Lorsque Miku parti vers son appartement, Dean ne pu s’empêcher de la suivre du regard, un sourire malicieux sur le visage. Elle n’avait vraiment pas changé. Quoique sa démarche trahisse quelque peu le fait qu’elle avait prit un peu plus d’assurance, elle était restée la même, physiquement. Ses cheveux noirs se balançant en fonction de son rythme de marche, son dos droit et ses jambes joliment galbées, elle était belle. Oui, c’était sans doute le mot qui lui allait le mieux. Mais soit. Elle disparu déjà dans son appartement et Dean ne pu donc que se résigner d’en faire autant. Il ouvrit la porte et la referma derrière lui. Puis, enlevant ses chaussures, il ne pu s’empêcher de pousser un soupire. Généralement, il était accueillit par Hime, la chatte de Jiro. Mais plus maintenant. C’en était désolant et triste. Mais soit. Secouant légèrement la tête pour se reprendre, Dean se redressa et s’avança dans le salon.

Là, il marqua un arrêt et grimaça. Qu’est-ce qui lui avait prit d’inviter cette femme chez lui, alors que l’appartement était tout sauf rangé ? Il lança un coup d’œil à sa montre puis souffla légèrement. Bon, il avait encore une heure devant lui, autant s’y mettre tout de suite. Il se dirigea alors vers le canapé du salon et attrapa les quelques bouteilles de bières qui trainaient par-là, les mit dans un carton puis jeta les papiers qui recouvraient la table –en faisant bien attention de ne pas jeter une copie, une feuille d’un cours, un plan ou quelque chose qui pourrait être utile à lui ou à l’un de ses coloc- dans la poubelle. Puis il remit les coussins en place sur le canapé et, plutôt satisfait de son travail, il se détourna et monta les escaliers.

Dans sa chambre, il enleva son jeans et sa chemise trempé, les jeta en boules dans un coin et se dirigea, en caleçon, vers l’armoire avant de s’immobiliser. Et si Miku voulait voir sa chambre ? Ces vêtements feraient tâche. Ni une ni deux, Dean fit volte face, attrapa les vêtements et les mit à l’abri des regards indiscrets avant de retourner vers son armoire. Il attrapa un jean et un t-shirt, tout ce qu’il y avait de plus normal et banal, les enfila et rangea encore rapidement son bureau et sa chambre avant de redescendre dans la cuisine.

Il ne lui restait alors plus que 20 minutes. Il était dans les temps ! Souriant, il sorti deux verres de l’armoire et la bouteille de vin fraichement entamé du frigo. Remplissant les deux verres, il sorti le menu d’une pizzeria qui faisait d’excellente pizza et chez qui avait l’habitude de commander avec Akutsu. D’ailleurs, il était où lui ? En refermant la bouteille, Dean songea au fait qu’il pourrait éventuellement lui en commander une aussi, s’il le voulait …

Une fois dans son appartement, Miku put se changer. Ses vêtements avaient, tout de même, commencé à sécher avec la chaleur ambiante et le rhume semblait écarté... c'était l'été après tout ! Étendant ses affaires sur une chaise avant d'enfiler à la va vite un jean et une chemisette bleue, la jeune femme se dirigea vers son ordinateur portable et le démarra d'une pression sur le bouton power. Évidemment, lorsque votre matériel informatique commençait à dater un peu, il était long à se mettre en route... La jeune femme profita de cette opportunité pour descendre et contrôler ce qu'elle pouvait bien amener d'ici une heure chez Dean. Malheureusement, elle ne trouva rien de bien intéressant : les nouilles instantanées et les boîtes de sushis prêts à consommer n'étaient pas vraiment ce qu'elle aurait espéré trouver. Fouillant dans les différents placards, Miku put être enfin soulagée en dégotant une belle bouteille de saké. Se l'appropriant, la jeune femme laissa, tout de même, sur la table un message sur un simple bout de papier à l'attention de ses colocataires, histoire de préciser que c'était elle qui avait pris la bouteille et qu'elle comptait bien dédommager son propriétaire... Les bons comptes faisaient les bons amis, c'était bien connu.

Retournant devant son bureau, lunettes de vue sur le nez, Miku put s'atteler sérieusement à son travail, rédigeant ce foutu email. Malheureusement, la jeune femme n'arrivait pas à se concentrer, distraite par la moindre petite babiole sur son bureau ou par le moindre petit oiseau qui passait devant sa fenêtre. Les doigts sur le clavier, tapant ses phrases à la vitesse d'un escargot, elle dut réécrire bien trois fois son premier argument, reformulant ses tournures de phrases. Et le temps passa... rapidement.

Agacée par sa contre-productivité, la jeune femme prit cette fois le taureau par les cornes, se laissant presque aller à l'écriture automatique pour critiquer, mais toujours de manière constructive, l'article de son collègue archéologue parut dans le dernier numéro d'un magazine consacré à la discipline. Et tant pis s'il le prenait mal, Miku s'en fichait en fin de compte, son article était mauvais et elle ne comprenait pas comment les éditeurs avaient pu laisser passer un tel torchon. Elle le formula différemment bien entendu, mais l'essentiel y était derrière des mots bien plus légers. Satisfaite après une rapide relecture, elle envoya cet email avant de rabaisser l'écran de son ordinateur, soulagée.

Il ne lui restait maintenant plus qu'un gros quart d'heure. Mettant son temps à profit, elle fit un saut dans la salle de bain pour se recoiffer et refaire son bandage à la cheville après ses péripéties aquatiques. Elle en profita également pour se remaquiller. Elle ne forçait jamais trop ce dernier, se contenta d'un trait fin sous les yeux et d'une légère couche de mascara. Enfin, elle troqua ses éternelles baskets contre une paire de sandale, bien plus agréables en cette saison. Il lui restait alors cinq minutes, c'était parfait.

Sortant de l'appartement, avant de rerentrer et de ressortir, car elle avait évidemment oublié la bouteille de Saké, Miku tapa trois coups à la porte de Dean attendant que le jeune homme vienne lui ouvrir. Ce fut chose faite et Miku put constater qu'il s'était mis à l'aise, tout comme elle, et il avait bien raison.

« Sake ? Lui demanda-t-elle en brandissant sa bouteille. »

Dean était accoudé au comptoir de la cuisine, le regard perdu dans les deux verres à vin qu’il venait de servir. Il avait opté pour du vin rouge –un merlot importé de San Francisco- sans vraiment savoir si Miku aimait le vin rouge qui avait un bien plus prononcé et âpre qu’un vin blanc. Bien que Dean préfère la bière, il ne pouvait pas résister à la tentation en voyant une bouteille de Merlot, son vin préféré. Et Miku alors ? Qu’en pensera-t-elle ? Allait-elle lui en vouloir d’avoir choisit du vin plutôt que du sake ? Peut-être que le vin faisait trop « diner romantique aux chandelles » ? Notre infirmier n’allait pas tarder à le savoir, car, le fait que toque à la porte, le sorti de ses rêveries. Alors, se redressant, il inspira et tira sur sa chemise pour en enlever les plis puis alla à la porte. Une main sur la clenche, il afficha un sourire et prit une posture descente avant d’ouvrir la porte.

Il n’eu même pas le temps de dire bonjour ou bienvenue ou d’inviter Miku à entrer, que celle-ci brandissait une bouteille de sake devant ses yeux avec un grand sourire. Dean eu un mouvement de recule avant que son sourire serein ne se transforme en un sourire amusé. Il se prit pourtant le temps de faire un pas sur le côté et laisser Miku entrer.

« Je ne dis pas non. » Dit-il en refermant la porte « mais j’ai déjà servi deux verres de vin »

Il se tourna vers la jeune femme et la regarda d’un air faussement désolé avant de passer à côté d’elle et retourner dans la cuisine.

« Fait comme chez toi » lança-t-il au dessus de son épaule « mais d’abord vient voir par là, faut que je te demande un truc » Arrivé à nouveau au comptoir, Dean se tourna vers la professeure et lui tendit trois menus –respectivement d’un restaurant chinois, Thaïlandais et d’une pizzeria- de commande à domicile « Commande ce que tu veux, c’est moi qui invite » déclara-t-il en souriant avant de pousser un des verres de vin vers la jeune femme « j’espère que tu aimes le merlot californien. Au pire, je bois ton verre »

Dean regarda Miku, tout en souriant malicieusement et, attendant sa réponse, il prit une gorgé de son vin.

Pénétrant dans l'appartement, tandis que Dean fermait la porte derrière elle, le jeune homme l'informa qu'il avait pris les devants en servant deux verres de vin. Miku n'y vit pas d'inconvénients, bien au contraire, le sake pouvant attendre la fin de soirée. Elle inspecta rapidement et simplement le lieu dans lequel elle se trouvait sans trop insister pour ne pas paraitre malpolie. L'appartement était plutôt rangé, mais à vue d’œil elle pouvait affirmer que ses propriétaires se laissaient un peu aller concernant le ménage. L'archéologue se demanda si c'était déjà le cas du temps d'Egwa-san.. Cela semblait impossible, ce dernier ayant une réputation de femme au foyer parfaite.

Suivant Dean en direction du comptoir, avant de poser sa bouteille dessus, la japonaise saisit les prospectus que l'infirmier lui tendit. Elle avait ainsi le choix pour le repas entre des plats à emporter chinois, thaïlandais ou bien des pizzas. Elle fit la mou en regardant tour à tour les différents prospectus, ne sachant pas vraiment ce qu'elle allait prendre. À vrai dire, la jeune femme préférait avoir moins de choix que trop, car dans un cas comme celui-ci, elle ne savait pas quoi prendre.

Le jeune homme lui fit alors glisser son verre de vin tandis que ce dernier en but une gorgée, espérant certainement que la jeune femme fasse de même.

« Oh moi je ne m’y connais pas en vin. Tant que ça désinfecte, c’est l’essentiel ! »

Elle avait dit cela avec un grand sourire, sur le ton de la blague bien entendu. Miku n'étant pas une férue d'alcool, elle aimait néanmoins boire de temps en temps sans pour autant savoir réellement ce qu'elle avalait. C'était le cas avec le vin, chose sur laquelle elle n'avait reçu aucune éducation et qu'elle ne goûtait qu'à de rare occasion. Levant son verre, elle but une gorgée du fameux nectar avant de se rendre compte que pour elle les vins étaient tous les mêmes.

Revenant au repas de ce soir, elle ne savait que choisir avant de faire glisser les prospectus en direction de Dean, de se retourner et d’aller s’asseoir dans le canapé.

« Tu invites, tu choisis. Je ne suis pas difficile, tu n’as qu’à nous prendre la même chose. »

Elle n'allait surtout pas faire déplacer plusieurs livreurs. Si les deux jeunes gens commençaient à manger dépariés, ils n'allaient pas être livrés en même temps et donc soit un commençait avant l'autre, soit il fallait faire réchauffer le plat une fois le second livreur arrivé. Néanmoins, Miku se doutait bien que Dean avait eu le même raisonnement et qu'il se serait certainement rangé au choix de la jeune femme en commandant sur la même carte.

Posant son verre sur la table basse, Miku se laissa dominer par son envie d'être affalée dans le canapé. On ne faisait pas ce genre de choses normalement, même lorsque votre hôte vous disiez de faire comme chez vous, mais la jeune femme était incroyablement à l'aise et c'était chose rare. Elle avait l'impression de n'avoir jamais quitté Dean, comme si ces quatre années ne s'étaient pas écoulées, comme s'ils étaient restés de bons amis durant tout ce temps... et ils avaient pourtant coupé les ponts. C'était décidément étrange, d'autant plus qu'elle n'avait pas passé ces quatre années à attendre le retour de Dean. Comme elle lui avait fait remarquer, elle avait tourné la page et elle avait vu d'autres hommes, chose normal, mais malgré ça, Miku avait l'impression que le temps était resté figé.

«Allez viens ! On va choisir ensemble. Dit elle en se retournant vers le jeune homme qui n'avait pas bougé»

Miku ne recracha pas le vin, c’était une bonne chose, mais demandé à Dean de choisir le repas, étant donné que c’était lui invitait. Grimaçant légèrement, il attrapa les trois menus et soupira doucement en voyant Miku partir vers le salon et s’affaler sur le canapé –ce qui lui arracha, malgré tout, un sourire amusé. A la demande de la jeune femme, il eu vite fait de la rejoindre et s’installa à côté d’elle, posant son verre sur la table. S’adossant au dossier du canapé, il regarda longuement les menus puis, après qu’ils aient cogité pendant au moins 5 minutes, ils se mirent d’accord sur le fait de commander une pizza. Alors, se redressant, Dean sourit et se leva du canapé

« Je vais juste demander à Akutsu s’il en veut une aussi, comme ça je commande pour lui aussi »

Il attendit un simple hochement de tête de la part de la jeune femme puis, la gratifiant d’un sourire, il fit volte face et monta les escaliers trois à trois. Puis, s’arrêtant devant la porte de son coloc, il frappa trois coups et attendit l’autorisation pour entrer. Là, il lui fit part de son intention de commander une pizza ce qu’Akutsu accueilli avec un plaisir certains, choisissant rapidement la pizza au saumon. Dean hocha la tête, puis reparti en direction des escaliers. Avant de descendre, il se stoppa pour finalement refaire volte face et se diriger à grandes enjambés vers sa chambre. Il ouvrit la porte et, se dirigeant vers l’un des coins, attrapa sa guitare puis referma la porte et descendit à nouveau. Il alla vers le canapé, attrapant le téléphone au passage et s’installa à nouveau à côté de Miku après avoir poser sa guitare sur le côté.

« Bon alors on a une pizza au saumon pour Akutsu … toi je vais te faire gouter la pizza trois fromages, un vrai délice et un orgasme buccale. Et pour moi ce sera une paysanne. J’ai jamais gouté, mais on verra bien » Il adressa un sourire à la jeune femme puis composa le numéro de la pizzeria et n’eu pas attendre bien longtemps pour entendre une voix familière au bout du fil. Alors, souriant, Dean passa avec une assurance certaine, sa commande avant de raccrocher et se tourner vers Miku « ça arrive dans 20 minutes. Normalement ils sont rapides, on verra bien » Tout en parlant, il se pencha en avant et attrapa son verre de vin duquel il prit une gorgé avant de reposer. « Mais en attendant … »

Il attrapa sa guitare et la posa sur ses genoux, l’accordant rapidement de ses mains de guitariste chevronné, avant de se tourner vers Miku. Il ouvrit la bouche comme pour parler, mais se résigna et se retourna vers le manche. Il posa sa main dessus, inspira une fois plus profondément puis commença à jouer, le chant suivant rapidement les premiers accords. Rapidement, l’esprit de Dean fit abstractions de son entourage, ne se fixant que sur la musique. Fermant légèrement les yeux, notre infirmier joua et chanta avec tout son cœur et toute sa passion, comme il avait l’habitude de le faire.

La discussion tourna court et les deux jeunes gens se mirent rapidement d'accord sur le repas du soir, c'est-à-dire une pizza. Une fois le choix fait, Dean se leva pour proposer ce même repas à Moe-san qui était visiblement à l'étage dans sa chambre. Le regardant monter les escaliers, Miku se demanda si elle ne ferait pas mieux de le suivre pour aller saluer son collègue, puis elle se résigna, le professeur d'anglais ne voulant peut-être pas voir tout le monde débarquer dans sa chambre. Et puis... Moe-san était un homme avenant et il serait certainement venu la saluer s'il en avait envie. La jeune femme déduit donc qu'il voulait rester tranquille dans sa demeure, chose qu'elle pouvait parfaitement comprendre.

Dean revint peu de temps après, sa guitare dans une main et le téléphone dans l'autre. Le jeune homme s'installa de nouveau à côté d'elle, passant commande et choisissant une pizza trois fromages pour la japonaise. Elle acquiesça d'un signe de tête, n'ayant rien à redire vu qu'elle lui avait demandé de choisir pour elle... mais heureusement, Dean avait bon goût. Le laissant terminer, elle le regarda poser le téléphone sur le canapé et lui annoncer l'arrivée imminente du livreur d'ici une vingtaine de minutes. Portant son verre à ses lèvres, tandis que l'infirmier saisit sa guitare, il sembla hésiter un instant avant de se mettre à jouer et à accompagner ses notes par le chant. Ainsi, le jeune homme se laissa entrainer par sa fougue habituelle lorsqu'il jouait. Miku ne savait pas combien de temps ce premier morceau dura, ni le second. Peut-être quatre ou cinq minutes chacun, la jeune femme se gardant bien de lui demander. D'une part, car il ne devait peut-être pas le savoir et, d'autre part, parce qu'elle n'avait pas envie qu'il croie qu'elle s'ennuyait. Bien au contraire, elle trouvait cela agréable de se laisser bercer par un morceau de musique et c'était bien plus agréable lorsque le morceau était joué en face de vous par un charmant jeune homme, même s'il s'agissait de votre ex.

Applaudissant le musicien à la fin du second morceau, Miku put avouer qu'il se débrouillait toujours aussi bien, voire peut-être mieux. Elle remarqua également que Dean avait beaucoup de chance de savoir bien, même très bien, jouer de la guitare et chanter en même temps. Beaucoup de personnes n'avait qu'un seul de ces deux talents, lui il avait les deux, quoi que la jeune femme trouvait qu'il se débrouillait un peu mieux avec son instrument à corde...

« Décidément, tu n’as pas changé ! »

Elle avait, en effet, toujours ce constat à l'esprit. S'ils devaient réapprendre à se connaitre encore faudrait-il qu'ils puissent trouver chez l'un et chez l'autre des choses à réapprendre, car là, pour le moment, voir Dean jouait de la guitare ne la surprenait pas le moins du monde.

Saisissant une nouvelle fois son verre, avant de le finir, Miku porta son attention sur l'horloge murale qui annonçait le temps écoulé. Encore une fois, elle ne voulait pas paraitre impolie, mais son ventre commençait à gargouiller dangereusement, tellement dangereusement que ses gargouillis arrivèrent aux oreilles du jeune homme malgré les tentatives de camouflage de la japonaise. Elle ne put s'empêcher de rire bêtement, rire qui sembla communicatif. Mais voulant faire l'impasse sur son appétit naissant, elle évita brillamment, ou pas, le sujet.

« Moe-san boude qu’il reste cloitré dans sa chambre ? Ou il n’ose pas nous déranger ? »

À peine eut-elle fini sa phrase que son estomac refit des siennes sans que cette fois elle put le cacher.

« J’ai faiiiim ! Se plaignit-elle finalement. Dean fait quelque chose ! Cours, voles, nages mais ramène moi cette pizza ! »

Dean eu a peine fini sa deuxième chanson, qu’il entendit Miku applaudir, visiblement enchanté. Soupirant légèrement de bonheur et bien être, l’infirmier redressa la tête et porta son regard vers la jeune femme, la gratifiant d’un sourire charmant. Mais, il n’eu pas le temps de la remercier de montrer tellement d’entrain, qu’elle le questionna au sujet d’Akutsu. Arquant un sourcil, Dean tourna son regard vers les escaliers puis haussa les épaules et reporta son attention sur la jeune femme qui se plaignit d’avoir faim. Plainte qui arracha un sourire fort amusé à notre infirmier, alors qu’il reposa sa guitare à nouveau sur le côté.

« Si j’avais été Storm j’aurais volé, si j’avais été flash j’aurais courut aussi vite que l’éclaire, si j’avais été Gateway je me serais téléporté … mais je ne suis que Dean, pauvre humain mortel qui va sans doute faire un malaise si ce livreur ne se dépêche pas … » ce disant, il lança un coup d’œil à la porte et soupira légèrement avant de finir son verre de vin et se reculer contre le dossier du canapé « et Akutsu je ne sais pas ce qu’il fait. Il doit surement être entrain de corriger des copies, mais l’appel de la pizza sera plus fort et il descendra. » Souriant malicieusement, il lui donna un petit coup de coude dans les cotes « t’inquiète pas, va. Tu verras bien assez tôt le charmant professeur d’anglais »

Dean eu a peine le temps de ponctuer ses paroles d’un clin d’œil qu’il entendit que l’on sonnait à la porte. A moins que ce ne soit Cathan qui vient rendre visite à son frère ou Jiro qui revient parce qu’il aurait éventuellement oublié quelque chose, ce ne pouvait qu’être le livreur. Alors, se levant d’un bon, notre jeune homme attrapa son porte feuille et alla ouvrir. Il paya les trois pizzas, puis salua le vendeur et referma la porte avec le pied. Retournant dans le salon, il gueula le nom d’Akutsu pour qu’il vienne récupérer son repas, puis déposa les trois pizzas sur le comptoir et alla chercher trois assiettes, sur lesquelles il déposa les pizzas, avant de pousser la trois fromages vers Miku, avec un grand sourire et lui faire signe de le suivre à la table, où se trouvaient déjà les couverts.

Tout en s’y dirigeant, Dean attrapa la bouteille de vin au passage puis alla chercher leurs deux verres et s’installa. Il versa à nouveau un peu de vin –pas trop pour gardé un eu de place pour le sake plus tard- avant de prendre ses couverts en main et sourire à Miku

« Enfaite, tu devrais te plaindre un peu plus souvent. On dirait que les dieux ont pitié de toi et accélèrent les choses »

Rigolant doucement, il coupa un bout de sa pizza et le mangea, savourant avec délice. Un bruit dans la cuisine fit comprendre à Dean qu’Akutsu était là et qu’il ne tarderait pas à les rejoindre pour manger avec eux, ce qui ne déplaisait pas à notre infirmier étant donné qu’Akutsu était sans doute le seul de ses coloc avec qui il s’entendait bien. Avec un sourire, Dean accueillit le professeur d’anglais à leur table et ensemble, intégrant Miku, ils commencèrent à débattre sur les évènements du lycée, des élèves et tout ce qui s’en suivit.

Laissant Dean énumérer les héros de son enfance en écho à la demande de Miku, les deux jeunes gens ne purent qu'avouer leur impuissance face à un simple repas qu'ils attendaient désespérément. Avaient-ils simplement le droit de se plaindre, eux, jeunes gens qui avaient eu la chance de grandir dans des pays riches et dans des familles qui avaient eu les moyens de les éduquer convenablement ? Pas vraiment... mais, ce n'était pas le moment de philosopher là-dessus. Miku se pencherait sur l'injustice qui sévissait dans ce triste monde une autre fois, d'autant plus qu'elle n'avait pas envie de se mettre à broyer du noir.

Plaisantant sur le professeur d'anglais, Dean lui assura néanmoins qu'il allait descendre les rejoindre une fois que le repas serait là et ce fut bien le cas. Le livreur sonna et tandis que Dean allait ouvrir, Miku ne put que constater la rapidité de la livraison. Faisant la moue, la professeure de sciences sociales se demandait si ces créations italiennes n'étaient pas préparées à l'avance, attendant bien sagement que l'on veuille les faire cuire... car prendre commande, préparer, faire cuire et livrer en dix-sept minutes, c'était un peu gros... mais si elles étaient bonnes, elle n'allait pas s'en plaindre !

Récupérant son dû, elle suivit l'infirmier et s'installa à table tandis que le professeur d'anglais arriva, pas plus surpris que cela de la voir ici. Ils échangèrent tous les trois un moment, parlant des aléas de la vie, surtout au sein du lycée. Le repas se déroula donc simplement et peut-être trop rapidement à son goût. À vrai dire, il ne fallait pas bien longtemps pour avaler une pizza ! Ce fut la discussion qui le fit durer un peu plus longtemps. Et puis, lorsque le professeur d'anglais les quitta pour retourner à ses nombreuses occupations, Miku réalisa alors que le dialogue, qu'elle avait entretenu avec les deux hommes, était très inégalitaire. D'un côté, elle tutoyait Dean et parlait avec lui de manière familière tandis qu'avec Moe-san, elle laissait toujours dresser les barrières de bienséance et de politesse qu'elle lui devait. Ce dernier avait certainement remarqué ce contraste, mais il ne l'avait pas évoqué. Qu'importe, la jeune femme n'avait rien à cacher. Elle n'allait pas non plus raconter sur les toits leur histoire, mais si les autres l'apprenaient, elle n'en ferait donc pas un drame.

Récupérant les assiettes, les empilant les unes sur les autres, Miku les déposa dans la cuisine avant de saisir l'éponge qui traînait sur l'évier histoire de les nettoyer. L'avantage avec ce genre de repas était le fait que la vaisselle était minime. Certain pouvant même pousser le vice jusqu'à déguster leur pizza dans le carton... mais à ce point-là, c'était vraiment de la fainéantise ! Tournant la tête vers Dean, qui venait de finir de débarrasser les deux ou trois petites choses encore présentes sur la table, elle restait tout de même titillée par l'image que les deux jeunes gens pouvaient renvoyer à leurs collègues... Tellement, qu'elle préféra poser directement la question à l'infirmier pour savoir qu'est-ce qu'il en pensait...

« Tu penses dire aux autres que l’on se connait depuis un petit moment ou non ? »

En disant ces mots, elle attrapa le torchon suspendu avant de le lancer au jeune homme histoire de le mettre à contribution concernant l’essuyage des assiettes.

La question -tout comme le lancement de torchon- prit notre infirmier de cours. Ayant fini de débarrasser la table et s’apprêtant à dire à Miku que ce n’était pas la peine pour elle de faire la vaisselle, qu’il pourrait s’en charger plus tard quand elle sera parti, la jeune femme lui posa la question à laquelle Dean avait réfléchit, depuis qu’ils s’étaient rencontré au lycée. S’il en parlerait à ses amis ? C’était à voir. Peut-être le dira-t-il à Akutsu de qui il était assez proche, mais le reste ? Alors que notre jeune homme attrapa le torchon de justesse et s’avança pour essuyer les assiettes, il soupira légèrement.

« Franchement ? J’en sais rien » Il attrapa la première assiette et passa le torchon dessus, puis releva le regard vers Miku « je veux dire, cette histoire … je ne l’ai pas vécu seul. Ce serait donc égoïste de ma part d’en décider moi-même » Il esquissa un sourire puis déposa son assiette sur le côté et attrapa la deuxième « Tu en penses quoi, toi, si je l’annonçais à mes amis ? Evidement, je ne vais pas aller gueuler chez tout le monde qu’on se connait bien tous les deux, ce serait … illogique ? Mais si on me demande, pourquoi pas ? A moins que tu ais honte de moi au point que tu préfère taire notre relation »

Ce disant, il lui fit un clin d’œil et un sourire malicieux, signifiant qu’il venait de parler de manière ironique. N’empêche que ses paroles avaient un certain fond de vérité. Mais soit, ne s’attardant pas d’avantage sur ses pensées, il s’avança vers Miku et attrapa la bouteille de Sake qu’elle avait déposé sur le plan de travail.

« Ça fait longtemps que j’en ai plus bu … » déclara-t-il, souriant doucement et en sortant deux petits verres.

Il se détourna ensuite, se dirigeant vers le canapé, ne laissant ainsi pas le choix à Miku que de le suivre. Dean se laissa ensuite tomber sur le canapé en soupirant doucement et versa la boisson dans les deux verres, attendant que la jeune femme le rejoigne. Une fois qu’elle fut installée, il lui tendit un verre. Après avoir porté un toast sur leur rencontre et sur cette soirée qui commençait plutôt bien, Dean porta son verre à sa bouche et but le contenu d’une traite. Les yeux fermés et le visage crispé, il grimaça puis se secoua et posa son verre en soupirant et esquissa un sourire amusé.

Passant les assiettes au jeune homme avant de les ranger dans le placard, Miku le regardait tout de même en coin lorsqu'il lui exposa sa vision des choses. Visiblement les deux jeunes gens étaient sur la même longueur d'ondes : ils n'allaient pas cacher le passé sans pour autant le publier dans le journal de l'école. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire. À y réfléchir, s'ils taisaient cette relation ou du moins, s'ils la niaient et si les autres la découvraient d'une manière ou d'une autre, ils pourraient penser que les deux jeunes gens avaient des choses à cacher, hors ce n'était pas vraiment le cas. Alors, pourquoi s'amuser à alimenter de folles rumeurs ? Ainsi, elle n'aborderait le sujet que si on mettait le doigt dessus, mais sans trop en dire non plus. Elle n'était même pas capable de dire pourquoi cette histoire avait pris fin... Ah si, depuis cet après-midi elle avait une version potentielle : le monsieur ne voulait pas s'engager...

En attendant, elle ne put s’empêcher de rebondir sur la dernière remarque de Dean, qui lui tendait une perche beaucoup trop longue pour ne pas la saisir.

« Oh tu sais ! J'ai une réputation de sainte nitouche à tenir ! Dire que j'ai été avec toi risque de lui nuire... ou pas. Va savoir ! Et puis... je pourrais faire des jaloux ! »

Elle disait cela plus pour le taquiner qu'autre chose. Elle ne connaissait pas la réputation qu'il pouvait bien avoir au sein de ses collègues et s'il en avait une. Elle avait entendu des choses pourtant, mais rien de bien palpitant, si ce n'était des dires venant des lycéens eux-mêmes. D'ailleurs à ce moment-là elle ne savait, bien évidemment, qu'il s'agissait de Dean.

Rejoignant le jeune homme dans le canapé, Miku afficha un air étonné, n'arrivant pas à croire qu'il puisse vivre au Japon sans avoir à boire régulièrement du sake. Évidemment, l'image des japonais toujours accrochés à leur bouteille de sake était un stéréotype qui avait la peau dure partout dans le monde, mais cela n'empêchait pas pour autant que c'était au pays du soleil levant que l'on pouvait déguster les meilleurs du monde.

Levant leurs verres à leurs retrouvailles, avant de les vider respectivement, elle ne put que constater qu'il ne s'agissait pas d'un sake d'une haute qualité. Il n'était pas mauvais, loin de là, mais pour renouer avec cette boisson ce n'était pas non plus l'idéal. En attendant, elle ne savait toujours pas à qui appartenait cette bouteille, mais il ne devait pas avoir vidé son portefeuille pour elle...

Tournant la tête vers l'infirmier, la jeune femme l'observa sans rien dire, attendant une réaction, mais ce dernier était plus concentré à lire l'étiquette de la bouteille qu'autre chose. Amusée, Miku l'attrapa par l'épaule avant de le secouer légèrement pour le faire revenir à la réalité. Lui tirant la langue, elle se demanda un instant qui était le plus rêveur des deux...

« Et si tu me racontais ce que tu as fait durant ces quatre ans ? Hormis tes études d’infirmier bien entendu… »

Ça, elle s'en moquait un peu, elle le savait déjà. Puis elle n'avait pas envie d'en savoir plus concernant les cours qu'ils avaient suivis et autres choses banales. Non, elle c'était le reste qui l'intéressait.

« Puis je te dirai tout moi aussi ! Je le jure ! Conclut-elle en levant la main droite. Sinon on joue à action ou vérité, c’est pareil ! En plus ça tombe bien, on a une bouteille de sake pleine !»

Elle espéra qu'il allait opter pour la première solution, car si elle se mettait à boire pour éviter les questions gênantes, elle n'allait pas être fraiche demain...

Ce ne fut que, lorsqu’ils étaient assit et que Dean avait son regard fixé sur l’étiquette de la bouteille de sake qu’il se remémora les paroles que la jeune femme lui avaient dites juste avant et ne put s’empêcher de sourire, amusé. Elle n’avait franchement pas changé. Son sens de l’humour était toujours le même et elle le maitrisait parfaitement. Si notre jeune homme avait réagit un peu plus avant, il se serait sans doute prit au jeu. M’enfin c’était trop tard maintenant.

Soit. Dean vu tirer de ses rêveries par Miku elle-même qui, posant sa main sur son épaule, jugea bon de le secouer comme on secoue un prunier pour faire tomber ses fruits. Clignant légèrement les yeux, notre infirmier se tourna vers la jeune femme et la fixa longuement, l’écoutant tranquillement. Elle voulait qu’il lui parle de se qu’il avait fait pendant ces 4 dernières années ? A vrai dire, beaucoup de choses s’étaient passées. Trop de chose pour tout raconter en détail. Alors, la proposition de Miku de jouer à Action/vérité tombait vraiment bien. Ça faisait des années qu’il n’y avait plus joué mais, au lycée et au collège, il avait toujours été le meilleur à ce jeu. Alors, souriant malicieusement, il regarda Miku

« Va pour une partie d’Action/vérité » dit-il, avec une lueur de défit dans les yeux « Mais je te préviens, j’ai toujours été imbattable dans ce jeu » Il se pencha ensuite en avant et attrapa le verre de Miku qu’il déposa à côté du sien pour les remplir à nouveau « J’espère que tu es une femme de parole » reprit-il ensuite en lui tendant le verre, sans perdre son sourire, ponctuant ses paroles d’un clin d’œil. Il se tourna ensuite complètement vers elle et, pliant les genoux, s’installa en tailleur en face d’elle sur le canapé « alors ma jolie, Action ou vérité ? » demanda-t-il.

Finalement, le jeune homme opta pour la seconde proposition. À croire qu'il avait des choses à cacher... du moins, ce fut ce que Miku en déduit. Si c'était bien le cas, il aurait peut-être mieux fait d'éviter les réponses aux questions et de choisir quoi raconter exactement à la jeune professeure plutôt que de laisser libre cours à l'imagination de cette dernière. Après tout, il aurait pu lui mentir ou ne pas citer certains passages de sa vie qui pouvaient être dérangeants... chose également possible en jouant à action ou vérité... C'était là le principal problème de ce jeu : les informations que l'on donne ne sont souvent pas vérifiables... Peut-être était-ce pour cela qu'il se disait très bon à ce jeu... le mensonge étant un atout. Miku avait donc intérêt à se méfier si elle ne voulait pas se faire pigeonner !

Le laissant remplir les verres, la jeune femme allait prendre la même position dans le canapé que l'infirmier lorsque celui-ci lui demanda de choisir entre action ou vérité. Fronçant les sourcils, la jeune femme n'attendit pas plus longtemps avant de contester la décision qu'il venait de prendre sans le consentement de l'autre partie... avec bonne humeur comme toujours !

« Non non non mon petit ! Pourquoi c'est toi qui commence en premier ? On tire au sort !»

Récurant le fond de ses poches pour y trouver une pauvre pièce, elle laissa à Dean le choix de sa face avant de jeter la pièce en l'air, de la rattraper et de la poser sur le dos de son autre main. Ainsi, Miku n'eut d'autre choix que de se résigner, car la pièce venait de confirmer la prise de position dictatoriale de l'infirmier, lui permettant de commencer à poser les questions en premier. Lui faisant une grimace en guise de soumission, elle s'installa en tailleur en face de lui, les bras croisés sur la poitrine, se questionnant sur le choix qu'elle allait faire...

« Bon, si j'ai voulu jouer à ce petit jeu c'était avant tout dans un intérêt pédagogique si je puis dire... Histoire de rattraper le temps perdu... Donc ce sera une vérité, j'ai pas envie de me lever et de faire la roue en plein milieu de la pièce... »

Elle avait également le droit de boire le sake en guise de joker si elle ne voulait pas faire une action ou répondre à une question. Seulement, Miku avait cours demain et elle ne pouvait pas se permettre de se coucher avec un trop gros coup dans le nez. En fait, elle n'avait pas vraiment peur du verre plein, car elle n'avait rien à cacher. Par contre, elle allait éviter les actions, car si des fois une mauvaise idée passait dans la tête du guitariste et qu'elle se retrouvait dans le couloir à devoir chanter elle ne savait trop quoi... Elle choisirait peut-être à ce moment-là le verre de sake.

« Et pas le droit de poser deux questions d'affilées ! À moins que moi aussi j'ai le droit de t'en poser deux après hein ! On ira plus vite comme cela... »

On aurait dit deux gamins... Et ce n'était pas la première fois de la journée. Miku avait cette capacité magique de pouvoir retomber en l'enfance, ou du moins ici dans l'adolescence, en un clin d’œil et d'entrainer tout le monde dans cette dégringolade folklorique. Et dire qu'il y avait quelques heures, elle était stressée au plus au point à l'idée de retrouver Dean... la situation actuelle pouvait faire croire qu'ils ne s'étaient jamais quittés...

Ce fut avec une moue que Dean écouta Miku le contredire. Bon ok, d’un côté elle avait raison. Elle avait proposé ce jeu digne de gamins de primaires, elle devrait donc, logiquement, avoir le choix de qui commençait. Mais Dean avait son caractère et il aimait bien tout contrôler. Et puis, il avait une autorité naturelle. De ce fait, la jeune femme, bien que réticente au début, se laissa finalement convaincre. Elle opta donc pour une vérité, ne faisant sans doute pas très confiance au sens de l’humour de notre jeune homme. M’enfin, ce n’était pas plus mal que ça. Souriant, il joua légèrement avec son verre de saké

« Si je pose deux questions, tu auras le droit d’en reposer deux. Mais si je ne pose qu’une seule et que je reçois deux réponses, alors j’aurais à nouveau le droit à une question. »

Souriant malicieusement il leva son verre, inclina légèrement la tête vers l’avant et l’observa sans perdre la lueur de défit qui animait son regard, puis, se redressant il posa son verre sur la table et se retourna vers la jeune femme. Sans la perdre du regard, il inclina légèrement la tête sur le côté, affichant une moue de réflexion. Il avait beau avoir accepté ce jeu, il ne savait pas vraiment quoi demander. M’enfin, autant se lancé de suite.

« Hm … Est-ce que tu as déjà couché avec une femme ? »

Non pas que s’était son fantasme –la plupart des hommes trouvaient ça excitant de voir deux femmes s’embrasser …-, c’était juste de la pure et dure curiosité. Au pire, si elle n’avait pas envie de répondre, elle boira son saké.

« Pour moi ce sera une action » dit-il tranquillement, continuant de sourire.

Miku leva un sourcil, tentant de comprendre la logique de la nouvelle règle que venait de mettre en place Dean. Si on donnait deux réponses à une question alors une question supplémentaire devait être posée. Haussant les épaules, la jeune femme ne voyait pas trop comment on pouvait répondre deux fois à une même question à moins de changer de réponse subitement pour une raison ou pour une autre... Enfin soit, cette règle ne la dérangeait pas outre mesure.

Elle le laissa donc commencer à poser sa première question, en accord cette fois avec le lancer de pièce qui avait finalement donné raison à l'infirmier. La première question eut donc le droit de la surprendre, mais la réponse à donner n'était absolument pas compliquée... Dean était-il déjà en manque d'inspiration ? Ou croyait-il réellement qu'elle puisse marcher à la fois à voile et à vapeur ? Cela lui titilla l'esprit un instant, se demandant si quelque chose chez elle pouvait laisser croire aux autres qu'elle avait des penchants bisexuels. Ce n'était pas le cas, mais elle aurait bien aimé savoir qu'est-ce qui était passé dans la tête de Dean pour qu'il lui pose cette question un peu farfelue...

« Eh bien non ! Et je ne pense pas que cela se produise un jour... Il ne faut jamais dire jamais, je le sais bien, mais il y a peu de risque de ce côté-là ! À toi maintenant !»

Elle espérait que sa réponse allait le satisfaire tandis qu'il lui demanda une action. Il avait peut-être des choses à cacher en fin de compte... Ainsi, Miku réfléchit à ce qu'elle pouvait bien lui faire faire. Des choses débiles, elle en avait une tripoté en tête, mais elle préférait faire une chose plus intelligente ou alors plus réfléchie que compter de 100 à 0 la tête en bas...

Une drôle d'idée lui traversa alors la tête. Cherchant son sac, qu'elle n'avait pas pris, elle sauta d'un bon du canapé avant de quitter l'appartement et de pénétrer dans le sien. Saluant vite fait le ou les personnes présentes sans prendre réellement la peine de voir qui était là, elle récupéra son dû avant de revenir s'installer en face de l'infirmier qui devait bien se demander quelle mouche l'avait piqué. Sortant son téléphone portable du sac, elle parcourut vite faire son répertoire avant de trouver le nom et le numéro qu'elle cherchait. Celui-ci trouvé, elle tendit son téléphone au jeune homme qui n'eut d'autre choix que de le prendre.

« Écoutes moi bien ! Tu vas téléphoner à cette nymphomane de Nikita Brendon et lui fixer un rendez-vous chaud comme la braise. Je ne sais pas, tu lui dis que tu es de retour aux États-Unis et que tu as envie de la revoir. Elle va marcher j'en suis certaine ! J'ai gardé contact avec elle, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, et elle me parle encore de toi de temps en temps figure toi... »

Cette fille était une plaie. Miku la connaissait du temps de ses études aux États-Unis. Il s'agissait d'une mangeuse d'homme sous ses airs faussement angéliques... et elle n'avait jamais pu digérer que Dean ait pu craquer sur la japonaise plutôt que sur elle. Il était peut-être temps de se venger, d'autant plus que l'Américaine ne saurait jamais d'où venait cette petite blague, le portable de Miku étant en permanence en mode « secret »...

« Et si tu tombes sur le répondeur tu laisses un message hein !»

Déjà en train de rire de sa bêtise, elle se retint pourtant de trop pouffer de rire préférant attendre la réaction de Nikita pour cela... Et puis, lorsque son tour viendra, la jeune femme accepterait de nouveau de répondre à une vérité...

Affichant un sourire, Dean hocha doucement la tête, quelque peu rassurer par le fait qu’il y ait très peu de chance que Miku soit tenté de coucher avec une autre femme. En avait-il réellement douté ? Non pas vraiment. L’infirmier et l’archéologue en herbe avaient été tous les deux assez longtemps ensemble pour qu’ils se connaissent un minimum et que Dean sache que Miku n’était pas du genre à avoir d’autre penchant sexuels. Mais soit. Alors que notre jeune homme lui fit part que lui voulait faire une action, la professeure réfléchi rapidement puis sauta du canapé et se barra en courant, sous le regard ahurit de notre jeune homme. Qu’est-ce qui lui prenait ? L’avait-il choqué au point de la faire fuir ? Non, pas possible. Miku était tout de même habituer à son genre, non ? Mais, alors que bon nombre de questions lui traversèrent l’esprit, la jeune femme était de retour avec son portable. Elle s’installa à nouveau, joua quelques instants avec son téléphone puis le lui tendit.

A l’écran s’afficha le numéro de Nikita Brendon, une femme qui avait voulut courtiser notre infirmier, en vain. A la demande de Miku, Dean éclata de rire. Ah ça c’était du défit ! Vraiment. Il avait toujours rêvé se foutre de la gueule de cette bonasse qui ne servait à rien, mais n’avait pas eu le temps de lui demander son numéro. Ce dut donc, avec un sourire malicieux qu’il prit le téléphone et appuya sur la touche verte afin de faire sonner Nikita. Pendant ce temps, il appuya sur la touche pour mettre le téléphone sur haut parleur, histoire de faire profiter Miku du spectacle.

« Hallo ? » Dean reconnut de suite la voi suave dans laquelle persistait une certaine crainte de Nikita.

Souriant, il prit la parole

« Nikita ? C’est toi ma belle ? C’est moi, Dean. Tu te rappelles de moi ? »
- Dean … ? Onwara ?! Oh ! mon chou ! c’est vraiment toi ?
- Oui. Tu vas bien ?
- Et comment, maintenant que tu m’appelles ! Tu égaies ma journée !
- J’imagine bien dit-il d’une voix charmeur en lançant un coup d’œil à Miku dit moi, Nikita, ma belle, je suis de retour en Amérique, tu habites toujours à Milton ?
- Sérieux ?! WOah non ! Ce n’est pas possible ! oui j’habite de nouveau chez mes parents ! mon bosse m’a viré !
- Oh, quel dommage … t’es toujours célibataire ?
- Célib … Oh oui ! Pour toi je serais célibataire à vie ! hihiii !
- Hm, j’aime ça. T’es toujours aussi … hmmm … bonne ?
- Ah mais tu me prends pour qui mon chou, hm ?
- Hm, ça te dit qu’on se voit cette semaine, un soir ? Tu viens chez moi et on se fait une soirée de pure folie et de plaisir ? Le genre de nuit qu’aucun de nous n’est près à oublier ?
- Oh, mais je ne peu qu’accepter ! Vendredi ? Jeudi ? hihihi ! Mon mec rentre samedi ! hihihiii !!
- Oh, tu n’es plus célibataire donc … ?
- Dean, je t’ai dis, pour toi je le serais toujours …
- Coquine. Ça me plait bien tout ça. Va pour jeudi. 17h devant le Florida Seks ?
- J’y serais, comptes sur moi ♥
- Alors à Jeudi. Habille toi bien comme il faut, tu sais comment je les aime les filles
- Oh, je t’aime déjà …

Après un dernier au revoir en bonne et due forme, Dean raccrocha et redonna le portable à sa propriétaire.

« Et voilà, mission accomplis » Il ne put s’empêcher de rigoler doucement « je l’imagine bien attendre jeudi devant ce bar qui, je dois l’avouer, n’existe même pas … Merci Miku, grâce à toi j’ai pu réaliser un de me rêves » il s’inclina avec une humilité bien jouer puis se redressa en éclatant de rire « dit moi … on a vraiment plus de 20 ans ? Non mais j’ai l’impression que, depuis que je suis avec toi, on a … 15 ans ? 16 tout au plus » Il tenta de se reprendre et lui offrit un joli sourire un peu plus sérieux « Mais soit. Vérité donc ? Hmm …. Si je te demandais de m’embrasser, là maintenant, tout de suite, tu accepterais ? »

Son visage était devenu un peu plus sérieux, sans pour autant qu’il ne perde sa malice.

Miku était bien contente de sa blague quoi qu'elle était un peu déçue que Dean ait rempli sa mission sans rechigner. En effet, la jeune femme aurait plutôt aimé l'entendre râler un peu, que le voir accepter bien volontiers le coup de téléphone. Enfin, le résultat fut le même, la prof de sciences sociales ne put s'empêcher de se fendre la poire, se retenant de faire trop de bruit lorsque l'infirmier était au téléphone pour ne pas que Nikita l'entende et découvre la supercherie... Mais finalement, l'américaine avait marché, non elle avait même couru... C'était presque trop beau pour être vrai d'ailleurs...

Récupérant son téléphone, la jeune femme finit par applaudir la performance théâtrale de l'américain, hésitant presque à l'embaucher à titre gracieux pour la suppléer au club. En attendant, elle aussi imaginait bien Nikita attendre, elle ne savait trop où, la venue de Dean... mais c'était tout de même dommage que ce bar n'existe pas vraiment... car même si elle était un peu simplette, elle se rendrait vite compte de la supercherie une fois une petite recherche sur le lieu du rendez-vous effectuée... Tant pis, elle marchera le temps qu'elle marchera... même si elle n'attendra pas indéfiniment dans un bar lugubre.

« La pauvre tout de même ! On est méchant en fin de compte ! »

Oui un petit peu... mais la vengeance n'était-elle pas un plat qui se mangeait froid ? Pauvre Nikita tout de même... Il ne restait plus qu'à attendre qu'elle rentre de nouveau en contact avec la japonaise pour savoir ce qu'elle avait cru ou non... et là encore, Miku devrait faire appel à toute son énergie pour ne pas éclater de rire au téléphone... si elle passait par le téléphone pour lui donner des nouvelles, bien entendu !

Écoutant Dean appuyer une nouvelle fois sur le fait qu'ils ressemblaient à deux gamins, Miku, avec l'allure d'une enfant, compta sur ses doigts son âge, réalisant peut-être à son tour ô combien elle était gamine.

« Tu as raison, nous avons seize ans d’âge mental, mais en attendant, mon pauvre corps est en train de devenir celui d’une trentenaire ! Les années de lycée… C’est bien loin tout cela ! »

Elle garda son sourire, mais faillit bien vite le perdre, lorsque le jeune homme enchaîna sur sa question suivante. Elle l'avait bien cherché après tout, le but du jeu action ou vérité n'était-il pas de mettre dans l'embarras son partenaire de jeu ? C'était le cas actuellement, Miku ne pouvait donc s'en prendre qu'à elle-même. Seulement, si elle n'avait pas perdu son sourire, c'était simplement parce qu'elle venait de trouver quasi-instantanément la parade idéale à la question piège. Elle se fit donc un plaisir de l'exposer en prenant bien son temps :

« Je t’embrasserais volontiers… »

Marquant une pose, la jeune femme inclina la tête sur le côté, laissant sa phrase en suspens quelques secondes avant de la finir…

« … mais sur la joue ! »

Levant la main pour empêcher Dean de parler, car il allait certainement protester, ou pas, la jeune femme mit un point d'honneur à lui rappeler les règles de leur petit jeu :

« Tu n'as pas précisé où et tu n'as droit qu'à une seule question ! Alors ? ! Je croyais que tu étais imbattable ?! »

Décidément très fière de son coup, la jeune femme prit son verre de sake et le vida, avant de reprendre une position plus conventionnelle dans le canapé.

« Sacré Dean. Malheureusement tu as raison, nous sommes trop vieux pour jouer à ce genre de jeu. Mais ça fait du bien de temps en temps. Je le pense vraiment. »

Il était temps d'y mettre fin, non pas parce que Miku en avait assez de jouer les enfants, mais plutôt parce qu'elle sentait le danger arriver si elle continuait à jouer à ce petit jeu avec Dean. Elle se trompait peut-être, mais dans le doute...

Arf, pris dans son propre piège. La mine de Dean se renfrogna légèrement lorsque la jeune femme lui expliqua en souriant qu’il n’était pas si imbattable que ça et qu’il aurait du faire un peu plus attention. M’enfin, elle avait raison, il aurait du préciser, même si c’était évidement : en disant embrasser à quelqu’un, chaque personne normalement constituée penserait tout de suite à un baiser sur la bouche. Il fallait déjà préciser « bisou sur la joue » pour qu’on y pense. Mais soit. Dean n’était pas rancunier, bien au contraire.

« C’est ça … ouais » grommela-t-il d’une voix faussement vexée et vida son verre de sake d’une traite comme pour se punir d’avoir fait une telle faute

« J’embrasse si mal que ça ? » aurait-il ajouté s’il en avait eu le temps de dire mais Miku reprit la parole en lui avoue, de manière indirecte, qu’elle préférait arrêter sur le jeu sur cette dernière question. Arquant légèrement un sourcil, notre jeune homme ne put s’empêcher de montrer sa surprise et inclina légèrement la tête sur le côté. Ce pouvait-il qu’il l’avait éventuellement vexée en lui posant cette question ? Que cette question lui rappelait des souvenirs peut-être encore un peu trop douloureux ? Ou en avait-elle juste assez de sa compagnie ?

Tant de question lui traversèrent l’esprit pendant que notre infirmier se redressa et lui s’installa, lui aussi, convenablement sur le canapé. Il attrapa ensuite la bouteille de sake et rempli son verre à moitié.

« On fait quoi alors ? » demanda-t-il, avant de vider son verre et le reposer sur la table « si tu veux rentrer chez toi je ne vais pas te retenir plus longtemps. » reprit-il en se tournant vers la jeune femme « Sinon j’ai pas mal de film … ou alors on reste ici, sur le canapé à discuter tranquillement, en attendant que la fatigue nous gagne »

Ce qui ne va sans doute pas tarder, se dit-il mentalement en lançant un coup d’œil sur sa montre qui indiquait qu’il était quand même 21h30. Mine de rien, leur petit jeu avait duré pas mal de temps. Dean esquissa un demi-sourire

« C’est fout comment le temps passe vite quand on s’amuse … »

Le jeu prit bel et bien fin lorsque Dean s'assit normalement dans le canapé, suivant l'exemple de Miku. Malheureusement pour la jeune femme, elle n'aurait rien appris de bien intéressant durant ce petit jeu, pour ne pas dire rien du tout. Elle avait au moins pu rire un bon coup, cette pauvre Nikita venant d'en prendre pour son grade... Posant son regard sur la pendule, elle ne put que constater que le temps passait plutôt rapidement, preuve qu'elle s'amusait bien. Il n'était pas trop tard non plus, mais la jeune femme étant une couche-tôt elle commençait à ressentir les premiers signes de fatigue...Que voulez-vous, on ne se refaisait pas !

Dean lui proposa finalement plusieurs activités dont un film, mais Miku n'avait pas particulièrement envie de se mettre devant le petit écran. Non, elle n'avait envie de rien juste d'être bien comme c'était le cas à cet instant, en toute simplicité... mais il commençait à être tard pour elle...

« Une autre fois pour un film... Je ne vais pas tarder à y aller, rien ne m'empêche de trainasser là encore une petite demi-heure... Mais ce ne serait pas raisonnable... Je suis réglée comme une horloge que veux-tu ! »

Posant son regard sur son téléphone portable, elle le retendit une nouvelle fois au jeune homme, non pas pour un second canular, mais simplement pour avoir son numéro personnel. Tandis qu'il s'exécutait, la jeune femme s'étira les bras plutôt bruyamment tandis qu'il lui sembla entendre Moe-san éternuer. Quelqu'un devait dire du mal de lui, cela allait sans dire...

« Merci ! Conclut-elle avant de reprendre son portable. Je pourrais t'embêter à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit... Tu vas finir par regretter de m'avoir retrouvé si ça continue... à moins que ce soit déjà le cas ?»

Se levant, avant de récupérer son sac et de le mettre sur son épaule, signe de son départ imminent, Miku laissa Dean la raccompagner à la porte.

« Je te remercie pour ton accueil en tout cas et j’espère que l’on se recroisera bientôt, je veux savoir encore plein de trucs ! »

Faisant un clin d'oeil avant de tourner les talons, Miku regagna ses propres quartiers, laissant tomber son sac dans un des coins de sa chambre, avant d'ouvrir de nouveau son ordinateur portable et de constater que le collègue à qui elle avait écrit en début de soirée ne lui avait toujours pas répondu. À vrai dire, elle s'en fichait, car le mail de Nikita qui venait de tomber était beaucoup plus amusant que n'importe quel rapport archéologique. Elle hésita un instant à l'imprimer et à le mener à Dean... Non, elle n'allait pas retourner le déranger maintenant, cela pouvait très bien attendre demain matin... Fermant définitivement son ordinateur pour la soirée, la jeune femme se coucha, n'oubliant pas pour autant de régler son réveil, mais malheureusement, le sommeil ne vint pas instantanément... Cette journée l'avait tout de même un peu remué... Même si la fin de soirée s'était plutôt bien déroulée, le passé et le sale coup de Dean revinrent comme une claque dans la figure de Miku... Elle en eut l'estomac noué... Devait-elle lui en vouloir et le lui faire comprendre ? Non, elle n'avait aucun intérêt à cela... Alors autant vivre avec, sans pour autant oublier les bons et les mauvais moments, juste tourner la page, mais en gardant à l'esprit que le jeune homme était et resterait toujours... un mirage.