Ginkgo Gakuen
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Le lycée sous le signe de l'arbre aux 1000 écus
 
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 Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]

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MessageSujet: Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]   Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')] EmptyDim 15 Fév - 12:11

  • Rien. Plus rien. Le Néant total. Trois mois. Trois mois de vide intersidéral. Il avait disparu depuis trois mois, jour pour jour. Il avait fui, le salaud. Fui la réalité, l'évidence même. Erwann ne supportait pas la compagnie de Sharwyn. Comment avait elle pu ? Nan mais comment avait elle pu le laisser s'en aller ? Il faut dire, elle n'avait pas réellement été en état de faire quoi que ce soit. Il avait disparu du jour au lendemain, elle ne l'avait plus vu en ville. Un jour, elle avait crû l'apercevoir au coin d'une rue, et s'était mise à courir. Son pied avait heurté le trottoir, elle avait chuté. Résultat, traumatisée. Ouais. Traumatisme crânien dû à sa chute sur le sol. Dans le vide, ouais. Une chute éternelle, qui n'en finissait pas. Mais quand toucherait elle le fond, merde .. Peut être l'avait elle déjà touché, mais, morte, et donc ne ressentant plus rien, elle n'avait pas réalisé qu'elle était déjà descendue bien plus bas que terre. En tout cas, depuis le temps, elle n'avait cessé de se sentir ballottée en tous sens, soit par le vent, soit par les infirmiers et les psychologues. Heureusement qu'elle avait réussi à cacher sa véritable douleur, la plus grosse, au fond d'elle même. Au bout d'une semaine, elle fut sur pieds, et prête à sortir de l'établissement. Elle en pouvait plus de tout ça, de ces murs blancs, ces infirmiers impitoyables, ces piqures .. Se sentir faible humiliée, rabaissée .. Elle en avait vite eu assez. Pourtant ..

    Une autre partie d'elle lui avait intimé de rester. Si elle se tordait de douleur, on lui administrerait encore l'anti douleur .. Ce qu'elle pouvait aimer ça .. Plus moyen de bouger, plus moyen de penser .. Plus moyen de souffrir .. Juste rester immobile, allongé, dans un état de béatitude effarant. Elle adorait cela. Oublier. L'Oublier, Lui. Lui et son sourire narquois. Lui et son regard chaud. Lui, sa peau brûlante, ses lèvres pincées. Lui. Le salaud. Comment avait il osé ? La question ne cessait de tourmenter la belle. Mais la pire, celle qui s'immiscait dans l'esprit de la jeune femme à longueur de temps, tenait en un mot. Pourquoi. Oui, pourquoi ? Ca, l'ordure ne le lui dirait sans doute jamais. Ca, elle devrait vivre avec sans pouvoir y trouver jamais une réponse plausible. Il était le Diable. Point basta.

    Voila deux mois que la belle errait dans les rues de la ville. Son incapacité de retourner à l'école lui avait fait perdre sa chambre dans le pensionnat momentanément, et sans un sou, elle dut se résigner à squatter non loin des quartiers chauds, dans un sous sol miteux, seconde planque de son gang.

    Parlons du médicament en question. Elle y avait regouté il y a de cela un mois et demi. Depuis, impossible de s'en passer. L'état second dans lequel le produit la mettait était divin. On ne sentait, ne ressentait plus rien. Ses yeux n'étaient plus gonflés et rouges de larmes. Ils étaient cernés de son travail répété, et de ses insomnies quand elle n'avait pas l'argent nécessaire à sa came.

    Depuis lors, elle était plongée dedans jusqu'au cou. Même ses ennuis passés, Natsuo, Ichigo, tout le reste, tout cela resta ancré au plus profond d'elle même, mais bien caché sous une masse d'antalgiques. Car quand le liquide de rêve se faisait manquer, elle se procurait des médicaments ayant le même effet, à l'hopital. C'était si bon. Ne rien ressentir. Pas même le froid, qui assaillait en ce moment les corps frêles des Japonais. Ni le Soleil qui se dressait, au Zénith, quelquefois chaud, malgré les baisses de température. Elle ne pensait même plus à Erwann, ou presque plus. Les antalgiques ne lui servaient plus à oublier, vu que cela était déjà en partie fait. Juste à ne pas prendre le risque de ressentir la douleur à nouveau. C'est ce qu'elle craignait le plus. Souffrir. C'était une chose qu'elle ne voulait jamais revivre. Quand elle y repensait ..

    Ses sanglots étaient entrecoupés de spasmes violents, elle n'arrivait même plus à respirer. Asphyxiée par le poids d'un coeur trop lourd et détruit, elle sentit la crise cardiaque poindre. Les membres se contractent, les crampes se succèdent .. Le sang ne passe plus. L'air non plus. On meurt, ainsi, dans d'atroces souffrances. On voit les pires moments de sa vie défiler sous ses yeux. On pense à toutes les choses que l'on aurait dû faire avant de mourir. On aimerait tendre le bras, ouvrir ses poumons. Impossible. Un poids au coté gauche de nôtre flanc nous en empêche. On aimerait avoir un couteau, le planter en plein dans ce cœur qui implose, non pour mourir, mais pour abréger ces souffrances insupportables, pour ouvrir à vif le poumon, qu'il se remplisse d'air au contact de ce dernier. Si cela était faisable, tout serait si facile .. Et lorsque l'on ferme les yeux, qu'on ne sent plus rien .. On ne cherche plus à revenir de l'Autre Monde. On est bien là bas. Comme shooté en permanence. Mais les stimulis et tests répétés des médecins te forcent à te résigner à comater. Tu dois te réveiller. Quelque chose t'y pousse. Tu en as la force. Tu n'as plus envie de mourir. Tu veux tuer d'abord.

    Et Sharwyn voulait tuer d'abord. Ce sentiment acre et amer de vengeance envahissait sa bouche, juste avant qu'elle s'injecte le liquide incolore qui lui rendait la vie plus douce. Elle plongeait dans un monde doucereux, onctueux, se blottissait contre un nuage cotonneux, s'y pelotonnait, n'avait pas froid, et pouvait rester ainsi à admirer la vue, les hallucinations qui s'offraient à elle, ébahie par tant de clarté et de beauté, ne voulant plus jamais quitter ce monde magnifique qu'était le paradis momentané qu'offrait la drogue. Tout était si beau si doux. On aimerait ne jamais le quitter. Alors, quand l'envie s'en fait trop sentir, on ferait tout pour retourner dans l'Autre Monde. Le monde du semi coma, le monde tout blanc et tout doux .. Celui dans lequel tu ne peux pas souffrir .. Un monde qui existe .. Mais ça .. Seuls les toxicos le savent ..

    Sharwyn vivait dedans à pleins pieds .. Sa vie, en dehors de son médoc, n'était plus vraiment une vie. Telle une âme en peine, elle errait dans les rues grisâtres, détestant à chaque fois un paysage plus qu'un autre, faisant des comparaisons et des allusions idiotes à son magnifique monde à elle. Elle ne parlait à personne. Elle avait tout simplement perdu le sens de toute parole. A quoi bon parler ? Parler faisait mal. Même sa gorge était d'accord avec elle. Sêche, peu habituée à prononcer les sons depuis trois mois, il était hors de question qu'il en soit autrement ce jour là. Et pourtant .. Morphée lui obligeait cela. Elle était en manque. Depuis deux jours qu'elle n'avait pas eu de doses. C'était trop. Elle s'était résignée à sortir pour chercher de l'argent ou des médicaments, où qu'ils soient.

    Vêtue d'un très ample pull en laine, et d'un minishort noir très serré, en coton, elle paraissait en piteux état. Ses cheveux étaient sales, ébouriffés, pas lavés depuis une semaine, relevés en un chignon grossier, et ses cernes énormes rehaussaient son teint déjà terne et cireux. Ses lèvres blêmes, s'accordaient parfaitement avec sa peau de porcelaine. La belle Sharwyn rayonnante et bronzée avait laissé place à un squelette à la beauté étrange et naturelle. Elle n'usait plus d'artifices, aurait pu paraître laide aux yeux des autres, et pourtant .. Quelque chose en elle émanait une beauté et une grâce sans pareille. On ne voyait pas ses mains aux phalanges blanchies par le froid, car les manches de son pull trop grand les cachaient. Ce dernier lui arrivant à mi cuisses, impossible aussi de deviner le minishort présent en dessous. Elle aurait été chômeuse et dans sa baraque qu'elle n'aurait pas été plus présentable. Elle s'en foutait, de toute façon. L'important n'était pas son apparence. C'était ce qu'elle cherchait. On pouvait bien lui faire toutes les réflexions du monde .. Tant que l'antalgique agissait, elle n'entendrait plus rien de tout cela ..

    C'est vagabondant dans le parc de l'école, après son hasardeux retour d'il y a trois jours, qu'elle marchait piteusement sur le trottoir froid, ses pieds nus heurtant parfois un caillou, sans qu'elle ne sente même une once de douleur. Souvent, elle frottait énergiquement de ses mains, ses bras, pour les réchauffer un peu. Son regard presque blanc faisait peur. Elle ne s'en rendait pas compte. Alors, le Monstre, le Rejet de la Société, déambulait sans trop savoir quelle direction prendre, sachant qu'à cette heure, pas la peine de tenter d'aller en ville, toutes les pharmacies étaient fermées ..

    Sans s'en rendre compte, elle marchait près des jolies fontaines du parc. Elle prit le temps encore de blâmer les structures, les lignes trop droites, les pilliers trop hauts, le béton trop dur .. Avant de se retrouver devant un café minuscule, qu'elle connaissait bien. Le gérant, comme chaque soir en la voyant passer, fit sa petite tentative vaine de l'attirer vers lui


    "Eh chérie, viens .. Si tu viens, je te donnerai à manger, tu veux ?"

    Et les vieux garçons autour du bar près de lui se mirent à ricaner et railler la pauvre petite. Cette dernière n'avait même pas entendu la boutade, ô combien douloureuse si elle avait été entendue autrefois. Elle avait passé ce café sans même un regard, sauf peut être celui d'un chien errant, posé sur les tables de marbre lisse, à la recherche de quelconque nourriture .. Voila des jours qu'elle n'avait ressenti la faim, et elle se faisait cruellement sentir en ce moment précis .. Mais rien. Elle n'avait eut droit pour nourriture que le regard appuyé d'un homme au teint aussi pâle que le sien, qui la fixait d'un air froid. Elle fit fi de ce qu'elle vit, et, détournant un regard vide, qui ne cherchait que drogue et quignon de pain, elle disparut au coin de la rue. Ame en peine, Ombre solitaire .. Fille de la Nuit .. Maîtresse de sa Douleur ..

    Elle errait toujours, tristement accoutrée, sans même se soucier de la voiture d'un bleu trop prononcé et foncé, presque noire en ce début de soirée. Ce fut là son erreur. A chaque fois elle se faisait pincer bêtement, parce qu'elle ne captait plus rien du monde alentours. Comme une enfant, elle se plaça sur le rebord du trottoir, là où un surélèvement léger est présent, et, les bras en croix, gesticulant un peu, elle se mit à jouer à l'équilibriste sur un fil invisible, représenté là par le bord du trottoir grisâtre et bétonné. Dans son rêve, c'était un fil, un fil tout blanc, tout doux, illuminé, sur lequel elle marchait. Elle voyait au loin le paysage cotonneux de son monde idyllique .. Elle n'était qu'à quelques pas .. Enfin, elle s'arrêta, béate. Un sourire de gamine survoltée apparut sur son visage d'ange déchu. Son visage était illuminé d'un halo verdâtre. Elle tendit le bras, doucement, pleine d'espoir ..

    Raté. Ils arrivèrent avant qu'elle put ouvrir la porte de la pharmacie ouverte miraculeusement à cette heure avancée de la soirée. Elle sentit des mains fermes et puissantes l'empoigner, sans aucun ménagement, un mètre plus loin. Elle se débattit de toutes ses forces, gémissant comme une gosse qui ferait un caprice, son regard toujours rivé sur l'objet de ses convoitises. Elle voyait toujours de là où elle était, les étals emplis d'antalgiques en tout genre. De quoi la faire rêver pas mal de temps .. Elle voulait ces somnifères .. A tout prix !

    Son coude s'écrasa avec une force qu'on n'aurait imaginé chez une femme de son gabarit, en plein sur le nez d'un des gendarmes. Les autres poussèrent des exclamations, et la plaquèrent au sol violemment. Sharwyn sentit sa joue froide et lisse, rose, rencontrer le bitume sale et poisseux, et son regard se perdit un instant dans la contemplation d'un chewing gum abandonné sur le trottoir à quelques centimètres de son visage, le temps que ses bourreaux ne la menottent. Merde. Elle allait encore avoir droit à la garde à vue. A chaque fois, ils la gardaient et l'interrogeaient sans succès, puis la relâchaient trois jours après, faute d'excuses pour la garder plus longtemps. C'est vrai, elle ne faisait de mal qu'à elle même. Qui devait s'en soucier ? Elle n'avait ni famille, ni proches. Le pire, ce n'était pas d'être en cellule. C'était de devoir tenir encore trois jours de plus sans Morphée. Nan. Ça jamais. C'était carrément inconcevable. Avant d'être remise sur pieds par un des gars, elle eut le temps de happer entre ses petits doigts frêles un emballage transparent, de bonbons. Il en restait un à l'intérieur, oublié, n'ayant pas été remarqué présent à l'appel. Sharwyn eut un grand sourire, se rappelant leur gout sucré pareil à ce qu'elle pouvait manger dans l'Autre Monde .. Elle se mit à caresser tendrement sa chimère, faute de rien voir autour d'elle qui valut plus d'attention. Elle le goba dans un soupir, mais le bruit sourd d'une porte qui se ferme brusquement lui fit revenir brusquement à la réalité. Elle semblait se réveiller de trois mois de semi rêve. Clignant des yeux plusieurs fois avant de comprendre, elle dut se résigner. Elle entendit la clé tourner dans le contact, et le moteur vrombir, faisant trembloter ses maigres jambes. Elle était prise au piège de la fourgonnette. Le seul moyen qu'elle avait de ne pas s'éloigner de la pharmacie, était d'attirer leur attention. Alors, complètement paniquée à l'idée de ne pas avoir de dose pendant trois jours de plus, elle hurla comme une folle, un cri strident et éraillé par le fait qu'elle utilisait sa voix pour la première fois depuis des lustres. Des larmes de soulagement arrivèrent sur son visage, lorsqu'elle entendit le moteur s'arrêter. Ils n'avaient pas bougé. Un des hommes vint la voir, elle vit la matraque brandie au dessus d'elle. Il gueulait, ça, elle le devinait aux lèvres du garçon costaud qui bougeaient bien trop vite, et à son torse qui se vidait de son air bien trop tot. Excédé, il semblait céder à l'impatience et à la violence. La femme gémit de nouveau, se tapit dans l'ombre du camion en sanglotant, haletante. Elle cria de nouveau, ne sachant trop que faire, consciente que cela ne servirait à grand chose. Ceux qui étaient censés la sauver, c'était eux mêmes, les policiers. Pourtant ils avaient changé de costume le temps d'un soir, et elle savait qu'elle était cuite pour trois jours de garde à vue intensive .. La matraque fendit l'air à quelques centimètres d'un de ses bras, et elle couina de nouveau, collant son dos à la paroi de métal le plus possible, consciente qu'elle devait se résigner à ne pas prendre de dose avant longtemps. Mais rien qu'à l'idée de jeuner, elle faisait une crise de nerfs. Ça la rendait malade. Fallait qu'elle ait sa dose. Sinon .. Elle aurait été capable de tout, pour l'obtenir .. Même supporter d'être battue à mort par le policier pour avoir droit aux anti douleurs. C'est ce qu'elle voulait. Qu'il lui fasse du mal. Mais son instinct idiot de survie la faisait esquiver les coups. Merde. Elle était pas encore tout à fait bonne pour la casse, apparemment.
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MessageSujet: Re: Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]   Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')] EmptyDim 15 Fév - 14:29

« Incendie mortel dans le centre ville ». Les gros titres étaient particulièrement attrayants ce jour là. Sur tous les papiers disponibles dans la cité sans sommeil, tous affichaient le drame qui s’était joué deux jours auparavant dans le quartier affaire de Tokyo. « Incendie dans un étage des bureaux de la police des polices samedi soir dernier ; Deux corps calcinés ont été retrouvés, le feu a très vite gagné une dizaine d’étage et détruit la plupart des bureaux. Les pompiers, ainsi que les force de l’ordre sont unanimes, le départ du feu est criminel, et la police a fait de la recherche du ou des fautifs une priorité monstrueuse ».

A l’extrémité du comptoir, le ventilateur était éteint. On était bien loin des grosses chaleurs de cet été. Très loin. Dans l’air, mais également dans les cœurs et les esprits régnait un hiver rude. Le patron portait toujours ce collier de barbe poisseux, qui semblait couler comme une glace dans un four. Il parlait à son carré VIP de client juste à côté des distributeurs de bière pression, le coude à côté d’un verre de scotch. Erwann ne l’aimait pas. Il éprouvait à son égard autant d’amitié qu’à un moustique bourdonnant au coin d’une oreille la nuit. Et pourtant, il venait dans ce bar, il y venait chaque jour où il devait prendre les nouvelle du monde, calmement. Cette fois-ci, contrairement à un aprem d’aout où il avait fait la rencontre de Tsuyu, il s’était assis au fond, tout au fond de la taverne suante. Il ne voulait pas qu’on vienne l’emmerder, et tout le monde ici présent savait ce qu’il en coutait aux perturbateurs trop téméraires.

D’abord l’indifférence, puis la souffrance, sans avertissement. Injuste mais efficace. Cependant, de la où il était, le brun pouvait aisément voir la rue et le parc juste en face. Un avantage sur un éventuel assaillant. Il lisait le journal depuis déjà une bonne heure. En fait, il en lisait plusieurs. Il voulait à tout prix savoir s’il avait laissé une trace de lui dans l’immeuble qui avait brûlé. C’était une expédition qu’il ne regrettait pas, même s’il en avait déjà connu des meilleures. Nonobstant le prix qu’il avait gagné en allant jusqu’au bout, c'est-à-dire détruire les preuves qui l’inculpait dans l’affaire de la boutique d’avril dernier, il n’avait jamais voulu la mort des deux policiers de garde. Car non, il n’était pas mort dans les flammes, disons qu’ils avaient plutôt cuits après s’être fait assassiner de manière sauvage, la plus sauvage qui soit. Le canadien en pleurait presque la nuit, il ne voulait pas que cette spirale de mort continue, il voulait s’arrêter une bonne fois pour toute de prendre des vies. Mais il voulait également éviter de croupir en taule comme un vulgaire débutant de truandage. Ca jamais ! Alors, le juste milieu avait un certain prix. Celui des enfers.

Mais rien. Les grattes papiers n’avaient rien sur ce coup là. Les flics non plus, il l’espérait. Et même si une telle chose devait un jour se produire, il ne se rendrait pas lamentablement, il ferait le plus de trous possible dans le plus de peaux différentes. Ils pouvaient compter sur lui.

Ses yeux restaient bloqués sur « criminel ». Ses pensées se bousculaient, un peu comme ses agissements. Il se voyait bien enfin diplômé de cette putain d’école, et enfin il pourrait aller partout où bon lui semble sans qu’on lui fasse les reproches tant redoutés. Il se voyait même en tête de liste de sa classe. « Bravo Erwann, joli boulot, bon courage dans cette vie ôh combien difficile, bye bye et merci ». Jamais… il sentait que cela n’arriverait jamais. Une partie de lui se sentait déjà enfoncée trop profondément dans la merde et ne voulait faire que la remuer, et une autre partie sentait que sa tête en dépassait encore, et qu’il pourrait faire son grand come-back sur la vie « normale » dont il avait toujours rêvé. C’était bien beau, mais objectivement un peu trop naïf. Le cœur serrant, il posa le journal sur la table, libérant son esprit aux autres maux de ce bar tamisé.

Les autres clients pouvaient voir au fond, un jeune homme rouge de mercurochrome, courbé sur sa chaise, une jambe pliée, l’autre droite, sur le côté. Sur son arcade droite, trois pansements fins reliait les deux morceaux de peaux qui s‘étaient séparé deux nuits auparavant. Son œil gauche était légèrement brun, mais dans l’obscurité, cela ne se voyait pas. Malgré son sweat noir, on apercevait sur le haut de son poignet droit un bandage épais. Ca faisait froid dans le dos. Tout le monde sans exception ici se demandait si ces blessures étaient le fruit d’une victoire ou d’une défaite. Quelque soit la vérité –la vicoire !- cela ne changeait pas grand-chose pour eux, si ce n’est que bientôt peut-être, le patron aurait un client en moins à servir. Erwann saisit son verre, un whisky brut, et le vida aussi sec. Le liquide lui brûla sérieusement la gorge, en silence, et une légère nausée se fit ressentir lorsque l’alcool plongea dans son estomac. C’était le troisième. Le brun se gratta la cuisse qui lui faisait le moins mal. Du repos, voilà de quoi il avait clairement besoin. Mais ce n’était pas sans compter sur l’intervention dans sa vie de la fleur la plus belle et la plus fragile qu’il connaissait.

Il fut sortit de ses pensées par un gloussement alcoolique provenant de l’autre bout du bar. La patron, avec quelques amis riaient comme des baleines. Erwann mit un certain temps avant de voir passer devant la vitrine une silhouette presque choquante. Le patron marmonna quelque chose qu’Erwann ne comprit pas totalement. L’espace d’un instant, il aperçu le visage glacée de Sharwyn.

D’abord, il ne bougea pas. Impossible que ce soit elle. Ca faisait longtemps, mais elle n’avait pas pu changer, physiquement à ce point. Ses cheveux semblaient sortir d’un cyclone tropical, et sa démarche hésitante, peu assurée et limite boiteuse aurait jalousé n’importe qu’elle clochard de la vieille ville. Les paroles du patron, qui étaient certainement tout sauf intelligentes, lui passèrent à côté. Elle ne réagit quasiment pas. Erwann compara la vision qu’il venait d’avoir de cette jeune fille à celle qu’il avait gardé. Il avait retrouvé dans cette bribe de regard ce qui l’avait passionné quelques mois auparavant, lors de leur première rencontre. Ces yeux, ce regard chevauchant n’importe qu’elle humeur avec éclat et turbulence. Cette violence des pupilles, qui abattait toutes paroles inutiles, et qui en disait long sur ce qu’elle pensait, et pensait faire. Sharwyn… la beauté déambulante. Celle qui trouvait en Erwann l’homme qui ne voulait pas faire d’elle ce que… ce que la plupart des hommes voulaient en faire. Et précisément ce que le patron semblait vouloir en faire. L’enfoiré.

Erwann se leva. Le bruit de la chaise grinçant sur le sol réveilla tout les visages qui se tournèrent vers Erwann. Il marcha à travers le bar jusqu’à la porte. Elle devait déjà être loin, vu le temps qu’il avait passé à cogiter au fond de son bar. Il ouvrit la porte en verre, suscitant l’interrogation derrière lui. Le brun pencha sa tête dehors, à droite, à gauche. Personne. Sortit entièrement. Le froid était toujours là. Et toujours aussi piquant de violence. Cependant, il faisait assez beau pour être ébloui par les rayons du soleil lorsqu’on regardait trop vers le Sud. Il avança un peu. Rien, personne, nada. Erwann douta de sa santé mentale. Il n’avait pas rêvé pourtant.

Il entendit un cri.

Là non, il n’avait pas rêvé. Une femme avait crié, ce n’était pas vraiment un cri de détresse, mais plus quelque chose qui frôlait la protestation, sans pour autant y mettre de la puissance. Ca venait du coin de la rue. Il avança prudemment, et se stoppa net lorsqu’il aperçu la voiture de police. Merde. Pas eux. Il redoutait de passer sous la moulinette policière, s’il voulait se ranger une bonne fois pour toutes, ne pas se faire embarquer était la première des règles. Collé contre le mur du coin, il passa la tête pour observer la scène. Les gentils méchants menottaient quelqu’un. Erwann ne tarda pas à comprendre que c’était la silhouette qu’il avait aperçu plus tôt. Sans qu’il se montre, le véhicule démarra et parti. Erwann repassa la tête. S’il avait pu sauver quelqu’un, ça n’aurait pas été cette fois-ci. Il ignorait si cette fille était vraiment celle qu’il avait aperçue, mais pour elle, c’était terminé.

Il doutait. C’était Sharwyn, c’était forcément elle. Il avait vu cet éclat dans ses yeux verts, bien caché sous une apparence pâle et sans vie, il l’avait bien vu. Il se montra totalement dans la nouvelle rue, même si la maréchaussée pouvait difficilement l’atteindre à présent. « Merde ».
Mais, alors qu’un petit courant d’air lui chatouillait le cou, la voiture s’arrêta, à peine dix mètres après être partie. Un agent descendit et ouvrit les deux portes arrière. Un autre sortit une matraque, et entreprit de frapper quelque chose, visiblement pour étouffer quelques hurlements. Le brun préféra croire son instinct. La belle était là dedans, et pas question de la laisser devenir bleue d’hématome sans rien faire. Le brun s’avança en marchant de plus en plus vite, serra de plus en plus les molaires et hurla en dégainant l’instrument de mort qui avait déjà pris la vie de quelque inconscient.

-Hé !

Les deux se retournèrent, coincés entre la surprise et la panique. C’était l’impensable, braquer la police, braquer la seule chose qui gardait ce monde encore en ordre… ou pas. A visage découvert en plus, totalement identifiable. Marchant toujours, les bras droit tendu et arme chargée, canon pointant tour à tour les têtes des deux hommes en uniforme. D’instinct, les deux braqués se mirent à lever les mains un peu au dessus de leur poitrine. Erwann reprit :

-Toi, tu la détache, et toi, tu lèches le caniveau.

Les deux hommes s’interrogèrent du regard. Erwann, qui continuait de se rapprocher, appuya sur la gâchette, et perça le tibia de celui qu’il avait désigné pour s’allonger sur le goudron. Celui-ci s’effondra presque aussitôt, laissant de la place pour voir l’occupante de la camionnette. Il ne s’était pas trompé. Sharwyn le regardait. Le gémissement du blessé agita le second, qui s’empressa de détacher les menottes de Sharwyn. Il bredouilla :

-Voilà ! Voilà ! Déconnez pas bon sang !

Erwann sourit, de ce sourire glacial qui file des sueurs froides tout le long du dos.

-Merci bien.


Après avoir explosé le genou du second agent, Il regarda la belle, encore dans le coffre. Même l’alcool ne lui cacha pas la pitié qu’il ressenti à ce moment. Un sale état… elle était dans un sale état. Rien de plus à dire. Erwann, après avoir vérifié que les deux parasites étaient trop occupés à se lamenter plutôt qu’à réagir, monta à la place conducteur, mis le contact et enfonça la pédale d’accélération. Il connaissait bien un garage en banlieue où ils seraient introuvables, caché derrière du béton et de la taule. Bien sûr, ça ne serait ni chaud ni confortable. Mais c’était toujours ça de pris, et le peu qu’il y avait à prendre, Erwann sentait que Sharwyn en avait grandement besoin.
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MessageSujet: Re: Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]   Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')] EmptyDim 15 Fév - 15:27

  • Un coup plus rapide que les autres s'abattit sur elle. Le policier fronça un sourcil, soucieux de savoir s'il y avait été trop fort. Sous le coup, Sharwyn avait entendu ses os craquer, non parce qu'ils se brisaient, mais parce qu'ils étaient déjà endoloris et fragilisés. Dans un couinement, elle porta une main à son épaule rouge, et baissa le pan de son très ample pull, pour regarder. Elle ne saignait pas, mais le bleu arriverait, cela était évident. La femme ne criait plus. Le regard atone, elle accusait le coup sans broncher, et le second coup, porté par l'autre policier, dans sa colonne, la força à s'agenouiller à leurs pieds. Un râle étouffé sortit de sa gorge, alors qu'elle toussait faiblement, des larmes de désespoir à la pensée des médicaments qu'elle n'aurait pas. Ils auraient pu la tuer sans aucun état d'âme. Elle qui pensait pouvoir être soignée ensuite, elle s'était trompée. Elle laissa ses paumes moites rencontrer le sol froid du camion. Sa jambe maigre et blanche se tendit vivement, atteignant le tibia du premier policier. Une lueur mordorée de haine s'inscrivit dans son regard. Elle haletait, à présent, en proie à une folie soudaine et enragée. Le policier jura violemment, et brandit haut sa matraque au dessus du dos affaissé de la fillette. Même l'autre policier, plus compréhensif, n'avait osé arrêter l'homme frappé dans son geste. Aucun des deux n'avait entendu Erwann arriver. Sharwyn, si. Son regard s'était instantanément ancré sur le panneau en croix lumineux et verdâtre, comme empli d'espoir. Un grillage métallique, fait de losanges, barrait à présent l'accès aux médicaments. Alors que la femme gémissait, se fichant éperdument du coup qui lui briserait le dos, trop prostrée de voir la lumière de la croix s'éteindre doucement, elle ne vit pas de suite l'animal qui sortit son flingue. La voix puissante d'Erwann, arrêta au dernier moment le geste qui s'avérait être à la limite du mortel. La femme au teint diaphane tenta de rassembler ses forces pour se redresser sur ses jambes, assistant à la scène comme si elle n'était que spectatrice. La voix glaciale de l'inconnu s'infiltrait partout, même à travers le fin et ample vêtement de la belle qui en frémit, posant son regard sur lui. Une lueur brillait dans son regard. C'était Lui. Oui, Il était là. La belle écarquilla des yeux fous, comme consciente d'être empreinte au délire. Un frisson lui tordit les reins, et elle se replia dans l'ombre, pensant divaguer complètement.

    Il fallut qu'Erwann tire dans la jambe du premier policier, pour que Sharwyn soit soulevée de terre, et soit démenottée. Après avoir mit le second flic hors service, Erwann détala à l'avant du véhicule. La fourgonnette démarra en trombe, sous le pied rageur du brun sur l'accélérateur, pressé de quitter la ligne de mire des deux poulets, ainsi que de la populace.

    Un gémissement à fendre l'âme suivit leur départ. La femme, sans un regard vers son sauveur, s'était ruée sur l'épaisse porte blindée qui obstruait son chemin vers le rêve Eternel. Elle piailla, haleta, frappa de toute la force de ses maigres bras, contre l'acier chromé, consciente qu'il ne servait plus à rien de lutter. Elle accrocha ses serres acérées à la poignée de la porte, prenant conscience qu'une stupide sécurité avait été installée pour que le fourgon ne puisse s'ouvrir de l'intérieur. Elle se calma lentement. La présence violente de l'animal dans son dos, la fit se retourner brusquement, une lueur sauvage dans les yeux. Le regard qu'elle croisa la calma presque instantanément. Elle respira profondément, se redressa, sans le quitter des yeux, et ses paupières se plissèrent doucement. Comme si elle souriait. Pourtant non, elle lisait simplement. Ce qu'elle trouva dans les pupilles de l'homme, se refléta dans ses iris a présent violacées. Elle entrouvrit la bouche, voulut parler, en fut incapable, consciente que la vitre inbrisable qui la séparait de son sauveur empêchait le bruit de filtrer. Soudain, elle baissa les yeux. Elle avait compris. Une force impie semblait émaner de son corps au teint blafard, et elle sentait ses lèvres blêmes gercer, plus par sa présence glaciale d'Erwann que par le froid procuré par l'air ambiant. Elle courba la nuque, quelques mèches rebelles s'échappant de son chignon pour aller caresser ses joues pâles. Un léger hoquet, unique sanglot en ce soir d'Hiver, puis elle lâcha la porte blindée de ses petits doigts. Son regard se posa sur le visage du brun, dont elle ne distinguait que les ombres, et un léger sourire se peignit sur sa face. Un sourire triste, que le temps et les épreuves avaient détruit et ravagé. Elle tira légèrement sur sa manche, dévoilant ses bras maigres, couturés de fines cicatrices, et couverts de bleus. Chaque piqure d'antalgique lui faisait ainsi une tache, car le sang ne coagulait plus correctement pendant qu'elle se droguait. Un soupir s'échappa de sa gorge, elle s'affaissa dans le véhicule d'un air morne. Pendant tout le voyage, elle fixait de son regard d'un gris laiteux et vitreux, la matraque abandonnée par son bourreau. A chaque cahot de la fourgonnette, elle rebondissait dans un clinquement.

    La belle ne broncha plus. Pas même quand la voiture s'arrêta. Pas même quand elle entendit la porte du fourgon s'ouvrir. Pas même lorsque la lueur blafarde d'un lampadaire vint éclairer l'ouverture du véhicule. Prostrée dans un coin, tapie dans l'ombre, assise contre la paroi de métal, ses jambes repliées contre sa poitrine, son menton calé contre ses genoux joints, elle contemplait d'un oeil vide l'objet qui aurait dû la faire taire. Elle était terrorisée. Elle avait peur. Peur d'avoir rêvé ce qui venait d'arriver. Peur que ce soit un des deux flics qui apparaisse dans l'embrasure de la porte. Et qu'il lui demande de le suivre jusqu'au commissariat. C'est pour cela qu'elle garda le regard rivé au sol, sur la matraque abandonnée là, cette arme blanche qui aurait dû briser ses os fragiles, sans oser lever les yeux sur l'ombre qui venait de boucher la lumière qui entrait dans le fourgon par rais. Ses lèvres frémirent, et le murmure qui s'en extirpa était à demi prit par un lourd sanglot qui ne désirait que sortir. Pourtant, aucune larme dans le regard vide de Sharwyn. Juste des paroles désespérément tristes, un sanglot dans la voix.


    "Vaut mieux s'agripper à quelque chose qu'à quelqu'un. Un objet ne peut jamais vous abandonner."

    Erwann, si. A ce souvenir, un grognement sourd monta dans la gorge de Sharwyn, qui redressa le buste. Les traits fins qu'elle voyait, étaient différents de ceux qu'elle avait connu. Le teint diaphane, une peau de marbre, des blessures qui s'évasaient en estafilades sur son visage et sans doute sur son torse également. Il était différent du Erwann du passé en tous points. Jamais l'idée ne serait venue à Sharwyn de remercier l'homme. Il avait agi par instinct, et elle ne pouvait être reconnaissante qu'en l'instinct d'Erwann pour ce qui venait de se produire. De toute façon, il ne lui avait été d'aucune aide. Elle aurait préféré être gisante et assommée dans le fourgon que de voir les portes de la pharmacie à présent fermées. Un haussement d'épaules bref, alors qu'elle tentait de mettre des barrières à son cœur qu'il avait à demi détruit par ce temps passé loin d'elle, et elle détourna le regard. Ses petits pieds caressaient le sol d'un air innocent. Sharwyn savait que de toute façon, ce soir, elle penserait encore à Lui même s'il s'en allait de nouveau. Ce soir, pour la première fois, les Médicaments aussi l'avaient abandonnée. Devait elle se résigner à refaire ce qu'elle avait commencé il y a deux mois ? Dessiner du bout de sa lame de rasoir sur sa peau maintenant cicatrisée ? Elle n'en savait rien. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'Erwann hanterait encore ses pensées. Et qu'elle le verrait à chaque coin de rue. Elle se releva brusquement, chancelante, et dépassa sans un regard de plus son sauveur. Elle marcha un peu, quelques mètres seulement, avant de s'arrêter. Cette nuit là n'avait plus aucun but précis. Pourquoi marchait elle seulement ? Le seul objet de ses pensées lui ferait beaucoup de mal. Fallait qu'elle pense à autre chose.

    L'évidence la frappa, presque aussi violemment que les coups de matraque de l'instant passé. En quelques secondes elle était revenue sur ses pas. Ses doigts fragiles s'étaient accrochés, discrets, mais bien là, à la poche du manteau de l'homme. Son regard se perdit dans celui d'Erwann, sans peur. Qu'il parte. Elle en mourrait. Après tout, c'était ce qu'elle désirait. Pour la première fois, elle ressentait des sensations humaines et normales. Elle chuchota alors, comme si ce qu'elle disait était un secret que l'homme se devrait de garder au fond de lui à jamais.

    "J'ai froid. Pars pas. Pars plus .."
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MessageSujet: Re: Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]   Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')] EmptyDim 15 Fév - 17:03

[ne t'égalerai-je donc jamais ? =D]

Une fois la porte du petit entrepôt fermée, le brun jeta un œil vers la porte de la camionnette. Il imagina le petit être blottis à l’intérieur, seule et désespérément anéantie. Elle avait frappé sur la carlingue, elle avait détruit certainement ses dernières phalanges valides sur le métal froid qui l’avait séparé de l’extérieur. Mais Erwann ne comprenait pas… pourquoi ? Peut-être avait-elle eut peur du canadien. Peut-être même ne l’avait-elle pas reconnu… . Erwann en fut noué. Elle avait secoué ses envies de liberté alors que le brun la lui offrait sur un plateau. Quelque chose en effet ne tournait pas totalement rond. Il semblait triste, les poings serrés, regardant le véhicule-prison. Maintenant qu’il était certain qu’elle se trouvait là, elle lui manquait. Cela aussi c’était une sensation étrange, que l’affection qu’on éprouve pour quelqu’un se réveille au dernier moment, juste quand on la revoit. Le jeune homme le savait, il n’était pas tellement du genre à s’accrocher, allez savoir pourquoi. Les gens, son entourage, tout ceux là lui manquait, mais pas forcément au point d’en être mélancolique. Pas toujours en tout cas. Sa famille à dix mille bornes d ce garage, ses amis dont il ignorait la présence, la fille qui habitait son cœur, et Sharwyn, juste ici, à à peine quatre mètre de lui. Il s’avança.

La poignée se baissa facilement ; L’unique lumière de l’endroit exigüe éclairait une partie du coffre, une partie du corps de la belle, recroquevillée dans un coin. Elle ne bougea pas tout de suite. Il ne dit rien, et ne bougea pas. En fait il ne savait pas vraiment quoi dire, elle semblait loin, plus loin que lui n’avait jamais été dans la dépendance. Le manque… une chose horrible, l’enfer sur terre peut-être. Il savait les sensations qu’on ressentait, les tremblements, les longues nausées ravageuses, les larmes et puis cette envie de se foutre un plomb dans le crâne qui vous trotte continuellement dans la tête. Ses pieds nus étaient écorchés, ses jambes grelottaient discrètement, comme si elles ne voulaient déranger personne. Erwann entendait des à-coups de respiration, qui s’apparentaient à des petits sanglots. Elle marmonna quelque chose, pour elle comme pour lui, même si ça devait avoir beaucoup plus de sens pour elle que pour le brun. Ce dernier ne bougea pas. Il l’observa se lever doucement, et marcher prudemment vers l’extérieur sans accorder la moindre attention explicite au conducteur. Il la suivit du regard, sans ouvrir le bec. Elle avançait en pesant le poids de chaque pas sur le sol. Un souvenir malsain jaillit de cette image… lui rampant sur le sol d’une des chambres des dortoirs de l’école, cherchant la morphine, si chère à son cœur, mais si détestée par son âme. Depuis ça, et la nuit qui s’en était suivit, plus rien. La souffrance ? Rien à foutre, strictement rien. Il vivrait avec même s’il devait finir par en crever. C’était plus supportable que la souffrance du manque. C’était même pas comparable. Et visiblement, la belle Sharwyn en faisait quelque frais.

Le brun ferma la porte du fourgon d’un coup sec de la paume de sa main. Le claquement résonna dans le cube sombre que formait la pièce. Elle faisait deux fois la taille du véhicule en longueur, et la même chose en largeur. Quelque bidon d’huile usagé, des caisses brisées et un sol ingrats, fait de béton noirci par le cambouis et la poussière. Le périmètre de la grande porte roulante qui séparait ce côté-là de l’extérieur était tracé d’une ligne de lumière qui formait un parfaite rectangle, insuffisante bien sûr pour illuminer l’endroit. La jeune femme sembla jauger les lieux et l’air qui l’entourait. Il était froid et humide, rien de bien marrant. Puis, comme si la foudre venait de lui tomber sur le haut du crâne, elle fondit vers lui.
Erwann ne la vit pas courir, mais disons qu’elle eut un pas partagé, comme si elle courait dans un lac en plein blizzard, et qu’elle succombait à son propre poids. Elle se réfugia contre lui, et il fut frappé à quel point elle était glacé. Pas son corps même, mais plutôt l’atmosphère autour d’elle. Ses doigts se glissèrent dans une de ses poches, comme si elle y cherchait de la chaleur, et c’est bel et bien ce qu’elle cherchait. Il sentait ses petites mains remuer l’air à l’intérieur. Elle attrapa ses yeux, et lui fut transpercé par les siens. Ses mots n’eurent un rôle que secondaire dans la discussion que tenait son regard avec celui du brun.

« Ne pars pas », c’était l’idée maîtresse. Mais Erwann ne ressentit aucune culpabilité à son égard. Il estimait pouvoir faire ce qu’il voulait, et partir quand il le désirait, où il le désirait. Elle ne le retiendrait pas toujours, elle ne le retiendrait même jamais. Le libre arbitre, il trouvait ça particulièrement capital. Cependant, résister à elle, c’était difficile. Il pressa doucement sa tête contre lui, cherchant à la calmer même si elle aurait du mal à s’énerver encore plus. Peut-être avait-elle besoin d’entendre sa voix, pour oublier l’idée que tout cela n’est qu’une mauvaise descente.

-J’suis là. Ca va aller.

Ce n’était pas totalement sur, mais il ne pouvait pas se permettre de le dire. Il colla une main au creux de son cou. Il était froid, vraiment trop froid. Il en eut presque un frisson. De son autre main il frotta son pull contre son dos, pour faire agir les frottements. Il était temps pour elle de renouer avec la chaleur, si elle ne voulait pas renouer avec les cieux. Elle était pieds nus, avec des fringues pas vraiment adaptés au temps, Erwann réfléchit. Il se baissa légèrement, passa un bras au dessous de ses cuisses, et la souleva d’un coup sec. Hors de question de la faire marcher dans cet état là. Au fond du garage se trouvait une petite porte en fer rouillé. Arrivé à ce niveau il la poussa et sortit.

La porte de l’ancienne planque de Majoren était toujours fermée. Bon signe, l’ancien appartement serait inoccupé et le brun pourrait s’attarder avec attention sur le cas de son amie. Il passa le petit porche de bois doucement, et grimpa à l’escalier miteux. Au second étage, la porte de métal massive était bel et bien fermée, il l’ouvrit et entra. Ca sentait la moquette qui pourrissait. Personne n’était venu ici depuis… depuis des mois. L’appart’ était composé de deux pièces. La première réunissait la cuisine, le salon et la chambre. Un lit, une petite table basse, un canapé poussiéreux et, dans un coin, un évier couplé à un plan de travail ridicule. Il déposa Sharwyn doucement sur le canapé, sans rien dire, et alla fermer la porte. Le bruit métallique lui rappela celui d’une prison, ça faisait froid dans le dos. Après avoir passé quelques secondes à observer la jeune femme à demi allongé sur le sofa, il pénétra dans la seconde pièce.

C’était une salle d’eau très bricolée. Les murs était faits de béton directement, pas faïence, pas de luxe. Une baignoire grisée s’imposait sur toute la longueur, suivie de près par un lavabo très sale et des toilettes qui ne donnaient pas envie de manger. Sur le sol, un longue et épaisse tâche de sang séché partait du lavabo jusqu’à l’extérieur. La propriétaire de ce sang n’était pas revenu depuis… du moins c’est ce qui semblait. Erwann enfonça la mécanique de la baignoire, et l’eau brûlante en sortit. C’était encore un de ces vieux immeubles où le chauffe-eau était plus ou moins commun. Plus ou moins… car le studio situé au troisième étages ne devait pas se douter des quelques piochements qui s’effectuaient de temps en temps. Sans attendre, il retourna au salon, et reprit de la même façon la belle demoiselle. Il la déposa telle qu’elle dans la petite piscine improvisée, et laissa l’eau monter. De cette façon, elle se réchaufferait suffisamment pour ne pas mourir dans une souffrance relative. Il dit :

-Reste là.

C’était quelque peu inutile, car partir aurait été idiot. Il sortit une fois de plus de la pièce, puis revint après une poignée de seconde, des barres chocolatées à la main. Il s’accroupi à son niveau, alors que l’eau atteignait ses genoux, et lui en tendit une. Il fut catégorique :

-Mange.

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MessageSujet: Re: Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]   Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')] EmptyDim 15 Fév - 17:55

[M'égaler ? Déjà fait ^^]

  • Elle avait fixé l'homme, longuement, le cœur vide, l'âme en peine. Impossible pour elle de s'approcher de trop de lui, c'était ainsi. Seul contact, sa petite main blanchie par le froid, qui se tordait dans la poche du brun, pour tenter d'y trouver une once de chaleur. C'était pas gagné. Le face à face était terrible, Sharwyn avait croisé le regard du brun, et n'y avait lu qu'un brin de compassion, accompagné d'une impassibilité déconcertante. Ses mots résonnèrent dans le garage longtemps, alors qu'elle baissait lentement son regard, honteuse de cet ordre idiot qu'elle venait de lancer. Il faisait ce qu'il voulait, après tout. Il avait une vie, dans laquelle elle ne résidait plus. Il avait fait le choix de la virer alors qu'elle commençait à l'apprécier. Elle n'avait qu'à dire amen et accepter son sort. Il voulait plus d'elle, il voulait plus d'elle. Y'avait pas à fustiger ou tergiverser plus longtemps. Tout était bien clair.

    Menton bas, elle renifla doucement. Son regard errait sur les manches de son pull trop ample, qui enveloppaient ses doigts frêles. Elle semblait sentir ses dernières barrières céder en elle. Une seule question, régnait dans son esprit embrumé. Pourquoi ? Oui, pourquoi ? Avait elle fait quelque chose .. ? Elle ne savait pas, ne savait plus. La belle était complètement perdue.

    L'amertume laissa place à la rage. Les iris de la belle se firent plus claires, nettes. Un rouge sombre, couleur de sang, y régnait à présent. Elle releva brusquement la tête, sourcils froncés. Ses poings se serrèrent. Le froid avait anesthésié ses membres, et elle ne craignait plus d'envoyer ses phalanges en bloc dans la mâchoire carrée de l'homme. Mais ce dernier la devança. Sans piper mot, il fit le dernier pas qui le séparait de Sharwyn, et cette dernière sentit le corps brûlant contre le sien, si froid. Son visage fut pressé contre le torse d'Erwann, et elle y cala sa joue blême, pour lui faire retrouver des couleurs. L'incompréhension se lisait sur ses traits, elle qui avait crû n'être rien à ses yeux. Elle voulut se débattre. Voulut le frapper. Voulut le tuer. Mais tout ce qui arriva, ce fut les larmes discrètes de la petite qui se mirent à creuser dans sa peau sale un sillon blanc jusqu'au bas de son menton. Elle baissa la tête, doucement, sentant le brun appuyer son front fiévreux à son torse. Quelques sanglots restèrent ancrés dans les poumons de la belle, comme un étau qui ne désirait que se déserrer en avalant l'air par a-coups. Les larmes coulaient toujours, acides, piquantes, salées, pas douces et de soulagement. Non, ces larmes là n'étaient que douleur et honte. Elle se mordit violemment les lèvres en enfouissant son visage contre l'épaule de l'homme, s'empêchant de sangloter alors que sa poitrine se soulevait déjà dans un haut le cœur de douleur. Comment pouvait il lui faire ça ? Ses gémissement appuyaient sa douleur profonde, ancrant profondément dans l'air cette Ode à la Vie qu'on lui arrachait des entrailles. Ses tripes se tordirent, comme affligées d'êtres refroidies ainsi par un sentiment de tristesse envahissant l'être tout entier de Sharwyn. Elle qui s'était jurée de rester forte, la voila liquéfiée entre les bras du brun. Quel salaud. Jouer à l'abandonner, puis à se rabibocher. Quelle idée. Pas avec elle, Erwann. Nan, pas Elle ..

    La main brûlante de l'homme toucha son cou froid. Elle tressaillit, et un soupir plus long que ses petits sanglots, s'échappa de sa bouche. Soupir de bien être au contact d'un peu de chaleur humaine. Fermant un regard de nouveau émeraude, comme au premier jour de leur rencontre, elle sentit avec espoir les frictions dans son dos. Il s'occupait d'elle comme d'une gamine, d'un nourrisson. Elle en eut le souffle coupé. Se blottissant contre lui pour la toute première fois, son visage se fendit d'un demi sourire triste, plus un rictus qu'autre chose. Depuis combien de temps n'avait elle plus souri ? Elle ne préférait même pas chercher. Ca faisait si longtemps ..

    La fatigue lui arriva dans la gueule presque trop violemment, comme une bourrasque de vent. Déséquilibrée, elle resta appuyé contre le brun pour ne pas s'effondrer. Mais alors qu'elle sentait ses jambes se dérober pour de bon sous elle, elle sentit le bras puissant contre ses cuisses. Ce même bras qui quelques temps auparavant, avait enserré son poignet pour tester sa peur de la gent masculine. L'image revint en mémoire de la belle, mais elle ne bougea pas lorsqu'il la souleva sans aucune peine. Plus de sanglots. Juste des larmes intarissables, qui coulaient alors que la belle avait les yeux clos. Les sillons étaient grisâtres là où les larmes passaient. La femme passa un bras derrière l'épaule du brun, et ses doigts allèrent s'agripper à la clavicule brûlante et dénudée d'Erwann. C'est fou ce qu'il avait chaud. Ou peut être était ce elle qui était glacée .. Quoi qu'il en soit, elle sentit ses jambes trembler de fatigue, et fut soulagée qu'il ait accepté de la porter. Quelque chose en elle pourtant, lui serrait le cœur. Elle ne voulait pas être un fardeau pour lui. Il l'avait virée de sa vie apparemment, et il devait avoir ses propres soucis à gérer, à en juger par l'arcade sourcilière boursouflée qu'il arborait sans fierté. Elle cala néanmoins son nez contre le torse d'Erwann, alors qu'il errait dans le local, mu de réflexions intenses pour la tirer d'affaire.

    Elle sentit à peine le semi confort du vieux sofa dans lequel l'homme venait de la déposer. Les yeux mi clos, elle l'observait vaguement faire des allées et venues dans les pièces. Elle ne savait pas où elle était. Elle ne savait pas ce qu'il adviendrait d'elle. Ni de lui d'ailleurs. Et ça, ça lui faisait mal. Erwann vint la tirer de ses pensées maussades en la soulevant de nouveau. Le contact avec l'eau brûlante lui fit presque mal. L'homme disparut après lui avoir intimé de ne pas bouger, alors qu'elle se battait pour laisser la chaleur infiltrer ses pores. Quelques convulsions furent nécessaires pour que son corps daigne supporter la nouvelle chaleur, inconnue depuis si longtemps de la belle. Elle ne pleurait plus, et son regard était toujours d'un émeraude pur, comme au premier jour, malgré le fait qu'il était aussi terne que son visage semblait avoir pris la poussière. D'un revers de main tremblant, elle essuya les tracés creusés par les larmes dans ses joues. Erwann avait sans doute mieux affaire que s'occuper d'une gamine dans son genre. Alors pourquoi ? Toujours cette question incessamment posée par son moi intérieur.

    Il revint. Des barres chocolatées à la main. Rien qu'à voir ça, la femme en eut la gerbe. Un haricot trop cuit aurait suffi à remplir son estomac minuscule, tant elle avait vécu sans manger. Espérait il qu'elle en mange ne serait ce qu'une bouchée ? Partant du fait qu'il serait peut être bientôt plus là, sûrement même, elle déballa l'une des barres entre ses doigts frêles. Son regard tomba sur la nourriture brune, et elle eut une légère grimace de dégout. Carrément immangeable. Se mordant la lèvre, désolée de l'emmerder, elle déposa la nourriture à coté de la baignoire dans laquelle elle trempait. Son regard était vitreux, errant. Rien à voir avec la Sharwyn forte et indestructible du début. Nan, celle là elle pionçait pour quelques temps encore dans le for intérieur de la belle.

    La femme jeta un regard à l'eau de la baignoire. Déjà brune de crasse. C'était quand, qu'elle avait prit son dernier bain ? Dans un soupir, elle passa une main dans ses cheveux encore secs. Elle défit lentement son chignon, et ses boucles grossières et à demi défaites vinrent habiller un peu ses frêles épaules. Puis, elle commença à se débattre avec son pull sale, tentant de l'enlever. Mais avec l'eau qu'il avait prit, il était désespérément trop lourd pour ses petits bras. Impuissante, elle tourna un visage terne vers lui, son regard se posant sur la courbe du menton de l'homme, n'osant jamais croiser son regard. Les yeux mi clos, elle murmura alors, d'une voix tremblante.


    "Aide moi."
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MessageSujet: Re: Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]   Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')] EmptyDim 15 Fév - 20:08

[désolé c'est court mais là po le temps =/]

Lorsqu’elle prit la friandise, il sentit presque son ventre se contracter de dégout. Il savait que c’était dur, mais c’était comme ça. Dans le meilleur des cas, il aurait fallu commencer par avaler des barres vitaminées, par très petites doses, et puis augmenter à chaque fois que le soleil se lèverait, et ce jusqu’à ce qu’elle puisse enfin retoucher à un steak frite doublé d’un demi litre de boisson gazeuse. Mais là, non. L’enfer… il méritait bien son nom. Du chocolat concentré en barre, avec une once de caramel peut-être, c’était tout ce qu’il restait d’une occupation déchue du lieu. C’était ça ou rien, et même si le brun savait qu’elle préférait rien, elle devait se forcer.

C’était en vain. Compréhensif, Erwann garda le silence. Mais il ne pensait pas « compréhension », ne pas manger, ça lui couterait. Parce qu’elle en crèverait, parce que quand son corps aura brûlé toute la graisse difficilement trouvable le long de ses os et de ses muscles, ces chaires se mettront à s’atrophier, à partir, et elle ressemblerait plus à un squelette brisée qu’à la magnifique femme qu’elle avait été. Le processus était déjà bien avancé, mais ça, Erwann songeait qu’elle le savait déjà.
Plus l’eau grimpait, plus elle frissonnait, comme si elle entrait dans une baignoire d’eau glacée. La douleur et les picotements du contact avec les eaux chaudes pouvaient parfois faire plus de mal que le froid lui-même. Les brûlures et les plaies se trouvaient ravivées. Les bleus ressortaient, et la peau se mettait à suer sans fin. Le canadien repensait à ce caractère fort et puissant qu’il avait connu beaucoup, beaucoup plus tôt. De la connerie. Peut-être en fin de compte n’était-ce qu’une facette, un voile ou une vitre que la torture de la vie avait brisée d’un coup de poing furtif. Erwann savait aussi bien qu’elle que la vie, cette putain de vie n’était pas simple… Il savait ce qu’était l’horreur du manque et la souffrance des plaies ouvertes, mais il savait aussi se battre, encore et toujours contre soi-même pour sortir la tête de l’eau. Se battre. Ne jamais abandonner, toujours garder à l’esprit les noms de ceux qui nous avaient fait du mal, toujours garder en tête les raisons de notre présence ici, dans cette merde. Toujours.

Elle commença à tenter de retirer ce gros pull de laine qui pesait certainement sur ces épaules, surtout avec le poids de l’eau en plus. Elle fit plusieurs manœuvres avant de se résigner à la charité sans même le regarder dans les yeux. Aurait-elle peur ? « Aide-moi ». C’était tellement simple, tellement plus facile de demander. Erwann fut d’abord catégorique.

-Non.

S’il devait l’aider, il ne le ferait pas tout de suite. Il voulait la laisser encore un peu au fond de son trou. Il voulait qu’elle n’abandonne sous aucun prétexte. Et puis certainement aussi agissait sur lui ce sadisme qu’un certain Mathew, lui-même, appréciait relativement. Ce sadisme qui lui permettait de regarder dans les yeux les personnes qu’il s’apprêtait à tuer, quelle que soit la façon dont il le fasse ; l’étranglement de ce type dans la boutique en ruine, le policier égorgé dans les dortoirs, ou le gardien de l’immeuble désormais en flamme qu’il avait cogné jusqu’à ce que sa mâchoire parte en poussière.

Il coupa l’arrivée d’eau. Assise de cette façon, l’eau fumante lui arrivait jusqu’au dessous de sa poitrine. Elle ne le regardait toujours pas en face, droit dans les yeux, ce qui l’énervait un peu. Elle ne supportait toujours pas les mecs ? Et bien elle n’avait qu’à se retirer dans un couvent. Elle ne voulait pas qu’il parte sans cesse ? Elle n’avait qu’à le lui demander sincèrement –ce qui était fait depuis peu. Elle voulait enlever ce foutu pull lourd et sale ? Elle n’avait qu’à pousser sur ses bras, trouver la rage qui sommeillait en elle, la rage qui lui avait permis de se défendre contre ce flic violent, qui lui avait permis de s’acharner comme un fauve sur l’acier de la camionnette, la rage qu’elle avait retenu juste avant qu’il ne la porte. Elle l’avait.
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MessageSujet: Re: Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]   Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')] EmptyLun 16 Fév - 9:45

  • La rage ? C'était un mot que Sharwyn n'assimilait plus depuis pas mal de temps. Sauf quand quelques évènements déclenchaient chez elle cet ancien réflexe de femme rebelle et sauvage. Mais depuis qu'elle avait découvert les médocs, elle n'avait plus à se battre. Parce qu'elle ne sentait plus les agressions du monde extérieur. Elle était dans son petit paradis, bien emmitouflée dans un rêve, un monde idyllique qu'elle chercherait peut être toute sa vie à retrouver. Elle attendait donc sagement qu'il l'aide, le pull pesant sûrement le quart de son propre poids, qui était déjà descendu bien bas. Le mot qui sortit de la bouche d'Erwann la fit frémir. Elle baissa le menton, honteuse, consciente de celle qu'il voulait qu'elle redevienne. Mais cette Sharwyn là sommeillait toujours. Le manque rendait la femme autrefois sauvage, maintenant amorphe et docile. C'était ainsi. Elle n'avait plus la force physique et morale, pour se relever. Physiquement ou mentalement. Sortir de ces eaux déjà crasseuses, lui serait impossible. Son regard passa sur les barres au chocolat, dont elle raffolait avec fierté à l'époque. Elle se rappela le jeu, avec son ami d'enfance, Herkos. Elle se rappela ce stupide concours de celui qui mangerait le plus de chocolat. Les deux gamins avaient fini avec une crise de foie. Mais Sharwyn avait gagné haut la main.

    Un sourire triste se peignit sur sa face sale et blême. Ses yeux changèrent de ligne de mire, et se posèrent sur ses longues jambes, autrefois belles, charnues, désirables à souhait. D'une couleur de miel et d'ambre qui faisait pâlir filles et garçons du pensionnat et d'ailleurs. Elle les regardait, tristement, consciente de leur soudaine pâleur, de leur nouvelle maigreur qui n'en était encore pourtant qu'au stade de prémice au pire qui s'annonçait. Elle était devenue laide. De cœur, d'âme, de corps. Elle n'était plus Elle. Qui était cette personne.

    Un miroir. Fallait qu'elle se voie entièrement. Fallait qu'elle voie ce cadavre ambulant qu'elle était en train de devenir, pour le moment encore beau et gracieux, juste pâle et un peu rachitique, mais qui s'apprêtait à laisser place à un réel zombie. Un instant, Sharwyn se dit que contempler son reflet la tuerait sur place. Elle devait être affreuse. Affolante tant elle était blême. Ses lèvres violacées témoignaient de ce froid qui l'habitait malgré la chaleur de la pièce, et de l'eau dans laquelle elle baignait.

    Elle aurait pu, oui. Elle aurait pu enlever ce pull toute seule. Elle avait la rage. En elle. Profondément ancrée depuis des années. Elle était forte. Oui. Oui, mille fois oui. Mais ça, c'est plus le cas à présent. La belle et rebelle Sharwyn est en passe de devenir un légume, un jouet docile pour quiconque voudra d'elle pendant qu'elle divaguera dans son monde parfait. Après tout, à quoi bon vivre ? Elle venait de trouver une passerelle, une sortie de secours à la vie, à la douleur que lui infligeaient ses cauchemars harassants, à la douleur de cet homme qui l'avait rejetée sans vergogne. La fuite est l'apanache des gens les plus désespérés. C'était le cas de la gamine qui se trouvait là. Ce n'était pas de la rage qui bouillonnait dans ses veines en cet instant. Juste de la déception, et de la tristesse. Une vraie gamine en train de faire un caprice, se dirait il sûrement. Raison de plus pour l'abandonner maintenant à son sort. Elle n'était pas vraiment en mesure de protester, de toute façon.

    Lentement, son regard, prenant une teinte d'un violacé profond, se ficha dans celui d'Erwann, des larmes au coin des yeux. Elle ne cherchait même plus à se débattre avec ce pull si lourd qui lui éreintait les épaules. Elle était immobile, coite depuis si longtemps, mais osant enfin rétorquer


    "T'aurais jamais dû me tirer de là. J'espère que tu regrettes."

    Un soupir profond naquit dans ses poumons, sans qu'elle ne quitte un seul instant les prunelles sombres de son ancien ami devenu sadique à souhait. Oui, il aurait jamais dû s'interposer. Maintenant il était dans la merde jusqu'au cou. Elle aussi d'ailleurs. Faudrait qu'ils restent cachés un petit bout de temps après ça. Il aurait dû la laisser se faire battre à mort par les flics qui auraient pu facilement masquer le décès. Après tout, qui aurait réclamé après cette fille cadavérique qui traînait dans les bas quartiers ? Oui, il aurait dû .. Ou peut être pas. Tout simplement, aurait il dû ne jamais la quitter, ne jamais l'abandonner. Peut être qu'avec lui toujours à portée, elle aurait pu tenir. Mais accuser tous les coups qu'elle avait reçu ces derniers temps seule, ça l'avait détruite. Et l'absence d'Erwann, c'était un des coups qu'elle avait reçu, à lui tout seul. Mais ça, il s'en doutait sûrement pas. Et c'est pas Sharwyn qui le lui dirait, ça, c'était pas vraiment dans ses habitudes.

    Yeux dans les yeux, un homme blessé et un zombie s'observent. Le premier laisse le second se dépêtrer dans sa merde, après l'y avoir poussé, alors que le second n'avait déjà pas d'équilibre. La vie est une vraie chienne. C'est ainsi. C'est pas Erwann ou Sharwyn qui contredira.
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MessageSujet: Re: Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]   Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')] EmptyLun 16 Fév - 10:42

Le brun se doutait que sa négation catégorique finirait d’abattre la jeune femme. Mais peut-être pas à ce point là. Elle regardait toujours soit le vide, soit sur quelques choses d’affligeant présent dans cette baignoire. L’eau était déjà bien sale, et les filets bruns de crasse flottaient comme de vulgaire spirale de café froid. L’eau brûlante avait rougi légèrement la peau découverte des jambes de Sharwyn, mais pas suffisamment encore pour qu’elle ait l’air vivante. Pas suffisamment pour qu’elle puisse se débattre au point que ce pull foute définitivement le camp. Erwann ne laissait rien paraitre. Même s’il savait qu’elle aurait aimé qu’il agisse comme un vrai proche, un vrai ami de toutes les pagailles et de tous les dangers, il n’en ferait rien pour l’instant. L’alcool qui circulait à travers sa cervelle lui faisait aimer ce moment. C’est vrai que c’était amusant, cette pauvre fille se débattant en vain comme une gamine se débat sous les coups de bassin d’un gros et vicieux monsieur. Se sentir fort, au dessus de quelqu’un, physiquement et spirituellement, c’était rassurant, c’était délicieux, c’était magique.

Mais elle n’était cette gamine, elle n’était pas faible, loin de là. C’était la plus puissante des demoiselles qu’Erwann avait jamais eut à affronter du regard. Peut-être avait-elle été abandonnée par trop de personne en même temps. Erwann aurait aimé lui demander, d’un air légèrement ironique, « et alors tes amis de ton gang superpuissant, ils sont où maintenant ? Ils sont où ? » Il aurait aimé savoir ce qui avait fait d’elle cette loque incapable de se remuer, incapable de marcher, presque incapable de vivre. « Pourquoi n’as-tu pas dégainé ? Pourquoi ne t’es-tu pas défendu contre cet ennemi, le pire de tous, toi-même ? ».

Parler n’aurait servi à rien, surtout maintenant qu’elle le regardait. Dans les yeux, enfin, plus profondément que jamais. Des yeux qui en disaient long sur sa détresse, et sur le fait qu’Erwann n’y était pas innocent. Une larme était née sur l’extrémité son œil droit, elle coula lentement le long de sa joue, pour s’accrocher au coin de ses lèvres gercées et de s’y briser. Elle lui demanda s’il regrettait. Non, c’était pire que ça, elle ne lui demandait pas si il demandait, elle lui demandait de regretter. Elle s’avouait déjà vaincu, écrasée par sa solitude et par les agissements des Autres. Erwann traversa ce regard de souffrance, et finit par détourner les yeux, pour regarder l’extrémité de sa manche, où il remontait sa main. D’un coup rapide et peut-être même dur, il essuya la larme qui avait coulé, emportant ainsi le passé. Il lui répondit calmement :

-Jamais de la vie.


Puis, alors qu’elle l’observait toujours, il se leva, s’aidant du rebord du lavabo. Une fois bien planté sur ses deux tiges, l’une plus solide que l’autre, mais l’autre plus souple que l’une, il attrapa le col de son pull over, juste derrière sa nuque. D’une main, il tira le vêtement avec une facilité déconcertante, au vue de la difficulté avec laquelle la jeune femme n’avait pas réussi. Il était cependant lourd, et une fois qu’il ne fut plus collé sur le corps de Sharwyn, Erwann le déposa sur le sol, où il s’égoutta de la manière la plus simple qui soit.

Pour cette fois-ci, et puis certainement pour beaucoup d’autre, il serait à côté d’elle. Il suffirait de demander, de réclamer ou de claquer des doigts, et il serait là. Il tuerait n’importe qui, comme avec les autres. Il se mettrait dans la mélasse de son propre chef, comme avec les autres. Sharwyn était loin d’être une exception. Personne n’était tune exception. Sortir les autres de l’enfer ? Il en avait pris l’habitude, la même habitude que de voir ses amis, les autres, le sortir lui des enfers. Ce jour là, c’était Sharwyn, mais peut-être dans une semaine, un mois ou dans cinq ans, ça serait au tour d’Erwann d’être englouti dans une baignoire brûlante, à refuser de becter quoique ce soit ou à lutter pour se dessaper. Un jour certainement, elle sera debout, bien vivante, en train de boire un autre verre de soda à la terrasse d’une café, ou en train de pavaner dans les rues, osant dire à des gamins facilement impressionnables : « moi, j’ai échappé à deux poulets ici ».
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MessageSujet: Re: Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]   Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')] EmptyLun 16 Fév - 11:20

  • La femme avait croisé un regard surpris et atterré. C'est sûr, il devait pas s'attendre à retrouver la belle dans un tel état. Mais s'était il attendu tout simplement à la retrouver tout court ? C'était une question qui resterait encore sans réponse pour le moment. Le brun détourna les yeux, fixa ses propres mains. La gamine allait continuer sur sa lancée, n'étant capable que de parler et geindre en ce moment précis. Alors qu'elle inspirait pour sortir ce qui régnait encore comme pagaille en elle, elle vit le bras d'Erwann vers elle. Fermant d'instinct les yeux, elle sentit la peau maintenant tiède du brun contre sa joue. Le tracé de sa larme s'effaça sans conteste, et elle rouvrit des yeux d'un bleu nuit profond d'incompréhension. Elle chercha en vain de croiser de nouveau le regard de son ami. Il l'évitait. La phrase qu'il prononça, avait été aussi dure que son non catégorique d'auparavant. Mais elle sonnait bien plus douce dans le cœur de la belle. Elle le sentait se gonfler peu à peu d'un espoir mort depuis très longtemps. Un demi sourire de reconnaissance étira son minois, et comme pour sceller la fin de cette crise de larmes et de désespoir, elle passa sa langue sur ses lèvres sèches, les humectant, et faisant disparaître à tout jamais la dernière larme qui avait perlé sur sa joue.
    Il était temps de se battre. Elle en avait envie de nouveau.

    Le temps qu'elle parvienne à réaliser qu'il fallait aller de l'avant, le brun était déjà sur pieds. Enfin, sur pied, devrait on dire. Sans un regard pour elle, il passa la main à travers ses boucles défaites, et agrippa avec une force incomparable à celle de Sharwyn en cet instant, le pull trop lourd pour la gamine. Elle courba la nuque lentement, alors qu'il tirait sans aucun effort sur le vêtement pour l'ôter. Elle eut un râle de mécontentement. Jamais quelqu'un n'avait été plus fort qu'elle jusqu'à présent. Jamais quelqu'un ne l'avait surpassée en quoi que ce soit. Et si ça avait été le cas un jour, elle aurait tenu sa revanche pour rabattre son caquet au duelliste. Le fait est que le duelliste en question semblait en meilleure forme qu'elle physiquement, et que de plus, elle l'aurait sûrement jamais attaqué.

    Pourtant, une petite voix dans sa tête lui intima qu'un jour, elle prendrait sa revanche sur la vie. Sur tous ceux qui lui avaient fait du mal. Sauf lui, peut être. Pas par pitié ou rien. Juste qu'elle en avait pas envie. Il en avait sans doute autant bavé qu'elle dans sa vie, pas question de a lui rendre insupportable. Il était fort, mais pas invincible. Et il la considérait comme une amie, il avait un minimum confiance en elle. Elle allait pas briser ça. Pas tant qu'elle était pas certaine qu'il était parti à cause d'elle.

    Presque nue, ses sous vêtements trempés, elle se demanda un instant ce qu'elle enfilerait en sortant de la baignoire. Pensive, elle rabattit une des bretelles de son soutien gorge qui avait glissé de son épaule, avant de se laisser glisser dans l'eau déjà trouble. Ses boucles se mouillèrent, se défirent complètement, laissant à la femme des cheveux légèrement ondulés coller à son dos. Se redressant sur son séant, revigorée de l'eau sur son visage, elle tendit le bras en rouvrant les yeux, cherchant le shampoing en tâtonnant. Elle le saisit, toujours sans un mot envers l'homme toujours près d'elle. Présence rassurante, à un point inimaginable. Quand allait il s'en aller, cette fois ci ? La femme songeait à cela en frottant sa chevelure pleine de mousse. Un peu du produit coula sur son front, elle grogna en essuyant ses yeux d'un revers de main. Son regard se posa sur le pommeau de douche, tout en haut, si haut qu'il paraissait inatteignable. La femme le contempla quelques instants, avant de serrer les mâchoires. Plus question de chômer. Fallait qu'elle soit en grande forme pour le frapper s'il avait pas de bonnes raisons de l'avoir abandonnée. Autant commencer dès maintenant à reprendre du poil de la bête.

    Déterminée, elle posa ses doigts recolorés à nouveau, sur le rebord de la baignoire, et sans réfléchir plus longtemps, poussa fort sur ses jambes. Il lui fallut plusieurs tentatives pour être debout, mais lorsqu'elle y parvint, un soupir de soulagement s'échappa de sa gorge. Elle était pas encore hors service, apparemment. Le froid s'empara d'elle, avec violence, et elle tressaillit, presque prête à se laisser de nouveau tomber dans l'eau tiédie par sa température d'autrefois. Lentement, toujours tremblotante, elle alluma l'eau, qui commença à tomber sur ses cheveux. Ils glissèrent lentement sur sa peau, dans son dos, sur ses épaules, et elle abattit la tête en arrière, les yeux clos, pour savourer pleinement son décrassage. Un râle de bien être s'échappa de sa gorge. Elle entreprit d'attraper le gel douche pour terminer sa toilette, et se frotta sans vigueur, un nouveau coup de barre pointant à l'horizon. Le cœur y était, mais elle avait vraiment perdu trop de forces. Ça reviendrait avec le temps. C'est exténuée qu'elle termina son rinçage. Enfin, son regard se posa sur Erwann qui n'avait pas bougé. Il avait l'air plongé dans ses pensées, l'air morne. A quoi songeait il ? A leur avenir proche ? A ce qui allait advenir d'eux si on les trouvait ? Au temps qu'ils devraient passer à croupir dans ce trou ? La femme soupira doucement, et sortit de la baignoire, s'asseyant sur son rebord, ses bras tremblants la raccrochant à peine au béton. Elle lançait un regard appuyé au brun. Comptait il la laisser se trimballer avec des vêtements sales et maintenant en plus, trempés ? Elle en doutait, mais ne sachant s'il avait de quoi l'accoutrer, elle resta immobile, assise sur le rebord de la baignoire, à attendre que le brun daigne sortir de ses songes sordides.
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MessageSujet: Re: Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')]   Torpeur et Folie [PV Mon Chouchou =')] EmptyLun 16 Fév - 13:41

[j'ai un cours cet aprem, et puis après tous les jours fatalement... mes réponses risquent d'être un poil plus saccadées.]

Qui avait gagné ? Erwann était tenté de dire qu’elle ne s’en sortait pas si mal que ça au fond, même après s’être planté tout au fond de son trou noir et humide. Ainsi suffisamment déshabillée pour prendre une toilette de chat, elle s’attarda sur sa peau meurtrie et son esprit en lambeaux. Erwann, toujours là, appuyé contre le mur sans aucune once de pudeur envers elle, réfléchissait, et s’attardait lui sur son propre cas, qui était lié quelque peu à celui de la jeune femme bien évidemment. Il n’avait pas peur, c’était pas la première fois qu’il ouvrait le feu sur quelqu’un, il avait déjà été plus loin que ça, malheureusement… . Il ne craignait pas de se faire attraper, encore moins de croupir en prison. Il se tuerait certainement avant. En fait, lui-même avait du mal à savoir si il n’avait pas peur volontairement, parce qu’il se contrôlait parfaitement, ou bien parce qu’il ne ressentait strictement rien, aucune attention et aucun amour pour sa propre personne. C’était affligeant, mais c’était comme ça. Il avait supporté de perdre une jambe, de perdre deux doigts, et de perdre une partie de sa raison, alors, mourir ? C’était une petite étape.

Mais elle ? Déjà par deux fois ce genre de situation s’était produit. Il y a presque six mois avec Majoren où ils s’étaient terrés ici même et où le brun avait finalement décidé de fuir lamentablement l’île. Et puis à la fin de l’été, à peine alors était-il rentré, à peine avait-il revu Sharwyn que les ennuis recommencèrent. Erwann se demandait parfois si la mort n’aimait pas trop vivre avec lui, sans jamais le toucher. A chaque fois qu’il voulait se calmer, se ranger, ou même changer un peu de vie, son passé ou son destin le rattrapait, impitoyablement. Et bien souvent, les dommages ne se limitaient pas qu’à lui. Alors, que faire ? Même dans la plus totale déchéance, Sharwyn ne méritait pas se refaire toute seule, dans l’éventualité bien sur qu’elle puisse se refaire un jour ou l’autre. Chacun avait droit à son moment d’obscurité. La priorité était de retrouver une certaine forme et un certain état d’esprit, car on courait beaucoup plus vie le ventre chargée et les idées claires. Comme avait dis certains êtres culottés il fut un temps, un esprit sain dans un corps sain.

Sans qu’il s’en rende vraiment compte, elle était déjà sortie du bain. La douche venait de lui raviver un peu cette aura de beauté féline qui constituait la base de sa personnalité, et que le froid, le temps et les hommes avaient altérée. Il tendit la main vers le mur, sans bouger ses fesses, pour attraper un vieux peignoir bleu marine qui était accroché là depuis plusieurs semaines. Vieux, puant, mais sec et propre. Sans la regarder vraiment dans les yeux, il lui tendit, sachant qu’elle pourrait l’enfiler elle-même.

Cet appartement moisi n’était pas vraiment un endroit pour une convalescence totale. Erwann, naïvement, même s’il connaissait déjà un peu la réponse, rien qu’à l’aspect de la demoiselle, demanda toujours sur le même ton calme de voix :

-Tu as un chez toi ?


Puis, il ôta sa veste de coton noir, qui ne le protégeait certainement pas contre le froid à la manière d’une fourrure mais qui coupait au moins le vent glacé tranchant, et la posa à côté d’elle, implicitant qu’elle devrait la mettre pour conserver l’énergie qui lui restait. Ensuite, il lui faudrait dormir, dormir au chaud pour regagner de la vitalité et la faim qui avaient disparues de son métabolisme. Le canapé suffirait. Il devait bien rester quelque couverture ici, témoins de l’ancienne gloire relative de ce lieu de fuite et de cachette parfaite.
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