Et Shizue parlait, parlait, parlait... clignant des yeux comme une chouette, Eiji la suivait du regard, subissant la litanie verbale avec le regard abruti de celui qui ne sait pas trop quoi répondre à toutes les suggestions. Un borborygme placé à une coupure judicieuse sembla suffir à Shizue qui repartit d'un bon train aussi bien verbale que physique pendant que le jeune homme la suivait, heureux de retrouvé le confort douillé de l'internat. Enfin, d'ici quelques minutes, quand il aurait enfin atteint sa chambre.
Le sportif tourna automatiquement la tête vers la demoiselle en réalisant qu'elle s'était tue, et observait maintenant les escaliers, les sourcils froncés et l'air plus concentré qu'une telle épreuve n'aurait du en demander. A son tour, le kendoka observa les escaliers. Non, rien de suspect, pas de plaque noire recouvert avec application de savon comme il avait aidé à monter pour le test de courage de leurs kohais.

Une minute de silence pendant laquelle le troisième année cogita sérieusement avant de tilter quel était le soucis : il avait déjà eu du mal à trainer une Shizue qui ne marchait pas droit, alors l'ascencion des escaliers devaient ressembler pour elle à l'escalade du Mont Fuji en claquettes en plein hiver. Qu'à ne cela ne tienne, son camarade de classe ne manquait pas de bonne volonté pour l'aider à y arriver ! Et accessoirement pour pouvoir se ranger et ensuite oublier cette soirée.

" Tu veux de l'aide Sa-chan ? Par contre je t'abandonne en haut des escaliers, pas envie de me faire attraper par un membre du conseil de discipline trop zêlé."

En parlant de membres trop zêlés, ils avaient tout intérêt à ne pas rester à discuter à voix haute trop longtemps dans les parages, alors que l'heure du couvre-feu était depuis longtemps passée. Non qu'il soit rare que des élèves outrepassent de peu ou de prou les horaires – leur propre soucis s'ils n'arrivaient à suivre les cours ensuite – être visiblement ivre, surtout pour Shizue, lui, il tenait encore le coup, risquait par contre de leur amener bien plus de soucis.

Ni de une, ni de deux, Eiji attrapa Shizue et la souleva comme un sac à patates pour la déposer sur son épaule. La jeune nageuse tout en muscle n'était pas un poids plume, mais il n'était pas exactement petit ou peu musclé, si bien qu'après un ou deux pas tanguants pour ajuster le poids, le sportif put commencer sans dommage l'ascencion de l'escalier avec une rigueur et une attention toute particulière pour chacun de ses pas. Autant éviter de fracasser la tête de la demoiselle contre un des murs s'il tenait vraiment à l'aider.

" Bouge pas trop , hein ? "

Plus les marches se suivaient, et plus elles paraissaient hautes et nombreuse. Et moins Shizue semblait légèreet facile à porter. C'était une idée pour un entrainement de muscu ça, à suggérer dès la semaine prochaine au président du club d'athlé : prendre les filles et les porter sur des tours de terrains. Et ensuite, faire l'inverse !

Ah non, hors de question qu'elle soit malade sur son dos ! Avec quelques pas un peu précipités pour atteindre le palier du 1er étage, Eiji déposa Shizue sur le sol avec autant de douceur qu'il sut trouver. Effectivement, balloter quelqu'un dont l'estomac était rempli d'alcool n'était pas forcément la meilleure idée qui soit, mais sur le coup, il n'en avait pas eu d'autre à lui soumettre. Du moins, pas d'autre aussi pratique et rapide.
Avec une petite moue embêtée et pas virile pour deux sous, qui ne serait jamais apparu sur son visage s'il n'avait trempé ses lèvre dans cette multitude de verres d'alcool, Eiji posa ses mains sur les épaules de Shizue, cherchant dans son visage à la peau trop pâle à tendance verdâtre si elle allait vraiment survivre et si ses paroles n'étaient que bravaches.

" T'es sure que ça va aller ? Si tu veux, il y a des sanitaires pas loin sur cet étage."

Et si on trouvait une fille malade dans les toilettes à l'étage des garçons... c'était surement mieux que de trouver une fille malade dans les escaliers. Voir morte parce qu'elle s'était fracassée dans les escaliers en essayant de les remonter comme elle pouvait alors qu'elle n'était pas capable de mettre un pied devant l'autre. Supporterait-il d'avoir sa mort sur la conscience ? Même si elle n'était pas la plus proche de ses camarades, certainement pas, surtout dans des circonstances aussi joyeuses de base. Personne ne devrait avoir le poids d'un mort sur ses épaules, fut-ce volontairement ou par erreur ! Et personne ne devrait non plus penser à la possible mort par accident d'une copine de classe dans ce genre de soirée. Ses pensées avaient pris le mors aux dents et se barraient dans toutes les directions possible à la moindre suggestion, le laissant par moment sidéré, impossible de bouger ou de réagir tant qu'il n'avait pas remis les choses à leur place.
Et dans ce cas, la bonne place, c'était la fichue grimpée des escaliers et pas l'enterrement de la jeune fille qui l'avait accompagnée pendant toute la soirée.

Le kendoka regarda avec attention sa camarade, puis les escaliers, soupesant le risque pour les deux. Enfin non, le risque de l'un -les escaliers- pour le deuxième – Shizue- . Dire qu'il n'avait pas été tellement attentif en maths pour ces histoires de probabilité... s'il avait su que cela pouvait être aussi utile, une histoire de vie ou de mort, il aurait suivi son cours avec bien plus d’acharnement !

" Pas possible, je ne veux pas que tu te tues dans les escaliers ! De toute façon, au point où on en est, on fera pas tellement plus de bruit et pour cinq minutes de différence..."

En temps normal, il lui aurait été clair que cinq minutes pouvaient faire toute la différence dans un duel comme ailleurs, mais trop stressé par la possibilité de la mort de Shizue, ce court laps de temps faisait bien maigre en comparaison. Avec le sourire, il repassa son bras autour de la taille de la jeune femme, image magnifique d'un coup d'amoureux transis qui ne veulent pas se lacher. Ou d'un seul amoureux désespéré qui ne veut pas lâcher sa copine.

Bon heureusement elle savait encore articuler pour se faire comprendre, il s'était précipité pour la déposer sur le palier, rien que le fait d'être descendue hors de son épaule, elle commençait à reprendre du poil de la bête, même si elle devait ressembler à un cadavre qu'on venait de découvrir après autant de temps passer dehors. Elle se demandait ce que ça pourrait donner avec ses lunettes... vu qu'elle ne les met que pour lire... Mais, enfin pourquoi elle pense à ça dans une situation ou elle sent qu'elle risque d'être malade à tout moment? Il faut croire que son cerveau est complètement déréglé à cet instant précis. Elle sent un poids sur ses épaules et relève un peu la tête et écoute Eiji.

"Oui, ça va aller, c'est juste que je me suis trop sentie balancer sur son épaule." Petit sourire. "Regarde je vais déjà mieux."

C'est vrai en plus elle commençait vraiment à aller mieux, c'était juste un retournement de situation, elle n'avait plus l'habitude de boire comme ça, c'est normal aussi, depuis qu'elle est arrivée ici c'est bien l'une des fois qu'elle sort aussi tard avec quelqu'un, même si à la base c'était un stupide pari, car, ils avaient perdu... Elle soupire à tout ça, elle doit aussi trouver une idée pour se venger, au moins elle avait réussi à s'enlever la sensation qu'elle avait ressentie avec la drag-queen, tout en regardant un peu Eiji elle se demandait bien à quoi il pouvait penser... ça avait l'air de lui trotter dans la tête, si bien qu'elle restait assise au moins elle ne sentait plus les nausées arrivées c'était un bon début. Elle devait trouver quelque chose, après tout elle pouvait se débrouiller seule, puis elle n'avait pas envie d'être plus un fardeau pour Eiji, tout en l'écoutant, elle se redresse en se tenant à la rampe tout près d'elle, puis regarde Eiji, son expression avait littéralement changé, passer de la fille qui allait vomir, à la fille au regard noir en plissant un peu les yeux, d'un ton noir et triste tout à la fois, elle lui répond.

"Je ne ferais pas se plaisir à la mort pas encore une fois."

Alalalala qu'est-ce que l'alcool fait dénouer les langues ici... Enfin bref c'est sur qu'elle ne ferait pas ce plaisir loin de loin, i lui avait déjà enlevé une personne importante elle ne risque pas de donner sa vie en plus! Quand d'un coup son expression change encore, comme si rien de ce qu'elle avait dit avant et que son regard noir n'avait jamais existé, elle mette une main sur l'épaule d'Eiji puis le regarde avec un petit sourire.

"Mais, si justement c'est primordiale c'est cinq minutes, imagine que tu te fasses chopper à l'étage des demoiselles qui plus ait avec une fille et quasiment bourrée au point de ne plus tenir le choc, tu vas vraiment risqué gros. Imagine seulement le scénario et la punition qui pourrait arriver."

Petit rire, en effet son étage était au-dessus, puis si jamais il se faisait prendre elle-même ne pourrait rien y faire dans l'état qu'elle était, elle regarde encore les marches à monter, dans un soupire qui en disant long, l'ascension allait vraiment être dur jusqu'à sa chambre, oui c'est sur si elle y arrive ce sera un miracle.

"Allait tracasse pas va! Je ne vais pas mourir, on se voit lundi en cours ok! Puis n'oublie pas faut qu'on trouve à se venger pour le pari du défi."

Pour une bourrée elle ne perdait pas la mémoire et encore moins elle savait ce qu'elle disait, elle regarde Eiji avec un sourire assez chaleureux, avant de retrouver un visage assez neutre enfin peut-être pas trop neutre, vu que les nausées faisaient à nouveau réapparition à peine avoir effectué une ascension de deux marchent.

Les yeux d'Eiji s'écarquillèrent de manière comique alors que le jeune homme réalisait ce que voulait dire sa camarade. Non mais... personne ne pourrait croire qu'il raccompagnait la jeune fille ivre pour abuser d'elle ?! C'était non seulement horrible, indigne et inutile, mais en plus c'était une fille ! A moins que Shizue n'ai eu dans l'idée d’enivrer Eiji pour arriver à ses fins, il n'y avait vraiment aucune chance pour que le pauvre kendoka ne veuille s'en prendre à la demoiselle.
L'horreur se lisait presque sur ses traits quand il répondit un peu trop vite, balbutiant des mots trop pressés de sortir de sa bouche.

" Non mais non, je veux rien faire avec toi ! Ça serait dégoutant !"

Un peu tard, le sportif réalisa à quel point ses mots pouvaient être mal pris par une jeune fille – bourrée ou non. Avec un sourire gêné, le grand dadet levant ses mains devant lui dans un geste protecteur qui se voulait apaisant, tentant d'expliquer un ton plus bas ce qu'il avait voulut dire.

" Je veux dire, je ferais jamais un truc pareil, ça m'intéresse pas..."

De faire ça avec une fille, certainement pas. Avec une fille bourrée, encore moins. Et même sous influence, il avait l'audace de croire qu'il pouvait quand même trouver une compagne qu'il n'aurait pas eu besoin de faire boire pour tenter de passer à l'horizontal.
Se passant la main dans les cheveux avec nervosité, Eiji referma sa bouche une bonne fois pour toute, jugeant, à juste titre, qu'il avait dit assez de conneries pour le moment. S'il continuait dans la même veine, sa camarade allait le fracasser... ce soir ou demain matin si d'aventure elle se souvenait de la conversation. Il s'approcha du bas de l'escalier suivant, s'adossant au mur avec précaution. Ils étaient assez bruyants comme ça pour ne pas rajouter des gros coups sur les murs qui réveilleraient à coup sûrs les dormeurs des premières chambres. Shizue avait raison sur un point : plus le temps passait et plus les risques de se faire prendre augmentaient de manière exponentielle. L'expression aurait été parfaite s'il avait eu à peu près en tête ce qu'était une courbe exponentielle, mais en cet instant, rien ne pouvait être plus loin de son esprit que les cours de maths.

" Monte... si je vois que tout va bien je rentre dans ma chambre, sinon je t'aiderai."

Galanterie... ou l'angoisse d'entendre un gros "boum!" qui signifierait que la demoiselle était encore plus atteinte qu'elle en avait eu l'air et ne pouvait plus monter toute seule. Il préférait rester témoin que de devoir l'emmener à l'infirmerie.. Ne pas se faire prendre était une chose, ne pas la voir tomber en était une autre... et restait prioritaire. Grande brute, certes, mais grande brute gentille, dans ses bons jours.

Ohlalala, il était vraiment temps qu'elle aie dormir, elle n'en pouvait plus et la discussion allait certainement tourner au vinaigre, car, il faut bien le dire plus ils parlent et plus ils sont des chances de se faire choper et Shizune en toute bonne élève n'a vraiment pas envie de se retrouver en colle à cause de ça, oui c'est clair et net elle n'a pas envie. Elle n'a jamais eu des heures de colles, ce n'est pas maintenant qu'elle va commencer. Surtout à cause d’une soirée stupide ou elle a trop bu, roalala si ses parents la voyaient dans cet état ils en tomberaient mort! Elle allait encore commencer à parler, lorsqu'elle fut stoppée dans son élan, par ce qu'Eiji venait de dire, comment ça dégoûtant? D'accord, elle veut bien croire qu'elle n'est pas la plus jolie fille du pensionnat, mais, quand même! Elle fronce les sourcils, elle voulu répliquer, mais, il entame encore.

"T'es au courant que tu t'en fonces encore plus là, à vouloir te justifier."

Enfin, bref maintenant elle en était sûr! Elle l'avait bien observé rien que cette sortie elle avait un doute sur ses penchants en relations d'amours, mais, maintenant elle en est sur avec ce qu'il vient de dire, elle en est persuadée, si bien qu'elle ne put s'empêcher de le déclarer platement devant lui.

"Puis c'est bien un truc de gay ça pour parlé ainsi! Tu l'es n'est-ce pas? J'avais déjà des soupçons infondés, mais, maintenant j'en suis sur."

Oui, pas la peine de le nier elle en est sur et quand Shizune est sur c'est qu'elle a raison très rare qu'elle soit en tord ou qu'elle n'ait pas raison, mais, ce n'est pas ça qui va faire qu'elle va se dessouler, loin de là et il était temps qu'elle monte vers sa chambre, puis avec ce qu'elle venait de lui dire platement devant lui, il était temps qu'elle s'éclipse aussi vite que possible, bah toute manière elle aurait peut-être oublié demain, ce qu'elle venait de dire, bien qu'elle ait un gros doute là-dessus, un truc aussi important ne s'oublie pas vite même en étant bourré, pour le rassurer tout de même, car, le pauvre devait être dans un triste état, enfin elle n'arrive pas trop à distinguer sa tête, de un parce qu'il fait presque noir et que sa vue est un peu embrumée.

"Chacuns ces goûts comme je dis, ça ne me dérange pas le moins du monde que tu sois Gay! Ou pas..."

Elle avait monté une autre marche de ce qu'elle avait entendu il attendait qu'elle soit montée pour vérifier que rien de grave ne lui arrive, c'est vrai qu'une chute est vite fait surtout en étant bourrée comme elle. Puis elle voulait absolument éviter de terminer à l'hôpital, elle avait fait des chemins assez comme ça pour ses migraines ou son frère, alors non merci elle ne risque pas d'aller à l'hôpital.

"Bon allait bonne nuit Kimihiro-kun, promis je ne dirais rien! Désolé, je n’aurais pas dû dire ça, après tout c’est ta vie privée, encore désoler" C'est ainsi que tenue à la rampe elle commence à monter les escaliers tranquillement certes, avec prudence au moins elle est sûr de ne pas tombée, une fois au-dessus elle lui fit un signe de main, au pire si vraiment il voulait discuter de ce qu'elle avait dit, il pourrait toujours le faire demain.

" Hé, mais ça te regarde pas !"

Niveau discrétion, on avoisinait le zéro absolu pour elle comme pour lui. Il n'avait plus qu'à espérer que la plupart de ses condisciples étaient suffisamment endormis pour ne pas entendre la discussion qui se déroulait dans le couloir et tirer des conclusions hâtives, sinon, il n'en entendrait jamais la fin. Le jeune homme étouffa un grognement avant de se plaquer la main sur le visage dans un geste de lassitude et de dénégation désespérée.
Il assumait – ok – un peu; voir un peu mieux, ce qui n'était pas difficile à faire quand on sortait d'un placard qui débouchait sur Narnia, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'il se sentait assez à son aise pour en discuter avec tous ses camarades de classe et d'en faire l'apologie dans le couloir. Mais ça, allez l'expliquer à une copine de classe aussi imbibée que si on l'avait fait marinée dans un bocal d'umeboshi...

" Ok, débrouille-toi" grogna-t-il d'une voix juste assez forte pour être entendue de l'escalier qu'elle affrontait " Je reviendrais si j'entends un gros fracas."

Avec la moitié des garçons qui ne dormaient dans les chambres alentours.
Si ça se trouve, la demoiselle apprécierait d'être sauvée telle une princesse par une armée de garçons... sauf si ceux-ci râlaient parce qu'elle les dérangeait pendant leur sommeil du juste ou des révisions.
Avec un effort le jeune homme décolla la main de son visage et s'arracha de son mur-soutien pour s'enfoncer dans le couloir qui menait à la porte de sa chambre, avec un petit geste qui se voulait salut pour la demoiselle qui finissait son escalade pour retourner dans ses pénates. Avec le silence qui revenait, il n'aspirait plus qu'à une chose : prendre un grand verre d'eau bien fraîche puis s'écraser dans son lit et dormir tout son soul. Le lendemain matin allait être très pénible, d'autant plus qu'il ne pouvait renoncer à son jogging matinal avec Shizuka.

Ce fut avec un soupir de soulagement qu'il posa la main sur sa poignet de sa porte sans rencontrer quiconque. Enfin... presque. Au moment où il entrait, la porte de la 103 s'ouvrit pour laisser sortir le leader du comité de discipline, qui regardait fort heureusement dans l'autre direction, possiblement ensommeillé. Eiji n'attendit pas que leurs regards se croisent ou que celui-ci soit mieux réveillé pour savoir s'il voulait juste aller satisfaire à un besoin naturel ou s'il avait entendu du bruit et allait voir ce qu'il se passait : il referma en douceur la porte de sa chambre derrière lui, restant adossé contre le bois dans l'obscurité, le temps que son coeur finisse de battre. Foutu alcool qui le rendait stressé.