signaler. Il aurait été très mal si elle aurait été blessée par sa faute.

Alors qu’il était prêt à se faire gifler, la jeune fille venait de le surprendre. Ses yeux s’ouvrir lentement, fixant le vide durant un petit moment. Il ne s’y attendait pas du tout à ce qu’elle venait de lui dire. Il se redressa pour faire face à la demoiselle, mais une phrase venait de faire tilt dans son esprit. Pourquoi est-ce qu’elle aurait du mal à le frapper avec sa main gauche ? Le rônin préféra ne pas s’attarder sur la question. Puis il se permit de lui sourire. Un simple sourire qui se transforma en un petit éclat de rire.

« Et bien, je ne peux que vous remercier…qu’est-ce qu’une demoiselle aussi charmante fait seule dans le parc de l’école ? »

Il se demandait s’il avait eu l’occasion de la croiser dans l’école. Bien qu’il participe au cours du soir, il se creusa les méninges. Aucun souvenir d’elle. Ses yeux caressèrent les siens. Il était tout attendri par ce doux visage. Mais un visage qui en cachait sûrement un autre, qui sait ? Il arrêta de se torturer la tête avec ça et décida de passer à la présentation.

« Je m’appelle Tanaka Akira. Pour vous servir… »

Il lui fit une jolie courbette après s’être présenté. En dehors du travail, il ne le faisait jamais. Il en avait envie et ça ne le dérangeait pas d’être au service des clients. Même si il avait une légère préférence pour la gente féminine. Quoique, s’il continuait ainsi, il risquait de l’effrayer ou de se faire passer pour quelqu’un de pas très net. Il s’approcha du banc et posa son postérieur. Il plaça son bras sur le dossier du banc. Tout à son aise, il en profita pour croiser ses jambes également.

« J’espère que ma compagnie ne vous dérange pas…Qu’étiez-vous donc en train de faire ? »

Il n’y avait pas que les filles qui étaient curieuse, certains hommes aussi et Tanaka-kun était un peu une preuve. Si parfois ses questions n’aboutissaient à rien, il restait fidèle à lui-même. D’ailleurs, il aurait pu tutoyer sa kohai, mais c’était plus par respect qu’il vouvoyait les personnes. Il y avait aussi le côté inconnu entre les deux personnes, que la politesse envers sa plus jeune était importante. Sa tête se tourna vers la jeune élève et la fixait en espérant qu’elle vienne le rejoindre.

[HRP : Vraiment navré du retard]

C'était amusant pour une fois de voir que c'était elle qui troublait quelqu'un et non pas l'inverse. C'était même... intéressant. Quel était cette légère sensation de pouvoir qu'elle ressentait ? Il fallait sincèrement qu'elle arrête de se prendre la tête sur des broutilles pareilles... Ah mais attendez... N'était-ce pas précisément dans sa nature de se prendre la tête pour des broutilles ? Et n'était-ce pas là justement la cause de toutes ses phobies et névroses idiotes ?

Néanmoins, penser à tout cela la faisait sourire. Il avait déjà longtemps qu'elle avait admis qu'elle n'était pas comme les autres, ce que la plupart des gens auraient normalement rejeté en bloc en affirmant intérieurement tout comme extérieurement qu'ils étaient normaux. En tout cas, le jeune homme inconnu sembla plus ou moins troublé qu'elle ne lui mette pas de gifles, mais avait-elle une raison de le faire en fait ? Il l'avait surprise, mais ce n'était pas comme si il l'avait vue toute nue. D'ailleurs, c'était SA réaction de surprise à ELLE qui avait été étrange et non pas le fait qu'il soit venu lui dire bonjour. Si quelqu'un avait dû se prendre des baffes ici, ça aurait dû être elle et personne d'autres.

Elle le suivait du regard... Décidément, elle n'arrivait pas à détacher son regard de sa chevelure verte. C'était étrange et... nouveau. La dernière fois qu'elle avait vu quelqu'un arborer une couleur aussi flamboyante dans sa chevelure, c'était à la télé lors d'un concert de hard-rock qu'elle n'avait, osons l'avouer, suivit que d'un œil très distrait, n'étant pas elle-même véritablement fan de ce genre de musiques un tout petit peu trop barbare pour sa délicate personne.

Il eut un sourire, puis un petit petit rire juste avant de lui parler. Les paroles qu'il prononça la firent rougir instantanément. Bien qu'elle soit une phobique sociale de premier ordre légèrement névrosée qui avait tendance à frapper ou fuir dès que quelqu'un avait la mauvaise idée de la toucher ou de l'approcher d'un peu trop près, elle n'était de loin pas insensible aux compliments. Ce n'était pas au point de dire qu'elle en raffolait mais... même si ce qu'il avait dit n'était tout au plus qu'une manière de se rattraper pour lui avoir fait peur, cela lui avait fait plaisir et se traduisait par la teinte légèrement rosée de ses joues et par le petit sourire gêné qu'elle lui fit. Néanmoins, cela ne l'empêcha pas de répondre.

« Disons que je me suis levée tôt et que je n'avais rien de mieux à faire, puisque je ne voulais pas déranger mes camarades de chambre. »

Réponse simple, mais qui ne faisait pas vraiment avancer le schmilblick quand on y pensait. Néanmoins, Nagisa était ce qu'elle était. Même si le jeune homme respectait la distance limite de sécurité qu'elle s'imposait à elle-même, elle restait une fille extrêmement timide qui peinait à parler d'elle. Elle n'avait donné que le strict minimum d'information sur la raison de sa présence ici et se doutait très fortement qu'il demanderait plus d'informations par la suite... Question auquel elle serait obligée de répondre, ou partir, elle avait le choix. Et puisqu'elle l'avait justement, le choix, elle décida qu'elle y répondrait... si il la posait. Si ce n'était pas le cas, et bien tant mieux, ou tant pis, au choix.

Il se présenta et elle fit de même en s'inclinant légèrement, un peu surprise par la courbette qu'il venait de faire.

« Je... m'appelle Nagisa Fujioka p... »

Elle se rendit compte d'extrême justesse qu'elle avait faillit rajouter « pour vous servir » en fin de phrases, toute concentrée qu'elle était sur ce que venait de lui dire le dénommé Akira Tanaka, et ne pu s'empêcher de rougir à nouveau en pensant qu'elle avait eu de la chance de s'être rattrapée à tant.

Il vint s'asseoir sur le banc et elle le regarda faire. A présent, le dos contre le dossier, il lui tournait le dos puisqu'elle était toujours derrière ledit banc. Cela ne la dérangeait pas... Au contraire, ça la mettait plutôt à l'aise que leurs regards ne se croisent pas car elle avait vite tendance à devenir pivoine lorsque quelqu'un la détaillait un peu trop.

Et finalement, la question qu'elle redoutait. Qu'était-elle donc en train de faire ? Et bien, c'était simple... elle le dessinait, mais normalement il n'aurait pas dû venir lui parler. Elle aurait dû faire son dessin et se tirer en vitesse avant qu'il ne la voie, et elle aurait dû rester seule. Elle réfléchit un instant... Est-ce que ça la dérangeait vraiment d'avoir de la compagnie ? Quelqu'un à qui parler ? Grands Dieux non ! C'était sa phobie et ses névroses que ça dérangeait, mais la personne en elle-même en était ravie... Néanmoins, comme c'était la plupart du temps les deux éléments précités qui avaient le dessus, la personne n'avait que rarement son mot à dire dans cette histoire.

Et là pour une fois, la personne était la plus forte. Nagisa se sentait maîtresse d'elle-même et c'est pourquoi, au prix d'un immense effort, elle vint s'asseoir à l'autre bout du banc (mais donc par définition tout de même à coté) de Tanaka et baissa la tête, son visage ayant trouvé soudainement qu'il serait amusant de pouvoir la confondre avec une tomate qui aurait fait des choses interdites et immorales avec un pivoine.

Tout cela fit qu'elle mit environs vingt secondes à répondre, et qu'elle dû se maitriser pour que sa voix ne tremble pas, ce qu'elle arrivait à faire avec plus ou moins d'adresse même si on constatait quelques tressautements étranges, comme sur une radio qui serait presque sur la bonne fréquence mais pas tout à fait.

« Votre compagnie ne me dérange pas non. Qu'est-ce je faisais ? Je v... Je dessinais. »

Une fois de plus, elle avait faillit dire quelque-chose qui l'aurait fait devenir encore plus rouge si il était sortit. Elle n'était pas passé loin du « je vous dessinais » et ce dernier aurait fatalement demandé à voir le dessin vu que les gens montraient souvent de l’intérêt lorsqu'il s'agissait de leur propre représentation.

Elle était tiraillée entre deux idées... Lui dire qu'elle le dessinait et jouir du fait qu'elle puisse montrer son dessin à quelqu'un d'autre, et en l’occurrence à son modèle ou en rester là et conserver son dessin précieusement et jalousement comme elle le faisait d'habitude. Dur dur... et personne n'était là pour l'aider à choisir, alors elle tira à am stram gram entre les deux choix et ce fut le plus dur qui tomba. Elle prit une grande inspiration et se corrigea finalement d'une voix tremblante.

« Je vous dessinais... »

Et puis plus rien. Un observateur extérieur aurait presque pu voir un nuage de fumée monter du dessus de son crâne tellement elle était gênée et avait le feu aux joues. Intérieurement, elle souhaitait qu'il lui demande de le voir tout comme elle souhaitait qu'il ne le demande pas. C'était un combat de tout les instants que Nagisa menait avec elle-même et, en extérieur, cela se traduisait par cet intense rougissement et le fait qu'elle fixe ses genous. Plus qu'à attendre...