Un peu de calme dans la poussière... C'était idiot non ? Mais cet endroit, elle venait de le découvrir, et il lui paraissait vraiment sympathique... Les vieux dossiers, les chaises empilés, et personne à l'horizon, pas âmes qui vivent. La porte n'était pas fermée, et elle n'avait pas compris pourquoi, mais elle était juste à la recherche d'un endroit tranquille et l'avait trouvé ici. Elle farfouilla un peu parmis les vieilles rédactions poussiéreuses et en trouva une qui la fit sourire lorsqu'elle lu son titre à haute voix.

« Comment faire pousser des Takoyaki déjà cuit, par Sunao Izumine »

Elle ne savait pas qui était Sunao Izumine, mais eut un petit rire en voyant la note proprement catastrophique qu'il avait reçu pour cet exposé. Elle se demandait si la personne avait fait ça pour faire un pieds de nez au prof, ou si il croyait vraiment que les Takoyaki poussait sur les arbres... Si c'était la deuxième solution, Nagisa la plaignait car c'était un cas encore pire que elle. Elle reposa la rédaction et considéra l'idée d'en regarder d'autres avant de se dire qu'elle pouvait faire bien d'autres choses.

Elle considéra quelques vieux livres poussiéreux également et en pris un. Elle en retira la poussière et lu son titre en murmurant.

« Manuel de mathématiques... 1988... Comment ce truc as-t-il pu rester aussi longtemps ici ? Et c'est un manuel de primaire ? »

Elle ne chercha pas à comprendre plus loin et reposa le bouquin, tout en regardant les titres des autres livres... Il y avait de tout, même un livre de contes clairement destiné à la maternelle... Elle se demandait malgré tout comment ce genre d'ouvrages avait pu atterrir ici, dans une académie qui n’accueillait pas de si jeunes enfants. Elle se demanda pour le coup si, par le passé, l'académie n'aurait pas été une école primaire en se disant qu'elle ferait des recherches à la bibliothèque, tout en sachant très bien qu'elle ne le ferait pas car elle l'oublierait.

Elle alla regarder par la fenêtre d’où pénétrait le chaud soleil de l'après-midi et ne vit rien d'intéressant au dehors. Alors elle s'approcha du piano en se demandant comment elle n'avait pas pu remarquer un objet aussi gros, d'autant que ce dernier trônait au milieu de la pièce. Elle releva le couvercle de ce dernier et considéra les touches blanches et noires avec une certaine satisfaction. Elle ne savait pas du tout jouer du piano mais c'était toujours dis que ce serait bien de savoir jouer quelques gammes. Elle regarda en direction de la porte toujours ouverte et n'entendit ni ne vit aucune présence étrangère.

Elle appuya sur trois touches à la fois, de toute sa force, et fit un immense bond en arrière en entendant le potin que ce dernier avait fait. Un piano était si puissant que ça ? En tout cas, ce qui la fit encore plus sursauter était d'entendre des pas se rapprocher, sûrement attiré par le bruit du piano. Elle considéra la pièce et, parmi toutes les cachettes possible, elle s'accroupit derrière le piano n'était pas du tout consciente qu'elle serait parfaitement visible pour quiconque passerait la porte, et ferma les yeux en entendant les pas se rapprocher...

Graah… C’est calme… C’est très calme… C’est même trop calme… Je m’ennuie… Et on n’est même pas en cours, alors ça remonte presque au miracle vous savez… Mais bon, on est au milieu de l’après-midi et j’ai la flemme d’aller bosser, comme d’habitude me direz vous, et vous avez tout à fait to…raison, s’cuzez moi… Et puisque j’ai rien à faire d’autre, je vais aller traîner un peu… Où, j’en sais rien, je verrais bien où mes pas me guideront…

Pourquoi pas aller flâner dehors ? Ouais, mais nan en fait… Y’a personne de sorti, et puis, rester tout seul comme un clanpin à attendre de la compagnie en plein soleil, c’était pas terrible… Aller m’exercer un peu au dojo ? Bah, le club de kendo risque de me huer à mon entrée… Après tout, ça fait deux entraînements que je loupe… Bon, je vais donc rester à l’intérieur… Pour une fois, ça ne me fera pas de mal de rester un peu là, j’vais pouvoir apprendre à me repérer dans les différentes salles et bâtiments… Même si l’année est bien entamée, je suis toujours aussi largué à ce niveau là…

Et donc, là, j’étais au bâtiment Showa, premier étage… Je me dirigeais alors vers les escaliers, descendant retrouver le plancher des vaches… Puis je pris un tournant à un couloir… Par là c’était… C’était quoi déjà ? Ah oui, les placards et réserves du même genre… Bah, rien d’intéressant là bas… Je passais alors devant l’une des réserves avant d’entre un violent son de piano sortir de juste à côté… J’étais donc allé voir, poussant la porte déjà ouverte et remarquant une jeune fille au centre de la pièce poussiéreuse, plantée là, devant un piano… Je mis un moment avant de m’habituer à la différence de luminosité et de reconnaître l’une de mes camarades de classe… Dont j’ai zappé le nom… Temporairement bien sûr, ça va me revenir, ne vous inquiétez pas…

- Hey ! Qu’est ce que tu fais là ?

Nagisa n'ouvrit pas les yeux en entendant qu'on l'interpellait. Elle se releva lentement pour faire face à la personne qui l'avait repérée sans trop comprendre comment elle l'avait vue, elle qui était si bien cachée. Elle battit des paupières quelques instants, le temps de passé de l'obscurité à la lumière, pour repérer une tignasse rousse qui lui était familière... Ou plutôt non, un espèce de brun avec des reflets oranges, oh et puis on s'en fiche !

Le fait était qu'elle le connaissait, et qu'elle le connaissait même très bien vu qu'elle l'appréciait, de loin. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que c'était pour le moment le seul qui n'avait pas tenté de l'approcher à de multiples reprises pour se lier d'amitié avec elle et que, connaissant la nature de Nagisa-chan, elle n'avait rien fait dans ce sens non plus.

Lorsqu'elle s'ennuyait un peu en cours, par exemple lorsqu'un professeur avait une manière d'expliquer un peu trop rébarbative, elle regardait soit par la fenêtre, soit Kotarô. Elle s'amusait toujours à le voir affalé derrière un bouquin en train de roupiller comme un bienheureux et s'était toujours demandée comment il faisait pour ne pas se faire attraper par les professeurs. Il la faisait souvent sourire, de par sa bonne humeur et son extravagance durant les intercours même si elle restait toujours bien à l'écart.

Oui, elle l'appréciait quelque-peu. Elle n'en était de loin pas amoureuse non, et n'aurait pas souhaité non plus s'en faire un ami (quoi que si l'occasion se présentait par miracle, elle ne dirait pas non), mais elle devait bien admettre que la présence de Kotarô Honjo en classe 1-A était une bouffée d'air frais.

Enfin bref, passons ces considérations pour se concentrer sur le moment présent. Elle s'était souvenue de son nom et l'avait à présent en face de lui. Même si la distance était très grande entre eux deux, elle restait toujours sur la défensive d'autant qu'elle était acculée dans le fond de la pièce sans aucune échappatoire possible... Bin oui quoi, on ne savait jamais, des fois que Kotarô décide de courir sur elle la bave aux lèvres avec un couteau à la main. Le pire étant que cette possibilitée avait été énumérée dans le cerveau de Nagisa parmi toutes les autres, ce qui faisait un peu peur je me dois bien de l'admettre.

En tout cas, en ce moment, elle regardait son interlocuteur, une expression peut-être légèrement craintive sur le visage mais à peine visible. Évidemment, il aurait suffi qu'il se rapproche d'elle pour que cette légère crainte ne se transforme en peur panique pouvant la rendre violente si elle n'avait pas d'endroit ou fuir. Vous me direz peut-être que le jeune homme n'était pas censé le savoir, ce qui est vrai, mais il n'avait pas pu manquer de temps en temps les fuites précipitée de Nagisa lorsque quelqu'un décidait de l'approcher d'un peu trop près pour lui parler, ou même lorsque quelqu'un lui parlait de loin de temps en temps. Il devait aussi savoir, mais là aussi ce n'était pas tout à fait certain, que la moindre parole ou geste brusque pouvait la faire paniquer jusqu'à un état proche de la crise de folie... Ou alors il ne savait rien de tout cela, car il n'avait jamais observé Nagisa ou ne s'était jamais interessé à elle et là... bin on est pas dans le caca tient.

La différence dans tout ça, c'était que Kotarô, comme précisé plus haut, était quelqu'un qu'elle appréciait, même si il ne la connaissait pas, ce qui expliquait pourquoi elle n'avait une expression que légèrement craintive. Et en ce moment, elle cherchait de quoi répondre à sa question un peu brutale sortie de nulle-part. Elle finit par prendre une grande inspiration et dire d'une toute petite voix légèrement tremblante .

« Rien, je visite... c'est tout... »

Et c'était tout aussi. Durant 20 secondes, elle ne dit rien de plus, se contentant de le fixer de loin, comme elle le faisait habituellement en cour. En fait, même si elle l'appréciait, elle souhaitait surtout qu'il parte assez vite afin qu'elle puisse à nouveau se retrouver seule vu que c'était principalement le but en étant venue ici, dans ce lieu désert. Néanmoins, Nagisa avait beau être un petit animal craintif, elle était tout de même curieuse de savoir ce que lui même faisait ici. C'est pourquoi elle demanda, tout en reculant discrètement d'un pas pour se retrouver dos au mur.

« Et toi, que fais-tu ici ? »

Sa voix était faible et tremblait toujours légèrement mais la pointe de curiosité que l'on pouvait y ressentir était également bien réelle.

Euh… Qui c’était déjà ? Mince, j’ai plus son nom en tête… Faut dire que c’est horriblement sombre là dedans et que même si j’ai pris le temps de m’adapter à l’obscurité, je vois pas bien là, c’est tout… Mais je suis quand même sur d’avoir reconnu une demoiselle de la 1-A… Après, laquelle, j’en sais rien… Déjà, j’ai plus tous les noms en tête, et en plus je vois pas bien de qui il s’agit vu qu’elle est allée se planquer tout au fond de la pièce… Attendez, se planquer ? Hum, je crois que je sais de qui il s’agit maintenant… Mais ça me redonne pas son nom… Ah ! Si, je sais ! C’est Nagisa !

Nagisa Fujikoa, l’antisociale… Enfin, non, j’ai rien dit… Pas qu’elle soit antisociale, mais elle évite les gens… Elle les fuit… Pourquoi ? Bah, je vois pas grand-chose comme raison, sûrement la timidité… Mais dans ce cas ce serait vraiment maladif à ce point ? La réponse me semblait toute indiquée : oui, malheureusement… L’ayant déjà vue s’enfuir en courant lorsque quelqu’un avait tenté de venir lui parler, elle ne laissait jamais le temps de s’approcher aux gens, elle s’était déjà éloignée avant… Donc, ma réponse était sans doutes la bonne… Ennnfin… Ca s’annonce difficile… Comment réussir à engager une conversation sans qu’elle ne s’enfuie en trois secondes à peine ? Et déjà, est-ce que je vais pouvoir espérer une réponse à ma question ? Si oui, ce sera déjà bien… Une voix faible se fit alors entendre, une toute petite voix, faible et tremblante, mais elle lui avait répondu, ce qui était déjà pas mal…

« Rien, je visite... c'est tout... »

Elle visite ? Aww, dans ce cas, je suis dans la même situation… Et après ? C’est tout ? Ah, oui, c’était bien tout apparemment… Pourquoi ? Bah, quelqu’un qui vous sort un « c’est tout » et qui reste une bonne vingtaine de seconde sans rien dire, c’est juste quand la personne vous dit que c’est tout… Et là, c’est ce qui m’arrivait… Vingt secondes sans rien dire, sans pouvoir répondre correctement ou relancer autre chose, vu qu’il n’arriverait sûrement à rien… Tenter de discuter avec elle semblait être peine perdue…

« Et toi, que fais-tu ici ? »

Heeein ?! Elle, elle vient de me demander ce que je faisais là ? Maisc’estunmiraclemaparole ! Comment ça vous n’avez pas compris ? Je disais que ça tenait du miracle, c’est tout… Combien de fois l’ai-je déjà vue adresser la parole à quelqu’un ? Ce doit être la première fois… Woah… Aujourd’hui est vraiment une journée pas comme les autres en fait…

- Et bah, je passais et j’ai entendu du vacarme venant de là. Donc, je suis venu voir de quoi il s’agissait… T’essayais de jouer du piano ?

J’avançais alors vers elle, portant plus mon attention vers ledit piano, trônant au centre de la pièce… Du moins, je faisais semblant de ne pas trop la fixer, sinon, elle allait encore se barrer en courant, et je risquerais pas de trouver grand monde avec qui discuter dans le coin… Mais bon, je m’installais alors devant le vieil instrument, tirant un tabouret qui traînait proche de là et observais le piano… Il est beaucoup sujet de piano tout de suite, mais bon, trop porter d’attention à Nagisa à tendance à la mettre mal à l’aise si je ne me trompe pas… Donc, je vais me jouer un petit air de piano, ça fera pas de mal… Et puis, la musique adoucit les mœurs non ? Je fis donc courir mes doigts sur les touches, volant de l’une à l’autre, faisant sortir du vieux piano un petit morceau de musique que j’avais encore en tête…

- Pfouah ! L’est poussiéreux ce vieux truc !

J’avais sortit ça sans trop y penser, un peu pour moi-même en voyant la poussière s’élever de chaque touche quand j’appuyais dessus… Mais bon, je relevais alors un peu la tête, jetant un coup d’œil à Nagisa, toujours cachée dans la pénombre… On aurait dit qu’elle tremblait… Nan, j’dois me faire des idées là…

Non, Nagisa ne tremblait pas, du moins elle ne tremblait plus tout du moins. Si elle n'avait pas répondu à la question de l'adolescent sur le fait qu'elle essayait de jouer du piano (ce qui entre nous sois dis n'était pas du tout le cas, elle avait juste été curieuse comme d'habitude), elle l'avait tout du moins écouté en jouer.

Elle n'était pas musicienne dans l'âme, en témoignait le potin qu'elle avait réussit à sortir d'un vieux piano simplement en appuyant sur trois notes. Elle admettait elle même que lui confier un instrument de musique de quelque nature qu'il soit était le meilleur moyen de faire fondre vos tympans dans un bain d'acide, et elle ne s'en cachait pas. Donc, si elle n'avait jamais eu l'opportunité de prendre des cours de pianos, elle aimait tout du moins écouter en jouer.

Même si le niveau de Kotarô n'égalait pas celui d'un grand pianiste, elle n'avait pas de noms particuliers en tête, elle devait admettre qu'il avait une certaine dextérité et que l'écouter jouer n'était pas désagréable. Effectivement, la musique adoucissait les mœurs et ce court morceau avait réussit à calmer un peu la jeune femme au niveau de la peur, même si elle était toujours collé au mur. Plus pour très longtemps toutefois car elle s'était légèrement rapprochée à mesure qu'il jouait et s'était arrêté au moment ou la musique s'était stoppée.

Toujours dans la pénombre certes, mais pas pour autant tremblante. Elle avait toujours peur, d'ou la distance qu'elle conservait entre elle et lui, mais lorsqu'elle lui reparla, sa voix était normale et ce n'était que pour poser une question.

« Tu peux le refaire ? »

Elle aimait bien... En fait, elle appréciait déjà Kotarô de loin, et l'idée de le connaître un peu plus en utilisant le piano comme moyen d'engager une réelle conversation était plus un subterfuge qu'autre-chose. Elle ne lui laissa pas le temps de recommencer et demanda simplement.

« Ou as-tu appris ça ? »

Nagisa se sociabilisait ? Miracle !

[HRP : Franchement court désolé... Je ferais mieux au prochain promis ><]

Tiens ? Qu’est-ce qui se passe ? J’ai rêvé ou elle vient de s’avancer ? Nan, c’est n’imp’… Toutes les fois où je l’ai déjà vue se barrer limite en courrant quand quelqu’un venait tenter d’engager la conversation… Bon, enfin, bref, je dois avoir la berlue aujourd’hui, entre la fois ou j’ai l’impression de la voir trembler et là où j’ai l’impression qu’elle s’avance alors qu’elle a tendance à fuir toute personne qui tente de l’approcher… Je devrais peut être retirer mon cache œil ? Quoique, à quoi ça m’avancerait ? En tous cas, elle m’avait demandé de le refaire, et j’étais absolument pas sûr de pouvoir rejouer ce morceau… J’avais joué d’instinct en essayant de me rappeler les quelques séances de musique que j’avais suivi durant mon primaire… Mais je n’eu pas le temps de recommencer, ou même de répondre qu’elle me demanda où j’avais appris à jouer ça…

- Beeen… Je sais même pas en fait… J’ai juste suivi quelques cours de musique en primaire, et ma mère est musicienne… Mais j’me rappelle vraiment plus où j’ai appris cet air là… Et pour ce qui est de le rejouer, si tu veux, je peux essayer mais je garantis pas de pouvoir le faire, désolé !

J’affichai alors un grand sourire, sonnant un peu comme un signe d’excuse tout en me grattant les cheveux, donnant l’air d’avoir été pris de démangeaisons du cuir chevelu… Juste une habitude en fait, un tic un peu inutile, et pourtant tellement automatique… Je restais ainsi quelques secondes avant de joindre les mains et de faire craquer mes phalanges, les dix doigts d’une seule traite, produisant un craquement sonore… J’allais sortir un « Oups… », mais ce serait inutile… Je me remis donc au piano, tentant de rejouer mon air en me trompant à la quatrième note, grimaçant légèrement sur le coup…

- Tss, je savais qu’j’allais me planter !

(Hj : pas grave pour la longueur ! ^^)

La musique adoucissait les mœurs, et chez Nagisa il n'y avait rien de plus vrai. Si il y avait bien quelque-chose capable de la calmer, c'était la musique, surtout lorsqu'elle était jouée en direct. Elle afficha une mine légèrement déçue lorsque son vis-à-vis lui annonça qu'il n'était pas sûr de pouvoir la refaire, mais reprit un peu du poil de la bête en constatant qu'il essayait quand même. Elle eut peut-être un très léger sursaut, totalement imperceptible à l’œil nu, lorsqu'il fit craquer ses phalanges... le son lui rappelant d'assez mauvais souvenirs de sa jeunesse, notamment avec un hachoir qui avait à peu près fait faire le même genre de craquement à sa main lorsqu'il l'avait coupée en deux.

Lorsqu'elle était petite, vers 6 ou 7 ans sans doute, elle s'était dit que plus tard, elle deviendrait soit guitariste, soit pianiste, et tout cela en regardant sa mère jouer du... banjo. Cela n'avait qu'un très vague rapport avec les instruments qu'elle souhaitait maitriser, et sa mère ne jouait que de manière très moyenne, n'ayant rien d'une artiste confirmée, mais c'était elle qui l'avait vraisemblablement initiée au monde de la musique lorsqu'elle lui demanda si elle voulait essayer de jouer de son instrument, ce à quoi Nagisa avait répondu par l'affirmative de manière énergique, avec un grand sourire enfantin.

Et puis après ça, il y avait eu son accident. Partiellement paralysée de la main droite, ses rêves de pouvoir jouer un jour d'un instrument c'était écroulé, et elle s'était mise au dessin en remplacement même si elle avait eu beaucoup de mal au début. Néanmoins, elle n'avait jamais renié son premier amour de jeunesse qui était la musique et, bien qu'elle ne puisse pas en jouer elle même, elle appréciait voir d'autres personnes le faire. Écouter un cd ou un mp3 sur l'ordinateur de son père marchait aussi, mais c'était tout de même moins bien que de voir les doigts courir sur les notes en direct.

Lorsqu'il se remit à jouer, elle ferma les yeux afin de mieux pouvoir s'imprégner de l'air, de sa substance... ce qui ne dura pas très longtemps. Elle les rouvrit brutalement lorsqu'une horrible fausse note, arrivée très tôt, vint gâcher le tout... Tout qui avait pourtant bien commencé. Elle eut un petit sourire un peu désolé.

Dommage, ça avait bien commencé.

Même si elle ne laisserait pas le jeune homme l'approcher plus que ça, elle conservait volontairement une distance d'environ 5 mètres avec ce dernier, elle constatait qu'elle arrivait à lui parler sans trop de mal, et sans bégayer non plus.

Sa crainte ne s'était pas totalement enfuie non plus. Elle voyait toujours le jeune homme comme étant un agresseur potentiel qui pouvait lui sauter dessus à tout moment. C'était ridicule, et elle le savait elle même mais son cerveau ne l'entendait pas de cette oreille. Le fait qu'elle appréciait Kotarô de loin, avant même de lui avoir parlé, ne changeait rien au fait que, même si il avait beau être gentil, sympa et un peu exubérants, il n'en restait pas moins un INCONNU. Notez l'importance des majuscules ici, car c'est quelque-chose qui n'est pas négociable. Tant que les lettres sont en majuscules, il ne vous sera pas possible de vous approcher de Nagisa sans qu'elle ne s'enfuie, ou vous mettes un méchant coup dans les valseuses si par malheur vous l'auriez acculée dans un coin. Une fois que les majuscules disparaissaient, vous aviez une chance de l'approcher... et encore, il ne fallait pas faire de mouvements trop brusque non plus, au risque de voir repasser le mot en majuscule et de devoir tout recommencer.

Passant sur ses considérations, la jeune fille fit le tour du piano, conservant toujours la même distance avec Kotarô et s'éloignant même un peu plus lorsqu'elle fut passée derrière ce dernier pour s'approcher de la fenêtre afin de regarder au dehors. A ce moment là, il se passa quelque-chose...

Nagisa, cette chère Nagisa, qui se tenait toujours en retrait dans l'ombre, à tel point que certains avaient lancé la rumeur qu'elle était en fait le fantôme d'une étudiante morte il y a 14 ans (oui, 14 ans, ne me demandez pas pourquoi) se tenait à présent à la fenêtre, dans le soleil qui inondait la pièce, en pleine lumière et il était à présent possible pour le jeune homme de la détailler sans vergogne.

S'appuyant légèrement sur le rebord, elle se passa une main devant l'oreille afin de rabattre une mèche de cheveux rebelles derrière son lobe, faisant sans même le savoir le mouvement de la japonaise parfaite, que l'on voyait souvent dans les dramas et les animés.

Nagisa n'était pas simplement jolie en ce moment, elle était belle. Il fallait le dire après tout, car ça ne lui arrivait pas souvent. Baignant dans le soleil, légèrement appuyée au rebord et regardant d'un air mélancolique à travers les carreaux la vie en contre-bas, elle semblait réellement être le fantôme d'une jeune fille morte qui aurait décidé de rendre visite au jeune homme, le temps d'un bref passage avant de disparaître.

L'impression fut brisée lorsqu'elle se releva et mit ses mains derrière son dos, se penchant légèrement pour observer Kotarô avant de lui demander, avec un petit sourire dans la voix.

« Et alors donc, quand tu ne dors pas en cours, tu viens flâner ici ? J'apprends des choses sur toi. »

Vu que le sujet piano était terminé, il fallait bien démarrer sur autre-chose et elle avait choisit de le taquiner quelque peu. Notez qu'elle n'avait rien à dire... Elle faisait toujours en sorte de fuir les interrogations orales, et lorsqu'elle était choisie, elle bégayait généralement tellement que le professeur finissait par abandonner la plupart du temps. Le seul qui avait réellement insisté c'était retrouvé avec une Nagisa qui avait couru brusquement en dehors de la salle de classe en hurlant qu'elle devait aller à l'infirmerie parce qu'elle ne se sentait pas bien, ce qui était en légère contradiction avec le fait qu'elle courrait de toute ses forces... Mais le sensei avait choisit de ne pas relever et de laisser couler, s'étant rendu compte lui aussi de la timidité maladive de la jeune fille, pour ne pas dire de sa névrose en fait...

Hum ? Quand je ne dors pas en cours ? Ah, je suppose que tout le monde dans la classe doit savoir que je finis mes nuits planqué derrière un bouquin… Sauf peut être les profs… Enfin bref, elle vient de me coincer là… Qu’est ce que j’peux répondre à ça ? Que c’est n’importe quoi ? Nan, même le dernier des crétins n’y croirait pas… Mais pour ce qui était ce flâner par ici, c’était pas tout à fait vrai, étant donné que j’ai tendance à traîner un peu partout ici… Je me tournais vers elle, l’observant quelques instants avant de lui répondre… Il fallait remarquer que le jeu de lumière de la pièce était impressionnant… Et avec elle placée comme ça, on se serait presque cru sur un plateau de tournage… Mais bon, je rêve encore là…

- Ben, quand je ne dors pas, c’est généralement que je ne suis pas en cours. Mais je viens pas spécialement traîner par ici, c’est juste qu’aujourd’hui j’avais décidé de passer dans le coin et je t’ai entendue faire un vacarme pas possible alors je suis venu voir…

Hum, c’était vrai, mais quelque chose me tracassais encore… Elle disait en apprendre sur moi, mais en fait, je sais rien d’elle ! Et puis, depuis le début de l’année, je peux pas prétendre connaître un nombre de personnes impressionnant… Je connais du monde oui, mais de vue ou de nom, comme Nagisa, mais je ne les connais pas vraiment en fait… Je me penchais un peu en arrière pour m’appuyer, me rattrapant au dernier moment…

Ah, ce tabouret est chiant, j’ai pas de quoi m’adosser ! En même temps, c’est un tabouret… Si y’avais eu un dossier, ça ce serait appelé une chaise… Mais j’avais décidé de m’appuyer sur quelque chose, et, reculant un peu, j’étais allé poser mes coudes sur le piano, oubliant de le refermer d’abord… Résultat, j’écrasais d’un grand coup les touches du clavier, provoquant à mon tour un énorme raffut, sursautant au passage…

- Mince… Désolé…

Ah, pas doué que je suis… Non seulement elle a tendance à fuir les gens, alors avec ça si elle part pas en courant de surprise, j’aurais vraiment de la chance… Enfin, puisqu’elle n’a pas l’air de vouloir s’enfuir en courant, qu’est-ce que je peux faire ? Taper la discute ? Bah, on va pas faire un scrabble nan ? Celui qui me répondra que si peut déjà sortir, parce que je sais qu’il y en aura…

- Dis moi, tu viens souvent ici toi ?

[HJ : Désolé pour la longueur du post ><]

Nagisa ne savait pas trop qu'en dire. Au final, elle avait toujours aussi peur du jeune homme même si elle avait semblé se convaincre du contraire. Il était amusant de loin mais... lui parler était un peu trop. Elle avait souvent beaucoup plus de mal avec les hommes qu'avec les femmes, ce qui cachait peut-être une androphobie sous-jacente ? Elle espérait en tout cas de toutes ses forces que non...

Son explication tenait la route à vrai dire. Elle avait fait du bruit, il était venu voir et ça s'en tenait là mais... Maintenant qu'elle avait fait le tour du piano, elle était en face de la porte et plus rien ne l'empêchait de partir de la pièce.

Elle sursauta lorsqu'il fit brusquement un vacarme assourdissant avec le piano et s'étonna qu'aucun professeur ne soit encore venu voir la source de tout ce bruit. Ils devaient être chanceux, l'un comme l'autre. Elle secoua la tête à son désolé.

« Ce n'est pas bien grave, ça m'a juste un peu surprise. »

Elle n'eut pas de réactions particulières à sa question. Non, c'était la première fois, mais...

« Non, mais je pense que je vais revenir... c'est calme et... j'aime bien. »

C'était tout, tout ce qu'il y avait d'intelligent à dire. Elle se dirigea vers la porte, faisant quand même un détour considérable pour ne pas croiser Kotarô de trop près et s'arrêta au seuil de cette dernière.

[color=blue]« Je serais bien restée, mais je suis fatiguée depuis ce matin. Je n'ai sans doute pas assez dormi et je ne suis pas vraiment en état de tenir une conversation. Au revoir. »

La fatigue n'était qu'une excuse. Ce n'était pas le manque de sommeil qui l'avait épuisée puisqu'elle dormait naturellement peu mais plutôt tout le stress qu'elle avait pu ressentir à se retrouver dans un endroit aussi peu spacieux en compagnie du jeune homme. Elle se retourna, prête à partir, mais ajouta tout de même.

« Je connais ma réputation au sein de cette école mais si un jour tu as envie de me reparler, je ne fuirais pas. »

Franc ? Elle ne le savait pas elle même. Cela dépendrait sans doute de la manière qu'il aurait de l'aborder. Si il l'appelait de loin, il y avait toutes les chances qu'une conversation s'engage. Si il lui posait la main sur l'épaule, elle se transformerait en flash gordon en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Elle passa le seul puis disparu au coin. Voilà, elle était partie...

[HRP : Fin du rp pour moi. Dis moi si tu veux faire une dernière rep, sinon je met un terminé dans la description]