Le paysage défilait à toute allure. Les maisons se succédaient aux immeubles, puis ceux-ci disparaissaient pour laisser place à des rangées d'arbres, puis de nouvelles maisons... Les cheveux au vent, Hana inspira une grande bouffée d'air. Son coeur battait la chamade mais elle parvenait tout de même à rester à peu près calme.

Hana était assise à l'avant d'une superbe voiture décapotable de couleur rouge vif. Une voiture de luxe. A ses côtés, conduisant la voiture, se trouvait son cousin, Shôji. C'était un jeune homme blond, plutôt grand et fin, au sourire charmeur et à la bonne humeur communicative. Aujourd'hui, Shôji conduisait Hana dans sa nouvelle école et pour l'occasion, il avait emprunté la voiture de son riche ami Ryo. En découvrant ce moyen de transport, Hana avait sauté de joie. Non seulement elle allait faire une super balade mais en plus, son arrivée dans sa nouvelle école promettait de ne pas être... discrète!
Quoi de mieux, en effet, que d'arriver au lycée dans une voiture sublime conduite par un jeune homme qui l'était tout autant?
Hana sourit. Shôji, voyant le sourire de sa cousine, lui demanda:

- Que nous vaut un tel sourire? Tu n'es pas inquiète? Tu devrais être morte de trouille d'intégrer une école où tu ne connais personne.

Le sourire de Hana s'élargit. Morte de trouille? Elle avait connu bien pire dans courte vie qu'une école inconnue.

- Tu devrais savoir qu'il en faut plus que ça pour m'impressionner, Shôji. Je suis un tout petit peu inquiète, c'est vrai, mais je suis sûre que je vais me faire un tas de nouveaux amis là-bas. Et comme je ne t'aurais pas sur le dos, je serai enfin libre!

Libre. En prononçant ce mot, Hana serra le pendentif en forme d'oiseau qu'elle portait autour du cou. A Shokuboo, elle serait libre, en effet. Libre de commettre des erreurs en ayant la possibilité de les réparer elle-même, libre de rencontrer de nouvelles personnes qui ne connaîtraient pas son passé, libre d'oublier tout ce qu'elle avait pu vivre, libre de construire sa future vie d'adulte. Libre purement et simplement...

Sa réponse fit éclater de rire Shôji. Hana aimait bien son rire, un grand rire clair qui inspirait aussitôt la bonne humeur autour de lui.

Sans toi dans les parages, je considère que c'est moi qui serait libre. Tu as failli casser ma plus belle sculpture il y a seulement deux jours, tu ne te rappelles pas?

- Il jeta un regard de côté à Hana.

-Et ce n'est que le plus récent de tes "exploits".

Hana sourit. Oui, elle était un peu maladroite. Mais ça arrivait à tout le monde de bousculer un vase ou une sculpture. Elle ne l'avait pas cassée, c'était déjà ça.

Hana voulut répliquer quelque chose mais elle n'en eut pas le temps. La voiture s'arrêta. Hana regarda alors autour d'elle. Ils étaient arrivés. Le pensionnat Shokuboo, sa nouvelle maison, était juste devant elle. Il ressemblait à n'importe quel lycée japonais. Des groupes de filles discutaient dans la cour, des garçons avaient improvisé une partie de foot tout près d'elles, deux professeurs apparemment pressés traversaient la cour en courant presque...

Hana sursauta quand elle entendit la portière claquer. Elle se retourna. Shôji venait de descendre de voiture et la jeune fille, abosrbée par son observation, ne l'avait pas remarqué plus tôt.

- Tu en penses quoi?

Hana observa à nouveau l'établissement. Elle se sentit alors en confiance, rassurée

J'en pense qu'il n'y a aucune raison que ça se passe mal. je crois que tout va très bien se passer ici...

Elle sortit à son tour de voiture et claqua la portière.

- Oui, il me plaît déjà ce lycée!
- A la bonne heure!

Shôji ouvrit le coffre et en sortit l'unique valise de Hana. Puis il referma le coffre, prit la valise et s'approcha de sa cousine chérie. L'heure de la séparation était arrivée. Hana et Shôji n'allait pas se revoir avant un bon moment et ni l'un ni l'autre ne savait comment faire pour que ce simple "au revoir" ne se transforme pas en scène théâtrale pleine de larmes.

Shôji posa alors la valise de Hana à côté de lui et prit sa cousine dans ses bras. La jeune fille se sentit apaisée. Si quelqu'un pouvait trouver les mots justes, c'était bien son merveilleux cousin

- Ne les rends pas tous dingues, d'accord? Les hôpitaux psychiatriques du coin n'y résisteraient pas.

Il caressa le sommet de la tête de la jeune fille. Hana sentit une larme couler sur sa joue, en même temps qu'un éclat de rire joyeux s'échappait de sa gorge.

- C'est peut-être eux qui vont me rendre dingue, qui sait?

Encore une fois, Shôji avait trouvé les mots. Hana se sentait mieux, elle avait hâte même. Hâte de commencer un nouveau chapitre de sa vie. Shôji l'embrassa sur le front puis ils échangèrent un long, long regard. Dans certaines situations, les mots sont inutiles.
Shôji remonta ensuite dans la voiture, la démarra et, après un dernier clin d'oeil pour sa soeur de coeur, s'éloigna dans la vrombissante voiture écarlate.

Hana, elle, prit sa valise à la main et pénétra dans la cour du lycée. Elle fit quelques pas, puis s'arrêta. Elle était censée être interne, restait à savoir où étaient les chambres.

Bon, inutile de se décourager, il lui fallait juste trouver quelqu'un pour la guider. Elle qui avait le contact facile, ça n'allait probablement pas lui poser trop de problèmes.

Oui, je m'appelle Alice. Et toi?

Hana trouvait la jeune fille adorable. Et elles avaient un point commun: elles étaient toutes les deux nouvelles. Alice avait dû arriver juste après elle, en tout cas, Hana n'avait pas entendu de voiture. Un souffle de vent fit soudain se soulever légèrement les pans de la jupe de Hana. La jeune fille s'empressa de la retenir, histoire de ne pas se donner en spectacle dès le premier jour. D'un geste un peu impatient, elle ramena ensuite ses longs cheveux en arrière.

- Moi, c'est Hana, Hana Sorima. Ravie de te connaître, Alice!

Elle tendit à la jeune fille une main franche et amicale en signe de bienvenue, la gratifiant au passage d'un nouveau sourire.

[désolée c'est pas très long]