Perdue dans ses pensées, Mei regardait par la fenêtre pendant que le prof d’Anglais approfondissait l’histoire de la Grande Bretagne. S’ennuyant mortellement sur sa chaise, la dernière heure de cours du lundi étant souvent difficile à supporter. Et oui, une nouvelle semaine s’annonçait à l‘horizon, travailler était alors un mot à rayer du vocabulaire de la jeune fille pendant ces heures d’anglais où souvent l’esprit de celle-ci s’en allait bien loin… Trifouiller dans sa trousse, faire des gribouillis dans son cahier, s’affaler sur son bureau et supplier les aiguilles de l’horloge d’avancer plus rapidement étaient les seules choses que Mei faisait à ce moment là. Attendre, deux minutes, se laisser emporter par la fatigue, cinq minutes, la cloche qui sonnait subitement et se réveiller en sursaut était alors ce qui arriva ce jour là. Le manque de sommeil dû au long et intense week-end de travail avait encore pris le dessus, des excuses, aucunes. Moe-senseï ne devait rien attendre de l’adolescente, celle-ci se dépêchait tout simplement de rassembler ses affaires et s’en allait comme une fleur en direction du Gymnase sans même regarder son professeur. Bien trop perdue dans son enthousiasme de pouvoir jouer au Basket seule dans le Gymnase, Mei avait perdu en quelques secondes toutes notions de politesse envers cet enseignant. Cela lui vaudra sûrement les brimades de ce dernier au prochain cours, mais pour l’instant rien ne lui importait autre que cet entrainement en solo, qu’elle s’était préparer pour améliorer ses sauts en hauteurs. Ne faisant qu’un mètre cinquante cinq l’adolescente devait absolument augmenter la taille de ses sauts pour réussir ses dunks lors de la prochaine rencontre inter-lycée… Sa petite taille lui avait déjà valu quelques réflexions déplacées au sein du club, et celle-ci ne comptait pas se laisser faire aussi facilement par des troisièmes années ! Surtout si ces troisièmes années étaient des garçons…

Arrivée au gymnase Mei profitait alors du lieu vide pour se changer et se mettre une tenue de sport plus adaptée, short, maillot de l’équipe de Ginkgo Gakuen et baskets étaient au rendez-vous. Grande admiratrice de Yuta Tabuse, récemment entré dans la BJ-League, et de Yao Ming l’un des plus grands joueurs du monde, Mei voulait absolument pouvoir les rencontrer plus tard. Et pour cela, il fallait d’abords passer par la case départ, c’est-à-dire que de nombreuses années de pratique et d’entrainements allaient l’attendre. Déterminée et motivée par la pensé de ces deux grands basketteurs, la jeune fille débuta le programme intense d’entrainement qu’elle s’était fait. Munie de son mp3 et de ses écouteurs, elle commença les étirements du corps et fit quelques tours de terrain bien motivée à faire taire tout ceux qui avait dis que le Basket n’était pas fais pour une fille de sa carrure ! Au bout de trois quart d’heures d’échauffement, elle commençait seulement à manier le ballon et se permettait quelques fantaisies de jeu comme personne n’était là pour le moment. Des rebonds, deux trois paniers, et quelques swishs pour continuer l’entrainement dans le bon sens. Après une heure et demie de mise en bouche et avant de passer aux sauts en hauteurs, qui était l’objectif principal de cet entrainement, Mei décidait de se reposer quelques minutes dans les vestiaires des filles.

Revenant sur le terrain, les joues toutes rouge, les cheveux relevés en queue de cheval mais qui se collaient quand même à son front à cause de la sueur, la jeune fille n’avait rien vu d’anormal dans la salle, pourtant quelque chose lui disait que quelqu’un était entré dans le gymnase. Laissant ses doutes infondés de côté, Mei pris le mini tremplin de la salle de sport et le plaça à environ 2 mètres en dessous du panier. Puis, en allant récupérer la balle, celle-ci aperçu qu’il était déjà dix-sept heures trente à l’horloge du gymnase. Il ne lui restait plus qu’une heure avant que les joueurs du club de Basket viennent s’entrainer et que les troisièmes années lui rendent encore la vie impossible. Pas question qu’elle lâche le morceau cette fois-ci, ils allaient voir ce qu’elle avait dans le ventre et ce qu’elle donnait vraiment sur le terrain ! En espérant qu’ils l’observent, comme ils n’étaient pas dans la même équipe. Mei se remit à l’entrainement et commença ses sauts en hauteur avec le tremplin, sans se douter qu’elle n’était plus seule depuis un bon bout de temps dans la grande salle…

Rinji avait beaucoup de passions dans la vie. Beaucoup. Contrairement à son apparente fainéantise, à ses airs agressifs et à son attitude de cancre (qu'il n'était pas), Rinji s'intéressait à énormément de choses. Mais le basket, était sans doute son plus grand apport de plaisir. C'était ce qui lui aérait le plus la tête. Il refoulait au limites du terrain tout ce qui merdouillait ans sa vie. Il "débranchait" chaque fois qu'il avait un ballon entre les mains. Il aimait vivre un match comme si c'était une question de vie ou de mort. Et dans ses moments là, Rinji sentait qu'il avait une place au milieu des autres.

Enfin... en temps normal quoi. Rinji s'entendait plutôt bien avec Tatsuya, mais c'était à peine s'il connaissait le nom des autres. Il les appelait généralement par leur numéro de maillot. Ne pas avoir de lien avec cette équipe ne lui plaisait pas, mais c'était comme ça et il n'avait pas l'intention de forcer les autres. Imaginez qu'un cyclope ou d'autres aberrations de la nature veuille jouer à la baballe avec vous... Sur le terrain, il leur gueulait des ordres de temps en temps quand ça ne bougeait pas assez pour lui, ou quand ça bougeait trop vite. En sport comme ailleurs, Rinji était d'une mauvaise fois incroyable ! Aussi, il était fréquent qu'il s'en prenne à quelqu'un, prétextant qu'il n'était pas bien placé, alors que c'était lui qui ne l'était pas. De ce fait, Rinji n'était pas en parfaite harmonie avec l'équipe.

Que les autres membres du club se réunissent pour s'entrainer ou non, Rinji ne faisait que rarement partie des entrainements collectifs. Mais passionné de basket, il assistait souvent aux entrainements féminin. Mais là non plus, sa présence n'était pas très bien vue. Il critiquait et se moquait du niveau qu'il jugeait grotesque de ces jeunes filles, qui pourtant, avait de très bons reflexes. Il avait vanné une fois ou deux cette petite Mei, dont la taille n'était pas très favorable à ce genre de sport. Un jour, Rinji lui avait demandé si l'herbe tondue ne lui chatouillait pas le dessous des bras. Elle lui avait répondu que la bonne taille d'une personne était lorsque les deux pieds touchaient le sol. Depuis qu'elle l'avait mouché, Rinji l'avait plus ou moins prit en grippe et chaque fois qu'il la croisait, il avait toujours une réplique relativement blessante sur sa taille, ou bien il la bousculait volontairement, s'excusant car il "ne l'avait pas vue".

Ouaip. Rinji était un emmerdeur, et cette pauvre Mei devait franchement le haïr. Mais pour Rinji, ce n'était pas méchant. Il ne se rendait pas compte du préjudice moral qu'il lui infligeait peut-être. Lui, tout ce qu'il voulait, c'était montrer qu'il était plus âgé, plus grand, plus fort, plus doué qu'elle. Il était normal qu'elle l'admire non ? Et le pire, c'est qu'il se croyait drôle. De plus, Rinji ne l'avouerait jamais, même pas à lui-même, mais il adorait la petite moue renfrognée qu'elle arborait quand ils se croisaient.

Mis à part ce vague lien entre eux (car rappelons qu'ils ne se croisaient pas tous les jours non plus), ils s'ignoraient le reste du temps. C'est à peine s'il connaissait son nom. Au collège, il n'y avait pas de club de basket. Juste des cours pour apprendre les bases de chaque sports. Rinji se souvenait qu'un jour, tandis que sa classe, composée de filles et de garçons, devaient faire un match de basket, il avait malencontreusement posé sa main sur la poitrine de son adversaire directe, une jeune fille de son âge. Contact doux, électrisant mais terriblement embarrassant. D'autant que cette fille de douze ans ne portait pas de soutien gorge. Elle l'avait giflé, mais ce qu'il l'avait le plus humilié c'était le rire des autres. ça se voyait que Rinji n'avait pas l'habitude de toucher les filles.

Ce jour là, il était venu plus tôt pour se maintenir en forme et faire quelques paniers avant de se faire un cinoche dans la soirée s'il avait l'autorisation de sortir du bahut. Le problème, c'est que le terrain était occupé. La petite 1-A haute comme trois pommes s'entrainait avec fougue et détermination. Rinji n'aurait jamais imaginé qu'elle puisse être sérieuse vis à vis de ce club. Pourtant, elle s'acharnait avec une force et une vigueur qui forçait l'admiration. A tel point que Rinji n'eut ni l'audace ni l'esprit à sortir de son coin sombre d'où il l'observait pour aller la vanner. Au contraire. A la regarder faire ainsi, il en ressentait une curieuse émotion.

Seulement, elle rata un panier. Entrainé par le rebond sur le cercle métallique, le ballon tomba plus loin et roula jusqu'aux pieds de Rinji qui le ramassa, se montrant enfin.

"T'sais, en match tu n'auras pas de tremplin. C'est des centimètres en plus qu'il te faudrait. T'as essayé les échasses ?"

Rinji restait fidèle à lui-même. Même troublé par cette curieuse émotion, il fallait qu'il vanne pour garder sa supériorité. Macho ? Ouais, possible. Il se mit à dribbler devant elle d'un geste sûr et tranquille, la narguant au passage. Le ballon ? Il ne le lui rendrait pas aussi facilement.

Mei continuait toujours son entrainement, et faisait plusieurs paniers tout en sautant sur le tremplin pour essayer de faire des dunks. Mais il fallu qu’elle rate un panier pour qu’elle tombe nez à nez avec un de ces sales troisième années, ne voyant pas tout de suite son visage celle-ci s’avança déterminé à rependre son ballon qui avait roulé par terre aux pieds de l’inconnu. Epuisée par l’entrainement et en colère encore vis-à-vis des réflexions humiliantes d’un des membres de son club de basket, elle n’avait vraiment pas envie qu’on vienne lui chercher des conflits aujourd’hui. Puis, le garçon qui se trouvait là ramassa le ballon sans lui laisser le temps de venir le chercher et se montra enfin.

Mei se figea à quelques mètres de lui et ravala se salive de travers. C’était lui, le mec de tous ses malheurs, celui qui n’arrêtait pas de l’embêter, dès qu’il la voyait ou la croisait, il en profitait toujours pour balancer une de ses vannes pourris sur sa taille… Sujet qui n’était pour ainsi dire absolument pas tabou pour la jeune fille mais qui restait tout de même blessant à force. Ce qu’elle ne s’expliquait pas c’était qu’une rancœur presque omniprésente refaisait surface lorsqu’elle l'avait en face d’elle. Et bien sur à partir du moment où il se trouvait près d’elle, celle-ci feintait de l’ignorer, comme lors des entrainements du club. Ce qui était assez facile puisque ce dernier ne participait presque jamais aux entrainements de son équipe. Reproche qu’elle s’était bien retenue de lui dire car depuis qu’ils s’étaient pris en grippes, la jeune fille n’avait vraiment plus envie de le croiser, aux entrainements comme au lycée ! Takeda Rinji était un des troisièmes années qui faisait parti de son club de basket et l’un des garçons de l’école qu’elle ne pouvait absolument pas se voir. Et évidemment, il était aussi un de ces garçons qui se croyait le plus fort et qui devait « assumer » sa supériorité face aux autres, alors forcément le courant passait pas trop entre elle et lui, on pourrait même dire qu’il ne passait pas du tout !

Mettant son orgueil de côté, et faisant son habituel moue de renfrognée devant lui Mei s’avança pour lui demander de lui rendre son ballon mais une nouvelle réflexion cinglante venait de tomber « T'sais, en match tu n'auras pas de tremplin. C'est des centimètres en plus qu'il te faudrait. T'as essayé les échasses ? » Cette fois-ci elle en avait raz le bol, c'était la goutte d'eau qui débordait du vase. La jeune fille épuisée avait les nerfs à vifs en entendant, ce mec, lui dire ça ! En plus ce dernier faisait de la provocation en dribblant avec son ballon de basket juste devant ses yeux en attendant que cette dernière vienne le lui reprendre. Connaissant un peu sa réputation au sein du lycée et n’ayant plus aucun respect pour son sempaï -ce qui était presque regrettable pour Mei d'être poussé à bout par un tel garçon qui était en plus, plus âgé que cette dernière- elle ne se retenu pas et lui balança en pleine face avec une voix glacial et sur un ton de colère :

« Lâche moi, tu me saoules avec tes réflexions ! Tu ferais mieux de venir aux entrainements plus souvent si tu veux pouvoir jouer la prochaine rencontre avec ton équipe sale brute ! »

Mei ne se reconnaissait même plus après cette réplique, tiens, elle avait remarqué qu’il ne venait plus aux entrainements du club ? Sa voix se tut et un silence glacial s’installa entre Takeda et elle. Toujours énervée et en ayant plus que marre de le voir dribler devant elle avec son ballon, Mei décida de rompre ce silence en le lui reprenant. Il allait voir ce qui l’attendait celui-là, ne jamais sous estimer une fille devrait être la première règle à enseigner à un garçon. Sa faiblesse, sa taille, sa force, sa vitesse et son temps de réaction face à l’adversaire, c’était de ses derniers points positifs que Mei prenait appuie très souvent sur le terrain lorsqu’elle disputait un match. Vu qu’il n’avait pas assisté aux entrainements du club dernièrement celui-ci ne devait absolument pas se douter de sa progression dans le domaine de la vitesse ! Elle en profita donc pour se précipité vers ce dernier à toute vitesse, mais au lieu de lui reprendre le ballon comme il était prévu, son pied butta quelque chose par terre et elle heurta le troisième année de plein fouet. Le choc avait tellement été fort qu’elle le renversa au passage, l’entrainant avec elle dans sa chute...

Sale brute ? Lui ? Rinji la regardait avec un air suffisant et sûr de lui, mais au fond, il était extrêmement surpris qu'on lui réponde ça. Une brute... Avec les mecs de l'école, ouais peut-être. Mais il n'avait jamais brutalisé de fille. Et pour cause. En dehors des vannes adressées à Mei, il ne leur parlait pas, ne les fréquentait pas, ne les approchait presque pas. ça pour les regarder, il les regardait. Mais personne ne savait à quel point il était timide à ce niveau là.

Se souvenant des conseils avisés de Yahei et Yuya sempai, Rinji avait décidé de ne plus les esquiver justement. Il était tout émoustillé à l'idée de les aborder, mais pour l'heure, il ne s'était contenté que de demander les notes du cours du biologie à une des canons de la classe 3-A, et aujourd'hui, il s'amusait à titiller la petite Mei. Tiens, depuis quand avait-elle les yeux bleus ? Rinji l'avait remarqué juste quand celle-ci s'était avancée d'un pas résolu vers lui, son adorable air renfrogné sur le visage et ses mains en avant pointées vers le ballon. Mais elle se prit les pieds dans un obstacle invisible et lui tomba violemment dans les bras. L'élan lui avait donné plus de poids que sa masse réelle de demie portion, ce qui avait eut pour effet de les entrainer tous les deux au sol.

Le ballon roulait dans le gymnase dans son habituel bruit de caoutchouc tandis que Rinji, cloué au sol sur le dos, hébergeait sur son corps celui de Mei, étalée à plat ventre en travers de lui. Ce qui le bloquait à terre n'était pas le poids ridicule de la jeune fille de première année. C'était la sensation de sa poitrine contre son torse. Habillée généralement de t-shirt amples ou de survêtements, Rinji n'avait jamais remarqué le volume généreux de cette partie du corps chez cette co-équipière. Souhaitant masquer ses réflexes typiquement masculins qui commençaient à poindre, Rinji releva le haut de son corps à l'aide de ses bras. C'est là qu'il remarqua deux petites gouttes de sang sur le sol brillant du gymnase. Il n'avait mal nulle part. S'était-il blessé ? Il ne tarda pas à voir que Mei s'était coupé la lèvre inférieure. Une goutte de plus tomba sur la chemise d'uniforme de Rinji (il ne s'était pas encore changé pour son entrainement.)

D'un mouvement vif, sans réfléchir, il lui attrapa le visage d'une main et tourna le minois vers lui. Puis lorsque leur regard se croisèrent, Rinji se souvint de ce que Yahei lui avait dit pour aborder une jeune femme. Lui prendre le visage, lui montrer sa détermination et l'embrasser. Sauf que la situation ne s'y prêtait pas du tout et que Rinji n'avait jusqu'alors jamais envisagé d'embrasser cette fille là. Il n'y avait jamais songé. Seulement, à lui tenir le visage de la sorte, forcément, il cogitait. Il la lâcha d'un coup.

"Euh... tu t'es coupé la lèvre. Essuies toi."

C'était un peu brusque, certes, mais Rinji avait peur de paraitre doux dans un moment pareil. Imaginez qu'elle aille se faire des idées après... Imaginez que lui-même y prenne gouts et qu'il ne saches pas s'arrêter... Imaginez qu'elle le jette avant même qu'il ne ressente quoi que ce soit...

Mei se senti basculé en avant les mains tendues pour pouvoir reprendre le ballon des mains de cet « abruti » de troisième année qui fût assez surpris d’ailleurs lorsque celle-ci le traita de brute. C’est vrai, il fallait l’avouer, il martyrisait les garçons de sa classe et elle, moralement mais quand même ! Mei se fichait totalement de ses paroles envers ce Takeda et le regardait toujours avec ses yeux qui étaient devenue bleus à l’entrée de la salle de sport. (En effet, les endroits sombres favorisaient cette jolie couleur océan, à l’inverse d’endroits plus éclairé où ses yeux prenaient une couleur verte foncé). Mais là, la situation avait empiré pour elle. Cette gourde avait trouvé le moyen de trébuché sur sa propre bouteille d’eau, et bien sûr pas doué que Mei était, elle se prit les pieds dans cette dernière. Puis tout s’enchaina à une vitesse phénoménal, elle percuta son sempaï de plein fouet sans pouvoir crier garde à l’avance et l’entraina dans sa chute…

« Iteee… »

Le ballon roula sur le terrain et alla se loger devant la porte d’entrée. Mei était maintenant affalé sur le corps de Takeda, et n’osait même plus bouger de peur que la honte puisse atteindre ses joues et les teintes d’un rose profond sans qu’elle puisse contrôler ses émotions. Et elle se maudit par la même occasion, pourquoi fallait-il toujours que ce genre de situation arrive dans des moments comme ceux-là ?! Le troisième année releva son buste assez vite, Mei fût même assez surprise de regretter la sensation confortable qu’elle avait pu éprouver en étant indirectement dans les bras de son sempaï… A cette pensée, la jeune fille devenait toute rouge et confuse, que fallait-il faire ? Elle ne remarqua même pas qu’elle s’était écorchée la lèvre inferieur, et que des gouttes de sang étaient tombées sur le sol du gymnase et sur la chemise blanche de ce Takeda. Et lorsque celui-ci prit son visage dans une de ses mains elle se sentit encore plus vaciller face au visage tout proche de ce troisième année qui la regardait avec attention… Ou pas, puisque il l’a relâcha aussi vite qu’il avait pris son visage d’une main. Tendis qu’elle restait sans voix, ce dernier lui dit sans ménagement « Euh... tu t'es coupé la lèvre. Essuies toi. » sur un ton presque brutal. Elle sortit de sa rêverie dès que celui-ci avait lâché son visage, décidemment ce troisième année était vraiment une brute ! Puis elle se passa un doigt sur sa blessure et vu une trace de sang, beurk ! Mei détestait ce goût métallique qui avait pris place dans sa bouche malgré le fait que la vu du sang ne la dérangeait pas, elle s’essuya donc la lèvre fasse à la demande de son sempaï. Malgré ça, la jeune fille était encore au dessus de lui et il avait l’air de la lorgner bizarrement… Elle était alors devenue encore plus rouge à la vu de ses yeux marrons presque noir qui ne terminaient plus de la fixer. Ce qu’elle avait cru d’abords mais les yeux du garçon ne témoignait pas tant d’attention à son visage, ce devait être sûrement un malentendu, quelque chose d’autre. Même si au plus profond d’elle-même celle-ci espérait que ce ne soit pas autre chose. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien encore avoir, une mèche rebelle, une autre blessure au visage ? Sur cette réflexion elle se releva sans aider l’autre qui était la raison de tous ses sauts d’humeurs depuis le début de l’année, lorsqu’il avait osée lui faire une réflexion pour la première fois sur sa taille, lors de leur première rencontre au club. Décidément, elle les encaissait toutes aujourd’hui celle-là ! Toujours gênée, elle trouvait le moyen de profiter de ce bref moment de silence pour lancer une autre réflexion, cette fois-ci en anglais. Evidement celle-ci ne se doutait pas des difficultés que Takeda avait avec cette langue.

« Don’t look at me ! »

Puis, elle le regardait maintenant avec sa moue renfrogné habituel, c’est vrai quoi, tout était de sa faute, cette situation n’aurait jamais eu lieu si il l’avait laissé tranquille. Au lieu de ça, monsieur avait joué à l’enquiquineur et lui avait balancé une réflexion qui était pour la part de Mei pitoyable venant d’un troisième année. Vive la réputation qu’ils se font ceux là ! Qu'il assume un peu ses conneries maintenant celui-là, de toute façon il allait le payer chère de l'avoir blessé !

Comparé au corps de Rinji, celui de Mei paraissait si fin, si fragile. L'instinct naturel de Rinji lui donnait envie de resserrer ses bras sur ce petit être. Mais vu la situation, il se mangerait une tarte en pleine face. Il était donc judicieux de ne pas bouger et d'attendre impatiemment qu'elle se retire.

Impatiemment... mouais. Lorsque Mei se releva, Rinji se surprit à regretter qu'elle parte déjà. Il venait de gouter à un délicieux contact féminin et estimait ne pas en avoir assez profité. Monde cruel ! Toujours assis par terre, Rinji regardait d'en bas la première année qui le fusillait du regard.

« Don’t look at me ! »

De l'anglais ? Oulla. Rinji n'était pas un expert. Il lui fallu quelques secondes pour comprendre le sens de la phrase. Il avait de bonnes bases heureusement, même si la traduction japonaise de ce qu'il entendait en anglais prenait parfois un peu de temps. (D'autre fois, le sens était totalement faux.) Elle ne voulait pas qu'il la regarde ? Non mais ho ! Et puis quoi encore ? De quel droit lui donnait t'elle de tels ordres cette demie portion ? Rinji se releva d'un mouvement vif, les yeux toujours plantés sur Mei :

"Parce que tu t'imagines que j'ai envie de te regarder ? Dans tes rêves ! Et puisque tu me refuses ce droit, j'vais me gêner tiens !!"

A ces mots, Rinji s'approcha d'elle d'un air menaçant, et la fixa de si près que les mèches de sa frange touchèrent celles de la frange de Mei. Lorsque deux types cherchent à s'intimider dans une bagarre, c'est à peu près ce procédé qu'ils exercent. Sauf que généralement, Rinji n'a pas à se baisser autant pour un face à face. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était le coup du parfum. Tout en elle sentait bon. La peau, les cheveux, même les vêtements. ça sent bon une fille ! Traitresse ! Rinji n'avait pas dit son dernier mot, même si pour le moment, il préféra couper court à sa tentative d'intimidation. Il se redressa, s'écarta d'un pas, et déclara :

"T'aime pas qu'on te regarde ? Pourquoi t'es pas invisible alors ?"

Il croisa les bras sur son torse, la fixant de toute sa hauteur. D'ici au moins, son parfum vénéneux ne lui ferait pas perdre la tête !

"Tu saignes encore !!" dit-il sèchement. Puis il se demanda si au lieu de lui tenir tête, il ne devrait pas lui suggéré d'aller à l'infirmerie. Et si la plaie était profonde ?? "T'as mal ?"

Mei le regardait toujours avec ses yeux bleus assez perçants pour l’occasion, elle n’allait certainement pas jouer le rôle de la petite fille fragile, qu’elle n’était pas de toute façon. Ce n’était pas un troisième année qui allait lui faire baisser les yeux, manque de peau, surtout ce troisième année. Si il voulait une quelquonc sorte de soumission féminine c’était raté. De toute façon elle avait l’avantage, celui-ci était forcé de la regarder d’en bas. La jeune fille soutenait toujours son regard, un peu insolente dira-t-on mais celle-ci en pensait tout le contraire, hors de question de se laisser faire sans rien dire ! De plus ce Takeda ne se lassait pas faire non plus et était tout aussi insolent qu’elle, raison de plus de soutenir ce regard noir qu’arborait le troisième année. Se demandant lequel des deux aller baisser les yeux en premier, son sempaï répliqua alors sur un ton énervé : « Parce que tu t'imagines que j'ai envie de te regarder ? Dans tes rêves ! Et puisque tu me refuses ce droit, j'vais me gêner tiens !! » …

Stupéfaite par ce qu’elle venait d’entendre Mei restait bouche bé et essayait de se contenir. Bien sûr que non elle n’avait pas envie qu'il la regarde ! Quel audace ce Takeda, lui parler sur ce ton, il se croyait où celui-là ?! C’est ça ouais… Lorsque celui-ci s’approcha d’elle et la fixa avec son air menaçant, elle resta figée, quelque peu inquiète mais soutenant toujours ce regard noir. Elle avait quand même son orgueil et sa fierté. Elle ne bougerait donc pas d’un poil ce sera lui qui laisserait tomber le premier, enfin, elle l’espérait car dans une telle circonstance elle ne pouvait absolument pas faire de mouvements, mais quelque chose lui vint à l’esprit. Elle souffla alors sur les deux franges pour exprimer son mécontentement et soutenait toujours le regard de son sempaï mal poli… Et pis quoi encore ! Elle avait même pensé à s'avancer encore plus pour que leur deux fronts se touchent mais cette tentative de rebellion n'aurait fais qu'empirer les choses. Celui-ci fit alors un pas en arrière, pas possible ! Mei avait quand même eu un moment de fierté personnelle qui s’exprimait par son léger sourire en coin, au fond d’elle, elle jubilait. Enfin, jusqu’à ce qu’il lui assène encore une réflexion des plus glaciales. Décidément il ne perdait rien pour attendre celui-là, mais Mei rangeait sa vengeance de côté pour le moment. Lorsque celui-ci lui répliqua sèchement qu’elle saignait encore, elle ne savait plus quoi dire, oui, elle saignait, et alors ? De toute façon c’était de sa faute, mais maintenant qu’il le faisait remarquer, du sang coulait à petite gouttes sur son maillot de basket. Et en passant ses doigts sur la plaie encore ouverte, elle sentit alors une petite douleur aigüe traverser sa lèvre. C’est vrai que ça faisait mal ce truc, mais bon, elle n’allait certainement pas l’avouer beaucoup trop fière.

« T'as mal ? »

Cette réplique allait alors à contre sens de ce qu’elle aurait pensé. Il lui avait demandé si elle avait mal, tiens, c’était nouveau ? Ce Takeda s’inquiétait, ce ne devait pas être vrai, enfin soyons réaliste, ce n’étais qu’une brute, pour connaissance de cause, il lui avait ouvert la lèvre ce crétin ! Et en plus maintenant elle saignait vraiment, elle n’aurait d'ailleurs jamais imaginé qu’elle saignerait autant. Il fallait qu’elle aille se rincer sa lèvre sous l’eau et ça passerait sûrement, elle ne s’en inquiétait pas tellement en fait. Mais lui, apparemment si, enfin c’est ce qu’elle croyait, peut-être qu’il ne s’inquiétait pas, qu’il voulait juste la « ménager » ? Non ce n’était pas du tout le genre de ce troisième année, beaucoup trop sûr de lui, ayant la langue bien pendu et étant aussi brute que ça. Mais Mei était tellement surprise de la réaction de ce dernier qu’elle n’arrivait plus à aligner un mot devant l’autre correctement.

« Je… euh… »

Elle ne s’en était même pas rendu compte mais après avoir dis ça, elle émit un petit grognement d’insatisfaction. Ca en devenait carrément énervant de réagir comme ça mais elle ne pouvait pas s’en empêcher, si sa langue ne voulait pas bouger, elle ne pouvait rien dire. Ah être trahit pas son corps, c’était la dernière chose que Mei souhaitait. Décidément, ce n’était pas son jour, elle aurait préféré ne jamais venir s’entrainer aujourd’hui, et tout ce qui s’était passé avec Takeda ne serait jamais arrivé si elle n’avait pas été là. Sur cette énième réflexion qu’elle se faisait à elle-même, elle se mettait la pression pour ne pas montrer ce qu’elle ressentait. Plusieurs sentiments se mélangeaient, colère, frustration, fierté personnelle… Sauf que la réflexion personnelle avec son inconscience attendrait, pour l’instant il fallait qu’elle aille rincer à l’eau sa blessure. Facile à dire, seulement elle resta planté comme une cruche sans savoir quoi dire ni quoi faire devant son sempaï, sans rien ajouter de plus en attendant que celui-ci fasse quelque chose. Mince alors, après ce qu’il avait osé lui faire subir, perdre la face comme ça était horriblement humiliant !

« Je… Je dois… me rincer la plaie… laisses moi passer… »

Tiens, un ton moins en colère, tout en baissant les yeux et en se touchant la lèvre ensanglantée Mei venait de prononcer ces mots. Et pourquoi il l’a regardait encore celui-là, elle se sentait comme une souris de laboratoire enfermer dans une cage… Evidemment elle n’allait pas le bousculer, de toute façon ce serait elle qui se retrouverait par terre, pas bête la guêpe, elle savait très bien qu’elle ne faisait pas le poids, mais bon, vu l’orgueil qu’elle avait ça ne l’aurait pas déranger, surtout dans une telle situation. C’est vrai, elle aurait pu le gifler, s’enfuir mais ces réactions étaient trop excessives et ne lui ressemblaient absolument pas. Ce qu’elle voulait c’était juste qu’il arrête de l’embêter, des réflexions sur sa petite taille ça pouvait passer et encore! Mais ce qui venait de se passer elle avait beau tourner la situation dans tout les sens, elle n’y arrivait pas. Ne pas arriver à lui tenir tête était encore plus insupportable, la frustration avait de nouveau fait place à la colère, plus forte cette fois-ci, tellement intense qu’elle en avait les larmes aux yeux. Il n’avait aucun droit de la juger sur le sport qui était l’une de ses plus grandes passions ! Elle avançait alors d'un pas hésitant et se retrouvait presque coller à lui, levant la tête pour le regarder dans les yeux en attendant qu'il la laisse passer. En effet celui-ci se trouvait juste devant les vestiaires des filles.

"Et si je veux pas ?" Avait bêtement répondu Rinji. Il lui bloquait le passage et elle attendait pour circuler. Sa pauvre petite lèvre était bien ouverte et le sang tachait son t-shirt. Rinji n'avait aucun intérêt à la bloquer. Aucun. Mais trop fier pour se faire donner des ordres par une fille plus jeune que lui et qui avait trente centimètres de moins, il faisait sa mauvaise tête.

"Je ne bougerai pas avant que tu m'aies présenté tes excuses pour la bousculade et que tu me demandes gentiment de te laisser passer ...Demie portion !"

Il n'avait pas pu s'empêcher. C'était presque un réflexe automatique que de la taquiner sur sa taille. Et rappelons que pour Rinji, ce n'était pas méchant. C'était juste pour se moquer et rigoler un peu. Pour elle, bien sûr, ce n'était pas drôle. Il en avait quand même conscience, mais que voulez-vous ? Son petit air boudeur valait bien quelques sacrifices.

Cependant, Rinji n'était pas aussi buté qu'il en avait l'air. Voyant que sa lèvre continuait de saigner, il se poussa subitement, en la fixant toujours. Le passage était libre. Mais puisqu'ils étaient seuls, il la suivit dans le vestiaire. Il savait qu'elle y allait juste pour se rincer la bouche. Comme il n'y avait personne pour lui porter secours en cas de problème, il se disait qu'il pouvait bien rentrer. Et puis, il n'avait pas envie de rester dans le gymnase à attendre qu'elle ressorte. C'était plus marrant de la suivre et de lui parler.

"T'es pas douée quand même !! Tu t'es prit les pieds dans ta bouteille d'eau. Trop la honte. Pis si tu voulais te jeter dans mes bras, t'avais pas besoin de faire ton numéro d'équilibriste. Tu me l'aurais demandé, je t'aurais dit oui."

Rinji ricanait à moitié. Tout ceci n'était que dans le but de la faire rougir. C'est mignon quand ça rougit. Penchée au-dessus du lavabo, Mei se rinçait la bouche.

Elle avait baissé les yeux en lui demandant si il pouvait la laissé passé, l’effet attendu était alors contraire à ce qu’il aurait dû se passer par la suite. C’était sur un ton provocateur mettant en avant sa débilité fierté, que celui-ci lui répliqua qu’il ne la laisserait pas passer tant qu’elle ne lui aurait pas fais d’excuses pour la bousculade. Et pis quoi encore ! C’était le monde qui tournait à l’envers là. La jeune fille n’en revenait pas d’entendre ça de la bouche de son sempaï, décidément elle était vraiment mal tombée, il l’exaspérait. Elle se disait que ce devait-être la journée la plus horrible de sa vie. C’était lui qui avait commencé à l’embêter, c’était aussi de sa faute si elle s’était ouverte la lèvre et lui il voulait des excuses de sa part… des excuses ! Mei, réfléchissait quand même à cette éventualité si c’était le seul moyen qui s’offrait à elle pour qu’il la laisse passer, elle mettrait son poing dans sa poche et lui en ferait. C’est en se rappelant de ce que son papa lui avait dis auparavant, savoir se contrôler, « la maitrise de soit est le début de la maturité » même devant une situation qui mettrait sa fierté de côté, elle cogitait donc sur ce conseil. Mais Mei n’était pas aussi raisonnable que papa Kawasaki, elle était beaucoup plus expressive que lui, peut-être était-ce dû à son éducation européenne ? Aller savoir, elle n’aimait aucunement cacher ce qu’elle ressentait de plus, si elle était blessée par quelqu’un qui se croyait plus fort, un peu du genre de ce garçon qui se tenait fier devant elle. Elle essaya de se calmer, mais les larmes de colère qu’elle refoulait étaient toujours présentes. En fait ce qui la retenait tout simplement de s’excuser auprès de lui, c’était le « Demi-portion » en fin de phrase. Elle avait tout simplement bloqué sur ces derniers mots qu’il avait prononcé… mais c’est qu’il continuait en plus ! Au fond d’elle-même, elle bouillonnait, elle était en train de saigner juste devant ses yeux et lui il trouvait encore le moyen de s’amuser et de se moquer d’elle. Elle ne le lâchait plus du regard le fixant toujours plus, elle allait devenir dingue… Ca lui faisait d’abords voir à quel point il était plus « puissant » qu’elle mais aussi qu’il n’en avait rien à faire qu’elle puisse saigner. Elle dû alors se faire misère pour refouler tous les sentiments qu’elle avait eu en ce cours instant, il allait finir par la mettre hors elle. Elle allait vraiment lui en mette une si il continuait sur ce chemin, tiens… il avait une marque de brûlure sur la joue, bizarre qu’elle n’ai pas fait attention tout de suite.

Elle était tellement occupée à soutenir son regard qu’elle ne l’avait même pas remarqué, mais maintenant qu’elle regardait les traits de son visage pour voir si il était réellement sérieux, c’est vrai qu’il avait une marque assez imposante. Outre le fait qu’ils se croisaient de temps en temps, et comme elle feintait de l’ignorer, elle ne s’en était jamais vraiment aperçu, quand elle le regardait c’était plus avec impolitesse qu’autre chose. Bah tant pis, de toute façon ça ne la regardait pas, mais ça lui donnait un air de « bad boy » assez mignon en fait ! Elle secoua sa tête pour sortir cette fâcheuse idée de sa tête, voilà qu’elle délirait maintenant ! Mouais… enfin, elle le trouvait quand même plutôt sexy sous ses airs de macho invétéré, mais ça elle ne le savait pas ou plutôt, elle ne se l’avouerait jamais à elle-même. Elle pensa même qu’ils pourraient bien s’entendre s’ils n’avaient pas aussi sale caractère tout les deux. Ouais, elle débloquait vraiment là ! Elle était devenue toute rouge à cette pensée, elle se pinçait alors la joue pour sortir de cette rêverie et revenir à la réalité. Non mais oh ! Il lui avait ouvert la lèvre, OUVERT-la-lèvre, elle s’encrait bien profondément cette idée dans sa petite tête pour refouler tout ce qu’elle venait de s’imaginer.

Mei ne dit rien pendant quelques minutes, étant toute rouge et énervée, et avec sa lèvre qui saignait encore, son T-shirt de Basket allait être foutu et ce serait encore la faute de ce Takeda ! Non mais vraiment, ça lui faisait encore une bonne raison de le détester celui-là… Mais, elle n’aurait jamais cru que celui-ci se pousserait pour la laisser passer, elle resta quand même un petit moment sans bouger assez surprise de cette réaction de sa part. Tiens, il n’était pas si méchant, outre le fait qu’il l’a taquinait sur sa taille, c’est vrai qu’il ne lui avait jamais rien fais d’horrible, et n’avait jamais touché à sa petite tête rousse, appart la bousculer avec son « Oups, je t’avais pas vu ! » habituel. Heu… cette fois-ci elle secoua sa tête, elle avait complètement pété un plomb celle-là, voilà qu’elle le trouvait « sympa »… Fallait appeler les urgences à ce stade hein !

Elle prit un air renfrogné, et passa devant lui sans même le regarder de peur qu’il voit dans ses yeux tout ce qu’elle venait d’envisager, en fait, le mot serait plus « s’imaginer ». Mon dieu, elle ne voulait même pas y penser, elle serait tellement confuse et honteuse ! Et elle ne voulait certainement pas perdre la face contre lui et lui donner raison, surtout qu’il était beaucoup trop fier à ses yeux. Puis c’est en se dirigeant vers le lavabo, qu’elle s’aperçut qu’il l’avait suivi dans les vestiaires des filles. Elle ouvrait le robinet et commençait à se mouiller la lèvre pour arrêter le saignement, aïe… ça faisait mal, n’étant pas pourtant chochotte un poil, Mei avait eu la lèvre bien ouverte et ressentait une douleur assez vive au niveau de celle-ci.

Takeda-sempaï c’était approché d’elle par derrière et lui dit en la regardant se rincer la blessure : « T'es pas douée quand même !!! [...] Pis si tu voulais te jeter dans mes bras, t'avais pas besoin de faire ton numéro d'équilibriste. Tu me l'aurais demandé, je t'aurais dit oui. » Elle n’avait retenu que les deux dernière phrase… Sa provocation avait été bien trop superficielle pour qu’il la fasse réagir avec colère. Hein ? Elle était alors devenue toute rouge, pourquoi il disait ça lui, elle n’avait jamais eu l’intention de se jeter dans ses bras, non mais oh ! Peut-être qu'il disait vrai tout compte fait. Non mais non ! C’était quoi ce délire, elle se sentait vraiment confuse et avait perdu tout ses moyens lorsqu’il avait dis ça, ses émotions se mélangeaient et elle, elle n’osait même plus regarder Takeda-sempaï. Il avait réussit à la mettre mal à l’aise, elle ne savait vraiment plus quoi faire, ni quoi dire. Il avait eu l’avantage cette fois, mais elle avait plusieurs choix qui s’offraient alors devant elle, entrer dans son propre jeu pour le mettre mal à l’aise à son tour, ou se venger d’une quelquonc manières pour lui mettre aussi la honte. La première était possible, mais Mei n’avait pas tellement envie de jouer la provocatrice, ce n’était pas du tout son genre, au contraire, niveau amour elle était plutôt discrète et un peu réservé. Peut-être même timide dira-t-on, ce qui paraissait bizarre pour son franc parlé et son caractère très dynamique, mais les réactions que l’amour provoquait ne se contrôlaient pas ! La deuxième option lui paraissait un peu plus jouable, son intention n’était pas de le mettre en colère, non, elle avait bien trop peur qu’il lui en veuille, mais elle voulait juste lui faire comprendre qu’il n’était pas à la bonne porte pour se comporter d’une manière aussi osé… Oui, si elle le respectait lui aussi devait en faire de même avec elle, et celui-ci n’avait pas beaucoup l’air de comprendre dans quelle situation il s’était mis !

Mei réfléchissait donc comment elle allait lui faire fermer son clapet, l’eau coulait toujours, elle se rinçait abondamment la lèvre car celle-ci n’arrêtait pas de saigner puis elle en profita pour se rafraîchir le visage et pour cacher le soupçon de larmes qu’elle avait eu. Elle ne comptait pas lui faire voir les résultats de sa colère et de son manque de retenu il en était hors de question ! Mais oui, bien sûr ! Elle avait trouvé ce qu’elle allait faire… elle passait alors ses mains sur son visage, pris une grande inspiration en pensant qu’elle ne devrait sûrement pas mettre en application ce à quoi elle venait de penser. Elle attendit qu’il se rapproche d’elle, ayant toujours ses mains qui cachaient son visage, cela avait dû l’intriguer, il fit un pas en avant vers elle et se retrouvait juste à quelques centimètres d’elle. Puis sans prévenir, elle se retourna et se retrouva nez à nez avec lui, à quelque centimètre de son visage. Celle-ci était toute rouge rien qu’à voir le visage du jeune homme devant elle. Elle n’osait même plus le regarder, elle ferma les yeux et mit son « plan » à exécution. Elle prit alors de l’eau dans ses mains et lui envoya à la figure ! Le pauvre se retrouvait tout mouillé, et dû se sentir un peu bête de s’être fait avoir d’une telle manière. Elle ne dit rien, elle n’osait même pas le regarder tellement il devait être en colère contre elle. C’était bien fais de toute façon, il l’avait humilié, mouais… elle disait ça pour se convaincre, au fond, elle ne voulait pas être méchante et voulait juste se défendre. Elle s’attendait à ce qu’il lui donne une bonne leçon. Elle resta muette quelques instants, puis, elle s’enfuit en direction de la porte du vestiaire.

Merde ! C'est qu'elle saignait beaucoup en fait. L'emmener de gré ou de force à l'infirmerie serait sans doute plus judicieux que de la regarder se rincer inutilement la bouche. Mei venait de cacher son visage entre ses mains. Pourquoi ? Elle pleurait ? Avait-elle donc si mal que ça ? Oui bien c'était encore de sa faute si une fille se mettait à chialer ? ça se finissait souvent comme ça quand il avait une "discussion" avec une nana. Fragiles comme du verre ces créatures là, même lorsqu'elles avaient leur petit caractère !

Ennuyé de l'avoir fait pleurer, peut-être, et afin de vérifier qu'elle allait bien malgré tout, Rinji se pencha vers elle, essayant de voir quelque chose au delà de ses mains. De percevoir un signe, un souffle, bref quelque chose. Elle leva le visage d'un mouvement vif. Ce qui eut pour effet de les mettre nez à nez et de surprendre le troisième année qui la regardait les yeux ronds. Et la seconde suivante, une grande rasade d'eau lui fut jeté en plein visage.

"Ah..."

Rinji, surpris, recula d'un pas. Il secoua la tête et s'essuya de sa manche, puis tourna le visage en direction de la jeune fille qui s'enfuyait. Il marmonna :

"Tu vas pas t'en tirer comme ça Tigresse. Crois moi !"

Aussitôt dit, il s'élança à la poursuite de la jeune fille qui avait déjà presque atteint le terrain de basket où ils s'étaient trouvés un peu plus tôt. Elle courait vite ce petit furet, mais Rinji avait l'avantage d'avoir des jambes plus longues. Il l'a rattrapa rapidement et la saisit par le haut du bras, sa main serrée sur le petit biceps sur lequel ses grands doigts faisaient le tour sans mal. Énervé de s'être fait surprendre de la sorte et surtout qu'elle lui ai manqué de respect (un macho pareil, ça a toujours des principes à la con), il lui dit froidement, les dents serrées, menaçant :

"T'as mouillé mon uniforme ! Crois pas t'en tirer comme ça."

A ces mots. Il se baissa et la souleva en la portant sur son épaule. Elle était légère comme une feuille de papier mais ce débattait comme un petit diable. Peu importe. Rinji la tenait fermement comme un sac à patates. Il marcha d'une manière sûre en direction du vestiaire des filles, et entra dans la partie douches. Il la déposa au sol, la tenant toujours fermement par un bras. De sa main libre, il ouvrit le robinet d'eau froide qui se déversa sur la pauvre petite rouquine. Il s'écarta une seconde plus tard pour ne pas recevoir plus d'éclaboussures. Devant le spectacle de sa petite vengeance, il se mit à rire. Mais il se tut lorsqu'il se rendit compte que le t-shirt trempé de Mei la moulait impudiquement. Oups... Par transparence, il voyait les contours d'un joli soutien-gorge. Sexy... Ce n'était pas sans effet sur lui. Mais il n'en montra rien. La lèvre de Mei continuait de laisser échapper de petites gouttes de sang.

"Si t'es calmée, on va peut-être pouvoir t'emmener à l'infirmerie maintenant !"

Mei se fit poursuivre pas le troisième année énervé, et il la rattrapa avant qu’elle n’atteigne la porte des vestiaires, il courait plus vite qu’elle, il était plus rapide avec ses grandes jambes et avait donc l’avantage. Mais celle-ci avait cru qu’elle pourrait atteindre la porte et sortir dans le gymnase avant qu’il ne l’attrape, mais ce n’est pas vraiment ce qu’il se passa. De tout façon elle s’en doutait bien qu’elle n’avait pas bien agit envers son sempaï. Butée comme elle l’était elle n’avait pas eu envie de le voir tout de suite mais son comportement avait vraiment été hautain envers Takeda-san. Mais elle n’aimait pas non plus quant on était irrespectueux envers elle, ce que lui, avait fais aussi. Sa fierté en avait pris un coup et ça elle pouvait difficilement l’accepter ! De même que ce troisième année, et il devait vraiment être en colère contre elle. Quelque chose à faire ? Arrêter de courir, se calmer, s’excuser, peut-être… C’était trop tard, de toute façon il lui avait emprisonné le haut du bras dans une de ses mains. Et il resserrait ses doigts autours, sa prise était beaucoup plus ferme, Mei ne pu lâcher qu’un petit cri aiguë en sentant la main du garçon lui serrer le bras, il allait finir par lui faire un bleu si il continuait de le lui serrer comme ça.

« Iteeeiii… »


Elle ferma les yeux de peur de savoir ce qu’il allait lui faire, et entendit le ton menaçant qu’il avait pris, elle pouvait s’attendre à tout de sa part… Puis elle sentit que ses pieds qui ne touchait plus le sol, on aurait dis qu’elle était soulevée, tiens il la portait… il la portait ?!!! Ne voulant pas qu’il la trimballe comme un sac à patate elle se débattit et lui donna des « coups de poing » dans le dos pour qu’il la lâche, ça n’a eu aucun effet. Pas tellement difficile à comprendre vu qu’elle avait de petites mains et pas tellement de force vue la position dans laquelle elle était.

« Mais laisse moi descendre sale brute ! T’as entendu lâche moi !!! »

Elle n’arrivait pas à le croire, il avait osé la prendre comme un simple avorton, c’est sûr qu’il n’avait pas de mal à la soulever puisque c’était un poids plume mais bon, quand même un peu de tenue ! Elle se retenue quand même de lui crier dans les oreilles de peur de lui faire assez mal, voir de lui abimer les tympans. Ce n’était que partie remise, elle allait lui faire payer cette affront, personne avant lui n’avait eu le courage de s’attaquer à elle d’une telle façon, même les garçons qu’elle taquinait gentiment en Angleterre ne l’avait jamais traité comme ça. Forcément, ils étaient bien trop élevés dans le respect de la gente féminine et heureusement, sinon la pauvre aurait vraiment eu du mouron à se faire à cette époque. Mais là ce n’était pas pareil, apparemment ce garçon n’avait pas entendu parler des règles de bienséance devant une jeune fille… Non mais franchement, s’être enhardit à la porter comme un objet était tellement humiliant pour elle. Elle allait lui en vouloir jusqu’à sa mort si il ne la laissait pas descendre de suite !

« Mais… mais qu’est-ce que tu fais, laisse moi descendre je te dis !!! »

Son vœux fût exaucé quelques secondes plus tard… elle se retrouvait dans les douches des vestiaires des filles. Il la posa au sol, et la tenait par le bras, par simple peur, Mei avait eu un mouvement de recule et se protégea le visage avec son autre bras pour pas qu’il lui mette de claque. Non, il n’allait pas lui en mettre une, elle n’avait pas besoin de réfléchir pour savoir ce qu’il allait vraiment lui faire, sachant qu’elle se trouvait sous une douche, la probabilité qu’elle soit mouillée par le jet d’eau était au maximum et ça ne rata pas ! De l’eau gelée se mit à couler sur sa tête, ses habits et mouilla même ses baskets. Elle resta figée. Non… il avait osé. Même si elle s’en était un peu doutée, elle n’aurait jamais imaginé qu’il puisse faire une chose pareille, enfin, elle essayait de s’en convaincre. En effet depuis le début où elle avait hésité lui envoyer l’eau à la figure elle savait qu’il y avait des douches et qu’elle allait sûrement y passer si elle tentait de le mouiller. Mais là en l’occurrence c’était trop tard, elle y était bien passée et était bien mouillée de la tête aux pieds. C’était sûre, il allait le regretter toute sa vie ce troisième année, elle le lâcherait pas une seconde et allait lui faire vivre un enfer !

Puis après que la douche l’ait bien mouillé et s’était enfin arrêté elle tomba sur les deux fesses. Il rigola un peu mais elle, elle le fusillait littéralement du regard, en pensant qu’il serait déjà mort si elle avait eu des mitraillettes à la place des ses prunelles bleus océan. Mais, elle remarqua aussi qu’il la regardait, elle cru apercevoir une gêne quelconque qui s’effaça de son regard à la seconde prêt où elle l’avait remarqué. Elle le regarda toujours sans rien dire, c’est elle qui était gênée maintenant, fallait vraiment qu’il arrête de la fixer comme ça celui-là… Elle se rendit compte beaucoup plus tard que comme elle portait un T-shirt blanc et qu’elle était mouillée celui-ci était transparent… TRANSPARENT !!! Elle était devenue toute rouge, elle se protégea alors du regard du troisième année en cachant sa poitrine avec ses deux bras. Oh non, il avait vu son soutien gorge, décidément elle pouvait mourir de honte sur place ça journée était vraiment la pire de toute depuis sa rentrée au lycée. Elle avait détourné le regard et ne le regardait plus tellement elle était embarrassée par la tournure des évènements, le pire, c’est qu’elle saignait encore et son sempaï avait dû le remarquer puisqu’il dit avec une voix à en faire fuir plus d’un que si elle était assez calmée ils pourraient aller à l’infirmerie. Elle ne se serait pas gênée de se lever, de prendre ses affaires et de partir comme une fleur, le laissant en plan comme un imbécile avec son uniforme à moitié mouillé. De plus que l’entrainement des deux équipes allait commencer d’en moins d’une heure. Oui, elle en était certainement capable, elle s’imaginait déjà la scène « Bah alors Takeda-san qu’est-ce que tu fais dans les douches du vestiaire des filles à moitié mouillé ?! » elle jubilait intérieurement. Mais la réalité la rappela un peu sur terre. Il y a avais un problème… elle aussi était mouillée et pas qu’un peu en plus ! Toujours les bras en croix sur sa poitrine, la jeune fille de releva lentement, toujours choquée par cette douche froide, à pour sûre, là elle était bien calmée ! Elle se releva doucement, ses bras cachant toujours sa poitrine. Elle s’avança vers lui, tout en ayant ravalée sa fierté, ce jeu ne l’amusait plus de toute façon… Elle se rendit qui compte qu’il fallait y mettre un terme même si elle aurait voulu continuer pour lui donner une bonne leçon.

Elle était gênée, embarrassée, en gros, mal à l’aise devant son sempaï. Retrouvant un peu de bonne volonté et un courage immense qu’elle rassembla à deux mains, elle fit une courbette à son sempaï et s’excusa en anglais beaucoup trop gênée de le faire dans la langue du jeune homme… Il allait certainement croire qu’elle lui faisait encore un affront en s’excusant dans sa langue Shakespearienne mais pour elle, ça marquait un grand état d’âme et un certain respect envers lui. Elle avait enfin mis sa fierté anglaise de côté. Elle qui n’avait encore « pliée » devant un garçon avait enfin compris que ce serait dommage de se mettre à dos quelqu’un, surtout ce garçon, juste quelques temps après la rentrée. Elle ferma les yeux lorsqu’elle lui fit ses sincères excuses et sa courbette qu’elle inclina plus que la normal lors de ce genre de réaction. Puis après ses excuses celle-ci repris un japonais accentué par sa prononciation du kansai.

« I’m sincerely sorry Takeda-sempaï… »

Après quoi elle éternua, si elle ne se séchait pas ou ne se mettait pas quelque chose de chaud sur le dos, elle aurait la chance d’attraper froid sous peu, si ce n’était déjà pas fait… Elle releva les paupières, et regarda son sempaï, ses bras étaient toujours croisés sur sa poitrine, oh que non il ne la verrait pas une deuxième fois, ça pour sûr. Elle détourna le regard toujours morte de honte et les joues en feu. Elle n’osait même pas se toucher la lèvre pour savoir si elle saignait encore, mais bien sur que oui. Son sempaï lui avait même dis que si elle était « calmée » ils pourraient aller à l’infirmerie, elle perdait un peu la mémoire dans ce genre de situation, de l’embarras, du stresse et le tour était joué, après tout elle aussi était humaine non. Elle se pinça la joue pour vérifier quand même : « Iteiii !!! » Ah bah oui, elle était humaine et bien vivante et en bonne santé, enfin, pas pour très longtemps si elle restait plantée là comme une cruche à rien dire. Devant son sempaï. Qu’elle fuyait du regard en plus. Et toute mouillée bien sûr, quelle bonne idée il avait eu de la mettre sous la douche lui, enfin même si c’était elle qui avait commencé en première. De toute façon elle s’était excusée… Elle n’allait tout de même pas s’agenouillé devant lui, faut pas prendre ses rêves pour la réalité, non mais oh !

« Je… je vais me débrouiller toute seule, je… »

Sa phrase resta suspendue sans qu’elle ne puisse rien dire d’autre, franchement qu’est-ce qu’elle allait lui dire après ça, « Non reste avec moi ! » lui dit-elle avec les yeux rempli de larmes, hum… trop sentimental. Ou alors « Pars pas et accompagne moi à l’infirmerie sempaï, please… » lui dit-elle avec un regard timide et des joues roses, ajoutant le petit mot anglais qui traduisait ce fin désir, non, trop osé. Partir en courant sinon ? Non, non et re non !!! Bon, elle décida de rester planté comme une cruche devant lui alors, choix peut-être beaucoup plus simple mais qui lui facilitait la vie à vrai dire. Elle éternua encore et mis ses mains devant sa bouche, sa poitrine rebondit et quelques gouttes d’eau tombèrent au sol. Ses joues étaient devenues rouge de honte et elle replaça immédiatement ses bras autours de sa poitrine beaucoup trop voyante à son goût. Elle commença un peu à frissonner, forcément, elle était complètement gelée maintenant. Mei allait vraiment attraper la mort…

En la mettant sous la douche sous prétexte de la calmer, Rinji se doutait bien que ça ferait certainement l'effet inverse et qu'il s'en mordrait éventuellement les doigts. Mais il l'avait fait dans le but de lui rappeler qui était le plus fort des deux et également pour la "punir" en quelques sortes de s'être montrée si effrontée avec lui. Lui quoi ! Takeda Rinji de la 3-A ! Elle n'était pas idiote au point de ne pas savoir que Takeda l'indien, le redoutable, c'était lui, non ? En plus de ça, cette petite punition avait eu le mérite de le faire marrer.

Contre toute attente, le coup de la douche avait fini par calmer Mei. Le comble, c'est que ça avait complètement calmé Rinji aussi. Ou plutôt, ce qu'il l'avait calmé c'était plutôt la charmante vision des sous-vêtements sexy que portait la petite basketteuse. A n'en pas douter, Rinji avait toujours son attirance pour la gente féminine. Difficile de comprendre pourquoi mais il jugeait cela rassurant pour sa virilité. Il n'empêche qu'ils restaient l'un en face de l'autre comme deux couillons standards, dont l'un avait quand même vachement plus de poitrine que l'autre. Dommage que deux bras cachaient cette petite merveille.

Mais ce n'était pas tout. Mei était en train de s'incliner devant lui et de lui dire des mots d'excuses. C'était si inconcevable dans la tête de Rinji que celui-ci ne songea même pas à réagir. Il n'avait décidément pas fini d'être épaté par la demoiselle aujourd'hui. La douche l'avait-elle à ce point métamorphosée ? On aurait dit un insupportable petit lutin transformé en une douce et radieuse fée, sexy au possible. Le choc total !

« Je… je vais me débrouiller toute seule, je… »

Le naturel revenait vite au galop... La voilà qui recommençait à faire la fière. Quoique... sa phrase inachevée et ses yeux perdus démontrèrent à Rinji que Mei avait bien du mal à tenir son rôle de démone offusquée. Le petit agneau qui était en elle avait perdu sa protection et devenait visible. La pauvre éternuait pour la seconde fois. Et tout ça par la faute d'un imbécile qui était incroyablement buté et à cheval sur ses principes.

Rinji senti quelque chose de chaud lui couler de la narine. Une goutte de sang. D'où ça venait ça ? De lui évidemment. La vision transparente l'avait plus ébranlé qu'il ne l'aurait cru. Il avait beau avoir rangé ses tentatives de dragues, il n'en restait pas moins un homme qui ne contrôlait pas encore tout à fait son jeune corps fougueux. Quant à Mei, elle saignait toujours de sa lèvre ouverte. Mieux valait donc agir sans tarder.

Rinji regardait autour d'eux, recherchant quelque chose qui pourrait couvrir les épaules de Mei pour la sécher un minimum. Il ne trouva qu'une petite serviette aux couleurs du club de basket qui était plus conçu pour être fièrement portée dans les gradins lors d'un match que pour se sécher après la toilette. Mais ça ferait l'affaire. Il la déposa sur les épaules de la jeune anglaise et se senti presque obligé de se justifier de son geste, des fois qu'elle s'imagine qu'il devenait gentil avec elle :

"Te méprends pas, je m'en voudrais si tu ratais une semaine de cours à cause d'un rhume. J'suis sûr que tu me balancerais toute la responsabilité si tu foirais tes exams..." grogna t'il à moitié.

A présent, Takeda prit Mei par le bras et l'entraina dans les couloirs du vestiaires, traversa le gymnase avec la ferme intention de l'emmener ainsi jusqu'à l'infirmerie. Réalisant qu'il saignait encore un peu du nez, il lui demanda :

"T'aurais pas un... un mouchoir sur toi ?"

[edit du 1er juin]

Mei, mouillée dans sa tenue de sport, n'avait rien sur elle qui aurait pu dépanner Rinji. Alors le 3-A s'arrangea avec sa manche. ça finirait bien par s'arrêter tout seul. Ce qui fut le cas. Rinji accompagna Mei jusqu'à l'infirmerie où il expliqua brièvement comment elle s'était fait ça. Puis il tourna les talons en se traitant de connard. Il ne savait vraiment pas s'y prendre avec les filles. Pourtant, il l'aimait bien cette petite Mei. Pourquoi n'arrivait-il pas simplement à montrer naturellement les choses ? Etait-ce si difficile de se montrer aimable et de faire en sorte que les gens aient envie de rester près de soi ? Pour Rinji cela semblait bien difficile. Tout le monde le fuyait tout le temps. Cela devenait épuisant de se battre. On ne pouvait pas forcer les gens à l'apprécier. Il ne pouvait pas les forcer à être ses amis... Rinji n'était vraiment pas doué pour les liens sociaux avec ses congénères. Il finirait probablement tout seul comme une vieille charentaise oubliée sous un canapé à force de faire le vide autour de lui.

[parti et fin je suppose. Désolé Mei.]

Elle n’osait même plus regarder son sempaï, celle-ci était si mal à l’aise qu’elle se serait bien cachée au fond d’un trou de sourie, oh ça oui ! Puis, en se calmant un peu, elle releva doucement la tête… Ses yeux fixaient son sac de cours ainsi que ses vêtements étalés sur le banc. Elle aurait vraiment voulu qu’il la laisse se débrouiller toute seule, elle se sentait tellement frustrée à présent. Elle le suivit du regard, celui-ci était allé prendre une serviette du club pour la lui mettre sur les épaules, ouais bah il pouvait bien faire ça après ce qu’il lui avait fais subir. Et encore, elle n’avait pas demandé des intérêts et dédommagements, il allait prendre lourd quand elle se vengerait un peu plus tard !

Laissant sa colère et sa frustration de côté, Mei était néanmoins contente du geste de son sempaï envers elle, cela prouvait qu’il n’était pas aussi méchant qu’elle l’aurait cru ! Mais lorsqu’il l’assena encore d’une remarque désobligeante, celle-ci fit mine de ne rien avoir entendu. Et oui, même si elle avait vraiment envie de lui répondre, elle n’en fit rien. Ce petit jeu était vraiment épuisant et elle n’en avait plus la force. Ok, il voulait l’humilier bah qu’il le fasse, de son côté à elle, elle lui réservait une bonne leçon qu’elle mettrait à exécution un peu plus tard. Histoire de laisser passer la pilule pour qu’il ne se doute de rien.

Il s’était avancé vers elle et la prit par le bras, non mais il déconnait là, c’était quoi le délire encore ?! Assez surprise, elle essaya de se reculer mais il avait beaucoup plus de force qu’elle et tenait fermement son bras. Ils traversèrent le gymnase comme ça, puis il lui demanda si elle avait un mouchoir, elle avait l’air perplexe, pourquoi voulait-il un mouchoir, elle le regarda, il saignait du nez… Elle fût plutôt étonnée, elle lui répondit qu’elle n’avait pas de mouchoir sur elle, malheureusement il allait devoir se débrouiller sans.

Elle se demandait quand même où il l’emmenait, mais dès qu’ils furent arrivé devant l’infirmerie, la jeune fille avait des yeux ronds. Oh non tout mais pas ça, pas l’infirmerie. Elle détestait cet endroit, le fait de sentir cette odeur de médicaments lui donnait la nausée. C’était d’ailleurs pour cela que dès qu’elle disputait un match et qu’elle se blessait à la cheville ou même à un muscle elle faisait mine que tout allait bien et qu’elle ne sentait juste pas en forme. En Angleterre pendant les matchs de Handball ou de Volley c’est souvent ce qu’elle faisait, et elle arrivait assez bien à s’en sortir mine de rien ! Non mais… l’infirmier allait vraiment se moquer d’elle, venir pour une blessure aussi superficielle, c’était vraiment la dernière. Plus jamais elle reviendrait à l’infirmerie de son année scolaire, ça c’était sûr à 100%.

Il la déposa à l’infirmerie, expliqua ce qui était arrivé et s’en alla comme si de rien n’était, ça c’était le comble, il avait osé l’emmener à l’infirmerie et tournait les talons juste après ! Elle n’en croyait pas ses yeux, il lui avait fais subir tout ça… pour ça ! Le monde tournait à l’envers. Bah tient elle en profiterait pour passer ses nerfs sur l’infirmier, il était là pour ça lui. Elle resta bouche bé quant elle le vit s’éloigner en direction du Gymnase, non mais c’était la meilleure de la journée décidément. Elle ne préférait même pas y penser tellement elle bouillonnait au fond d’elle-même, il avait complètement perdu la tête lui, l’emmener à l’infirmerie et la laisser comme une conne devant l’infirmier. Ah oui, pour ça il avait complètement pété un plomb… Et ça allait bientôt arriver à la jeune fille quant elle vu les médicaments sur les étagères, elle n’aurait pas été mouillée et en état de choc elle aurait pris ses jambes à son cou depuis bien longtemps !

Elle resta donc à l’infirmerie pour se faire soigner malgré elle, puis dès qu’elle put elle se précipita hors de cet endroit et fonça en direction du gymnase pour récupérer ses affaires et pour ne pas louper l’entrainement. Ce n’allait pas être l’incident qui venait de se passer avec son sempaï qui allait l’arrêter dans sa course folle au progrès pour égaler les meilleurs basketteurs du monde, ah ça non ! Ce dont elle ne se doutait pas à ce moment là c’est qu’elle ne reverrait plus jamais son sempaï, ni dans les couloirs de l’école, ni au club… Celle-ci ne savait pas encore ce qui allait arriver et repris son activité comme si tout ce qui c’était produit n’avait pas eu lieu... ~

[FIN]