Il faisait beau ce jour là, un doux vent chaud venait ébouriffer ses cheveux, le soleil illuminait littéralement le ciel azur et aucuns nuages n’était présents aux alentours. Le mois de Juillet était enfin arrivé, il apportait avec lui le soleil, la chaleur, les tenues plus courtes et bien sûre le nouvel uniforme depuis déjà un mois et demi. Mei ne pouvait pas s’en passer, il était adorable et beaucoup plus agréable à porter par ses temps-ci, surtout avec un short noir sous la jupe, histoire d’être plus à l’aise et d’éviter que les garçons voient ses sous vêtements si il y avait un coup de vent. Mais ce qui caractérisait le plus ce mois d’été ce n’était pas toutes ces choses futiles, oh non ce serait beaucoup trop beau pour la jeune fille, ce mois d’été n’était pas arrivé seul, les examens étaient aussi de la partie.

Mei s’était dis qu’ils allaient arriver très vite et qu’elle n’aurait plus l’occasion de pouvoir sortir en ville comme elle le voulait avec le travail pas possible qu’elle allait avoir, tout du moins c’est ce qu’elle se forçait à croire ! Et oui, les révisions et elle étaient de très, très vieilles connaissances, et ne s’appréciaient pas tellement, non pas qu’elle les redoutait, elle préférait juste passer plus de temps sur le terrain de sport que de se concentrer sur cette période assez importante de ses études. En effet, celle-ci commençait à ouvrir et lire ses cahiers toujours à trois jours voir deux jours avant que les examens commencent. Et encore, le mot lire était exagéré pour la circonstance, en réalité, lorsqu’elle était en Angleterre elle les feuilletait tout juste, histoire de dire qu’elle avait ne serait-ce que jeté un coup d’œil. Bien heureusement elle arrivait toujours à se sortir de ce genre de situation par la suite en obtenant généralement la moyenne. Mais cette fois-ci elle n’avait pas tellement droit à l’erreur, ici à Ginkgo Gakuen, la moyenne requise pour ne pas passer au rattrapage et bosser pendant toutes les vacances était élevée à 65/100. Cette moyenne était égale à la sienne en arrivant dans ce lycée, et en Angleterre, il lui arrivait de bosser plusieurs heures d’affiler avant d’obtenir une note s’échelonnant à B+ (75% à 79%)… mais elle restait le plus souvent autours de C ou C+ (60% à 69%) suivant les matières, mis à part le sport ou celle-ci pouvait atteindre assez facilement A+ (85% à 89%). Du coup, il allait bien falloir qu'elle se mette au travail !

Avant de commencer les révisions des examens, elle avait donc décidé de sortir prendre l’air. Ou plutôt de profiter de cette magnifique journée qui s’offrait à elle, c’est vrai que ce serait bête de rester enfermer… surtout à réviser ! Elle décida donc d’aller passer sa journée du samedi en ville. Aussi en fonction du lieu, elle avait choisit de mettre une tenue plus adaptée à ses besoins, elle prit donc soin de choisir une tenue pratique - basket, minishort, débardeur à rayures bleu ciel et gilet - mais qui restait tout de même élégante. Elle se promena dans la ville s’arrêtant par-ci par-là regardant les vitrines des magasins tout en sirotant un milkshake à la fraise. Elle passait par des petites ruelles et attirée par des cris d’enfant, elle atterrit dans un parc où ils jouaient au ballon. Elle s’assit sur une balançoire et les regardait jouer, ils étaient tellement mignon avec leur petites frimousse enfantines… Elle se mit à sourire bêtement en les voyant jouer tous ensemble.

Sûrement attiré par la curiosité de sa couleur de cheveux flamboyante, un enfant était venu lui demander si elle voulait jouer avec eux. Elle accepta mais au moment où celle-ci se leva de la balançoire, elle entendit de nombreux cris admiratifs des enfants, Mei tourna sa tête mais au même moment quelque chose avait assombrit son visage. Tiens des nuages, ça ne pouvait pas être possible, il faisait grand ciel bleu, et le soleil éclairait tout le square. Elle n’avait même pas eu le temps de regarder ce que c’était qu’elle sentit quelque chose lui taper sa tête. La chose en question rebondit sur sa tête et déstabilisée, elle se sentit un peu vaciller, en effet elle ne tardait pas à atterrir sur les deux fesse dans un petit cri de douleur.

« Iteeeeiiii… »

Elle n’avait même pas vu qu’une personne c’était approchée d’elle, elle avait mis ces mains sur l’endroit où le ballon avait atterrit, comme par réflexe. Elle entendait les enfants rigoler de cet accident, et elle se détendit un peu en sentant la douleur passer… Une autre ombre mais plus « imposante » la surplombait cette fois-ci, oh qu’est-ce que ça allait être cette fois, elle se voyait bien avec un nuage qui avait élu domicile au dessus de sa tête histoire de bien l’embêter comme dans les comics. Elle releva doucement la tête et ses yeux se posèrent sur un jeune homme pas bien plus âgé qu’elle, à voir ses yeux ronds il devait carrément avoir eu la peur de sa vie. Il lui dit demanda alors d’une voix inquiète si elle allait bien puis il lui tendit la main qu’elle accepta sans se faire prier pour l’aider à la relever. Elle le toisa un moment et lui répondit assez brièvement avec un sourire timide :

« Yes, er… I’m fine… thanks. »

Oh non, quelle gourde voilà qu’elle venait de lui répondre en anglais… Comment rattraper ça maintenant, il ne devait rien comprendre le pauvre, mouais enfin, c’était quand même elle qui s’était pris le ballon sur la tête hein ! Elle était alors devenue toute embarrassée en s’entendant parler anglais et ne disait plus rien en attendant qu’il lui réponde quelque chose. Sur le coup elle se sentait vraiment mal à l’aise, montrer ses origines anglaises ne la dérangeait pas, mais elle restait tout de même embarrassée. Son père l’avait prévenu de faire attention pourtant, la différence de culture était importante et elle se devait de la respecter surtout au Japon. Elle essaya donc de rattraper son erreur auprès du jeune homme en faisant une courbette et en retrouvant son calme.

« Merci, je… je vais bien ! »

Elle regarda un instant le ballon par terre et se rappela que c’était quand même le garçon qui l’avait presque assommé avec. Mais laissant sa fierté anglaise de côté elle se mit un peu à rire de cette maladresse. Ce garçon était assez sympa en fait, mis à part le fait que ce ballon avait atterri sur son crâne à cause de lui… Puis elle le fixa un moment, s’aperçut qu’elle devait être mal polie et détourna les yeux assez vite, pour regarder les enfants reprendre le ballon de foot.

Detsuda fut légèrement prit au dépourvu quand la jeune fille lui répondit en anglais. Pendant quelques secondes, il crut avoir à faire à une américaine ou une anglaise. Son accent avait quelque chose qui lui rappelait son passé sur le vieux continent. Spontanément, son esprit accorda ce fait avec le physique exotique de l'inconnue. Que cela soit au Proche-Orient ou même lors de quelques colloques européens, il avait eu l'opportunité d'entendre cette langue. Lui-même la parlait couramment mais avec un odieux accent mélangeant les tonalités arabes et les maladresses nipponnes. Autant dire que cela en faisait une version très musicale mais pas forcément très compréhensible. Néanmoins, il s'apprêtait à l'exercice quand elle reprit en Japonais d'un timbre gêné. L'esprit pratique du jeune garçon prit la décision la plus simple, celle de parler dans la langue que la personne qui lui faisait face avait empruntée naturellement.

- Euh... Il doit y avoir des toilettes dans le parc ou tu pourras te laver les mains et retirer la poussière de tes vêtements. Viens.

C'est avec une certaine joie qu'il retrouvait la langue de Shakespeare. Pour une raison qui lui échappait, les langues qu'il parlait avaient tendances à s'exprimer très différemment en lui. Le Japonais devait lui servir pour la société, l'arabe lui servait pour qualifier l'environnement, l'art, la littérature ou la poésie mais quand il se mettait à parler anglais, il ne pouvait s'empêcher de sourire et d'emprunter un ton léger et joyeux. En gros, il avait vu trop de film en anglais et pas assez de gens le parler normalement dans les rues. Ajouté à son accent, cela donnait quelque chose de cocasse et d'amusant. Quoi qu'il en était, cela l'amusait beaucoup de parler ainsi. Même dans la formulation de sa phrase, d'un point de vue Japonais, il s'était montré trop "familier". Mais, il n'était pas vraiment du genre à s'en rendre compte facilement. Ce décalant d'un pas pour lui ouvrir le chemin, il l'invita à marcher à ses cotés.

- Mon nom est Detsuda, Detsuda Yuhei, élève à la Gingko Gakuen, enchanté de te rencontrer. Tu préfères qu'on parle en Anglais ou en Japonais? Moi, les deux me conviennent.

Sa sonnait un peu comme un film de James Bond mais c'était sans doute ses rares références en dehors des colloques sur l'archéologie. C'était donc mieux que rien, non? Même si cela ne lui allait pas vraiment. Il n'y avait pas l'ombre d'un occidental en lui. Son physique était celui d'un Japonais pur souche. Son expression fière, son regard pétillant d'une légère lueur dansante, la couleur mâte de sa peau, son sourire charmeur venaient du désert. Au mieux lui aurait-on prêté des origines indiennes pour parler ainsi l'Anglais.

Mei se remit de ses émotions, se frotta les mains et dépoussiéra ses habits avant de se relever. Celle-ci fût plus que surprise en entendant le jeune homme lui parler anglais. Enfin une personne qui lui répondait en anglais depuis son arrivée au Japon ! Pour dire même sa mère avait recommencé à parler Japonais… Bon, et puis mise à part les cours d’Anglais où la jeune fille pouvait se défouler dans sa langue maternelle, on ne pouvait pas dire qu’elle avait entretenu une discussion anglaise digne de ce nom depuis qu’elle habitait au pays du soleil levant. Elle le regarda avec ses prunelles bleues et le détailla de haut en bas, le garçon arborait un teint assez mâte mais il était bel et bien un vrai japonais, pas de doute de ce côté-là.

« Okay, merci beaucoup. »

La jeune fille se contenta juste des politesses habituelles dans sa langue maternelle et suivit le jeune homme. Autant en profiter pour parler anglais, et puis elle était plutôt contente de retrouver sa langue et de pouvoir la parler librement, après tout elle n’allait pas se faire prier ! Il se présenta à elle sous le nom de Detsuda Yuhei. Elle aimait beaucoup la phrase qu'il avait employée, elle sonnait comme un mauvais air de James Bond et elle sourit à cette pensée plutôt saugrenue. Elle apprit aussi qu’il faisait parti de la même école qu’elle, pourtant elle ne l’avait encore jamais vu, ou peut-être croisé une fois dans les couloirs du lycée. Enfin, si c’était le cas sa petite tête brune ne l’avait pas marquée. Mais maintenant qu'elle y pensait, peut-être que si en fait, elle l'avait vu au festival du solstice d'été avec une fille plutôt sympa qui était de quatre an sa sempaï. Elle se dénomait Maiko Aikawa et elle était dans la même chambre que Konata Akiyama de sa classe qui d'ailleurs était une jeune fille plus dynamique que la moyenne. Elle se demandait alors qu’elle âge il avait puisqu’il ne faisait pas partie de sa classe, il devait sûrement être en deuxième année. Comme il s’était présenté elle se dit qu’elle devait faire de même pour ne pas paraitre irrespectueuse. Mais l’idée de donner son nom à un jeune homme qu’elle ne connaissait que depuis cinq minutes et qui surtout lui avait envoyé un ballon sur la tête lui plaisait tout de suite moins.

« Je m’appelle Mei Kawasaki et je suis aussi au lycée Ginkgo Gakuen, enchantée. Les deux langues me conviennent aussi, mais l’anglais me sied mieux. »

Puis, en avançant à ses côtés en direction des toilettes, Mei tenta alors de lui demander en quelle année il était. Mais celle-ci resta dans un anglais très respectueux histoire de ne pas trop se faire remarquer alors qu’elle venait tout juste d’arriver dans ce pays où les coutumes étaient de règles. Enfin, d’après ce qu’elle avait remarqué ce garçon n’était pas tellement attaché à ce genre de choses puisqu’il lui parlait assez familièrement. Mais bon ne sait-on jamais par prudence mais aussi par prestance il valait mieux être trop respectueux que pas assez.

« Excuse moi de te demander, en quelle année es-tu Detsuda-san? »

Elle rajouta aussi l’article japonais à la fin de sa phrase histoire de respecter un peu cette distance qui l’a séparais du jeune homme. C’était aussi pour faire bonne figure, surtout en tant que petite anglaise et aristocrate qui plus est, enfin, ça c’était encore à voir. En effet il fallait qu’elle choisisse bientôt quelle nationalité elle allait bien pouvoir prendre et savoir si elle perdrait son titre anglais de lord… Et ça, elle n’était pas prête à y réfléchir, certainement pas d’ailleurs, et pis quoi encore, lui retirer son titre anglais, hors de question ! Elle attendait la réponse du jeune homme tout en marchant et en regardant le beau temps qu’il faisait. Les bruits des enfants étaient toujours audibles, elle se dit aussi que si elle était encore une enfant elle irait bien s’amuser avec eux toute la journée, ça pour sûr. Puis ils arrivèrent devant les toilettes public, elle ouvrit son sac et prit un mouchoir puis entra en laissant derrière elle le jeune homme.

Mei avait entendu la réponse du jeune homme juste avant d’entrer dans les toilettes mais ne c’était pas retournée tout de suite. Elle jeta un regard à Detsuda et lui sourit gentiment juste avant de franchir le seuil de l’endroit en question. Elle se regarda dans la glace, en effet, elle avait encore de la poussière sur ses vêtements, elle secoua l’habit et épousseta ce qui restait avec ses mains. Puis elle prit le temps de se laver les mains et de se passer de l’eau fraiche sur la tête pour nettoyer l’endroit où le ballon avait atterri. Elle en profita aussi pour boire et se rafraîchir le visage à l’eau fraîche.

Quant elle ressorti des lieux, Detsuda-san affichait un sourire angélique. Puis il commença sa phrase en Japonais avec une pointe d’hésitation, puis il reprit en anglais. Il venait de lui poser une question assez personnelle, elle qui ne s’en doutait pas fût assez surprise. Le jeune homme voulait savoir d’où lui venait sa manière de parler typiquement anglaise. Elle resta figée un moment au même endroit. Elle avait des yeux rieurs et un sourire enjoué aux lèvres. Elle aurait bien volontiers rigolé mais elle se dit que l’adolescent japonais aurait cru qu’elle se moquait de lui, alors elle lui répondit en anglais sur un timbre joyeux.

« Oui, en effet, je parle couramment l’anglais ainsi que le japonais puisque ce sont mes deux langues maternelle. »

La jeune fille était métisse, elle savait que cela était mal vu au Japon, mais elle s’en fichait. Si le garçon lui avait posé cette question ce n’était sûrement pas pour la brimer. Enfin si c’était le cas, elle ne se laisserait certainement pas faire et lui expliquerait sa manière de penser. Mais ce ne devait pas être le genre du garçon qui se tenait tout souriant devant elle. Elle préférait néanmoins en dire le moins possible et attendre la réaction du jeune homme. Puis, elle s’avança vers lui et lui sourit gaiement en retour. Il faisait beau aujourd’hui, le soleil réchauffait l’atmosphère et une petite brise agréable venait rafraîchir le tout. Les cheveux de la jeune fille étaient entrainés dans une danse joyeuse et virevoltaient dans tout les sens.

- Ouah! C'est trop cool!

S'exclama-t-il dans sa langue maternelle, trop spontané pour l'avoir traduit en anglais avant.

- Je suis content de rencontrer quelqu'un qui ait vu autre chose que l'archipel. J'aime le Japon mais je suis pas vraiment habitué à y vivre longtemps. As-tu ...

A cet instant, ses iris tremblèrent. Detsuda se rendait compte que l'angle du soleil par rapport au visage de Kawasaki permettait à ses rayons de venir se refléter dans les cheveux bruns-roux la jeune fille. Ses yeux bleus venaient s’ajouter à ce portrait exotique. Mei était le résultat du mariage de deux êtres bien différents. Cette double-culture qui apparaissait chez elle avait tout lieu de fasciner Yuhei. Ce dernier était lui-même le fruit d'un mélange mais ce dernier était avant tout culturel. Ainsi donc, si la jeune fille portait physiquement ce qu'il portait en son cœur, cela ne pouvait manquer de faire écho en lui. Saisissant alors son appareil photo d'un geste éclair et précis, il saisit l'instant d'un clic. Écartant son visage de l'appareil pour voir le résultat sur le petit écran,un sourire gagna son visage. Le résultat était satisfaisant. L'image semblait prise dans le mouvement du vent, les cheveux de Mei voletait et sa caresse était presque palpable. Derrière elle se trouvait le parc ou jouait les enfants, puis la ville et enfin le ciel. Le tout composait une photo équilibrée dont le point focus était à l'égale distance des deux yeux de la jeune fille qui, avec ce temps, avait choisi de se parer de la couleur des cieux. Sans une once d'hésitation, le jeune garçon ôta la sangle de l'appareil autour de son cou et s'approcha de Mei avec l'appareil, tendant ce dernier pour qu'elle puisse juger par elle-même.

- Ceci est ton image, elle t'appartient. Je n'ai fais que la saisir sans désirer l'obtenir. C'est à toi d'en décider le devenir. Si tu veux la supprimer, fais le. Sinon, laisse-moi te l'offrir.

Déclama Detsuda avec un ton d'où s'élevait une certaine fierté. A cet instant, son regard était d'un charme incendié alors que ses lèvres exprimaient un sourire enchanté. De toute évidence, le jeune garçon avait réagit par spontanéité, dans un pur instant de grâce et sa voix en était, à cet instant, l'expression même. Quand à ses mots, eux, il semblait bien plus répété, comme pris dans un exemple, une citation, peut-être ? Ou encore, une leçon bien apprise.

Lorsque Detsuda exprima son engouement, Mei fût assez surprise de la réaction du jeune homme qui se tenait devant elle. Qui aurait pu croire qu’il emplirait l’atmosphère avec autant de spontanéité et de joie. La jeune fille était heureuse de cette réaction aussi positive venant du garçon. Elle se mit à rigoler et sourit à son tour en plissant ses yeux, son visage enfantin était réapparu sur les traits de son visage. Elle aimait vraiment cette ambiance détendue qui s’était installée entre elle et Detsuda-san.

Le jeune homme s’arrêta au milieu de sa phrase, il l’a regardais avec des yeux brillants. Mei le regarda un instant et lui sourit à nouveau. En un temps éclair le jeune homme avait sorti son appareil photo et avait immortalisé le moment. La jeune fille fût assez surprise tout d’abords, l’avait-il prit en photo comme souvenir ? Puis interpellé, elle se rendit compte que sa position favorisait l’éclairage du soleil sur sa chevelure flamboyante. Le jeune homme s’avança d’un pas assuré vers elle et lui montra la photo, elle en resta bouche bé tellement elle était belle. On aurait pu croire que c’était un travail de professionnel. Ce garçon était doué pour la photographie, il n’y avait pas de doute à avoir. Elle resta un moment sans rien dire puis elle sourit au garçon.

« Elle est magnifique, je ne la supprimerais pour rien au monde Detsuda-san. Merci. »

Ces quelques mots étaient sortis si sincèrement de sa bouche. Une once de joie venait teinter ses paroles de bonheur. Elle le remercia en faisant une courbette au jeune homme. Elle se reteint de l’embrasser sur la joue pour le remercier mais celle-ci en avait très envie. Les manières européennes revenaient systématiquement lorsqu’elle était dans cet état. Elle fit néanmoins un sourire au garçon en guise de remerciement. Oui, la gentillesse était universelle, et ça elle l’avait compris depuis bien longtemps. Elle se remémora encore la photo en fermant les yeux, une sensation douce et guillerette vint illuminer son visage et une chaleur emplit son cœur. Elle rouvrit les yeux et regarda le garçon.

« Tu es doué pour la photographie, est-ce que c'est une de tes passions ? »

Mei avait repris son accent japonais en posant cette question.

Mei était vraiment heureuse d’avoir rencontré un garçon aussi gentil et passionné depuis qu’elle était arrivée sur l’archipel. Cette sensation de bien être qu’elle éprouvait en ce moment se reflétait dans ses yeux et se transformait en des milliers de petites étoiles scintillantes. Elle était contente et toute enjouée d’avoir fait cette rencontre inopportune aujourd’hui. Quand le jeune homme lui dit qu’il était le vice-président du club de journalisme, elle ne fût même pas surprise. Il est vrai que ce garçon avait un talent inouïe pour la photographie. Et le fait qu’il fasse parti du club de journaliste confirmait justement les pensées de la jeune demoiselle. Puis toute émue à l’idée qu’il lui enverrait la photo par e-mail, la jeune fille sauta de joie sur place.

« Oui, merci ! Je te donnerais mon adresse e-mail afin que tu puisses me l’envoyer. »

La jeune fille était vraiment impatiente de voir le résultat sur papier. Adoucit par l’idée de tenir la photo entre ses mains, elle sourit tendrement. Ses sens en étaient émerveillés. Elle restait toute émoustillée, elle n’aurait rien souhaité de mieux par une si belle journée. Une nouvelle bourrasque fit voleter ses cheveux au grès du vent enivrant l’air de son parfum. « Cela te dirait d'aller poursuivre cette conversation quelque part? Je connais un endroit ou ils font de délicieux cakes de toutes sortes. » La jeune fille acquiesça d’un mouvement de tête.

« Oui, bien sûr ! Je te suis volontiers Detsuda-san. Mais avant j’aimerais aussi te faire découvrir quelque chose. Viens, ce n’est pas très loin d’ici, je t’y emmène ! »

La jeune fille avait découvert une magnifique petite boutique en traversant les rues pour rejoindre le parc. Et celle-ci venait d’avoir une super idée pour remercier Detsuda-san de sa gentillesse. Mais aussi pour lui faire découvrir une de ses plus grandes passions. Elle ouvrit le chemin en tendant sa main sur le côté pour inviter le jeune à la rejoindre. Toute souriante, Mei attendit le garçon puis s’engagea dans la rue parallèle à celle du parc. Puis elle reprit la parole tout en marchant aux côtés de son nouvel ami.

« Tu sais, je suis très heureuse de vivre au Japon. Même si j’ai dû quitter l’Angleterre, ici je me sens plus en harmonie avec moi-même ! Cela peut paraître bizarre mais ma nation de cœur est ce pays aux mille coutumes… »

Cette phrase avait été si spontanée et sincère qu’elle en fût surprise. Elle savait qu’elle était sensible mais de là à dire ce genre de chose aussi naturellement, elle en restait stupéfaite. Une once de douceur et de joie avait envahit tout son être. Pour profiter de cette sensation, elle ferma les yeux et prit une grande inspiration en croisant ses mains derrière son dos. Cela ne lui ressemblait pas d’être aussi nostalgique. Puis elle rougit en prenant conscience des paroles qu’elle venait de prononcé envers le garçon dont elle venait tout juste de faire la connaissance.

Detsuda avait acquiescé et suivit sans hésitation aucune. La nature du jeune garçon le disposait facilement à accepter rapidement ce genre d'opportunité. Pour lui, suivre ainsi quelqu'un qui lui inspirait confiance était un moyen de découvrir des lieux riches d'intérêts tout en profitant de l'accès de celui qui l'accompagnait. Yuhei pensait qu'une vie emplie de belle rencontre qui le menait de surprise en surprise était une forme très agréable d’existence. Et puis, il y avait à la fois quelque chose d'excitant et d'agréable de marcher au côté d'une fille tout en la laissant seule maîtresse de votre destin à suivre.

Et alors que les deux êtres s'éloignaient du parc, la voix de Kawasaki s'éleva. La spontanéité de ses propos eurent un écho particulier dans le cœur du jeune garçon. Il rencontrait rarement des personnes capables de faire preuve d'une telle sincérité, même envers des proches, même après plusieurs années. Les deux jeunes gens se connaissaient à peine et pourtant, ils échangeaient leurs sentiments avec une grande fraicheur. Detsuda n'en avait pas conscience, mais il était certain que le caractère de ce dernier, s'accordant à celui de son interlocutrice, devait participer à ce résultat.

- Ce n'est pas bizarre, Kawasaki-san. Tes sentiments, si tu les ressens profondément ainsi, n'ont rien de bizarre. Au contraire, c'est ce qu'il y a de plus précieux. Donc, il n'y a pas de malaise. Le Japon est un pays aux nombreuses qualités. Sans doute l'un des plus agréables ou vivre au monde. Alors, que tu t'y sentes bien. A cela, rien de bizarre.

Le jeune garçon esquissa son sourire si particulier, si peu japonisant, si emprunt d'exotisme, de chaleur et de fierté. Son regard noisette vint caresser le visage de son interlocutrice, un léger pétillement émanant de ces derniers.

- Maintenant, je dois t'avouer que je n'y connais pas forcément grand chose. Mes deux parents sont bien japonais, quoi qu'en dise la rumeur... Mais moi, je ne vis régulièrement au Japon que depuis deux ans. Toute ma vie, avant, j'ai passé mon temps à voyager, à rencontrer de nouvelles personnes, à me faire des amis pour les quitter ensuite. Et puis en retrouver! Bref... Ça s'arrêtait jamais. Et c'était génial!

Il n'y a que maintenant que je me pose. Le temps de faire les études nécessaires à mon métier, puis je repartirais. En finalité, si je devais déterminer l'endroit qui est le lieu ou je me sens chez moi, je dirais que c'est sans doute le lieu ou les gens se tournent vers moi et me saluent de mon nom. L'endroit ou se trouvent mes amis, ces personnes que j'ai intéressé et qui m'ont intéressé. Oui, chez moi, c'est auprès de ceux avec qui je vis.

Si Mei avait sa part de spontanéité. Yuhei venait de démontrer qu'il n'était pas en reste. En temps normal, il n'était pas forcément aussi bavard, souvent s'en tenait-il à quelques phrases évocatrices et bien senties. Il fallait vraiment qu'il se sente bien avec la personne avec qui il parlait pour ainsi s'exprimer en total liberté. Là, c'était le cas. Et pour appuyer des mots qu'il était loin de prononcer en l'air, il lança un nouveau regard vers son interlocutrice avec un grand sourire léger et rayonnant.

- Oui, j'aime bien cette idée.

Idée dont la simplicité même pouvait paraître déconcertante. Pourtant, tous ce qu'il avait prononcé au préalable donnait un sens tout à fait entier à cette conclusion. C'était sans doute là une des capacités du jeune garçon. Celle de donner toutes leurs entièretés à des choses simples que l'évidence et la répétition ont vidés de leurs sens.

La jeune fille ne savait que dire après une telle réponse. C’est vrai quoi, ce n’était pas facile pour elle, dévoiler ce qu’elle ressentait d’une manière aussi légère. Depuis qu’elle était arrivée au Japon, Mei n’avait encore jamais éprouvé un sentiment aussi décontracté et naturel ! Il est vrai qu’elle aimait énormément l’Angleterre, après tout c'était son pays d’enfance qu’elle avait conquis avec son âme et sa personne. Mais le Japon restait son pays de prédilection. Sûrement, après tout, son père était un japonais de sang et sa mère japonaise d’âme et de cœur.

Detsuda-san continua de parler tout en marchant à ses côtés. Il lui raconta comment il voyait les choses, sa manière de penser. Elle l’écoutait attentivement, très intéressée par ce qu’il lui racontait. De plus, le fait qu’elle arrive à tenir une discussion aussi sincère et spontanée avec un jeune homme dont elle venait juste de faire la connaissance prouvait qu’elle avait grandi. Mais aussi qu’elle s’était en parti habitué à ce si joli pays dont elle allait faire la découverte dans les années qui viendraient. Elle s’était habitué à cette situation en compagnie de ce charmant interlocuteur, la journée aura vraiment été géniale ! Mei c’était fait un nouvel ami et elle en était très heureuse.

« Je pense que tu as raison Detsuda-san, le plus important dans la vie est l’amitié de personnes sincères qui nous entourent ! »

Elle avait répondu avec son cœur et n’était pas stupéfaite cette fois-ci. Oui, elle comprenait ce sentiment, et l’avait traduit en une réponse claire et sincère qui était en harmonie avec ses pensées les plus profondes. Puis après un sourire commun et encore quelques mètres les deux jeunes gens étaient arrivés devant l’endroit où la jeune demoiselle voulait sceller cette nouvelle amitié naissante. Une boutique de fleur, la passion de l’adolescente. Il est vrai que peu de monde se douterait qu’une sportive comme elle tout feu tout flamme, et ayant sa langue bien pendue sur le terrain renfermait un tel intérêt pour le monde des fleurs aussi doux soit-il…

Elle affichait alors un sourire si émerveillé et passionné qu’elle en avait les joues toutes rosies d’émotions. Ses yeux pétillaient à la lumière du soleil devant toute les sortes de fleurs qui étaient présenté en vitrine. Puis sans faire attendre le jeune homme elle prononça une phrase qui raisonnait encore en elle après l’avoir prononcée :

« Je te présente le paradis de mon existence Detsuda-san, bienvenue dans ce lieu sacré ! Je te pris de bien vouloir m’attendre s’il te plait, je reviens tout de suite. »

Puis sans se retourner et sans prononcer un mot elle entra dans ce temple de bien être. Après une discussion riche en échange avec le vendeur, Mei ressorti du magasin avec une jolie petite fleur en pot qu’elle offrit à Detsuda-san. Cette plante s’appelait « ryu-no-hige » au japon, mais celle-ci était plus connue sous le nom scientifique d’Ophiopogon Japonicus. C’était du muguet japonais qu’elle avait décidé d’offrir au jeune homme pour le remercier. En le lui offrant, elle concrétisait leur amitié et c’était pour cela qu’elle avait choisi cette petite fleur d’apparence fragile mais très résistante ! C’était dans le langage des fleurs que Mei s’exprimait le plus sincèrement. Et le muguet représentait parfaitement l’amitié qui était née entre elle et ce garçon. Cette plante était très connue mais peu de personne savait exactement ce qu’elle signifiait dans la vie courante.

« Je te prie de bien vouloir accepter ce cadeau, il te portera bonheur ! »

Elle tendit ses deux petites mains où reposait la fleur et sourit à son interlocuteur. Décidément cette journée était pleine en rebondissement !

Detsuda regarda la fleur que lui offrait Kawasaki en clignant doucement des paupières. Ses yeux descendirent sur le pot qui contenait cette dernière pour revenir croiser les iris bleutés de la jeune fille. Un grand sourire naquit sur ses lèvres, celui d'un enfant à qui on vient d'offrir une belle surprise. Avec un soin tout à fait particulier, il libéra les mains de Mei, non sans les frôler quelque peu.

- Ça me touche beaucoup, Kawasaki-san! Que tu me montre ce lieu que tu aimes tant et que tu m'offres un si joli cadeau!

Laissa-t-il échapper spontanément de sa voix légère et chantante. Pendant un instant, son regard noisette pétilla alors qu'il caresserait la fleur de ce dernier. De souvenir, le jeune garçon n'avait jamais reçu une plante. C'était, pour lui, une étrange expérience. Son expertise de botaniste avoisinait le zéro absolu. Mais son cœur battait gaiement dans sa poitrine. Lui aussi ressentait à sa façon intuitive, le lien qui s'unissait si rapidement et si fortement entre les deux êtres. Et puis, aux yeux de Yuhei, l'offre d'un cadeau était chargé d'une réelle symbolique. Dans sa tête, quelques souvenirs lui revenaient à ce sujet.

Même s'il n'en avait pas conscience, sa spontanéité le poussait à exprimer cette joie. Son visage rayonnait d'une douce lueur. C'est sans réfléchir véritablement à ses actes qu'il agit, comme bien souvent, en se portant plus près de Mei pour déposer un chaste baiser sur sa joue. Il fut surpris en sentant ses lèvres rencontrer une surface aussi douce et chaude que celle des joues de Kawasaki. Le jeune garçon avait vu parfois des européens faire ça. Alors, la jeune fille étant en partie britannique, l'idée était venue naturellement à Yuhei de faire ainsi. Enfin, il s'écarta. Son cœur battant légèrement troublé venait rosir légèrement son visage et lui donner chaud. Ses iris noisettes s'évadèrent du visage de Mei pour revenir à la plante.

- Je suis sûr de connaître un endroit dans la forêt ou elle sera bien. Peut-être à l'endroit ou je me suis baigné la dernière fois avec Takahashi-chan ?

Il pensait tout haut mais à viser car son regard revint vers Mei comme pour lui demander son avis sur la question. Bien entendu, l'idée même de laisser une plante dans son pot pour l'entretenir soi-même n'était pas du tout dans la logique du jeune garçon. Ce dernier était bien trop habitué à voir une nature sauvage et indompté autour de lui pour imaginer enfermer une plante dans pot aussi réduit.

Au vu de la réaction du jeune homme, il avait dû apprécier le cadeau. Mei était contente, elle venait de faire un heureux et cette situation la mettait de très bonne humeur. Lorsque Detsuda-san prit la plantes des mains de la jeune fille, celle-ci sentit le contact de ses doigts frôler les siens. Elle fût surprise puis la demoiselle s’adoucit et lui sourit de bon cœur quant il la remercia. Elle se pencha en avant et fit une courbette comme l’exigeait la règle. Puis son regard vint rencontrer celui de l’adolescent et son visage épanouit laissa la place à la stupéfaction quand le jeune garçon posa ses lèvres sur sa joue. Un remerciement sans doute, mais celle-ci n’était pas habituée à voir des japonais prendre en compte son origine européenne. Le baisé laissé une trace significative aux yeux de la jeune fille. Elle inclina la tête de côté et sourit en fermant les yeux, quelqu’un c’était enfin ouvert à elle et se sentiment était si réel et palpable qu’elle en était ravis.

« Pas de quoi D… Detsuda-san. »

La forêt. Très bonne question, est-ce que cette plante peut vivre en milieu sauvage sachant qu’elle avait été achetée et entretenue par l’être humain ? C’est en y réfléchissant, qu’ elle mit en application toutes les recommandations d’Elisabeth concernant l’espèce végétal. Beaucoup de souvenirs lui revenaient en même temps, à croire que sa mémoire pour les plantes était infinie. Au bout d’un certain temps elle se souvenu d’un jour où elle avait eu une discussion avec la vieille dame à propos de certaines plantes japonaises…

« Une forêt tu dis… oui pourquoi pas ! Cette plante est très résistante, c’est une vivace alors il n’y aura pas de problème. Elle peut supporter une très forte température et n’a besoin d’aucun entretien. Elle peut aussi résister jusqu’à -20°c mais il lui faudrait plutôt une exposition au soleil ou à mi-ombre. Ainsi qu’un sol humifère. La forêt est un endroit humide, parfait pour cette variété. Le mieux serait de planter cette fleur à proximité d’une rivière, dans un endroit ensoleillé ! De plus, l’ophiopogon japonicus ne doit être planté qu’en automne ou au printemps donc je te conseille d’attendre le mois d’octobre avant de t’en occuper ! »

Après avoir fini sa tirade, elle se rendit compte qu’elle venait littéralement de monopoliser la parole à son interlocuteur. Mei sourit avec délicatesse tout en étant gênée. Oui quant il s’agissait de botanique la jeune britannique devenait passionnée et ne pouvait pas s’empêcher d’étaler ses connaissances. Elle resta muette un instant en attendant la réaction du jeune homme, tout en tortillant ses doigts d’un air embarrassé.

Mei hocha la tête sur le côté puis afficha un léger sourire plus décontractée quand le jeune homme lui dit qu’ils iraient ensemble pour replanter le végétal. Elle était très contente que celui-ci le lui propose d’ailleurs. Elle se disait aussi qu’elle pourrait éventuellement lui donner d’autres conseils mais celle-ci garda cette remarque pour elle. Puis la jeune fille releva les yeux pour apercevoir son interlocuteur qui s’avançait vers elle, elle acquiesça lorsque celui-ci lui proposa un cake. Puis elle le suivit alors que le garçon la tirait par la main à travers les rues.

Arrivée devant le magasin, la jeune anglaise avait pleins de petites étoiles au fond de ses iris bleutées. Il y avait toute sorte de gâteaux, elle n’en croyait pas ses yeux, elle afficha alors un sourire enjouée. Elle regarda alors toutes les pâtisseries étalées sur le comptoir… Puis lorsque le jeune homme lui demanda ce qu’elle aimait, elle se retourna vers lui et afficha un magnifique sourire agrémenter de ses yeux où l’on pouvait discerner une petite lueur de gaité.

« J’aime les cakes à la marmelade d’orange… »

Sa voix était hésitante mais on pouvait tout à fait interpréter ce fin désir qui émanait de ses paroles. Oui Mei adorait ce gâteau qui lui rappelait son origine, gourmande comme elle l’était elle ne pouvait pas laisser passer cette occasion et le cake avec ! Puis elle se retourna et immobilisa son regard sur le gâteau qui avait attiré son attention, un petit cake violet… Tiens pourquoi pas, elle regarda le gâteau et tira le T-Shirt au jeune homme avant de pointée du doigt le cake de son choix. Elle regarda ce qui était écrit en dessous du gâteau : « Prunes goût Sagami » drôle de nom pour un cake. Elle se doutait que les saveurs devaient bien se marier mais elle n’en avait jamais goûté lorsqu’elle était en Angleterre, cela allait lui changer de son habituelle cake à la marmelade d’orange.

« Je veux celui-ci, Detsuda-san ! »

Après avoir prononcé ces quelques mots, la jeune demoiselle affichait un sourire doux et angélique. Ses mains avaient lâchées le vêtement du garçon et étaient croisées en attend le gâteau. Elle était très heureuse d’avoir fait la rencontre de Yuhei et de pouvoir manger un cake en sa compagnie. De plus la journée était magnifique, la jeune fille était aux anges !

La jeune anglaise était fascinée par le décor occidental qui l’entourait. Elle se serait crue dans un salon de thé à Paris, l’idée lui plaisait, le contexte aussi… L’ambiance que reflétait cet endroit lui rappelait de nombreux souvenirs d’Europe. Beaucoup de personnes étaient installées et discutaient de choses et d’autres, Mei était ravie d’assister à cette effervescence jovial et convivial en plein après-midi. La métisse avait de grands yeux ouverts et prêtait une oreille attentive au moindre son occidental qu’elle pourrait éventuellement reconnaître. Mais elle savait très bien qu’il y avait peu de chance qu’elle entende un anglais, un allemand ou un français dans le coin.

Un lien s’était noué entre les deux adolescents, personne ne pouvait le nier, leur rencontre avait sûrement dû être le fruit destin. La jeune fille restait réservée mais était totalement à l’aise en compagnie du jeune homme. Ses gestes étaient naturels et emplie d’une certaine spontanéité. L’amitié qui était en train de naître entre les deux jeunes gens s’annonçait de bon augure, Kawasaki le savait et en était très heureuse. Comme quoi, recevoir un ballon sur le crâne pouvait favoriser de belles rencontres par la suite…

« Oui, avec plaisir, alors je prendrais un Earl Grey’s tea de la maison Twinings agrémenté d’un nuage de lait de soja ! Merci… »

La jeune britannique venait de reprendre ses marques dans le pays nippon, non sans oublier la politesse japonaise bien entendu. Elle avait prononcé ces quelques mots tellement aisément et avec une voix si enjouée qu’elle ne s’en était même pas rendu compte. La manière dont elle avait choisi la boisson, tout en ajoutant la provenance du produit trahissait la nature aristocrate de le jeune anglaise. On pouvait tout à fait comprendre qu’elle avait été élevée dans un monde de privilège. Cependant l’apparence de la jeune fille démontrait le contraire…

Mei s’installa en face de son ami et goûta au thé qu’elle avait commandé quelques minutes plus tôt. Elle était enchantée de pouvoir boire cette boisson typiquement anglaise tout en croquant dans son cake cent pourcent japonais. Le mélange de ces deux cultures bien différentes par certains aspects s’associait très bien.

« Oui, moi aussi j’ai hâte de savoir quelle saveur il aura ! »

Puis c’est après quelques bouchés et une gorgée de thé que la demoiselle annonça le verdict :

« Prunes séchées et wakame… Drôle de mélange mais le tout est succulent, voudrais-tu goûter Detsuda-san ? »

[Wakame : Algues japonaises utilisé en cuisine, appréciée pour sa saveur fine et sa texture particulièrement tendre.]

Detsuda acquiesça volontiers à la proposition de Kawasaki. Il n'allait tout de même pas rater une possibilité de goûter à de nouvelles saveurs. Ainsi donc il prit sa cuillère et se servit une petite part du cake de Mei pour le mettre dans sa bouche. Après quelques secondes de concentrations pendant lesquels il mastiqua, son visage s'éclaira d'un grand sourire.

- C'est trop bon! Pas de doute! Mais attends...

Il découpa une part de son propre gâteau pour le déposer dans la petite assiette à dessert de la jeune fille.

- Comme ça, nous aurons tous les deux partager notre repas.

Dit-il d'un air satisfait, quittant la part offerte de son regard noisette pour caresser celui de son interlocutrice. Un nouveau sourire enjoué vint animer son visage alors qu'il reprenait la dégustation de son propre cake. Dans son esprit, il était bien plus normal de partager ses repas avec un maximum de gens. Au proche-orient, les hommes mangeaient autour des mêmes plats. Pour Yuhei, c'était là une façon bien plus agréable de manger que de se retrouver seul face à son assiette.

- J'ai été à Londres une fois pour assister à un colloque avec mon père qui avait lieu au British Museum. Mais je n'ai pas vraiment eu l'occasion de visiter la ville. Et toi?

Lança-t-il tout de go.

Mei était contente de faire partager ses drôles de goûts avec le nouvel ami qu’elle venait de rencontrer dans la journée. Celle-ci regarda attentivement le visage du jeune homme pour apercevoir une réaction quelquonc, peut-être même une grimace, qui sait ? La jeune fille but de nouveau une gorgée de thé lorsque le garçon lui proposa un morceau de son cake occidental. Celle-ci fût aimablement surprise de ce geste et goûta le fameux cake double chocolat de son ami.

Le chocolat, une grande histoire d’amour, le simple fait de poser ses lèvres sur le gâteau, de sentir l’odeur chocolaté du cake lui caresser les narines et le feu d’artifice produit par la pâtisserie qui vint émerveiller ses papilles gustatives… Elle sourit et des milliers d’étoiles vinrent illuminer ses prunelles.

« Je suis ravie d’avoir pu déguster un morceau de ton cake, merci, il était délicieux. Et oui tu as raison, c’est si agréable de partager un repas et aussi tellement conviviale ! »

La jeune demoiselle ne pu pas retenir le sourire qui prit place sur ses lèvres, elle rougit un peu et écouta le jeune homme lui raconter son expérience lorsqu’il était à Londres au British Museum avec son père.

« Oui, j’habitais près de Londres lorsque je vivais en Angleterre, j’ai eu l’occasion de visiter cette ville plusieurs fois… Elle a beaucoup de charme, et est tellement joviale… »

La jeune fille avait fini sa phrase sur le plus beau souvenir qu’elle en avait eu. Elle n’y était pas allée depuis quelques mois, le temps était long et elle avait hâte de retourner aux prochaines vacances dans son pays. Puis celle-ci se mit à rigoler et dit à son interlocuteur d’une voix pleine de joie :

« Je suis sûre que tu aurais adoré cette ville, le cake est la pâtisserie nationale de ce pays ! »

[HRP : je suis désolée pour le retard ! >.<]