Il y a des jours avec et des jours sans. Aujourd’hui était un de ces jours où Dean s’était réveillé et se retrouvait de mauvaise humeur dès le matin pour des raisons aussi logiques qu’inexplicables. Il avait beau réfléchir au pourquoi du comment tout l’énervait –du café pas assez fort au fait que le beurre était introuvable en passant par les informations lues dans le journal- il ne trouvait pas. Hier soir encore il avait passé une soirée agréable à parler et philosopher avec ses coloc et avait joué un peu de son instrument fétiche. Tout portait donc à croire qu’il devrait, logiquement, être de bonne humeur. Mais Dean n’était pas connu pour être logique.

Après s’être prit la tête avec Phileas, avoir fusillé Jiro du regard –Jiro qui pourtant lui avait simplement et gentiment demandé comment il allait- et s’être montré ignoble avec Akutsu pour une raison inconnue, Dean avait quitté les lieux. En sortant de son appartement, il laissa la porte se refermer derrière lui et s’immobilisa. Soupirant, il ferma les yeux et se passa la main sur le visage. Un court instant, l’idée de revenir sur ses pas et s’excuser au près de ses coloc lui traversa l’esprit mais au fond de lui, Dean se dit que c’était trop tard, ou trop tôt pour des excuses.

Alors, soupirant à nouveau, il rouvrit les yeux et traversa les couloirs, descendit les escaliers et se dirigea vers l’infirmerie. On était samedi, Dean ne bossait pas, mais il empruntait ce chemin tellement souvent que c’en était devenu automatique. D’autant qu’il avait oublié son livre qu’il devait à tout prix récupérer.

Ainsi, il s’engouffra dans son antre et soupira pour la énième fois en sentant l’odeur de désinfectants. Depuis le temps qu’il exerçait sa profession sa profession, il aurait du s’y être habituer, mais fallait croire qu’on ne s’habituait jamais aux mauvaises odeurs. Mais soit. Dean s’avança vers son bureau et attrapa son livre avant de ressortir. Il prit bien soin d’accrocher le panneau, sur lequel figurait son numéro de portable ainsi que celui de l’hôpital en cas d’urgence, à la porte et reparti.

En s’engageant sur le chemin menant au parking, l’infirmier jeta un coup d’œil à sa montre. Il était 9h du matin et tout ce qu’il voulait maintenant c’était tester les limites de sa chérie. Sans réellement réfléchir à l’endroit où il pourrait aller, il s’installa au volant, mit le contact et démarra. Il roula tout d’abord à allure réduite afin de faire chauffer le moteur, jusqu’à atteindre l’autoroute le menant vers l’opposé de Tokyo.

Ce ne fut qu’une fois sur l’autoroute, après avoir roulé un peu et en s’apercevant que la chaussé était plutôt dégagé, que Dean se lâcha. Il agrippa le volant et poussa l’accélérateur. Le moteur hurla et Dean senti la force de la vitesse le plaquer contre le siège. Esquissant un sourire amusé, notre jeune homme lâcha l’accélérateur, appuya sur l’embrayage, changea de vitesse puis appuya à nouveau sur l’accélérateur. Il jeta un coup d’œil vers le compteur et constata avec une certaine satisfaction que sa voiture arrivait sans réel problème à se maintenir à 160 km/h. Pourrait-elle en supporter plus ? Surement. Dean la poussa jusqu’à 185 km/h, maintien quelques instants cette vitesse puis relâcha doucement la pédale, laissant son véhicule ralentir de lui-même.

Cette sensation de vitesse était grisante et le meilleur remède anti-mauvaise humeur. Mais sa Galaxy était de 1964. Certes, pour son âge elle était en excellent état, mais elle représentait bien plus qu’une simple voiture et moyen de transport pour notre jeune homme. Elle avait une valeur sentimentale et il y tenait, comme on le dit si bien, comme à la prunelle de ses yeux. Si quelque chose lui arrivait –ne serait-ce qu’une simple rayure- Dean ne se le pardonnerait jamais.

Soit. Après avoir atteint une vitesse de croisière normale, dirons-nous, Dean se détendit d’avantage, se rabattant sur l’autre voie. Il alluma l’auto radio et augmenta le volume, souriant d’avantage. Dans sa voiture roulant sur une autoroute avec le chanteur d’AC/DC qui crachait les paroles de « back in black » dans les hauts parleurs … il en fallait vraiment peu pour être heureux.

Ainsi, Dean roula pendant longtemps, si bien qu’il se retrouvait à une centaine de kilomètres de Nagoya. Il était maintenant 11h30. Dean mit son clignotant, sorti de l’autoroute et s’y engagea à nouveau sur l’autre côté de manière à pouvoir rentrer à Hachioji.

Son retour dura 3h30. Dean avait roulé à allure constante plutôt faible, ne dépassant plus les limitations de vitesses. De plus il s’était arrêté durant une vingtaine de minutes pour faire le plein, boire un café et acheté un paquet de biscuit qu’il mangea dans la voiture.

Il était 15h45 lorsqu’il rentra à nouveau à l’appartement. Dean enleva ses chaussures et alla dans la cuisine en passant pas le salon. La télé était allumée et Akutsu était affalé sur le canapé. Après l’avoir brièvement salué, il se dirigea vers le frigo, en sorti une bière et, sans hésiter, s’installa à côté d’Akutsu. Il but une gorgé, fixant son regard sur l’écran avant de porter son attention sur son colocataire. Il soupira légèrement et prit la parole.

« Ecoute Akutsu, je suis désolé pour ce matin. Je ne sais pas ce qui m’a prit de m’en prendre à vous ... a toi » Il afficha une mine sincère puis hausse les épaules et afficha un sourire « Est-ce que tu crois que j’aurais une chance de me faire pardonner en t’invitant à sortir avec moi ce soir ? Le festival du solstice d’été a ouvert, ça pourrait être sympa, non ? Une petite viré entre coloc … »

Continuant de lui sourire, Dean espéra qu’Akutsu ne lui tiendra pas rigueur de sa mauvaise humeur matinale et accepte sa proposition. Il ne voulait pas passer sa soirée devant l’ordinateur ou la télé et la compagnie du professeur d’anglais était sans doute l’une des plus agréables qu’il ne connaisse.

Il y avait des jours avec et des jours sans. Celui-ci aurait dû être un jour avec. Akutsu s'était pour une fois levé tôt, mais de bonne humeur et avait passé les premières heures de sa matinée sur le canapé, un thé piqué à Jiro dans les mains alors qu'il regardait un film japonais qui passait sur l'écran. Ça avait été tranquille un moment, puis ses colocataires étaient descendus un à un. Phileas n'avait pas été plus sympathique que d'habitude et leur échange fut, comme généralement, cordial sans plus. Jiro était quant à lui bien plus décontracté et ils avaient parlé un peu, jusqu'au moment où Dean était descendu à son tour.

Que lui avait-il pris ? Il s'était posé la question un moment avant d'interroger directement le jeune homme, habituellement facile à vivre et avec qui il s'entendait bien. La réponse avait été tellement agressive et injuste qu'il avait du se retenir de ne pas lui coller son poing dans la gueule, mais il n'en avait, heureusement, rien fait. Après le départ de l'infirmier, l'ambiance avait un peu tardé à revenir, puis les jeunes gens de l'appartement 1 étaient passés par-dessus.

Le reste de la journée n'avait rien eu de bien palpitant. La motivation pour se rendre au festival fluctuant sans cesse, le jeune homme ne s'était vêtu que tardivement. Son yukata – beige aux rayures marrons, rien de très voyant – sur le corps ne l'avait néanmoins pas retenu d'aller s'asseoir sur le canapé pour finir de regarder son émission. Il aurait bien le temps de sortir plus tard, songeait-il.

Le retour de l'infirmier le coupa dans sa volonté. Sans lui adresser un mot au départ - avec le vague espoir qu'il aurait la présence d'esprit de s'excuser tout seul – il l'observa aller jusqu'à la cuisine où il alla se servir une boisson. Peut-être une bière, ou alors un coca, Akutsu n'en savait rien. Le brun finit par enfin se tourner vers lui, sans même soutenir son regard alors que l'Américain fixait vraisemblablement la télé. Il tarda à donner un peu d'attention au professeur d'anglais qui se contenta de hausser les sourcils, l'air fermé, quand le jeune homme commença à s'excuser. Il était temps !

« Va d'jà falloir que tu m'expliques ce qui t'a pris. J'compte pas passer la soirée avec toi si t'es aussi exécrable pour rien. »

Parfois, vraiment juste parfois, le roux se rendait compte qu'il manquait cruellement de tact... Mais, le regard plongé dans celui de Dean, attentif et sérieux, il devait bien admettre qu'il s'en foutait. Akutsu avait définitivement horreur de servir de défouloir.

La réponse de son interlocuteur eu l’effet d’une claque sur notre infirmier. Akutsu était-il tellement rancunier au point de ne pas vouloir l’accompagner festival ? Quoique. Dean baissa furtivement le regard et constata avec amusement qu’Akutsu était déjà vêtu de son Yukata. Il voulait donc, lui aussi sortir. Donc le fait qu’il demande une explication concrète à son colocataire n’était qu’une pure excuse pour satisfaire sa curiosité. M’enfin, c’était compréhensible aussi : Si Dean avait, lui, été dans la situation d’Akutsu il aura sans doute réagit de la même façon.
Alors, soupirant légèrement, l’infirmier hocha la tête et se tourna vers la télé, prenant le temps de reprendre une gorgé. Franchement, pourquoi avait-il été en colère ? Il n’avait eu aucune raison à s’en prendre à ses coloc. Aucune. Non vraiment, il ne pouvait que s’en vouloir à lui-même d’avoir été aussi désagréable. Mais Akutsu voulait savoir pourquoi. Le problème était que Dean ne pouvait pas lui donné ne serait-ce que l’ombre d’une explication. Mais il n’allait pas non plus inventer une excuse qui ne tiendra pas la route. Alors, reportant son attention sur son interlocuteur, il haussa à nouveau les épaules

« Ça t’arrives parfois de ravaler ta colère ? Une chose t’énerve, puis une autre, ensuite encore une autre etc., jusqu’au moment où tu exploses et où t’as l’impression d’en vouloir au monde entier ? Où t’as juste envie de gueuler sur le toit tout ce que tu ressens ? » Il arqua un sourcil, et laissa sa phrase quelques temps en suspens, avant de reprendre en hochant la tête « oui je sais que j’aurais du garder ça pour moi, oui j’aurais du m’en aller avant de dégénérer et me prendre la tête avec les gens avec qui je vis, mais que veux-tu ? J’ai, pour ainsi dire, explosé. Et tu ne peux pas savoir à quel point je le regrette » il soupira à nouveau et baissa le regard « Au moment où j’ai franchi la porte ce matin, j’ai hésité à revenir sur mes pas pour m’excuser. J’aurais peut-être du le faire, après tout … » il dévia le regard sur la gauche puis se redressa et se passa une main dans les cheveux « Et les raisons sont pour le moins futiles. Une prise de tête avec un ami d’Amérique hier soir, un cauchemar, une mauvaise nuit, des étudiants qui m’en veulent pour des raisons inconnues et quelques rumeurs contre moi qui circule. » Il redressa la tête et afficha à nouveau une mine sincère « voilà. Je m’excuse encore une fois. Après, libre à toi de vouloir passer la soirée avec moi ou pas, mais ça me ferait vraiment plaisir » Il réfléchit un instant, inclinant la tête sur le côté « je serais sage et je pourrais aussi te payer un coup, si tu veux. Mais s’il te plait, accompagne-moi ce soir au festival. » Lorgnant vers l’habit d’Akutsu, Dean esquissa un sourire amusé et releva son regard « et puis t’es déjà habillé et tout, ce serait dommage d’y aller seul, non ? »

L’infirmier regarda le prof d’anglais avec insistance espérant secrètement que ce qu’il venait de dire contenterait Akutsu et qu’il décide, malgré leur petite prise de tête du matin, de passer la soirée en sa compagnie.

La raison pour laquelle Dean tenait tant à sa présence lui échappait un peu, si ce n'était qu'il se sentait à l'évidence plus que coupable pour la prise de bec du matin. Une engueulade qui du reste n'avait pas de raison tellement valable, malgré les explications qui lui suffirent largement. Akutsu avait le pardon aussi facile que la colère, et ne rencontrait pas souvent plus apte que lui à s'énerver promptement. Néanmoins, lorsque le roux était agacé, il avait plutôt tendance à aller se défouler que ce soit au basket ou à la course plutôt qu'à en faire pâtir son entourage. Enfin, en général...

Un léger sourire apparut sur ses lèvres alors qu'il tendit le bras, télécommande en main, et éteignit la télévision. Reposant le boitier sur le canapé, il se redressa sans mot dire encore et observa Dean dans les yeux. Ils n'allaient pas se fâcher pour si peu, de toute façon ils vivaient ensemble et Akutsu aimait bien le brun, rare personne capable de le motiver à jouer de quelques instruments de musique.

« Allez, j'ai bon cœur, excuses acceptées. »

Il lui colla un léger coup de poing sur l'épaule, pas extrêmement douloureux mais qui ne risquait pas de passer inaperçu. Son sourire se durcit légèrement lorsque son regard se fit plus sérieux. Il reprit alors :

« Mais la prochaine fois, pote ou pas, je t'en colle une. »

Par moment, le roux se trouvait délicat. De manière strictement ironique toutefois. L'avertissement donné – confirmant son ex-statut de brute impulsive – il se détendit légèrement et reluqua l'Américain de la tête au pied. Ses lèvres s'étirèrent un peu plus en une mine chafouine alors qu'une idée germait dans son esprit. Dean était grand, trop pour un Japonais pur souche, mais qui ne surprenait pas plus que ça puisqu'il était définitivement métissé. Ça se voyait pour qui y regardait bien, d'autant que le brun avait la carrure plus proche de celle des Occidentaux. Néanmoins, le plus jeune était à peu près certain de pouvoir lui dégotter un yukata à sa taille s'il n'en avait pas et comptait bien voir l'autre homme habillé comme il se devait.

« Par contre, hors de question que tu sortes comme ça. Tu vas me faire le plaisir d'être vêtu dans les formes pour faire la fête : en yukata ! »

Ce fut tout juste s'il ne le retourna pas de force et ne le poussa pas jusqu'aux escaliers pour regagner les chambres. Dean était tout de même adulte - malgré son côté grand gamin parfois trop semblable au sien – et lui-même doutait d'avoir la force de l'y contraindre si l'autre n'en avait pas envie. Il se contenta donc de faire un vague geste du bras pour indiquer les chambres, un sourire de gosse fier de sa connerie bien accroché aux lèvres.

« Hum... T'en as déjà mis au moins hein ? Que je sois pas obligé de te fringuer non plus... »

LA moue avec laquelle son colocataire le regardait, ne lui plaisait pas. Mais alors pas du tout. C’était le genre d’expression qu’on arborait lorsque quelque chose nous traversait l’esprit. Quelque chose de pas très marrant pour celui qu’on regardait. Arquant un sourcil, Dean afficha une expression marquant sa surprise et une légère crainte. Si seulement il arrivait à lire dans les pensées, il saura ce qui se tramait derrière la tête du jeune homme et futur compagnon de soirée. Mais Dean ne tarda pas à le savoir, au grand désarroi de ce dernier.

Porter un yukata ? Lui ? Non, il n’était pas sérieux ! Franchement. Porter un déguisement de clown à la limite, mais un yukata ?! Un simple bout de tissus lui couvrant les pieds et tout juste assez serré pour ne pas dévoiler son caleçon au moindre coup de vent. Non. Non Akutsu ne pouvait quand même pas lui faire ça ! Mais, alors que ses pensées se bousculèrent dans sa tête, Dean afficha une moue désespérée, tandis que son colocataire se levait et l’invita à le suivre avec un sourire qui en disait long sur ses intentions. Soupirant, notre infirmier, prêt à tout pour se faire pardonner en bonne et due forme pour sa crise matinale, ne put que se résigner et le suivit d’un pas plus ou moins nonchalant.

Une fois dans la chambre du prof d’anglais, Dean resta à l’encadrement de la porte suivit ses moindres faits et gestes du regard. Le japonais avait, lui, la classe en yukata. Les couleurs se mariaient bien et lui allait bien aussi. Mais qu’en sera-t-il de notre jeune américain ? Il avait tout de même une carrure un peu plus importante que celle de son colocataire. Peut-être que l’habillement qu’il lui avait choisit ne lui irait pas ? Lui sera bien trop petit pour qu’il s’y sente franchement à l’aise. Donc autant rester cloitrer à l’appartement pour la soirée.

Mais soit. Il n’eu pas le temps de dire quoique ce soit, qu’il vit Akutsu se retourner vers lui, levant un Yukata … bizarre. Le vêtement était noir avec plusieurs motifs du dragon asiatique. Il n’était pas moche, non, bien au contraire, mais sans doute bien trop voyant pour notre jeune homme qui préférait tout de même des habits moins voyant. M’enfin. Soupirant légèrement, Dean secoua la tête, affichant un sourire en coin

« Bon, ok. Je mets ça, mais tu me payes un coup en ville alors, hein » Il s’approcha et attrapa l’habillement puis se détourna « je reviens »

Sur ce, il s’éclipsa dans sa chambre et referma la porte derrière lui, s’y adossant quelques instants. Rah qu’est-ce qui lui avait prit de proposer à Akutsu de l’accompagner au festival ? Il aurait du proposer à Cathan, au moins lui, en tant qu’américain, comprendrait éventuellement son malaise face à cet habillement. Mais bon, le mal était fait et, faute de pouvoir revenir en arrière, Dean ira jusqu’au bout. Ainsi, se détachant de la porte, il s’avança, posa le vêtement sur son lit et commença à se déshabiller. Il prit le temps de plier soigneusement son jeans ainsi que son t-shirt puis, debout en caleçon devant le lit, il mit les mains sur ses hanches et secoua la tête en fixant le yukata.

« A nous deux maintenant … » souffla-t-il en l’empoignant.

Il l’enfila et fut assez étonné en sentant le coton, reposant agréablement sur sa peau. Dean fini de nouer la ceinture autour de sa taille puis baissa le regard et se tourna. Hm. Que devait-il penser de ce vêtement ? La matière était agréablement légère, sans doute l’idéal pour ce temps d’extrême chaleur. Soupirant légèrement et se retourna et sorti à nouveau, puis se dirigea vers à nouveau vers la chambre d4akutsu et se plaça à l’encadrement de la porte

« Tadam … » dit-il en prenant la pose devant Akutsu et écartant légèrement les bras. « Bon, je retire ce que j’ai dis, ou pensé : il est ‘pas mal’. » reprit-il ensuite en abaissant les bras « Mais bon. On y va ? Avant que je ne change réellement d’avis »

Souriant il désigna la porte de la chambre, espérant qu’Akutsu le suive sans poser de questions.

L'air affiché par Dean était impayable et manqua de le faire éclater de rire. Se retenant pour ne pas le vexer, Akutsu se régala de son visage décomposé, entre l'envie de fuir et la résignation d'un condamné à mort. Pourtant il ne s'agissait que d'un malheureux yukata, du reste assez joli. Lui n'avait jamais pu le porter puisque celui qui le lui avait offert s'était trompé sur la taille. Le roux néanmoins ne s'était pas résolu à le jeter et il estimait maintenant avoir bien fait. Rien que pour la tête de l'Américain.

Arrivés dans la chambre, le jeune homme le laissa chercher le yukata pour lui. Akutsu mit rapidement la main dessus et le lui tendit, s'attendant à une remarque qui ne tarda pas. Un rire sonore lui échappa alors qu'il le fixait, particulièrement amusé. Dean ne manquait vraiment pas de culot parfois.

« Tu perds pas de temps, toi ! Heureusement que tu devais m'en payer un, hein ! »

Il laissa l'autre homme changer de pièce – pudique ? - pour se vêtir du yukata et s'attela à ranger un peu sa propre chambre, en l'attendant. Le brun fut rapide à revenir, et Akutsu s'étonna presque de le voir correctement vêtu. A son air horrifié d'un peu plus tôt, il aurait juré devoir repasser derrière lui, mais en l'observant attentivement, le roux constata que tout allait mieux. Mieux encore, il revenait sur ce qu'il avait pensé en complimentant le choix du kimono, ce qui arracha un sourire de gamin fier au professeur d'anglais.

« Je vous suis mon brave. Montrez-moi donc le chemin et guidez mes pas jusqu'aux festivités. »

Il accompagna sa pointe d'humour d'une courbette appropriée, entre obédience pompeuse et simple moquerie. Se redressant ensuite, il suivit son colocataire jusqu'à l'entrée de l'appartement, continuant de plaisanter sur diverses choses. Leur dispute de la mâtinée semblait avoir disparu de son esprit tant il agissait comme à l'accoutumée.

Arrivé à l'extérieur de l'appartement, il eut le réflexe de vérifier une dernière fois si tout était bien en place dans sa tenue, puis s'élança d'un pas joyeux dans le couloir du bâtiment, en direction des escaliers. En ce jour de week-end comme de fête, il savait qu'ils ne croiseraient en tout cas personne en plein travail, et se permit donc d'être bien moins retenu qu'à l'accoutumée lorsqu'ils traversèrent l'étage administratif.

« Tu veux voir des trucs en particulier au fait ? Parce que bon, le festival c'est dans une grosse partie de la ville quand même. »

Akutsu se rapprocha doucement de l'infirmer, avant de lui passer une main dans les cheveux pour les ébouriffer. La tête dorénavant pleine d'épis de Dean lui plaisait bien, et le plaisir simple de pouvoir l'ennuyer comme le grand gamin qu'il était en était d'autant plus présent. Après tout, l'autre vivait avec lui depuis assez longtemps pour savoir qu'il n'était vraiment mature qu'à ses heures perdues.

« Rassure-moi quand même : tu comptes m'épargner la pêche au poisson rouge hein ? Parce que c'est juste bon pour les minettes que j'ai en cours ça, franchement. »

Parfois les gens vous font des choses qui sortent de l’ordinaire et dont vous n’avez aucune idée pourquoi ils font ça. Là, alors qu’ils étaient à peine sortis du bâtiment administratif, Dean perçu, du coin d’œil Akutsu qui s’approcha, réduisant la distance entre eux. L’instant l’après, notre infirmier rentra vivement sa tête dans ses épaules et fit un pas sur le côté. Malgré ses réflex, il n’avait pas été assez rapide et se retrouvait maintenant complètement décoiffé. S’en était presque rageant et se Dean avait eu affaire à quelqu’un d’autre, il n’aurait pas hésité à sermonner ladite personne en bonne et due forme. Mais là, c’était Akutsu et Dean n’avait pas envie de refaire d’histoire comme le matin. Alors soupirant et esquissa un sourire amusé et secoua la tête en se passant une main dans ses cheveux.

« Exprès et juste pour me venger, je vais t’obliger à pécher un poisson rouge et à me l’offrir avec un aquarium. » Il ponctua ses dires par un rire de bon cœur puis reporta son attention sur le chemin. Il passa ses mains sur son Yukata et grimaça légèrement, ayant trop l’habitude de marcher avec les mains dans les poches. Soupirant, il reprit « sa me stresse qu’il n’y a pas de poches dans cet accoutrement. Je ne sais pas quoi faire de mes bras … » Il lança un coup d’œil à Akutsu puis à sa montre qui indiqua qu’il était 17h. Affichant une moue de réflexion, Dean ralenti légèrement son allure puis hocha la tête « tu sais quand les feux d’artifices commencent ? Ça pourrait être sympa. Ça fait longtemps que je n’en ai plus vus » Mais les feux d’artifices c’était généralement le soir, quand la nuit était tombée. Donc jusque là, ils devraient prendre leur mal en patience et trouver autre chose à faire « mais sinon on a cas simplement flâner autour des stands, faire un veux au sanctuaire, prier pour qu’il y a encore assez de Yakitori et puis … pourquoi ne pas allez voir les créations d’ikebana ? Ensuite on pourra s’assoir quelque part. Ou on s’amuse un peu aux stands de tire ? Ou alors on improvise sur place ? A toi de voir »

Maintenant, Dean était de très bonne humeur et cela s’entendait à son ton enjoué, ainsi qu’a son flot de parole qui pouvait sembler interminable. Mais soit. Si cela dérangeait Akutsu, il le lui fera déjà comprendre. Pour l’instant, le professeur d’anglais n’avait pas le choix que de l’écouter.

« En gros tu n'as aucune idée de quoi faire ! » conclut-il dans un éclat de rire.

Voilà qui ressemblait assez à son colocataire et ami de l'inviter sur un coup de tête, sans savoir ni quoi proposer, ni même ce dont il avait envie. Hormis ce feu d'artifice auquel ils assisteraient sans doute. Akutsu n'était que peu friand de la chasse aux lucioles, il doutait que l'infirmier le soit davantage. D'autant plus que depuis son retour au Japon, il n'avait pas vraiment eu d'occasions de revoir un feu d'artifice. Son dernier au pays, il l'avait passé sur le toit de son lycée, le nez levé vers le ciel avec sa petite-amie de l'époque. Il faudrait qu'il la rappelle, d'ailleurs. Les deux jeunes gens étaient restés en bons termes.

« Bon, eh bien allons vers les stands déjà. Je vais te pêcher ton poisson, mais tu te débrouilleras pour l'aquarium. C'est déjà un immense sacrifice pour moi que de mettre un mouchoir sur ma virilité pour accéder à tes désirs. »

Il ponctua sa remarque d'un sourire amusé, mettant enfin les pieds hors de l'édifice sur le chemin de la sortie. Pendant un instant, le plus jeune hésita à proposer de prendre la voiture pour se rendre en ville, puisque le campus était assez excentré, mais durant une journée de festival, il estima qu'ils mettraient trop de temps pour se garer. Finalement, ils marchèrent donc tous deux en plaisantant jusqu'à arriver enfin dans les rues où l'agitation était à son comble.

Un monde fou se pressait près des stands, riant et coloré, rappelant à Akutsu bien d'autres fêtes de cet ordre auxquelles il avait participé plus jeune. L'ambiance, indéniablement, lui avait manqué pendant son absence, et ce malgré les charmes de l'Amérique. Qu'on en dise bien ce que l'on en voulait, mais lui qui s'estimait pourtant ouvert se sentait mille fois plus à sa place au pays du Soleil Levant. Le Japon était exceptionnel.

« Puisqu'on est décidé à faire des gamineries, un masque de yokai te tente ? Tu auras fière allure avec ! »

Son bras levé pour ébouriffer les cheveux bruns, à nouveau, se baissa sans qu'il le fit. Il se ravisa au dernier moment, se souvenant du regard peu amène de l'autre homme lorsqu'il l'avait fait un peu auparavant. Les plaisanteries les plus courtes étaient toujours les meilleurs, disait-on. En lieu et place, autant pour se redonner contenance que par jeu, il se dirigea droit sur un stand où il acheta deux masques, un de démon qu'il tendit à Dean avant d'attacher le sien – un kitsune – sur le côté de sa tête.

« En espérant ne croiser aucun élève... »

Machinalement, en sortant du bâtiment, Dean se dirigea vers le parking sur lequel trônait sa voiture. C’était un automatisme qui s’enclenchait sans que notre infirmier ne le désire réellement. Heureusement que ce fut Akutsu qui avait prit les devant et de, cette manière, évitait à Dean d’aller réveiller sa chérie pour lui dégourdir les roues. Il le suivit donc, résigner. D’autant que pendant le festival les routes seront sans doute bondées, si bien qu’il leur sera quasiment impossible à trouver une place de parking adéquate. Ils sortirent donc de l’enceinte du lycée et se dirigèrent vers le centre ville.

En chemin, Akutsu reprit la parole. Ce qu’il dit arracha un sourire amusé à notre infirmier. Alors comme ça son colocataire ne comprenait pas l’ironie ? Hm, Dean allait devoir lui apprendre son sens de l’humour complètement foireux. Il était évident que notre infirmier ne voulait pas d’un poisson rouge. Bien que ce ne fussent pas des animaux qui demandent une attention particulière, un poisson rouge n’était pas ce que Dean préférait. SI ça ne dépendait que de lui, il préférait avoir un beta splendens, ou plus communément aussi appelé « poisson combattant ». Un noir ou un bleu. Ou peut-être un rouge/bleu. C’était peut-être une idée à laquelle Dean allait songer. Mais pas tout de suite.

Ils arrivèrent aux abords des premiers stands et déjà Akutsu se précipitait vers l’un d’eux pour acheter deux masques. En accrochant un sur le côté de sa tête, il tendit l’autre à notre jeune homme avec un grand sourire. Secouant légèrement la tête, Dean esquissa un sourire amusé et prit le masque, qu’il mit sur sa tête. A la déclaration de son compagnon de soirée, l’infirmier éclata d’un rire franc et de bon cœur

« Si on nous voit, c’est sûr : notre réputation sera mise à mal » dit-il, alors qu’ils continuèrent leur chemin, jouant des coudes pour se frayer un chemin entre tous les gens « et oui, tu m’as bien compris, je n’ai aucune idée quoi faire. Je sais juste que j’ai envie de voir le feu d’artifice. Ce qu’on fait jusque là, dépendra de toi. De nous. De nos envies. » Tout en observant les différents stand, Dean se mit à réfléchir « en tout cas, on laisse tomber pour le poisson rouge » il lorgna au dessus de son épaule, souriant « c’était de l’ironie, pure et dure. Je n’ai pas envie de me coltiner un poisson rouge … »

Il s’arrêta devant un stand et fixa les yakitori comme s’il allait les dévorer sur place. Lançant un autre coup d’œil à Akutsu qui s’était arrêté d’un peu plus, Dean sorti son porte monnaie et en acheta 2. Après avoir remercié le vendeur –qui était plutôt beau gosse ….- et l’avoir gratifié d’un sourire, notre jeune homme alla retrouver Akutsu et lui tendit une brochette.

« Bon appétit ! » déclara-t-il avec un grand sourire et mordit avec bonheur dans sa brochette. Pendant qu’il mâchouillait avec délice, il regarda autour de lui, cherchant quelques chose à faire « Bon et ch’inon … » commença-t-il avant de s’empresser d’avaler sa boucher « pardon. Je disais donc : tu veux faire quoi ? Parce que là on a l’air de deux paumés qui ne savent pas quoi faire alors qu’il y a tellement de chose à voir … » Tout en parlant, il observa les gens qui passaient, s’attardant tout particulièrement sur un groupe de jeunes filles qui, au lieu de revêtir l’habillement traditionnel, avaient décider de montrer plus de jambes en portant des mini jupes très … sexy.

Dean, peut-être à son insu, avait un côté vraiment amusant. Un sourire moqueur s'étendait donc sur les lèvres du roux à la mention du poisson rouge, sans qu'il commente, ni pour agréer, ni pour le contredire. L'idée n'était pas perdu et bien que participer à ce genre de stand soit assez risible pour eux à son humble avis, il comptait bien pêcher un poisson rouge pour l'infirmier. A lui de voir ensuite ce qu'il en ferait, mais puisque les deux jeunes gens étaient motivés à faire les imbéciles...

L'arrivée des brochettes coupa court à la fomentation de son plan. Il attrapa les bâtonnets d'un geste experts, commençant à manger après avoir remercié son colocataire. Les rues, comme de bien entendu, étaient combles et le bruit recouvrait aisément celui de ses pensées. Cela ne l'empêcha pas d'entendre le brun recommencer à parler. La bouche pleine, d'abord, ce qui arracha au Japonais un haussement de sourcils dubitatif, puis après avoir déglutit. Suivant son regard, Akutsu pouffa.

« Tu as trouvé quoi regarder à l'évidence » railla-t-il gentiment, avant de relever les yeux sur son ami. « Promenons-nous pour le moment, mais j'aimerais bien qu'on aille au temple pour faire un vœu après. »

Comme sa proposition fut acceptée assez vite par son compagnon de fête, les deux hommes continuèrent leur chemin joyeusement en furetant autour d'eux, les brochettes en main qu'ils ne tardèrent pas à finir de manger. Les yakitoris, sans compter forcément parmi les plats qu'il préférait en temps normal, avaient été exceptionnellement bons et lui avait, à son grand dam, ouvert l'appétit. Taisant néanmoins son envie de manger tout en espérant ne pas être trahit par son estomac, Akutsu lâcha quelques plaisanteries auxquelles le brun répondit avec autant d'entrain. Finalement, après une balade dans les rues occupées par le festival, le roux entraina son ami derrière lui jusqu'à s'arrêter devant un stand où une petite foule se massait. Des jeunes filles, surtout, et parfois leur ami qui les aidaient à pêcher les poissons. Un large sourire fendit le visage du plus jeune.

« T'en veux toujours pas ? »

Ouais, les japonaises étaient jolies et faisaient sans doute parties des filles que notre américain préféraient. Evidement, elles ne valaient pas les belles russes, blondes aux grandes jambes sexys et au regard bleu malicieux et aguicheur qui aimaient montrer beaucoup de peau. Mais bon, on fait avec ce qu’on a. Dean, lui, ne se privait pas. L’été était la plus belle des saisons, car les filles et les femmes délaissaient leur jeans et grosses chaussures, préférant les –mini- jupes et les robes. Le tout avec des ballerines à talons ou des escarpins ce qui rendait le tableau tellement plus jolis.

Evidement, Akutsu avait remarqué ce que notre américain suivait du regard et ne s’était pas privé d’une remarque qui le fit bien rire. Affichant une moue innocente il haussa les épaules et arqua les sourcils dans un « ben quoi ? » silencieux, avant qu’ils ne reprennent la route. Alors qu’ils flânaient tranquillement entre les différents stands, Akutsu lâcha une connerie plus grosse que lui et enclencha ainsi une cascade de blagues, vannes et jeux de mots des plus débiles qu’ils pouvaient trouvés. Dean rigola de bon cœur et voir Akutsu d’une telle humeur ne pouvait qu’être plaisant. Cela signifiait qu’il avait réellement fait un trait sur la mauvaise humeur matinale de notre infirmier et était bien décider à faire l‘imbécile avec lui.

Ainsi, notre américain ne remarqua même pas qu’ils s’étaient arrêtés devant un groupe de jeunes filles agglutinée les unes aux autres et qui encourageaient des jeunes hommes. Fronçant légèrement un sourcil, Dean se dressa légèrement sur la pointe des pieds afin de regarder ce qu’ils y faisaient. Ce qu’il y vit lui arracha un sourire. Un stand de pèche. Secouant la tête, Dean reposa ses talons à terre et regarda son compagnon de soirée

« T’es vraiment pas croyable toi. » il rigola doucement puis haussa les épaules « ben écoute, t’as cas essayé. Mais, vu que c’est toi qui le pèche tu ne comptes pas sur moi pour porter le sachet. Je risque encore de l’oublier si on pose quelque part et le pauvre poisson va mourir. » Il afficha une moue désolé « mais sinon, tu auras cas tenter ta chance au retour ? » Il lorgna vers les animaux qui nageaient dans le bassin « dès fois qu’il y en aura encore, des poissons »

Il tourna son regard vers l’avant et réfléchit rapidement en se hissant à nouveau sur la pointe des pieds. Mais cette fois ce fut son ventre que le ramena à terre. Un gros grognement qui faisait comprendre à quiconque passeraient à côté d’eux que notre infirmier était quasiment entrain de mourir de faim. C’était logique. On parle on se promène, on ne pense à rien et on ne sait pas qu’on a faim. On mange un petit truc et hop, c’est comme si on avait rien mangé depuis plus d’une semaine. Se tenant le ventre, Dean lança un coup d’œil à Akutsu et inclina la tête sur le côté

« Toi, en tant que pur Japonais, tu saurais nous indiquer ce qu’il faut manger et nous conduire dans un restaurant ou nous trouver un stand avec quelque chose de bon, pas vrai ? » Dean esquissa un grand sourire puis haussa les épaules « parce que bon, il est quand même … 18h00 et, je sais pas toi, mais moi je n’ai pas avalé grand-chose à midi. Si ce n’est un paquet de biscuit acheté sur une aire d’autoroute … »

Espérant que cette déclaration ne fasse pas ressurgir les mauvais souvenirs du matin, Dean continua de sourire et se passa une main dans les cheveux pour remettre une mèche rebelle en place, lorsqu’un groupement de jeunes hommes capta son attention. Faut dire ce qu’il en est : les hommes asiatiques avaient aussi leur charme …

« Petit joueur ! »

La remarque fusa dans un éclat de rire. Alors comme ça, Dean ne voulait pas de poisson hein ? Tant mieux. Pas qu'il l'ait vraiment pris au sérieux mais devoir aller à la pêche au golden fish ne l'intéressait guère. Il laissa les midinettes et leurs amis derrière lui bien volontiers lorsqu'il se retourna pour faire face à l'infirmier.

La proposition qui vint alors ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. Son estomac manqua d'en gargouiller de satisfaction. Le roux avait pourtant mangé ce midi-là, mais il était un ventre sur pattes et à 18h, la seule chose qu'il voulait, c'était avaler quelque chose de comestible. Quant à trouver un bar, un restaurant ou un stand de bouffe, il saurait faire. Sans modestie aucune, il était devenu maître en la matière.

« Ça marche. En piste, jeune homme. J'te propose un restau. Y aura moins de monde et à dire vrai le festival me passionne pas forcément. C'est plus nouveau pour toi que pour moi. »

Comme il se remettait déjà en route, le pas tranquille, Akutsu regardait tout autour de lui. Devant, sur les côtés. Partout il y avait du monde, quelques stands intéressants, mais surtout une foule dense qui lui donnait envie de s'en éloigner. Pour autant, il savait grâce aux bâtiments où il se trouvait, ses multiples sorties nocturnes l'ayant doté d'une bonne connaissance de la ville, et ils ne tardèrent pas à déboucher sur une rue parallèle un peu moins fréquentée, où il savait pouvoir trouver un restaurant italien sympathique.

« Vraie pizza italienne, ça te tente ? C'est un peu cher, mais on y mange vraiment bien. »

HRP : As usual : green is english.

Dean eu tout le mal du monde pour ne pas crier « HALLELUJAH » à plein poumon. Son ventre qui réclamait à manger depuis que notre infirmier avait acheté une brochette de Yakitori s’arrêta instantanément de grogner pendant que Dean résistait à l’envie de serrer Akutsu contre lui afin de le remercier comme il se devait d’avoir accepter sa proposition. Mais il se retint car ce genre de marques s’affections étaient sans doute assez mal vues dans les rues nippones, si elles n’étaient pas fondées. A la proposition de son colo, Dean ne pu s’empêcher d’afficher une moue déçue. Lui avait réellement eu envie de manger quelque chose de typiquement Japonais et pas cette bouffe Italienne, qui était néanmoins très bonne. M’enfin. Hochant la tête, l’infirmier réafficha son sourire enjoué

« Nickel ! » dit-il simplement avant qu’Akutsu ne prenne le chemin vers ladite pizzeria.

Ils passèrent encore devant de nombreux stand débordant de décorations les plus jolies les unes que les autres. Dean ne résista pas à l’envi d’acheter un brûle parfum ainsi qu’un Maneni-neko. En passant devant un stand de plantes vertes, l’infirmier hésita longuement. Il avait toujours rêvé d’un bonzaï. Pourquoi ne pas en acheté un pour l’infirmier ? Chose qu’il voulait déjà faire à Hamura mais le directeur ne l’avait pas laissé faire. M’enfin, il n’allait pas non plus s’encombrer de trop de chose. Il pourra toujours repasser le lendemain ou, tout au pire, aller en ville un autre jour. Les bonzaïs ce n’était pas ce qui manquait au Japon.

Rejoignant rapidement Akutsu qui l’avait devancé, ils sortirent peu à peu du tumulte de la foule et se retrouvèrent un peu plus à l’écart. Dean marchait tranquillement à côté de son colocataire en sifflotant joyeusement et en observant un peu les alentours.

« Bon et sinon, Akutsu. Maintenant qu’on s’est tous les deux a peu près accoutumer à la vie dans cette établissement » l’infirmier porta son attention sur le jeune professeur et l’interrogea du regard « tu en penses quoi ? Les élèves sont comment en cours ? Plus attentif ? Plus con ? Racontes un peu »

Esquissant un sourire, notre jeune américain était vraiment curieux de savoir ce que son coloc pensait de sa nouvelle place dans ce nouveau lycée.

La question de son colocataire méritait un peu de réflexion, même s'il avait assez fréquemment aborder ce sujet avec Jiro. Néanmoins, pour Dean qui ne les avait jamais eu en cours, le parallèle risquait d'être moins évident à faire. Ceux qu'il voyait étaient malades ou blessés, et d'un établissement à l'autre, il y avait peu de chance que leur comportement change lorsqu'ils étaient face à l'infirmier.

« Hum... »

Voulant se passer la main dans les cheveux, Akutsu se heurta au masque qu'il portait sur la tête et qu'il avait bien failli oublier. Il l'enleva et l'observa avec un sourire amusé, avant que son regard ne glisse sur celui de Dean. Brusquement, il réalisa que le jeune homme n'avait visiblement aucune difficulté à marcher malgré le yukata et les getas qu'il avait aux pieds. Il préféra toutefois ne pas lui signaler. Si, à tout hasard, en prendre conscience le ferait peiner, mieux valait qu'il évite.

« Les élèves sont sages. Beaucoup plus qu'à Hamura en tout cas. Plus... japonais, plus disciplinés. Et le niveau scolaire est nettement meilleur, mais on pouvait s'y attendre. J'ai eu quelques craints pour les élèves transférés ici mais apparemment ça va. A part Kimihiro, ils ont l'air de s'en sortir. »

Et Kimihiro... Depuis quelques temps déjà, Akutsu avait décidé de le prendre sous son aile. Peut-être devrait-il finalement lui proposer des cours de soutien pour l'aider à rattraper son retard ? Ce n'était pourtant pas en anglais qu'il avait le plus de mal, mais si ça pouvait l'aider à avoir une moyenne un peu plus respectable... Le roux laissa néanmoins ce point de côté, continuant d'avancer jusqu'à faire face à l'entrée du restaurant qui l'intéresser. Il poussa la porte, salua le serveur qui vint à eux et demande immédiatement une table pour deux personnes, à l'intérieur pour ne pas souffrir de la chaleur.

« Et toi, à l'infirmerie ? On te laisse bosser en paix ? » interrogea-t-il Dean en s'installant.

Dean écouta Akutsu d’une oreille attentive, mais ne pu s’empêcher de tiquer en entendant le nom de Kimihiro. Certes, notre infirmier savait que le sale gosse avait été lui aussi transféré dans cette école, mais il avait tout même eu une lueur d’espoir en se disant que ce n’était qu’une simple rumeur. Tant pis. A la limite, s’ils s’évitaient et s’ignoraient, ce n’était pas grave. De toute manière ce n’était pas Dean qui allait chercher exprès les embrouilles avec cet étudiant un peu trop impulsif qui avait du mal à se canaliser. Du moins, d’après les souvenirs d’Hamura que notre infirmier avait de lui.

« Kimihiro, dis-tu. Hm … » commenta Dean les paroles de son colocataire en s’installant en face de lui. « Pourquoi ça ne m’étonne pas qu’il ne s’en sort pas, lui ? » l’infirmier soutint quelques instants le regard d’Akutsu avant d’hausser les épaules et afficher un sourire « m’enfin, je ne vais pas m’étaler plus à son sujet. J’imagine que tu sais qu’on se déteste mutuellement » il inclina légèrement la tête sur le côté, laissa courir son regard le long de la pièce avant de revenir sur le professeur « En tout cas pour moi tout se passe à merveille. Si on enlève les coups de pieds dans la gueule et tout ce qui s’en suit, je m’en sors pas trop mal j’imagine »

Après avoir rigolé un peu, Dean attrapa la carte et regarda les différentes pizzas qui y étaient proposées. Il serait bien tenté par une trois fromages –pizza qu’il vénérait le plus d’entre toutes- mais il fallait bien des changements dans la vie, non ? Quoique pour ce prix, mieux valait ne pas se tromper. Avec la 3 fromages il jouait la carte de la sécurité …

Non, il ne le savait pas. Comment l'aurait-il su d'ailleurs ? Ni Kimihiro, ni Dean ne s'étalaient beaucoup sur l'estime (ou le manque de) qu'ils se portaient l'un à l'autre. Akutsu savait depuis sa dernière discussion avec l'élève que le plus jeune trouvait l'infirmier visiblement trop moqueur. Pourtant si parmi les adultes de l'école l'un d'entre eux devait être remarqué pour ça, ce serait plutôt Cathan, et les élèves ne le détestaient pas : ils le craignaient. Pour le plupart, du moins, et parmi tous les élèves, il n'en avait encore croisé aucun qui se soit amusé à lui tenir tête.

Cela dit ce n'était pas avec son colocataire que le jeune roux comptait s'étendre sur les problèmes d'Eiji. Il haussa donc juste les épaules en réponse, imitant sans le vouloir le geste exécuté par son colocataire. Les deux jeunes gens ne tomberaient de toute façon pas d'accord au sujet du troisième année et si Akutsu expliquait au brun devant lui le pourquoi du comment, il n'était pas certain qu'il tienne sa langue éternellement quand il croiserait le kendoka. Prudence est mère de sûreté, il accepta donc le changement de sujet.

« Les coups de pieds dans la gueule ? »

Comme Dean rigolait, il supposait que ce n'était qu'une plaisanterie sans pour autant s'empêcher de se sentir soucieux. Qu'était-ce donc que cette histoire encore ? Les élèves de cette école ne lui donnaient pas l'impression d'être ultra-violents – comme partout il y en avait quelques uns qui s'énervaient vite et pouvaient le devenir mais globalement, même eux se tenaient à carreau. La remarque le laissait un peu perplexe.

Le regard rivé sur l'Américain en attendant une réponse qui éclairerait sa lanterne, Akutsu reposa le menu sans même le regarder. Il savait déjà ce qu'il comptait prendre et, à l'inverse de Dean, le prix n'avait pas la plus petite importance à ses yeux. La pizza au saumon lui faisait bien trop envie de toute façon, si bien que même s'il s'en était soucié...

Bizarrement et contre toute attente, ce fit la phrase parlant de « coup de pieds dans la gueule » qui interpela Akutsu. Dean lui lança un coup d’œil arquant un sourcil. Il aurait plutôt pensé que son colocataire relèverait la partie sur Kimihiro et engagerait la conversation sur lui, bien que notre jeune homme ne voulait pas se gâcher la soirée à parler de ce sale gosse. Il en fut donc quelque peu surprit, mais pas franchement mécontent. S’apprêtant à prendre la parole, Dean fut coupé par le serveur qui voulait prendre la commande. Lui lançant tout d’abord un regard ennuyé et méprisant le fait d’avoir été coupé, Dean se résigna rapidement et s’empressa d’afficher un charmant sourire.

« Pour moi ce sera une trois fromages et … une bière » déclara-t-il.

Il attendit ensuite que le serveur eu prit la commande d’Akutsu et se soit éloigné pour se pencher légèrement en avant et reprendre la parole à l’attention de son colocataire.

« Les risques du métier, dirais-je » sourit-il en posant ses mains sur la table, commençant à jouer avec la serviette « J’ai soigné une jeune fille qui s’était foulé la cheville et elle paniquait tellement que, ben, mon nez en a prit un bon coup » il haussa les épaules « ça fait mal, mais je ne lui en veux pas. Sous l’emprise de la panique tu ne te contrôle pas et dieu sait de quoi je parle » il se redressa ensuite, arrêtant de triturer sa serviette et se passa une main dans les cheveux « mais en général les jeunes sont plutôt cool. On ressent réellement le fait qu’ils aient, pour la plupart, été élevé dans la tradition japonaise. Et, bien y en aient qui fon leur adolescent je-suis-rebelle-et-j-emmerde-le-monde-et-les-autres-parce-que-je-trouve-ça-marrant, j’ai remarqué qu’il y avait, ici, bien plus de respect du personnel du lycée qu’à Hamura. » Il soupira doucement et esquissa un petit sourire amusé « je doit franchement t’avouer que je n’aime pas le trop plein de gentillesse et de politesse qui régit la vie du japonais de base. Genre, je n’aime pas qu’on m’appelle ‘Onwara-sensei’ en dehors du lycée. Mais quand il n’y a pas assez de politesse, il y a comme un manque. Tu comprends ? »

Il rigola légèrement lorsque le serveur revint avec leurs boissons. Il posa les deux bières devant eux, s’inclina puis s’éclipsa à nouveau. Dean versa sa bière dans le verre et interrogea Akutsu du regard.

« Et toi ? Tu en penses quoi de ça ? » lui demanda-t-il, curieux de savoir ce que son collègue pensait de ce trop plein de respect que leur offrait la plupart des élèves.

Le laïus de Dean sur la politesse au Japon finit par l'amuser vraiment. De la gentillesse ? Non, pas vraiment. Lui qui n'était même plus vraiment considérer comme un Japonais par ses pairs – et sûrement ne l'était plus autant qu'avant son départ aux USA – devait tout de même admettre que les règles de bienséance qui régissait la vie au pays du soleil levant pouvaient s'avérer curieuse pour un gaijin. Pour autant, s'agissait-il de gentillesse ? Plutôt d'hypocrisie. D'hypocrisie sociale couramment admise, voire recherchée et qui huilait les mécanismes d'une société régit par un fort désir d'uniformité. La réflexion fit naître sur ses lèvres une petite moue.

« Je peux concevoir, mais je crois que tu te trompes. Les Japonais ne sont pas gentils. L'avalanche de compliments qu'on peut faire ou recevoir pour tout et rien ne sont jamais que des manières d'être poli – en plus il faut savoir les refuser et comment le faire. Ce serait mal vus de ne pas les formuler, tout comme il est mal vu de les accepter de bon cœur. »

Répondait-il encore vraiment à son collègue ou laissait-il juste libre court à ses pensées ? Il ne savait plus très bien, mais son regard un peu flou semblait plutôt indiquer la seconde option. Akutsu se cala un peu mieux sur son siège, reprenant la parole.

« Mais vraiment pour les particules j'ai du mal à te comprendre. Ce te semblerait pourtant normal d'être appeler Monsieur ailleurs non ? Ici, nous le déclinons sous plusieurs formes, mais il n'y a pas de quoi en être... hum... choqué. Ça n'a rien d'un trop plein de politesse ou quoi que ce soit de cet ordre. Tu es l'infirmier scolaire et pas autre chose à leurs yeux. S'ils te voient en-dehors, il te voient comme infirmier... donc comme un sensei. Rien de plus. »

Son regard glissa sur le côté, vers les cuisiniers que l'on voyait s'agiter en cuisine. Le restaurant n'était pas des plus plein, étrangement, mais ceci s'expliquait probablement par l'heure et la présence d'une multitude de stand de nourriture en-dehors de ces murs. Le festival battait son plein et ils s'étaient éloignés de lui. Nécessairement, il y avait moins de monde. Tant mieux cependant, car le serveur ne tarderait plus à revenir les nourrir.

Dean écouta Akutsu, alors qu’il reprit une gorgé de sa bière. Il était on ne peu plus d’accord avec les déclarations de son colocataire, quant au fait de l’hypocrisie des japonais. Il est vrai que dans ce pays on pouvait difficilement savoir ce que pensaient ses interlocuteurs. Leur sourire n’était sans doute pas des plus sincères qui soient. Limitent ils souriaient même lorsqu’ils étaient énervé ou triste. Mais bon, un visage souriant était souvent plus agréable que le visage de quelqu’un qui tire tout le temps la gueule. Alors, étirant ses lèvres en un sourire, Dean inclina légèrement la tête vers l’avant, continuant de soutenir le regard d’Akutsu

« Tu es trop fort. Tu as su mettre des mots sur mes pensées. » dit-il, visiblement amusé.

Alors qu’il voulait reprendre la parole, le serveur revint vers eux et déposa leurs pizzas respectives devant eux, sur la table. Un « itadakimasu » traditionnel plus tard, Dean planta sa fourchette à travers le fromage et la pâte, coupa et prit la première bouché. Un délice. Un bonheur. Alors qu’il mangea tranquillement, s’efforçant de ne pas tout engloutir, Dean lança un nouveau sujet de discutions portant sur les motos et les voitures. Sujet qui semblait les enchanter tout les deux car ils se lancèrent dans un grand débat ponctuer par divers éclats de rire.

Une fois que Dean eu fini le coca qu’il avait commandé après avoir fini sa bière, il se concerta rapidement avec son coloc et, d’un commun accord, ils appelèrent le serveur et payèrent avant de le remercier et sortir. Une fois à l’air frais, Dean remit son Yukata en place et laissa son regard glisser curieusement sur les alentours.

« Et maintenant ? Tu sais quand commence le feu d’artifice ? » Il reporta son attention sur Akutsu « Tu veux faire quelques chose de particulier ou est-ce qu’on se pose tranquillement sur un banc en attendant ? »

Un bon repas dans une ambiance familière, pleine de bonne humeur. Décidément, Dean s'avérait lunatique : la soirée était à l'opposé de leur matinée. Il ne savait toujours pas trop ce qui lui avait pris si ce n'était qu'il s'était levé ce matin du pied gauche, mais était heureux de le voir plaisanter et sourire avec lui en s'avalant une excellente pizza. Il n'y avait pas à dire, ce choix de restaurant était bon.

D'un commun accord, les deux hommes se décidèrent après un temps à demander l'addition. Ils payèrent chacun leur part non sans échanger encore quelques plaisanteries et sortirent de l'établissement le sourire aux lèvres. Celui d'Akutsu s'allongea lorsqu'il vit le brun se rhabiller correctement d'un geste naturel. Avec un peu de chance, il s'y habituerait assez pour qu'il lui refasse porter un yukata à une autre occasion. En fait, d'une certaine façon, il comprenait le plaisir que les petites filles éprouvaient en habillant leur poupée... sauf qu'elles ne le faisaient pas juste pour l'embêter.

« Un banc ? Aller jusqu'à une berge de la rivière ne t'irait pas mieux ? Il y en a pas trop loin et on sera quand même plus à l'aise non ? »

Le roux profita de la lumière pour jeter un œil à sa montre, décidant qu'il était temps d'y aller. L'accord de l'infirmier obtenu, il se mit en route, tout sourire et toujours d'humeur taquine. Le reste de la soirée se passa mieux qu'elle n'avait commencé et lorsqu'ils rentrèrent dans l'appartement à une heure tardive, le jeune homme s'étonna de ne pas encore y voir Jiro. Mais après tout, il était grand et il pouvait bien faire ce qu'il voulait. Akutsu se sépara donc de Dean pour aller se coucher, conscient qu'il ressortirait sans doute profiter de la journée du lendemain.