Un séisme ça laissait des traces. Le lycée avait été à peu près épargné –malgré quelques fissures en plus et quelques briques en moins- mais Nathan, lui, n’avait pas eu cette même chance. Il ne s’était pas blessé, du moins, pas physiquement. Moralement, il était au plus bas, sans réellement savoir pourquoi. La panique qu’il avait ressentait lors du séisme était explicable, mais le fait que notre jeune homme vivait, depuis, dans la peur d’une récidive plus forte, ne l’était pas. Si bien que Nathan s’était retiré. Evitant au maximum de parler aux autres pour ne pas montrer sa faiblesse face à l’évènement qui se voulait être ‘banal’.

Oui, il était français, oui il n’était pas sensé savoir ce que ça faisait que de vivre un tel ‘drame’. Mais ses camarades n’étaient pas compréhensifs à ce sujet. Ils se moquaient de lui, il devait la risée du lycée. On lui avait collé l’étiquette de « celui qui a peur de tout et pour un rien » et « celui qui panique même devant les bisounours ». Dans les couloirs, tout le monde se retournait sur son passage et le pointait du doigt.

Mais ce que Nathan ne savait pas c’était que tout cela se passait dans sa tête. Finalement, le séisme ne changeait en rien la relation de ses camarades de classe avec lui. Il était autant ignoré et autant apprécié qu’avant. Ses amis étaient restés ses amis, ses ennemis étaient restés ses ennemis. La hiérarchie de la classe n’avait pas changé. Mais n’était-ce pas là, quelque chose de courant qui survient après un traumatisme ? N’avait-on pas l’impression que personne ne nous comprends, que tout le monde s’est ligué contre soit ?

Après es cours, Nathan allait, sans détour, se cloitrer dans sa chambre. Mais aujourd’hui, deux semaines après le séisme, Nathan n’avait plus envie de rester enfermé dans sa chambre. Il avait envie de sortir, tenter de se mêler à nouveau à la foule. Alors, enlevant son uniforme, il attrapa un jeans, un sweat-shirt, une écharpe, son porte feuille et sa veste, avant de sortir dans le couloir. Il ferma la porte à clef et se dirigea d’un pas rapide, regard rivé sur le sol pour ne pas avoir à croiser le regard des autres, vers la sortie.

Un vent frais l’accueilli et le fit frissonner. Prenant une profonde inspiration, enfouillant ses mains dans ses poches, il descendit les quelques marches puis emprunta le chemin à travers le parc pour finalement sortir de l’enceinte du lycée. Il prit ensuite à gauche et se dirigea vers l’arrêt de bus. Sans réellement savoir pourquoi, Nathan avait envie d’aller au centre commercial. Et, qu’il en avait décidé ainsi, était une bonne chose.

Arrivé à ce même arrêt de bus, notre jeune homme s’immobilisa devant un inconnu … qui finalement n’était pas si inconnu que ça. Devant lui se trouvait Nowaki Saito. Celui qui, avec Takada-sensei s’était occupé de lui et l’avait rassuré le jour même du séisme. Depuis, ils n’avaient que fait de se croisé mais Nowaki se prenait toujours le temps pour demander de ses nouvelles. Ce jeune homme était, finalement, le seul qui ne s’était pas ligué avec les autres contre lui. Le seul qui semblait avoir un peu plus d’intelligence que les autres.

« Salut » souffla-t-il en se plaçant à côté de lui dans l’abri bus, histoire de se protéger un peu du vent.

Les mains dans les poches, la tête entrée dans les épaules, le regard rivé au sol, Nathan n’en dit pas plus. A vrai dire, il ne savait pas quoi dire. Peut-être que, ce qu’il dirait n’allait pas convenir à Nowaki et il décidera que, finalement, il ne voulait plus rien savoir de Nathan. Alors, silencieux, perdu dans ses pensées, notre jeune homme observa les mégots qui trainaient par terre.

Perdu dans sa "fumerie", Nowaki ne percuta pas de suite qu'on lui parlait, puis revenant sur terre il aperçut un garçon à côté de lui. Il sourit quand il reconnut Nathan Scott, le jeune homme du séisme. Il sourit encore plus parce qu'il était content de le voir à l'extérieur du lycée. ces derniers temps chaque fois qu'il croisait Nathan il le voyait foncer dans le couloir direction la chambre et plus rien. Là il était à l'extérieur, donc motivé à prendre l'air. Nowaki se tourna légèrement histoire de le regarder plus ou moins de face et lui répondit :

"Salut Scott-kun, ça me fait plaisir de te voir à l'extérieur...je présume que tu vas faire un tour en ville. En tout cas c'est bien que tu prennes un peu l'air." Nathan fixait toujours le sol, alors Nowaki reprit :

"De mon côté je vais au centre commercial faire quelques emplettes, alors...je sais pas...mais si tu n'as pas de projet défini et que tu veux pas rester tout seul je...enfin...ça me plairait bien que tu m'accompagnes quoi...."

Il rougit légèrement en disant cela. Il n'avait pas l'habitude d'inviter les gens comme ça, mais voir Nathan tout seul l'inquiétait un peu. Il se demandait si la peur du séisme avait vraiment disparu ou si elle continuait à le poursuivre. Surtout vu le peu de paroles échangées depuis, en fait Nowaki n'avait jamais eu le courage de lui parler directement, genre l'attraper au vol dans le couloir pour lui parler quoi. Mais, aujourd'hui, la chance était de son côté et il décida de s'en saisir. Maintenant il espérait ne pas être rejeté par le jeune homme. Il comprendrait mais quand même cela le vexerait un peu. Et puis surtout il deviendrait rouge pivoine. Il écrasa sa clope, regarda sa montre, et décida d'en allumer une autre. Le vent lui jouait des tours et la fumée allait, de temps en temps, sur Nathan. Même s'ils étaient dehors, Nowaki jugea bon de s'excuser :

"Pardon pour la fumée, le vent tourne et y'a pas moyen une fois sur deux ça te revient dessus..."

Il fit un grand sourire au garçon qui, enfin, le regardait. Ce regard, c'était ça qui l'avait attiré la première fois. Ces yeux bleus, pas froids mais...il ne trouvait pas le mot juste. Et le visage aussi, fermé mais en même temps pas tant que ça. Nowaki réalisait qu'en fait ce garçon semblait bien mystérieux mais il sentait aussi qu'il ne demandait qu'à être découvert. C'était le sentiment que notre ami avait. Se trompait-il...?

Heureusement que Nowaki était du genre bavard, sinon l´attente du bus serait sans aucun doute bien plus longue. Lorsqu´le rônin prit la parole, notre jeune homme lui lança un furtif coup d´œil avant de rabaisser le regard. "Te voir à l´extérieur", "c´est bien que tu prennes l´air". Dieu comment ça donnait un air de psychiatrie au lycée. Remarquant que Nathan semblait décider à ne pas répondre, Nowaki enchaine, sans plus hésiter. Ce qu´il dit raviva la curiosité de notre français qui releva le regarde, observant avec plus d´insistance, le jeune homme.

Était-ils sincère dans ses propose? Voulait- il sérieusement que Nathan l´accompagne au centre commercial? Bien que même avec plus d´insistance, notre jeune homme ne parvint pas à trouver une once de foutage de gueule sur le visage de son camarade, il hésitait. Pouvait- il vraiment accompagner Nowaki au centre commercial? Et si ce jeune homme ne lui avait demandé ça que par pure politesse, parce que Nathan passait simplement par là? Oh et puis`, à quoi bon se morfondre? S´il ne voulait pas de lui, il ne lui aurait sans doute jamais proposé de l´accompagner. Et puis, Nathan n´avait rien à faire, pourquoi ne pas saisir cette occasion? Alors, souriant doucement et secouant légèrement la tête à la déclaration de Nowaki par rapport à fumé, Nathan haussa les épaules.

"Je ne pense pas pouvoir refuser une si gentille proposition" dit-il avec un brin d´amusement dans sa voix avant d´hocher la tête "je t´accompagnerais avec plaisir ... a condition que ça ne te dérange vraiment pas"

Malgré tout, malgré le fait qu´il savait -ou pensait- Nowaki sincère dans ses propos, il n´avait pas pu s´empêcher d´ajouter cette dernière phrase. Si son camarade ne voulait, finalement, pas de la compagnie du plus jeune, il lui laissa ainsi une chance pour le rejeter maintenant. Nathan le comprendrait et ne serait sans doute pas tellement vexé.

Etirant un peu plus les commissures de ses lèvres en un sourire légèrement plus grand et sincère, Nathan remit son écharpe en place et ferma sa veste jusqu´en haut.

"Le temps s´est vraiment rafraichit je trouve ... " dit-il doucement, comme pour lui même.

Nowaki devait être la personne la plus adorable que Nathan connaissait. Du moins, ici, au Japon. Peu de gens avait proposé des sorties improvisées à notre jeune homme. Même s’il ne s’en était jamais plain. Enfin. Souriant simplement à la re-confirmation de la part de son camarade, notre jeune homme monta derrière lui dans le bus et le suivit jusqu’à une place reculé. S’installant, Nowaki reprit la parole, lui posant maintenant une question un peu plus personnelle. Avec une autre personne, Nathan se serait sans doute braqué, son mal du pays était bien plus fort ces derniers temps. Mais, pour faire plaisir à Nowaki, notre jeune homme afficha un sourire.

« Effectivement, je suis né et j’ai grandi à Paris » avoua-t-il en hochant la tête, avant de tourner son regard vers son interlocuteur « Et la France est incomparable au Japon. » Reprit-il un peu plus sérieusement en reportant son regard vers l’avant du bus « Je veux dire, tout est différent. En France on a des choses qu’on n’a pas au Japon et vise versa. Les coutumes, les habitudes, le manger, tout y est différent. Même la façon de pensée ou la manière de rouler » Il ne pût s’empêcher de sourire, amusé « Mais les deux pays ont leur propre charme. Le Japon m’a toujours fasciné enfaite. » Nathan lança à nouveau un coup d’œil à Nowaki qui l’observait « Ma mère est Japonaise et mon père est Français et …. »

Il se mordit sur la lèvre, déviant à nouveau le regard. Il n’allait tout de même pas dire à Nowaki que s’il était, là, maintenant, au Japon, c’était parce qu’il avait été renié par ses parents, non ? De toute manière, ça n’intéresserait pas son ami. Alors, secouant doucement la tête suite au regard interrogateur du jeune homme, notre Français reprit la parole.

« Enfin, bref. Le Japon tout comme la France a ses qualités et ses défauts. Je pourrais te faire un long discours là-dessus, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus intéressant » Nathan eu un petit rire nerveux, tandis qu’il jouait avec sa fermeture éclaire « et … hm … toi sinon ? » reprit-il en relevant son regard vers Nowaki « Tu viens d’où exactement ? Tu as toujours vécu au Japon, non ? »

Nowaki écoutait Nathan, se demandant si un jour il verrait ce pays. Ce serait sympa d'aller y faire un tour. Quand Nathan pointa la différence de la manière de rouler, Nowaki sourit aussi. Oui, on roule pas du même côté, c'est vrai que ça doit faire bizarre. Puis, continuant de l'écouter, il le regarda un instant quand le garçon laissa sa phrase en suspend. Nathan venait de parler de ses parents mais ne semblait pas motivé à développer. Nowaki se dit qu'il devait avoir une histoire de famille un peu compliqué, comme tant d'autres. Comme lui. Puis très logiquement Nathan retourna la conversation sur Nowaki. Le jeune rônin le fixa et dit :

"Et bien...oui j'ai toujours vécu au Japon. Je n'ai pas eu la chance de voir d'autres pays mais ça viendra. Sinon, je suis né à Osaka, j'ai grandi là-bas et j'y ai vécu pas mal de temps, avant de déménager pour Tokyo."

Il baissa les yeux pour empêcher une larme de couler. Dès qu'il repensait à cette période et au décès de sa mère, ses sentiments devenaient envahissants et il n'arrivait pas à retenir ses larmes. Elle avait tellement souffert. Il secoua la tête et reprit :

"Et une fois à Tokyo, j'ai surtout travaillé et puis un jour, il m'a prit l'envie de reprendre les cours pour...je sais pas...pour finir ma vie d'étudiant peut-être...va savoir. Mais bon, voilà c'est comme ça que je suis arrivé ici. C'est un petit résumé car la version longue serait très longue."

En fait, il ne voulait pas développer. Premièrement, parce qu'il ne connaissait pas encore bien Nathan, et deuxièmement parce qu'il ne voulait pas parler de ça. Il regarda sa montre. Ils auraient le temps de faire pas mal de choses avant midi, il sourit. Puis, se tournant vers Nathan il changea de sujet :

"Alors, des idées de ce que tu vas acheter aujourd'hui ou juste envie de faire un tour ?"

Nathan semblait ne pas vouloir développer sur sa famille, et Nono non plus donc autant changer de sujet direct. Il adressa un sourire à Nathan. Il l'aurait regardé encore longtemps si un klaxon dehors ne l'avait pas réveillé...Il rougit et regarda ailleurs.

Evidement que Nathan avait remarqué que Nowaki s’était attardé sur son visage. Evidement qu’il avait remarqué la légère rougeur sur ses joues lorsqu’il s’était détourné. Mais cela n’avait pas d’importance pour le moment. Ce qui était important, maintenant, c’était la curiosité que de notre jeune homme, aiguisé par Nowaki. A croire qu’ils se ressemblaient plus qu’ils ne le pensaient réellement car aucun d’eux ne donnait l’impression de vouloir parler de leur passé. Mais ce n’était pas un souci, bien au contraire. Ils n’étaient pas proches au point de tout s’avouer. Aussi, Nowaki ne rentrait-il pas dans les détails, se contentant de donner les plus simples explications à notre jeune homme. Ce dernier, souriant, l’écoutant avec une certaine attention et hocha la tête.

Puis, tout changea. Nathan eu un léger temps de flottement lorsque Nowaki lui demanda s’il savait déjà quoi acheté. Nouveau sujet. Sans transition aucune. C’était assez déconcertant. Mais plaisant. Ce n’était en aucun cas Nathan qui allait s’en plaindre. Soit.

Haussant les épaules, il s’apprêta à répondre, lorsqu’il se senti propulsé vers l’avant. De justesse, il parvint à se rattraper au siège devant lui, pour ne pas se fracasser la mâchoire contre le dossier dur. Grimaçant légèrement et se frottant le poignet en se redressant, Nathan dévia le regard vers l’avant.

« Je sens qu’on en aura encore pour un bon moment …. » soupira-t-il en s’adossant à nouveau contre dossier.

Effectivement, ils venaient d’être pris dans un sacré bouchon. Bloqué là, en plein milieux de la chaussé, sans aucune chance d’échappatoire –ni vers l’avant, ni vers l’arrière et encore moins sur les côtés- ils allaient devoir prendre leur mal en patience.

« On est souvent plus rapide à pied qu’en voiture ou bus, surtout à Tokyo » dit-il en secouant doucement la tête avant d’hausser les épaules « enfin, au moins on est chaud ici » sourit-il avant de regardé Nowaki « et pour tout te dire, je n’étais pas parti dans le but d’acheter quelque chose de précis, mais si je trouve une veste un peu plus chaude je ne serait pas triste, bien au contraire … »

Leurs regards se croisèrent et ils se fixèrent pendant quelques instants qui semblèrent durer une éternité. Puis, ils se ressaisirent en même temps. Toussotant et souriant nerveusement, Nathan dévia le regard vers la gauche, dans le couloir,, tendis que Nowaki reporta son attention sur la fenêtre. Prenant une profonde inspiration, Nathan reprit la parole, ben décidé de ne pas laisser la chance à un silence oppressant de s’installer.

« Et toi alors ? Tu es parti pour t’acheter un truc en particulier ? » Osa-t-il avant de reporter son regard vers son camarade « et … une fois au centre commercial on pourra boire un café. Je connais un endroit qui en font des vraiment bons. Enfin … si ça te dit, hein … ? »

Au moment où Nathan allait lui répondre, le bus freina et tout comme son compagnon, Nowaki fut propulsé en avant. Il se rattrapa lui aussi mais il vit que Nathan se frotta le poignet et voulu lui demander si tout allait bien mais, étant donné que Nathan reprit la parole, Nowaki décida de ne rien dire. Il ne voulait pas non plus se montrer trop envahissant. Lui demander si tout allait ne ferait que le mettre mal à l'aise. Ce garçon semblait ne pas être un fan des petites attentions. Nowaki sourit pour lui-même en entendant la remarque du jeune homme. Oui, visiblement la route était bien encombrée.

Nowaki écoutait Nathan et quand leurs regards se croisèrent, l'envie de tourner la tête n'effleura pas le rônin. Il aurait pu regarder son kôhai pendant une bonne heure, mais sentant le malaise monter, il toussota aussi pour reprendre une certaine contenance. Tournant la tête vers la fenêtre, il entendit Nathan lui proposer un truc qui le fit sourire et il tourna immédiatement le regard vers le jeune homme :

"Un café ? En voilà une bonne idée, un café bien chaud je suis preneur et plutôt deux fois qu'une. Ah et euh...sinon j'étais parti pour faire des achats jeux vidéos. Mais se poser dans un café quand on arrive me parait être un bon plan et puis comme ça on pourra discuter un peu plus au calme."

Le brouhaha des gens dans le bus se faisait de plus en plus intense. Embouteillages, donc discussions sur la voirie et l'accès aux bus etc...etc...Que de bruit pour rien au final, puisque au bout de cinq-six minutes, le bus reprit sa route. Certes, le centre commercial était à encore bien dix minutes de route mais au moins ils avançaient.

"On repart, c'est déjà pas mal. A mon avis, nous y serons dans quoi...*regarde sa montre* une bonne dizaine de minutes environ...Alors il est où cet endroit pour un bon café ? Si ça se trouve je connais."

Il remit son sac comme il faut sur ses jambes et reporta à nouveau son regard sur le garçon. Nowaki allait souvent au centre commercial, fût un temps, du coup il se demandait à quel café pensait Nathan. Le rônin avait vécu une mauvaise expérience dans l'un d'eux. Heureusement que les endroits pour boire un coup sont nombreux dans le centre.

Confiné dans un bus prit au piège dans un embouteillage. C’était le genre de situation que notre jeune français abhorrait le plus. Depuis le séisme, il ressentait comme un malaise lorsqu’il était dans un endroit clos, sans échappatoires possibles. Ça s’appelait la claustrophobie, non ? Sauf que notre jeune homme n’aimait pas ce moment. Ça sonnait trop comme une maladie. Or, il n’était pas malade. C’était juste qu’il n’aime pas se sentir enfermer. Il pouvait se passer tellement de choses. L’homme au chapeau, assit là-bas, pouvait avoir une arme dans son sac et la dégainer à tout moment. La femme là-bas pouvait avoir un couteau à sa ceinture et pouvait se tuer devant les yeux des passagers. Le chauffeur pouvait sortir du bus et les laisser là, enfermer dans cette boite de métal.

Plus l’esprit de Nathan divaguait sur ces choses paranoïaques, plus il se sentait mal. Son cœur se mit à battre plus fort et plus rapidement, ses mains étaient devenues moites et sa respiration plus saccadé. Déglutissant, il se garda bien de regarder Nowaki qui ne devait en aucun cas remarquer son malaise. Il le prendrait pour une mauviette. Alors, espérance en vain de ne rien se laisser paraître, il garda son regard fixé sur la route. Ça n’avançait toujours pas. Ça n’allait plus avancer.

Mais, au bout de seulement 5 minutes –temps qui lui semblait durer une éternité- le bus redémarra. Tout d’abord lentement, puis de plus en plus vite. La circulation se fît moins dense et ils purent rouler à une vitesse convenable. Fermant les yeux, Nathan expira lentement l’air emmagasiné dans ses poumons puis s’efforça de garder une respiration lente et régulière afin de se calmer. Ce fût la voix de Nowaki qui l’obligea à rouvrir les yeux. Se tournant vers le jeune homme, notre francophone l’écouta avec attention puis haussa doucement les épaules.

« Je ne connais plus le nom du café … » s’excusa-t-il d’une voix hésitante « je crois que … que c’est un truc du genre ‘sweety’s’ enfin, un nom étranger »

Il laissa Nowaki réagir à sa manière puis laissa le silence retomber entre eux. Le reste du trajet se fît donc en silence. Nathan réussit tant bien que mal à réguler les battements de son cœur et fût on ne peut plus content lorsque le bus stoppa devant le centre commercial. Se hattant de sortir, il laissa le pauvre Nowaki en retrait. Mais, ignorant son impolitesse, Nathan sortit du bus, fît quelques pas pour fuir le véhicule et prit une grande bouffé d’aire, puis une deuxième. Son camarade le rejoignit, tandis qu’il expirait doucement. Lui faisant un mince sourire, Nathan prit un air désolé.

« Désolé de ne pas t’avoir attendu … » s’excusa-t-il, engouffrant ses mains dans ses poches avant de désigner le centre commercial d’un coup de tête « On y va ? » A l’approbation du rônin, Nathan se dirigea vers l’entrée du bâtiment « Hm, Nowaki ? Je propose qu’on fasse d’abord ce que tu avais l’attention de faire. D’accord ? On pourra se poser ensuite » Il leva le regard vers le ciel et cligna furtivement des yeux « Ils ont annoncé de la neige pour bientôt … ? »

Cette dernière question était plus une question pour lui-même qu’autre chose. Mais soit.

Nowaki sentait que quelque chose n'allait pas avec Nathan. Il semblait stressé, tendu. Surtout depuis que le bus s'était arrêté. Mais quand ce dernier redémarra et qu'il vit Nathan se reprendre, il comprit : une espèce de peur d'être coincé dans un endroit fermé, présuma-t-il. Nowaki ne releva pas, bien au contraire il continua comme si de rien n'était. Relever le problème n'aurait fait que mettre Nathan encore plus mal à l'aise. Quand il entendit le nom du café il réfléchit un instant puis secoua la tête. Non en fait il ne connaissait pas. Peut-être de nom mais jamais il ne s'y était arrêté.

Enfin arrivés devant le centre commercial, Nathan sortit en courant du bus, ou presque. Nowaki lui suivit le flot de gens tranquillement et rejoignit le jeune homme dehors. Ce dernier s'excusa et Nowaki sourit, lui faisant comprendre que de toute façon il avait bien comprit qu'être enfermé là dedans ne lui plaisait pas du tout. Mais pas de souci vu que Nathan l'avait attendu à l'extérieur donc tout allait bien.

Puis, comme il commençait à avancer, Nathan l'interpella en lui proposant de faire d'abord les quelques achats prévus et de se poser ensuite. Nowaki le regarda en souriant :

"Aucun souci, au contraire c'est une bonne idée comme ça pendant qu'on boira notre petit coup je pourrais déballer et étudier tous les petits trucs que je vais acheter. Alors en gros j'ai prévu de m'acheter un ou deux jeux vidéos, un ou deux albums de musique, j'écoute la même chose depuis trop longtemps et peut-être quelques fringues si je me sens..."

Puis il leva les yeux à son tour et se dit que oui peut-être bien qu'il allait neiger...Mais là tout de suite, ce qui le frappa c'était le fait qu'il le regardait presque fixement : les yeux vers le ciel et la luminosité faisait que cette image aurait mérité d'être immortalisée, Nowaki venait de craquer un peu plus sur ce garçon remplit de mystères. Il se ressaisit et dit :

"Alors go !"

Dans son élan, il faillit lui prendre la main pour le tirer derrière lui mais s'arrêta tout net, réalisant que ça ne plairait certainement pas au jeune homme...Il lui sourit à la place et se mit en marche.

Heureusement, Nowaki ne semblai pas lui en vouloir d’avoir quitté le bus aussi rapidement. Au contraire, Nathan avait l’impression que le jeune homme était plus motivé que jamais de passer du temps avec lui. Alors, souriant doucement, il hoche la tête et se mit en route. Tout en marchant à ses côtés, notre jeune français se remémora rapidement ses paroles.

« Des jeux vidéo et de la musique donc ? » demanda-t-il en poussant la porte, la gardant ouverte pour son ami « quoi comme jeu ? Et t’écoute quoi comme mu … »

Il ne pût en dire plus car son regard venait de tomber sur un magasin de musique et, plus précisément, sur les violons exposé sur dans la vitrine. Attiré comme un aimant, Nathan s’approcha du magasin et observa, émerveillé, les instruments. Pendant de longs instants son regard passa des guitares aux violons, puis des basses aux batteries avant de revenir aux violons …. Et que Nathan ne se rende compte que Nowaki venait de le rejoindre.

« Oh, pardon … » s’excusa-t-il en se reculant, se détournant de la vitrine vers son ami « désolé. Les magasins de musiques ont un … certain pouvoir, sur moi » souriant nerveusement, il se passa une main dans les cheveux, déviant le regard « Enfin … il … il est où ce magasin où tu voulais aller ? »

Nowaki n’était surement pas le genre d’homme qui aimait passer des heures dans un magasin de musique. La plupart trouvait ça intéressant, mais seulement 5 minutes. Au bout de 10 minutes, il trouverait ça ennuyeux. Nathan n’allait donc pas lui infliger ce calvaire. Il s’avança donc et reparti dans la direction opposé, en espérant que Nowaki comprenne où il voulait en venir et le suive