Konata adorait les festivals. C’était quelque chose auquel elle prenait part depuis sa plus tendre enfance et qui lui étaient désormais aussi naturel que de respirer. C’était un moment ou l’on pouvait s’amuser sans cesse ! Même si le porte monnaie en pâtissait forcement, mais son père lui avait justement donné un bonus sur son argent de poche, sachant que le festival approchait. Son papa, c’était vraiment le meilleur des papa !

Konata avait revêtu un yukata rouge aux motifs de fleurs de prunier, cadeau d’un de ses frères pour son dernier anniversaire. Faire le nœud de son obi toute seule avait été un peu plus dur, mais heureusement, elles s’étaient habillées entre copines, s’aidant les unes les autres à choisir ornements et geta les plus adaptées à leurs tenues. Elle même s’était finalement décidée pour une simple barrette ornée d’une fleur artificielle, sachant que bien vite elle porterait un masque ou un artifice quelconque.

Après avoir bien macroté sur les p***** qui les lâchaient pour aller passer le festival avec leurs copains respectifs, elles étaient descendues en ville, riant et s’amusant de tout et de rien. Tir à la carabine, jeu de pêche, friandises en tous genre, procession… les activités s’enchaînaient d’elle même sans temps mort. La nuit commençait à tomber, et une furieuse envie de Takoyaki grondait au fond de l’estomac de la brunette, qui laissa un instant ses amies de coté pour se diriger vers le stand en courant.

Courir dans la foule n’était pas chose aisée, et elle se heurta au dos d’un jeune homme en yukata, manquant de tomber à la renverse et laissant tomber son sac au sol.

« Oh, mince fait attention ! »

S’accroupissant, elle ramassa son sac, et lorsqu’elle releva le regard pour voir a qui elle s’adressait, elle eut la surprise de reconnaître un visage un peu trop connu. Etait-ce une mauvaise blague des esprits ? Elle toisa Eiji de haut en bas. Le yukata lui allait bien, et malgré elle, il lui plaisait toujours. Mais finalement, ce n’était pas si douloureux qu’elle l’aurait cru. Elle rajusta le masque de renard qui se tenait sur le coté de son crâne, et avança d’un pas à coté D’Eiji.

« Paye moi des yakitori ! »

Elle avait fait un pas dans son sens, à lui de saisir la perche maintenant. Et s'il ne savait pas saisir comme telle la fleur qu'elle lui faisait en acceptant de lui parler, tant pis pour lui !

La journée avait débuté sur un ton assez morose, alors qu'il se rendait seul au festival, esquivant ses colocataires de toute façon bien trop occupés à s'habiller l'un l'autre pour se rendre compte de son départ. De Kenji, pas de trace, ce qui n'était pas étonnant : le jeune homme n'était pas des plus à l'aise avec ses sempai. La journée avait magistralement changé de ton quand il avait été promptement embarqué par une partie de l'équipe de kendo, réunie à cette occasion. Ils s'étaient rendus au temple pour assister à la cérémonie d'ouverture puis à la procession, avant de redescendre en ville pour bâfrer et participer à des tas de stands de la manière la plus bruyante possible.

Eiji s'était laissé engouffré avec ce flot de mâles bruyants et remuants, y trouvant naturellement sa place et se vidant la tête avec un immense soulagement. Avoir fini à moitié trempé pendant une pêche aux poissons qui avait fini avec des allures de catastrophes avait fini par alléger son humeur, même quand ils avaient du longuement s'excuser auprès du gérant du stand qui les avait gratifié d'un sourire en disant qu'il était normal que les jeunes gens s'amusent pendant le festival. S'il ne le faisait pas maintenant, quand en auraient-ils l'occasion ?

Le groupe avait fini par s'effilocher, et le jeune homme trainait déjà seul depuis un moment, quand une petite silhouette dans un yukata rouge, couronnée par un masque de kitsune, le heurta avec assez de force pour le faire vaciller. Le visage de Konata apparut sous le masque, les laissant surpris tous les deux. Konata fut la première à reprendre ses esprits dans une demande des plus terre à terre qui arracha un sourire au jeune homme. Elle lui avait manqué... il n'avait pas trop su comment l'aborder au club de kendo, méfiant quand à l'accueil que la petite demoiselle aurait pu lui réserver. Peut-être s'était-il fait des idées, ou alors suffisamment de temps avait passé pour panser leurs blessures respectives.

" Tu changes pas toi. "

Accrochant la petite jeune fille par le bras, il la guida dans la foule dense, profitant de sa taille et de sa stature pour se frayer un chemin jusqu'à une baraque d'où s'échappait une délicieuse odeur de poulpe grillé. Il n'était pas suffisamment tard pour attirer les dineurs, si bien qu'il eut tôt fait de se retrouver avec deux grosses barquettes fumantes de takoyaki dans les mains. Eiji regarda autour de lui, cherchant un coin un peu plus calme au milieu des stands. La foule semblait encore plus dense qu'elle ne l'avait été en début de journée.

" Tu veux qu'on cherche un endroit tranquille pour les manger, ou tu vas trop manquer à tes copines ? "

Ou à un autre petit copain. Bizarrement, si cette possibilité était très réelle, et absolument pas son affaire, l'idée le dérangeait fortement. Et puis il était plus simple d'imaginer sa furie entrain de guider un groupe de filles piaillantes au milieu des stands de confiserie, ou en train de partir à l'assaut de peluches mignonnes.

Le visage sceptique d’Eiji suite à l’altercation et à cette rencontre étrangement forfuite céda la place à une petite sourir accompagné d’une réflexion amusée qui lui fit faire un petit geste orgueilleux de la main.

« Pourquoi, je devrais ? »

Elle attrapa le bras offert, usant des compétences de tank d’Eiji. Elle aura assurement réussi à se faire seule un chemin à coup de coude pointu planté dans les hanches et de marche décidée, mais laisser Eiji ouvrir le chemin n’était pas désagréable non plus, et se sentir de nouveau proche de lui, bien qu’étrange, était également appréciable. Une fois devant le stand, elle n’eut pas besoin de préciser sa pensée qu’il lui choisissait une grosse barquette bien remplie. Il connaissait ses goûts. Elle se sentait bien à son coté et ils allaient bien ensemble. De nouveau cette apparence de couple modèle… Sauf qu’ils ne pouvaient pas l’être.

Elle haussa les épaules à la question, jetant un coup d’œil en arrière à ses copines, qui, attroupées devant un stand, s’étaient retournées vers elle et l’appelaient. Elle leur répondit d’un geste de main mimant parfaitement l’excuse , leur faisant signe qu’elle restait avec Eiji pour le moment, et se retourna en grommelant à voix basse.

« Et la elle sont sûrement déjà en train de maccroter sur le fait que je suis avec toi, ptain les filles des fois… Ahlalala j’ai trop faim ! »

Sa voix était remontée de 2 octaves tandis qu’elle se saisissait de son du et ouvrait cette fois-ci elle même la marche vers une petite table publique en pierre avec banc assortit, sur lequel elle s’assit sans paraître si gênée que ça par son yukata. Retroussant ses manches bien haut sur ses bras, elle se saisi d’une première brochette dans laquelle elle mordit avec vivacité avant de la reposer aussitôt.

« Ah ah ch’est chaud !! »

La langue pendante, elle s’éventa la bouche de la main, avant de déglutir une ou 2 fois pour apaiser sa langue légèrement brûlée. Elle put enfin mordre dans une boulette, et tendis le bâtonnet vers Eiji, un air inquisiteur sur le visage, la joue déformée par la boulette en cours de mastication.

« Alors toi ? Pas de nouvelle copine à trainer au festival ? »

Malgré elle, la pique était la, sous jacente. La petite vipère pouvait se faire aussi mignonne qu’elle le voulait, l’acidité perçait malgré elle, la blessure pas tout à fait refermée. Peut-être parce que maintenant, ce n’était plus seulement une question de temps, mais de la manière dont eux 2 évolueraient vis à vis l’un de l’autre.

Konata abandonna ses copines sans se faire prier, le guidant vers une petite table un peu à l'écart où ils pourraient manger sans se faire bousculer. La pierre était froide sous le coton fin du yukata, créant un contraste agréable avec l'air chaud et moite de cette fin d'après-midi d'un été naissant. Il avait eu la bonne idée de mettre un yukata très sombre, noir avec de fines rayures grises, si bien que la journée passant, il avait eu l'impression de se balader dans un four, excepté pendant l'arret au stand des poissons. La chaleur avait surement beaucoup joué à cette soudaine animation qui les avait tous agités quand ils avaient été à portée de l'eau.

Eiji laissa la jeune fille se bruler la première sur ses takoyaki, préférant attendre quelques secondes en regardant les flocons de bonite se tortiller sous la chaleur avant de gouter à son tour, avec bien moins de contractions et de grimaces que son ex. S'il y avait bien une chose qui le ferait toujours rire chez elle, c'était cette manie de toujours se bruler en goutant un plat : à croire qu'elle n'apprendrait jamais... Pourtant elle n'était pas si affamée qu'elle avait besoin de manger dans l'instant. Konata en somme : aucune patience.
Les boulettes étaient fondantes et parfumées à souhait. Eiji en mangea une, puis deux, se rendant compte avec surpris qu'avec tous les trucs qu'il avait grignoté dans la journée, il ne s'était jamais vraiment arrêté pour manger correctement, et mourrait littéralement de faim.

La question lui fit relever la tête, son appétit soudain disparut. Au final, les choses n'étaient pas tout à fait comme avant, l'agressivité de Konata dirigée une fois de plus envers lui plutôt qu'envers un malheureux passant qui aurait eu le malheur de déplaire à sa petite furie. Eiji mâchonna quelques secondes son beignet avant de l'avaler, se refusant de lui donner la satisfaction de s'étouffer devant elle.

«  Non, l'équipe de kendo était une compagnie bien plus agréable. »

Sans temps mort, il planta sauvagement une autre boulette qu'il porta à sa bouche, avant de réaliser que son geste était en tout point similaire à un geste qu'elle aurait pu avoir. Il avala l'objet du délit tout rond avant de porter un regard affectueux sur Konata. Marrant comme il avait pu passer facilement de la colère à autre chose avec elle. De l'amusement ? Ca avait déjà été le cas quand ils étaient ensemble, cette complicité facile d'accès malgré leurs défauts à tous deux. Au final, il n'avait jamais vraiment eu à faire d'effort pour que les choses se passent bien, ils avaient déjà ces atomes crochus qui faisaient les vrais couples. Ne manquait que l'étincelle qui l'aurait vraiment attiré vers elle.
Un sourire naquit sur les lèvres d'Eiji et il porta une main vers le visage de Konata d'où il retira un petit bout de tentacule de poulpe coincé dans les cheveux retenus par la barrette fleurie assortie à son yukata.

«  Ta douceur m'avait manquée Panda-chan. »

Avant de se préparer à esquiver le coup qui ne tarderait pas à être porté : il connaissait exactement les limites de la douceur de Konata. Et en tant qu'ex officiel, il n'avait absolument plus besoin de se prendre ses coups pour prouver à quel point il l'aimait.

Konata eut un sourire torve lourd de sous entendu en réponse à la réplique d’Eiji. Ah oui, la compagnie du club de kendo, huuum ? Mais l’envie de le taquiner plus sur ce sujet s’évapora d’elle même lorsqu’il planta sauvagement une boulette pour la manger. Elle le trouvait attendrissant. Elle avait envie de le protéger, comme un de ses frères. N’était-ce pas ce qu’il avait toujours été pour elle au final ?

Konata s’empourpra au toucher ainsi qu’à la remarque, donnant une tape dans la main d’Eiji qui fit voler le bout de poulpe par terre. Le visage tourné pour ne pas le regarder dans les yeux, elle avoua, avec une pointe d’agacement :

« Toi aussi tu me manque. »

Elle posa les lèvres sur la boulette suivante, avant de les lécher, appréciant la sauce sucrée. Contrairement à son habitude, elle resta songeuse un instant, avant de grignoter la boulette avec un peu plus de douceur. Elle hésitait un peu sur les mots à employer. Finalement, avec un soupir, elle déclara simplement :

« Ca n’a pas de sens de s’éviter tout le temps. »

Terminant sa brochette, elle coinça la petite baguette de doigts entre ses doigts avant de croiser les bras avec un air important.

« Et il n’y a pas un seul adversaire au kendo qui tienne le coup face à moi, ils sont tous trop prévisibles ! »

Son regard resta braqué vers Eiji, son regard brûlant de gêne et de colère. S’il avait l’impudence de ne pas lui répondre correctement, sa colère serait terrible. Malgré les apparences, ce n’était pas facile pour elle, se faire ce retour vers lui. La blessure cicatrisée semblait vouloir se rouvrir à la moindre contrariété.

Mais elle n’avait pas non plus envie de se laisser aller comme une chiffe molle. Les problèmes, elle les prennait à bras le corps et leur faisait subir un german souplex à la konata !

Son regard fut attiré par un mouvement coloré dans la foule non loin d'eux. Le jeune homme détourna les yeux de Konata pour voir passer une jeune femme qui, au lieu du yukata traditionnel, en portait une version plus courte aux couleurs criardes, assorties à une coupe de cheveux dont l'élément le plus important semblait être les deux macarons verts d'où sortaient des petites nattes de la même couleur. Effarant. Dissimulant à peine une grimace, il en revint à la jeune fille. Elle exprimait des interrogations qu'il avait eu sans oser les lui exprimer. Avec les colères vives et le verbe haut de Konata, s'adresser à elle avait été risqué... mais pas tant que ça semblait-il. Ces derniers temps, il n'arrêtait pas de voir ses idées préconçues remises en question – si ce n'était complètement chamboulées et retournées comme des crêpes – par une réalité bien moins terrible qu'il ne cherchait à le croire.
Peut-être que les choses ne demandaient qu'à bien se passer au final ?

«  Tu veux m'aider à entrainer l'équipe jusqu'à ce qu'on gagne les championnats nationaux ? »

Le jeune homme baissa les yeux sur ses takoyaki, cherchant comment formuler en paroles les pensées qui trottaient dans sa tête depuis un petit moment déjà, sans se formaliser du regard brulant qu'il sentait sur lui. Konata ne faisait jamais dans la demi-mesure, et il préférait la colère au mépris ou à l'ignorance. Etait-il possible de passer outre ce qu'il y avait eu entre eux ? Ou en l'occurrence ce qu'il n'y avait jamais eu, mais qu'ils avaient essayé de créer ? Il voulait croire que ça valait le coup d'essayer. La petite brune avait déjà fait un effort en s'asseyant avec lui, à son tour de tendre la main – offrir des takoyaki n'était pas la seule chose à faire pour adoucir Konata, même si c'était déjà un pas en avant.

«Non, ça n'a pas de sens... j'aimerai qu'on soit amis, à défaut d'autre chose. »

Une nouvelle boulette fut épinglée d'un coup de baguette furieux, le poulpe en son sein agonisant rapidement sous la violence de l'assaut. Eiji brandit son trophée, le contemplant un instant avant de fixer Konata, sourire aux lèvres.

« Même si ça coute cher niveau bouffe ! »

Autour de lui, le festival lui sembla soudain plus bruyant, plus vivant. Les gens ne retenaient pas leur souffle en attendant de voir ce qu'il ferait. Il n'y avait bien que lui pour savoir comme il assumerait sa vie, ainsi que les gens qu'il voulait laisser être proche de lui. Et parmi ceux-là il y avait une petite furie aussi dangereuse qu'un taureau lâché dans l'arène. Et il était près à accueillir ses colères à bras ouverts si c'était nécessaire.

Eiji laissa courir son regard un instant dans la foule, et Konata lui accorda ce répit. Les différences entres amies étaient très nombreuses, et celle-ci en faisait partie. D’une ami, on était moins exigeant, plus conciliant. Lorsque le brun repris finalement la parole, elle grimaça de manière comique.

« Ptêtre pas jusque la, je suis pas autant dans le truc que toi. »

Ou peut-être que si. C’était vrai au début, mais au contact d’Eiji, le kendo était devenu quelque chose d’encore plus régulier qu’avant, et même si elle ne cherchait pas à progresser de la même manière que le brun, elle le pratiquait encore de manière assidue. Surtout parce que ça permettait de se défouler ! Finalement, entraîner les plus jeunes pourrait être un truc bien drôle…

Elle termina ses takoyaki, un petit sourire amusé sur le visage. Idée à méditer ! Mais pour le moment, il n’était pas que question de kendo mais bien de eux 2. Elle regarda Eiji un court instant, amusée de ses paroles, avant de se pencher un peu en avant pour continuer la conversation, motivée.

« Je veux être ta meilleure amie ! »

Croisant les mains sous le menton, elle s’accouda au bord de la table et regarda Eiji dans les yeux avec un grand sourire mutin.

« Alors, dit moi tout : y’a un garçon qui te fait craquer en ce moment ? »

La question était autant la pour l’enquiquiner que sincère. Elle voulait tout savoir, le conseiller et plus encore ! Quite à avoir un ami gay, autant parler mecs avec lui. Et puis, elle voulait aider Eiji. Il était tellement coincé sur tout ça le pauvre, que s’en était une calamité. Il avait besoin de conseils de super Konata !

Konata balança ses pieds nus dans l’air frais du soir, ses geta tombées au sol depuis belle lurette.

Le sourire d'Eiji menaçait de lui faire deux fois le tour de la tête. Il avait perdu une petite amie pour gagner à la place une amie sur qui il pourrait compter – qui n'hésiterait certainement pas à lui faire entendre ce qu'il ne voulait pas et à dire tout ce qui lui passait par l'esprit – mais à qui il pouvait entièrement faire confiance. De toute façon, leur relation était déjà passée par le pire où elle pouvait passer... la petite jeune fille ne craignait plus grand chose de sa part, et inversement.
Du moins, il aurait pu le croire. Sa question manqua de le faire s'étouffer avec son takoyaki, le laissant les larmes aux yeux, les poumons en feu et trop occupé à se taper la poitrine pour ne serait-ce que réfléchir au commencement de la réponse qu'il pourrait lui donner.

« Konata... »

La réponse avait été murmurée, à bout de souffle, alors que ses joues avaient pris une teinte vive à faire concurrence au yukata de sa compagne. Pourquoi avait-il été persuadé qu'elle ne chercherait pas à en savoir plus sur sa vie intime ? Qu'au contraire, dégouté par l'échec de leur relation, elle garderait ce détail tabou et censuré ? Il aurait du le savoir : il la connaissait suffisamment pour savoir que derrière ce coeur de furie peu féminine, se cachait une jeune demoiselle en fleur qui adorait les commérages. Surtout les pires.
Le jeune homme fut sur ses pieds en un instant, murmurant une excuse comme quoi il allait acheter des boissons, s'offrant quelques précieuses secondes de répit au prix des derniers takoyakis restant dans sa barquette, pour lesquels il se faisait peu de doute quand à leur durée de vie.

Quelques minutes et une foule bravée à coups de coudes plus tard, il revenait, porteur de deux boissons d'où dépassaient des pailles multicolores. Eiji déposa la boisson à la paille rouge – soda à la cerise – devant Konata, gardant pour lui le matcha frappé plus à son goût. A ses côtés, le regard de la brunette signifiait qu'elle ne lâcherait pas le morceau si facilement et que s'il tenait à la garder comme une amie, il avait intérêt à lui faire confiance. Et à lui faire confiance de préférence vite.
Le jeune homme aspira une gorgée de thé vert en se rasseyant, essayant de trouver les mots. S'il n'y avait que le fait d'oser avouer à haute voix que quelqu'un lui plaisait – ce quelqu'un étant résolument du sexe masculin premier soucis – l'identité de la personne était quand à elle des plus inavouables.

« C'est possible... mais ça sert à rien. »

En étant le plus vague possible, peut-être lâcherait-elle l'affaire.
Et demain, le soleil se lèverait au Nord et il se découvrirait une passion soudaine pour le ballet et pour les femmes à forte poitrine. Il y avait des jours où sa foi dans le monde était trop forte. Souriant toujours, Eiji se carra derrière sa paille, se préparant aux questions qui allaient très certainement suivre. Au moins, sa vie était tout sauf ennuyeuse.

Un sourire carnassier sur les lèvres, Konata ne bougea pas d’un pouce face à la – prévisible – réaction d’Eiji, lui laissant le temps de retrouver un semblant de contenance. Chose qui prévoyait de prendre un peu de temps, eut égard à la pudeur globale du jeune homme et la manière dont son teint avait viré au rouge fluorescent. L’instant d’après, il était d’ailleurs debout sur ses pieds, marmonnant une vive excuse avant de fuir racheter un quelque chose qui lui occuperait les mains et l’esprit le temps de répondre. Grand seigneur, Konata lui accorda ce repit, se contenant de dévorer les boulettes abandonnées sans égard par cet inconscient.

Lorsqu’il revint finalement, cette fois-ci porteur de 2 boissons joliment décorées – s’il avait failli au rôle du parfait petit ami une fois au lit, elle ne pouvait nier que son comportement en exterieur était parfait. Et qu’il convenait aussi pour celui du meilleur ami. Génial – elle le fixa du regard sur tout le chemin qui menait vers leur table, le forçant à finalement s’exprimer.

Mais eiji, soucieux de faire durer le suspense, pris le temps de boire une petite gorgée de sa boisson – elle n’avait pas besoin de gouter pour savoir que c’était du thé vert. Soucieux de sa virilité comme n’importe quel mec ampli de doutes sur sa sexualité, il prenait garde de ne pas se laisser aller à aimer le sucre, le rose, et tout ce qui était mignon de prêt ou de loin – elle se retint pour sa part de toucher à la sienne, baillant ostensiblement pour montrer son attente patiente et distinguée.

La phrase qui vint après cette interminable attente fut des plus décevantes, et elle ne se cacha pas de le montrer.

« C’est possible, ça veut dire que c’est oui, et ça sert à rien, ça veut dire qu’il est inaccessible et donc… Un sempai ? Tu ferais mieux de tout déballer mon cher Eiji, ou mes spéculations risqueraient de dépasser la réalité. »

Un sourire de bébé vampire aux lèvres, elle pris une petite gorgée rafraîchissante du breuvage.

Compter sur Konata pour faire preuve d'un peu de délicatesse et laisser tomber ce sujet qui le perturbait tant ? Autant compter sur la gentillesse d'un yokai, à la différence que Konata, elle, était bien réelle, assise devant lui, et attendait sa réponse comme un chat guettait sa proie. En acceptant de devenir son ami, il s'était soumis à cet accord tacite, de tout lui raconter. Oh, il savait qu'il pouvait compter sur elle pour ne rien raconter – du moins, ne rien raconter de grave – mais elle s'attendait à tout savoir, ce qui serait aussi douloureux que salvateur.

Le jeune homme étouffa un grognement aux suppositions de la demoiselle – un peu trop près de la vérité à son goût – sans savoir comment répondre. Il ne pouvait pas ne pas répondre – si tôt après avoir clamé son amitié, Konata ne prendrait pas un nom comme réponse – et il était aussi impossible de dire la vérité. Mentir ? Ce n'était pas dans ses habitudes mais s'il arrivait juste à détourner un peu la vérité... la peur panique de voir la vérité dévoilée aidant, le jeune homme lança la première réponse qui lui vint à l'esprit, sans réaliser les conséquences qu'elle risquait d'avoir par la suite. De toute façon, tout valait mieux que Konata ne soupçonne la vérité.

«  Non, c'est juste... il est pris. »

L'excuse était aussi bonne qu'une autre, et probablement bien plus réaliste qu'un certain nombre qu'il aurait pu lancer comme ça. Le jeune homme fixa Konata puis baissa les yeux sur son thé vert, essayant de garder son sang froid et de ne pas continuer à s'enliser dans une voie dont il n'arriverait plus à se dépêtrer. Il espérait que la réponse lui suffise, et qu'elle se contente à commencer à parler des autres garçons potentiels pour elle comme pour lui, dans le lycée. Conversation gênante au possible, mais plus supportable qu'une conversation entièrement basée sur ses envies.
Et sur celles de Konata ? Idée pas forcément des plus intéressantes. Même sans être son petit copain, un reste de jalousie et d'envie protectrice sommeillaient chez le jeune homme, et l'idée de voir un autre garçon tourner autour de la petite jeune fille faisait grogner le fauve intérieur du kendoka.

Son regard dériva à nouveau sur les stands où s'arrêtait une foule clairsemée et vive en couleurs. Autant les yukata masculins étaient pour la plupart dans des couleurs sobres, mais à l'inverse, les contreparties féminines étaient hautes en couleurs, vives et chatoyantes, sans oublier les stands, les décorations, et les masques peints qui venaient parer les tenues. Le tout se mariait en un ensemble remarquablement assorti, les couleurs d'un festival et de l'allégresse ambiante.

«Tu veux qu'on aille sur un stand de tir ? »

Tentative pour détourner l'attention ? Si peu.
Avec une réelle envie de s'amuser et de faire autre chose tout de même, de profiter de ce festival plein d'une bonne humeur qui jusque là ne l'avait pas réellement touchée.

Un peu affolé, Eiji réagit et cracha un petit morceau finalement, qui bien que frustrant, commençait à lui donner un morceau de piste. Il était pris ? Manière pudique de dire qu’il était maqué avec une nana et donc hors de porté ? Mais Eiji était bien placé pour savoir que ça pouvait ne rien vouloir dire du tout… Le cerveau de la brunette se mis à tourner à toute allure pour commencer à lister les potentiels, les moyennement potentiels, et ceux qui étaient impossibles. Les mecs de sa classe, ceux du kendo aussi sûrement, hum… Peut-être même plus quelqu’un du club de kendo ! C’était la qu’Eiji s’ouvrait le plus, et puis, ces mâles en sueur, cette ambiance humide… Konata était en train de devenir une vraie fushoji malgré elle.

Un petit nuage rose d’émotion s’évanouissant au-dessus de sa tête, Konata remis les pieds sur terre à la proposition de Eiji et ne put retenir ses instincts primaires :

« Oui oui oui ! »

Si elle comptait le cuisiner encore un peu, c’était rapé. Mais bah, chaque chose en son temps : Le mieux était encore d’accumuler les informations comme une petite sourie, et un jour la vérité pointerait le bout de son museau. Et puis le tire à la carabine, elle aimait vraiment trop ça. Même si les intentions d’Eiji étaient claires comme de l’eau de source, elle rejoignait son avis sur l’idée de profiter de ce festival pour s’amuser. Avec un peu de chance, elle pourrait même induire un peu de saké dans le sang d’Eiji pour le rendre plus prompte à répondre à ses questions.

Elle renfila ses geta et bondit sur ses pieds, prête à partir aussitôt, sa boisson à la main. Il y aurait bien sur quelques gênes encore, mais le temps semblait avoir quelques peu apaisé la plaie à vif de leur rupture. D’un pas rapide, elle se dirigea vers le stand de tir le plus proche, jouant des coudes pour pouvoir s’approcher du comptoir.

« Je voudrais 2 carabines siouplait ! »

Evidemment que ça allait se transformer en duel pour voir qui avait la plus grosse, quel intérêt sinon ?

L'attention de Konata était facile à détourner en usant des bons arguments, même si Eiji restait persuadé que la diversion ne durerait qu'un temps. Qu'importe : cela lui laisserait le temps de réfléchir à une stratégie de diversion qui tiendrait le coup face à sa petite furie.
Le jeune homme attrapa sa carabine, et, comme Konata, se prépara pour le tir. L'arme lui plaisait certes beaucoup moins que l'arme plus noble qu'était l'arc, mais au moins savait-il ouvrir les yeux pour tirer. De son côté, Konata avait pour elle l'expérience des fêtes foraines et autres parc d'attraction, sans oublier de nombreuses bornes d'arcades qu'elle avait du étrenner de ses pieds menus. L'ensemble faisait un duel plutôt équilibré, ponctué d'injures et de provocations d'un côté, et de commentaires plus doux de l'autre. Sans surprise, les commentaires les plus acérés étaient toujours prononcés d'une voix féminine.

Une dizaine de minutes plus tard, leurs points combinés permettaient à la jeune fille de repartir avec un gros poulpe en peluche dont les tentacules duveteuses s'ornaient de ventouses aux extrémités. Eiji lorgna longuement la bestiole en coin, hésitant à verbaliser ce qu'il ressentait par rapport à la peluche choisie par Konata. Un poulpe... ça se mangeait ce genre de bestiole ! Il n'y avait que dans les animes Hentai que les jeunes filles en serraient un dans leur bras avec un regard adorateur !
Après quelques regards appuyés sur le duo poulpe-jeune fille, le kendoka finit par prendre la parole d'une voix circonspecte, alors qu'ils se frayaient un passage dans la foule qui se faisait plus dense dans cette fin d'après-midi qui devenait début de nuit.

«  Tu vas l'appeler comment ? »

Plutôt soft comme approche, certes, mais un coup de tentacule était si vite parti... Le jeune homme tendit le bras et agrippa un des pseudopodes qui pendouillaient, l'agitant délicatement non loin de sa compagne en essayant d'imaginer la bestiole en décoration de la chambre de Konata, probablement identique à la sienne à la différence de quelques posters stratégiquement placés , de coussins colorés et autant de choses mignonnes et brillantes qu'on pouvait imaginer dans une chambre de fille. Ok, finalement, il ne dépareillait pas tant que ça ce poulpe aux petits yeux brillants en boutons de bottines et au sourire moqueur.

« Ca change des pandas... »

Un vent plus frais passa dans ses cheveux, lui donnant une agréable sensation de douceur après cette journée dans la chaleur intense de fin juin, rendue d'autant plus étouffante par l'omniprésence de la foule autour de lui. Il accueillait l'arrivée de la nuit avec grand plaisir. Elle lui rappelait toutes ces histoires de yokai racontées par son grand père, dans une époque qui n'était pas la sienne. En clignant des yeux, avec tous ces gens en yukata, on aurait presque pu confondre... et quoi de mieux que la nuit du solstice pour être encore debout à l'heure du bœuf ?

Les produits de base étaient comme souvent bien misérable, mais à eux deux, ils en avaient récupéré des points, et donc, un large choix d’objets ! Habituée à partager, Konata aurait bien proposé qu’ils aient chacun un petit lot, mais rien ne semblait intéresser Eiji, aussi eut elle tous le loisir de choisir une énorme peluche parmi celles proposées. L’adorable poulpe velu fut le coup de cœur de la journée !

Un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de la brunette à la question posée de manière un peu suspicieuse, et elle stoppa sa marche et le claquement de getta associé qu’elle prenait plaisir à accentuer quand elle marchait avec ce genre de chaussure.

« Eiji ? »

Proposa t’elle, un sourire grand ouvert sur ses quenottes. Elle laissa tout juste le temps au brun d’intégrer l’idée qu’elle haussa les épaules avec dédain, laissant bien voir que ce nom la en pouvais en aucun cas sied à une magnifique poulpe. Surtout de la part d’un garçon pas fichu d’aller jusqu’au bout au lit. Ca ce n’était pas dit, tout juste sous entendu, et encore, s’il voulait bien le voir. Ce qui était d’ailleurs pratique avec Eiji, car le plus souvent il ne voyait et entendait que ce qu’il voulait bien voir et entendre justement.

« Je sais pas encore, je verrais plus tard ! »

Déclara t’elle finalement d’un ton sans réplique. Elle haussa les épaules à la remarque d’Eiji. Elle n’avait pas tant de peluches que ça ! Mais c’était vrai qu’elle adorait les panda. Ils étaient vraiment trop rigolo avec leurs taches sur les yeux et leur air ensommeillé.

Un défilé passa non loin d’eux, attirant l’attention de Konata, lorsque soudain, un petit détail qui clochait sur lequel elle n’avait pas réussi à mettre le doigt jusque lors s’éclaircit dans son esprit.

« Au fait, ils sont ou tes copains ? Le binoclard et l’otaku la ? »

C’était d’avoir vaguement songé à retourner voir ses copines avec qui elle était sensée passer la soirée que le souvenir des 2 piètres amis d’Eiji lui était revenu en mémoire. Ils auraient put être absent pour un cours laps de temps, mais la, c’est comme s’ils étaient juste… Absents. Pas que ça la dérange réellement - elle ne les aimait pas - mais cette bizarrerie n'était pas anodine.

Le jeune homme retint une grimace à l'énoncé de son nom avant que Konata ne conclut par un petit haussement d'épaule. Comme prévu, il avait été imperméable au sous-entendu bien trop subtile pour être capté par un pauvre garçon dont les idées étaient bien loin de suivre celles, bien plus tortueuses, d'une petite peste vexée de ne pas avoir été suffisante pour provoquer une excitation chez son ex-copain. Et c'était pour le mieux : comprendre une telle insinuation aurait pousser le jeune homme dans des abysses de malaise et de culpabilité dont il venait à peine de sortir, nul besoin de retourner à un auto-apitoiement non nécessaire.

Quasi trainé par Konata par l'intermédiaire de la tentacule de poulpe qu'il tenait encore dans la main, Eiji se laissa trainer vers une petite ruelle plus tranquille qui devait s'éloigner du quartier commerçant. Il s'y arrêta, lançant un regard sur le défilé qui continuait, alors que les prêtres et les miko chargeaient de flambeaux commençaient à allumer les lanternes artistiquement dispatchées dans les rues de la ville, créant une lumière chaude qui donnait presque l'impression d'être en plein jour. Tout autour d'eux, les gens s'étaient arrété pour les regarder passer et un silence s'était imposé, comme si tout le monde retenait son souffle au même instant.

« Tu veux grimper sur mes épaules pour mieux voir ? »

Se baissant, il aida la jeune fille à grimper, le plus dur étant de trouver une posture avec le yukata lui permettant de rester en place sans montrer sa petite culotte – avec des mignonnes têtes de chat – aux quatre vents. Quand la position fut trouver, Eiji s'avança un peu dans la foule, les mains posées sur les mollets de Konata alors que quelques tentacules venaient lui chatouiller les épaules et la nuque, le faisant à moitié danser sur place quelques instants pour réussir à arréter les chatouilles de la peluche.

«  Je suppose qu'ils sont quelque part en train de se regarder avec des yeux de crapauds morts d'amour, ou en train de se tripoter. »

La réponse avait été lâchée d'une voix laconique après un temps de latence. Outre le fait qu'il ne s'était pas remis du spectacle, c'était assez dur de se sentir totalement exclus du trio d'amis qu'ils avaient formé jusqu'à leur arrivée à Hachioji. Il avait été lui-même un peu distant, à force de tourner en rond dans sa propre cervelle et d'essayer d'évacuer ses problèmes par le sport, mais les deux autres n'avaient nul besoin d'un tiers pour leur tenir la chandelle. Et gays ou pas, la dernière chose dont Eiji avait envie était de regarder un couple s'ébattre ou nager dans la romance. Oui, ses potes lui manquaient bien un peu, et si la bonne ambiance régnant dans sa classe – et toutes les conneries en cours ou à venir – compensait, ce n'était pas tout à fait la même chose.
Ce genre de pensées le partageait entre tristesse et énervement, selon le moment de la journée et le point de saturation qu'il avait atteint à ce moment là. Vu où il en était, c'était presque sur qu'il allait encore profiter de quelques entrainements avec Tizziano-sensei.

En équilibre un peu précaire sur les épaules d’Eiji et prête à lui kicker la tête au moindre courant d’air sur ses fesses, la jeune fille se fit néanmoins rapidement happer par le joyeux défilé. Elle avait beau en avoir vu des tas au cours de sa vie, ça la passionnait toujours autant ! Son poulpe en peluche dégoulinant sur la tête d’Eiji auquelle sa petite main venait parfois s’agripper en lui tirant légèrement les cheveux, elle ne pouvait parfois s’empêcher de s’agiter d’enthousiasme face à certains éléments de la procession. Mais Eiji avait la force de la tenir sans sourciller, ou du moins sans montrer s’il s’en trouvait gêné.

La réponse laconique coupa le sifflet de Konata, chose rare qu’il faut mentionner. Elle baissa la tête vers Eiji, se penchant légèrement en avant pour croiser son regard et lui faire admirer sa moue dégoûtée.

« Hein, quoi, ils sont ensembles ?! Holalaaaaa ! »

Elle se redressa, essayant de les visualiser. Bon, le binoclard, on pouvait dire qu’il était pas moche, si il enlevait ses 4 balais du cul. Par contre le gaijin, pas du tout son genre, tout frêle avec son sourire qui lui donnait envie de lui foutre quelques claques pour le secouer la. Ensembles ? Les looseurs se retrouvaient on dirait.

« Franchement, ça multiplie leur nullitée par deux. »

Déclara t’elle finalement avec sérieux, comme une sentence posée après mure reflexion. Ce que ce n’était pas loin d’être. Elle n’était pas si surprise de les savoirs tous les 2 de ce bord la. C’était eux qui avaient contaminé Eiji ? Enfin, c’était pas ça la question la plus importante. Posant les mains sur les joues d’Eiji, elle se pencha de nouveau en avant, pas effrayée à l’idée de tomber.

« T’es jaloux ? »

Demanda t’elle avec un petit sourire chafouin.

Konata n'était pas bien lourde, mais même un poids plume se contorsionnant sur ses épaules finissait par devenir délicat à gérer. D'autant plus que ledit poids plume se pencha en avant pour le regarder dans les yeux, avec cette petite expression qu'il connaissait si bien sur son minois : celle qui lui donnait un air de Tanuki même s'il préférait ne pas le lui avouer. Encore que... maintenant qu'il ne sortait plus avec elle, la comparaison à haute voix était peut-être considérable.
Eiji recula de quelques pas pour se retrouver dans un espace un peu moins peuplé pour ne faire aucun dégât collatéral avec une jambe volante, profitant du fait que la foule avait tendance à se déplacer pour suivre la procession dans un silence respectueux.

« De quoi je serais jaloux ? »

A part du fait que ses potes roucoulaient dans les bras l'un de l'autre et qu'il se sentait comme une plante verte dans la chambre qu'ils partageaient tous les trois. Mais ça, ce n'était pas jaloux dans le sens où l'entendait Konata. Ce sens ne l'intéressait pas le moins du monde loin de là – il avait même pluôt tendance à l'écœurer. L'image saignante de ce qu'il avait vu dans sa chambre était toujours gravé dans sa rétine.
Joignant le geste à la parole, il fit la seule chose logique pour clouer le bec à Konata : l'empêcher physiquement de parler – ou de réfléchir – cette fois en la faisant basculer, ce qui dans sa position déséquilibrée, n'était pas bien difficile, avant de l'attraper à bras le corps, tête en bas, pieds au vent, tandis que les pans de son yukata, tout juste maintenu par son bras, laissaient à découvert ses mollets fermes. Elle avait de la chance, pour le moment, sa petite culotte restait bien cachée.

L'étreinte ferme et la position inversée de la jeune fille rendait difficile, si ce n'est impossible, qu'elle se libère... par contre, il ne doutait récolter un certain nombre de bleus sur les jambes et sur tout ce qui serait à porter des petits poings vengeurs.
Eiji fit quelques pas en dansant, essayant d'esquiver les coups tout en avançant, exploit difficile s'il en était, presque aussi délicat qu'un combat bien mené contre un adversaire de sa taille, où il devait trouver le moment pour frapper tout en prenant garde à ne jamais laisser tomber sa garde. Autour d'eux, les gens qui avaient remarqué leur petit manège avaient pris garde à s'éloigner, certains avec des regards sévères et agacés, d'autres avec des regards plus patients et plus tendres de personnes âgées se souvenant de leur jeune temps.

« Tu veux aller faire un petit tour vers le lac Panda-chan ? »

Konata aurait bien trouvé milles et unes répliques pour enfoncer le clou au sujet du motif de la jalousie d'Eiji, mais bientôt sa priorité se reporta sur la preservation de la virginité de la vue de sa petite culotte et une vengeance bien assaisonnée envers Eiji de se permettre un tel comportement. Elle ne retint aucunement le cri perçant qui monta à ses lèvres, surjouant la scène avec un desespoir presque crédible.

"HIIIIIIIII ! Pervers, méchant ! T'était plus sympa sur internet ! Lache moi !!"

Elle enfonça ses ongles dans la cuisse du jeune homme, glissant sans gêne ses mains dans l'entrebaillement de son yukata, avant de repasser aux poings avec lequels elle se défoulait au final bien plus. Ballotée par Eiji, maintenant difficilement son poulpe en peluche contre son coeur tandis que ses cheveux lui cachaient la vue, elle entendit la question et s'agita de plus belle.

"Lache moi, laisse moi marcher, idiot !!"

Le brun lui laissa finalement recouvrer un semblant de dignité, la déposant gentiment à terre. Reprenant son souffle, la jeune femme rajusta tant bien que mal sa tenue, et ce avec toute la dignité qui lui était possible.

"Vas y tout seul, mes copines doivent m'attendre la, on veut aller ou y'a de l'animation ! Y'a rien du coté du lac."

Déclara t'elle d'un son sans appel. Serrant son gros poulpe contre son coeur, elle déclara d'un ton malicieux :

"Va donc faire tes activités de vieux tout seul !"

Son ton était sans concession, et lorsqu'elle tourna le dos au jeune homme pour partir d'un pas fier, des tentacules pelucheuses de poulpes sur les épaules, il n'y avait aucune hésitation dans son attitude.