La réaction de la jeune femme contraria davantage la belle brune. Elle l’espionnait donc bel et bien en secret…
Sa surprise et son angoisse étaient visibles, bien que cachées par le ton de sa voix. Son timide « salut », accompagné de son geste de la main fut rapidement couvert par une présentation. La franco-japonaise n’avait jamais entendu parler d’une dénommée Saseki. Elle devait être dans une classe supérieure... Ambre la regarda se lever avec un peu de lenteur. Elle devait être légèrement stressée de s’être trouvée dans cette situation. Son petit visage exprimait ce qu’elle cachait avec peine et effaça les soupçons de la grande brune : elle semblait trop innocente pour écouter en douce et devait se trouver là au mauvais moment, c’était tout.

Comme elle ne lui demanda pas de se présenter en retour, la brune ne dit rien. Elle reporta son attention sur le petit oiseau, qui venait de se percher sur le dessus de la cage d’escalier. Il continuait de chanter, de plus en plus fort, le même refrain. La brune resta silencieuse, impassible. Lorsque son attention se reporta sur sa nouvelle connaissance, cette dernière était en train de ranger son livre dans son sac. Leurs regards ne se lâchaient pas. Ambre restait sur ses gardes ; sa petite interlocutrice la fixait. Elle sortit de la poche de son haut un paquet de cigarette tout noir, qu’elle tendit ensuite à la jeune fille, en lui proposant implicitement de s’en griller une. Ambre observa pendant un long moment et à tour de rôle le paquet et Kayoko, le visage sans expression. Elle lui aurait bien répliqué que fumer, c’était mal, mais elle ne voyait pas comment cet avertissement que l’on entendait partout pouvait l’en empêcher s’il sortait de la bouche d’une inconnue. Finalement, elle détourna la tête sans répondre, s’avançant vers la cage d’escalier, où elle voyait toujours l’oiseau, chanter à tue-tête sa chanson insupportable. Agacée, la jeune fille lui lança avec fermeté :

« Vas-tu te taire, oui ? »

L’oiseau se mit à ricaner puis il effleura les cheveux de la brunette avec tellement de rapidité qu’elle baissa la tête trop tard pour l’éviter. Ambre fusilla l’animal noir et suivit sa trajectoire jusqu’à ce qu’il se pose tout près de Saseki. Là, elle fixa la jeune fille avec indifférence, il lui semblait qu’elle avait dit quelque chose…


{ H.J. : non seulement c'est pas long mais en plus c'est vraiment mal écrit... Je suis désolée, je me rattraperai. }

Kayoko avait tendu son paquet de cigarette à la brunette sans réfléchir : et maintenant elle se détournait de Kayoko, sans rien dire, s’avançant vers la cage d’escalier. Kayoko inspira un grand coup doucement, silencieusement, et expira de même. Ses mains tremblaient légèrement. Kayoko n'aimait pas les bagarres, mais elle arrivaient souvent. Hors, là, elle craignait d'en avoir provoqué une. Un grand sentiment de soulagement l'envahit. Mais un sentiment de honte aussi. Elle vit la jeune fille qui s'éloignait toujours vers l'escalier. Kayoko, dans un élan de courage, prit la cigarette qui était entre ses lèvres dans sa main et l'appela.

- Attend... Comment tu t'appelles ?

Mais Kayoko n'eut pas la réaction qu'elle attendait. Alors qu'elle terminait sa phrase, elle entendit l'inconnue hurler. Kayoko se figea. Aux mots prononcés, on pouvait comprendre que son interlocutrice était en colère. Une colère noire. Presque une rancœur. Kayoko ne comprit pas pourquoi cette haine envers elle. Elle qui voulait seulement comprendre pourquoi cette jeune fille était ici... Elle avait du être désagréable. Oui, c'était sûrement ça. Miss Saseki porta la cigarette à ses lèvres, en regardant le sol. Elle l'alluma sans vraiment en avoir envie, juste pour se donner une certaine constance et s'occuper les mains. Son regard était devenu triste et indifférent. Elle posa ensuite son sac sur le sol, car elle n'avait pas fini son livre, et que de toute façon se soir, elle serait sûrement renvoyé de l'école par monsieur Takamura, alors ... Autant profiter des derniers instants à Shokuboo Inochi.

Elle releva la tête pour expirer la fumée du Diable qui s'était introduite dans sa gorge, et vit que la grande brune en face d'elle la fixait.

- Excuse moi si je t'ai vexée. Je pensais pas que tu détestais autant les cigarettes...

A vrai dire, Kayoko projetait ses propres sentiments au travers de la grande demoiselle. Elle détestait la cigarette, mais en même temps, elle en avait besoin... Elle ne supportait pas sa faiblesse. Mais personne ne se préoccupait de sa vie, personne ne l'attendait, pourquoi arrêter ? Pour qui ? Kayoko observa la réaction de la grande brune, rentrant ses mains froides dans ses poches.

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{H.J : Je trouve pas que ça soit mal écrit... Et pour la longueur, ca dépend aussi chez moi, hein ^^ Te prend pas trop la tête, on ne fait pas de concours d'écriture. ;) }

Dans toute son habituelle froideur, Hoishi se retourna vers la jeune femme et la fixa avec un air effrayant. Elle venait de l’interpeller avec précipitation, pour ensuite s’excuser. Ambre resta un temps silencieuse, puis elle répondit avec lenteur :

« Hoishi Ambre... », elle leva les yeux au ciel avant d’ajouter « et je me fiche pas mal de tes cigarettes. »

Méchante ? Non, pas plus que ça ; elle avait juste un peu de mal à s’exprimer avec douceur. A vrai dire, la compassion et tous ses synonymes ce n’était pas vraiment son truc. Elle vivait dans un monde à part et sa maladie lui avait forgé un caractère plus ou moins sombre et solitaire. Pourtant, à la regarder la dite Kayoko avait l’air d’être une personne douce et vraiment innocente. Elle semblait même un peu craintive et renfermée sur elle-même, ce qui faisait un drôle d’effet à la grande brune, un sentiment qu’elle ne pouvait pas expliquer… C’était peut-être ça la « compassion » …
La jeune fille avait les mains dans les poches. Il faisait un peu frais ce midi. Elle fumait la tête baissée, le visage un peu triste. Elle devait faire partie de ce genre de personnes qui font des choses contradictoires à ce qu’elle voudrait faire, dans l’espoir de donner un sens à leur vie. En somme, elle devait être telle que son visage la faisait paraître.

Le corbeau noir regardait la grande brune en penchant la tête de droite à gauche, en ouvrant parfois le bec, ce qui lui donnait un air idiot. Ambre soupira, revenant vers lui et donc, vers la jeune fille. Elle s’arrêta près d’elle et devant le corbeau, lui jetant un regard noir, puis elle se baissa pour ajuster son propre sac de cours, qu’elle avait négligemment abandonné en apercevant l’oiseau lorsqu’elle était arrivée sur le toit. Une fois cela fait, elle s’assit dessus, sans prêter attention à sa robe et au vent qui la soulevait parfois. Elle regarda la jeune fille en biais. Ambre n’était pas insociable non plus, elle était juste légèrement indifférente. C’est pourquoi elle était restée sur le toit au lieu de s’en aller. Elle n’était pas restée pour Kayoko mais parce que Kyu-kyu, (c’est ainsi que le corbeau ce nomme) ne s’en allait pas. Autrement dit, parce que dans le subconscient d’Hoishi, quelque chose l’empêchait de s’en aller. Peut-être qu’elle avait pitié de la petite fille, peut-être qu’il n’y avait tout simplement pas de raison particulière. D’ailleurs ce subconscient l’interrogea par le billet de l’illusion animale :

* Tu ne pars pas ? *
« Non », répondit-elle neutralement.
* Moi je vais partir.*
« Je ne te retiens pas. »

Après un temps de silence, l’oiseau n'avait pas bougé.

* Bon, je reste encore alors. *
« Soit »

Les paroles d’Hoishi étaient toujours très courtes. Elle ne posait jamais de question et ne répondait que lorsqu’il lui plaisait. C’était sûrement parce qu’il était difficile de tenir une conversation avec elle que les élèves la surnommaient « ice doll ».
La pauvre Kayoko devait se demander à présent si elle n'était pas en présence d'une folle, plus que d'autre chose...

Devant les yeux cernés de la jeune demoiselle, la grande brune resta silencieuse, observant son regard s’assombrir peu à peu. Elle ne comprenait ni pourquoi elle avait cette mine défaite depuis la minute de leur rencontre, ni la raison des larmes naissantes dans ses yeux. Elle ne fit cependant rien et ne chercha pas à comprendre ce qui pouvait bien la rendre malheureuse dans le fait d’avoir faim. Peut-être cela lui rappelait-il de mauvais souvenirs… Mais Ambre n’y pouvait rien et ne voulait pas « y pouvoir ». Comme elle vit que la jeune fille cachait sa peine comme elle le pouvait mais sans vraiment y parvenir, elle ne manqua pas de remarquer :

« Tu pleures. »

Son regard n’était pas froid, bien que légèrement hautain. Elle avait repris son ton neutre. Hoishi ne pleurait quasiment jamais et pour elle, c’était une honte de se laisser aller en public, c’est pourquoi elle prit une sorte de plaisir à constater que Kayoko n’était pas une personne très forte, voire même un peu faible. De la poche de sa jolie robe rouge, la franco-japonaise sortit un mouchoir brodé qu’elle tendit à la brunette, toujours avec le même regard sans pitié. A vrai dire, ce n’était pas méchant, mais elle n’était pas le genre de personne à éprouver une quelconque sympathie envers ces semblables. Sa maladie lui laissait croire qu’elle n’était pas une véritable humaine, mais plutôt une sorte d’envoyée sur Terre pour espionner les Hommes…

- Détournement de regard -
Ambre attendit patiemment que la jeune fille se soit détendue. Pour elle, ce n’était peut-être rien, mais le simple fait de partager quelque chose était un grand geste de la part d’Ambre. Lorsque Kayoko lui rendit son mouchoir, la brune tourna la tête, exprimant ainsi qu’elle le lui cédait. Elle espérait ainsi que sa tristesse s’effacerait, un peu comme s’il s’agissait d’il s’agissait d’un objet miracle, ou quelque chose dans ce genre. Finalement, elle récupéra son sac et ouvrit la porte du toit, en descendant les marches sans regarder si la petite fille la suivait. De toute façon, il aurait été étonnant qu’elle cherche à la suivre, étant donné qu’Ambre n’attirait pas vraiment les gens avec ses airs froids, mais tout était possible…


{ H.S. : c'est court... J'ai du retard... Oui, je sais ! Désolée... :| }