Quelle galère ! Mais dans quelle galère se trouvait-elle maintenant ? Comment s’était-elle retrouvée ici, dans cet endroit, accroupi à côté des robinets, à l’observer lui, tout nu dans son bain ? Ce n’était pas franchement pudique. Bon, avouons quand même que la vue n’était pas désagréable, bien au contraire. Fallait dire ce qu’il en était, Eiji, même habillé, avait du charme. Ce même charme s’accentuait quand il dénudé et que l’eau ruisselait sur son corps finement musclé. Mais revenons deux heures en arrières.

Alors que notre jeune fille avait fini les cours et était allé boire un coup avec des amis, ils avaient, d’un commun accord, décider de pimenter un peu leur sorti et jouer à action/vérité. Certes, comme des gamins de l’école primaires, mais les actions et les questions étaient évidement au même niveau que leur âges et leur vécu respectif. Aya, qui n’aimait pas faire comme les autres, s’était rapidement décider pour action. Décision qu’elle regretta rapidement. Elle devait allez se faufiler dans le sanitaire des garçons et les observer. Mais, afin de prouver qu’elle était une femme d’honneur, elle devait prendre des photos ou filmer, c’était comme elle voulait. Soupirant, Aya avait voulu résister et insister afin qu’ils changent l’action, mais elle avait bien trop de fierté.


Ainsi, elle se retrouvait donc à observer le jeune kendoka qu’elle avait rencontré quelques semaines plus tôt dans le dojo alors qu’elle y venait pour se renseigner un peu sur le sport que pratiquait ce dernier. Bien cacher derrière les robinets, elle put l’observer tranquillement, sans qu’il ne la remarque. Elle en profita pour faire quelques cliché avant de remettre discrètement son appareille photo dans son sac. Mission accomplie, non ? Elle pouvait donc partir, de toute manière, des garçons nus elle en avait vu tellement.

Elle se leva donc en s’aidant du robinet, mais n’attrapa pas la barre métallique. Au contraire. Elle déclencha ainsi la douche qui déversa son contenu sur elle. Elle poussa un cri de surprise puis se leva vivement mais dérapa sur le carrelage mouille. L’instant d’après elle se retrouva assis sous la douche et déjà complètement trempé par l’eau. Son chemisier blanc était devenu transparent et se cheveux lui collait sur le front. Se débattant comme elle pouvait elle réussi à se relever et épaula son sac. Puis, au moment où elle voulut partir Aya releva son regard qui tomba sur Eiji. Evidement, il avait du être alerté par son cri. Faisant la moue, notre jeune fille baissa le regard, rougissant légèrement.

« Eh merde … »

Ce fut tout ce qu’elle put dire avant qu’elle ne se détourne complètement, tournant le dos à Eiji. La voilà dans une encore plus grande galère qu’au début.

Quoi de mieux qu'un bon bain chaud après un entrainement harassant dans la chaleur de juillet ? L'équipe de kendo avait été unanimement de cet avis et avait suivi son capitaine comme un seul homme pour venir faire trempette dans l'eau brulante et se délasser après un des derniers entrainements du trimestre qu'Eiji avait à dessein fait un peu plus rude que d'habitude. Avec un sourire triomphant, il avait clamé que les bleus incrustés dans la peau de chacun seraient parfaits pour leur rappeler ne pas se ramollir pendant la période estivale. La bataille d'eau qui avait suivi avait été mémorable, laissant les lieux complètement inondés et des élèves écroulés de rire et à moitié noyés.
De cette fine équipe, Eiji avait été le dernier rescapé, encore plongé dans l'eau jusqu'aux épaules. Les étudiants s'étaient sauvés un par un jusqu'à ce que les lieux redeviennent déserts et silencieux. A moitié endormi dans l'eau chaude, le capitaine se trouvait trop bien pour avoir envie de partir maintenant, et attendait que la faim ne grogne assez fort dans son estomac pour le pousser à sortir de l'eau.

Un bruit de pas discret se fit entendre derrière lui sans qu'il n'y prête attention. Quand personne ne vint le rejoindre dans l'eau, il supposa qu'un membre de l'équipe avait oublié quelque chose dans le sentô et était venu le reprendre sans juger bon de le déranger.
Quelques secondes plus tard, le bruit de l'eau qui s'allume et un couinement sonore le sortit en sursaut de sa transe, le faisait se redresser d'un bond pour voir ce qui se passait et qui méritait des glapissements qui auraient tout à fait eu leur place dans la bouche d'une fille.
Et pour cause : nul membre masculin de l'équipe de kendo, ni même un garçon du lycée, mais ce fut une jeune fille dans son uniforme détrempé par une douche fortuite les quatre fers en l'air, qui se redressa sous le regard sidéré de Eiji.

" Hé ! Qu'est-ce que tu fais ici ?!"

Eut-elle été nue qu'il aurait pu mettre sa présence sur le dos d'une erreur, mais habillée et son sac sur le dos... il y avait fort à parier qu'elle n'était là ni par erreur, ni pour prendre son bain. Presque choqué d'une telle scène – depuis quand les filles se faisaient pire que les garçons et venaient mater dans les douches ! - Eiji serra les dents, et se rapprocha du bord, attrapant sa serviette qu'il jeta sur la jeune fille mouillée. Beau tire, puisqu'elle attérit en plein sur sa tête, lui cachant la vue.

" Ca va, le spectacle t'a plu ? "

Être en colère étant plus simple qu'être mortifié, si bien que le jeune homme la fixa, son regard perçant deux trous dans son dos, fier et droit dans le bassin comme une statue de divinité revenue à la vie dans une colère vengeresse.
Pour qu'elle soit là avec son sac... Eiji n'avait pas été dans le club d'athlétisme pour rien : il sentait venir aussi gros qu'un temple le pari foireux et la photo qui n'attendait que de faire le tour de tous le lycée. Certes, il n'y avait rien de compromettant la dessus mais... par principe, ce n'était pas le genre de chose dont il appréciait être la cible.

Alors qu’elle n’était pas encore tout à fait tournée, Aya sentit quelque de doux et agréable lui tombé dessus. Une serviette ? Ah, cool. Notre jeune fille ne se fit pas prier deux fois et l’attraper à deux mains. Soupirant, elle commença doucement à se la passer sur le visage, lorsque la voix du jeune homme brisa le silence. Celle-ci se fit tranchante et fit grimacer Aya. Il était énervé, c’était une évidence. De toute manière, elle lui laissait tout le loisir de l’être étant donné qu’elle n’aurait pas mieux réagit. Mais ses dernières paroles arrachèrent un petit sourire plutôt amusé à notre jeune karatéka. Si le spectacle lui avait plut ? La question ne se posait même pas !

« J’imagine que oui … » dit-elle simplement et calmement alors qu’elle passait sa serviette sur ses cheveux mouillé.

Alors qu’elle avait pu prendre les jambes à son cou et partir aussi vite qu’elle ne lui était apparue, Aya avait décidé de faire face au problème. Déjà qu’elle était dans la merde, autant tenter de s’en sortir sans pour autant montrer de la lâcheté.

« Le kendo à un joli effet sur toi, Kimihiro-kun » reprit-elle en se tournant lentement. Ses cheveux longs et bruns lui barraient le visage et elle eu bien vite fait de ses remettre derrière une oreille. Son visage était marqué d’un sourire malicieux et sa tête était légèrement inclinée sur le côté. Hochant doucement la tête, elle s’avança vers lui puis s’accroupie devant lui au bord du bassin « en tout cas tu es très photogénique » Elle ponctua ses paroles d’un clin d’œil avant de fouillé dans son sac et en sortir l’appareil photo qu’elle alluma –heureusement pour elle, malheureusement pour Kimihiro- il fonctionnait encore très bien. Elle survola rapidement les photos puis tendit l’appareille à bout de bras afin qu’Eiji puisse s’admirer « Inutile de tenter quelque attaque que ce soit, mes photos sont protégées et impossibles à effacer pour quelqu’un d’autre que moi »

Tout en remettant son appareille photo en lieu sur dans son sac, elle observait Eiji, comme si elle voulait lire dans ses pensées. Mais, en ce moment même, n’était-elle pas entrain de s’enfoncer plus qu’elle ne s’en sortait ? Oh et puis, à quoi bon vouloir tenter de s’en sortir, hm ? Autant profiter un peu pour voir ce jeune homme sous un autre angle que celui du brave petit kendoka. Tant que cela ne lui retombe pas dessus par après. Mais à quoi servait une vie si celle-ci n’était pas pimenter par moment ? Les plus graves bêtises deviennent nos plus beaux souvenirs. Et beau ce souvenir l’est bel et bien …

Qu'elle le mate, passe encore, il survivrait. Qu'elle le nargue, il pouvait presque accepter, bon perdant dans un jeu auquel il n'avait pas participer. Qu'elle se foute ouvertement de lui, c'était une autre affaire. Il avait fini par reconnaître la sempai qu'il avait croisé dans les dojos une fois, qui avait bien moins l'air d'une sempai en ce jour, et tout d'une demoiselle délurée qui s'amusait d'un rien.
Si Eiji aurait pu rire de beaucoup de chose, même de lui, le coup de grâce fut quand même le coup de l'appareil photo. Non, mais elle le prenait pour un con fini aussi, avec le coup de l'appareil qu'il n'y a que elle qui peut effacer les photos ? Et les portes des casiers avaient des ouvertures à commande vocale tant qu'on y était ?

Ne faisant ni une ni deux, le jeune homme tendit le bras et profita de son allonge supérieur pour attraper le sac à dos avant de reculer hors de portée dans le bassin d'eau chaude, se fichant complètement de savoir qu'elle avait vu tout ce qu'il y avait à voir de son anatomie. Après tout, il était foutu comme n'importe quel homme normal, à la limite avec quelques muscles en plus.
Quelques secondes plus tard, il sortait l'appareil photo du sac et jetait celui-ci sur la margelle sans douceur.

" Bien sur, tu fais partie de la CIA et tu as un appareil hyper sophistiqué qui nécessite ton empreinte rétinienne et ton empreinte digitale pour effacer les photos... prend-moi pour un con aussi. "

Difficile de méprendre l'animosité dans sa voix pour autre chose.
Sans attendre de réponse, le kendoka ouvrit l'appareil et en sortit la carte mémoire qu'il cassa nettement entre ses doigts avant de la laisser tomber dans l'eau. Faire de même avec l'appareil l'avait tenté, mais un once de respect envers un appareil probablement cher l'avait encore retenu. C'était plus que ce dont elle avait fait preuve à son égard, elle.

" Et là, je ne peux pas l'effacer ta carte ? "

Les représailles ? Il voyait mal la jeune fille allait se plaindre qu'il avait abimé sa carte mémoire, sous peine de devoir expliquer les raisons de sa présence dans les bains. Ce qu'il se passerait ici resterait donc entre eux deux, pour le meilleur et pour le pire, en espérant qu'aucun membre de l'équipe de kendo n'ait effectivement oublié quelque chose et ne revienne le chercher dans les prochaines minutes.

Evidement ! C’était clair ! Clair comme l’eau dans laquelle se trouvait Kimihiro et obligé comme l’obligation de payer ses impôts. Si Aya avait réfléchit un minimum, elle ne lui aurait pas tendu l’appareil photo car elle aurait pu prévoir qu’il le lui arrache des mains. Les yeux écarquillé, elle le regarda et voyait déjà son bon Nikon au fond de l’eau. Heureusement pour elle, il ne cassa que la carte mémoire. Enfin … heureusement était très grand mot. Cette carte était quand même une carte de 1 giga sur laquelle figurait bon nombre de ses photos. Et lui, la cassait comme ça, hop, entre ses doigts. Un giga de souvenir parti dans un simple craquement. C’en était très décevant et Aya se maudissait de n’avoir pas fait plus attention En plus de ça il lui avait prit son sac à dos et jetai l’appareil photo au loin, sans réelle douceur. Affligeant, vraiment. M’enfin. Soupirant doucement, elle tendit à nouveau la main vers lui et plongea son regard dans celui de Kimihiro

« C’est bon, t’as gagné. » soupira-t-elle « Tu me redonnes l’appareille maintenant, s’il te plait ? »

Sans baisser le regard, elle fronça légèrement les sourcils, on ne peut plus sincère. De longs instants passèrent ainsi, pendant qu’ils se regardaient en silence, ni l’une ni l’autre ne voulant bouger ou faire quoique ce soit. Finalement, ce fut Kimihiro qui, bien qu’il le fit à contre cœur, lui redonna l’appareil photo qu’elle attrapa dans sa main, le serrant fort comme si le laisser tomber causerait une explosion qui les tuerait tous les deux.

« Que tu m’en veuilles là, sur le coup, certes, je comprend. Mais va pas me dire que tu n’as jamais fais la même chose avec les filles. » Bien que parlant calmement, elle était complètement sérieuse, son visage restant neutre, presque froid « Tes photos, je n’allais pas les faire développer. Juste les montrer à quelques amis qui ne te connaissent pas et qui ne savent même que t’existes. Je les aurais supprimées tous de suite après. Mais bon. »

Elle se redressa légèrement et, attrapant la serviette entre les mains, elle la lui jeta dessus. Malheureusement pour lui, Aya avait fait exprès de viser à côté, si bien que la serviette tomba à côté de lui et se gorgea rapidement d’eau. Avec un peu de chance, Kimihiro n’aura pas de deuxième serviette. M’enfin. C’était une vengeance complètement puérile qui ne servait pas à grand-chose, mais c’était une vengeance tout de même …

Avec bonne volonté, Eiji rendit l'appareil maintenant inoffensif à Aya, se contentant de hausser les épaules quand elle lui fit remarquer qu'il avait déjà du faire la même chose. Et bien... non. Il avait déjà fait d'autres bêtises qui impliquait le vestiaire des demoiselles, mais venir les mater et les prendre en photos, non. Enfin, rien qui n'intéresse la jeune femme ici présente.
La serviette tomba à l'eau devant lui, dernière vengeance mesquine d'une peste vexée de ne pas voir la situation tourner à son avantage. Et dire qu'il avait eu la gentillesse de lui prêter sa serviette quand elle s'était mouillée alors qu'elle n'avait rien à faire ici... dans le genre mesquine, Konata aurait eu des leçons à prendre avec elle.

" C'est sur, qu'on se fiche de moi en petit comité plutôt qu'en grand c'est tellement plus agréable."

Avec un sourire Eiji attrapa la serviette à moitié noyée et la tira sur le bord du bassin, avant de sortir lui-même dans sa nudité resplendissante. Heureusement pour lui, les lieux étaient suffisamment chauffés pour qu'il ne se sente pas mal à l'aise, trempé et hors de l'eau. Il passa une main trempée dans ses cheveux, dédiant un sourire carnassier à la jeune fille, le même genre de sourire qu'il réservait habituellement aux competition d'athlétisme ou à la phase de concentration avant un duel au kendo.

" De toute façon, je suppose que tu as déjà tout vu Shirogane."

Exit le sempai qui aurait du être accolé à son nom, par son comportement, la jeune fille avait perdu le droit d'être considérée ainsi.
Avec un soupir, Eiji l'ignora et attrapa la petite serviette qui servait habituellement de pagne pour les déplacements entre les pièces. Un peu limite pour s'essuyer, mais vu la température du mois de juillet, il ne s'exposait guère à mourir d'une pneumopathie induite par un refroidissement brutal. A la limite, c'était juste son t shirt qui risquait le plus de souffrir de ce retour à sa chambre en état avancé d'humidité.

" Tu veux autre chose au fait ? Mes mensurations peut-être ?"

Quelque part, il se demandait comment se serait passer une situation inversée, avec une fille nue face à un voyeur. La réponse aurait surement été plus directe, sous forme d'une paire de claques doublée d'un hurlement outragé. Son ex par exemple, aurait été capable de hurler au viol tout en broyant les parties d'un éventuel agresseur. Il faudrait qu'il pense à lui raconter la scène...

Lorsque Kimihiro sorti Aya arqua presque imperceptiblement le sourcil gauche. C’est vrai quoi, pourquoi se montrait-il à elle, complètement nu et sans cacher ses parties intimes ? Certes, elle l’avait vu, mais que de derrière. De toute manière, l’avant n’était pas ce qu’il y avait de plus beau à voir. Mais elle n’était pas réellement gêner pour autant. Il est vrai que, du haut de ses 19 ans, elle en avait quand même vu plus d’un jeune homme nu, ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’elle voyait les parties génitales de quelqu’un. Elle osa donc un rapide coup d’œil avant de retourner chercher son sac qui avait atterrie un peu loin. Heureusement dans un espace relativement sec. Elle se baissa pour le ramasser, lorsqu’Eiji reprit la parole.

Soupirant doucement, elle se redressa et remit son sac sur son épaule, vérifiant en même temps si tout y était en ordre. Bon, ses cours avaient un peu prit l’eau sur les bords mais ce n’était rien de bien grave et dérangeant. Elle se tourna à nouveau vers Kimihiro et soutint quelques instants son regard comme si elle pouvait lire ses esprits. Puis haussant les épaules, elle afficha un demi-sourire et prit la parole

« Je pense que je m’en passerais sans problème » dit-elle tranquillement en faisant un pas en avant. Déviant légèrement son regard vers le bas, elle suivit curieusement la fine musculature abdominale qui se dessinait sur le torse du kendoka, avant de remonter son regard vers le visage de Kimihiro. « Je suppose que tu m’en veux, ce qui est compréhensible. D’autant que t’as l’air d’être quelqu’un d’assez rancunier … » Elle haussa les épaules, affichant une moue d’innocence « dire que je suis désolé ne servirait donc à rien, étant donné que le mal est fait. »

Elle continua de lui sourire puis dévia le regard vers le bassin dans lequel était tombée la carte mémoire et grimaça légèrement en se disant que si quelqu’un venait à la trouver et la récupérer, il saura que quelqu’une fille –ou un homosexuel- était entré ici pour photographier. Elle ne pouvait donc que remercier Kimihiro d’avoir briser la carte en deux et de l’avoir noyer, de manière à ce que personne ne puisse savoir à qui elle appartenait.

Eiji grogna en essayant d'essuyer l'eau qui ruisselait le long de son corps, calculant la possibilité de serviette abandonnée dans les vestiaires. Même en étant peu doué en math, il se doutait qu'elle était diablement basse, le forçant à traverser les couloirs avec le jean collé à la peau comme dans une mauvaise pub de mode. A ses côtés, oubliée, Aya vaquait à ses occupations, vérifiant le contenu de son sac avec le soin d'une bonne élève – ce qu'Eiji aurait été incapable de dire si elle était ou pas. Il s'était seulement intéressé à ses résultats d'examens, pas à ceux des autres années. L'intervention de la jeune femme la rappela à son bon souvenir, lui faisant tourner la tête et contempler ces mèches brunes avec considération. Quelque chose le perturbait dans cette scène, il avait du mal à mettre précisément le doigt dessus. Quoique, en prenant le temps d'y réfléchir...

Quand il prit la parole, sa voix était au final moins hostile qu'elle n'avait pu l'être, tout juste lasse, avec une pointe d'amusement – ou d'agacement ? - ce qui revenait au même. Plus qu'à une sempai, il avait l'impression de s'adresser à un kohai qui n'assumait pas ses bêtises. Avoir trainé avec les membres du club de kendo avait ce genre d'effet sur lui.

" Euh... deux secondes Shirogane. Tu pourrais arrêter avec tes airs de martyrs ? Tu donnes une belle impression d'un condamné à mort à qui on refuse le seppuku. Ok, la blague était foireuse, mais on va pas épiloguer 107 ans. Et joue pas les pudiques comme si t'avais jamais vu de mec à poil, je te rappelle que tu me matais en prenant des photos il y a moins de 5 minutes. "

Le kendoka secoua la tête avant de passer une main encore humide entre ses mèches bien plus humides encore. Encore heureux qu'il ne les avait pas complètement trempés, sinon il aurait été bon pour sentir l'eau ruisseler le long de sa nuque pendant tout le trajet. L'adolescent offrit une petite moue à son reflet dans le miroir devant l'allure incongru qu'il offrait, trempé et sauvé de la nudité par une minuscule serviette qui lui servait de pagne. La photo la plus amusante à prendre aurait surement était celle de ce moment là, où il devait avouer qu'il avait bien l'air piteux, tel un Shizuka noyé.
Heureusement pour eux deux, la salle de bain était vide.
Vraiment ? Le jeune homme se figea alors qu'un bruit de voix se fit entendre non loin, du côté de l'entrée du sentô. Le sportif regarda vers la prépa, puis l'entrée, puis à nouveau la jeune fille, se demandant si sous son allure tranquille elle avait ou non entendu elle aussi la menace.

" Tu ferais mieux de te planquer 5 minutes."

De l'aide ?
Disons qu'il y avait de fortes chances que quiconque les voit ensemble imagine plus qu'Eiji l'ai fait pénétrer dans l'endroit en fraude, au vue de la chemise mouillée de la jeune fille, plutot qu'elle se soit introduite toute seule pour prendre des photos. Il préférait encore l'aider qu'entendre les ragots qui risquaient de courir à leur sujet s'ils se faisaient surprendre dans une telle posture.

Jouer les pudiques ? Ne jamais avoir vu de mec à poil ? Airs de martyr ? Mais pour qui il se prenait lui ?! Enfin, si les circonstances n’avaient pas été les mêmes, la colère d’Aya aurait sans doute explosé depuis pas mal de temps, mais là c’était elle qui était en tord. Autant dire que, si elle hurlait sa haine, elle ne ferait qu’aggraver sa situation. Alors, soupirant doucement, elle délia ses poings et hocha la tête, s’apprêtant à répondre quelque chose, lorsqu’un bruit se fit entendre. Le cœur de notre jeune japonaise manqua un battement puis s’accéléra comme s’il voulait rattraper le retard qu’il avait prit. Sans se retourner et sans jeter un coup d’œil au dessus de son épaule, Aya se doutait de ce qui se tramait dans son dos : un autre étudiant venait d’arriver. Un coup d’œil en direction d’Eiji fit comprendre à notre karatéka que lui aussi avait entendu. La posture droite, figé, il avait le regard fixé sur l’entrée, avant qu’il ne porte furtivement son attention sur Aya, lui conseillant d’aller se planquer. Celle-ci, la respiration courte, lui lança un regard suppliant puis, faisant volte face, elle laissa très rapidement glisser son regard autour de la salle.

Où pourrait-elle se cacher ? L’inconnu était encore dans l’entrée. Aya pouvait entendre le bruit sourd des habits qui tombait à terre puis un long soupire suivi d’un râle. Ou pouvait-elle se cacher ? Son regard fut à nouveau attiré par l’entrée et elle écarquilla les yeux en découvrant la silhouette masculine qui s’avançait. Il fallait qu’elle agisse maintenant et vite ! Ni une ni deux, elle fit un pas sur le côté et sprinta vers une des armoires qui se trouvait sur sa droite. Elle l’atteignit puis se glissa entre l’armoire et le mur et s’accroupie à cet endroit. De sa cachette, elle put vaguement distinguer le jeune homme qui entrait maintenant se dirigeant vers la douche et soupira discrètement en se disant qu’elle avait bien fait de récupérer son sac.

Ne restait plus qu’à espérer que, d’une part, l’inconnu se dépêcherait de prendre sa douche car la position que notre jeune fille avait adopté n’était pas des plus confortables et, d’autre part, qu’Eiji ne la cafterait pas au près de l’étudiant …

Loin d'imaginer l'agitation dans les douches précédant son arrivée, Seiji fit coulisser la porte, serviette autour de la taille alors qu'il sortait des vestiaires après une courte discussion avec un camarade. Il aimait particulièrement la salle de bain de l'école, aussi grande que bienvenue avec ses cabines de douche et ses sentôs tout à fait traditionnels. Nulle besoin d'aller jusqu'aux bains publics du coin puisque tout leur était fourni ici. Plus d'une fois en s'y rendant, il s'était dit que le changement d'école avait été bénéfique. Aujourd'hui encore, il ne pouvait que s'en satisfaire.

Le blond néanmoins était un peu déçu de ne pas avoir pu y venir avec Tatsuya, mais celui-ci avait apparemment décidé d'un entrainement au basket improvisé avec d'autres de son club, et le première année s'était retrouvé sans son meilleur ami. Il avait hésité un moment à rejoindre quelques autres de ses amis, puis avait finalement opté pour une option beaucoup plus distrayante compte tenu du temps étouffant. Enfin... Qui aurait du le détendre s'il n'était pas tombé nez-à-nez (ou peu s'en fallait) avec Kimihiro.

« Bonjour... »

Il hésita à ajouter quelque chose – un « sempai » peut-être – pour atténuer le salut bref qu'il lui adressa. Finalement il ne dit rien de plus, ne bougeant guère non plus. Leur dernière rencontre avait été tendue, mais plus amicale que les précédentes. Pour autant, il avait l'impression de marcher sur des œufs dès que le kendoka était dans les parages.

Sans trop s'en rendre compte, plus son indécision le clouait sur place, plus son regard s'aventurait sur le corps de son aîné. Il lui fallut une pensée bien peu chaste pour qu'il le réalise, relève les yeux et s'empresse d'aller poser ses affaires pour se laver. Il ôta ensuite sa serviette, inconscient des yeux féminins qui pouvaient capter son geste et sa nudité, puis s'assit sur son seau renversé.

« Tu... » Il se gratta la gorge. « Tu envisages quelque chose pour ce dont on a parlé l'autre fois ? A propos d'Akiyama ? »

Eiji regarda Aya se faufiler entre le mur et l'armoire en retrait, bien cachée sous condition que le nouvel arrivant de regarde pas précisément dans cette direction ou n'ai besoin de rien à cet endroit. L'arrivée d'un certain décoloré manqua de lui arracher un soupir d'agacement. Pourquoi était-ce Nakamura qui débarquait justement à ce moment ? Le kendoka marmonna un salut, essayant de ne pas jeter un coup d'oeil à l'endroit où était cachée la prépa pendant que le première année prenait ses aises dans le sentô. Forcément, il n'était pas venu là pour une douche rapide...

Heureusement pour son cadet, Eiji était bien trop occupé à s'inquiéter de la présence de la jeune femme derrière lui pour faire attention au regard un peu trop intéressé que l'adolescent portait sur lui, évitant une nouvelle confrontation entre eux deux. La question le rappela à la réalité avec un sursaut, le laissant quelques secondes indécis avant qu'il ne se rappelle de ce dont ils avaient parlé dans le chenil, la première et unique fois où ils avaient eu une conversation civile.
Etait-ce vraiment le bon endroit pour en reparler ? En tous cas, absolument pas le bon moment.
Le jeune homme jeta un regard derrière lui sans réussir à capter si Aya était encore présente – en espérant qu'elle n'ai pas ressorti son appareil photo, même sans carte mémoire – et s'attela à la tache de faire diversion quelques instants pour lui laisser l'occasion de fuir sans se faire repérer. Sa patience à son égard était trop grande pour ne pas être motivée.

" J'ai pas tellement eu le temps d'y penser avec les exams en fait, et j'ai à peine croisé Konata ces derniers jours, sorti des entrainements de kendo. "

Pure vérité. Il était trop préoccupé pour arriver à raconter autre chose de toute façon.
Eiji avança un peu dans le sento, se rapprochant du cadet, les mains sagement cachées dans son dos en apparence, mais surtout très occupées à faire quelques signes à Aya pendant qu'il détournait l'attention de l'autre garçon. Qu'elle arrive à le comprendre était encore une autre affaire.

" Enfin, la connaissant, je sais déjà avec qui ça ne passera jamais. Dans l'équipe d'athlétisme, peut-être..."

Mais quelle idée d'avoir une conversation dans un sento ? Eiji se sentait bien plus mal à l'aise pour parler qu'il ne l'avait été devant Aya, trop conscient de ses préférences. Avec elle, il avait été facile de voir le défi et d'en oublier la pudeur ou la gêne.
Maintenant... Eiji serra les mâchoires, espérant qu'une nouvelle catastrophe ne dévoile pas la présence de la jeune fille et que la scène en question s'achève rapidement.

L’arrivée de l’inconnu fut imminente et Aya eu à peine le temps de se dissimulé derrière l’armoire. Accroupie, elle fixa son attention sur le nouveau venu et, plissant légèrement les yeux, tenta de savoir qui il était. Elle l’avait déjà croisé dans les couloirs, ce qui était normal. Mais c’était un jeune, sans doute première année. Notre japonaise n’avait donc aucune raison de lui adresser la parole. En parlant de nationalité, il était évident que ce dernier était aussi asiatique, mais bizarrement, il n’avait pas la couleur de cheveux habituelle. C’était sans doute pour ça que notre jeune fille n’eu pas de mal à se douter de la classe qu’il fréquentait. Enfin, lui avait l’air de connaître Eiji, car il lui posa directement une question sur un sujet qui semblait, à première écoute, assez personnel : une fille. Akiyama. Konata de prénom. Une jeune kendoka qu’Aya avait rencontré en début d’année. Mais alors, les trois avaient un lien ? Lequel ? Le regard de notre karatéka passa furtivement du blond au brun, puis de nouveau au blond. Se pourrait-il qu’elle ait affaire à un trio amoureux ? Que les deux jeunes hommes soient amoureux d’Akiyama ?

Quoiqu’il en soit, il fallait que cette conversation s’arrête maintenant, que l’inconnu ait la réponse désirée et qu’il foute le camp pour que notre jeune fille puisse enfin bouger. Cette position accroupie et, qui plus est, recroquevillée sur elle-même, n’était pas confortable. Pour ne pas dire impossible à tenir plus de deux minutes. Déjà, Aya sentie ses jambes et ses articulations s’engourdir. Les muscles de sa nuque, de ses épaules et de ses cuisses étaient douloureusement contractés et criait leur envie de se délier. Mais elle ne pouvait pas bouger. Elle devait restée silencieuse pour ne pas capter l’attention de l’inconnu et ne pas faire d’histoire. Tiraillé entre l’envie de bouger et ainsi prendre le risque de se faire remarquer et l’envie de resté muette et immobile, Aya lança un coup d’œil vers la sortie, évalua rapidement la distance et le temps qu’elle mettra à l’atteindre puis jura intérieurement. Si elle avait choisi une autre cachette, elle aurait peut-être réussie à dégager rapidement sans que l’inconnu n’ait le temps de la remarqué, mais pas dans ces circonstances là.

Puis, vint l’inévitable.

Le cœur de notre jeune femme s’accéléra subitement lorsque, en tentant de trouver un plan de fuite, son pied droit effleura une bouteille de shampoing qu’un étudiant avait sans doute oubliée. Soupirant, elle retint sa respiration et osa un furtif coup d’œil vers les jeunes hommes, espérant qu’ils n’aient rien remarqué. Mais ses espérances se volatilisèrent, car elle vit leur regard rivé vers sa direction. L'avaient-ils remarqué? On pouvait en douter, car sa cachette était assez éloigné des deux hommes et, a moins de pouvoir voir à travers les mur, ils ne pouvaient pas savoir qui se dissimulait derrière cette armoir. Pourtant, le regard de Kimihiro avait l’air plutôt désespéré, celui de l’inconnu plutôt étonné, voir carrément choqué. Soupirant doucement, en rage contre elle-même, elle se leva. Ses muscles et ses articulations en furent plus que reconnaissant. Pourtant, elle resta un moment, debout, se collant contre le mur, à l’abri de la vue des deux hommes. Rapidement, et sans réfléchir d’avantage, elle retira son haut et le fourra dans son sac qu’elle laissa, bien planqué au milieux de l’armoire, puis fit un pas sur le côté et récupéra le shampoing qu’elle venait de renverser. Affichant un petit sourire qui se voulait gêner, elle s’avança, le regard rivé sur le sol pour se donner un semblant de pudeur face à l'inconnu, tentant de prendre l’air le plus naturel possible

« Désolé les mecs ... pour le dérangement. Une de mes amies a eu la fabuleuse idée de balancer mon shampoing au dessus du mur. J’étais sur le point de le récupérer lorsque je t’ai entendu entrer … » elle désigna Kimihiro et haussa les épaules, prenant un air innocent « je … ne vais pas te … enfin vous déranger d’avantage »

Elle afficha un sourire des plus sincères puis se détourna et lança un coup d’œil sur la bouteille de shampoing. Evidement, c’était du shampoing pour homme. M’enfin, de toute manière, Aya n’utilisait que ça. Elle aimait beaucoup l’odeur qui lui rappelait son frère. Espérant que l’inconnu ne fasse pas de remarque, elle commença à marcher, tout en prenant l’air le plus naturel possible, en direction de la sortie. Et la jupe mouillé, comment pouvait-elle l’expliquer ? Tout simplement car elle était encore trempé de la douche et qu’elle avait simplement enfilé une culotte et sa jupe pour ne pas se montrer complètement nue devant un éventuel mec. Et le haut ? Boh, dans la hâte elle ne l’avait pas trouvé dans ses affaires. Voilà tout.

Choqué, le mot était faible. Outré se faisait déjà plus proche de la réalité. Seiji regarda la jeune fille sans trop y croire pendant un moment, puis jeta un coup d'œil furtif sur le troisième année... avant de le fixer pour de bon, proprement sidéré cette fois. Cet abruti n'avait même pas l'air surpris de la voir !

D'un geste vif, le blondinet récupéra sa serviette, l'enroulant autour de ses hanches alors qu'il se relevait. Dans son regard, pas la moindre trace de compréhension à l'égard de la jeune femme qui de toute évidence savait aussi bien cacher ce qu'elle pensait que l'autre crétin de kendoka qui lui servait d'acolyte. Temporaire. Très temporaire.

« Je sais pas à quoi vous jouez tous les deux, mais toi tu dégages de là, pour commencer. » s'adressa-t-il à la brunette qu'il aurait tué sur place si ses yeux l'avaient pu.

Pour commencer, oui. Parce qu'il était absolument hors de question qu'il s'arrête là. Si un des gars de l'école avait mis un pied du côté des femmes, il se serait retrouvé chez le proviseur avant de comprendre ce qui lui arrivait. Seiji ne comptait certainement pas faire de cadeau à cette pimbêche au prétexte futile qu'il s'agissait d'une fille. Hors de question. Pour une fois, l'une d'entre elles se mangerait l'égalité des sexes dans les dents.

Sans attendre qu'elle s'en aille, néanmoins, il se tourna vers son aîné. Son regard fureta sur ses traits à la recherche de la même expression mi-blasée, mi-désespérée qu'il avait aperçu plus tôt. Les lèvres tout d'abord pincées le temps qu'il trouve ses mots, puis entrouvertes le temps d'une inspiration, le première année reprit la parole.

« Non mais sérieusement, tu pouvais pas la foutre dehors ? T'es capable de me coller au mur sans peiner, tu vas pas me faire croire que porter une gonzesse jusqu'à la sortie, c'est trop dur pour toi quand même ?! »

Eiji s'en serait tapé la tête contre un mur. Il lui avait fait signe, avait tenté d'occuper Nakamura pour qu'elle parte sans se faire remarquer, et voilà qu'elle oubliait toute discrétion pour venir débuter la conversation comme si de rien n'était. Niveau crédibilité, Aya savait apparemment mentir aussi bien que lui. Il dut faire un effort physique pour ne pas enfouir son visage aux creux de ses mains en signe de désespoir. A côté, comme un coq monté sur ses ergots, Nakamura criait au scandale. Ah ? Eiji n'aurait pas imaginé que le petit blond habituellement si gourmand d'attentions – il n'y avait qu'à voir ses manières au club d'athlé, du moins quand l'entraineur ou lui ne lui tombait pas dessus – soit pudique ou gêné de se montrer devant une inconnue.

Le kendoka finit par lacher un profond soupir à la remarque du premier année, haussant légèrement les épaules. La foutre dehors manu militari ? L'idée avait presque de quoi être drôle. Sortir de l'eau à poil, choper la demoiselle trempée... on dépassait allégrement les limites de la pudeur tout de même, ce dont l'emmerdeur ne semblait guère se soucier. Et de toute façon, après réflexion, Eiji devait admettre qu'il n'avait jamais frappé de filles. Il en avait soulevé, balancé à l'eau, sur son épaule ou sur leurs fesses, mais il n'en avait jamais encore frappé, et n'était étrangement pas pressé de commencer, même s'il restait sourd à leurs attraits.

" Hé, ça va, contrairement à ce que tu pourrais croire, je ne règle pas tous mes soucis avec les poings. Du moins ceux qui ne sont pas avec toi."

Le jeune homme se passa la main sur ses yeux. Pour une fin de journée tranquille après un entrainement fatiguant, c'était un échec critique qui le laissait sur une note plus amusé que vraiment agacé. Agacé, oui, il l'avait été, et pas qu'un peu, face à Aya. Mais il fallait croire que sa colère avait fini par s'épuiser, de manière plus que surprenante chez lui. L'image de la carte mémoire cassée dans ses doigts suffisait encore à le satisfaire face à l'incursion de la demoiselle. Non, on ne pouvait pas vraiment dire qu'il se ramollissait.

" De toute façon, on a déjà réglé nos comptes tous les deux, je te laisse te débrouiller pour la suite. "

Sans un regard de plus pour les deux autres, Eiji continua à avancer en direction des vestiaires, un demi sourire sur les lèvres. A portée d'oreilles, il pourrait toujours entendre si le reste de la rencontre virait au pugilat.

Après Seiji, voilà que ce fut au tour d’Aya de se montrer outré. Outré cette sur-réaction dont faisait preuve cet inconnu. Abasourdie, notre jeune femme resta longuement plantée devant eux, le regard emplie d’incompréhension, rivé sur le gosse. Car ouais, il n’était rien d’autre qu’un gosse face à elle. Un adolescent qui voulait se la jouer cool et qui n’hésitait pas à s’en prendre à Eiji. Celui-ci, d’ailleurs, semblait réussi à répondre calmement à l’autre étudiant. Il lança ensuite un coup d’œil à Aya puis parti en direction de la sortie. Ce fut cette fuite qui fit réagir notre japonaise. Se redressant, la mâchoire serrée, un air plus ennuyé que réellement irrité, elle soupira doucement et remit son sac sur l’épaule.

« Ne t’en prend pas à Kimihiro, s’il te plait. Ce n’est pas de sa faute. »

Malgré le fait qu’elle bouillonnait de rage intérieurement, elle préférait prendre sur elle et imploser plutôt qu’explosé. Le ton de sa voix était calme sachant pertinemment que si elle s’énervait à son tour, ils n’arriveront jamais à s’expliquer correctement et ne ferais que de s’engueuler sans arriver à un quelconque compromis. En plus l’inconnu n’avait pas vraiment l’air de vouloir se calmer, autant prendre le rôle de l’interlocuteur calme et posé. Bizarrement, ce fut beaucoup plus facile qu’elle ne l’avait imaginé.

Soit. Après avoir lorgné vers Eiji qui était maintenant près à sortir de la salle de bain, Aya reporta son attention sur l’autre inconnu et l’observa rapidement. Il était jeune, blond et pudique. Voilà ce qu’elle pouvait conclure après le premier coup d’œil. Mais, décidant que le temps n’était pas aux observations, Aya reporta son attention sur le visage du jeune homme et afficha un sourire des plus sincères qu’elle put.

« Faire la jeune fille pudique et innocente, complètement choqué par ce qu’elle vient de voir, ne servirait à rien, je suppose » Reprit-elle en haussant innocemment les épaules « Mais, tu crois vraiment que c’est une raison de t’emporter à ce point ? Que tu me traites de gonzesses, ouais je comprends. Mais franchement, penses-tu que je réagirais pareil si tu venais à te retrouver par je ne sais quel hasard de l’autre côté de la salle ? Non. Je te demanderais gentiment de partir, c’est tout. Je ne crois pas que c’est la mer à boire de se montrer ne serait-ce qu’un petit peu plus respectueux » Elle aurait été tenté d’y ajouter ‘envers tes ainés’ mais le gosse l’aurait sans doute mal prit. M’enfin. Haussant les épaules et reprit la parole et commença à se détourner « je vais maintenant repartir de là où je viens et on oublie ça. »

La fin de ses paroles ressembla plus à un ordre qu’à une demande qu’elle l’avait dite de manière plus ferme. Espérant réellement que l’inconnu n’allait pas continuer de s’emporter, elle se détourna maintenant complètement et se dirigea tranquillement vers la sortie pour regagner le côté féminin de la salle de bain.

« Bien sûr, on oublie. »

S'il y avait réfléchit trente secondes, peut-être aurait-il atténué légèrement le dédain qui pesait sur ses mots. Mais, en toute objectivité, il y avait peu de chance. Cette fille l'agaçait prodigieusement, et pour une fois il semblait même qu'elle lui mettait plus les nerfs en boule que Kimihiro. Ou ça se valait, peu importait finalement parce qu'il était hors de question qu'il passe l'éponge. Que croyait-elle au juste ? Que jouer la sempai moralisatrice la sortirait d'affaire ? A d'autres ! Si ça changeait quelque chose à ces yeux, sa relation avec le kendoka serait bien plus calme. Ce d'autant plus que la peste se foutait ouvertement de lui.

« Tu devrais aller voir un psy tu sais, parce que changer autant de comportement, c'en est presque inquiétant. Et juste pour info, si tu veux être crédible comme sempai raisonnable, abstiens-toi de venir reluquer les mecs dans leurs bains. »

Seiji maintint sa serviette d'une seule main, s'approchant un peu de la jeune fille en la fusillant du regard. Peut-être qu'il était plus jeune, mais visiblement il était le moins stupide d'entre eux.

« J'irai prévenir le directeur. Tu peux pas dire que tu n'auras pas été avertie au moins. »

Alors qu’Aya avait presque rejoint la sortie de la salle des bains des hommes, elle s’immobilisa et soupira sans retenu. C’est que ce gosse commençait sérieusement à l’agacer. Et encore, c’était un doux euphémisme. Enfin, que pouvait-elle faire ? Il voulait jouer les gamins qui se croyaient plus fort que les autres et aller prévenir le directeur, pour ne surtout pas régler le problème lui-même ? Eh bien qu’il le fasse. De toute manière, avec une tête de mule pareille, Aya avait beau trouver les meilleurs arguments en sa faveur, elle ne pourra rien y changer. Soupirant, résignée, notre jeune femme se tourna vers le gosse et le fixa quelques instants de son regard ambré, avant d’esquisser un sourire malicieux, secouant légèrement la tête. Oui elle se moquait ouvertement de lui.

Franchement, la peur du directeur, elle ne connaissait pas. Au mieux, il lui foutait quelques heures de colle, au pire … pouvait-il la virer du lycée ? C’était peu probable. Un avertissement, des heures de colles, des travaux d’intérêt général au sein de l’établissement … Aya pouvait très bien vivre avec ça pour quelques temps. Ce n’est pas comme si ça allait vraiment gâcher toute sa vie.

« Ecoute, gamin. » Dit-elle tranquillement en s’approchant de lui, réussissant sans grand problème à soutenir son regard « tu fais ce que tu veux. Et comment peux-tu savoir que j’ai envie de passer pour une sempai raisonnable, comme tu dis ? Tu t’occupes de ta vie, je m’occupe de la mienne. Si tu veux te faire plaisir en allant tout cafter au dirlo, bien a toi. »

Affichant un sourire un peu prononcé, elle fit un pas sur le côté et se dirigea vers l’armoire, derrière laquelle elle sortie son sac et sa chemise. Très peu pudique, elle ne se prit pas la peine de remettre son vêtement et repassa à côté du gamin, les seins à l’aire. Sans se retourner, elle se dirigea vers la sortie et disparu derrière le mur, du côté féminin. Là elle se dirigea vers un des casiers et en sortie sa chemise de rechange, qu’elle avait oublié la dernière fois. Une fois habillé, elle sortie des sanitaires, lança un sourire désolé à Kimihiro (le pauvre, il n’avait rien voulut de tout ça) et se dirigea vers sa chambre, espérant secrètement que cette histoire n’allait pas retomber sur le jeune kendoka.

[fini pour ma part ]