Ginkgo Gakuen
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Le lycée sous le signe de l'arbre aux 1000 écus
 
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 Panique 39 (Ruika)

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MessageSujet: Panique 39 (Ruika)   Panique 39 (Ruika) EmptyLun 21 Jan - 19:25

C’était un mercredi matin. Il devait être entre neuf heures et dix heures. Calmement, le monde s’activait. Les gens qui bossaient avaient déjà bien entamé leur journée, voire même pris leur première pause, et ceux qui ne travaillaient pas restaient au lit, ou promenaient leur chien, dans les dédalles des rues pavées et toutes fraiches, encore ruisselante de la rosée hivernale. Erwann, ce jeune canadien cauchemardesque au parcours scolaire accablant faisait parti de la catégorie « dans le lit. ». C’était un jour béni ou la matinée était offerte. Il finissait la nuit, la tête fourrée dans l’oreiller, l’oreiller fourré dans la tête. C’était ça la panique 39, ironiquement parlant, c’était la force et la motivation même qui planait dans cette chambre… la chambre 39, celle de ce brave Erwann.

Ce fut le rayon de soleil de trop, brisant le règne de Morphée, qui ouvrit les paupières du grand brun. Pas de crise grave, un simple râle d’agacement, histoire de dire « oh non pas encore un matin ». Pourtant il avait cessé depuis longtemps de lutter contre le petit matin et son radioréveil, mais quand des occasions de dormir comme celle-ci se présentaient, c’était la place à un laisser-aller non négligeable. Ainsi, dès l’ouverture du premier œil, c’était le même rituel qui commençait, comme toujours, comme toujours, comme toujours… .

Il parcouru la chambre en diagonale, vers son bureau bordélique, pour y prendre une paire de chaussette. Il enfila la première sur son pied droit, et enfila la deuxième sur l’extrémité d’un support barreau de sa chaise. Par-dessus une demi-douzaine d’autre. C’était pitoyable, pour lui et pour les habitants de cette chambre, mais lui, ça le faisait marrer. Comme elles étaient plutôt restreintes ces choses qui le faisaient rire, il les conservait précieusement.

Après l’épisode chaussette, il enfilait un pantalon, un tee-shirt, et le reste qui suffisait à son bien entre extra-épidermique. Il ouvrit en grand la fenêtre blanche et écaillée, en se rappelant qu’il faudrait une nuit fermer les volets… . Après avoir respiré le grand air, il allait respirait le… petit air, celui d’une de ces autres dissertations. Assis au bureau, le stylo Bic au dessus du brouillon, à côté du crayon de bois, et au dessus de la copie, le stylo plume, d’une classe relative, classique sans trop d’histoire, enfin pas d’histoire importante.

C’était quelque chose d’assez évident, il semblait de bonne humeur ce matin là. Une bonne nuit complète, rien de mieux, rien de plus vrai pour se faire requinquer. Il jeta un bref coup d’œil juste derrière son bureau. Le lit de sa colocataire, Majoren était vide et pas fais. Signe qu’elle avait du faire un saut quelque part dans la nuit ou la matinée ici, sans réveiller le pauvre canadien. C’était aimable de sa part, de respecter le bonheur des uns.

Les minutes passèrent, mais les mots sur la copie ne venaient pas aussi facilement que l’aurait voulu Erwann. Un peu comme le trou devant le public ou le professeur… . Il relisait tous les textes qui devaient lui servir d’inspiration. Rien à faire c’était trop de la bouse cette satanée dissertation. Autant chercher une paille de foin dans une botte d’aiguille. Sans prévenir, un bruit sourd sorti Erwann de sa stase émotionnelle. Trois coups, on frappait à la porte de sa chambre.
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MessageSujet: Re: Panique 39 (Ruika)   Panique 39 (Ruika) EmptyMar 22 Jan - 20:08

* Ruika marchait dans le dortoir, à la recherche de quelque chose à faire. Elle était arrivée depuis une semaine et demie, et, contrairement aux craintes qu'elle avait eues, son insomnie l’avait laissée tomber un instant. Elle avait pu flirter avec Morphée presque toutes les nuits, et son visage semblait moins pâle, plus vivant. Elle avait récupérer les forces qui la faisaient sourire, et il lui semblait que rien ne pourrait atténuer les bienfaits de ces précieuses heures de sommeil. Ses yeux brillaient à nouveau, camouflant presque parfaitement la tristesse qui était ancrée en elle depuis plusieurs années. Seul quelqu’un qui la connaissait vraiment - c’est-à-dire personne, ou presque – aurait pu déceler la faille.

Elle portait une robe sombre, ornée de dentelles, qui descendait jusqu’à ses genoux, laissant apparaître ses collants noirs, et ses bottines assorties. Ses longs cheveux d’une raideur troublante s’agitaient à mesure qu’elle avançait dans ces interminables couloirs. Des écouteurs dans ses oreilles hurlaient une vieille chanson de punk, faisant vibrer son cœur. Elle aimait la musique, c’était le meilleur soutient qu’elle avait. C’était quelque chose qui ne se taisait jamais, et qui lui procurait toujours des sentiments merveilleux. Tous ses souvenirs étaient accrochés à ces chansons, et elle trouvait ça beau que ces mélodies puissent avoir un sens spécial, rien que pour elle. Quel sentiment de puissance, cette force qui rend unique. Elle composait un peu aussi, mais c’était rare qu’elle fasse écouter ses créations. Le piano, et la guitare, c’était un petit morceau de sa vie, ce genre de morceau que l’on ne peut arracher.

Ce matin, elle avait envie de jouer. Mais elle ne savait plus si l’école comportait une salle de musique. Elle entreprit donc de trouver quelqu’un qui puisse lui répondre. Après avoir frappé à plusieurs portes, elle essaya, sans beaucoup d’espoir, une dernière, la chambre numéro 39. Elle attendit un peu, espérant recevoir une réponse de l’intérieur. Elle glissa une main dans la poche de son manteau, caressant l’écriture similicuir qui disait « Carnet d’écriture ». Depuis toute petite, elle trainait ces cahiers avec elle, les remplissant de tout et de rien. Ça la réconfortait de noter comme ça, toute sa vie, parce qu’elle savait qu’elle avait tendance à vouloir oublier des choses importantes. C’était une condamnation, et une délivrance.

Ecrire et écouter. Ecouter et écrire. C’était tellement vivre pour elle qu’elle n’éprouvait aucune honte à être renfermée et mystérieuse. Peut-être était-ce une sorte de phobie de l’oubli qui la forçait à se livrer ainsi dans une spirale artistique. Qui sait ?*
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MessageSujet: Re: Panique 39 (Ruika)   Panique 39 (Ruika) EmptyJeu 24 Jan - 17:50

Erwann resta un peu sans bouger, fixant la porte banale en bois gris clair. Il était assez étonné, en fait, personne n’avait jamais frappé à cette porte. Même lui, la première fois qu’il y était entré, il n’avait pas frappé. C’était bénin, mais ça lui faisait bizarre. Il reprit ses esprits, se secouant la tête de droite à gauche comme pour se réveillé. Il lâcha son stylo, se redressa, et poussa sur le bord de son bureau pour reculer sa chaise avec lui dessus. Il n’avait pas le temps d’enfiler sa prothèse, sachant qu’il lui fallait un bon quart d’heure pour qu’elle soit totalement bien en place, avec la patience d’Erwann bien sûr. Il marcha sur un seul pied, s’appuyant successivement sur le bureau, la chaise et les montants du lit superposé.

Il se demanda brièvement qui aurait pu se trouver juste derrière la porte. Un admirateur ? Ou pire ! Une admiratrice. Ou alors plus banalement un pion, ou un prof, du genre « ça fait un bail que je ne vous ai pas vu n’est – il pas. ». Il hésita à ouvrir. Après tout, il pouvait encore être en train de dormir. Ou alors... sourd à cause de son lecteur MP3. Il stoppa tout mouvement, évaluant l’indice sonore qu’il avait produit de son bureau à ici, juste devant la porte. Il recula d’un pas, écoutant, attentif au moindre bruit, au moindre murmure. Il glissa à l’aide de sa chaussette sur le parquet tout neuf de la chambre, et retourna à son bureau. Oui il était « indisponible » ce matin.

C’est au moment où il allait se rassoir délicatement, sur cette chaise molletonnée usée jusqu’à la moelle, c’est à ce moment précis que tout son passé proche lui remonta juste au dessus de sa pomme d’Adam. Une énorme boule, pleine de sentiments divers et variés, se pointa dans sa gorge. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, il ne comprenait rien. Il s’appuya doucement contre son bureau avec ses deux poings, regardant droit devant lui, puis regardant droit vers la porte. Cette putain de porte. Quelque chose l’avait couché net, cette chose il ne devina pas directement ce que c’était. Et puis cette boule dans sa gorge l’aida un peu. Ce n’était ni un démon ni un fantôme qui le terrassait, c’était une odeur, un parfum… son parfum.

Il se déplaça vers la porte, cette fois ci pas d’hésitation il plongea dessus. Sa main emboita la poignée froide et il tira vers lui, assez violemment, mais avec assez de tact pour que cela passe inaperçu. Une fois la porte ouverte, un violent courant d’air froid entra dans la chambre, le couloir n’avait pas de fenêtre, et ses ténèbres rendaient l’air froid et humide. Il respira une fois de plus, ce parfum. Etrangement, il n’avait plus rien à sa gorge maintenant.
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MessageSujet: Re: Panique 39 (Ruika)   Panique 39 (Ruika) EmptyJeu 24 Jan - 18:44

* Ruika attendait patiemment, regardant la porte avec son petit regard joyeux et brillant. Ça lui avait vraiment fait du bien de dormir. Elle n’avait pas besoin de maquillage pour être jolie, elle avait un visage attendrissant qui attirait facilement l’attention, bien qu’intimidant. C’était ce genre de fille, adorable, mais si triste et si seule que peu de gens prenaient le temps de faire sa connaissance. Mais à force de se laisser tomber, son teint palissait, et ses joues se creusaient, si bien qu’elle n’attirait plus que de la pitié.

Le couloir était long, sombre, éclairé seulement par quelques lampes, faibles. Mais
dans le monde de Ruika, ce petit cocon rien à elle, il y avait de grandes fenêtres, ouvertes, qui donnaient sur un paysage de prairies enneigées, tout en laissant le vent s’engouffrer jusqu’à elle. Une brise fraiche qui faisait voler ses cheveux, et caressait sa peau trop blanche. Et toute cette scène l’embrassait pendant qu’elle regardait la porte fermée. S’il y avait quelqu’un à l’intérieur, il devait surement être occupé. Mais Ruika était très patiente, c’était une qualité que l’on appréciait souvent chez elle.

La porte s’ouvrit.
Le vent s’arrêta, les fenêtres disparurent, emportant la neige et la lumière.
Et son cœur se déchira dans sa poitrine. Elle aurait du s’y attendre, sa vie avait toujours été faîte de surprises de ce genre. Erwann se tenait devant elle, s’appuyant tant bien que mal sur un pan de mur. Beau, elle ne pouvait pas le nier. Elle sourit, essayant de réaliser. Il fallait qu’elle s’y habitue, de toute façon, ils vivaient dans la même école, et leurs rencontres seraient forcément fréquentes. Il ne pouvait pas disparaître, et elle ne le voulait même plus. Le voir, de temps en temps, c’était douloureux, mais agréable, sans qu’elle comprenne bien pourquoi.
Elle se souvint alors qu’elle était venue ici pour trouver la salle de musique. *


_ Bonjour Erwann. Je me demandais, y aurait-il une salle de musique ici ?

* Elle avait une voix discrète, timide, tremblante. Elle avait peur de le déranger, et cela se voyait sur son visage. Elle s’excusait souvent, trop souvent d’ailleurs, mais c’était sincère, à chaque fois. Elle avait souvent l’impression d’être de trop.
Mais il était une des dernières personnes qu’elle avait envie de gêner. Elle avait choisis de s’effacer, comme il le lui avait demandé, alors elle décida que si elle sentait une quelconque gêne dans ses expressions, elle quitterait les lieux. Elle ne se trouvait plus aucune raison pour le faire souffrir.
Erwann …

Elle avait déjà composé pour lui, et il avait aimé la chanson. Sa tête oscillait sur les rythmes doux, son regard brillant. De sa jambe valide, il caressait le sol. Et il l'avait embrassée. C'était loin tout ça. *
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MessageSujet: Re: Panique 39 (Ruika)   Panique 39 (Ruika) EmptySam 2 Fév - 13:41

Erwann se faisait une fois de plus prendre par surprise. Il n’avait pas bien organisé toutes les actions qu’il risquait de faire dans la poignée d’instant qui allaient suivre. Pour la première fois depuis bien bien longtemps, il se sentait désemparé. Il vacillait, lui et son âme, entre plusieurs points de vue, plusieurs pensées, plusieurs états d’esprit. En fait, il ne savait plus du tout où donner de la tête ainsi que de la réflexion. Et la japonaise en face de lui n’y était pas étrangère.

Une salle de musique. Erwann fut doublement surpris. Il ne comprenait pas, pourquoi venir lui demander à lui ? Pourquoi venir à sa porte, devant le seul recoin de vie privée qui le séparait du reste du monde ? Il n’était que très rarement d’une paranoïa aigue, mais soudain, la sienne se réveilla. Etait-ce une autre astuce pour pouvoir entamer une discussion sans s’entre-déchirer ? Une ruse pour mieux l’amadouer ? Non, certainement pas. Ce n’était pas tellement le genre de la dame, quoique la distance temporelle qui les avait séparées ait pu changer certaine chose chez la personnalité de Ruika. Certainement qu’avec l’âge, elle avait pris de la maturité, de la raison, et du recul par rapport à sa vie et ce qu’elle avait vécu. Tout comme Erwann. Elle savait certainement que c’était fini, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, peu importe. Elle avait certainement vu que le canadien aussi avait un peu changé, comme tout le monde en fait. C’était quelque chose d’inévitable, c’était la vie.

Erwann regarda dans le blanc des yeux de son ancienne amie, il n’y voyait aucune perversion ni aucune idées cachées. Après s’être blâmé lui-même dans sa tête par une insulte prononcé, il décadenassa ses joues et enfin ce qui ressemblait à un début de sourire sorti de son visage. Il allait parler sur un ton neutre. Pas fort pour ne pas la blesser, mais pas trop doux pour ne pas lui faire croire qu’il avait envie de la serrer fort dans ses bras. Il –et elle- devait rester plus ou moins adulte. Sinon c’était certain, cette histoire se finirait en bain de sang.

- Y’a pas de salle de musique ici, enfin pas que je sache. Dans le salon on peut en jouer par contre… et rien ne t’empêche de faire un concert gratuit dans la cour là dehors.

Epreuve numéro une réussie. Il avait tenu sans esquisser le moindre signe de malaise. Son début de sourire même avait tenu la distance. Il n’avait pas haussé le ton, il n’avait pas accéléré, il était presque comme… tout sauf lui-même. Tant mieux, après tout ça ne pouvait qu’être bénéfique. Mais cette attitude ne se reflétait pas. Ruika elle semblait mal, comme un petit pois dans une mer lentille. Ses cheveux dégageaient toujours cette simple odeur qui avait fais fondre Erwann il ya quelque temps au Canada. Mais là, devant la porte de sa chambre, il ne sombrait pas. Comme il le disait souvent, Fluctuat nec mergitur.
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MessageSujet: Re: Panique 39 (Ruika)   Panique 39 (Ruika) EmptyDim 3 Fév - 13:41

[Mais euh, c’est quoi cette histoire de petit pois ? XD]

* Erwann devait-être aussi troublé de la voir ici. Aucun des deux ne s’y attendait vraiment, mais il faudrait qu’ils s’y habituent. Un peu gênée, Ruika attrapa une mèche de ses longs cheveux dans ses doigts, et se mit à la faire rouler sur son index. C’était un tic qu’elle reproduisait souvent, sans y faire même attention, et qui montrait très visiblement son trouble. Lorsqu’elle en prit conscience, elle arrêta bien vite. Elle avait passé six mois de sa vie avec Erwann, et elle ne doutait pas que le jeune homme savait décoder des petits gestes comme celui-ci. Elle devait paraître naturelle. Mais si être naturelle, c’était agir sans réfléchir, Ruika ne savait pas comment on faisait.

Elle remit la main dans la poche de son long manteau, caressant à nouveau le carnet, plus brutalement cette fois. Elle avait envie d’écrire, une façon particulière d’hurler, celle qu’adoptent les gens trop timides. Elle avait envie de s’enfermer, de s’envoler. Tout près des nuages, à la naissance juste de la neige. Quelques flocons qui tomberaient sur son visage, puis un rayon de soleil qui percerait cette immensité blanche. Une brûlure dorée dans la pâleur, et une brise légère, pour faire voler un peu ses cheveux. Oui, ça serait bien. Si elle était là-bas. Seule. Comme toujours. C’étaient des plaisirs qu’elle seule comprenait, c’est pourquoi elle ne voulait jamais y emmener qui que ce soit.

Il lui expliqua, d’une voix étrange, trop calme, ou trop crispée, elle ne savait pas, qu’il n’y avait pas de salle de musique ici. Elle aurait dû se renseigner plus tôt. Et elle se serait retrouvée dans une autre école, où il n’aurait pas été. Et elle aurait pu jouer. Il faudrait qu’elle attende de rentrer chez elle, pour laisser à nouveau ses doigts glisser sur le grand clavier en noir et blanc. Quand elle jouait chez elle, il arrivait que son père se mette à pleurer. Alors il s’asseyait à côté d’elle, et ils continuaient le morceau à quatre mains. Quelques larmes roulaient sur les touches, faisant trembler leurs doigts, et ils espéraient, tous les deux, que la musique ne s’arrêterait jamais. C’était un des miracles de la musique, une parfaite osmose qui ne nécessitaient aucun mot, aucun contact, juste du cœur. C’était le moyen d’expression qui convenait le mieux à Ruika, et elle y mettait tout ce qu’elle avait.

Myril, lui, n’avait jamais voulu essayer le piano. Il prétendait qu’il préférait l’écouter jouer, qu’il trouvait ça superbe, et que ça lui suffisait pour s’envoler. Il disait que les doigts de Mika étaient tendres, et que mettre tant d’amour dans un morceau, il ne pourrait jamais. Il jouait de la guitare, et lui avait appris. C’était loin tout ça.

Ruika se tira, à contrecœur, de ses pensées, en se rappelant qu’elle n’était pas seule, et qu’elle ne devait pas paraître troublée, ni être embarrassante. Elle ne se voyait pas jouer devant tout le monde, c’était trop personnel. Et puis, sans instrument, elle ne pouvait pas jouer. Dommage … *


_ Ah, et bien, tant pis, j’attendrais de rentrer chez moi.

* Elle faillit ajouter qu’il pourrait venir, lui aussi, parce qu’il avait toujours voulu qu’elle lui fasse visiter le Japon. Mais elle se souvint qui ça faisait longtemps, et que ce n’était plus le cas maintenant. Lorsqu’ils sortaient ensemble, Ruika s’était imaginée, avec lui, dans la neige, marcher. Elle l’aurait aidé, elle lui aurait fait découvrir toute la beauté de ce pays, si différent du sien. Elle lui aurait montré comme ils étaient beaux, les grands jardins japonais, et comme c’était agréable de surplomber le monde, du haut du mont Fûji. Sa jambe n’aurait jamais était un problème, parce qu’elle l’aurait aidé, et attendu. Parce qu’elle aurait été là, et que ça lui aurait suffit. Parce qu’elle l’aurait soutenu, de toutes ses forces, et que le paysage n’en aurait été que plus beau. Mais c’était loin. C’était très loin. C’était comme un rêve, qu’elle aurait fait trop de fois, finissant par le croire réel. Ce n’était pas possible qu’il y ait eut tout ça entre eux, ce n’était pas possible qu’ils se parlent ainsi maintenant. Ça n’était qu’un rêve trop lointain, et il était temps qu’elle se réveille, une nouvelle fois.

Perdue, elle ne se retourna même pas. Elle resta là, à le regarder, laissant complètement tomber sa promesse de naturel et de dévotion à l’oubli. Elle ne pleurait pas, elle n’en avait pas besoin. Mais elle tremblait presque, debout, si minuscule devant la force de tous ces souvenirs. Rêver, elle n’en était que trop capable. Elle ne savait plus qui elle était, ce qu’elle faisait là, et comment elle y était arrivée. Elle ne savait pas pourquoi elle avait sorti le carnet de sa poche, ni pourquoi elle était en train de serrer ce morceau d’elle contre son cœur. Elle ne savait pas pourquoi ses yeux fixaient ceux d’Erwann, ni pourquoi elle ne souriait plus. Elle ne comprenait plus rien. Elle était entrée dans un monde ailleurs, et elle n’arrivait plus à en sortir. Une musique résonnait brutalement dans sa tête, rythmant ces souvenirs ingrats. Une nouvelle fois, elle se laissait submerger par son passé, et n’essayait même pas de lutter.
Ce n'était pas encore aujourd'hui qu'elle tiendrait le coup.*
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MessageSujet: Re: Panique 39 (Ruika)   Panique 39 (Ruika) EmptySam 9 Fév - 22:50

La vigueur lui était revenue. Il l’avait senti monter de très loin, de ses dernières réserves d’énergie mentale, de ses derniers recoins encore vierges de tout découpage douloureux. Ces flux lui avaient alimenté le cerveau en ondes positives, que du bonheur, comme s’il venait de snifer un rail d’héroïne. Il bomba son torse, serra ses points. On aurait dit un coureur juste avant le marathon, un boxeur juste avant la pesée, ou un petit branleur juste avant d’accoster une demoiselle. Seulement voilà, maintenant, il ne savait pas trop quoi faire. Ses paroles avaient un très fort goût de nostalgie. De nostalgie meurtrière. Il détestait ça. Se dire que tout aurait pu être différent avec un simple mot de plus, ou de moins. Il détestait regretter le passé, car s’il ne faisait que se lamenter sur son passé, il en avait pour une bonne demi-douzaine de siècle.

Son regard se transforma doucement comme le reste de lui-même précédemment, il devint plus dur, plus rugueux. C’était dur, même très dur comme ça de faire passer tout un message, clair net et précis en un seul regard. Peu de gens savait le faire. Erwann en faisait parti, il avait appris, ne pouvant courir comme les autres, à se servir d’autre atouts. Il avait forgé toutes ces expressions et jusque là, ça marchait plutôt bien. Il s’était sorti de plusieurs situations brûlantes grâce à cela, notamment plusieurs discussions critiques avec la japonaise.

Il voulait la surprendre, pas pour la séduire ni pour faire naitre un quelconque espoir en elle, mais plutôt pour toujours garder une sorte de longueur d’avance sur elle, pour ne pas replonger. Et si elle ne suivait pas, et plongeait à sa place, tant pis. C’était égoïste, mais ça aussi, il savait que la vie n’était pas un jeu vidéo, avec toutes ses vies à gagner à chaque niveau. C’était un peu comme un instinct animal dominant, même s'il trouvait ça un peu malsain, même complètement débile. Il ne trouvait pour l’instant que ça comme solution. Il arrivait encore à se convaincre qu’il était malheureux. Pourtant c’était faux. Il la regarda profondément dans les yeux, toujours avec le même but.

- Bon alors, tu rentres ou tu restes plantée devant la porte à attendre le dégel ?

Il avait dis cela tout en reculant, se redirigeant vers son bureau. Il lui avait tourné le dos, assez facilement, un peu trop peut être. Regarder par-dessus son épaule pour voir ce qu’elle faisait ? Non, il ne fallait pas, elle devait choisir ça d’elle-même, et Erwann ne devait pas lui faire croire quoi que ce soit.

Le grand canadien enfila le premier jean qu’il trouva, et serra d’un coup sec la ceinture marron, signe de son bien être qui restait encore et toujours bien relatif.
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MessageSujet: Re: Panique 39 (Ruika)   Panique 39 (Ruika) EmptyMar 12 Fév - 21:40

[Désolée, mais j’avais trop envie de la faire péter un câble ! ^^]

* Complètement perdue, Ruika ne remarqua même pas que le regard d’Erwann était devenu plus dur. Pour l’instant, elle voyait juste ces souvenirs. Courir, courir. Ou fuir. Etait-elle d’ailleurs encore capable de courir ? Il fallait qu’elle essaie. Et si elle se mettait à partir en courant, là, maintenant ? Elle pourrait peut-être même voler. Oui, ça serait marrant. Elle pourrait passer par la fenêtre, et voler jusqu’à Myril. Et puis, elle lui dirait qu’elle n’est pas sa sœur de sang. Ah oui. Où était Myril d’ailleurs ? En Russie, oui, c’était ça. C’était ce qu’elle avait vu, dans un mail de sa mère. Ce n’était pas loin la Russie. Oui, voler jusqu’à là-bas, c’était sûrement possible. Et puis, la neige, toute blanche. Il y a plein de neige en Russie. La Sibérie, c’est grand. On peut disparaître en Sibérie non ? Ah oui. Voler pour disparaître. Courir. De toutes ses forces. C’était pas si loin. Sur les cartes, ça se touchait même. Et puis, sa mère serait sûrement contente de la revoir. Elle lui apprendrait à voler, et elles iraient voir son père toutes les deux. Et elles feraient le tour du monde. Et Myril, il serait partout, toujours là. Oui. Mais pour ça, il fallait qu’elle parte en courant.

Ruika n’était pas comme ça, un an plus tôt. Elle ne se laissait jamais envahir à ce point par ses pensées insensées. Mais il fallait qu’elle se rende compte, un jour, que depuis quelque temps, depuis qu’elle avait écrit la lettre, son cerveau déconnait. Et pas que légèrement. Ses mains se crispèrent à nouveau sur le carnet noir. Il y avait le brouillon de sa lettre à Myril, à l’intérieur. Et puis, il y avait des dessins. Dessins de corps, les uns sur les autres. Elle ne dessinait plus de paysages ces temps-ci. Elle était malade. Une sorte de maladie incurable, qu’elle était la seule à contracter. Elle se sentait vraiment mal, sa tête tournait. Elle n’était qu’une fille, une toute petite fille, en dessous de toutes ces choses. Elle ne tentait même pas de se montrer forte, ça n’était plus possible. Il lui proposa d’entrer, du moins, c’est ce qu’elle cru comprendre. Elle entendait à peine. Elle volait. Une goutte de sueur coula le long de sa tempe blanche. Elle perdait pied, c’était bizarre. Où était-elle ? Elle passa une main sous son manteau, se griffant la peau de ses ongles à moitié rongés.

Une nouvelle crise. Ça faisait longtemps. Crise de quoi exactement, elle ne savait pas. C’était ce qu’on appelait tout simplement perdre le contrôle, au plus haut point. Une sorte de somnambulisme éveillé. Elle tenait encore le carnet d’une main. Il fallait qu’elle s’assoie, comme ça, il ne s’en rendrait peut-être pas compte. De toute façon, il lui tournait le dos. Oui, c’était bien comme ça. Une nouvelle goutte de sueur perla au dessus de ses lèvres. Elle remarqua un lit, là, près de la porte. Oui, elle allait s’asseoir enfin. Elle ne volait plus. Elle s’écrasait. Son cerveau lui dictait juste ses mouvements, il n’avait plus d’énergie pour les paroles. Les images qu’il lui envoyait étaient floues, courtes, étranges. Des souvenirs qui ne semblaient même pas lui appartenir. Elle avait envie de vomir. Il ne fallait pas qu’il voit. Que personne ne soit au courant, c’est ce qu’elle s’était promis. Une de ces promesses qu’elle pensait arriver à tenir. Elle s’assit donc sur le lit, sans même remarquer que le carnet n’était maintenant plus dans sa main. Elle s’adossa ensuite contre le mur. Et sa bouche murmura quelques mots dont elle ne comprenait même plus le sens. « Ah, d’accord. ».

Ah, un goût de sang dans sa bouche. Ça tombait de son nez. Merde. Fallait qu’elle essuie. Avec quoi ? Ah oui, sa main. La lever jusqu’au milieu de son visage. Oui, c’est bon, elle ne sentait plus le goût. Il n’avait rien vu c’était sûr. Mais si elle ne faisait rien, il remarquerait forcément. Elle devait se lever. Son idée d’avoir l’air digne, c’était perdu, mais si elle fuyait, il ne remarquerait rien. Elle ferma les yeux. Et s’endormit. Dans son rêve, elle fuyait, effectivement, vers la Sibérie. Mais c’était trop flou, ça n’avait même pas l’air réel. Elle était exténuée. Trop fatiguée. Trop tard.*
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MessageSujet: Re: Panique 39 (Ruika)   Panique 39 (Ruika) EmptyMer 13 Fév - 13:09

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