Le bar était calme, et le regard ostensiblement hostile que lança le barman à l'américain dès son entrée signifiait bien qu'il entendait à ce que cette tranquillité perdure même avec l'apparition d'un gaijin mal luné. Peu impressionné, Cathan fila droit au comptoir, face à lui, pour commander une bière tout en le regardant largement de haut.
Avant d'arriver, en errant dans les rues de Hachioji, il avait flirté avec l'idée d'aller dans les coins moins bien fréquentés de la ville, dans un bar où il y aurait toute l'ambiance et l'animation qui seyait à son humeur. Après avoir pesé les pour et les contre le temps de griller trois clopes, il avait fini par s'enfiler dans le premier bar qui n'était pas bondé par des salary-men en manque de distraction.

Si casser la gueule à un ou deux loubards seraient bénéfiques sur l'immédiat, il avait de sérieux doutes quand à l'effet à long terme : les gaijins aux longs cheveux roux et deux fois plus costauds que la plupart des japonais ne trainaient pas à tous les coins de rue et le rendait sérieusement reconnaissable. Et s'il avait choisi de se dissimuler en pleine vue, il était conscient des limites que cela impliquait. Donc non, pas de visites des bas fonds pour le moment, il n'était pas à ce point désespéré.
Avec un peu de chance, il trouverait une japonaise – ou un japonais – un peu aventureux qui comblerait ses envies pour la soirée.

Le barman déposa sa bière sous son nez avec le même regard méfiant avec lequel il l'avait regardé entré, a priori peu friant d'une clientèle étrangère. L'ex-agent se contenta d'un sourire narquois, à la limite de la moquerie. Les japonais bien polis et proprets dans leur comportement ne risquerait pas d'ouvrir leur bec pour si peu. Et même s'il ouvrait la bouche, ils seraient bien capable de s'excuser avec mille courbettes avant de reprendre le cours normal de leur soirée. On ne pouvait pas entrer en conflit avec un japonais – son frère et son père exclus, apparemment. Le premier parce qu'il avait passé assez de temps aux USA pour gagner un tempérament plus solide, et le second parce qu'il avait l'habitude de toujours obtenir ce qu'il désirait.

Dans son état d'esprit aussi tendu, il manqua de se retourner et d'en coller une à la personne qui posa avec négligence une lourde main sur son épaule au moment où il goutait sa bière fraiche. Heureusement, le verre dans sa main interdit le mouvement, l'amenant tout juste à se retourner pour voir qui venait l'interrompre, un début de mouvement vite désamorcé là où fut un temps il avait porté un holster d'épaule. Son humeur des derniers temps avait ramené à la surface des réflexes qu'il avait presque réussi à enterrer au Japon. Mais en lieu et place d'un potentiel danger se tenait une femme presque aussi rousse que lui, et dont le rictus qui étirait les lèvres éloignait largement de toutes les japonaises qu'il avait pu croiser. Sa taille et sa carrure aussi.
Une des techniciennes connues du lycée, sur lesquelles trainaient milles rumeurs pour expliquer son comportement et son physique. Cathan devait avouer qu'il aimait bien celle qui disait qu'elle était recherchée et se cachait dans le lycée en se travestissant.

" Aoki-san."

Il ne put retenir un ricanement devant la tête du barman quand elle le héla pour avoir elle aussi une bière : ce n'était décidément pas sa soirée à celui là.

Si Kagome avait eu la plus petite idée des rumeurs à son sujet, sans doute aurait-elle bien ri et donner matière à en faire naître de nouvelles, mais la technicienne n'écoutait pas vraiment les rumeurs si ce n'étaient celles qu'une des élèves avec qui elle courrait parfois lui rapportait. Elle n'était guère plus attentive à ce qui pouvait traverser la tête des uns ou des autres, comme ce qui mettait l'étranger sur lui elle posa la main en rogne depuis quelques jours, au point que même elle eut vent de son humeur massacrante. Ce n'était pas difficile : tout le lycée en parlait.

« Vous avez pas l'air en forme l'ami. Trop tendu. »

Elle s'assit tranquillement, lâchant enfin le grand Américain alors que le barman s'occupait de sa bière. Un sourire large et ironique étirait ses lèvres, celui-là même qui, si elle n'avait pas déjà été rousse et charpentée aurait suffit à la faire remarquer. Avec le temps, elle avait abandonné l'idée de se fondre dans la masse au Japon, malgré quelques piètres tentatives pour se rendre féminine. Par exemple, elle avait fait l'effort d'enfiler des talons et son jean comme le haut et la veste par-dessus la mettait plutôt bien en valeur. Plus que la tenue qui lui servait d'uniforme à l'école.

« C'est la première fois que vous v'nez dans c'bar ? J'ai pas l'habitude d'vous y voir. »

Cathan observa la technicienne de haut en bas avant de daigner répondre. Elle était plus féminine et mise en valeur que les quelques fois où il l'avait croisée à l'école – ce qui n'était guère difficile en tout état de cause – mais d'une féminité peu japonaise : point de délicate fleur à la peau de lait et aux cheveux d'ébène, aux yeux baissés sur un sourire tout juste esquissé. Elle n'avait rien à voir non plus avec les bimbos des bars un peu chic de la côte ouest. Non... elle s'apparentait plus aux routières des bars pas toujours recommandés sur les bords de route. Le genre de nanas avec qui il n'était pas nécessaire de prendre des gants pour parler. Parfait, parce que ses gants, il les avait perdus quelque part dans l'appartement 1 dans le courant de la semaine, après s'être confronté au reste de sa "famille". Dans le sens génétique du terme.

"Superbe sens de l'observation. Vous vous en servez pour autre chose ou juste pour remarquer l'évidence ?"

Le sourire en coin de l'américain n'avait rien de très aimable. Elle s'était approchée de lui en connaissant son humeur des derniers jours, rien ne l'obligeait à faire dans la dentelle et à épargner ses sentiments de fraiche fleur aussi délicate qu'un buisson d'épine. De toute façon, quelque chose lui disait qu'elle se serait bien foutue de lui s'il avait tenté la délicate approche japonaise face à cette montagne de bonne femme. Ca marchait aussi, tant qu'il avait droit à une confrontation bien saignante...
Se tournant un peu plus vers elle, l'ex-agent posa sa bière sur le comptoir pour l'observer un peu mieux. Derrière, il pouvait presque sentir le barman s'agiter et hésiter à parler. Pour le simple plaisir de lui empêcher toute forme de recours, Cat garda une voix assez basse pour répondre. Pas besoin de gueuler pour se rendre intimidant.

" Maintenant que vous avez établi que je ne venais pas régulièrement ici, vous voulez continuer l'enquête ou faire quelque chose de plus intéressant ? "

Par plus intéressant, il entendait boire sa bière, et toutes celles qui viendraient ensuite, dans un relatif calme. Si maintenant elle avait quelque chose à proposer, il ne dirait pas non : les courbes voluptueuses de la jeune femme et sa grande gueule promettait autre chose qu'une morue ennuyeuse à ramener dans son pieu. Enfin, en vertu du même caractère qui la rendait un peu plus intéressante que les autres, il supposait qu'il allait droit au poing sur la figure s'il balançait cette suggestion.

Imperméable à la mauvaise humeur du grand roux, la jeune femme se contenta de boire une petite gorgée de bière mousseuse, le regard posé sur lui dans une attitude mi-provocatrice, mi-séductrice. Lui qui faisait tant penser à un fauve l’amusait à bouder comme ça, à mi-chemin entre l’envie de l’envoyer paître et celle d’obtenir une réaction de sa part. Quelque part, c’était mignon. Et définitivement drôle.

« Chaton, tu f’ras fuir toute compagnie si t’es pas un peu plus docile. »

Au japonais fluide mâtiné d’accent américain, elle répondait par un américain fluide mâtiné d’accent japonais. Et dans le sourire cette fois ouvertement moqueur, pour ne pas dire provocateur, on devinait aisément le plaisir avec lequel elle titillait l’animal face à elle. Un sourire qui disparut le temps d’une nouvelle gorgée de bière et réapparut lorsqu’elle se pourlécha les lèvres pour en récupérer les dernières gouttes.

« J’pensais t’offrir un moment d’détente, mais finalement… C’est pas d’ça dont t’as vraiment besoin. »

Cathan cligna des yeux à l’appellation. Toutes les variations de Cat, il les avait eu aux Usa, Cat, Kitten, Kitty... en général, sans seconde fois quand le surnom était là pour se moquer. De la part des femmes, c'était encore autre chose, mais difficile de classer Kagome dans la même catégorie – circonstances trop différentes pour commencer. Il devait lui reconnaître, elle avait quand même du cran pour se foutre ouvertement de lui alors que sa mauvaise humeur se lisait sur son visage comme la pollution sur une plage après une marée noire.
Un ricanement moqueur vint répondre à l'idée de ce qu'elle aurait pu avoir eu envie de suggérer. Un bras de fer oui, c'était plus dans les cordes de la délicate demoiselle qui aurait sans hésitation laminé Aku ou Jiro. Comme le Japon avait pu pondre une pareille femelle au milieu de toutes les morues telles que semblaient les apprécier les nippons, telle était la question.

" On ne m'a que rarement apprécié pour ma docilité. Tu as quelque chose de mieux à suggérer, Princesse ?"

Princesse, un surnom aussi adapté à Kagome que l'était le chaton pour lui. Dans sa démarche, posture, ou allure, elle ressemblait autant à une demoiselle de salon qu'un fauve ressemblait à un chaton : dans l'idée, on savait qu'il y avait des bases communes, parfois, il y avait des ressemblances, mais dans l'absolu, ce n'était pas du tout la même chose.
Il était relativement curieux de ce qu'elle répondrait, de savoir si il y avait quelque chose derrière cette grande gueule qu'elle cultivait. Cat ne demandait que ça : un défouloir, de tout type, de tout origine.
Après, qu'il soit offert en japonais ou en américain, ce n'était qu'un détail de l'emballage duquel il se moquait bien.

« Ouais. »

Un mot et un sourire, guère plus d'éclaircissements. La technicienne se garda bien de lui dévoiler immédiatement ce qu'elle avait en tête, jetant un coup d’œil bref à sa montre. Il était tôt encore et ils avaient largement le temps avant de se rendre dans la salle où elle s’entraînait. Son regard remonta sur Cathan qu'elle analysa un instant. Difficile de dire s'il avait déjà pratiqué, mais il avait définitivement l'allure d'un type que les combats ne rebutaient pas.

« Un combat de boxe, ça t'tente Chaton ? »

Elle aimait bien son côté brut de décoffrage à peine voilé par des efforts pour se fondre dans la masse. Restait à voir si ce n'était que de la gueule, mais elle voulait bien lui accorder le bénéfice du doute à ce sujet. Il émanait de l'homme une violence qui ne demandait qu'à s'exprimer et elle l'imaginait mal rester sage et bien sous tout rapport en toute circonstance.

« Si t'as pas trop peur de finir étaler. » ponctua-t-elle après une brève pause, un sourire en coin.

La proposition, sortit de nulle part – du moins de son point de vue, nulle doute que la nana devait l'avoir en tête depuis un moment déjà – lui arracha un sourire féroce. Mettre des gants – enfin au sens propre du terme – pour taper de toutes ses forces sur un adversaire qui répondait ? Bien plus défoulant, sans aucune mesure avec le fait de fracasser un sac de sable pour essayer d'y faire passer sa rage. Qu'il ne soit pas formellement entraîné dans ce type de sport là n'était pas le soucis majeur, juste un détail collatéral qui n'allait certainement pas l'empêcher d'accepter.
A contrario avec son esprit enflammé, l'américain prit le temps de boire tranquillement quelques gorgées de sa bière avant de répondre.

" C'est que tu deviens de plus en plus intéressante princesse. Mais compte sur moi pour t'étaler de la même façon."

Assez facile, mais réellement penser, et probablement dans tous les sens du terme. Voir, comme pour les gants, plus au sens littéral qu'au sens figuré . Taper sur quelqu'un sonnait mieux que baiser pour ce soir, étant donné qu'il n'était que très peu versé dans le SM ou les jeux de pouvoir. Et oui, pour certaines choses, il restait un garçon assez simple.
Son verre reposé sur le comptoir, il fouilla dans sa poche et en retira quelques billets qu'il posa à côté pour payer son verre et celui de Kagome – par manque d'envie d'attendre qu'elle en fasse de même et non par galanterie – et la fixa avec un sourire de chat.

" Après toi."

La princesse en question – qui n'en avait que le surnom – attendit sa réponse avec patience, pourtant certaine qu'il accepterait. C'était immanquable. Il voulait se défouler et plus qu'une séance de coucherie, c'était une opportunité de frapper et d'avoir du répondant en face qu'elle lui offrait. Une proposition qu'un homme correct n'aurait pu refuser, en tout cas pas un qui lui aurait assez tapé dans l’œil pour qu'elle le lui propose. Car indéniablement, le fauve roux l'avait marquée.

« Que d'empressement Chaton. »

L'amusement de la remarque fut teintée d'un certain grincement au billet sorti pour payer les boissons. Les deux boissons. Ce n'était pas une paire de talons qui la rendait plus prompt à accepter ce genre d'invitation, mais elle ne palabra pas à ce sujet. A l'évidence le fauve était pressé de s'en aller au combat et elle aurait tout le loisir, une fois sur le ring, de faire valoir son point de vue. Ainsi Kagome sortit du bar à sa suite, appréciant l'air frais du mois d'octobre.

« Ne court pas trop l'ami, j'ai mes affaires à récupérer. Les gars vont nous claquer dans les doigts si y'm'voient accoutrée comme ça. »

Et, plus important encore, elle avait son propre matériel. Pourquoi emprunter celui du club puisqu'elle en avait un non seulement adapté à sa morphologie mais qui serait surtout propre.

« Suis-moi. » indiqua-t-elle simplement, à l'évidence peu dérangée qu'il sache où elle vivait – même s'il n'était pas question de le faire monter à l'appartement.

Une fois debout, l'américain qui n'avait de métissé que les gênes posa un regard analytique sur la technicienne – et sa tenue – des talons qui ne faisaient qu'accentuer la haute taille de la japonaise à un décolleté ma foi fort gracieux et supposa qu'elle devait habituellement trainer dans la même tenue avec laquelle il l'avait vue au lycée et qui ne faisait pas tourner le regard vers elle. Du moins qui ne le faisait pas trainer sur sa plastique, mais plus par curiosité envers cet extra-terrestre pour un japonais. Il était quasi sur qu'elle attirait bon nombre de regards sur elle, de ces non regards que les gens polis osaient à peine faire.

" Ils ont le cœur fragile."

De concert, ils sortirent du bar, et commencèrent à remonter la rue dans l'air frais d'une nuit d'octobre. Malgré ses talons, la foulée de sa compagne du moment n'avait rien à envier à la sienne et il n'était pas contraint de piétiner à moitié pour ne pas la semer sur place. En règle général, cela ne lui posait pas soucis, mais aujourd'hui était un de ces soirs où sa frustration cherchait tous les moyens pour s'exprimer. Alors qu'ils tournaient vers un petit immeuble à l'aspect particulièrement austère, Cat songea qu'elle n'était pas tellement plus japonaise que lui au final, malgré son nom.

Du deuxième étage, la vue sur les lumières de la rue était presque jolie, donnant un aspect plus vivant à la ville qu'elle ne l'était réellement. N'y manquait qu'une circulation plus intense et des bruits de klaxons et gyrophares pour se croire aux States. Dos à la rambarde, Cathan y posa les deux coudes d'une manière nonchalante pendant que sa collègue récupérait ses clefs.

" Je t'attends là pendant que tu récupères ta robe de bal et tes pantoufles princesse."

Même bien grimée – pardon maquillée – Kagome aurait eu du mal à gagner sa place parmi les princesses Disney. Sauf s'ils prévoyaient un long métrage sur les amazones.

Le cœur fragile ? L'idée la fit sourire férocement. Elle n'était pas de celles qui brisaient les cœurs, qui les faisait chavirer non plus. Non, la manière la plus probable dont elle pourrait les faire s'agiter était encore de prendre à revers l'idée que l'on se faisait d'elle. Et le plus souvent elle ne perdait pas son temps à ça. Quant à ceux qui partageaient ses entraînements, ils avaient appris à la considérer d'abord comme un adversaires. Distribuer le coups l'un contre l'autre aidait grandement, surtout lorsqu'elle en étalait un ou deux. Arriver à la salle en étant aussi féminine les choquerait sans doute, mais serait aussi trahir cet esprit entre eux. Et elle ne tenait pas assez à son statut de femme pour ça.

« Ouais et j'tiens à garder mes adversaires ! » commenta-t-elle uniquement, le ton aussi rieur qu'ironique.

Ils marchèrent ainsi côte à côte jusqu'au bas de son immeuble. Et si les passants jetaient bien de brefs regards en direction de deux roux, il n'en fut pas un seul qui osât tenir le sien lorsque avec un sourire prédateur, elle captait le leur.

« Sois pas trop déçu si tu m'vois pas arriver avec la démarche de la Princesse Masako. »

Et sans attendre de possible réponse de Cathan, lequel prenait déjà ses aises, elle grimpa les escaliers avant d'aller fouiller son appartement à la recherche de ses affaires. Le bazar qui y régnait aurait pu faire croire qu'il s’agissait du lieu de vie de ces célibataires masculins dont on parlait parfois. Néanmoins quelques affaires de-ci, de-là brisaient bien vite cette impression. Elle n'en fit pas grand cas, récupéra uniquement ce qu'il lui fallait et, non sans s'être changée et démaquillée, elle descendit rejoindre l'enseignant.

« C'est pas loin, on y va à pied Chaton. »

Et elle se remit en route.

" Tu dois mettre plus de plâtre que prévu si tu as le même âge qu'elle."

Il n'en attendait pas tant, et voir ressortir la silhouette habituelle de la technicienne était bien suffisant : presque masculine dans sa brutalité, mais indéniablement féminine pour certaines courbes, pas bien loin de certaines femmes qu'il avait croisé aux USA, agent comme lui ou de n'importe quel autre horizon. Des nanas qui ne comptaient pas sur leur féminité pour avancer dans la vie, d'une manière plus que rafraichissante. Après avoir passé toute son enfance à admirer une femme forte, il était toujours agacé devant ces parangons de féminité qui parlait de féminisme à voix feutrée avant de se rengorger devant la galanterie et de battre des cils autant que possible, ne cherchant au final qu'un bras musclé contre lequel se lover. Ce genre de nana, passées quelques soirées coquines, il cherchait à ne pas trop y être accroché.

Sans broncher, l'américain se remit en route aux côtés de la technicienne, regardant autour de lui pour se repérer si d'aventure il repartait plus tard dans la soirée sans elle. Si la nuit empêchait certains points de repères fixes comme le numéro de la section du quartier où ils se trouvaient, il était difficile de rater certaines enseignes plus ou moins colorées. S'il le voulait, l'ex-agent n'aurait aucun mal à retrouver l'appartement de la technicienne. Heureusement qu'il n'avait aucune habitude de tueur en série.

" Tu fais quel type de boxe au fait ?"

Au moins, il était assuré de ne pas avoir à faire à un type d'art martial japonais qui avait plus de règles qu'un code pénal et autant de sentiments qu'un livre de Barbara Cartland. S'il en reconnaissait l'efficacité, le pratiquer avec des puristes était le meilleur moyen de se prendre la tête quand on avait été dressé à rechercher uniquement l'efficacité.

Ils étaient repartis tranquillement, le regard de Kagome interceptant celui beaucoup plus fureteur du fauve. Que cherchait-il exactement, elle n'aurait pas su le dire mais ne le lui demanda pas non plus. Avec la question qu'il lui posa en lui rendant toute son attention, elle supposa que quoi qu'il ait voulu, il l'avait trouvé.

« D'la boxe birmane. Au début c'tait pas exactement c'que j'avais appris, mais avec le temps j'me suis tournée vers elle. L'est plus complète, pis ça m'correspond bien. »

Maigres révélations sur sa personne qui dans l'esprit d'un élève imaginatif aurait pu donner cours au plus folles rumeurs. Peu de chance néanmoins que le grand roux soit de ceux qui les faisaient naître.

« J'pense que t'aimeras, Chaton. T'as plus l'air amateur de free fight que d'nos bon vieux arts martiaux. »

Bon, pas que la boxe n'ait pas de règles : il y en avait. Mais force était de reconnaître que la variété des coups et certains modes de combats offerts par la boxe birmane – quand l'entraîneur ne voulait pas juste leur faire réviser quelques mouvements – permettaient un assez large choix d'actions pour que le prof de maths frustré y trouve son compte.

Et Kagome était pressée de les voir à l’œuvre, lui et sa carrure d'Occidental bien charpenté. Tous n'étaient pas aussi solidement constitués, quoi qu'on en dise de ce côté-ci de l'Océan. Et il n'était pas si fréquent qu'on suive son pas rapide et assuré avec la même dextérité que quelqu'un qui irait à ce rythme tous les jours. Non vraiment, la rouquine avait hâte.

L'américain hocha la tête, un sourire gourmand aux lèvres. Birmane, ok. Il ne pouvait pas dire qu'il savait exactement ce que c'était, mais il avait été briefé sur pas mal d'arts martiaux, toujours dans un seul but : l'efficacité. De préférence sans laisser trop de viande froide sur le carreau vu qu'aux dernières nouvelles, il était du bon côté de la loi. Savoir à quoi s'attendre et comment pouvoir y réagir était bien la meilleure chose à faire, au delà encore d'entrainement de musculation et au tir. Même s'il était d'accord sur ce point là : il n'y avait pas grand chose qu'une bonne maîtrise d'une arme de poing ne pouvait arrêter. Point négatif, c'était bien moins décontractant.

" Ça me va Princesse. Devoir méditer deux heures avant chaque combat sur la beauté du geste fait pas parti de ce que j'appelle fun. J'aime bien viser l'efficacité."

Ok, pour ce soir, il n'y avait aucune efficacité à rechercher, juste l'envie d'utiliser la force brute et un poil de finesse pour la contrôler, pour répondre au défi lancé par cette nana et enfin vider toute la pression des derniers jours. Il ne doutait pas que le combat risquait de ne pas être réellement élégant, au moins de son côté.
La japonaise s'arrêta devant un petit bâtiment qui ne payait pas de mine dans une rue sans histoire, où le seul bar à son extrémité laissait planer une vague impression de coin discret sans grande prétention, à l'abri des salarymen qui venaient se bourrer pour finir leur journée en beauté et des élèves du lycée qui devaient fréquenter des coins un peu plus populaires.... ou carrément plus glauques quand ils étaient en mal de sensations fortes.

Kagome poussa une porte de fer qui donnait vers un hall bien éclairé. En plissant les yeux, il pouvait presque se croire aux USA. Exceptés toutes les têtes brunes qui se tournèrent vers eux quand ils entrèrent dans ce qui était bel et bien une salle d'entrainement où trônait un ring au milieu des sacs et divers matériels d'entrainement disposés dans toute la pièce. S'il dépassait tous les présents d'une bonne tête, au moins n'avait-il plus l'impression d'être un extra-terrestre par sa carrure.

" Un peu décrépi ton château Princesse."

L'était pas Américain pour rien lui, c'était clair. La remarque sur la méditation pré-combat amena un sourire amusé sur les lèvres de la jeune femme. Elle rejoignait son avis mais comprenait aussi bien la mentalité du pays. De son pays. Un combat, au-delà de l'efficacité, c'était un art. Et un art avait ses règles et son besoin de symbiose. Bon, il fallait quand même admettre que comme lui, elle préférait taper et voir après, mais personne n'avait jamais dit qu'elle était bonne japonaise.

Sans vraiment répondre à sa remarque si ce n'était pas un demi-sourire amusé, Kagome poursuivit sa route et guida le roux. Ils parlaient un peu, le ton léger et toujours avec un fond d'agressivité qui ne demandait qu'à se dévoiler pour son interlocuteur. Parfois, la rouquine avait des idées de génie. Comme maintenant.

Arrivés devant un bâtiment qui ne payait pas de mine, ce fut sans la plus petite hésitation qu'elle se rendit jusqu'à l'entrée de la salle d’entraînement. Avant même de l'ouvrir, on entendait les bruits qui en provenaient. Injonctions, cris et respirations rauques, coups donnés dans les sacs ou dans les poings de ses adversaires. Elle sourit ? Ici plus qu'à son appartement, c'était chez elle. Et elle ouvrit la porte.

« C'est pour l'garder secret. Ça évite les paparazzis. »

Un homme vint vers eux, méfiant mais souriant. Son regard se posait sur le grand étranger, puis sur Kagome à qui le sourire était vraisemblablement destiné. Elle y répondit à l'identique.

« Bonsoir Inoue-san. J'me suis permise d'nous amener d'la compagnie. L'a besoin d'se défouler. »

Présentation sommaire mais suffisante. L'homme tourna la tête vers le nouvel arrivant alors que les autres têtes brunes reprenaient leurs activités. Passé l'instant de surprise, ils en revenaient à ce pourquoi ils étaient là. Et quoique observant le boss qui après avoir jaugé l'homme du regard posa sa main sur son épaule et fit mine de le frapper au ventre en guise de présentation, elle remarqua que quelques regards furtifs leur étaient encore jetés. Et les ignora.

Le coup dirigé vers son ventre fut intercepter par une main assez ferme sur le poignet. Cat ne tenta pas de contre-attaquer – vu la tête de l'homme et son probable niveau d'entrainement nul doute que c'était lui qui aurait fini au tapis – mais il n'était pas du genre à se laisser faire sans broncher. C'était d'ailleurs la réponse qui était attendu vu le regard approbateur et intéressé qu'il reçut. Léger seulement, la vague notion qu'il n'était pas totalement un instrux, mais il avait déjà moins l'impression d'être un insecte curieux qui venait d'entrer dans une ruche qui n'était pas faite pour lui. Ah le Japon, merveilleux pays d'ouverture envers les autres.

" A ton aise Aoki-san, prenez le ring dans la salle du fond histoire de ne pas effrayer les arrivants. Et vous nettoierez le moindre sang versé."

Le sourire carnassier de sa compagne du soir pour seule réponse, ils repartirent en direction de la salle indiquée sous les regards curieux. Contrairement à Kagome, Cat leur répondit de son plus beau sourire américain, qui était loin d'être le plus rassurant. S'il n'avait pas déjà eu sa partenaire, il n'aurait rien eu contre de défier l'un ou l'autre de ces hommes qui sortaient du lot de ces japonais discrets aux yeux baissés et au ton toujours respectueux. C'était peut être ce qu'ils étaient en plein jour, recouverts par les horripeaux que leur imposait leur société si fermée, mais la réalité était tout autre en ces lieux. Là, Cathan pouvait s'y reconnaître.

" Tu veux me faire un rapide rappel des règles Princesse ou je te fais confiance éviter la casse ?"

C'était l'avantage d'être avec quelqu'un de bon : on pouvait compter sur lui pour éviter trop d'atteintes, plus facilement qu'avec un débutant, surtout dans ce cas où le roux n'avait pas tellement envie de retenir ses coups. Où il n'était même pas sur de réussir à retenir ses coups une fois qu'il aurait commencé à se lacher.

L'Américain avait passé l'examen d'entrée avec aisance. Un sourire ourla les lèvres de la rouquine qui hocha la tête aux dires de l’entraîneur, avec un « Aye sir » auquel l'homme était trop habitué pour répondre. Elle indiqua à Cathan de passer devant d'un simple signe de main, son sac toujours dans l'autre, puis lui emboîta le pas.

« J't'expliquerai 'taleure. Tu d'vrais pouvoir trouver un casier pour tes affaires dans l'vestiaires, change-toi et on s'rejoint là. »

Nulle autorité dans le ton, mais elle n'attendit pas de réponse pour s'engouffrer du côté des vestiaires féminins en cette heure vides de monde. Elle en ressortit rapidement, chaussures adaptées au pied, short et Tshirt en guise de vêtements et bandages autour des mains. De l'une d'elle, elle tenait ses gants qu'elle ne portait pas encore alors qu'elle alla chercher les protections d'usage pour l'autre homme, qu'elle lui tendit à son retour. Certes, ça l'obligerait à retourner aux vestiaires le temps d'enfiler la coque mais elle ne tenait pas non plus à annihiler toute chance pour lui d'avoir une petite famille un jour.

L'idée était si drôle qu'elle en souriait encore quand elle termina d'enfiler ses gants et commença à s'étirer. Monter sur le ring la démangeait, mais il n'était pas question de se blesser par impatience. Et elle veillerait à ce que l'Américain se plie à cette discipline aussi. D'autant que perdre son adversaire aussi stupidement l'ennuierait vraiment.

« Allez l'ami, on s'échauffe et j't'explique pendant c'temps. » lâcha-t-elle à l'égard du roux lorsqu'il revint vers elle.

Avec une patience surprenante pour cette soirée et son caractère, Cat attendit que Kagome lui ramène les protections pour s'équiper, abandonnant au passage le reste de ses affaires dans son vestiaire. Le sol était désagréablement froid sous la plante de ses pieds, vaguement humide comme il fallait s'y attendre dans ce genre de vieille batisse. A mi-chemin entre réellement glauque et intéressant, mais bien trop sain pour être vraiment flippant. En revenant auprès de la jeune femme, Cat acheva ses préparations en attachant ses cheveux sur la nuque avec un des élastiques qu'il gardait dans les poches de son jean à cet effet.

L'américain grogna vaguement une réponse – affirmative ou ce que Kagome voulait bien en faire – en s'étirant à son tour. Heureusement elle n'y rajoutait pas une louche d'explications sur le côté indispensable de mettre en marche les muscles, secondés par quelques explications anatomo-physiologiques sur les tendons et articulations d'un ton docte. La dernière fois que Luca avait fait ça dans une salle de gym, Cat n'avait pas résisté à l'envie de lui coller son poing dans la figure. S'en était suivi une scéance qui n'avait rien à voir avec un échauffement dans les règles mais les avait laissés tous deux les muscles chauds et prêts pour la suite.

Ceci dit, observer les courbes de Kagome alors qu'elle se pliait en avant pour étirer ses jambes était bien plus intéressant que de contempler la masse masculaire de ses collocs, étirant un magnifique rictus sur le visage du roux et le motivant à se soumettre à ces quelques exercices, non sans faire craquer ses épaules quand il passa ses bras en arrière.

" Tu vas me faire languir encore longtemps Princesse ? Je vais finir par te rebaptiser Belle au Bois Dormant."

La phrase lui fit tourner la tête vers son nouveau partenaire de ring et un sourire malicieux orna ses lèvres. Le regard du roux ne lui avait pas échappé, mais il y avait déjà longtemps qu'elle ne se formalisait plus de ce genre de choses. Que ce soit ici ou dans les autres salles où elle s'était entraîné, l'intérêt qu'on trouvait à sa plastique avait toujours été le même.

« Et tu s'rais mon prince charmant j'espère ? Tant qu'à être Belle au bois dormant, j'veux pas récupérer n'import'qui derrière. »

Avance ? Peut-être, peut-être pas. Elle lui faisait confiance pour prendre la réponse comme il se devait et se redressa, étirant bras et épaules.

« J'te l'fais simple pour les explications et si tu déconnes sur l'ring, j'te corrigerai. »

Elle ne jugea pas utile d'insister sur ce point. Ils n'étaient pas là pour du free fight et ça ne commencerait pas tant qu'elle serait en état de l'empêcher.

« En gros, t'as l'droit à tous les mouvements de percussions et projections. Stu veux m'frapper au sol après avoir réussi à m'allonger, rien n't'en empêche. Évidemment l'boss – elle montra d'un signe de tête l'homme qui les avait accueilli – veille donc préserve ma réputation d'délicate princesse aux potes bien sous tout rapport et déconne pas trop. »

Sans cesser de s'échauffer – elle bondissait un peu sur place pour échauffer ses jambes et les habituer au mouvement - Kagome attendit sa réponse, puis l'invita à monter sur le ring. Et l’entraîneur s'approcha, leur jetant dans les pattes casque de protection et protège dent. Un haussement de sourcil accueillit la réception de tout ça - ils ne s'en servaient pas toujours - mais le regard de la rouquine glissa sur l'Américain en comprenant ce que le Boss avait en tête. Ouais, si le prof voulait se défouler vraiment... Valait mieux.

« Prêt Chaton ? »

Et elle enfila le tout, pressée d'en venir à la suite.

Un simple rictus suivit les explications sur les règles. Simples, rapides, efficaces : exactement ce à quoi il s'attendait. Assez brutal pour lui permettre de vraiment se défouler, tout juste assez cadré pour ne pas se faire mal. En théorie.

" Ca fait des jours que je suis prêt."

Dernière touche finale à sa protection avant de la suivre sur le ring, les muscles tendus dans l'expectative de ce qui allait suivre. Le genre d'exctitation qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps, qui correspondait de près ou de loin à ce qui l'agitait juste avant de se rendre sur un mission de terrain potentiellement dangereuse. La plupart des agents qui bossaient sur le terrain avouaient à demi-mot qu'ils finissaient par apprécier l'adrénaline, à défaut du danger ou de la violence. S'ils avaient un grain, cela ne se retrouvait jamais dans les dossiers bien propres retransmis à qui de droit.

A l'opposé de ses habitudes de terrain bien construites, l'ex-agent ne resta pas longtemps sur la défensive pour observer le style de son adversaire, trop énervé pour supporter encore une dose d'attente et de frustration. Ce fut avec une rage muée avec beaucoup de style qu'il porta les premiers coups qu'esquiva avec grâce sa partenaire. Ce ne fut qu'une fois les premières minutes passées et pas mal de rage évacuée que l'américain consentit à prendre un peu de temps pour observer, analyser et vraiment se battre dans un but autre que taper un sac de sable qui esquivait et répondait.
Et pour répondre... s'il avait l'allonge pour lui, Kagome avait d'autres atouts pour elle, dont, et non des moindres, le fait que son entrainement était plus régulier que celui qu'il avait pu avoir ces quelques derniers mois.

Avec un plaisir sadique, l'américain réussit à coincer sa partenaire dans un coin du ring, un sourire carnassier retroussant ses lèvres dans une espèce de grimace de fauve à cause du protège-dents. Fichu objet qui volait la moitié du fun de l'affaire en l'empéchant de commenter à voix haute.

Se sentir mener était on ne peut plus frustrant. S'il avait pu avoir l'illusion de la supériorité au début, la suite ne faisait plus de mystère quand à qui réussissait à tenir l'autre, frustrant au plus haut point un rouquin qui s'acharnait à rendre coups pour coups. Protection ou non, ils auraient l'un comme l'autre de sacrés bleus le lendemain.

Et puis zut. Armé de son allonge supérieure et de plusieurs années d'expériences à interpeler les gens sans trop leur faire de dégats, Cathan réussit à prendre en otage Kagome dans une prise qui les fit tous deux tomber à terre, l'ex-agent cherchant quasi automatiquement à ramener les bras de sa "victime" derrière son dos pour la contrôler. Heureusement pour lui, rares avaient été ceux qu'il avait eu sous ses mains qui avaient eu un tel entrainement.

Ah ! Ça c'était inattendu ! Du combat de boxe, ils étaient passés à toute autre chose. Etalée au sol dans une prise qui l'étonna trop pour qu'elle réagisse à temps, Kagome résista tant bien que mal à la tentation de rejeter le protège-dent au loin pour éclater de rire. Elle ricana tout de même tant bien que mal alors qu'une question s'imposait à son esprit : où le prof avait-il appris ça ?

« Hey l'étranger, relâche la petite tu veux ! On est sur un ring là, pas à une descente de police. »

Les mots purent paraître durs, mais même pour Kagome qui ne voyait pas son entraîneur ils sonnaient comme impérieux autant qu'amusés. Il n'y avait pas qu'elle pour se demander d'où le fauve flamboyant tenait de telles réactions, mais l'autre homme comme elle trouvait la révélation divertissante.

« Bah alors, tu confonds boxe et catch Chaton ? » apostropha-t-elle le roux une fois remise sur ses pieds, protège-dent en main après l'avoir ôté.

Quant à l'entraîneur, il estima avoir fait son devoir et retourna guider ses poulains.

Rappel à l'ordre immédiat qui rappela à Cat qu'ils étaient au fond d'une salle d'entraînement au Japon, et non quelque part pour un entraînement d'agents du FBI. Sans se faire prier – peut-être une once de poids sur les bras de la damoiselle en détresse – le rouquin se releva pour aller se caser dans un coin du ring pendant que madame se relevait, hilare. Au moins n'avait-elle pas été choquée par ses manières.

L'imitant, Cat retira un instant le protège-dents pour pouvoir s'exprimer à son tour, réfrénant difficilement un large sourire qui aurait traumatisé ses classes. Pour la première fois depuis des jours, il se sentait bien. Les nerfs à vif, prêt à massacrer à la moindre alerte, mais réellement bien, tendu comme il l'aimait, avec un adversaire à la hauteur, l'adrénaline qui claquait dans les veines.

" On se lache pour les cinq prochaines minutes Princesse ? "

Il en avait encore à donner, et elle aussi. Il voulait juste être sur qu'ils partaient sur la même longueur d'ondes pour ce prochain round.

« Quoi, parce que tu penses t'nir aussi longtemps ? »

Avec un sourire de prédateur que ne lui aurait pas renié Cathan, Kagome accepta tacitement les modalités de combat. Par précaution toutefois elle jeta un œil sur l’entraîneur. Il les fixait. Il hocha la tête, prudent, le regard grave. La rouquine prit l'assentiment pour ce qu'il était et tout en frottant légèrement le bras où le rouquin s'était appuyé reprit la parole.

« Il nous arrêtera si on va trop loin. Pour l'reste... Let's go Kitty cat ! »

Elle remit la protection et reprit ses mouvements. Les muscles étaient échauffés. L'adrénaline lui fouettait le sang. La douleur des coups reçus ne formaient qu'un souvenir relégué au loin. Et très vite les coups reprirent. De ceux à peu près réglementaires du premier round, ils passèrent rapidement à des attaques plus vicieuses, destinées uniquement à mettre l'autre à terre. Coups aux jambes, coups aux bras. Coups à la tête, toujours esquivés jusque-là. Leurs façons de combattre ne se ressemblaient plus vraiment. Celle de Kagome quoi que toujours centrée sur la boxe avait bien moins de grâce qu'avant. Il n'était plus question de compétition, juste d'efficacité.

Le Chaton finit coincé contre les cordes. Elle porta un coup au ventre. Celui-ci passa.

A partir du moment où Kagome avait signifié son accord, Cat s'était fichu du reste. L'oeil vigilant de l'entraîneur, les regards curieux, voir un peu tendus, posés sur eux... rien n'avait vraiment d'intéret. Les coups s'enchainèrent, brutaux et violents, sans plus aucune de la retenue qui avait caractérisée les premiers échanges.
Bien trop vite à son gout, ses limites se firent sentir, et le premier coup à porter réellement, au ventre, lui coupa le souffle, laissant une ouverture à Kagome pour une droite bien sentie dans la machoire qui l'envoya voir 36 chandelles et signa l'arrêt du match, confirmé par l'entraîneur qui s'était rapproché d'eux.

Lentement, Cathan dégagea le protège-dents et essuya un filet de sang de sa lèvre inférieure éclatée suite au coup. La peau sensible promettait une jolie marque pour les jours à venir mais ne l'empêcha pas de sourire pour autant.

"Douée Princesse. Laisse-moi juste reprendre un peu mon souffle pour que je ronronne maintenant."

Il était désormais apaisé, à même d'accepter la défaite avec bonne humeur.