Hatsuharu avait mangé léger à midi, pour se préparer à l'épreuve du parcours de survie. Il faisait ses derniers échauffements en râlant contre lui même. Comme un imbécile heureux il avait oublié de mettre ses verres de contacts. Lorsqu'il s'en était aperçu il était bien trop tard pour qu'il ait le temps d'aller les chercher et de les mettre. Il ne s'en serait pas vanté mais il lui fallait toujours un certain temps pour les mettre, il détestait que quoique ce soit entre en contact avec ses yeux, alors lorsqu'il voyait son gros doigt avec la fine membrane transparente s'approcher de son iris, il fermait les paupières c'était un réflexe. Il prenait vraiment sur lui pour les mettre. Il soupira, ses lunettes allait l'handicaper pour cette épreuve, il espérait pourtant bien faire un parcours admirable en un minimum de temps.
Il dégrafa sa veste de sport et la donna à une jeune fille, qui depuis peu le suivait partout, pour qu'elle la lui garde. Ce geste sembla la combler et lui se dit que ça ferait illusion devant son père. Ses parents rigides attendaient au milieu de la foule qu'il fasse honneur à sa famille et à son équipe. Les rouges. Il passa son foulard et fit glisser son brassard. Il était prêt. Il se mit sur la ligne de départ et attendit le signal du départ. Là plus rien ne compta, son esprit était libre de toutes pensées. Il sauta, grimpa, rampa pour son plus grand plaisir. Il ne songeait qu'à une chose faire le meilleur chrono possible. Il arriva épuisé à la fin de l'épreuve mais satisfait de lui même, il n'avait pas démérité et même il était allé au delà de ses espérances. Son père fier comme un paon se rengorgea mais Hatsuharu n'en vit rien pour la bonne raison qu'avec ses lunettes couvertes de boue il ne voyait plus rien. La jeune fille, Akane, pour ce qu'il s'en souvenait lui rendit sa veste en lui mettant directement dans les mains.

« C'était une très belles cours Hashimoto »

Elle le regardait avec des yeux émerveillés qu'il ne vit pas. Franchement il ne comprenait pas ce que cette fille lui trouvait pour le poursuivre à ce point, elle lui offrait des friandises, lui demandait son aide pour les devoirs, ce qu'il ne pouvait pas vraiment refuser sans paraître impoli. Après tout c'était peut-être la solution à son problème professoral, sortir avec une fille... Elle était plutôt mignonne, pas trop bête. Oui il faudrait qu'il y songe sérieusement. Il restait seul, ne manifestait d'intérêt pour personne et forcement certains commençaient à se poser des questions. Il était hors de question qu'on le soupçonne d’être homosexuel parce qu’il ne courrait pas après les filles et ne cherchait pas à les voir nues quand elles se changeaient dans les vestiaires. Peut-être que s'il couchait avec, après quelques semaines de badinages cela va sans dire, il cesserait ses rêves érotiques qui le dérangeaient au plus haut point.

« Merci. Je vais aller me doucher »

Il espérait que cette précision l'empêcherait de le suivre. Néanmoins il accéléra le pas pour être bien certain qu'elle ne le suivrait pas. Il ne sortait pas encore ensemble et déjà ill'évitait.

Il se sentait vidé maintenant que l'épreuve était passée. Ses jambes étaient en coton. Il essaya de nettoyer ses lunettes mais en les remettant il se rendit compte que le résultat était pire qu'avant. Il n'y voyait plus rien du tout. Pour preuve il heurta rudement quelqu'un. Il aurait été sûr que c'était un mur si cela n'avait pas été chaud et ne dégageait pas un odeur viril qui lui plu immédiatement. Sous le choc il perdit l'équilibre et ses bras battirent l'air pour se rattraper à quelque chose.

Voir les gosses se déchainer sur le parcours du combattant était décidément jouissif. Après une matinée un peu poussive à encourager les équipes de sport avec les autres professeurs, Cat devait avouer qu'il préférait de loin les épreuves débridées de l'après-midi. Voir ces gamins habituellement si sérieux se plier en quatre pour s'accrocher à des filets, ramper dans la boue, courir parmi les embûches... en particulier ceux qui étaient si sages et concentrés dans ses cours, les sourcils froncés pour ne pas laisser échapper la moindre miette de savoir qui leur permettrait d'être mieux classés pour leur prochain concours d'entrée à l'université.
Pour un peuple habituellement si coincée, les nippons étaient sacrément bons pour organiser des évènements à la limite de l'outrageant – bon, rien de choquant ici par rapport à ce que Aku avait pu lui montrer dans la télé japonaise – mais il savait d'une source sûre que la dernière épreuve n'allait pas être de tout repos pour les petits monstres qui allaient y participer. Une chose était sure, dans les prochains cours, certaines têtes brunes allaient être ornées de bleus et de cocards.

Après une énième course ponctuée d'une superbe chute, le prof de maths s'éloigna un peu du terrain pour aller s'acheter une canette de coca à un des stands. La jolie brunette à l'uniforme de l'école tenta effrontément de lui proposer un thé glacée maison, son menu sourire sur son charmant minois montrant qu'elle appréciait le défi de ne pas l'avoir à cet instant en tant que professeur. Le rouquin la gratifia pour sa peine d'un sourire chafouin mais ne démordit pas de sa demande. Jiro avait déjà bien assez tenté de lui faire avaler de l'eau chaude avec des plantes dedans, il n'allait pas non plus la tester froide ! Il y avait bien plus confiance en la structure d'un composé parfaitement chimique dont la recette restait secrète et qui était suffisamment corrosif pour dérouiller un clou.

Un choc parfaitement inattendu l'envoya un pas en avant. Par réflexe, l'ex-agent se retourna et saisit par le haut du bras l'élève qui s'était cogné à lui et menaçait maintenant de se casser la gueule en arrière. Même sous la couche de crasse, il arriva à reconnaître un de ses élèves de deuxième année, un garçon aussi sérieux que maussade pendant ses cours. Dommage qu'il ne puisse pas être aussi bon en maths que bosseur, cela lui aurait épargné bien des soucis pendant ses classes.

" Alors Hashimoto-kun, tu ne tiens plus debout ? "

Le regard du professeur le regarda de haut en bas, nota les traces de boue, les lunettes aux verres complètement éclaboussées... ah oui, il avait du le voir passer sur le parcours avant de partir à la recherche de sa boisson, avec ce visage têtu et buté qui signifiait qu'il arriverait au bout même s'il devait y laisser sa peau. Pas trop mal pour un élève qui présentait plus comme un intello que comme un cador des terrains de sport.

" Pas mal le parcours, surtout pour l'avoir fini à moitié en aveugle."

Cathan avait laissé l'amusement percer dans sa voix, plus que la moquerie. En espérant que son élève le prenne ainsi. Sa réputation de tyran était assez amusante, mais de là à faire fuir les gosses...

Hatsuharu senti avec soulagement une main le retenir avant que son postérieur n'aille visiter le sol. Il frémit lorsqu'il reconnu la voix de son professeur. Crainte ou autre chose c'était difficile à déterminer. Il ôta ses lunettes, puisque finalement il voyait mieux sans et se pencha un peu vers l'avant comme le voulait la tradition.

« Excusez-moi O'leary sensei. »

Il aurait pu dire qu'effectivement il ne tenait plus sur ses jambes mais plutôt mourir que de l'avouer. Pas qu'il soit une petite nature non, bien qu'il soit la plupart du temps considéré comme un intellectuel, il était plutôt bon en sport, enfin suffisamment pour ne pas démériter.
Il se sentie flatter du compliment, ce n'était pas souvent que le professeur roux en faisait, il faut dire qu'il ne méritait pas vraiment de compliments en math même si ces derniers temps il avait fait des efforts grâce à l'aide de Kantaro.
Il prit la dernière remarque du professeur avec humour, même si ce n'était pas parmi ses qualités principales. Il savait reconnaître une boutade lorsqu'il en croisait une. Néanmoins c'est avec sérieux qu'il répondit.

« Oui effectivement c'était handicapant. »

Il se demanda pendant un instant s'il n'avait pas l'air de se vanter en acceptant aussi facilement le compliment. Surement. Après tout tant pis, il avait réellement fait une belle course et il aurait été idiot de prétendre le contraire par modestie.

Il regarda la main du professeur qui tenait la canette de coca. Il avait toujours aimé ses mains longues et racées. Les sienne était un peu comme cela mais en beaucoup plus petit. A l'idée qu'il y a peu l'une d'elle était sur son bras il frémit encore. Il pouvait encore sentir la chaleur de celle -ci malgré la chaleur de son corps après l'épreuve.

« Vous avez assisté à toutes les compétitions O'leary sensei. »

Il posait la question mais en fait il le savait pour l'avoir aperçu à plusieurs reprises. Avec sa longue chevelure rousse il ne passait pas inaperçu, surtout aux yeux d'hatsuharu qui le cherchait constamment du regard, lorsqu'il ne s'en défendait pas avec ardeur. Il inspira profondément pour se calmer, il se sentait toujours nerveux lorsqu'il était près de lui, même s'il ne le laissait pas paraître, enfin il l'espérait. Quelle horreur ce serait si son professeur s'apercevait que son élève et pas le plus brillant, avait un gros faible pour lui ? Ce serait la honte de sa vie. Mais c'était plus fort que lui sa proximité le troublait et il repensait aux rêves érotiques qui souvent la nuit venait le visiter. Il ferma les yeux un bref instant pour ne plus le voir mais il y avait toujours son odeur viril alors que lui puait le bouc et était dégoutant. Il n'était vraiment pas à son avantage.

Cathan resta un instant sceptique face à la manière détournée qu'avait le jeune homme de le regarder, par en dessous, à droite, à gauche, sans jamais oser affronter son regard directement, comme si son professeur de maths était bien trop dangereux et risquer de l’agresser s'il osait ne pas se montrer entièrement soumis. Etrange, il n'avait pas eu particulièrement l'impression que ce deuxième année là lui en veuille particulièrement, pas comme certains autres élèves qui prenaient leur échec en mathématiques comme une insulte qu'il leur faisait personnellement. L'illumination vint de ce regard en coin un peu trop obsessif sur ses mains. Le même regard que le gosse aurait pu porter sur ces petites relayeuses au short un peu trop court par exemple.
Ce que c'était mignon à cet âge là, à fantasmer sur la première figure d'autorité un peu bien foutue.

L'ex-agent esquissa un nouveau sourire – pas moqueur, pas la peine de foutre mal à l'aise le gosse pour ensuite le voir se tortiller dans chacun de ses cours – et inclina tranquillement la tête en réponse à sa question. Se comporter de manière normale semblait la manière le plus simple pour ignorer ce crush. Dans son ancien boulot, il avait eu son lot de midinettes fascinées par la position d'autorité, l'arme ou la stature – mais n'avait que rarement utilisé cet attrait pour les foutre au lit. Il avait d'autres façons bien plus efficaces qui n'impliquaient pas ce qui ressemblait à de l'abus de pouvoir de son point de vue. Et dans le cas actuel, les gosses ne l'intéressaient pas, merci bien.

" Une bonne partie oui, voir les élèves se défouler alors que la plupart du temps ils sont assis en classe est intéressant, ça donne une bonne vue du caractère de certains. Les plus déterminés et acharnés à finir ne sont pas toujours ceux qui ont les meilleurs atouts en main... J'imagine qu'une telle course est plus amusante qu'un cours de maths, mais avec un peu de chance, ça s'applique aussi..."

Et il attendait avec une certaine curiosité de voir comment aller se dérouler la partie la plus agressive des épreuves de l'après-midi, la course pour récupérer le fanion, surtout avec les quelques brutes que comptait la troisième année. L'infirmier allait avoir du boulot à la fin de l'après-midi.

" Tu comptes participer aux autres épreuves ? "

Manquait la possibilité pour les profs de venir participer à certaine de ses épreuves. Mais peut être était-ce mieux ainsi, entre sa carrure et celle du prof de sport, ces pauvres japonais n'avaient qu'à bien se tenir. A part pour une petite minorité qui devait inclure un des jardiniers et la technicienne, des exceptions qui dépassaient d'une tête le reste des chevelures brunes si uniformes.

Hatsuharu inspira un grand coup, Il devait se reprendre c'était impératif. Il ne voulait pas être homosexuel. C'était trop humiliant de songer qu'il avait envie d'un homme en lui, c'était bon pour les tapettes ça, pas pour lui, jamais. Il posa plus franchement son regard sur son professeur décidé à ne plus avoir de pensées obscènes et inacceptables. Seulement ça ne marchait pas comme ça. Son regard tomba sur sa bouche et tout ce qu'il souhaitait lui voire faire sur son corps lui revint comme un boomerang en pleine poire. Il gémit de désespoir, ce n'était pas possible, pourquoi lui ? Un prof en plus ! Si cela avait été un des élèves peut-être que... Non non et non. Et pourtant il ressentie une certaine partie de son anatomie tréssaillire. La bouche, les mains le torse viril... Kami sama c'était trop dégoutant. Pour se calmer il passa la main dans ses cheveux aussi sales que ses lunettes. Qu'est-ce qui lui prenait aujourd'hui, d'habitude il se contrôlait mieux. Heureusement que le professeur O'leary ne se rendait compte de rien. Il parlait avec sa calme assurance habituelle. Il essaya de se concentrer sur ce qu'il disait. Il parlait d'une bonne vue du caractère de certains. Haru espérait alors avoir fait une bonne impression. Et ce n'était pas finit mais cette fois il irait chercher ses lentilles s'il avait le temps.

« En effet O'leary sensei je pense participer à la course du fanion. Les rouges vont obligatoirement gagner. »

Ça lui déplairait malgré son esprit sportif de se retrouver dans l'équipe des perdants.

« Je suppose que ça va être une épreuve éprouvante. Vous devez regretter de ne pouvoir y participer. »

Il était évident que son professeur était un sportif et on le voyait souvent dans le complexe dédié au sport. Combien de fois haru ne l'avait-il pas espionner. Il n'en n'était pas fier loin de là.

Ses pensées revinrent vers Akane et son petit uniforme qui lui allait si bien, mais ça ne provoquait rien en lui, il n'arrivait même pas à l'imaginer en sous vêtements. Qu'est-ce qui avait foiré dans son éducation ? Trop de nounous pulpeuses ? Pourtant ça aurait du avoir l'effet inverse. Est-ce que c'était quelque chose d'inné à sa personnalité, à son corps. Il fallait quand même reconnaître qu'il aimait bien mater certains de ses camarades. En général pour se rassurer il se disait que c'était juste de la curiosité, mais quand il les imaginait dans le plus simple appareil comment croire qu'il n'y avait pas là d'intérêt sexuel. Comment pouvait-il se débarrasser de ce défaut ? En faisant preuve de dureté moral et abstinence ? Combien de temps avant qu'il ne devienne fou et un maniaque de l'orgasme solitaire.

« Votre coca ne va plus être très frais O'leary sensei. »

Il faisait une journée merveilleuse aujourd'hui pour les épreuves, il avait fallut arroser le parcours pour faire de la boue, mais cela avait bien fonctionné pensa t-il en souriant. Un petit sourire de côté pas très épanoui comme il en avait l'habitude. Il montra le soleil du doigt qui tapait encore durement en ce 11 octobre. Un coca ça faisait bien américain ça.

Sérieux, assuré et motivé. Un parfait petit japonais dans l'âme qui avançait tête baissé vers l'objectif, à tel point que Cathan se demandait combien des gosses ne voyaient pas ça comme un jeu, mais comme un nouveau défi mit en travers de leur chemin. Pas la majorité il espérait. C'était assez dur d'avoir en cours des mômes qui ne réfléchissaient qu'en fonction des résultats des concours et de comment ils seraient placés en fonction de l'université qu'il convoitait. En tant que prof, ça devait avoir des avantages : ils étaient motivés. Mais en tant qu'humain, ce manque de spontanéité et de réflexion indépendante lui donnait envie de les secouer jusqu'à ce que leur cerveau cogne leur crâne.

La véracité de la constation du deuxième année lui arracha un sourire encore plus large. D'un peu plus près, on aurait presque pu deviner les moustaches du chat qui s'agitait de chaque côté.

" C'est vrai que ça aurait été marrant, mais je pense que ce n'est pas plus mal pour les autres participants : je ne suis vraiment pas du même gabarit que la majorité des japonais, ça aurait rendu l'épreuve... difficile, même si le nombre fait la force."

En lieu et place, il se regarderait la mélée de rugby en commentant les stratégies avec Gabriel et Luca du côté du terrain de sport : on se consolait comme on pouvait.

A la remarque du jeune, il leva la main pour mettre en évidence la condensation sur la boîte rouge qui avait gouté le long de sa main, preuve que le coca sortait d'une glacière bien refroidie et que le temps de ce mois d'octobre, bien que beau, n'était pas suffisament chaud pour faire bouillir en quelques minutes une cannette glacée. Heureusement pour lui, le conseil qui avait organisé les stands avaient eu la présence d'esprit de prévoir nombre boissons différentes, surement en déférence à la population atypique, familles et amis, qui seraient là pour la journée. S'ils s'étaient contentés de vendre du thé sous ses différentes formes et les boissons douteuses qu'on trouvait dans les différents distributeurs japonais, l'américain aurait fini de bien moins bonne humeur.
Finalement, avec une seconde de réflexion, par rapport au regard gêné et énamouré de son élève mais aussi par rapport à ses performances sportives, Cathan eut un geste rapide de sa main et lui lança la canette, ayant confiance en ses réflexes pour la rattraper avant de se faire assommer.

" Prends-la, avec l'effort que tu viens de faire, tu l'as méritée. Et tu pourras être le seul à pouvoir te venter avoir jamais eu un cadeau de la part du prof de maths."

Un sourire en coin vint ponctuer ses propos : oui oui, il avait entièrement conscience de ce qu'on disait sur lui, et du titre de tyran-sale con- pire prof de maths -merci de rayer la mention inutile – qui précédait son nom dans les sales de classes quand les gamins pensaient qu'aucune figure d'autorité n'était là pour l'entendre. Un jour ils apprendraient que tout ce qu'ils disaient finissaient forcément par faire le tour en salle des profs, répété de manière attérée ou amusée par l'un ou l'autre des membres de l'équipe pédagogique.

Hatsuharu était à mille lieues des pensées de son professeur. Il ne s'était jamais vu comme un petit japonais buté à l'esprit étroit, mais faut dire qu'ayant été élevé comme cela c'était difficile à voir pour lui. Il aurait été très triste s'il avait su ce que pensait Cathan de ses élèves, lui qui essayait de faire toujours le meilleurs score en vu d'intégrer une bonne université. Bon ce n'était pas vraimant son choix mais plutôt celui de son père, mais comme il n'osait pas vraiment se rebeller ça devenait le sien. Pourtant il aurait préféré une école d'art, devenir un spécialiste et travailler dans un musée ou écrire des livres sur la peinture... Vraiment rien à voir avec la médecine. Comment allait-il s'en sortir dans ce genre d'études absolument pas faites pour lui. Pour l'instant il ne pensait pas à tout ça il buvait plutôt les paroles de son professeur. Il regardait sa forte carrure et rêvait. Sa stature n'était pas celle des japonais c'était sûr. Il eut un rire bas.

« Au moins vous étiez presque sûr de gagner sensei, je suppose que vous n'aimez pas perdre... »

D'ailleurs il imaginait mal son enseignant perdre en quoique ce soit, ça devait pourtant bien lui arriver. Ça aurait été marrant d'échanger quelques prises avec lui. Dans les sports martiaux le gabarit ne jouait pas toujours en faveur du plus costaud. Il secoua la tête même si O'leary était ouvert aujourd'hui, il ne devait pas oublier à qui il parlait.

En voyant la canette que son professeur lui montra il se rendit compte qu'il venait de dire une absurdité, ses neurones ne fonctionnaient pas toujours correctement quand il se trouvait près de l'homme. Par contre il fut stupéfait par son geste quand il lui envoya la cannette, il la rattrapa avec facilité malgré la surprise. Ses réflexes était meilleurs que ses capacités en math, karaté oblige.
Il resta ébahit avec le coca dans les mains. Un cadeau ? Il se courba vers l'avant.

« Merci sensei. »

Il ne trouva rien d'autre à ajouter. Le seul à avoir eut quelque chose... Il était ravis et il se trouva aussi pathétique. Il tourna la boisson entre ses mains, la boire ou la garder comme une relique. Mais cela aurait été désobligeant de ne pas la boire alors il enleva le petit opercule et prit une longue lampée bien fraiche. C'est seulement à ce moment là qu’il se rendit compte qu'il avait soif. Le pétillement intense juste après ouverture humidifia ses yeux, lui était plutôt habitué au thé, au café et au jus d'orange. Il regarda encore la canette et se dit que rien ne l'empêcher de la conserver une fois vide. Oui vraiment pathétique cet attrait à sens unique.  Il essaya de penser à autre chose,pour ne pas se démoraliser. Il aurait du aller prendre sa douche mais il n'avait pas envie de s’éloigner de cathan O'leary. Cathan comme il aimait se prénom qui sonnait si exotique. C'était les grands espaces et l’aventure. Il ne savait rien de cet homme pourtant, à part la rumeur qui disait qu'il venait de se faire plaquer. Ça réjouissait haru à un point inimaginable. Il détestait l'idée que l'homme sert dans ses bras d'autres corps et pourtant... Comment pouvait-il s'être entiché d'un homme à la psychologie de bulot ! Est-ce que d'autres élèves s'étaient amouraché de son enseignant ? Sûrement, il n'avait jamais fait attention trop perdu dans ses propres problèmes. Là sur le moment est-ce qu'il devait essayé de profiter d'en savoir plus quitte à ce qu'il l'envoie sur les roses...

« Certains prétendent que vous venez de new york où vous travailliez pour un parrain de la mafia, d'autres disent que vous étiez cowboy dans Wyoming et d'autres encore que vous étiez chasseur de crocodile du côté de saint louis et d'autres encore que vous étiez enseignant dans une école de bonne sœurs... C'est très diversifié... »

Voilà il ne l'avait pas demandé carrément mais c'était une invitation à la confession assez claire.

Les différentes suggestions, plus variées les unes que les autres et digne de romans d'actions plus haut en couleur que sa propre vie amenèrent un rire chaud sur ses lèvres. Si certaines suggestions, il pouvait imaginer aisément leur origine, voir même comprendre par quel mécanisme les gosses en étaient arrivés là – ah, l'image de l'américain associée soit à un cow-boy solitaire soit un fou dangereux avec une arme à feu, encore qu'on pouvait facilement regroupé les deux – autant la dernière était d'autant plus amusante qu'il n'arrivait pas à saisir le pourquoi du comment. Un de ses élèves avait-il remarqué la petite croix qu'il portait de temps à autre autour de son cou, habituellement bien dissimulée sous le col de sa chemise ? Pas étonnant qu'ils aient du mal à suivre s'ils se fixaient sur ce genre de petits détails.

" C'est toujours très divertissant à entendre j'avoue. Le mystère est toujours plus excitant à étudier que la simple vérité, raison pour laquelle je vais laisser mes élèves plancher encore sur quelques versions différentes. En espérant que leurs différentes versions leur donnent assez peur des représailles pour que je ne trouve pas un article la dessus dans un journal de l'école."

Encore que, si un des gosses arrivait à faire un photo montage de lui en cow boy ou en prêtre, il serait surement assez mort de rire pour ne pas l'étrangler sur le vif. Par contre, lui balancer un peu plus tard le pire contrôle de maths jamais imaginé, c'était tout à fait dans ses cordes.

Le prof de maths fit quelques pas de côté pour laisser un petit groupe aux couleurs de l'équipe rouge, tout aussi couverts de boue que son interlocuteur, qui semblaient se diriger droit vers la douche, entre rire et éclats de voix, se motivant les uns les autres pour les épreuves à venir. Un des plus grands avait passé son bras au dessus des épaules d'un frêle adolescent au visage un peu boudeur, et semblait en train de le rassurer pour la suite malgré son échec à l'épreuve précédente. Le rouquin leur adressa un sourire encourageant, ce qui sembla provoquer quelques chocs mais aussi quelques fiertés chez les adolescents qui se rengorgèrent facilement. Ah, les affres de l'adolescence...

Après leur passage, son intérêt retourna à son interlocuteur bien plus passage, qui serrait dans la main sa canette comme s'il avait peur de la renverser. Le coin des lèvres de Cathan se retrouva légèrement alors qu'il ne résistait pas à l'envie de taquiner un peu plus son élève. Autant s'occuper des mômes en règle général était casse-pied, autant pris indépendamment, il les trouvait déjà bien plus supportable.

"Dis-moi Hashimoto-kun, es-tu plus du genre à écouter les rumeurs ou à les créer ? "

Hatsuharu passa une main sur son visage pour gratter un peu de la boue qui démangeait. Le mieux aurait été d'aller prendre sa douche mais pour une fois que le professeur O'leary lui accordait de l'attention en dehors des cours, il ne voulait pas y mettre un terme trop tôt. Il se demanda à quoi il pouvait bien ressemblait en ce moment, pas terrible sûrement. Il sortit de ses pensées en entendant l'homme rire, un rire chaud et bas qu'il trouva sensuel au possible. Le fait qu'il ait lui même déclenché ce rire le rendit stupidement heureux. Apparemment les différentes hypothèses avaient eut l'art d'amuser l'enseignant. Mais pour autant il ne dit pas la vérité à Hatsuharu. C'était une déception mais sommes toutes mineurs puisqu'il ne s'attendait pas vraiment à des révélations fracassantes. Et puis c'était amusant d'écouter et d'imaginer O'leary avait raison.

« Un article dans le journal ? Je ne crois pas que qui que ce soit ose. »

N'était-il pas un peu maladroit en disant ça avec son regard chafouin et son sourire ironique. Mais franchement il n'imaginait pas un élève assez courageux pour s'amuser à écrire des choses sur le professeur de math dans le journal de l'école sans son consentement. On ne l'avait pas vraiment vu contrarié en classe ou en dehors mais ses colères devaient sûrement être aussi rouges que ses cheveux. En tout cas c'était l'opinion bien arrêtée de Haru.

« Cependant si une telle chose avait lieu, l'article serait très prisé par vos élèves.  Vous êtes une grande source d'imagination»

Et s'il y avait une photo en plus nul doute que le jeune homme la découperait pour la mettre dans le tiroir de son bureau même si cette idée le révulsait. Il savait qu'il ne pourrait pas résister à la tentation. Il en était là de ses réflexions lorsqu'un groupe de ses camarades passa à leurs côtés. Il les regarda d'un air furibond tandis qu'il lui volait l'attention de l'enseignant. Il s'était plu à croire pendant quelques secondes qu'il était privilégié, qu'il avait quelque chose de spécial qui avait attiré son attention. Mais non il offrait son beau sourire à n'importe qui. Un perdant en plus ! Parce qu'il faut bien l'avoué l'élève qui était soutenu avait était nul. Franchement il aurait du s'abstenir de participer, il n'aurait pas handicapé son équipe. Il n'était pas très juste là mais il n'en avait cure, il voulait que l'attention du professeur O'leary lui revienne mais comment. Il bu une gorgée de coca pour se calmer et se désaltérer. Se rappelant qu'il était le seul à avoir bénéficié de se traitement de faveur. Il n'eut pas besoin de se torturer d'avantage sur ce qu'il pourrait dire que l'enseignant relançait de lui même la conversation.
Les rumeurs... Il regarda ses baskets, que répondre ? Parfois il en lançait comme celle de l'école de bonnes sœurs, après tant d'heures à épier son professeur il avait vu la petite croix et en était resté très surpris, alors un jour pour s'amuser il avait lancé cette boutade et elle avait était reprise.

« J'aime à les entendre... Elle sont souvent très pittoresques. »

En fait il adorait écouter les rumeurs et si quelqu'un savait les lancer comme personne c'était Aedan, il avait une imagination sans borne pour ça. Haru l'aimait bien quelque part. Dommage qu'il soit homo. Pas comme lui, lui c'était juste passager, une erreur de jugement qui passerait il en était certain.

"En fait ce qui intéresse certains élèves en ce moment..." Et par là il aurait fallut cmprendre, lui. "C'est pourquoi avec votre niveau vous enseignez ici et pas dans une université. Les élèves seraient meilleurs, ce serait donc moins ennuyeux pour vous. plus stimulant"

Bon là c'était peut-être un peu osé mais il se souvenait de cette conversation qu'il avait eut avec Kantaro sempai et qui n'avait pas eut de vraie conclusion puisque ni l'un ni l'autre navait la réponse.

Des rumeurs si diverses et variées qu'on aurait pu en tirer un roman. Au moins étaient-elles toutes aussi éloignées de la réalité que possible ou tellement romancées – version agent secret par exemple – qu'elles ne pouvaient être que l'oeuvre de fantasmes de midinettes en chaleur.
Les expressions diverses se succcédaient et ne se ressemblaient pas sur le visage de l'adolescent. Si les émotions du jeune japonais étaient plutôt discrètes – il ne faisait pas bon de se montrer ouvertement émotif au pays du soleil levant – l'américain réussissait à lire sans trop de difficultés ces ados souvent déroutés par l'étranger qui leur servait d'enseignant. Et la brève colère du gamin n'était pas due à l'idée que ses cours étaient bien trop durs pour son niveau.

" Je ne vais pas rester très longtemps au Japon, c'était donc plus simple d'enseigner au lycée qu'en université."

C'était presque la vérité. Postuler pour un lycée – en 1er lieu de seconde zone, avant de se retrouver dans un lycée plus prestigieux mais encore suffisament récent pour accepter un personnel un peu différent – avait été moins fastidieux et moins risqué pour lui vu les motifs de sa venue. Certes, il aurait pu chercher des universités paumées dans le fin fond des banlieues de Tokyo, mais le côté forcément plus international à ce niveau des études avait été un risque qu'il avait mis de côté : s'il venait au Japon pour s'enterrer, autant le faire en bonne et dûe forme.

" Et je pense que tu vas au delà de grandes désillusions si tu t'imagines qu'entre le monde du lycée et le monde de l'université existe un barrage magique qui fait que les étudiants de plus haut niveau sont forcément doués, travailleurs et attentifs. Pour y avoir été..." L'ex-agent laissa sa phrase lui échapper sur quelques points de suspension et un sourire de chat qui en disait plus long que bien des discours.

Ce qui ne valait même pas la peine d'être dit à un ado encore plein de promesses, c'est que les étudiants d'université étaient parfois même pire tant qu'on arrivait pas aux plus hauts niveaux : juste avant, ils étaient assez âgés pour avoir des opinions, les affirmer haut et fort en restant persuadés que les profs étaient des vieux cons rétrogrades sans imagination. Certes, au Japon, les choses devaient être différentes, du moins dans les universités les plus côtés. Après, ailleurs...
Bon ok, ils étaient peut-être tous identiques et parfaitement chiants. Il n'aurait su dire s'il s'agissait d'une bénédiction ou d'une malédiction pour les enseignants.

Avec un dernier sourire amusé, Cat tendit le bras et donna une tape virile sur l'épaule du jeune homme – sans frapper fort outre-mesure, respectant tout de même le gabarit japonais qui n'était pas fait pour se confronter à celui d'un américain.

" Allez, va te doucher Hashimoto-kun, tes camarades vont finir par croire que tu tentes de me soudoyer pour avoir les sujets des prochains devoirs."