Le choc avait été rude et l'adolescent avait passé plusieurs minutes, effondrés sur le béton, avant d'arriver à reprendre son souffle sans parler de ses esprits. Les hurlements incessants de Shizuka, paniqué de voir son maître ainsi, avait été autant une torture auditive qu'un fil conducteur auquel se raccrocher pour ne pas se laisser bercer plus longtemps dans une inconscience confortable. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas fini dans cet état après une dérouillée de haute volée, incapable de faire autre chose qu'attendre que son corps daigne bien refonctionner. Certes, il l'avait mérité... mais ça faisait mal. Tout ça à cause d'un emmerdeur de deuxième année... savait-il ce qu'il s'était passé celui-là, ou avait-il vraiment fui ? En tous cas, il avait intérêt à ne pas le recroiser de sitôt. Dans un moment de lucidité ironique, il ne pouvait qu'admettre qu'il n'apprenait jamais les leçons.

Après plusieurs minutes – ou plus ? - de ce régime, quand il fut clair que personne n'allait voler à son secours, ou venir l'accabler en plus, le jeune homme finit par se lever et se trainer jusqu'à la porte du box de Shizuka, libérant le chien qui vint se coller à ses basques en gémissant. Ceci fait, le jeune homme prit la sortie en esquivant la poubelle qui avait valdingué, choisissant de s'enfoncer dans le parc vers un endroit tranquille où il pourrait lécher ses blessures sans témoin.
Il trouva son bonheur dans le giron d'un jeune pin dont les racines affleurantes à la terre créaient un berceau confortable, tapissé de mousse et d'herbe, dans lequel il se laissa tomber avec plaisir. Il avait mal à différents endroits où avaient cogné les poings de son prof, mais la douleur physique n'était pas la pire, même s'il n'avait probablement pas belle allure à cet instant même sans miroir pour vérifier l'intégrité de son visage.

A l'instant où il se laissait tomber au sol, le shiba inu se jetait sur lui dans l'intention manifeste de caliner son maître et de le rassurer. Avec un soupir, le jeune homme passa ses bras autour de l'animal et enfonça son visage dans la fourrure épaisse, se dissimulant un instant aux yeux du monde. Shizuka ne le trahirait pas, lui.

A quel moment cette journée avait complètement basculé ? Depuis le début ? Avec la rencontre avec le prof de sport en apothéose ? Si la dérouillée était acceptable – douloureuse pour les sens et pour l'ego, mais ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait au tapis – se voir ainsi rembarrer par un prof qu'il respectait, et pire encore, interdit de terrain de sport... Eiji ne savait plus quoi faire. Il avait beau savoir qu'il avait sa part de responsabilité – il avait frappé un prof ! - il n'arrivait pas à se retirer de la tête l'image de tentacules l'enserrant de toute part et faisant de lui ce qu'elles voulaient, le privant de son libre-arbitre.
Son étreinte sur l'animal se desserra, pour finir par n'être qu'un bras passé légèrement autour de son poitrail, la tête appuyé sur son dos. Sa main lui faisait mal, son abdo et son visage aussi, sobres témoignages des ecchymoses qui devaient maintenant fleurir sur sa peau comme autant de souvenir de sa dernière bataille.

Ses pensées tournaient en rond. La douleur, la bagarre, les conséquences... il supposait qu'il devait s'estimer heureux que le prof ne le fasse pas virer pour son comportement. Peut-être aurait-ce simplifié les choses ? Mettre en doute son avenir lui laissait un goût douteux dans la bouche. Cependant, à cet instant, dans un élan de désespoir adolescent, il lui était difficile de croire que les choses pouvaient être encore plus catastrophiques.

Non loin de lui, Eiji entendit le bruit délicat de l'herbe foulée par une démarche souple. Etait-ce illusoire de croire qu'il pouvait être tranquille quelques minutes ? Il choisit de ne pas relever la tête et de faire comme s'il n'entendait rien. Avec un peu de chance, la personne arrivant comprendrait le message et lui ficherait la paix, le laissant se complaire dans sa misère jusqu'à ce qu'il en étouffe.

La touche fraiche du mouchoir humide le força à sortir de sa torpeur et à affronter le regard de la dernière personne qu'il avait pensé croiser dans le parc à cette heure-là. Dojima-chan, une moue inquiète sur son visage tranquille et le mouchoir à motifs encore dans sa main. Il n'avait pas pensé à elle, ni même à personne à dire vrai, si bien que le regard qu'il leva sur la jeune fille fut un peu plus piteux qu'il ne l'aurait aimé, avant qu'il ne se reprenne et grimace difficilement un sourire qu'il espérait être rassurant.

"Tu vas salir ton mouchoir Dojima-chan."

C'était la seule chose qui lui était venu à l'esprit en cet instant. Et qui avait-il de plus à dire ? Il s'était battu, manifestement, avait pris une dérouillée et léchait maintenant ses blessures planqué dans un coin. Face à quelqu'un d'un peu moins doux que Tanaki, qui n'aurait pas hésité à lui mettre le nez dedans, sa réaction aurait surement été plus vive, entre agacement et agression, mais en cette instant, Tanaki n'incitait pas à l'agression. Il pouvait presque entendre dans sa tête la voix moqueuse de Konata qui lui signifiait qu'il n'avait pas besoin d'être dorloté ainsi et qu'il ferait mieux de cse bouger dard-dard.
Shizuka releva le museau et tendit sa gueule vers la jeune fille, reniflant avec curiosité cette intruse qui s'était approché de son maître avec de bonnes intentions.

La suggestion, on ne peux plus logique, d'aller chercher l'infirmier, transforma son sourire en grimace gênée. Ouch, Onwara. Les choses entre eux n'étaient toujours pas au beau fixe avec leur changement d'établissement, et il n'avait pas besoin de renforcer l'avis de l'infirmier sur le fait qu'il était une brute. Quand à ses soins... il n'était pas assez mal en point pour s'y soumettre de son plein gré. Il avait encore une petite cicatrice à l'arcade en souvenir des points à vif qu'il avait été fichu de lui faire. Sans compter que pour quelques hématomes, il n'y avait pas grand chose à faire à part souffrir plus ou moins en silence.

"Non non, c'est bon, je n'ai rien de grave et rien que je n'ai mérité. Rien qui ne nécessite une attention médicale en tous cas."

Shizuka se glissa hors de son étreinte pour s'approcher encore un peu plus de la jeune fille, laissant ses bras étrangement vides de sa présence rassurante. Un instant troublé et désemparé, l'adolescent, finit par en entourer un genou relevé pour se donner une certaine contenance, même si le geste lui rappela que sa paroi abdominale n'était pas intacte de contusion. Qu'est-ce qu'il avait pu frapper fort ! Toutes les illusions sur les profs qui prenaient soin des élèves s'étaient envolés dans un vol croassant de corbeaux, même si honnêtement, vu son comportement, il ne pouvait attendre guère mieux.
Le jeune homme ferma les yeux, une fois de plus étourdi par l'ampleur ce qui venait de se passer – et probablement par un reste de contre-coup du choc qu'il s'était pris au visage .

"Ne te sens pas obligé de rester si tu as autre chose à faire Dojima-chan, je vais encore rester là un petit moment pour souffler."

Sans comprendre, le jeune homme se laissa manipuler jusqu'à que sa tête rencontre le flan moelleux de Shizuka. Sous sa joue, la respiration douce et la fourrure épaisse de l'animal, qui, docile, ne bougeait plus d'un millimètre, le museau tourné vers son visage pour le renfiler avec attention. Près de lui, la présence délicate de Dojima-chan, ses mains, son mouchoir humide sur les zones douloureuses et bientôt, une petite voix douce qui s'éleva à ses oreilles, apaisantes.
Sans chercher à comprendre, il finit par fermer les yeux et se laissait bercer. La musique ne chassait pas les ennuis, mais pour un temps, il pouvait prendre ce qu'elle lui offrait : du réconfort.

Le temps s'écoula, indicible, sans qu'il cherche à ressasser ces derniers soucis, lui offrant un confort dont il n'avait pas eu conscience de manquer jusqu'à présent. Pouvoir simplement se détendre, en toute confiance, dans un sentiment de sécurité... Le jeune homme mesurait enfin à quel point ses amis lui manquaient, juste pour parler ou simplement par leur présence. Avoir choisi de se couper d'eux avait été la réaction instinctive la plus logique devant le choc, mais l'avait laissé étrangement vide, à se battre tout seul avec ses angoisses. Et maintenant, pouvait-il recoller les morceaux ? A lui de voir s'il arrivait à avoir l'audace de faire le premier pas.

Entre temps... le réconfort était venu d'une source insoupçonnée, sous la forme de sa kohai si réservée. Peut-être devrait-il maintenant exclusivement garder ses affections pour les charmantes demoiselles de première année qui peuplaient sa vie ? Non. Konata ne l'aurait pas bercé, elle lui aurait collé des coups de pieds dans les tibias jusqu'à ce qu'il se secoue. L'idée amena un pâle sourire sur ses lèvres. Il avait beau l'adorer, il était content de ne pas se faire maltraiter en cet instant.

"Merci. "

Que pouvait-il dire de plus ? Il n'avait pas envie de raconter pourquoi il était dans cet état, ni même sortit de ce petit moment apaisant.
Il voulait juste... rester comme ça, encore un peu. Et avec un peu de chance, quand il rouvrirait les yeux, tout irait bien et il aurait trouvé une solution, peut-être pas miracle, mais une solution aux problèmes qu'il se donnait lui-même. Il avait envie d'y croire, bercé entre un chien qu'il avait sauvé d'une poubelle et une petite jeune fille maladroite.

Le jeune homme inspira profondément, se mordant les lèvres quand son souffle se coinça dans sa gorge, menaçant de se transformer en sanglot mal maitrisé. Un instant, les larmes faillirent sortir avant d'être ravalées, ultime geste de fierté masculine dans une situation où il s'en était déjà vu complètement dépossédé. S'il gardait les yeux fermés un peu plus longtemps, il devrait arriver à les retenir, concentré sur la voix légère qui chantait derrière lui sur fond du ruissellement de l'eau non loin.

La main posée sur les yeux pour le préserver du monde réel autour de lui, Eiji respirait superficiellement en tentant de ne pas rompre la bulle qui le protégeait. Tanaki reprit la parole avec gentillesse, lui offrant la possibilité de s'épancher un peu plus avec tact, dans le silence de leur rencontre dans le parc, loin du reste du monde. Les mots trop apaisants n'eurent pas l'effet escompté : au milieu de son chagrin, c'était une vague honte bordée de gène que ressentait l'adolescent. C'était trop facile d'être pardonné ainsi. Elle ne le critiquerait pas, mais les autres, le reste du monde ? Si le prof de sport décidait de porter l'affaire devant le directeur, ses regrets ne changeraient pas grand chose à l'affaire. Il avait jusque là réussi à éviter de trop lourdes conséquences à ses actes. Des heures de colles çà et là, quelques punitions et remontrances, mais jamais un acte qui mérite le conseil de discipline de son plein droit.

Eiji baissa sa main et tourna la tête jusqu'à chercher le regard de Dojima-chan, se perdant dans les yeux sombres et si doux de la petite japonaise. La fragilité était une notion ambiguë, ce n'était pas la première fois qu'il s'en rendait compte. Par moment, dans un accès pervers, il avait envie de l'abimer, dans la même notion de colère qu'un enfant qui casse son jouet préféré. Et Dojima-chan n'échappait pas à la règle. Non par l'envie de frapper cette jolie poupée au teint de porcelaine, mais avec l'envie de l'éloigner de cette grande brute qu'il était pour ensuite mieux se morfondre tout seul. C'était... puérile ? Mais elle ne savait pas tout non plus. Elle voulait qu'il s'épanche ? Ça, il pouvait lui donner.

" Si je te dis que j'ai frappé mon prof de sport ? Et pas mal d'autres personnes aussi ? Même mon meilleur ami y a déjà eu droit... C'est le juste retour du bâton."

Sa voix avait été plus agressive, entre hargneuse et moquerie, les deux tournés envers lui-même alors qu'il contemplait les articulations de sa main qui avaient pris une teinte entre le rouge et le violine. Il ne voulait pas lui faire mal, mais une fois de plus, avait peur de la blessé quand elle comprendrait que ce grand garçon qu'elle pensait consoler était juste un sombre crétin qui se créait ses propres soucis et couinait ensuite de s'être pris la poussière parce qu'il était tombé sur plus fort que lui. Autant la décevoir maintenant qu'un peu plus tard.

Le jeune homme détourna le regard et se redressa lentement, trouvant presque étrange le retour à une position verticale. Shizuka profita de la liberté retrouvée pour se remettre aussitôt sur ses pattes et revenir se coucher dans le giron d'Eiji selon l'ordre naturelle des choses pour un petit chien. La voix plus tendue de son maître n'avait pas réussi à le faire fuire, comme s'il avait senti que ce n'était qu'un leurre posé au dessus d'un comportement qui était loin d'être agressif.

"Tout ce qui m'arrive c'est moi qui l'initie... je suis pas à plaindre."

Elle n'avait pas fui. Son visage avait pris une expression choquée comme il s'y était attendue, mais elle ne l'avait pas abandonné comme prévu, outragée d'être tombée sur l'une de ces grandes brutes qui ne savait parler qu'avec ses poings en toute circonstance. Au contraire, quand Eiji avait tourné la tête vers elle, c'était de la détermination qui était lisible dans son regard, une assurance sur ce qu'elle faisait qu'aurait pu lui envier le jeune homme en un autre moment.
Ses paroles ne furent ni douces ni accusatrices, simplement réalistes – non, il n'était pas à plaindre dans cette affaire, quelque soit l'angle sous lequel on regarde les choses.

La seconde surprise fut de sentir ses bras autour de lui, solides et réels, l'attirant dans une étreinte dont il ne chercha pas à se défaire, venant appuyer sa joue sur son épaule sous le regard inquiet de Shizuka. Depuis combien n'avait-il pas été tenu dans ce genre d'étreinte rassurante ? S'il mettait de côté cette fois où il avait été ivre dans le dojo, cela représentait un long moment, parsemé de périodes agressives ou il était intouchable avec des pincettes, et où tout aveu de faiblesse se transformait en impulsion agressive envers les autres. Le fait qu'il ait toujours facilement trouvé des adversaires avait entretenu le cercle vicieux. Frapper ou se faire frapper, qu'importe, du moment où il trouvait à se calmer. Une étreinte plus caressante... amusant de constater, que même dans son dernier choix de copine, elle n'avait pas été tellement du genre calin.

Le jeune homme laissa la voix de Tanaki le bercer alors qu'il s'accrochait au sens des mots en essayant de les tordre pour les adapter à la situation, voir s'ils voulaient bien tenter de rentrer dans le moule de son esprit et devenir ses complices à lui aussi. Combien de fois avait-il déja entendu cette phrase, la violence est l'arme des faibles ? Dans le sermon d'un professeur, dans la tentative de défense ou de contre-attaque de quelqu'un avec qui il s'était pris la tête... à chaque fois il s'était heurté à la même incompréhension de sa part. Il était pourtant un adepte des arts martiaux, quelqu'un qui tentait d'intégrer la voix du sabre avec les succès et les déboires qu'on lui connaissait. Mais restait ce détail autour duquel il tournait, sans arriver à comprendre. Quelque chose lui disait que quand enfin il l'aurait compris, il aurait enfin la clé pour avancer un peu plus loin. Mais elle lui avait toujours résistée jusque là.

" Pourquoi... pourquoi on reconnait la violence des gestes, mais pas celles des paroles ? Pourquoi les coups sont-ils considérés innommables et les mots glorifiés ? Ca peut pas provoquer la même douleur ?"

Sans arriver à les retenir, le jeune homme sentait les sanglots s'étouffer dans sa poitrine, briser la digue au point de le faire craquer, agitant son torse de soubresauts pitoyables alors qu'il se laissait aller à pleurer comme un gamin qui s'était écorché le genou, la raison en moins, le pathos en plus.
L'humiliation faisait mal, mais ne se sentait même plus au milieu du soulagement de se laisser aller, sous le regard d'une petit bout de bonne femme tout juste rencontrée et d'une jeune chien désespéré qui tentait de lui lécher les joues pour l'aider à aller mieux.

Le temps avait glissé au dessus de la bulle qui les entourait tous les deux, lui laissant la possibilité d'évacuer son chagrin comme un enfant blessé. Si, un peu plus tôt dans la journée, on lui avait suggéré qu'il finirait par pleurer toutes les larmes de son corps à cause d'une bagarre qui avait mal tourné, il en aurait ri avant de passer son chemin, amusé par cette idée. Et pourtant... à quel moment les choses avaient-elles basculées ? Les mots, les uns après les autres ? La petite touche délicate de Tanaki pour le rassurer, qui l'avait conduit à déverser plus qu'il n'aurait voulu ?
Autant ne plus y prêter trop d'attention. Sa fierté était tombée bien bas devant la petite jeune fille, autant boire la coupe jusqu'à la lie et évacuer les derniers pleurs.

Le ton interrogateur et un couinement de Shizuka finirent par le sortir de sa transe. Lentement, l'adolescent se redressa, le visage défait et les yeux rouges, cherchant sans les trouver les mots pour expliquer son comportement. Ses soucis n'étaient pas résolus, mais la crise était passée, le laissant lessivé et vide de la colère qu'avait laissé en lui les coups de Luca. Pas au point non plus d'avoir envie de retrouver son professeur pour s'excuser, juste... indifférent.
D'une main distraite, il caressa les oreilles de Shizuka, insistant sur la douceur moelleuse de ses oreilles pointues.

" Merci pour ta présence Dojima-chan."

Sans y réfléchir, le kendoka se pencha et déposa un léger baiser sur le font de la jeune fille, dans un remerciement tactile du réconfort offert. Il n'était habituellement pas terriblement tactile avec les jeunes filles – c'était tout à fait autre chose dans l'ambiance détendue du club d'athlé ou de kendo – mais le geste lui était venu spontanément.
Hésitant, il laissa passer quelques secondes avant d'oser s'exprimer à nouveau, conscient que son image de sempai venait d'en prendre un coup, pour ne pas dire qu'elle avait été réduite en poussière. Qu'importe, il ne pouvait pas toujours être fort, même si cette idée lui déplaisait au plus haut point. Il savait désormais que devant elle, il ne ferait plus illusion. Il s'était montré complètement à nu et désespéré, et elle avait su ne pas en profiter, laissant la confiance s'installer paisiblement entre eux deux.

" Je vais aller faire un tour, j'ai besoin de réfléchir un peu tout seul comme un grand. Merci d'avoir été là pour prêter ton épaule à la grande brute que je suis."

Marcher, souffler un peu, voir à quel point il arrivait encore à bouger ou courir avec ses contusions, et réfléchir tant qu'il était assez vidé pour ne pas s'énerver du moindre détail. Arriver à avancer un peu en somme. S'être fait virer du cour de sport et du club d'athlé, aussi douloureuse soit la punition, ne signifiant certainement pas qu'il allait abandonner l'entrainement. Courir seul, il avait toujours fait et savait le faire. L'exposé avec Dojima-sénior... peut-être serait-il plus simple de lui proposer une date ultérieure, et d'essayer de composer un peu mieux pour ne pas s'énerver au moindre de ses mots. En cet instant, Eiji y croyait vraiment. Le jeune homme se releva en souriant à la 1ère année. Avec un peu de chance... tout irait bien.

Tanaki ne voulait pas brusquer son sempai en l'appelant. Mais elle savait qu'il y avait toujours un temps où on devait se reprendre. Mais c'était toujours plus facile quand on avait craqué une fois et qu'on avait déversé les larmes enfouies et retenues trop longtemps. Cela permettait de mieux se relever ensuite. Du moins elle elle trouvait que cela aidait grandement. Elle regarda son sempai se redresser et elle le vit avec ses yeux rouges et une tête des mauvais jours. C'était normal...Tout le monde aurait une tête pareil après ce qu'il venait de se passer. Elle ne bougea pas et le regarda simplement pendant le temps qu'il lui fallait pour revenir doucement à la réalité. Le temps s'était écoulé assez rapidement malgré qu'ils n'avaient pas fait grand chose et qu'elle l'avait juste réconforté pendant un temps. C'était étrange comme les choses pouvaient se dérouler. C'était une journée qui aurait du se terminer le plus naturellement possible et là, elle venait de passer quelques heures en compagnie de son sempai mais bien différentes des heures qu'elle aurait pu passer en sa compagnie habituellement au dojo. Elle ne regrettait nullement d'avoir participé à ce moment et d'avoir pu donné un peu de douceur à Kimihiiro-kun. Surtout que cela l'avait beaucoup touché et qu'elle était contente d'avoir pu être là pour lui. Peut-être lui aurait-il préférée qu'elle ne voit jamais ça. Elle ne savait pas. Mais c'était trop tard et pour elle, cela lui montrait juste que c'était un garçon et un être humain comme tout le monde avec ses tristesses et ses peurs et qu'elle ne devait pas l'idéaliser. Cela ne servait à rien à part se créer une image totalement fausse, une image qui n'existait pas en réalité. Bien sûr qu'il avait nombreuses qualités, mais il avait des défauts aussi et n'était solide comme un rock, il avait des fissures aussi. Et c'était on ne peut plus normal.

Elle sourit doucement lorsqu'il la remercia et elle allait répondre quand elle sentit le baiser sur son front qui la surprit fortement. Elle ne s'attendait pas du tout à ce qu'il ait un geste de la sorte à son égard. Mais cela la toucha beaucoup; même si elle n'avait pas fait ça par reconnaissance. Remise de sa surprise, son sourire se fut plus doux encore. Elle garda le silence aussi en le regardant simplement. Ce n'était plus trop à elle de parler. Elle avait fait ce qu'elle estimait bon et elle n'avait plus le rôle de parler et d'entrer dans l'intimité de son sempai. Elle lui laissa donc le temps de la réflexion dont il avait besoin et elle ne fut pas surprise lorsqu'il prit la parole pour annoncer qu'il allait prendre congé. Quoi de plus normal. Son sourire était toujours présent sur ses lèvres et elle acquiesca doucement.

"Il n'y pas de quoi, sempai. Cela m'a fait plaisir d'avoir pu être là pour vous."

Elle le laissa se redresser et elle fit pareil après un instant ne comptant pas rester là, la soirée était annoncée, il fallait qu'elle rentre. Elle regarda encore un peu son sempai avant de lui prendre le bras pouur le faire un peu se pencher et doucement, après s'être mise un peu sur la pointe des pieds, elle posa un baiser sur sa joue. Elle le relâcha ensuite et elle lui sourit.

"Prenez soin de vous sempai."

Elle le salua ensuite respectueusement pour partir. Elle vint quand même gratter doucement la tête de l'animal en lui murmurant des paroles gentilles et agréables, puis elle sourit une dernière fois à Kimihiro-kun avant de le laisser en lui tournant le dos pour prendre route vers l'établissement. Elle espérait que ça irait pour Kimihiro-kun maintenant. Elle savait que le moment qu'ils venaient de passer n'avait pas tout réglé, simplement parce qu'ils n'avaient pas du tout fait de travail sur ce qu'il s'était passé, elle avait juste été un moment de douceur qui lui avait permis d'évacuer. Mais le plus dur restait encore à faire. Elle se retourna quand même après un instant à avoir marché et elle regarda son sempai qui était au loin.

" Sempaiii ! N'oubliez pas que vous n'êtes pas tout seul !"avait-elle rappelé de loin.

Elle lui fit signe en souriant avant de reprendre son chemin et de retourner à l'établissement pour retrouver les gens qu'elle aimait et se rappeler qu'effectivement, on était jamais tout seul.


[Fini pour ma part /o/]