Il faisait beau, il faisait chaud, en ce mois de Juin , Keita, exténué, sortait de cour de mathématiques, qu'il trouvait littéralement ennuyant, lorsqu'il eu l'idée, de trouver un endroit où l'air pourrait être plus supportable. Il décida donc d'aller par évidence selon-lui aux alentours du cour d'eau.


Mais lorsqu'il arriva au lieu-dit, il constata rapidement qu'il avait été devancé, en effet aux abords de celui-ci, se trouvaient des groupes d'élèves, sûrement regroupés entre amis. Il ne fut cependant pas si étonné, car après réflexion, il ne devait pas être le seul à avoir eu cette idée.
Les élèves qui comme lui étaient venus en quête de fraîcheur, étaient regroupés, en moyenne, par trois ou quatre. N'ayant pas encore sympathisé avec quelqu'un malgré deux mois de scolarité, lui était seul. Il chercha donc un endroit isolé, comme à son habitude.

Tout en regardant les autres jalousement, il se sépara des vêtements superflus, et se retrouva donc torse et pied nus allongé, au calme, dans un petit coin de nature qu'il trouvait reposant.


Après une demi-heure dans cette posture et ayant retrouvé quelque-peu d'énergie, il se leva et rassembla ses affaires pour s'adosser au tronc d'un arbre et décida de se débarrasser de ses derniers devoirs afin d'être tranquille dans la soirée. Là, tout en étudiant il se mit à écouter les chansons du groupe Cyanhur, dont-il avait entendu parler en flânant dans les couloirs, veillant a laisser une oreille libre au cas ou on aurait besoin de lui.
Bien qu'il pensait cela impossible, étant donné qu'il était a nouveau...seul.

Sept heures trente minutes. Le réveil retentit de sa longue et agaçante litanie, annonçant avec empressement la journée débutant pour Aiko. L'appareil vit d'ailleurs sa longévité s'écourter dans la seconde qui suivie, projeté à travers la pièce d'un mouvement désinvolte de la main pour ensuite terminer sa course au sol, accompagné d'un fracas assourdissant. Laissant nonchalamment son bras pendre du bord du lit, l'adolescente fixa le plafond en tendant l'oreille à la rumeur des couloirs. Rien ne laissait présager une agitation quelconque, l’achalandage semblant plutôt moindre à cette heure de la matinée. Le silence s’abattant sur la pièce prit promptement la forme d’une paisible berceuse, entrainant la jeune femme à clore les paupières de nouveau.

Huit heures dix-neuf minutes. L’écran illuminé de son téléphone portable, qu’elle avait d’ailleurs peiné à atteindre puisqu’il trônait sur la pile démesurée de partitions musicales occupant la table de chevet, indiquait une heure invraisemblable. Cependant, la fatalité la frappa bien assez tôt pour qu’elle puisse repousser violemment les couvertures et se jeter sur ses pieds à la vitesse de l’éclair. La durée accordée à sa préparation matinale s’abrégeait de quarante-neuf minutes sous son regard impuissant. Cinquante désormais. Le temps défile invariablement plus vite lorsqu’on chérit jalousement chaque seconde consécutive avec une appréhension irréfutable. L’adolescente le découvrait en cette journée ensoleillée - et cela totalement à ses dépends. Ainsi qu’aux frais de ses colocataires par le fait même, puisque celles encore présentes dans la chambre durent supporter l’ouragan Aiko et ses bruyantes allégations.

Le résultat de sa mésaventure du réveil se refléta sur la vice-présidente durant son cours complet de japonais. Elle rejoignit son siège à l’heure requise, mais elle dut presser le pas dans les couloirs pour se rendre au bâtiment, ralentissant la cadence uniquement lorsqu’elle croisait des retardataires pour ne pas défaire sa crédibilité. De plus, elle demanda le contenu intégral d’un coffre à crayons de maigre chargement à son voisin, ayant oublié son sac près de son lit. Écrivant à l’aide d’un simple stylo, seul crayon qu’ait pu lui prêter son camarade de classe, elle omit d’inscrire son nom sur un travail à remettre à la fin de la période et subit les réprimandes du professeur de longues minutes.

Lorsque la jeune femme put enfin s’éclipser pendant la pause qui séparait les leçons, ses nerfs étaient à vifs et son entrain naturel perdait de l’éclat. Une chemise de documents concernant le conseil étudiant sous le bras, elle songea à prendre la direction du local, ayant des papiers à y déposer et certaines informations à récupérer, mais avorta l’idée en apercevant le parc par une fenêtre. La chaleur de l’été était presque palpable à travers les rayons solaires se posant sur sa peau. Décidée, elle quitta l’établissement pour se rendre à l’extérieur, accueillie par une brise fraîche qui la rendit radieuse de nouveau.
Elle passait devant un premier arbre, sa tignasse blonde ballotée par le vent, lorsque les accords d’une chanson qu’elle connaissait parvinrent jusqu’à ses oreilles.

*Cyanhur?*

Entre mille, il lui aurait été donné de reconnaître la voix mélodieuse de Tenryu Hanami. Littéralement exaltée, la blonde chercha du regard la provenance du son qui semblait tout près, et nota un jeune homme installé à l’ombre du même arbre qu’elle venait de dépasser. Enchantée et faisant preuve d’un enthousiasme exagérée, elle tourna les talons et parcourut la courte distance la séparant de l’autre adolescent. L’écouteur pendant lamentablement sur son torse la convainquit instantanément et, armée d’un sourire éclatant, sans se soucier de la brusquerie dont elle faisait peut-être preuve, elle l’interrogea.

- C’est Cyanhur, n’est-ce pas? C’est leur nouvelle chanson? Oh, bonjour au fait.


[HRP: J'étais inspirée, mais j'peux faire moins si ça te gêne ^^']

Keita, une fois ses devoirs effectués rangea ses affaires dans son sac, puis se laissa aller, adossé à cet arbre qui le masquait du soleil sous son ombre protectrice. C'est là que passa, assez proche de l'endroit où il était installé, une fille. Celle-ci était en uniforme, et portait une chemise à documents qui avait l'air assez chargée. Keita se sentait, rien qu'en la regardant, mal pour elle sous cette chaleur étouffante cela ne devait pas être facile de transporter documents d'un bâtiment à un autre. Puis en l'observant plus précisément, il se focalisa sur sa chevelure dorée qui volait au vent.
C'est, pendant qu'il l'observait, qu'une chose improbable pour lui arriva, elle se mit à se diriger vers lui d'un pas assez pressé et se pencha si brusquement que leurs visages étaient assez proches. Keita fût légèrement embarrassé, ce qui n'avait pas l'air d'être le cas chez la jeune fille

Ce n'est que lorsque qu'ils s'étaient quelque-peu éloignés que Keita la reconnu : Takahashi Aiko, vice-présidente du conseil des élèves. Keita la trouvait plutôt jolie, et se surpris lui même à juger le physique de cette fille, n'étant pas une activité qu'il pratique souvent.
Écoutant la musique à un niveau sonore assez élevé, il baissa celui-ci afin de l'entendre.
La voix de la vice présidente qu'il pensait sévère et rude, était tout le contraire de ses préjugés, en effet celle-ci exprimait un enthousiasme important, et accompagnait un sourire sur le visage de la vice-présidente. Arrêtant son analyse, il se permit de répondre à la question qu'elle avait posée.

« Tu as l'air de t'y connaître, en effet c'est bien leur nouvelle chanson ».

Là, commença une discussion sur la chanteuse du groupe, où Keita eu confirmation des rumeurs qu'il avait entendu auparavant : elle est une élève du lycée.
Durant la discussion il la jugea plutôt sympathique, car bien qu'elle fût d'un an son aînée elle ne le prenait pas de haut, bien qu'il la trouvait très énergique et qu'il lui arriva de ne pas pouvoir la suivre.

« Pourquoi ne pas s’asseoir et faire plus amples connaissances entre amateur de pop-rock ? » proposa Keita, un sourire s'étant logé au coin de sa bouche.

La jeune femme ne remarqua pas l'embarras qu'elle provoqua chez son interlocuteur. Elle ne saisissait d'ailleurs que rarement ce genre de démonstration gestuelle qui s'appliquait lorsqu'elle enfreignait une barrière sociale. Son visage très près de celui du garçon ne lui infligeait nul malaise, bien qu'elle en profita pour détailler de son regard turquoise l'autre protagoniste. Plantant ses yeux dans ceux du jeune homme, d'une teinte bien plus profonde que la sienne, ils glissèrent bientôt machinalement vers son torse. La vice-présidente cherchait par l'occasion à distinguer le coloris caractéristique qui différenciait les étudiants des différentes années, pour le trouver absent de la tenue de l'élève. Tout comme sa chemise ou son veston, d'ailleurs.

À cette observation s'accompagna une nuance rosée égayant ses joues, bien qu'elle fut insuffisante pour se départir de son chaleureux sourire. Cependant, Aiko se redressa pour mettre fin à cette proximité superflue. Ses lèvres s'étirèrent derechef lorsque ses tympans témoignèrent d'une réponse de l'adolescent lui faisant face et elle y alla de sa propre intervention, aussi fébrile que pouvait l'être une enfant en la veille de Noël.

- Je ne m'y connais pas tant que ça, je les ai découvert récemment seulement!

Le ton de voix employé à l'instant semblait presque celui d'excuse, comme si elle regrettait sincèrement que cette découverte fut tardive. Malgré tout, une lueur étincelait au fond de ses pupilles en affichant ouvertement son enthousiasme de connaître Cyanhur à présent. Bien qu'il ne fut pas son groupe fétiche, l'adolescente portait une certaine affection envers ses chansons et ne se plaignait point qu'on la pousse à écouter l'une de leur nouvelle. Par le fait même, ayant eu accès à un ordinateur la veille malgré son horaire chargé, basculant entre ses obligations et les cours, elle avait put s'enquérir de la nouvelle pièce qui les hissait une fois de plus de façon raisonnable dans la popularité. Aiko en avait même immédiatement reconnu les accords dès les premières notes parvenant jusqu'à elle.

Jaugeant le brun du regard un moment, elle hésita pleinement à dévoiler la présence de la chanteuse parmi l'établissement, mais se résigna spontanément après réflexion. Évidemment, l'image même de ce garçon pourchassant son aînée à travers les couloirs en quête d'un autographe l'amusa de son invraisemblance. Bien que ses connaissances du pensionnaire fussent limitées, elle était prête à miser toutes ses économies comme quoi cela allait à l'encontre de sa personnalité. Son être dégageait plutôt cette aura de calme qui était inconnue chez la pianiste, constamment un volcan en ébullition.

La conversation allait bon train, bien qu'elle comblait la plupart des trous à l'aide de son dynamisme omniprésent, son opinion du garçon restait plutôt vague. Sans qu'elle puisse mettre le doigt dessus, un élément de son compagnon la convainquit qu'elle l'avait déjà aperçu. Connaissant la majorité des élèves de son année, au moins de vue, elle fut assurée d'une première part qu'il n'était pas du même âge. Sa nature conciliante la gardait de catégoriser les gens, et son approximation des âges n'en étaient que sous-développée.

*Faire connaissance? Pourquoi pas! Ah, mes dossiers...*

En notant le sourire discret de l'adolescent, Aiko s'illumina de nouveau, avant d'observer en biais la lourde chemise qu'elle trimballait et qui ajoutait du désagrément à la chaleur insoutenable. Jetant un rapide coup d'œil à l'heure affichée sur son téléphone portable sans porter attention au tintement de l'ornement de l'appareil. Elle avait amplement le temps de se consacrer à ses responsabilités plus tard même si elle flânait un peu. Son geste suivant fut donc un hochement de tête affirmatif et énergique à la dernière proposition de son camarade.

Avant de prendre place, elle fut soudain prise d'une révélation quant à l'identité du garçon. Kurogane Keita, première année. Désormais, il lui apparaissait clair qu'elle l'avait aperçu à une séance du club d'athlétisme, malgré sa propre présence limitée par les réunions du conseil. Inclinant respectueusement la tête en affichant un sourire poli, elle se présenta elle-même.

- Je suis Takahashi Aiko, je ne sais pas si tu te rappelles de moi. On fait partie du même club.

Sans l'ombre d'une hésitation, elle s'assit à ses côtés, repliant les jambes contre sa poitrine et entourant ses genoux de ses bras, puis posant un regard amical sur Keita.

- Kurogane-kun est donc amateur de pop-rock, hum?

Aucune dérision, seulement une remarque satisfaite.

Keita fut troublé lors de la présentation de son interlocutrice. En effet, le jeune homme n'avait pas noté la présence de celle-ci au club d'athlétisme. Cependant, il décida de ne pas la blesser et de feindre la présence de souvenirs qui lui manquait.

« Takahashi-sempai.... ah! Le club d'athlétisme ! Je me demandais justement où t'avais déjà aperçu. »

Une fois sa présentation faite la jeune femme se mit à coté de Keita. Cette situation ne lui déplaisant guère, il nota cependant qu'il était quelque-peu dévêtu et s'empressa de remettre sa chemise, ainsi que les autres vêtements, qu'il avait enlevés auparavant. Une fois la tâche accomplie, il décida d'accompagner leur conversation de musique, en insérant délicatement un des écouteurs dans l'oreille de la jeune fille. Ce fut donc en musique que Keita répondit à la jeune femme.

« C'est vrai, que les garçons de mon âge sont plus souvent tournés vers le rap, hard-rock, ou autre, mais les sonorités de ces styles musicaux, comment dire... ça ne me correspond pas. Je me suis donc tourné vers le pop-rock ce qui m'a poussé à prendre des cours de musique et de chant, étant plus jeune.»

Nos deux jeunes gens, s’étaient mis a sympathiser. Leur conversation se stoppa quand une nouvelle chonson de Cyanhur ariva jusqu'à leurs oreilles. Durant l'écoute de celle-ci Keita se rappela de l'énorme chemise à documents. Se demandant si il ne devrait pas lui proposer son aide.

« L'heure à déjà pas mal tournée, ne devait tu pas emmener ces documents quelque part ? Sous cette chaleur tu dois avoir du mal à transporter tout cela. » Puis timidement demanda : « Voudrais-tu que je la porte pour toi ? »

La jeune fille ne répondit pas, Keita se tourna vers elle, et remarqua que celle-ci avait les yeux fermés. Peut-être s'était-elle endormie ? Keita se rapprocha d'elle pour voir ci celle-ci était toujours consciente.

* Dort-elle ? A t-elle fait un malaise ? Fait-elle semblant? Dois-je m'en inquiéter ? Amatrice de pop-rock comme elle. Peut-être est-elle focalisée sur la musique.... *
Autant de questions étaient remuées dans l'esprit du jeune homme. Il opta pour la dernière affirmation qu'il s'était faite. Une fois son calme naturel retrouvé, il se mit à contempler le visage de la jeune fille, dont l'air endormi lui rappela une poupée, les cheveux dorés de celle-ci, le fascinant d'autant plus avec la courte distance qui les séparaient.

Il décida donc d'attendre le moment, où celle-ci lui adresserai de nouveau la parole. Croisa les bras derrière sa tête, et, adossé au tronc, ferma les yeux.

Bien que peu convaincue par l'intervention du jeune homme suite à sa propre présentation, elle ne s'en formalisa pas et se contenta de lui offrir l'un de ses éternels sourires radieux. Il lui semblait de toute façon que c'était seulement son imagination qui lui jouait des tours, et que son interprétation était probablement erronée. Définitivement, son jugement d'autrui restait toujours celui positif et naïf de ses jeunes années, malgré le temps s'écoulant et l'entrainant à prendre de la maturité. La jeune femme démontrait seulement une incapacité fâcheuse à douter des gens dont elle faisait la rencontre.

L'adolescente consentit à partager l'ouïe de la même chanson que Keita, ne réagissant que très peu au geste du garçon pour lui insérer l'écouteur et se contentant par le fait même d'apprécier la musique acheminée à son esprit. Par un réflexe graver dans ses mains, elle se mit à battre la mesure de l'index de façon entièrement inconsciente et machinale. Portant son attention à l'explication de son compagnon, son regard s'illumina de ce scintillement ravi qu'on arbore lorsque l'on vient de faire une découverte réjouissante. Que son comparse ait suivi des cours de musique et de chant l'enthousiasmait et l'aidait à le considérer d'un œil nouveau. Elle devait bien accorder qu'il s'exprimait avec véracité, puisque les garçons de leur âge s'intéressant au pop-rock se faisaient bel et bien une denrée rare.

- Plus jeune? Alors ce n'est plus le cas? C'est dommage.

Elle affirmait ces trois derniers mots sans jugement hautain, mais avec une sincérité déstabilisante, de l'avis de plusieurs. Son regard s'attarda à l'observation de son interlocuteur, et elle constata avec un brin de soulagement qu'il s'était vêtu à nouveau de l'uniforme scolaire.

La chanson qui marqua la fin de leur échange évoquait un flot de souvenirs et de pensées pour Aiko. Le sourire de cette dernière s'effaça discrètement pour laisser place à une expression plus douce et calme que peu lui connaissait. Elle ne mit longtemps à clore les paupières pour se concentrer sur les paroles, dansant au centre de son esprit. La voix à la fois puissante et suave de la chanteuse de Cyanhur remplissait pleinement de ses notes profondes le crâne de la jeune femme, et son âme de musicienne en fut directement touchée.

Doucement, son corps s'affaiblit, perdant de sa constante agitation pour laisser place à une sérénité singulière. Il lui semblait oublier la présence, pourtant à une distance réduite, de l'autre étudiant, parmi les accords mélodieux défilant dans son oreille. Évidemment, le fait qu'elle ait du se satisfaire d'une quantité très limitée, et malsaine, de sommeil depuis plus d'une semaine jouait dans la balance. Les cinquante minutes soustraites à sa préparation matinale qu'elle avait récupérées ne pouvait compenser pour près d'une vingtaine d'heures en moins. Elle portait donc une attention particulière à la musique, mais en profitait tout autant pour détendre ses muscles.

Distraitement, la voix grave du garçon parvint jusqu'à elle et, l'information analysée, elle ouvrit brusquement les yeux et reprit de son énergie qui donnait le tournis. Vérifiant vivement l'heure présente, elle se détendit un peu en voyant qu'elle ne serait pas si serrée dans le temps. À la condition qu'elle prenne la direction et rejoigne le local du conseil des élèves dans les minutes qui suivraient.

- Oh, euh... Ça ne serait pas très sage de ma part de te faire porter mes affaires.

La remarque fut lancée sur le ton de l'amusement, se relevant avec un empressement peu dissimulé. Bien qu'elle fut satisfaite de cette rencontre, les obligations la rappelait à l'ordre comme toujours.

- Et puis, je suis plus forte que ce dont j'ai l'air!, ajouta-t-elle en riant.

Elle mima l'action de forcer le muscle de son bras gauche, pour renchérir l'affirmation de sa présumée robustesse, bien que le résultat fut très peu concluant. En effet, arborant une silhouette frêle, elle en paraissait bien plus fragile que forte. Tout de même, son expression faciale, toujours si facile à décrypter, se changea en hésitation palpable. L'apparence calme de Keita la poussait à vouloir lui parler davantage, par l'opposition totale de son caractère au sien, ce qui l'intriguait.

Résignée, elle inclina respectueusement la tête pour le jeune homme avec pour pensée de se retirer vers ses responsabilités par la suite.

Keita flânait donc la, sous cette arbre en bonne compagnie, il était heureux mais ressentit un moment de trouble, bien qu'il ne ressentit aucun dédain, lorsque la jeune femme exprima sa déception sur l'abandon des cours musicaux de Keita, il décida de se justifier :

« Je n'étudie plus la musique, c'est vrai, mais il m'arrive de continuer à pratiquer, notamment... sous la douche ! » annonça-t-il en plaisantant.

« Plus sérieusement, je dirais que je n'ai pas eu beaucoup d'occasion de me faire entendre par quelqu'un, je trouvait donc cela inutile de continuer, je m’éxerce seul. Et n'ayant eu aucun avis sur mes performances, je dois avouer avoir du mal à penser de me faire entendre par quelqu'un d'autre que moi-même... »
Annonça-t-il sous le ton de la confidence.

Le visage de cette fille extravertie, était apaisé, lorsque, celle-ci refusa son aide. Keita fut donc soulagé de la voir se manifester, abandonnant ses inquiétudes, tout en écoutant le ton de velours que prenait la voix de la jeune fille dans ces conditions.

Seulement l'énergie naturellement importante, accompagné du sourire radieux, de celle-ci refit surface lors de sa justification ; Keita fut amusé de la voir forcer sur son bras gauche et ria ; il venait de découvrir les deux facettes de cette jeune fille dès leur 1ère discussion et cela contrastait avec ce qu'il avait entendu des filles en général, comme quoi elle ne dirait ce qu'elle pensent, et étaient assez mystérieuses avec les garçons.

« Il serait donc pour moi, loin d'être sage de te laisser porter cela, mais si tu n'acceptes vraiment pas, pourrais-je au moins t’accompagner jusqu'à ta destination? Où alors... »
La voix du jeune homme baissa considérablement, lorsqu'il parvint à finir sa phrase.
« ...pourrais-tu...rester.... encore un peu.. »

Le jeune homme sentant une douce chaleur envahir son visage, cacha celui-ci en tournant la tête, dans la direction opposée de la jeune fille, cherchant à masquer son embarras, il souhaitait conserver ce moment, où, il n'était pas seul le plus longtemps possible. Mais, se sentant quelque-peu égoïste face a la vice-présidente du conseil des élèves, prononça avec difficulté une suite de mots.
« Désolé,euh.... je veux dire par la que,.... »

Empêchant d'une main ses mèches dorées, ballotées par les bourrasques de vent s'y engouffrant, de masquer son visage baigné de soleil, la jeune femme laissa échapper un rire léger sous la réponse de son interlocuteur à sa propre remarque sur les cours qu'il avait suivis. Ce gloussement discret était empreint d'un étonnement approbateur devant la personnalité qu'elle découvrait au garçon. À première vue, les traits froids et l’aura calme de Keita l'avaient fait hésiter à l'aborder, mais à présent ce qu'elle en voyait encourageait l'idée que lui adresser la parole n'était pas regrettable. Singulièrement, la vice-présidente appréciait qu’il plaisante ainsi sans l’ombre d’un malaise planant à l’horizon et elle se surprit même à l’observer avec curiosité.

Les affirmations qui suivirent allumèrent une lueur éclatante au fond de ses iris turquoise. Après tout, comme elle ne jouait personnellement que pour le plaisir et la fierté d’entendre les partitions transformées en notes parvenant à ses oreilles, la conception de trouver inutile cette action lui était dure de compréhension. D’un côté, la pensée qu’il ait cessé ses performances faute d’un publique l’outrait en soi, mais la graine d’une suggestion germait en son esprit. Ce fut d’ailleurs avec un sourire redoublé d’ardeur qu’elle formula à haute voix les réflexions tapies dans un coin de son cerveau qui s’y bousculaient à présent.

- Tu n’as pas eu beaucoup d’occasion de te faire entendre? Il faut les créer, ces occasions!

Comme la subtilité n’avait jamais fait partie de son curriculum vitae, on la voyait souvent venir à des kilomètres. Ce moment ne dérogeant pas à la règle, elle laissa ses paroles faire son effet avant de poursuivre sur un ton dissimulant mal un emballement naissant;

- J’aimerais bien t’entendre, moi. Enfin, si tu veux, bien sûr.

Son expression passa de l’exaltation à la considération de la possibilité qui s’offrait à eux. L’adolescente avait pleinement conscience qu’ils ne se connaissaient que très peu et qu’il était difficile de performer devant une inconnue, mais elle espérait tout de même qu’il accepte son offre. La curiosité étant un vilain défaut qu’on lui attribua dès qu’elle vit le jour pour la première fois, une excitation certaine l’envahissait en songeant à l’écoute du chant de son cadet. Aurait-il une voix dure? Ou serait-elle plutôt du genre suave et masculin? Se situait-elle parmi les ténors, les barytons ou, plus rare, les basses? Analysant désormais ses intonations, elle désirait ardemment avoir la confirmation des théories qui l’assaillaient.

- Si ça te gêne de chanter seul, je pourrais t’accompagner au piano. C’est toujours plus facile quand on a l’impression que l’autre n’écoute que d’une oreille…

Debout depuis plusieurs secondes à présent, elle le considéra un instant puis se gratta la nuque, légèrement embarrassée.

- Me voilà qui m’enthousiasme toute seule! Sens-toi libre de refuser, je m’emporte parfois.

Ayant déjà prévu se retirer vers ses obligations par la suite, la blonde prêta tout de même l’oreille à la suggestion du jeune homme. Lorsqu’il baissa la voix, elle s’inclina un peu plus vers lui pour bien saisir chaque mot et suivit, hébétée, le mouvement de la tête de son compagnon qui tentait tant bien que mal de cacher quelque chose. De l’embarras, peut-être? C’était dur à déterminer, mais seulement la proposition eut un effet direct sur sa personne.

*K-kawai...*

Son visage affichant toujours un ébahissement, ses joues se teintèrent d’une couleur rosée en simultanée. Puis, revenue à elle-même, AIko porta sa main à sa bouche et pouffa d’un rire amusé.

- Tu veux dire par là que…?

Ne faisant que le narguer et n’attendant pas réellement une réponse, elle reprit place aux côtés de l’adolescent, se disant qu’on lui pardonnerait de profiter de l’ombre un peu plus longtemps en cette journée étouffante.

Le regard de Keita fut capturé par le mouvement de la main de la jeune femme, qui passait dans ses cheveux.
La discussion tourna donc rapidement, vers ce que Keita craignait, la proposition de la jeune fille quand à l'écouter chanter. Mais face au regard pétillant, de cell-ci le jeune homme hésita :

« Tu serai surement déçue... »

Puis accepta suite à la proposition de chanter, accompagné de la jeune femme au piano :

« Alors comme ça Takahashi-sempai joue du piano ! J'accepte donc de chanter seulement si tu m'accompagnes, je pourrais profiter de ton talent et ce sera donnant-donnant ! » déclara t-il avec un leger sourire.

Keita se réjouissait à l'idée de recommencer à chanter, en effet lorsqu'il commençait il éprouvait une sensation de liberté, de plus il allait être, cette fois, accompagné et écouté, ce qui lui faisait plaisir mais également peur :

* J'ai pas le droit de me planter ! *

Quand à la derniere question de l'adolescente, le jeune homme eu du mal à y répondre :

« Disons.... que... que discuter avec toi... »

La jeune femme semblait l'observer avec une grande attention avec un petit air amusé, lorsque se retournant vivement vers elle :

«..... c'est agréable... »

Se sentant quelque peu présomptueux après la légère remarque de la jeune fille, Keita se mit à rire et se sentit moins sous pression quand au jugement que pourrait lui porter son interlocutrice.
Mais la suite de la discussion eut un effet inverse sans s'en rendre compte ce fut Keita qui venait de mettre toute la pression sur la jeune fille qui s'exprimait d'un air gêné. Mais l'inquiétude du garçon disparut très rapidement face au nouveau sourire qu'affichait le visage de la jeune fille.

La suite de la discussion était si embarrassante pour Keita, qu'il avait fait preuve d'une brusquerie inhabituelle. Tentant de retrouver son calme, le jeune homme esquissa un sourire.
Le temps s'écoulait et les deux jeunes adolescents ne virent pas que le ciel s'assombrissait, trop pris par l'entrain de leurs discussions musicales.

Retrouvant sa notion du temps, Keita se mit à s’inquiéter à nouveau sur les obligations de la vice-présidente du conseil des élèves, :

« Peut-être que je t'ai retenue un peu trop longtemps, le ciel commence à s'obscurcir.... » annonça-d’il en fixant la tonne de paperasse posée entre eux.

L'air commençait à se rafraîchir et la douce brise de l'après-midi devenait quelque peu glaciale bien que ce soit une soirée de juin. Keita, prévenant, installa sa veste sur les épaules de la jeune fille, car il lui semblait que son interlocutrice venait de frissonner.

« Tu n'as pas froid ? » annonça le jeune homme d'un ton quelque peu inquiet.

[HRP: Même chose, j'ai un peu de mal ^^']

Même si on l’avait prévenue dès le départ qu’une rencontre inopinée avorterait ses plans de se charger de ses obligations vice-présidentielles, ses actions n’auraient différés en rien de ses choix précédents. Bien que certains auraient considéré cette décision d’un mauvais œil, insinuant l’irresponsabilité qu’une telle volonté aurait témoignée, caractéristique passablement éloignée pourtant de la personnalité de notre jeune protagoniste, celle-ci ne l’envisageait pas de la même manière. Elle s’accordait simplement un moment de répit indéniablement mérité en bonne compagnie, octroyé à une pause déjà fournie. Un moment qui s’allongeait sous les coups de l’horloge et l’évolution de l’astre du jour à travers la voûte céleste.

Facilement distraite de son environnement lorsque la conversation battait son plein, trop absorbée par les propos de son interlocuteur pour démontrer un quelconque intérêt envers l’extérieur, elle ne prit conscience du déclin du soleil et de la réduction lumineuse qu’à l’instant où le jeune homme en fit le commentaire. Il était vrai que le ciel commençait à s’obscurcir et qu’elle ne s’était toujours pas enquiert de la pile de paperasses que contenait sa chemise de documents. Il lui fallut plusieurs minutes d’observation du ciel en clignant des yeux pour saisir l’idée. Cependant, lorsque l’idée eut fait son chemin jusqu’à sa raison, elle eut une réaction plutôt modérée.

Si d’ordinaire elle aurait commencé à paniquer- se lever brusquement en agrippant ses papiers, au risque de les éparpiller un peu partout, et fuir en direction de l’établissement par exemple – elle se montra plutôt calme à l’instant.

« Oh non, tu ne m’as pas retenu, je suis restée de mon plein gré. Je peux toujours m’en charger demain, en fait. C’est plus agréable de parler! »

Elle offrit au garçon assis près d’elle son plus grand et sincère sourire. La seule réflexion qui lui revenait constamment en tête à son sujet était son désir de le revoir. Il aurait été trop décevant que leur relation ne s’arrête qu’à une seule rencontre plus courte malgré tout. Heureusement, ou malheureusement tout dépendant du point de vue, lorsqu’Aiko avait en tête qu’elle souhaitait se lier d’amitié avec quelqu’un, elle faisait en sorte que ça se produise. Elle n’éprouvait absolument aucune gêne à aller cogner aux portes des classes pendant l’heure du dîner en demandant à voir une personne en particulier, si elle n’arrivait pas à croiser cet élève dans les couloirs.

Alors que l’adolescente scrutait attentivement les traits de Keita, probablement un peu trop
intimidante dans cette action, mais ne le faisant pas volontairement, elle fut parcourut d’un frisson sous une bourrasque de vent faisant planer sa tignasse dorée. L’air était froid malgré la saison estivale relativement torride l’après-midi et cela se ressentait au plus le soir. Soir qui tombait au moment où ils discutaient nonchalamment. Elle eut à peine le temps de s’entourer de ses bras pour les frictionner qu’elle sentit du tissu se déposer sur ses épaules. Levant les yeux vers l’objet qui la réchauffait à l’instant, elle perçut la vision d’une veste la recouvrant.

Observant le garçon d’un air inquiet, elle ôta la veste et la lui tendit.

« Non je n’ai pas froid, je suis très bien. C’est toi qui va prendre froid sinon! »

Un frisson la faisant trembler trahit son mensonge, mais elle n’y porta pas trop attention, décidée à refuser la veste. Son propre bien-être ne lui importait pas plus que ça si son interlocuteur se portait bien. Or, s’il se défaisait de sa veste pour la lui prêter, elle n’obtiendrait pas cette satisfaction que son camarade était à son mieux puisque lui-même prendrait froid. Ce fut donc après lui avoir mis de force sur les épaules qu’elle déclara, fixant ses pieds :

« On devrait rentrer, tu ne crois pas? »

En installant la veste sur les épaules d'Aiko, le jeune homme se figea, des images défilaient dans sa tête, ...des souvenirs d'une jeune fille blonde...., la même situation : la jeune fille tremblait, il posa sa veste... Les tremblements de la jeune fille se faisant de plus en plus important, Keita fut extirpé de sa rêverie, croisant le regard de la jeune fille qui semblait l'analyser trait par trait.
La réaction de la jeune fille, quand à son initiative, fut plutôt amusante pour ce dernier, lorsque celle-ci refusa la veste de manière insistante, tout en mentant sur la sensation inconfortable qu'elle semblait éprouver.

« Tu ne devrais pas t’inquiéter pour moi ! Les garçons sont robustes ! » déclara t-il, imitant une personne machiste.

L'imitation eut pour effet de détendre l'atmosphère comme l’espérait Keita.
La jeune fille semblait enfin avouer qu'elle n'était pas à son aise, et déclara qu'elle souhaitait rentrer, tout en s'exprimant d'une manière assez timide, regardant ses pied.
Une expression assez inhabituelle, qui ne s'était pas encore réellement manifestée chez Aiko, depuis le début de l'après-midi.

Keita aida sa nouvelle amie à se relever. Les étudiants se dirigeaient vers les imposants bâtiments du lycée,lorsqu'un silence assourdissant enfermait les deux adolescents dans une sorte de bulle.
L'esprit du jeune homme ne savait comment réagir au vu de la situation, divisé entre raison et désirs , il souhaitait rester avec la jeune-femme sans vouloir abuser du temps de la vice-présidente, et dans une action irréfléchie cassa l'interminable mur qui résidait entre eux depuis quelques instants.

« Tu dois avoir pas mal de monde autour de toi, pendant la journée... le boulot de vice-présidente n'est pas trop difficile ? »

Keita trouva absurde de parler une nouvelle fois d'un thème se rapprochant de la scolarité.
Se maudissant de ne pas connaître de sujet de conversation intéressants à cause de son manque de pratique, il redouta la réaction de cette dernière, et écouta avec attention chaque mot que prononça Aiko par la suite...

« Hum... Un peu, puisque c'est lui qui dirige la vie au lycée... »

Keita fut d'abord soulagé de voir que le trou venait d’être comblé.
Mais fut surpris de voir qu'ils étaient déjà arrivés devant la porte.
La jeune fille l'observait avec insistance, penchée vers l'avant, les mains jointes derrière son dos.
La position typique d'une fille dans un manga ! C'est assez mignon... * pensa t-il quelques instants.

Puis vint le moment où l’inexpérience d'interactions sociales du jeune garçon se fit sentir..

« Rassure-moi, tu n’as pas l’intention de me voler mon poste l’an prochain, n’est-ce pas? »

Cette phrase provoqua un petit vent de panique dans l'esprit du jeune garçon.
*Elle est sérieuse là ? C'est une blague?*
C'est donc en analysant le visage de son interlocutrice qu'il opta pour un ton décontracté, et un visage souriant.

« Non ! Tu n'as pas à t’inquiéter ! Disons que moins j'ai de responsabilités, mieux je me porte ! »

Il eut beau le dire sur ce ton joueur, c'était totalement vrai...

Se sentant légèrement ridicule, le jeune garçon pensa qu'il était temps de rentrer, et c'est donc dans les couloirs qu'il fit ses aurevoirs à la fille aux cheveux d'or.

Plus tard....
-Chambre 104..
Keita dans son lit.... Ses colocataires dorment.... Lui... N'arrive pas à dormir..

*Vraiment sympa cette Aiko*
Puis... Fermeture des paupières et repos bien mérité.

« C'est sûr que c'est mieux de le connaître un minimum... »

À ce moment précis, elle parlait du conseil des élèves en général. Il était vrai que rester dans l'obscurité quant aux membres constituant le conseil relevait d'une indifférence un peu trop marquée. Néanmoins, ce fut la réaction suivante du garçon qui l'amusa comme elle n'aurait pu croire que ça l'amuserait. Alors qu'elle s'attendait à une réaction plutôt normale, elle saisit le changement d'expression sur le visage de son interlocuteur, passant d'une large hésitation à une décontraction notable dès qu'il aperçut le radieux sourire dont les lèvres de la jeune femme se fendait.

« Oh! C'est parfait comme ça, alors. Moins de compétition, héhé »

Comme ils se quittaient dans l'ombre des couloirs, l'adolescente regagnait sa chambre d'un pas léger; elle avait fait une rencontre pour le moins satisfaisante, et cela ne manquait pas de la mettre dans une humeur des plus favorables. Le sommeil tarda à la trouver alors qu'elle réfléchissait de son côté à l'espoir de le croiser une nouvelle fois.

[FIN du rp]