Coïncidence inattendue [PV Ryosuke Dojima]

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Ayako avait décidé d'aller voir ses parents en ce jour de congé. Enfin, par ses parents, il entendait bien sûr son père, vu que sa mère était morte, et sa grand mère. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était plus rendu à Tokyo pour les voir à cause de son travail d'une part mais aussi parce qu'il avait été occupé lors de son temps libre. Du coup, il s'était forcé à ne rien prévoir pour aller les voir. Ce n'était pas tellement se forcer à les voir car il aimait sa famille et passer du temps avec ne le dérangeait pas. Surtout que là en fait il allait simplement manger à midi avec eux, rester un peu, puis il errerait un peu dans la ville pour s'occuper avant de rentrer au bercail. Il avait décidé de prendre sa voiture pour s'y rendre. Il avait beaucoup hésité entre le train ou la voiture mais normalement, il n'y aurait pas beaucoup de circulation et en plus il savait qu'il pourrait très facilement se garder chez sa grand mère. Ce n'était pas tellement un problème. Et comme c'était bien connu, on aimait avoir son petit confort. Donc il avait conduit, fenêtres ouvertes vu la chaleur, la musique au son élevé pour profiter au mieux de ce trajet. Ce n'était pas vraiment très long mais ce n'était pas non plus à dix minutes. Mais il s'en foutait il avait le temps après tout, il était en congé comme tout le monde. Donc après avoir été faire son petit jogging du matin, il s'était préparé et s'était éclipsé vers Tokyo. Il gara la voiture dans l'allée de chez sa grand-mère. Il aimait beaucoup cette maison, typiquement ancienne, qui avait survécu à l'évolution et la modernité pour garder le côté traditionnel. Il ne put s'empêcher de sourire en voyant du sel à l'entrée de la maison ainsi qu'un porte bonheur typique faisant du son au bruit du vent au dessus de la porte. Tout ceci lui rappelait beaucoup de souvenirs de jeunesse, même si malheureusement la mort de sa mère en faisait aussi partie. Mais c'était du passé maintenant. Il n'y pensait plus vraiment, excepté le fait qu'il était toujours convaincu comme sa grand mère que sa mère n'aurait jamais du se moquer des superstitions et leur pouvoir.

Après avoir passé deux-trois heures chez lui, il décida d'aller faire un tour à Tokyo, dans les environs, pour profiter un peu de la ville tant qu'à faire. Il laissa la voiture là et décida de faire à pied. Il avança dans les rues ensoleillées, habillé d'un pantalon plutôt souple et léger ainsi que d'un t-shirt blanc avec des inscriptions un peu spéciales donnant un côté original au vêtement. Sans oublier ses écouteurs sur les oreilles ainsi que ses getas au pied. Il regarda ses getas un moment. Il avait du mettre les autres vu que la vieille, ce cher Tizziano-san lui avait gentiment fait remarquer que sa ficelle avait éclatée. Du coup, il avait passé une vraiment mauvaise journée, comme celle-ci lui avait annoncé. Il soupira un peu, il détestait les mauvaises journées prévues par le destin... Mais bon au moins il était au courant. Du coup, il avait changé pour ce jour. Cela lui rappela la découverte des photos dans l'enceinte de l'école et plus précisément dans la salle des profs. Il sourit avant de continuer son chemin en écoutant sa musique. Alors qu'il allait emprunter une ruelle, il vit un chat noir au loin, il se dépêcha de reculer et d'emprunter plutôt rapidement une autre accélérant le pas. Il fallait qu'il s'éloigne plutôt rapidement de cette rue histoire de ne pas trop subir le mauvais présage que représentait les chats noirs. Il sentit un frisson parcourir son échine, il avait vraiment horreur de ça. Il marcha un moment avant de tomber sur un sanctuaire. Il sourit. Cela lui rappelait beaucoup de souvenirs, sa grand-mère l'y emmenait très souvent pour se purifier comme elle disait. Il s'arrêta un moment pour l'observer avant de décider de s'y rendre. Après tout, cela faisait longtemps et c'était un très beau sanctuaire. Et puis avec l'histoire de ses getas et du chat noir, cela ne lui ferait pas de mal de se purifier.

Il éteignit sa musique et glissa le casque autour de son cou. Le lieu demandait du silence et un certain respect histoire de ne pas bafouer un lieu sacré et de s'attirer les mauvaises foudres du destin. Il avança tranquillement pour se rendre à l'hôtel muni de la lourde corde et des cloches à faire teinter pour déposer une prière. C'était une habitude aussi pour le premier jours de l'an avec la prédiction pour la nouvelle année qui suivait. Combien de fois n'était-il pas venu ici... Il s'approcha et fit teinter le son si familier avant de joindre ses mains à plat vers le ciel, baissant légèrement la tête et fermant les yeux pour réaliser convenablement sa prière. Après quelques longues secondes, il rouvrit les yeux et sourit avant de s'écarter un peu de l'hôtel, il aperçut alors quelqu'un qui venait vers lui. Ce n'était sûrement pas pour lui d'ailleurs. Il prit un air surpris quand il reconnu la personne en question, ne s'attendant pas le moins du monde à le voir ici.

"Dojima-kun ? " Il sourit "Quelle surprise !"

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Voilà longtemps qu’il n’avait pas flirté avec les rituels shintoïstes, un temps déjà qu’il n’avait pas revêtit ses soieries sacrées pour être digne d’être le fils du prêtre de ce domaine. Malgré le heurt qui avait creusé un fossé entre les deux générations, en dépit du mutisme paternel qui semblait sempiternel, Ryosuke tenait toujours son rôle dans leur sanctuaire. Si lui avait changé au fils des années, l’endroit était resté inerte, aussi somptueux et mystique que lorsqu’il avait ouvert ses mirettes sur ce monde. Sans doute était-ce ce qui le rendait si magique aux yeux de l’adolescent qui pouvait y couler des journées entières, des sorgues parfois, durant lesquelles susurres se mêlaient aux effluves d’encens. Ces instants de sérénité se faisaient rares, maintenant qu’il résidait principalement au pensionnat. Depuis que les examens approchaient, les week-ends à la maison ne devenaient plus que réminiscences, préférant les révisions en compagnie de ses condisciples pour assurer sa réussite scolaire. Bien qu’aucuns reproches ne lui étaient faits, il sentait que sa petite sœur, Tanaki, était peinée de rentrer seule. Peut-être devait-il envisagé de l’accompagner et de se réinsérer dans un cercle plus familial duquel il commençait à s’éloigner. Il ignorait que son besoin de revoir la maison se transformerait en devoir, si vite.

La veille, la douce mère l’avait appelé pour prendre de ses nouvelles, comme elle avait l’habitude de faire. Seulement, l’appel fut saupoudré d’une requête que le kendoka ne put refuser. L’affluence de visiteurs et de pèlerins leur demandait une organisation accrue, notamment pour les prochaines assemblées festives. De plus, cela faisait longtemps que l’aîné n’avait pas apporté son aide, alors, c’était la moindre des choses, même si cela signifiait une absence scolaire. Il avait donc pris quelques affaires et avait sauté dans le premier train pour regagner la banlieue de Tokyo, où il rejoignit un coin quelque peu expatrié, là où verdure et quiétude étaient maîtres mots. Il avait retrouvé la tendresse de ses derniers frères et sœurs, desquels il avait pris soin jusqu’au couché, puis avait veillé une partie de la nuit en compagnie de sa génitrice de laquelle il était proche. Son père, lui, n’avait pas daigné le saluer, la présence ou non de Ryo lui étant totalement égale, mais cela était devenu une marotte, certes affligeante.

Aux aurores, l’asiate s’était levé pour entamer une journée d’une organisation quasi martiale. Entretenir un tel temple – bien que seulement local – n’était pas mince affaire, et une fois les renforts arrivés, tous se mirent au travail. Nettoyer, installer, vérifier, accueillir… Quelques rires échangés avec les charmantes Miko, un échange d’opinions avec un prêtre, une rencontre fortuite avec un chat au pelage aussi opalin que la neige… Et l’aperçut d’un galbe professoral casuel. Le pédagogue de japonais, ici ? Non loin de l’hôtel où se tenait cette fameuse cloche de vœux, l’adolescent observa minutieusement l’hôte surprise. Un homme gracieux avec lequel l’entente fut immédiate et la complicité spontanée, à travers la déontologie ils avaient su s’apprécier, sans pour autant réellement se connaître. Plus c’était le cas, plus le jeune homme désirait en savoir plus… De plus, il atteignait le paroxysme de la croyance avec une telle ferveur qu’il en devenait amusant à observer, et les Kami savaient qu’il lui était arrivé d’échapper un ricanement en apercevant autant de grigris et d’incantations. Lentement, il osa se diriger en sa direction, se faisant rapidement repérer.

« Tachibari-san… »

Une fois parvenu à sa hauteur, il s’inclina longuement.

« Bienvenue au sanctuaire. »

Il se redressa placidement, laissant sa chevelure dénouée revenir caresser son échine et se mêler aux teintes de son vêtement. Le voir vêtu de la sorte, d’un lourd kimono à l’éclat lilial et aux très fins motifs rouges, couleurs primaires du shintoïsme. Bien entendu, il lui arrivait fréquemment de se promener en yukata ou en hakama dans les corridors de l’établissement, mais la prestance n’était pas comparable, après tout, il se devait d’accueillir les visiteurs et les guider si nécessaire, il était donc une image directe du temple. Sur ses soieries, l’arôme d’huiles essentielles, et dans ses mains, quelques Omamori, Omikuji, et une petite draperie d’Amaterasu. Des objets qu’il avait l’intention de ranger avant cette rencontre fortuite, rencontre qu’il ne pouvait pas juste ignorer.

Sous ses airs parfaitement calmes, Ryosuke était néanmoins tout aussi surpris de la présence d’Ayako ici. Ses onyx scintillants le scrutèrent un instant, avant qu’une belle risette ne vienne décorer son faciès. L’unique fois où il ne faisait pas acte de présence à l’école, le destin enchevêtrait son chemin à celui de l’un de ses professeurs… Mais persuadé que rien n’arrivait par hasard, il n’y avait aucune raison de se faire pessimiste.

« Pas que je sois surpris de vous voir dans un temple shintô… Mais ici… Je ne vous y ai jamais croisé. »

Il prit un air quelque peu taquin.

« Alors, un yôkai s’est encore joué de vous ? »

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Ayako devait reconnaitre qu'il ne s'attendait pas du tout à voir un élève aujourd'hui, du moins un de siens, et encore moins dans la ville natale de sa grand mère, ville où il avait passé une grande partie de son enfance. De un, parce que c'était une journée scolaire comme toutes les autres et que forcément, ses élèves étaient censés être en cours. De puis, son cours a lui avait été reporté car un de ses collègues avait demander pour avoir son heure de cours car il serait absent un autre jour de la semaine. Ainsi ils avaient tout deux fait un échange d'heure de cours qui avaient entrainé un jour de congé chez notre jeune professeur. Ce n'était pas plus mal certes mais c'était une des raisons pour laquelle il ne s'attendait sûrement pas à voir Ryosuke ici. Et puis c'était surprenant également car ce n'était pas un élève lambda qu'il rencontrait, c'était un de ses étudiants avec qui il avait une certaine affinité et avec qui il partageait des moments très agréables, bien que ce soit plutôt dans un cadre scolaire qu'intime. C'était un très bon élément, toujours motivé et avide de connaissances qui semblait s'investir sérieusement dans l'apprentissage scolaire. C'était donc forcément un plaisir de base pour un professeur de pouvoir enseigner à ce type de personne. C'était même valorisant quelque part car cela voulait dire que les cours n'étaient pas si inintéressant. Bien sûr dans son cas, il aimait aussi les cancres de service simplement parce que c'était beaucoup plus facile à taquiner. Mais Ryosuke s'était déjà pris quelques railleries et taquineries de sa part. Il ne faisait pas de discrimination à ce niveau là, c'était son amusement personnel en cours et de plus cela permettait de créer une agréable ambiance. Sauf quand il taquinait les cancres qui parfois ne le prenaient pas toujours bien. Mais il le faisait lus quand ils étaient en tort, donc c'était plus une petite leçon-punition à ce niveau.

Il remercia son étudiant en accomplissant la même courbette de salutation et se redressant, il contempla la deuxième surprise que fut de voir son élève habillé de la sorte. Certes, il était au courant qu'il était tout aussi respectueux des traditions que lui, même si cela ne concernait pas forcément les superstitions, mais il ne savait pas pour autant qu'il le verrait un jour incarnant une représentation symbolique dans un sanctuaire. Il semblait d'ailleurs être en train de travailler au vu des différents objets qu'il tenait en main, objets traditionnels typiquement réservés au jour de l'an. Il en connaissait un rayon aussi grâce à sa grand-mère. Il réalisa également que cet habit allait plutôt bien à son élève qui avait quand même l'allure pour porter de façon très respectueuse l'habit traditionnel. Il ne put que rire à la question de son étudiant concernant l'éventuel acharnement superstitieux qu'il subissait régulièrement.

"Disons que je préfère venir me purifier...La ficelle de mes getas m'a quand même lâchée hier et j'ai vu au loin un chat noir... Rien de bon donc je viens me ressourcer en énergie positive et purificatrice."

Il sourit. Il avait ri certes mais au fond, il était réellement venu dans le but de contrecarrer les plans démoniaques du destin. Enfin concrètement, il avait ses portes bonheurs sur lui mais ce n'était pas une raison, ça ne pouvait pas toujours être suffisant. Il garda son sourire en observant de nouveau de haut en bas son élève.

"Personnellement, je suis tout aussi surpris de te voir, surtout habillé de la sorte. Enfin, tu me diras que c'est moi qui suis en tort d'être en tenue quotidienne pour venir dans un endroit pareil, le Kimono aurait été de meilleur accueil, mais je n'avais pas prévu de venir ici, au départ." Il ajouta après un instant "Mais pour être venu quand même souvent ici, je ne t'ai jamais vu non plus. C'est d'ailleurs étonnant de te savoir rater un jour d'école pour venir travailler ici, même si je connais ton penchant certain pour la tradition et le shintoïsme. "

C'est vrai qu'il n'avait réellement aucun souvenir d'avoir déjà croisé un étudiant dans le "personnel" du sanctuaire. Enfin, il devait reconnaitre que ça faisait un petit moment qu'il n'était plus venu mais dans sa jeunesse, il était quand même passé régulièrement par cet endroit et il y avait passé un temps certain quand il estimait avoir été affreusement contaminé par le côté obscure du destin. Et puis combien de prière n'avait-il pas réalisée ici ? Sans oublier le premier jour de l'an où il venait d'office avec sa grand-mère principalement, mais son père aussi. Et puis, il fallait aussi avouer qu'en tant que bonne élève, il ne l'avait jamais vu rater un cours, du moins un des siens, et donc la surprise était de mise concernant ce dernier point. Les raisons possibles devaient être d'ordre soit familial, soit "sentimental" c'est à dire que même si ça ne concernait pas la famille, il estimait devoir rendre ce service à la personne concernée. Il prit un petit sourire en coin. En sachant cette information concernant un jour d'école raté, il allait pouvoir taquiner son élève avec envie. Après tout, toutes les perches étaient bonnes à prendre et il était un fervent partisan des perches tendues. Il n'en ratait pas une.

"Alors alors... Je me demande si cette rencontre va devenir notre petit secret que je ne dois pas révéler... Il va falloir que tu me donnes quelque chose en échange pour compenser mon silence..."

Il s'approcha un peu avec son petit regard perçant et son sourire en coin. Il avait l'air clairement différent pour le coup, air qu'il s'amusait beaucoup à prendre et que d'ailleurs il prenait beaucoup quand il jouait au Go et qu'il venait de trouver la combinaison pour battre l'autre. Il s'approcha assez près de son étudiant et on aurait presque dit qu'il était en train de concocter un plan machiavélique digne d'un méchant de service. Mais tout ce qui sortit fut un rire amusé de la situation et un petit éloignement après avoir doucement tapoter l'épaule de son étudiant.

"Ne fais pas attention j'avais envie de te taquiner. Allez dis moi tout ! Pourquoi es-tu ici ? "

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Le galbe d’Ayako se liait parfaitement avec le cadre de l’endroit, étrangement, sa présence dans un lieu si sacré n’était pas ébahissant comme cela aurait pu l’être aux côtés d’une autre figure pédagogique, les gaijins par exemple. L’imagination du jeune homme lui permettait de s’extirper de l’illusion scolaire qui planait aux abords des professeurs en général, simplement pour en faire un nippon lambda qui n’avait jamais omis sa culture. Des mœurs certes sociétaires mais importantes et qui avaient leur place dans l’estime du kendoka. Etre entouré de quidams partageant sa foi n’était pas un besoin existentiel, mais restait un fait agréable, particulièrement lorsque l’on sombrait dans le paroxysme de la chose comme c’était un peu le cas pour son interlocuteur. Homme à la fois simple et compliqué, il ne cesserait sans doute jamais de l’amuser par sa piété superstitieuse, qu’il se ferait d’ailleurs une joie d’apaiser si nécessaire. Loin de trôner au sommet hiérarchique shintoïste comme l’était son paternel, il possédait néanmoins quelques connaissances ritualistes ou patenôtres aptes à soulager l’angoisse diffuse de son pédagogue. D’ailleurs, qu’il le voit dans ces circonstances devait déjà être un réconfort silencieux dans les sinuosités de son esprit, particulièrement s’il était venu quérir une vitalité pieuse après quelques mésaventures qui pouvaient prêter à sourire.

Tout aussi courtois que l’était son vis-à-vis, il resta sagement sur place, risette aux lippes, à écouter les propos de l’asiate. Il était vraisemblablement étrange qu’ils ne se soient effectivement jamais aperçus auparavant si ce n’était pas la première visite d’Ayako… Après tout, Ryosuke vivait ici, la demeure familiale se trouvant à l’antipode du sentier botanique. S’étaient-ils déjà croisés sans le savoir ? Peut-être même que le professeur connaissait son père ? Etrange proximité qui se creusait alors entre eux. C’est alors qu’une remarque pointa du doigt sa non présentation aux cours journaliers. Pris de cours et embarrassé, le regard de l’étudiant fureta désespéramment les alentours à la recherche d’une réponse. Cependant, il fut réduit au silence par le comportement du prof qui sous-entendait soudainement une forme de promiscuité qu’il ne lui connaissait pas. A nouveau surpris, Ryo se sentit comme le chaste auquel l’on adresse sa première œillade enjôleuse, légèrement penché vers l’arrière et les pommettes sensiblement rosies. Ce ne fut que lorsqu’il fut libéré de son carcan qu’il se redressa, ne pouvant s’empêcher de rire jaune.

« Je suis tombé dans le piège pendant un instant… »

Etait-ce le fait qu’Ayako soit bien plus âgé que lui, et qu’il soit son pédagogue de japonais, qui l’avait fait réagir de la sorte ? Bien que basé sur l’humour, il ne s’était certainement pas attendu à une telle sorte d’offensive. Surprenant… Il l’avait toujours su taquin, mais à ce point ? A moins que la fertilité de son esprit ne lui joue une facétie… Oui, certainement. L’adolescent fut extirpé de ses songes par une voix cristalline, et l’apparition d’une svelte quadragénaire tout aussi traditionnellement habillée qui effectua une courbette envers l’adulte.

« Ryosuke-kun, as-tu vu la draperie d’Amaterasu ? »

« Oh… Oui, oui, je l’aie ici. »

« Peut-être faudrait-il songer à la mettre à sa place ? »

« Je m’en charge Okaasan. »

Doucereuse génitrice, elle s’inclina à nouveau face au visiteur et s’en retourna à sa besogne. Si le jeune homme ne la savait pas débordée par l’entretien actuel du sanctuaire, sans doute aurait-il pris plaisir à la présenter à son professeur, qui venait par ailleurs de recevoir une bribe de réponse à sa dernière interrogation. L’élève se tourna en direction de ce dernier, lui adressant un sourire amusé avant de reprendre la parole.

« Ce temple appartient à notre famille, mon père en est le propriétaire et le grand prêtre. Nous sommes actuellement en pleine effervescence, ils avaient besoin de main d’œuvre pour diverses tâches… En tant qu’aîné, j’ai naturellement été sollicité. Soyez sûr que c’est un cas exceptionnel. »

Il rit un peu d’embarras, puis l’invita à le suivre d’un geste de la main.

« Vous venez ? »

Bien qu’appelé par son devoir, Ryosuke ne voulait pas pour autant en délaisser cette rencontre. Puis, dans toutes circonstances, ils devaient se montrer disponibles pour les visiteurs du sanctuaire, n’était-ce pas ce à quoi il escomptait ? Ils prirent donc route à travers le somptueux paysage, côte-à-côte, tels deux comparses dans leur odyssée. Ils croisèrent des Miko acharnées dans leur travail, des touristes à l’émerveillement constant et même un binôme de chats en pleine séance de blandices. Pendant que ces spectacles captaient l’attention d’Ayako, le kendoka en profita pour l’observer du coin de l’œil. Loin d’être quidam au physique repoussant – plutôt à l’antipode de cette image -, il avait comme une sensation d’ignorance… Il ne le connaissait pas, pas aussi bien que le proscrivait leurs statuts scolaires… Mais après tout, ils n’étaient pas dans l’enceinte de l’établissement, et se côtoyaient là comme deux citoyens quelconques. La kyrielle des évènements se promettaient intéressant si la situation lui ployait le droit d’user de son espièglerie, lui aussi. Dans sa réflexion, il continua de le fixer intensément, même encore lorsque le quidam le remarqua. Il plongea en ses prunelles sépia non sans une certaine désinvolture, demeura ainsi de longues secondes, jusqu’à avoir un rictus amusé et pénétrer dans la petite chapelle annexe à laquelle ils étaient parvenus. Une fois à l’intérieur, il déposa ce qu’il avait en main et s’occupa à installer la draperie de la déesse mère.

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Ayako rit encore un petit moment en apprenant que son cher élève était tombé dans le panneau de son petit jeu que parfois certains de ses amis lui avaient déjà demandé d'arrêter. C'était parfois un humour particulier auquel il fallait s'habituer. Il ressemblait un peu à ses gens qui pratiquent l'humour noir c'est-à-dire qui vont vous claquer dans les gencives des phrases de manière très sérieuses et vous indiquant vos quatre vérités alors qu'en réalité ils sont juste en train de se moquer de vous. C'était un humour très déroutant mais une fois qu'on avait pris le pli, il suffisait simplement de rentrer dans le jeu et cela promettait des bons moments d'amusement. Tout le monde ne savait pas forcément pratiquer ou certaines personnes n'en avaient pas forcément l'envie, mais lui aimait beaucoup et sincèrement, les amis avec qui ils partageaient ce genre d'amusement étaient ses plus précieux. Pas que cela avait son importance forcément, mais c'était ceux qui le connaissaient le mieux et inversement. Et du coup c'était des personnes avec qui il réalisait les plus grandes parties de ses activités. Son élève n'avait pas encore pris le pli mais ce n'était pas grave. C'est vrai qu'étant en dehors de l'école, il avait tendance à se laisser un peu plus aller que lors des cours -même si déjà là, il lui arrivait de parfois s'acharner sur des élèves lorsqu'ils étaient en tort. C'était une pédagogie comme une autre, lui c'était la sienne et il ne comptait pas la changer. Après tout, il adorait son boulot et il s'amusait énormément lors de ses cours, pourquoi voudrait-il que cela se passe autrement ? Il observa encore un instant son élève amusé suite à cette petite embardée humoristique avant qu'un événement ne vienne quelque peu répondre à la question qu'il avait posée auparavant.

Une magnifique jeune femme, qui lui semblait avoir un certain trait physique de ressemblance avec Ryosuke, fit son apparition pour rappeler à l'ordre le jeune garçon. Rappel à l'ordre doux et non exigeant, mais tout de même. Cette femme dégageait une certaine classe et sérénité qui bien sûr l'obligea à répondre respectueusement à la marque de salutation qu'elle lui avait accordée. Il écouta discrètement la conversation et celle-ci lui permit de se rendre que cette femme était bel et bien la mère de Ryosuke et qu'en plus, au vu de la situation, elle aussi travaillait dans ce temple. Cela ne pouvait pas signifier beaucoup de choses différentes : ce temple appartenait sûrement à la famille Dojima. Cela expliquait beaucoup pourquoi Ryosuke, ainsi que sa petite soeur Tanaki, étaient très penché sur tout ce qui concernait le shintoïsme et le respect des moeurs et usages du japon traditionnel. Il aimait beaucoup ce côté là dans leur famille. Il sourit et répondit au nouveau salut que lui offrit la mère de Ryosuke lorsqu'elle prit congé.Il regarda son jeune élève quand il parla et lui expliqua de manière plus concrète et détaillée la situation. Il sourit.

"Je comprends mieux maintenant et je trouve cela très agréable de voir qu'un élève aussi studieux respecte cependant assez sa famille et les traditions pour laisser de côté les cours et venir aider au temple."

Il sourit de nouveau et acquiesça pour participer à la mise en route de leur chemin à travers le domaine somptueux et religieux qui s'offrait devant lui. Il était quand même agréablement surpris de se rendre compte que le prêtre qu'il avait vu tant de fois plus jeune lors de ses passages au temple n'était autre que le père d'un de ses élèves. Il ne respectait pas forcément plus maintenant encore Ryosuke mais il avait l'impression qu'une dimension différente émanait de ce jeune garçon. Il l'avait toujours trouvé très mâture bien que loin d'être ennuyeux pour la cause. Il l'observa un moment pendant leur marche vers le domaine. L'habit lui allait quand même fortement bien et il trouvait que tout comme sa mère une grande sérénité ressortait de sa personne. Il semblait bien parti pour reprendre la suite et tenir le temple, les idéaux familiaux s'étant apparemment intégrés à la personne qu'était Ryosuke. Il sourit doucement en pensant à cela. Il faut dire que pour lui grand superstitieux, c'était très agréable de se retrouver en présence d'une personne apaisante et rassurante dont le Karma devait sûrement être particulièrement positif. Il arrêta de l'observer pour pouvoir profiter des plaisirs et joies qu'apportaient un temple en effervescence. Voir des Mikos ainsi si dévouées, des touristes tout aussi impressionnés et émerveillés que lui, et rire d'une paire de chat en plein émoi séducteur, c'était ce genre de moment qui lui faisait apprécier les retours chez lui. Il fut surpris de se rendre compte que le jeune adolescent semblait le fixer de manière intense et il ne put s'empêcher d'en faire autant plongeant ses yeux dans les siens engendrant un moment particulier et rempli de sous-entendus quand tout comme son interlocuteur, un sourire en coin amusé vint orner le coin de ses lèvres. Tenterait-il une petite vengeance suite à sa plaisanterie ? Ce ne serait pas impossible... C'est avec ce petit sourire qu'il suivit l'élève dans l'enceinte de l'établissement réduit comparé au temple lui même, mais cela n'enlevait nullement de charme au lieu. Il observa l'intérieur avant de regarder son élève et de l'observer faire.

"Je dois reconnaitre que cela m'impressionne quand même de voir un étudiant de ton âge s'atteler à des tâches comme celles-ci. Je trouve ça vraiment très beau et je dois reconnaitre que l'habit traditionnel te scié à ravir."

Il ne put s'empêcher de le regarder un peu plus pour profiter de la vue et du plaisir que celle-ci entrainait. Il n'avait jamais tenté un rapprochement ambigu avec un de ses élèves parce qu'il était très professionnel et que même en étant déjà devenu ami avec certains de ses élèves, cela n'avait jamais été plus loin. Il n'était pas en train de dire qu'il tentait quoi que ce soit avec ce jeune garçon, mais il lui semblait qu'il pourrait apprécier le connaitre davantage, déjà parce que dans l'encadrement scolaire, ils arrivaient à se parler de manière plutôt récurrente et qu'en dehors de celui-ci, ils semblaient partager davantage encore.

"Je ne sais pas trop jusqu'à quelle heure tu dois rester au temple mais cela te parait-il déplacé si un professeur invite un de ses élèves pour boire un verre dans Tokyo ? Il faut dire que nous avons cette ville natale en commun et qu'en plus cela faisait longtemps que je ne me suis plus baladé dans ses cafés. De toute façon je pense que tu me dois bien ça pour que je garde notre petit secret... "Il lui fit un clin d'oeil amusé, petit rebond sur sa plaisanterie passée avant d'ajouter "Comme je rentre ce soir sur Gakuen je pourrai t"y ramener également. Bien sûr n'hésite pas à refuser mon offre, tu as ta famille et je comprendrais que tu veuilles passer le plus de temps possible avec elle." il sourit plus simplement ensuite. Certes c'était une proposition sans sous entendu mais il savait que pour les élèves qui vivaient loin de chez eux, c'était agréable de retourner aux sources et d'y passer le plus de temps possible.

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Quel honneur pour le jeune nippon d’ornementer ainsi l’antre de ses ancêtres, car tout n’était que legs familiaux : ces traditions, ce temple, cette demeure. Avant lui, son grand-père avait tissé l’arantèle de sa vie ici même, et encore avant lui, le géniteur de son aïeul. Ryosuke s’estimait heureux, et surtout chanceux, oui, car malgré le nombre d’oncles et de tantes de leur côté paternel, c’était bien eux qui avait hérité de la maison familiale, dans la simple mesure où c’était leur père qui s’était dévoué au sanctuaire. Comment ne pas être presque altier avec un tel patrimoine en sa possession ? Loin de lui l’idée de se faire outrecuidant, mais il se permettait de marcher la tête haute, et de parler de cet endroit avec une véhémence marquée. Ceux qui le connaissaient savaient que ses origines, il les portait haut sur son étendard, et ce partout où il se rendait. Alors oui, ses prunelles scintillèrent d’admiration face à cette draperie, et à la superbe déesse qui aurait pu prendre vie tant elle respirait la grâce. Il ne pouvait s’empêcher de rester coi devant l’histoire, leur histoire.

Aux yeux du monde il n’était qu’un dévot, si illustre qu’il aurait très bien pu établir son bivouac à même le sol de cette chapelle implantée aux lisières d’un petit ruisseau, pour s’y laisser bercer par le bruit de l’eau et y méditer. Mais ce fut le baryton clair de son professeur qui l’interpella, et si cela aurait pu être considéré comme une fausse note dans la mélodie parfaitement jouée, ce ne fut pas le cas. Le discours fut au contraire accueilli avec harmonie, comme s’il n’était que symbiose avec les circonstances. Prenant les compliments lancés avec humilité, l’adolescent pivota en direction de l’aîné en mouvant ses lourds habits avec joliesse. Il lui adressa une risette reconnaissante, et une légère inclinaison de tête sur le côté.

« Tout est dans l’éducation je suppose, et merci… Mais vous devriez arrêter de me flatter ou je vais y prendre goût. »

Puis, il l’écouta patiemment, considérant sa proposition à sa juste valeur, bien qu’il en fut une nouvelle fois surpris. Sortir boire un verre ? Etait-ce raisonnable, que de passer une soirée en la seule compagnie d’un pédagogue dont on jouissait encore des cours ? Loin de toute déontologie, cela bouleversait considérablement les mœurs d’une bonne éducation japonaise, et jamais Ryosuke n’aurait pensé se trouvait face à cette situation. Cela en était d’autant plus étonnant qu’Ayako était asiate de souche, et non pas l’un de ces gaijins auxquels on aurait pu excuser une certaine familiarité qui leur était propre. Si cette attitude aurait pu outrer le bon chauvin qu’il était, elle provoqua l’effet inverse, la hardiesse du professeur le plaça dans un certain état de complaisance. Après tout, il n’avait jamais été contre l’européanisation et l’évolution de la société… De plus, la curiosité du personnage qu’il avait comme interlocuteur l’encourageait à s’y intéresser de plus prés. Après une brève réflexion, le jeune homme plissa sensiblement les yeux et effectua une moue frivole qui témoignait parfaitement de son amusement qu’il tentait de masquer au revers de sa désinvolture.

« C’est un rendez-vous galant, sensei ? »

Il détourna le regard en ricanant chaudement.

« Je pourrais éventuellement accepter, considérant que j’apprécie votre compagnie et que cela me permettrait de rentrer au lycée dès ce soir… Mais, ce sera à une condition. »

Qui a prétendu que l’opportunisme était de mauvais augure ? Ayako avait su le prendre au dépourvu, et l’entrainait inconsciemment dans une spirale taquine à laquelle le plus jeune participerait volontiers. S’était-il trouvé un antagoniste de taille en termes de marivaudages, lui qui maîtrisait parfaitement cette notion ? Son petit doigt lui susurrait que cette soirée serait pleine de rebondissements et qu’elle serait à ranger dans les nuits d’exception, même si pour cela il leur faudrait d’abord abattre les remparts de leurs statuts scolaires. Mais puisqu’il était apte à le considérer comme un visiteur lambda du sanctuaire, il pouvait le voir comme une connaissance un peu plus âgée avec laquelle il s’autorisait une sortie amicale. Mais avant cela, c’était au tour du kendoka de tirer un as de sa manche pour ébaubir son professeur, et il avait comme une petite idée derrière la tête. Il effectua quelques pas dans l’unique pièce sublimement décorée d’artefacts, se pavanant presque comme un sire en pleine méditation. Il s’amusa à le faire languir quelques secondes, un fin sourire décorant ses lèvres mutines.

« Quelques employés du temple on été conviés à un repas ce soir, chez moi. J’aimerais que vous y participiez vous aussi, c’est le moins que je puisse faire pour vous remercier de me raccompagner jusqu’à l’établissement. Ainsi, nous partirons de suite après le dîner et nous nous arrêterons au centre ville avant de rentrer. Qu’en dites-vous ? »

La requête lancée, Ryosuke espérait qu’elle n’effraie pas son vis-à-vis, bien que ce dernier serait accueilli avec convivialité et un intérêt certain de la part de sa mère, qu’il avait pu croiser tout à l’heure. Ce n’était après tout pas tous les jours que l’on recevait l’un des professeurs de son fils, surtout dans une période d’examens aussi critiques pour l’avenir. Aucune tentative de corruption ne résidait sous l’invitation, bien entendu, mais comme toute famille traditionnelle, celle-ci tenterait de faire bonne impression en présence d’une autorité pédagogique. Cela se promettait attrayant.

Invité

Cette proposition, il l'avait faite innocemment. C'était peut-être difficile à croire vu ses penchants pour la taquinerie, mais il n'était pas quelqu'un de malsain. En réalité, tant que ça ne concernait pas les superstitions, il ne se prenait jamais vraiment la tête. Bon comme parfois il n'avait pas de chance et tout lui tombait dessus, il n'avait pas vraiment le choix que de se sentir oppressé par le destin. Mais en règle générale, il prenait plutôt la vie légèrement et avec amusement, sans pour autant contrecarrer les moeurs nippones qu'il avait si bien intégrées. Mais il avait toujours été un adolescent qui aimait s'amuser et qui aimait découvrir ce que la vie pouvait receler d'amusant, peu importe le domaine. Et en grandissant, cela n'avait pas tellement changé. C'était d'ailleurs pour ça qu'il avait beaucoup aimé le tapissage de la salle des profs avec des derrières bien masculins, simplement parce qu'à leur âge, il aurait très bien pu faire pareil. Pour lui cela n'allait pas à l'encontre des traditions. Il était bien connu que les japonais aimaient s'amuser et les nombreux jeux télévisés plus fous les uns que les autres le montraient quotidiennement. Et puis ici, cela faisait longtemps qu'il ne s'était plus égarée dans sa ville natale pour retrouver ses souvenirs d'adolescents. Et comme en ce jour il avait décidé de retourner aux sources- d'où la raison de sa présence dans cet endroit où il venait souvent avec sa grand-mère- il comptait bien se rendre en ville et faire un petit tour des bars. Dans sa tête, l'idée qui était passée était que ce serait agréable de faire ce petit tour avec quelqu'un qu'il connaissait. Il n'avait pas peur d'y aller seul, ce n'était pas la question, mais ce serait plus amusant avec quelqu'un. Il n'avait plus vraiment d'amis sur Tokyo et il s'entendait bien de manière générale avec son étudiant. Donc il avait fait bien gentiment cette proposition, sans sous entendus quelconque.

Du coup, il ne put que s'amuser d'entendre la réponse de Ryosuke. Un rendez vous galant ? Cela le fit rire tout comme lui tellement il n'y avait pas pensé. Mais en cet instant, pour lui, il avaient un peu franchi la barrière professeur-étudiant en découvrant cette ville comme point commun et en commençant à se parler plutôt naturellement. Ce n'était pas forcément une barrière intime qu'ils avaient franchi. Pour lui ils étaient simplement en ce jour sur un pied d'égalité, deux hommes simplement qui se connaissaient et qui s'étaient retrouvés par hasard. Cela ne voulait nullement dire qu'il comptait initier quelque chose avec cet étudiant, juste que parler avec lui comme on parlerait à une connaissance quelle qu'elle soit était totalement possible. Et puis bon, il était joueur et c'était amusant d'imaginer les réactions que cela aurait pu entrainer chez certaines personnes cette allusion à un rendez vous non seulement entre hommes mais surtout entre un étudiant et un professeur. Lui c'était juste une taquinerie que se permettait Ryosuke comme lui se permettait avec son étudiant. Et ça lui plaisait qu'il entre dans ce jeu là, ça annonçait une soirée remplie de pics lancés.

"Qui sait..."

Ah ben oui...Ce n'était pas parce qu'il l'avait déjà taquiné qu'il ne comptait pas continuer. Et Puis lui il aimait bien l'ambiguïté dans les balles lancées. Il sourit plus simplement quand son idée sembla plaire à son élève mais fut par contre un peu surpris qu'il y ait une condition. Serais ce un piège que son élève lui tendait pour se venger de la taquinerie dans laquelle était tombée Ryosuke ? Il allait vite le savoir de toute manière. Il sourit donc un peu en coin en regardant l'étudiant.

"Aie... Ce n'est jamais bon signe les conditions."

Il rit. Il n'avait en réalité pas peur du tout de ce que pourrait lui proposer Ryosuke. Il était même limite curieux de voir la contrepartie de venir boire un verre avec lui. Ils étaient en train de rentrer dans un petit jeu, gentil bien sûr, tous les deux qui lui plaisaient beaucoup. Beaucoup de ses élèves prenaient souvent la mouche quand il le taquinait. Bon c'est sûr qu'il tapait parfois sur des points fragiles mais ce n'était jamais méchant. Il ne comptait pas non plus détruire ses élèves, ce n'était pas le but. Mais des petits pics qui titillaient il aimait bien. Il suffisait juste d'avoir de l'humour, voire même de lui répondre, il n'avait jamais dit qu'on devait tout encaisser sans broncher. La répartie ça lui plaisait assez. Il écouta quand son élève reprit la parole et il fut très surpris de prendre conscience qu'il l'invitait en fait à manger chez lui avec sa famille et des personnes du temple. En fait ce n'était pas du tout un piège mais une réelle proposition à laquelle il ne s'était pas du tout attendu.

"Woaw. Je ne sais pas si c'est le bon sentiment mais je me sens presque honoré de ta condition." Il lui sourit. "Ce serait vraiment un plaisir pour moi de faire partie de ce repas. Mais penses tu par contre que cela convienne à tes parents ? J'ai cru comprendre que vous aviez beaucoup de travail et je ne voudrais pas que ma présence entraine un excès pour eux. Et pour toi également comme tu es convié à les aider."

Il n'était pas forcément le genre à faire des chichis genre "Oh non..je ne vais pas m'imposer....Je ne voudrais pas que... Tu es sûr ? ....". Si on l'invitait sincèrement, et que la proposition le tentait ou lui convenait, il n'était pas du genre à refuser. Mais le contexte ici était différent. Ce n'était pas "s'imposer" qui le gênait, c'était plus le travail que cela pourrait occasionner alors qu'ils avaient déjà l'air surcharger. Ce n'était donc nullement pour se faire prier ou pour se sentir invité avec insistance et être désiré. Il voulait simplement s'assurer qu'il n'était pas un poids pour cette journée déjà bien comblée. Et puis... Il n'allait pas en rester à ces paroles sensées.

"D'ailleurs... Normalement, on présente les parents après le rendez vous galant et une fois une relation bien entamée non ? Tu brules des étapes mon petit Ryosuke... Sauf si c'est une manière sous entendue de me faire comprendre que tu attends beaucoup de chose de notre sortie."

Il le taquinait bien évidemment et ça l'amusait beaucoup. Mais c'était son élève qui avait entrainé le coup du rendez vous galant. Il ne pouvait que rebondir dessus. Tout ça n'était qu'amusement et comme Ryosuke semblait l'avoir compris, il pouvait se lâcher un peu.

Invité

A nouveau, un élan d’hilarité se glissa entre les lèvres mutines du plus jeune qui se voyait royalement servi en termes d’humour. Bien qu’il était homme à avoir la risette spontanée, il était toujours agréable de se faire surprendre par l’allégresse de ses zygomatiques soudainement charmés par une boutade. Quelque chose lui disait que ces muscles en question allaient avoir le loisir de travailler durant toute la soirée, et il s’en régalait d’avance. Les diners aux côtés de leurs comparses du sanctuaire étaient des réunions d’échanges et de bonhomie, et il ne doutait pas une seule seconde que son professeur parviendrait à trouver sa place, voire à se faire naturellement engrainer par la force des choses. Cependant, l’adolescent osa mettre sa déférence de côté durant un instant pour imaginer l’improbable scène de la présentation du petit copain à ses parents. Il se demanda alors quelle était la pire des tares : le fait qu’il ne soit nul autre que l’un de ses pédagogues scolaires… Ou qu’il soit tout simplement un homme ? C’était dans tous les cas la meilleure façon pour hériter immédiatement, car ce serait suffisant à faire trépasser son respectable paternel d’une crise cardiaque. Il chassa la funeste idée d’un ample mouvement de tête en répondant dans un ricanement amusé.

« Si vous saviez sensei… »

Quelle agréable compagnie il faisait. Ryosuke avait toujours apprécié la maturité des personnes plus âgées que lui, qui pouvaient se vanter une certaine expérience que lui n’avait pas encore et qui se trouvaient souvent être de meilleure discussion que ses amis de même génération. Si en plus la personne en question poussait le vice jusqu’à l’amusement, la conversation s’avérait être un régale. Il était heureux que sa condition soit acceptée bien que quelques craintes concernant l’invitation de dernière minute subsistaient. Craintes que le kendoka se hâta de balayer de mots pleins d’assurance.

« Ils seront ravis d’avoir un hôte de plus, ce n’est ni la place ni l’hospitalité qui manque chez nous. »

Fait un grand geste de la main.

« Bien, puisque l’accord est conclu, je vous emmène à la maison, histoire d’annoncer votre présence et de vous montrer un peu les coins interdits au public. »

Il reprit les différents objets de piété qu’il avait déposés au sol pour accrocher sa draperie, puis encouragea Ayako à le suivre d’un sourire chaleureux. Rares étaient les touristes qui avaient eu le privilège de pénétrer dans la zone privée du temple, où seuls les propriétaires avaient le droit de se pavaner à leur guise. Ryosuke était particulièrement fier de ce grand domaine duquel ils avaient hérité, un paysage bâti sur des somptuosités pieuses et augurales. Mais pas seulement, leur maison était un musée d’anciennetés nippones aptes à transporter n’importe quelle âme à une époque révolue. Connaissant parfaitement les goûts de son professeur sur leur culture, il était persuadé qu’il se sentirait tel un être pur dans cette demeure où tout n’était qu’harmonie et spiritualité. Que dire du fait de partager un repas entre prêtres et mikos ? Un environnement propice pour faire connaissances, bien que le jeune homme se réservait cette lubie pour leur tête-à-tête devant un petit verre de sake. Pour le moment, il l’entrainait au cœur d’un sentier floral tout en abordant divers sujets sur une note de légèreté. Après de longues minutes de marche, ils parvinrent enfin aux devants de la maison familiale dans laquelle ils entrèrent. Une fois dévêtu de ses chaussures, l’étudiant s’enfonça légèrement plus dans le couloir tout en laissant le temps à son pédagogue d’observer les lieux consciencieusement aménagés par sa mère.

Soudain, une petite silhouette se mit à courir en direction de Ryo qui réceptionna au creux de ses bras une petite poupée asiate, au kimono de teinte parme. Sur ses talons, un jeune garçon pas plus âgé que huit ans fit preuve d’un peu plus de retenu mais s’empressa tout autant de saluer son frère avec le plus grand des plaisirs. Leur aîné leur adressa à chacun une caresse affectueuse, empli de bonheur rien qu’à leur contact.

« Voici mon petit frère, Daiki, et ma petite sœur, Sakura. Saluez donc Tachibari-san les enfants. »

Les deux petits derniers de la famille firent une courbette synchronisée en hurlant joyeusement une salutation respectueuse. Suite à cela, fleurs à la main pour la plus jeune, ils se mirent à courir à l’extérieur puisqu’investis d’une mission pour leur génitrice. Ryosuke se prêta à rire, du moins… Jusqu’à ce que le shoji face à eux ne s’ouvre brutalement, dévoilant un homme d’un certain âge noblement habillé et aux traits physionomiques austères. Mis subitement face à son père, le jeune homme fut dépourvu de ses moyens, ne s’étant pas préparé à cette rencontre fortuite qui se serait de toute façon produite pour le dîner, mais il aurait eu le temps d’y songer. Prunelles plongées sur le sol avec humilité, il se risqua à prendre la parole.

« Otousan, j’ai convié mon sensei de japonais à notre table ce soir, je… »

Nul temps de clôturer sa réplique que l’imposante masse de tissus lui passa devant sans même daigner authentifier de sa présence, simplement comme s’il n’était qu’un souffle de vent. Ce reniement fit aussitôt taire l’étudiant qui ne manifesta aucune réaction particulière, laissant le soin à son père de saluer poliment Ayako en lui souhaitant la bienvenue chez lui. Approbation éloquente sur sa participation au repas de ce soir, puis, l’illustre prêtre s’en retourna de la pièce d’où il venait, refermant la porte coulissante au nez de son propre fils qui se montra aussi docile que possible. Bien qu’accoutumé à cette situation, cela était toujours embarrassant face à une personne telle que son sensei. Ses yeux trainèrent au sol encore un moment, scintillant de gêne et d’une peine torturée, avant qu’il n’ose timidement les replonger dans le regard de son vis-à-vis avec un sourire de façade.

« Otousan est un homme occupé… Bien… Continuons. »

Le jeune homme s’en retourna pour s’enfoncer un peu plus dans l’immense demeure et bientôt apparaître dans une pièce presque entièrement vitrée, endroit de relaxation aux arômes fleuris.

Invité

Ayako s'entendait bien que la soirée qui s'annonçait allait l'amener vers de l'humour à volonté car non seulement Ryosuke ne semblait désormais plus gêné par ses petits pics de taquinerie, mais en plus il y répondait du tac au tac sans sembler le moins du monde dérangé. Il ne pouvait qu'apprécier ce comportement qui allait fortement l'amuser. La question était plus, allaient-ils savoir s'arrêter ? Il avait du restreindre ses taquineries en devenant professeur pour ne pas toucher trop négativement ses élèves, mais il savait qu'il pouvait se laisser aller à l'humour très facilement et avec un peu tout et n'importe quoi. Des allusions ça ne manquait jamais et dans aucune conversation - en oubliant les vraies discussions sérieuses bien évidemment. Mais bon pour le coup si Ryosuke ne s'en offusquait pas, il n'avait pas de raison de se retenir. D'ailleurs il comptait bien que son élève ne se retienne pas non plus, comme il avait commencé à le faire depuis quelques paroles. Bien qu'il ne voulait nullement rajouter du travail à la famille Dojima, dont il ne verra pas la petite soeur puisqu'elle était à l'école comme tout élève en ce moment, logiquement, il était bien content de la proposition de son élève. Il adorait ce genre de réunion mêlant le spirituel et le cadre typiquement japonais que pouvait apporter ce genre de rassemblement. De plus, vu la description que Ryosuke faisait de sa famille, ils avaient l'air d'être particulièrement charmant et accueillant. Comme il n'avait nullement de mal à s'intégrer étant quand même facilement social, il sentait que ça allait être un bon début de soirée. De toute façon, la journée en soi s'était annoncée plutôt bonne. Il avait bien fait d'éviter de croire le chat noir qu'il avait aperçu au loin. Il n'aurait voulu pour rien au monde que cette journée soit troublée par quoi que ce soit. Ce n'était pas du tout au programme et il espérait que ça resterait ainsi !

"Les coins interdits ? Ryosuke, Ryosuke... Tu brûles les étapes ! M'emmener directement dans ta chambre c'est quelque peu prématuré tu ne trouves pas ? " Il ne put que rire lui même de sa plaisanterie légèrement osée mais qu'il n'avait pas pu retenir. "Excuse-moi j'ai été un peu trop loin." Il lui sourit pour répondre au sourire chaleureux de son élève avant d'ajouter "Je me réjouis de découvrir ce domaine somptueux."

Un peu de légèreté dans toute sa folie humoristique ne faisait pas de mal non plus. Il le laissa ramasser les pièces à emporter hésitant un instant à proposer son aide avant qu'il remarque l'aisance de Ryosuke et le fait établi qu'il n'avait nullement besoin d'aide. Il se rendit compte qu'il appréciait fortement observer son élève dans cette tenue réalisant des gestes sains et réservés à la caste spirituelle. C'était particulièrement apaisant. Il fallait reconnaitre aussi que ce genre d'endroit lui plaisait fortement entrainant un certain plaisir chez lui à trainer en ces lieux purifiés de toute imperfection du destin. Il suivit donc avec impatience et en même temps comptant prendre son temps le jeune étudiant qui l'emmena dans les détours de ce lieu, terminant par un magnifique chemin fleural dont l'odeur et la vue l'enivrèrent de frissons de plaisir, le sourire aux lèvres. L'allée était longue mais le chemin lui parut bien court alors qu'il conversait agréablement avec Ryosuke de choses et d'autres avec facilité. Ils finirent par arriver à ce qui ressemblait à la demeure principale. Après avoir copié son élève et enelevé ses geitas à l'entrée, il y pénétra. C'était une maison somptueuse comme il rêverait d'en avoir une un jour. Elle ressemblait beaucoup à la maison de ses grands-parents. Pas tant qu niveau de la maison en soi mais plutôt au niveau de l'ambiance qui en découlait. Au fond, la maison d'un prêtre et d'une superstitieuse ne différait pas tellement, et cela l'amusa de le constater; Du coup, il se sentit directement bien dans cette demeure agréale et aménagée à son goût.

Il entendit rapidement des petits pas enfantins accourir vers Ryosuke et fut agréablement surpris de constater deux petites têtes nippones qui apparemment seraient les petits derniers de la famille Dojima. Ainsi ils étaient plutôt dans le genre famille nombreuse. Cela devait sûrement jouer sur le côté accueillant. Il avait déjà remarqué que les familles avec beaucoup d'enfants ne se formalisaient pas vraiment quand on rajoutait par exemple des couverts à leur table. Quand y en avait pour une famille nombreuse, y en avait pour tout le monde ! Il sourit aux petits bouts doucement et vint ébouriffer doucement leurs cheveux.

"Bien le bonjour petit Dojima-kun et Dojima-chan."Il sourit amusé les regardant disparaitre dans le domaine et il se tourna vers Ryosuke en proie à une doux rire face à ce comportement enfantin. "ils sont adorables."

Il ne comprit pas tout de suite pourquoi celui-ci eut un comportement totalement différent lorsqu'apparut un homme subitement, un homme très impressionnant il devait bien le reconnaitre, qui fit même baisser les yeux à Ryosuke. Cet homme était semblerait-il son père et il n'avait pas vraiment un comportement très paternel cependant à son égard. Il tenta de rester neutre face à cette scène stupéfiante qui se déroula devant ses yeux. Il n'avait pas rêvé... Cet homme venait de littéralement ignorer son fils pour venir le saluer lui- salut qu'il rendit poliment - avant de les laisser reclapant simplement la porte coulissante sans un égard envers son fils. Il jeta un coup d'oeil non appuyé à Ryosuke qui avait l'air embarrassé - compréhensible- et qui tentait de réprimer une certaine douleur - toujours compréhensible. Il fit simplement comme si de rien était quand il le regarda et lui sourit doucement.

"Je comprends."

Il le suivit ensuite alors qu'il recommença la visite et il le regarda un peu avant de se dire qu'il devait en bon sensei et aussi en mec sympathique - lançons nous des fleurs- qu'il était de dérider un peu la conversation et de surtout l'envoyer vers un tout autre domaine que le paternel. Il vint se mettre à son niveau et vint taper doucement son épaule avant d'y poser la main et de prendre la parole.

"Alors parle moi des ravissants bouts de chou qu'on a vu ! Ils ont quel âge ? Y a encore d'autres petits Dojima ? Ou alors y aurait-il des grands Dojima ? Et dis moi... Tu comptes garder cette tenue ? Parce que bon... Entre ton invitation chez toi puis ton invitation dans ta chambre, je m'attends presque à un strip tease de ta part maintenant ! C'est peut-être le final de ce soir...."

Ok ok...il mettait la barre bien haut pour essayer de dérider son élève. Mais il détestait voir ses étudiants mal, oui oui même en étant un fervent partisan de la taquinerie qui rendait mal à l'aise. Du coup, savoir que Ryosuke ruminait constamment sur le comportement de son père n'était pas pour lui plaire. Il fallait donc qu'il le décoince et qu'il l'emmène dans d'autres pensées. Bon là il ne put s'empêcher de rire en lâchant son épaule. Il allait de plus en plus loin et il allait devoir bientôt mettre la limite s'il ne voulait pas paraitre "rentre dedans". Et puis pour en rajouter encore au point où il en était, il prit son regard perçant avec son sourire en coin et il ajouta.

"Attention ! Si tu oses dire que j'extrapole, je te mets en retenue !" Il le fixa un intant avant de rire de nouveau. Décidément il adorait vraiment ça... Peut-être trop d'ailleurs. Il redevint néanmoins normal avant de dire "J'aime beaucoup ta maison. On s'y sent vraiment bien. Bon maintenant réponds à mes questions sur les petits Dojima." Il sourit amusé. C'était lui qui l'avait incité vers autre chose mais en réalité ces questions là étaient de vraies questions de base.

» Ryosuke Dojima
» [Terminé] Kami es-tu là ? [Ryosuke]
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Coïncidence inattendue [PV Ryosuke Dojima]

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