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Les réactions de Yuu l'intriguait. Même si son monologue était intérieur, son expression ainsi que sa pose digne des plus grands acteurs théâtraux allait à l'encontre de toute réaction logique. Même si les réactions de Nagisa n'avaient résolument rien de logique, et elle le savait très bien, elle était néanmoins assez douée pour dire ce qui était vraisemblable et ce qui ne l'était pas dans le comportement d'une personne. En ce moment, l'indice de vraisemblance dans le comportement du jeune homme était proche de zéro... Mais tant qu'il ne s'approchait pas d'elle tout allait bien.

*Allez, part simplement et laisse moi ici... Je me débrouillerais.*

Si elle avait pu dire cela à haute voix, tout aurait été certainement plus facile pour elle comme pour Yuu, mais elle avait la manie de ne faire que penser ce qu'elle voulait réellement dire, tandis que sa bouche débitait un flot de bêtises incompréhensibles dû à l'absence de périphériques reliant le cerveau aux cordes vocales, ces derniers n'étant pas fournit de base par le constructeur.

Elle n'était normalement pas douée pour la lecture de pensée, mais lorsqu'elle vit son interlocuteur croisé les bras et la regarder de haut en bas, elle eut l'impression d'être branchée directement sur le cerveau de ce dernier. Cette révélation lui fit se cogner la tête contre le mur, car elle tenta de reculer alors qu'elle était déjà presque collée à ce dernier, et elle sentit une petite goutte de sueur couler de son front, passer par le nez puis le contourner pour venir mourir doucement à la commissure de ses lèvres.

"Non, je... Tu ne penses pas à...?"

Jusqu'à maintenant, elle avait toujours été proche de la panique. En ce moment, elle était en plein dedans ! Ses pires craintes furent confirmée lorsqu'il annonça qu'il ne voyait qu'un seul moyen de l'emmener à l'infirmerie. Le problème étant qu'elle avait compris depuis un petit moment quel était la seule solution, et qu'elle ne pouvait même pas prévoir elle même quel serait sa réaction une fois qu'elle serait dans ses bras.

Elle cru vraiment qu'elle était en train de faire un mauvais rêve lorsqu'elle le vit se pencher vers lui puis réussir à la prendre dans ses bras, malgré le fait qu'elle se débattait comme une folle. Une fois qu'elle fut soulevée, elle cessa de bouger, complétement figée. Le combat était perdu... Si elle avait eu la moindre chance de le faire abandonner, c'était lorsqu'elle était encore au sol. Ne pesant guère plus qu'une plume, elle ne devait pas être une trop grande gène pour Yuu qui la soutenait comme l'aurait fait un homme courtois, en faisant bien attention de ne pas toucher trop de parties intimes.

*C'est un... u.u....un porter d.d..d.d.dd...de p...p.p...p.p.pp..*

Même dans ses pensées elle n'arrivait pas à finir sa phrase, néanmoins elle avait compris l'idée. C'était un porter de princesse, point. Elle le savait bien et ne pouvait pas croire que cela lui arrivait à elle... Bon d'accord, c'était à cause d'une cheville foulée mais est-ce qu'elle trouvait ça si désagréable au fond ? Elle se le demandait. Elle releva le visage vers le jeune homme qui regardait droit devant lui, d'un air assuré, et remarqua alors qu'on les regardait de manière bizarre... Ce qui, rappelons-le, était tout de même son pire cauchemar. Il tenta de la rassurer en disant à sa manière qu'ils arriveraient vite, ce à quoi elle répondit en se mettant les mains sur le visage pour dissimuler son teint écarlate, tout en répondant d'une voix étouffée.

"Je vais mourir de honte..."

Mourir ce n'était pas forcément vrai, mais si elle avait eu l'opportunité de se cacher dans un trou de souris à cet instant, elle l'aurait fait. Heureusement, les couloirs étaient relativement vide et elle se retrouva assise sur un lit d'infirmerie, toujours aussi écarlate et rougissante en constatant que le sensei n'était pas là. Il n'allait pas vouloir... ?

Et si, il le voulait, elle commençait résolument à bien le connaître et recula précipitamment sa cheville enflée.

"J...j.j..j.j.j...j..j..j.je... T'es gentil m.mais je v.v...vv...vais attendre l'infirmier..."

Il faisait beau, il faisait chaud, les oiseaux chantaient et Dean était installé au volant de sa belle Galaxy, revenant de la ville où il était allez passer sa pause de midi. La fenêtre ouverte, les cheveux au vent, le chanteur des gun’s criant les paroles dans les hauts parleurs … il n’en fallait pas beaucoup à notre infirmier d’être heureux. Sourire sur les lèvres, il engagea son amour de voiture sur le parking réservé au personnel du lycée, et coupa le moteur. Dean attendit encore quelques instants, le temps que l’adrénaline descende, puis détacha la ceinture –parce que, bien qu’il aime la vitesse et tout se qui y attrait, notre infirmier était quand même prudent- et sorti de l’habitacle. Il attrapa son sac à dos et ferma la voiture à clef avant de partir tranquillement vers l’infirmerie.

Alors qu’il s’engageait dans le dernier couloir et qu’il voulut ouvrir la porte de son lieu de travail, en sifflotant, Dean entendit des voix. Une voix masculine, l’aire plutôt calme, l’autre était celle d’une jeune fille qui donnait l’aire complètement paniqué. C’est une mission pour super-Dean ! Affichant un sourire, il ouvrit la porte et prit le soin de bien la refermer avant de chercher les deux jeunes du regard. Il tomba effectivement sur un étudiant et une étudiante. Cette dernière était installé sur le lit et le fixait avec de grand yeux écarquiller ou l’on pouvait lire la panique. A vrai dire, sur tout son visage était écrit le mot « panique » en grandes lettres noires et indélébiles.

Arquant légèrement un sourcil, notre jeune homme déposa son sac contre le bureau, enleva sa veste de cuir qu’il accrocha au porte manteau et attrapa la blouse blanche tant détestée qu’il se devait de porter lors de ses heures de boulot dans l’infirmerie, et s’approcha des deux étudiants, et ce avec une drôle d’impression. La jeune fille le fixait de ses yeux ronds, comme le jeune homme. Tout comme s’ils venaient de voir la sainte vierge descendre d’une soucoupe volante. Ouais bon écouter. Je suis infirmier, je fais parti d’un groupe de personne bizarre et difficile à comprendre, mais je suis humain en premier lieu. Humain comme vous et moi. Pendant que ses pensées amusantes firent le tour de son esprit, notre infirmier attrapa deux gants en latex qu’il enfila avant de porter son attention sur les deux étudiants.

« Alors, mes petits, ou plutôt, ma petite, où le problème ? » demanda-t-il en s’adressant particulièrement à la jeune fille. Voyant que celle-ci était en proie d’une panique qui ne semblait pas diminuer, Dean tira une chaise, fit un signe à celui qui l’accompagnait de se reculer un peu, et s’installa en face d’elle. « Tu sais, je ne suis pas un vicieux et encore moins un infirmier sadique. Je suis tout simplement quelqu’un qui sait ce qu’il doit faire » il lui adressa un sourire qui se voulait rassurant et reprit, tout en continuant de parler calmement « donc avant que tu ne me fasse une crise d’angoisse, respire calmement. Inspire profondément et expire doucement. » Il lui montra comment faire et attendit qu’elle le suive. Apparemment cette technique marchait et faisait légèrement diminuer l’angoisse de la jeune fille, mais elle n’était pas encore tout à fait rassuré. M’enfin. Tout en souriant, Dean reprit la parole « bon, tout en continuant à respirer comme je te l’ai demandé, tu peux me dire ce qui se passe ? Où tu as mal ? »

Il lança un coup d’œil vers le jeune homme qui accompagnait l’inconnue, lui exprimant ainsi le fait qu’il allait sans doute avoir besoin de son aide pour avoir des explications, si l’étudiant persistait à ne pas vouloir parler ou à ne pas se calmer.

Nagisa observa l'infirmier d'un oeil amorphe. En fait, son cerveau s'était partiellement déconnecté... Depuis quelques temps, c'était la parade qu'il avait trouvé afin que la jeune fille ne succombe pas à une crise de panique ou, comme c'était souvent le cas, à un évanouissement. Parade un peu effrayante d'ailleurs car, quand ce dernier faisait cela, la jeune fille se détendait, c'était un fait, mais elle avait aussi un regard vide et complètement mort. En fait, on pouvait presque croire que son âme l'avait quittée.

Quand elle se retrouvait dans cet état, la réalité se retrouvait quelques peu altérée. Ainsi, l'image de ses parents, les deux seules personnes en qui elle avait une confiance totale, se superposait virtuellement à celle de l'infirmier et de Yuu. Le monsieur en blouse blanche était donc devenu son papa, et Yuu sa maman. Elle n'était pourtant pas dupe. Son cerveau n'était pas assez doué pour créer une illusion parfaite et elle devinait encore les traits de Dean et de Yuu en dessous de l'image de ses géniteurs. Mais même si elle le savait, ça la calmait malgré tout. Elle se souvenait vaguement avoir entendu Yuu dire qu'il attendrait l'infirmier et elle pensait, mais ce n'était pas sûre, avoir hoché très lentement la tête... Mais ça ne c'était peut-être passé que dans sa tête.

Elle ne répondit pas à la première question de l'infirmier, n'y parvenant pas. En fait, c'était un peu comme une drogue, elle était complètement camée et déconnectée de la réalité. Ce n'était peut-être pas la meilleure solution, mais elle avait atteint son seuil maximum de tolérance, et même dépassé ce dernier, lorsque Yuu l'avait prise dans ses bras. Déjà d'ailleurs, elle était en train de s'inventer une histoire comme quoi elle avait rêvé que ce dernier l'avait prise dans ses bras, et qu'elle venait de se réveiller dans le lit de l'infirmerie. En fait, après 30 secondes de réflexions, elle était persuadée de s'être évanouie plus tôt et de s'être réveillée à l'infirmerie. En fait, c'était même la réalité... Pas besoin de s'en persuader, c'était ce qui était arrivée.

40 secondes, c'était ce qu'il lui avait fallu pour altérer totalement la réalité. Elle vit son père, en fait Dean, lui dire de respirer calmement, et d'inspire profondément en expirant doucement, ce qu'elle fit et, étrangement, elle se sentit encore mieux... Calme. Son état s'améliorant grandement grâce aux conseils de l'infirmier, le cerveau enleva les images superposée, replongeant Nagisa dans la réalité de manière non pas brutale, mais relativement douce. Bien qu'elle soit en face d'un inconnu et d'une vague connaissance en la personne de Yuu, elle ne paniqua pas plus. Les exercices de l'infirmier étaient efficaces et elle se sentait calme, tellement calme qu'elle affichait un sourire béat. En fait, elle était en état de choc, et ne s'en rendait même pas compte. Elle entendit Yuu dire qu'il lui était rentrée dedans et elle hocha la tête avec le même sourire idiot. Lorsqu'elle reparla, sa voix était totalement monocorde et ce ne fut que pour annoncer.

« Je me suis foulée la cheville. Hanamura-san n'est pas le seul fautif, je me tenais au milieu du couloir, juste devant le coin... Je m'étais dis que je voulais m'en faire un ami. Le prochain qui arrivait serait mon ami, et c'était Hanamura-san ! »

Elle le regarda toujours avec le même air béat... puis s'écroula sur son lit, inconsciente. Il s'était passé beaucoup trop de choses à la suite et tout venait de lui revenir en tête à l'instant même. Lorsqu'elle se réveillerait, dans quelques minutes (ses évanouissements n'étaient jamais très long), elle ne se souviendrait probablement pas de ce qu'elle venait de dire, et serait sans doute en train de se demander ce qu'elle fichait là.

Dean remarqua avec soulagement que son simple exercice de respiration commençait réellement à avoir un effet positif sur la jeune fille. Celle-ci se calmait peu à peu jusqu’à sembler être en transe comme si elle venait de fumer du cannabis. Avec son sourire béat sur les lèvres et les yeux qui le fixaient sans réellement le fixer, elle avait tout l’air d’une junkie. Mais cela ne dura pas longtemps, car, à peine eu-t-elle fini ses explications, que son corps s’affaissa et qu’elle tomba, inconsciente, sur le lit.

Le cœur de Dean s’accéléra. Quelqu’un qui tombait dans les pommes n’était pas difficile à gérer. Ce qui l’était plus était sans aucun doute les raisons de ce malaise. Arrêt cardiaque ? Simple défaillance ? Chute rapide de la tension ? Quoiqu’il en soit, bien que Dean ait déjà eu souvent affaire à ce genre de perte connaissance, il ne pouvait pas s’empêcher de sentir le stresse le gagner. Le cœur qui accélère, les mains qui deviennent moites, la vue qui se trouble légèrement, tant de signes distincts qui annonçait la panique. Alors, voyant la jeune fille ainsi, couché sur le lit, Dean se prit 5 secondes, top chrono, pour faire le même exercice qu’enseigné auparavant.

Puis, après avoir respiré profondément et sur plusieurs temps, il souffla lentement et s’avança vers la jeune fille. Se penchant vers elle, il vérifia sa respiration et s’assura que ce n’était qu’une simple perte de connaissance et non une crise cardiaque ou autre chose de plus grave. Afin de pouvoir l’aider à mieux respirer, Dean lui retira se qui pouvait entraver sa respiration, c’est à dire sa veste et son haut. Ce n’était pas qu’il avait envie de voir de seins, bien au contraire. Ce n’était que dans l’intérêt de la jeune fille. Et puis ce n’était pas comme si s’était la première fois qu’il en voyait, des seins. Mais soit. Après l’avoir soulever sans problème et l’avoir bien installé dans le lit, il tourna son regard vers le jeune homme qui l’avait accompagné.

« C’est quelle cheville ? »

Après qu’il le lui ait désigné ladite cheville, Dean hocha la tête et commença à retirer la chaussure et la chaussette puis examina le pied de la jeune fille. La cheville avait doublé de volume. Grimaçant, l’infirmier se redressa et alla chercher de la pommade dans l’armoire, tout en gardant un œil fixé sur l’inconnue

« Dit moi, Hanamura-san, tu connais son nom ? »

Du noir et des rêves bizarres... C'était en règle général lorsqu'elle s'évanouissait, tant et si bien qu'elle avait finit, avec le temps, par appréhender ses réveils lorsqu'elle voyait ça. Car lesdits réveils étaient souvent source de gênes extrême et de messes basses par la suite. Elle se souvenait encore, dans sa précédente école, lorsqu'elle s'était évanouie et qu'elle s'était réveillée avec un garçon qui avait les lèvres collée aux siennes. Il avait eu beau tenter de se justifier en expliquant que c'était du bouche à bouche, Nagisa lui avait malgré tout mis la plus prodigieuse gifle de tout les temps en expliquant qu'il n'était pas nécessaire de faire du bouche à bouche à quelqu'un qui respirait encore, ce à quoi ce dernier n'avait rien trouvé à répondre.

Même si elle ne l'admettait qu'à elle même, le garçon qu'elle avait giflé à l'époque (de sa main droite pour ne pas en souffrir elle même) avait tenté de faire preuve de prévenance à son égard, et elle appréciait un tout petit peu. Mais ce qui avait été retenu surtout, c'était que l'individu lui avait volé son premier baiser et ça, elle ne lui pardonnerait sans doute jamais. Même mariée, avec trois enfants et une petite vie de couple tranquille, elle lui en voudrait encore. Sur son lit de mort, elle lui en voudrait toujours. Elle n'avait habituellement pas la rancune tenace, mais ça... D'autant qu'au moment ou c'était arrivé, il y avait bien une bonne dizaine de personnes agglutinés autour d'eux, et les rumeurs avaient marché bon train par la suite. Enfin, ça c'était des mauvais souvenirs, et elle en rêvait en ce moment, sachant pertinemment qu'elle allait bientôt se réveiller puisque ce dernier perdait progressivement de sa substance pour devenir de plus en plus flou, à mesure qu'il s'effaçait pour qu'elle voit l'intérieur de ses paupières.

En se réveillant, tout en se rappelant de son rêve (en se demandant pourquoi elle avait bien pu faire remonter un souvenir aussi horrible à la surface), elle s'était dit qu'il n'y avait jamais rien eu de pire que ça lors d'un de ses réveils d'évanouissements, et qu'il n'y aurait sûrement jamais rien de pire.

Elle entendit la voix de... Yuu lors de la brume accompagnant son retour parmi les vivants qui disait que c'était de sa faute à lui pour lui être rentré dedans mais... Elle n'était pas sûr que cette phrase ait été dite ailleurs que dans son esprit, et elle préféra ne pas y répondre afin de ne pas avoir l'air ridicule si d'aventure c'était le cas.

Elle ouvrit les yeux, et se rendit compte qu'elle avait le soutient-gorge à l'air. Non pas que son petit bonnet A puisse intéresser l'infirmier, mais elle se rappelait que Yuu était présent dans la pièce, tout comme elle se rappelait que c'était lui qui l'avait amenée ici même si elle n'avait aucun souvenir d'avoir dit quelque-chose juste avant son évanouissement.

Enfin, là, ce n'était pas le problème. Elle était « torse nue » devant deux garçons... Enfin, un garçon et un homme et elle restait une fille avec tout ce qu'il fallait de pudeur. Le premier réflexe qu'elle eut en découvrant que l'un de ses plus gros complexes, à savoir sa petite poitrine, était lorgnable par n'importe quel oeil lubrique de mâle en rut, fut de faire ce que vous découvrirez une ligne plus bas.

« KYAAAAAAAAAAAAH ! »

Oui donc, elle cria, pas besoin de vous faire un dessin, de toute la force de ses petits poumons qui n'étaient pas si petit que ça au vu de la puissance qu'elle réussit à mettre dans sa voix. Néanmoins, elle termina rapidement la chose afin de se saisir du premier truc qui lui tombait sous la main pour s'en couvrir, à savoir le drap du lit. Une fois cela fait, elle se recula au maximum grâce à sa jambe encore valide afin de se retrouver au fond du plumard, collée au mur, en respirant bruyamment et en regardant tour à tour les deux individus du sexe opposé qui se trouvait dans la même pièce qu'elle. L'infirmer, elle l'avait vu avant, et Yuu aussi elle l'avait vu avant mais... pourquoi elle était ici ? Elle voulut reculer un peu plus mais se cogna sa cheville foulée, ce qui lui arracha un cri de douleur tandis que son poignet, foulé lui aussi, se cogna au mur, lui arrachant un autre cri de douleur et faisant remonter à la surface tout les souvenirs de ce qu'il s'était passé...

Yuu qui lui rentrait dedans, qui la portait... et finalement l'infirmier qui arrivait, et le noir total ensuite. Ça devait probablement être à ce moment là qu'elle avait perdu connaissance. Mais en ce moment, la seule chose qui lui trottait dans la tête, c'est qu'elle n'avait pas la possibilité de fuir, qu'elle était dans la même pièce que deux garçons qu'elle ne connaissait pas, enfin un qu'elle ne connaissait pas du tout et l'autre à peine, et qu'elle avait la poitrine visible quoique recouverte d'un drap en ce moment. Elle se saisit du premier truc qui lui tomba sous la main, à savoir une petite boite de médicaments en plastique vide qui trainait là allez savoir pourquoi, et le brandit devant elle de la main droite comme une arme tandis que la main gauche avec son poignet foulé s'affairait maladroitement à retenir le drap sur sa poitrine.

« N... Ne vous approchez pas ! Ne vous approchez pas ! Ne vous approchez pas ! »

Oui oui, Nagisa était en train de faire face à la plus grosse crise de panique de toute sa vie et, alors qu'elle en aurait eu énormément besoin ce coup là, l'évanouissement ne venait pas. Elle restait parfaitement éveillée, quoi que pas trop lucide, et ses yeux se déplaçaient follement à travers toute la pièce, cherchant un point de fuite. Le premier qui s'approcherait à ce moment là se prendrait la boite de médicament dans la tronche et, si ça ne la ralentissait pas, elle taperait, bien qu'elle n'ait aucune force, pour tenter de le repousser.

*J...*

Même en pensée elle buguait, alors que c'était normalement la seule chose qui restait plus ou moins sous contrôle, même lors des crises de paniques...

Si Dean avait sut que Fojioka-san réagirait de cette manière en se réveillant, il aurait sans doute réfléchit à deux fois avant de lui ouvrir sa chemise. Il eu tout juste prit la pommade qu’il cherchait et s’était à peine retourné pour chercher les bandages qu’un grand cri retentissait dans toute la pièce. Le cœur de notre infirmier manqua un battement et, tressaillant, il fit volte face et se retrouva face à une jeune fille en proie d’une panique grandissante. Elle s’était redressée et, malgré sa douleur certaine, elle s’était tapis au fond du lit contre le mur comme un animal apeurer. Dean réagi au quart de tour et s’avança vers elle.

Là, sans qu’il eu le temps de cligner des yeux, une boite de médicaments qui trainait par là, lui atterrie en plein sur l’arcade sourcilière droite, lui faisant avoir un mouvement de recul. Ladite boîte était un récipient en plastique assez lourd et même encore ouvert. Aussi, la panique dotait la jeune fille d’une certaine force que notre infirmier n’aurait pas pensée. Ce fut donc plus par étonnement que par douleur qu’il s’immobilisa quelques instants, fixant la jeune fille avec une moue d’incompréhension. Puis, secouant légèrement la tête, il se baissa pour récupérer la boîte et la posa d’un geste vif sur la table.

« Bon, ça suffit » Dit-il d’un ton ferme à l’attention de Fojioka « Tu es paniqué, je comprends. Tu ne sais pas ce qui t’arrive, ok. Mais évite de jouer avec ça, ok ? Ça peu être dangereux et je ne tôlerais pas que quelqu’un se blesse à cause d’une de tes crises»

Il la fixa encore quelques instants puis adoucit son regard, signifiant ainsi qu’il n’allait pas s’énerver. Il ne lui en voulait pas, bien au contraire. Il désirait seulement mettre les choses au clair afin d’éviter un plus grave accident. Mieux vaut prévenir que guérir, comme on le dit si bien. Alors, posant la boîte de médicament un peu plus loin, il s’avança à nouveau vers la jeune fille et lui tendit sa chemise

« Tient, couvre-toi si ça peu te rassurer et t’éviter de sombrer dans les entrailles de la panique » dit-il tranquillement, esquissant un sourire rassurant. « Ensuite tu vas refaire le même exercice de respiration qu’avant »

Dean avait-il réellement put espérer que la jeune fille se calme? Bien qu'au fond il savait pertinemment qu'il avait mal agit en augmentant le ton, il avait garder une petite lueur d'espoir, qui avait vite fait de disparaître en voyant l'étudiante se reculer encore plus lorsque notre jeune homme lui tendit sa chemise. Bon, si elle ne la voulait pas, tant pis. Il déposa le vêtement sur le lit et, ignorant les jérémiades de Fujioka, il se décida tout de même à examiner sa cheville.

Chose qu'il aurait du éviter. Alors qu'il approchait simplement la main vers la jambe de la jeune fille, une violente douleur éclata au milieu de son visage, le faisant reculer de quelques pas. Il eu besoin de quelques instants afin de reprendre ses esprits et se passa la main sur le nez. Heureusement que le coup de pied de l'étudiante n'avait pas été assez fort pour le casser, mais tout de même. Soupirant, Dean lorgna vers la jeune fille qui continuait à gueuler à s'en arracher les poumons. Que faire? La calmer était mission impossible. Et tant qu'elle n'était pas calme, Dean ne pourra pas la soigner.

Encore quelque peu étourdi, Dean regarda autour de lui s'il ne trouvait pas la solution dans un quelconque objet de la pièce.

d

Parler d'une manière brusque à Nagisa n'était de loin pas la chose à faire en ce moment. C'était le meilleur moyen de la braquer encore plus, et c'est ce qu'elle fit lorsque l'infirmier lui annonça qu'il ne tolèrerais pas que quelqu'un se blesse à cause de ses crises. Le seul problème étant que, vu son état actuel, elle aurait toléré pour sa part de tuer un golem de pierre si ça lui avait permis de quitter cette salle. Pour la toute première fois de sa vie, elle se trouvait dans une situation ou elle ne pouvait pas fuir.

Si elle n'avait pas eu la cheville foulée (le poignet était un moindre mal, ce n'était pas lui qui la soutenait), elle n'aurait pas hésité à bousculer tout ce qui se trouvait sur son passage pour s'enfuir, même poitrine à l'air. En fait, elle ne tenait plus le drap que par réflexe à présent... Mais si elle avait trouvée une issue actuellement, elle serait même sortie sans se couvrir. Bon, une fois qu'elle aurait retrouvé ses esprits (généralement après avoir trouvé un endroit calme, étroit et sombre), elle le regretterait amèrement en se demandant combien de personnes l'avaient vue en si petite tenue et en faisant, en bonus, une autre crise de panique derrière en y pensant, mais sans doute plus légère que l'actuelle puisqu'elle serait seule.

Dean aurait bien pu danser la macarena en slip de bain avec un ananas dans chaque mains qu'elle ne l'aurait pas plus écouté... Elle était arrivé à un point ou, que ce soit en lui parlant gentiment, en hurlant, ou en lui parlant dans une langue étrangère, elle n'écoutait plus rien. Ne subsistait à présent que sa panique en grosses lettres rouge dans sa tête. Les signaux d'alarmes bourdonnaient à pleins volumes dans son cerveau, ne lui permettant pas d'entendre quoi que ce soit d'autres.

Lorsque l'infirmier lui présenta sa chemise, elle ne le remarqua même pas. Elle était toujours trop occupée à fixer la porte de l'endroit ou elle était en se demandant, dans les méandres de la folie qui était en train de faire son petit bonhomme de chemins, comment l'atteindre. Elle ne l'entendit pas non plus... Ou du moins, elle l'entendit mais elle n'arriva pas à décoder un traitre mot de ce qu'il avait bien pu dire. Elle entendit également une voix un peu plus familière, ce qui la fit se calmer très légèrement... Très très très légèrement. Quelque-chose comme « panique pas » mais elle n'en était pas très sûre. Pour l'instant, elle essayait surtout de trouver un moyen de redevenir calme et posée, se doutant bien qu'elle finirait par virer folle furieuse si elle restait dans cet état.

Oui elle s'était reculée en voyant Dean se rapprocher, mais ce n'était que pur réflexe. Pour l'instant, il n'était qu'une forme sombre dans son regard. La seule chose qui apparaissait clairement était la porte et les fenêtres. Au bout de quelques secondes, elle se décida tout de même à regarder ailleurs pour voir si quelqu'un ne tentait pas de l'agresser.

Vous imaginez donc bien sa réaction lorsqu'elle vit que l'infirmier était en train d'approcher sa main de sa cheville. Elle ne pensa même pas au fait que c'était sans doute pour la soigner... C'était une agression ! Réagissant au quart de tour, vous vous en doutez, elle envoya son pieds dans le nez du jeune homme, oubliant par la même occasion qu'elle avait une cheville foulée mais s'en rappelant brusquement au moment ou la douleur cinglante lui arracha un cri strident.

Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et se rendit brusquement compte qu'elle avait retrouvé ses esprits. La porte était redevenue une simple porte, et Dean et Yuu n'étaient que de simples humains, et pas des monstres noirs tentant de l'agresser. Baissant les yeux, elle aperçu sa chemise posée à coté d'elle et l'enfila sous le drap, prenant bien le soin de ne pas se montrer, refermant jusqu'au dernier bouton. Une fois cela fait, elle réfléchit calmement à ce qu'il s'était passé...

Lorsqu'elle sortait de l'une de ces crises de paniques, elle ne se souvenait généralement de rien. A part deux ou trois bribes de souvenirs ou elle voyait les gens comme des monstres sans formes et ou les portes et fenêtres apparaissaient baignée d'un halo de lumière. Même si cette crise de panique là avait eu lieu il y a quelques secondes, elle n'en conservait pas le moindre souvenir... comme si cerveau prenait le soin de ne pas garder la moindre information concernant ces événements traumatisants. Elle ne se souvenait même pas à avoir frappé Dean, chose qui s'était pourtant passée il y a moins de 3 secondes.

Tout ce qu'elle voyait à présent, c'était l'infirmier qui se tenait le nez, elle qui ressentait une très vive douleur à la cheville au point qu'elle en aurait voulu se l'arracher, et Yuu qui lui disait qu'ils essayaient juste de l'aider, et que Onwara devait jeter un oeil à sa cheville.

Elle fit très vite l'association... Elle avait frappé l'infirmier, un adulte qui plus est travaillant dans l'école. Immédiatement, son esprit délirant pris le relai en l'informant qu'elle risquait le renvoi pour violence envers un employé de l'école... Violence injustifiée en prime puisqu'il ne cherchait qu'à l'aider. Elle sentait des petites pointes d'anxiété la picoter de partout à mesure qu'elle y réfléchissait et trouva finalement une solution qui, si elle n'avait pas le mérite d'être brillante, fonctionnerait sûrement.

Elle s'assit au bord du lit, ne pouvant pas se tenir sur ses jambes à cause de sa cheville, et s'inclina profondément comme elle pouvait au vu de sa position en criant presque.

« Je... Je suis désolée Onwara-sensei ! Je ne voulais pas vous faire mal, je...j.j.j...j.j.j..je ne me controlais pas ! »

La dernière précision était sans doute un peu inutile car même le dernier des imbéciles s'en serait rendu compte. Elle se souvenait très très vaguement que Yuu lui avait parlé lorsqu'elle paniquait, mais ce n'était que des mots sur lesquelles elle n'arrivait pas à mettre un sens, alors elle décida de les laisser de coté pour tenter de s'en souvenir plus tard, au calme, même si elle savait pertinemment qu'elle n'y arriverait pas. Restant inclinée même après avoir finit de parler, elle attendit de se faire gronder...

Ça faisait mal, putain. Même si son nez n’était pas cassé, du moins il l’espérait, le choc avait été rude et tout aussi surprenant. Les yeux fermé, une main sous son nez, Dean resta longuement immobile, le temps de retrouver tout ses esprits. A vrai dire, ce furent les paroles peu assurés de la jeune fille qui lui reprendre une plaine conscience de son entourage. Alors, rouvrant les yeux et secouant légèrement la tête, une grimace de douleur sur le visage, il regarda quelques instants l’étudiante qui s’était assise au bord du lit, puis le jeune homme qui l’accompagnait.

« Hanamura-san ? Il serait effectivement bien que tu ailles autre part. Va faire un tour, prend l’aire, va lui acheter à manger, fait ce que tu veux. Mais ne reste pas ici. » Il s’avança et empoigna doucement les épaules du jeune homme pour le pousser tout aussi doucement vers la porte « Tu pourras revenir d’ici une trentaine de minutes. Mais pour l’instant laisse-moi seul avec elle, d’accord ? » Lui glissa-t-il tranquillement avant de refermer la porte derrière lui.

Dean se tourna ensuite vers Fujioka et l’observa quelques instants avec insistance, avant d’hocher doucement la tête et se diriger vers son bureau. Là, il s’installa à son ordi et ouvrit une fenêtre avec sa playlist.

« J’espère que tu aimes Joe Hisaishi » sourit-il en lançant une des musiques du film ‘princesse Monoke’ puis se recula sur son siège et fixa quelques instants l’écran, augmentant légèrement le volume, puis reporta son attention sur la jeune fille « j’imagine que tu as vu le film, non ? Si ce n’est pas le cas je t’invite activement à aller le voir. »

Il sourit doucement puis se leva et se dirigea vers le lit sur lequel l’étudiante était toujours assise. Il tira une chaise et s’installa en face d’elle, ses mains bien en évidence et à plat sur ses cuisses, sans les bouger.

« Je suis un américain qui sait apprécier les choses à leur propre valeur. Pour moi Miyazaki est un dieu. » Souriant, il inclina légèrement la tête sur le côté, sans quitter Nagisa des yeux « dit moi Fujioka-san, tu aimes quoi dans la vie ? Parle-moi un peu de toi. »

Passer à quelque chose de complètement différent et ne plus parler de blessures ou autres choses de ce genre, étaient peut-être une idée complètement absurde mais sans doute était-ce la meilleure chose à faire. Mais pour tout dire, si cela ne calmait pas la jeune fille, Dean aura réellement besoin d’aide. Alors qu’il continua de sourire tendrement à Nagisa, il commença déjà à réfléchir intérieurement à un plan C …

Pas grondée... elle restait inclinée mais entendit l'infirmier demander à Yuu de s'en aller. Si elle avait pu, et si elle avait osé, elle aurait crié qu'il devait rester mais, puisqu'elle se jugeait en faute, elle n'allait pas le faire. Elle laissa sa seule connaissance partir pour se retrouver seule avec un adulte, en position de faiblesse.

Elle sentait presque la panique revenir mais parvint à la maitriser facilement en se disant que, si l'un ou l'autre avait voulu faire quelque-chose, ils l'auraient déjà fait depuis longtemps. Panique ou pas, si quelqu'un comme l'infirmier aurait décidé de la maitriser, il y serait parvenue sans mal. Elle n'était pas de constitution particulièrement fragile, bien qu'elle tombait régulièrement malade dès qu'il faisait un peu plus froid, mais restait chétive et toute petite. Elle tenait plus de la peluche que du catcheur mexicain.

Il hocha la tête, et elle ne comprit pas trop ce que cela voulait dire. Est-ce que ça voulait dire que ce n'était pas grave ? Qu'il comprenait ? Encore plus perdue par ce simple geste, elle se contenta de hocher la tête en retour sans comprendre réellement pourquoi elle l'avait fait. Elle détourna son regard de lui et sursauta légèrement lorsque de la musique se mit en place. La musique n'était pas mauvaise, mais ce n'était pas exactement son genre. Aussi incroyable que ça puisse paraître, et en contradiction totale avec sa personnalité, elle était plus branchée sur la musique électronique, et principalement sur un style : La trance. Beaucoup disaient que c'était de la musique de sauvage, barbare mais pas pour Nagisa. Lorsqu'elle en écoutait, elle oubliait tout ses problèmes et se laissait bercer par les rythmes tantôt suaves et tantôt entrainants de ce style de musique.

MAIS ! Cela ne voulait pas dire qu'elle n'appréciait pas la musique qu'avait mis le sensei. Les musiciens jouaient juste, c'était le principal. Pour le reste, et comme cité précédemment, ce n'était pas son style même si elle ne trouvait pas ça si mal. Lorsque l'infirmier lui parla, elle répondit d'une toute petite voix à ses deux questions.

« Je ne connais pas Joe Hisaishi... et je ne regarde que très peu la télé... »

Fin, out. Plus rien à dire, elle avait répondu et n'allait rien lui dire d'autre. Il y avait du progrès néanmoins, elle répondait à ses questions et semblait être revenue à un état « normal » si tant était bien sûr que Nagisa dispose d'un tel état dans son stock d'émotions (ce dont on pouvait légitimement douter.) Bon, pour faire simple, disons plutôt qu'elle était revenue à SON état normal, qui n'était pas du tout considéré comme normal par la majeur partie de la populace japonaise, voilà, fin de la parenthèse.

Enfin passons. L'américain, comme il se décrivait lui même, ne semblait pas avoir d'intentions hostiles à son égard et elle repoussait sans mal les petites voix dans sa tête qui tentaient de lui affirmer le contraire. Elle se contentait de hocher la tête à tout ce qu'il disait, jusqu'au moment ou elle du parler en réponse à l'une de ses questions. Comme d'habitude, et par esprit de contradiction, elle répondit de la même petite voix mais ou l'on pouvait sentir une toute petite minuscule pointe de colère, mais il fallait tendre l'oreille.

« J'aime... pas me réveiller avec la poitrine nue dans un lit d'infirmerie. »

Ceci étant dit, elle pouvait passer à autre-chose. Elle se doutait bien qu'il devait y avoir une raison valable et tout à fait logique à tout ça, mais elle préféra ne pas y penser pour le moment. Tout ce à quoi elle pensait en ce moment, c'était réussir à énumérer ce qu'elle aimait pour accéder à la requète de l'infirmier.

« J'aime... les téléphones portable, la musique, l'école... mes parents aussi... »

Elle laissa planer une seconde de silence avant de reprendre.

« V... Vous pouvez me soigner, je ne vous frapperais plus. Jene... je... je ne me contrôlais pas. Je suis vraiment désolé. »

Ce faisant, elle s'inclina une nouvelle fois puis se réallongea sur le lit afin de montrer sa bonne foi à l'infirmier, et aussi pour montrer que tout allait bien maintenant... normalement. Ce qui était sûr, c'est qu'elle regrettait amèrement d'avoir envoyé son pieds dans le nez de Onwara...

Alors qu’il était installé sur une chaise en face du lit de Nagisa, Dean entendit cette dernière prendre la parole, disant qu’elle n’aimait pas être réveillée les seins à l’air dans un lit. Ces paroles lui arrachèrent un petit sourire, mi amusé mi compatissant, se disant que c’était normal. Mais, bien que la jeune fille parlait pour lui faire un reproche masqué, elle avait sur resté calme. Sa voix était hésitante et on peinait à l’entendre, mais elle n’était plus sujette à une crise d’angoisse. Ou du moins, pas pour l’instant. Pas tant que Dean restait immobile sur sa chaise, les mains reposant à plat sur ses cuisses. Il resta silencieux, continuant de l’écouter sans l’interrompre. Ainsi il apprit qu’elle aimait ce qu’aimaient la plupart des jeunes filles de son âge, avant qu’elle ne l’autorise par la parole de la soigné. Alors seulement Dean hocha la tête et se redressa. Il avança ses mains et les posa doucement sur la jambe de la jeune fille –tout en gardant une certaine distance de sécurité- avant de lui lancer un coup d’œil, observant sa réaction. Voyant qu’elle ne risquait pas de vouloir du casser à nouveau le nez, il esquissa un sourire, et glissa lentement ses mains vers la cheville de l’adolescente

« C’est normal Nagisa » dit-il d’une voix calme et posée « Je ne pense pas que tu sois la seule jeune fille à ne pas aimer te retrouver la poitrine à l’aire face à deux homme.» Pendant qu’il parlait, il examina la cheville de la jeune fille, tournant légèrement le pied, puis releva son regard « une simple entorse. » conclu-t-il en se redressant. Il se leva et se dirigea vers l’armoire, de laquelle il sorti un rouleau de gaz avant de se dirigea vers le frigo. Revenant vers Nagisa, il posa le rouleau sur le lit, s’installa sur sa chaise et attrapa à nouveau la jambe de l’adolescente qu’il posa sur sa cuisse, avant de lui appliquer la glace dessus. Souriant, il se recula ensuite contre le dossier et attendit « Ce n’est pas grave, même si l’entorse est sans doute la pathologie la moins bien traité. Pour toi ce sera donc à peu près deux semaines sans sport. Evite au maximum de bouger la jambe et de t’appuyer dessus. Applique de la glace 3 à 4 fois par jour dessus. Au bout de deux semaines, tu reviendras me voir et on verra. D’accord ? » Il lui sourit puis retira la glace et commença à bander la cheville avant de lâcher la jambe et lui prendre le poignet, l’examinant rapidement « Là par contre, c’est un peu plus difficile. Une entorse aussi, sans aucun doute, mais le poignet c’est plus délicat. En tout cas … » il attrapa la bande et commença un bandage autour du poignet « On va d’abord essayer comme ça, en immobilisant l’articulation. Si, au bout de 4 jours ça n’a pas évolué, je veux dire par là, si la douleur n’a pas baisser, tu devras aller à l’hôpital pour faire des radios. » Il lui sourit en finissant son bandage « Je pourrais aussi t’y emmener si tu veux. Ou tu demandes à Hanamura-san de t’y accompagner. » Il la regarda avec insistance « mais promet que tu le feras, d’accord ? »

Évidemment, elle fut tentée d'avoir un mouvement de recul au moment ou il lui toucha la cheville, mais la pensée rassurante qu'il faisait ça pour la soigner dissipa ses doutes. Du moins ceux qui étaient visibles en surface... En profondeur subsistait toujours l'impression qu'il allait finir par lui sauter dessus pour lui faire des choses interdites. C'était complètement stupide et elle-même le savait... Mais ça ne l'empêchait pas de le penser. C'était comme un adulte qui se mettait soudainement à avoir peur des fantômes après avoir regardé des vidéos sur ces derniers... Il savait que c'était complètement irrationnel comme peur, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir des frissons à l'évocation de ces derniers.

Pour Nagisa, c'était pareil mais elle réussit néanmoins à ne pas lui remettre un autre coup de pieds dans le nez... De un car elle se contrôlait, et de deux car elle s'était dit que l'infirmier aurait peut-être été beaucoup moins gentil si elle avait recommencé. Enfin bref, elle avait peur mais c'était une peur contrôlée... Et puis elle était plus en train de s'évertuer à contrôler son rougissement au moment ou le sensei l'appela « Nagisa » sans la moindre forme de suffixe... Enfin, elle aurait rougit même avec un « Nagisa-chan » car ce n'était pas tellement courant de se faire appeler ainsi même par les professeurs... ces derniers ayant plutôt l'habitude d'appeler les élèves par leur nom de famille suivit du suffixe « san ». Peut-être était-ce simplement pour la mettre en confiance mais ça n'avait réussit qu'à la gêner un peu plus, à tel point qu'elle n'entendit pas vraiment la suite de la phrase.

Elle ne devait pas faire de sport ? Ça tombait rudement bien puisqu'elle détestait le sport, étant plutôt le genre de fille qui restait cloitrée dans sa chambre toute la journée à lire des livres ou, plus simplement, à sortir avec son unique amie Aiko-chan. Elle hocha la tête à chacune de ses indications mais n'était pas sûre de trouver la force de revenir le voir dans deux semaines. Lorsqu'elle le ferait, elle était persuadée que le moment ou elle s'était retrouvée la poitrine à l'air (même si ce n'était qu'un petit bonnet A) allait ressurgir dans sa mémoire et lui faire faire demi-tour.

Il lui banda également le poignet et elle se laissa faire sans broncher, détournant tout de même le regard un peu crispée. Elle n'avait pas l'habitude de se faire toucher ainsi... La seule chance de Dean étant qu'il était lui même infirmier et que, Nagisa étant déjà tombée quelque-fois malade dans sa vie, avait déjà eu à se faire toucher par d'autres monsieur ou madame en blouse blanche, ce qui faisait qu'elle avait plus ou moins l'habitude. A vrai dire, si l'infirmier n'avait pas eu sa blouse blanche, elle aurait refusé tout net.

Néanmoins, il y avait quand même deux ou trois questions qui lui trottaient dans la tête par rapport à son état. Hormis le fait qu'elle avait été assez stupide pour se fouler des articulations en deux endroits diamétralement opposé en 2 minutes d'intervalles, restait la question du déplacement.

Lorsqu'elle reparla, ce fut toujours de la même petite voix mais, au moins, cette dernière ne tremblait plus, c'était déjà ça.

« J'ai compris sensei, je ne dois pas poser la jambe et utiliser le moins possible ma main... Mais je fais comment pour me déplacer... ? Si je dois utiliser des cannes j'ai besoin de mes deux mains... et je ne vais pas demander à q... quelqu'un de me porter à chaque fois que je dois me déplacer. »

C'était un problème épineux. Et maintenant qu'elle y pensait... même sans sa foulure au poignet, elle n'aurait pas pu utiliser des cannes dû au fait de sa main droite handicapée qui ne lui aurait pas permis de serrer assez fermement le manche d'une canne pour pouvoir s'y appuyer. Tout au plus se serait elle explosée l'aisselle en glissant car sa prise n'était pas assez bonne, ce qui n'aurait eu pour effet que de lui rapporter un mal supplémentaire dont elle se serait bien passée.

Elle attendit que le sensei ait bien tout finit puis se coucha sur le lit, ne pouvant de toute façon se déplacer nulle-part. Regardant le plafond, elle murmura plus pour elle même que pour Dean.

« Je suis une idiote... »

Tient, maintenant qu'elle y pensait... ou était passé Hanamura ? Le prof lui avait dit qu'il devait... aller faire quelque-chose non ? Mais pourquoi il mettait si long à revenir ? Était-il possible que les réactions de Nagisa lui ait fait si peur qu'il ait décidé de ne plus du tout se montrer ? Si c'était le cas... elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Elle ne s'était jamais vue dans cet état, mais divers témoignages lui avaient déjà rapportés qu'elle était assez effrayantes lorsqu'elle entrait dans une de ses crises de paniques...