Suite de ce sujet

Une fois de plus, Sasuke était venu prendre sa main et le guider à travers la nuit, l'entrainant à sa suite vers ce qu'il devinant être l'exposition. Un léger brouhaha que le jeune homme préférait ignorer entourait leur progression, devenant plus fort et plus distinct au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient de ce que Ranmaru supposait être l'exposition.
Ran n'intégra pas immédiatement le retour de la lumière, pas plus que ses yeux. Petit à petit, avec la luminosité qui revenait, les ombres se firent plus distinctes, plus claires. Associée à une odeur de délicate de fleurs fraiches, la salle d'exposition s'ouvrit petit à petit sous son regard, les compositions mises en valeur sous des faisceaux de lumière dirigés. Alors que son compagnon d'un soir repéré les échappatoires, le jeune homme dévorait la lumière des yeux comme s'il pouvait l'emporter avec lui pour ne plus jamais la perdre. Une fois ce premier désir rassassié, il commença à contempler l'ensemble de l'exposition, son agencement, les quelques personnes qui erraient au travers ou s'arrétaient devant une composition particulière pour la commenter. Le peu de foule le ravissait, et pas seulement parce que la main de Sasuke était toujours dans la sienne. Il était d'autant plus agréable d'apprécier de l'ikebana dans une atmosphère propice à l'observation.

Quand Sasuke lui proposa de choisir le sens de la visite, Ran regarda un instant autour de lui avant de serrer fort la main de son guide, échangeant les rôles en le trainant presque derrière lui dans un coin de la salle, vers une petite composition qui semblait presque oubliée, plus sombre et sinistre que les autres. L'enthousiasme de l'intendant était clair à lire dans son comportement, si différent de celui dont il faisait part habituellement.

" Par le début ? Les compositions semblent tracer un chemin de celle-ci jusqu'au centre. "

Ran tourna légèrement autour de lui, essayant d'appréhender l'ensemble de la pièce et du chemin de lumière qui se traçait. Difficile à faire avec cette vision périphérique douteuse et ces compositions qui devenaient des taches blanches le narguant sur l'extrème côté de son champs de vision. Oui, la salle semblait bien avoir été arrangée pour que l'ensemble des compositions soit plus que simplement harmonieux, mais il supposait qu'il ne comprendrait véritablement le sens de cette disposition qu'une fois l'exposition découverte dans son ensemble. Ceci était juste un petit avant gout pour titiller sa curiosité. Etre mis au défi dans une création qui pourtant semblait juste être une décoration passive... il aimait.

Intrigué, l'intendant commença à trainer Sasuke sur le chemin des premières compositions, prenant le temps de les observer et de les commenter à chaque fois, cherchant la signification de chaque élément par rapport au thème et la manière dont il s'inscrivait dans la délicate évolution de l'exposition. Avoir quelqu'un qui semblait s'intéresser à l'ikebana était une véritable nouveauté dans ce genre d'évènement. S'il avait déjà pu aller voir des expositions avec le club d'arts traditionnels, échangeant et commentant avec eux, c'était le plus souvent seul qu'il les appréciait, gardant ses commentaires pour lui. Il n'aurait su dire si l'échange lui apportait vraiment mais... il était plaisant. Voir ses idées contrées, devoir reformuler pour soutenir son point de vue... petit à petit, il se libérait de son carcan de retenue habituelle.

Le passage sur le balcon marqua une retenue de la part de l'écrivain. De son point de vue, l'espace extérieur n'était qu'une vaste obscurité où s'échelonnait des halos de lumière, comme autant d'étoiles oubliées sur un ciel nocture. L'ensemble était à la fois fascinant et agaçant. La symbolique de l'étoile brillante pour guider ses pas ne l'avait jamais tellement intéressé, et c'était un des clichés qu'il avait toujours méthodiquement mis de côté pour ne pas l'inclure dans ses livres. S'y retrouver confronté de manière quasi réaliste avait de quoi faire renaître son irritation.
Perdu dans ses pensées, il continua d'avancer, manquant de sortir de sa peau quand une collision avec la composition suivante ne fut empécher que par le bras de Sasuke interrompant son avancée. Ran baissa la tête pour contempler les fleurs jusque là dans son angle mort puis le jeune homme qui avait réagi en un éclair, sans un mot.
Un raclement de gorge lui fit tourner la tête vers un témoin de la scène : une dame un peu forte au visage austère, qui le contemplait d'un air sévère. Pour ce genre de soucis, Ranmaru n'avait besoin d'aucun chevalier protecteur, et le regard noir qu'il lui renvoya était doublé de toute la fureur et l'impuissance qu'il ressentait face à ce genre de situation. L'affrontement des regards ne dura pas bien longtemps, le temps que la matrone trouve autre chose à faire et n'aille voir un peu plus loin sur la terrasse.

D'un seul coup, il n'était plus très sur de finir de voir ce qui tronait sur le balcon.

" On ferait mieux de retourner à l'intérieur. "

Il n'avait pas cherché a luter contre Ranma quand celui ci l'avait emmené vers un coin de l'exposition. Il s'était contenté de le suivre en silence, sentant toujours sa main dans la sienne sans être capable de se défaire de cet étau... comme sil était rassuré de sentir une présence chaude dans le creux de sa main. Il acquiesça les dires de l'intendant d'un vague signe de la tête, pas vraiment décidé a prendre la parole et le suivit gentiment dans l'exposition. Etrangement, Ranma n'avait plus rien a voir avec celui que Sasuke avait vu auparavant. Il semblait presque... heureux. Chose que Sasuke pensait complètement impossible, compte tenu de ce qu'il avait vu de la personnalité de Ranmaru. Et pourtant il se surprenait a le regarder avec un regard dénué de haine et d'indifférence. Il se surprenait même a lui sourire de temps a autre, même si c'était très léger et presque imperceptible. Sasuke se surprenait a ressentir des choses qu'il pensait avoir oublier. Le simple fait de parler de l'exposition avec le jeune homme lui faisait se rendre compte de tout un tas de choses.

Il appréciait sa compagnie... il aimait le regarder quand Ranma posait son regard sur une composition florale qui l'intéressait. Le voir tourner autour, observer les fleurs une par une puis la composition dans son ensemble. Parfois en sourire, parfois tourner la tête vivement quand il ne lui trouvait pas d'intérêt. De son côté, Sasuke regardait chaque compositions avec intérêt, se souvenant peu a peu de la bonne vieille époque. Mais malheureusement pour lui il n'y avait pas de lys dans celles qu'il avait déjà eu la chance de voir. Il ne s'en formalisa pas d'avantage et continua la visite avec Ranma, toujours en lui tenant la main, comme s'il avait peur d'être laissé en arrière. Il ne savait pas trop si ca pouvait gêner l'intendant mais après tout si c'était le cas il pourrait toujours le lâcher.

Le reste de la visite se passa dans le calme absolu, même si de temps en temps Ranma relançait la discussion autour d'une composition, Sasuke y répondait juste au minimum, se contentant de donner vaguement son avis sur la question, toujours pas très a l'aise pour les relations sociales.Sortir comme une personne normale, c'était quelque chose qu'il c'était promis de ne plus faire. Il avait juré de consacrer la totalité de sa vie et de son temps a son clan et a son Oyabun... et voila qu'il se retrouvait en compagnie d'un jeune homme étranger a la mafia, dans une exposition d'ikébana... Il trouvait ca étrange... et le pire... c'est qu'il aimait ca. Il se sentait comme tout le monde, il parlait comme tout le monde et Ranma ne semblait pas être apeuré ou dégouté. Il lui tenait toujours la main... cette horrible main habituée a tenir une arme a feu et a rendre les coups.

Ranmaru se dirigea vers le balcon, entrainant Sasuke a sa suite sans qu'il ne proteste. La luminosité avait un peu baissé, considérablement même. Il jetait des coups d'oeil aux compositions quand il entendit le bruit d'une chose inhabituelle. Un coup d'oeil et il vit la composition en train de tomber. Il lâcha la main de Ranma et rattrapa de justesse l'assemblage en la remettant correctement sur le piédestal. Il jeta un oeil a Ranma, voir s'il allait bien et regarda brièvement la dame qui les regardait d'un air sévère avant de ne plus y faire attention. Ce genre de gens... Sasuke ne les voyait pas vraiment. Il savait qu'ils étaient là, qu'ils pouvaient lui parler ou le regarder mais ils n'étaient rien d'autre que des ombres vagues et sans intérêt. Si bien qu'au final il ne faisait plus vraiment attention a la dame. Il regardait Ranma, juste lui.

Et il n'aimait pas ce qu'il voyait. Cette air déçu qui trônait sur le visage de l'intendant ne lui plaisait pas. Il voulait le revoir avec les yeux pétillants de curiosité, essayer de discerner un sourire sur ses lèvres...mais les mots que prononça le jeune homme laissait entendre qu'il avait perdu de sa bonne humeur. Sasuke resta immobile devant lui, se contentant de l'observer en silence pendant plusieurs secondes, jusqu'a ce que inconsciemment sa main ne se lève et ne vienne effleurer la joue de Ranma. Il n'avait pas vraiment réfléchit a son geste mais quand il s'en était rendu compte il était trop tard. Il garda sa main sur sa joue, lui faisant relever la tête vers lui pour croiser son regard. Il ne savait pas trop quoi dire, ni quoi faire, il semblait perdu dans ses pensées au fur et a mesure qu'il observait Ranma. Il s'attendait a voir en lui le visage de Shizare... mais non.. il ne voyait rien d'autre que l'intendant... Le yakuza fit un mouvement en avant et puis se ravisa, reculant d'un pas, il retira également sa main de la joue du jeune homme et la remit dans sa poche, visiblement gêné de son geste.

"Pardon..."

Fit-il en regardant ailleurs, toussant légèrement pour s'éclaircir la gorge avant de regarder les reste des composition du balcon.

"On continu... et on ira manger plus tard... ca vous va?"

Fit-il en lui tendant son autre main libre, regardant ailleurs, toujours trop gêné de sa familiarité pour pouvoir le regarder.

Surréaliste.
Ranmaru n'avait pas d'autre terme pour décrire l'impression qu'il eut du moment où Sasuke lui effleura la joue, carressant et rassurant. Il distinguait mal l'expression du jeune homme aux cheveux clairs, aussi ne sut-il pas exactement comment interpréter son geste. Pitié ? Tentative de le rassurer comme un enfant qui vient de tomber et qui s'est écorché ? Partagé entre la colère et quelque chose de plus diffus et obscur – jamais personne n'avait tenté de le rassurer par rapport à ses problèmes de vue – Ranmaru resta silencieux, les yeux légèrement baissés. Difficile de prendre le geste pour ce qu'il était. Difficile d'imaginer qu'aux yeux d'un autre, son handicap était autre chose que pitoyable. Il avait lutté toute sa vie pour rester à l'écart des autres, et il suffisait d'un incident de vie pour qu'à nouveau son chemin bifurque...

L'excuse de Sasuke lui fit secouer la tête de droite à gauche, sans qu'aucun sens ne soit vraiment à rattacher à ce geste. Aurait-il dû lui-même s'excuser du spectacle qu'il donnait ? Ses lèvres s'amincirent en une fine ligne alors que son esprit regimbait à cette idée. Il n'était pas là pour s'excuser ou pour se montrer agréable ou pour reconsidérer pendant des heures les soucis et les inconvénients que provoquaient son handicap.
A cet instant, le jeune homme faillit tourner talon et partir de la salle, quitte à se retrouver perdu seul dans la nuit. Juste pour s'éloigner de cette atmosphère écrasante qu'il s'imposait seul et qui, jour après jour, alors que sa vue s'assombrissait ou menaçait de le faire, continuait de lui bouffer sa vie. L'idée de s'éloigner de cette autre preuve, de détourner le regard comme il savait bien le faire, était tentante.

Mais une silhouette s'interposa entre lui et la sortie, une silhouette à la main tendue dans sa direction. L'autre main, celle qui ne lui avait pas caressé la joue, maintenant bien cachée dans sa poche comme s'il s'était brulé avec le contact de sa peau. Le regard détourné et la voix basse, le jeune homme semblait plus géné qu'agacé, une sorte de doux contrepoids à sa propre hargne. Ran laissa quelques secondes s'écouler, incertain de sa propre réponse, son regard dérivant sur la boule blanche qui représentait à la lune, à la fois si proche et si innateignable, parfait symbole de l'astre réel.

L'intendant finit par faire un pas vers la direction de la prochaine composition en intérieur, avant d'attraper fermement la main du rônin dans la sienne, la serrant presque douloureusement alors qu'ils se dirigeaient à la prochaine étape. Etait-ce suffisant pour lui convier le message qu'il n'était pas totalement impuissant ?

" Je veux voir cette exposition... Mais est-ce vraiment une bonne idée pour la suite ? Je risque de blesser quelqu'un."

Le ton ironique et cinglant était revenu aussi vite qu'il avait disparu au milieu de l'ikebana.
Qu'importe. Même s'il avait du mal à se remettre dans la même ambiance que celle où ils baignaient un peu plus tôt, la composition suivante attira suffisament son regard pour le tirer de ses pensées sombres. Les quelques fleurs du balcon, qu'il n'avait pas pu contempler, avaient servi à faire une sorte de rupture dans l'évolution, si bien que les délicats lys intriqués entre des branches noires et quelques pierres sombres le choquaient maintenant dans la dureté de l'ensemble. Le seul mot qu'il avait pour la décrire aurait été triste.
Ce genre de mélancolie, Ran n'avait qu'une envie, c'était de la déchirer, toute griffe dehors. Cependant, s'attaquer à de l'ikebana était un pur sacrilège, sans compter un outrage sans pareil dans une telle exposition.

Nerveux, le jeune homme s'interrompit rapidement dans sa contemplation pour passer à la composition suivante, essayant de retrouver l'harmonie du début. Peine perdu. Le côté brillant de la lune montante qui amenait jusqu'à la dernière oeuvre était bien plus brillant et lumineux que les oeuvres précédentes, et cette débauche de clarté, à cet instant, ne seiyait pas à son humeur, nul besoin d'êter grand clerc pour le comprendre.

" Si on retrouve l'allégorie du lapin de la lune dans une des dernières composition, je hurle, vous voilà prévenu..."

La main de Ranma se glissa dans la sienne avec un peu plus de force. Sasuke resta stoïque même s'il sentait la légère douleur dans sa main. Étrangement il préférait voir l'intendant dans cet état d'esprit plutôt que de le voir a moitié amorphe et abattu. Sasuke n'avait jamais aimé les personnes qui s'apitoyaient sur leur sort, et il avait eu peur a l'instant de s'être trompé sur le compte de Ranma. Il était donc plus que satisfait d'entendre de nouveau cette touche de cynisme et d'ironie dans les paroles de son compagnon. Il se permit même un sourire, léger certes mais un sourire tout de même, qui ne resta pas très longtemps. Il serra a son tour la main de Ranma, sans trop de force, il n'avait pas le désir de lui faire mal, et se laissa donc entrainer vers le reste des compositions. Alors qu'il observait vague les compositions lointaine, son esprit se mit a se poser quelques questions... Pourquoi avait-il ressentir le besoin incontrôlable de toucher Ranma? Il n'était pourtant pas du genre a consoler les autres et il n'avait pas l'impression qu'il avait fait ca pour lui changer les idées. C'était autre chose... comme s'il avait eu besoin de le toucher, qu'il avait eu envi de lui faire comprendre quelque chose mais quoi?

Plus il réfléchissait et plus il dérivait.. et il finit par croiser dans son champs de vision une composition a base de lys. Un beau lys blanc, majestueux, entravé de branches sombres. Mais Sasuke ne regardait que la fleur et il s'immobilisa, les yeux rivés sur les pétales blancs. Ranma n'existait plus, le monde autour non plus d'ailleurs. Il aurait du s'en douter qu'il finirait par en croiser une dans cette exposition... il pensait juste y être un peu mieux préparé... Son esprit était envahit d'images de Shizare. Il pouvait le voir sourire, entendre son rire et le son de sa voix a ses oreilles, il pouvait sentir son odeur... il voyait son regard, doux et tendre. Il se souvenait de tout, il se souvenait même de la couleur de son sang... de l'odeur amère de la mort qui planait au dessus de lui quand il l'avait serrer dans ses bras jusqu'a ce que son étincelle de vie ne s'éteigne définitivement. Il pouvait encore entendre le souffle saccadé de son aimé, son regard qui se voilait et son sourire qui trônait sur ses lèvres alors que la mort lui tenait déjà l'épaule. Il avait l'impression de revivre la scène, encore une fois, d'être retombé dans un de ses cauchemars, toujours le même: celui où il était complètement impuissant.

"Shi..zare..."

Et puis il y eut un déclic... la voix de Ranma le ramena a la réalité.

Inconsciemment Sasuke regarda la main de Ranma dans la sienne et la lacha... L'intendant était dangereux... Il le faisait se raccrocher a la vie. Plus il se rapprochait de Ranma et plus il s'éloignait de Shizare. Étrangement, le yakuza avait la désagréable impression de devoir faire un choix crucial. Ranma ou Shizare? La vie.. ou la mort? Il n'était pas idiot, il avait beau essayer de se voiler la face la chose était bien là en face de lui.. il appréciait le jeune homme... plus de raison. Et ca le dérangeait d'autant plus qu'il savait parfaitement qu'il n'en avait pas le droit! Il se passa un main sur le front, se massa un moment les tempes avant de soupirer et de regarder Ranmaru, toujours aussi stoïque qu'a son habitude. Il devait penser a autre chose, essayer de ne pas trop réfléchir aujourd'hui... Ce soir il était un homme comme les autres, rien de plus. Il esquissa donc un sourire qu'il essaya vainement de rendre le plus sincère possible...

"Je vous assomerais pour vous faire taire... vous voila prévenu..."

Sa liberté recouvrée n'aurait même pas du l'émouvoir, bien au contraire. C'était d'avoir une main dans la sienne qui était perturbant, et à la limite, la facilité avec laquelle il l'acceptait. Difficile de caser cela dans la catégorie des choses qu'il acceptait et faisait parce qu'il était plus simple de se laisser aller avec le flot que de se battre éternellement contre lui. Il n'était pas un fier conquérant des libertés ou un revendicateur : pour cela, il aurait fallu qu'il se soucie un peu plus du reste du monde.
Alors, l'explication ? Un simple contre-coup de sa maladie qui le rendait vulnérable ? Une envie passagère, alors que sa patience était déjà bien érodée alors qu'il devait s'habituer à la vie en colocation ? Aucune réponse n'était satifaisante. Dire qu'il acceptait, pour un temps en tous cas, la présence du rônin, était une explication suffisante.
Son regard, qui avait glissé jusqu'à la main de Sasuke, remonta bien vite jusqu'à son visage, offrant en retour de l'esquisse de sourire une moue dubitative dont les coins étaient un peu trop retroussés. S'il y avait bien quelque chose à laquelle il était étranger, c'était la violence physique. Sans avoir vécu dans un milieu tellement protégé, il n'avait jamais souffert d'Ijime, pas plus qu'il n'avait été confronté à des risques de coups ou de rapts. S'il voulait bien prendre en compte une telle menace, au fond de lui, il n'y croyait pas réellement.

" Ah. Merci de tenter de vous rapprocher de l'allure que vous arboriez dans le parc en vous comportant en voyou. Un voyou qui apprécie l'Ikebana ceci-dit, vous êtes probablement récupérable."

Fort heureusement pour lui et pour les tympans de Sasuke, nulle carotte, mochi ou autre appel au meurtre n'avait élu domicile dans la composition suivante. Il supposait que si quelqu'un avait voulu s'amuser avec le lapin de manière aussi grossière, l'oeuvre aurait surement été mise de côté et non au sein même d'une exposition de cet envergure. Le sens de l'humour n'était pas la première qualité des japonais.
Ran se glissa plus silencieusement vers les dernières compositions dont la grâce épurée demandait une contemplation respectueuse. Quand à la dernière oeuvre, ce ne fut qu'en s'approchant que l'intendant ne découvrit la petite subtilité qui en faisait la pièce maîtresse : une petite étendue d'eau se trouvait en dessous de la boule blanche et de l'oeuvre suspendue, appelant ainsi à regarder non seulement l'oeuvre en elle-même, mais aussi son reflet, où elle trouvait enfin sa plénitude. Le rappel de l'antique festival Tsukimi était enfin complet.

Oublieux du monde autour de lui, il resta un long moment, les yeux rivés sur le sol. L'illusion comme la réalité l'envoutaient. Depuis combien de temps n'avait-il pas vu la lune ? La soudaine réalisation de ce simple fait le heurta de plein fouet. Il n'était pas un rêveur qui adorait contempler les étoiles, et les feux d'artifice trop bruyants l'agaçaient plus que l'émerveillaient. Mais de là à ne plus jamais voir la lune... Ba, il n'était pas écrivain pour rien. Ce qu'il ne pouvait ou voulait vivre, il l'écrivait. Pas de quoi en être traumatisé.

Ranmaru se retourna, pour se retrouver face à la fine silhouette du jeune homme aux cheveux clairs qui l'avait escorté tout au long de l'exposition. Un sourire ironique remplaça bien vite son expression pensive.

" C'est toujours étrange de retrouver ce que l'on a perdu. Même si ce n'est qu'au final qu'une illusion. Merci de m'avoir accompagné Saeba-san."

Sasuke garda un faible sourire, il n'arrivait pas a se retenir. Et pourtant dans son cerveau c'était le néant, ou plutôt la tempête. Il réfléchissait sans cesse a des choses qui d'ordinaires lui paraissaient futiles. Il se détestait, se méprisait de pouvoir ressentir des choses pareilles pour un être autre que Shizare. Il se voyait comme un moins que rien, un homme des plus méprisable qui ne méritait pas de vivre plus longtemps. Et pourtant d'un autre côté il remerciait Ranma de lui avoir montré un peu de lumière dans ses ténèbres.. même si l'intendant ne devait pas en avoir conscience, même s'il ne devait surement pas se douter de ce qu'il avait offert au yakuza, pour Sasuke c'était important. Seulement inutile de dire qu'il ne l'avouerait jamais. Il continuerais de jouer son rôle, trouvant de temps en temps un semblant d'intérêt a son existence en présence de l'intendant.

Le reste de la visite se passa dans le calme, Sasuke continua de parler de l'exposition avec Ranma, s'attardant sur quelques compositions particulières qui l'intéressaient particulièrement jusqu'a arriver a la dernières composition qui ressemblait plus a une sculpture qu'autre chose. Sasuke resta un peu en retrait, observant la grosse boule lumineuse au dessus du bassin d'eau, laissant Ranma se rapprocher un peu du bassin pour regarder le reflet en contre bas. Néanmoins il garda les réflexes en éveil au cas où Ranma basculerait, prêt a le rattraper, on ne sait jamais. Néanmoins il n'eut pas besoin de jouer de nouveau les chevaliers servants puisque Ranma se retourna vers lui, le remercia pour la soirée. Sasuke garda le silence un moment sans savoir quoi répondre, voulant a tout prix éviter les clichés habituels tels que le traditionnel "tout le plaisir est pour moi"... qui dans sa bouche n'aurait strictement aucuns impacts.

"Content que ca vous ai plu..."

Il grimaca discrètement a ses propres mots, se rendant compte que finalement il aurait peut être pu faire un peu mieux que ca. Il avait l'air ridicule maintenant.. Il soupira légèrement en se massant la nuque évitant consciencieusement le regard de Ranma qui devait transpirer le cynisme.

"Enfin je veux dire... je suis... content de vous avoir accompagné... C'est toujours mieux que de venir seul..."

Fit-il en essayant de se rattraper, sans savoir si c'était réussit ou s'il venait e s'enfoncer encore plus. Il remonta son regard vers Ranma, réfléchissant un moment. La soirée était un peu avancée mais étrangement il n'appréciait pas l'idée de rentrer dans l'immédiat.

"Hum... Est-ce que.. vous voulez qu'on aille manger quelque chose, quelque part?"

Ran laissa échapper un léger rire ironique. Combien de fois l'avait-il entendu cette fameuse phrase ? "C'est toujours mieux que d'être seul." A croire que personne ne pouvait concevoir qu'on puisse apprécier la solitude de son plein gré, que c'était forcément quelque chose d'imposé et qu'en lui devait exister un petit être qui crevait d'envie d'être accompagné mais n'osait pas le demander. Espoir bien vain dans son cas. Il appréciait la solitude et ne ressentait guère de manque à se retrouver seul, bien au contraire. Rien ne l'exaspérait plus que les réflexions imbéciles, ou les gens qui parlaient pour ne rien dire. Oui, il avait apprécié la discussion, le retour envoyé – et intelligent – à ses réflexions, mais ce n'était pas par défaut ou par refus d'être seul. Plutôt se pendre.
Même si à bien y réfléchir, savoir qu'il avait apprécié, réellement, la compagnie d'un autre, n'était pas des plus rassurants.

" Je ne serais jamais venu avec vous si c'était dans l'unique but de ne pas être seul. Je ne suis pas un animal grégaire qui a besoin de sa meute en permanence pour se sentir en sécurité ou intelligent. "

Mieux valait être seul que mal accompagné... encore que sa devise personnelle pouvait s'arréter à mieux valait être seul. Devise contredite par la présence de Sasuke à cet instant, présence qui avait été appréciée et pas seulement imposée par la nécessité. Si seule cette dernière avait été mise en cause, nul doute qu'il serait resté enfermé chez lui, à défouler sa hargne dans les lignes de son roman qu'il aurait écrites.
Continuer la soirée avec lui ? Aller manger en se regardant face à face, en devant trouver de quoi discuter ou en laissant s'établir un silence plus ou moins lourd – leur spécialité à tous deux apparemment – sans oublier de rester dépendant de Sasuke pour chaque déplacement hors d'un endroit éclairé. D'un point de vue extérieur et pragmatique, il tenait là quelques très belles scènes à placer dans un roman. Certes, il faudrait gommer quelque peu les défauts et travers des protagonistes pour en faire quelque chose d'un peu plus consensuel, voir romantique, mais le fond était intéressant. Seulement, il n'avait jamais eu envie d'être le héros de ses histoires, et c'était bien la raison pour laquelle il les écrivait.

" Si vous me dites pourquoi. Pourquoi vous balader avec un misanthrope notoire et en plus en remettre une couche ? Je pouvais comprendre l'attrait pour l'ikebana. Maintenant... "

Ranmaru fit quelque pas pour s'éloigner de la structure centrale et se rapprocher de la sortie de l'exposition et du hall d'entrée. La lumière y était plus normale, plus chaude et plus blanche que la lumière douce et légèrement tamisée créée spécialement pour mettre en valeur l'exposition.
Quelque part, il s'attendait presque à ce que revienne l'idée du chevalier servant qui venait le sauver dans l'obscurité. Avec son allure de beau garçon et ses cheveux pâles, Saeba avait bien l'allure d'un pourfendeur de l'obscurité. Les autres raisons possible, il n'avait pas envie de les imaginer, sans quoi il serait obligé de se montrer encore plus désagréable de coutume pour éloigner ce qui s'approchait de trop près de lui. La composition qu'il avait fait un peu plus tôt dans la journée, avec le chardon, n'était pas seulement une image au final.
Contradictoire, le Ranmaru ? Non, juste difficile à vivre.

Il aurait pu trouver mieux comme réplique ca c'est sur, mais il n'avait pas vraiment réfléchit. Il préférait dire une phrase toute faite et habituelle plutot que de dire réellement ce qu'il pouvait ressentir pour Ranma. Ce qui aurait été vraiment très mal vu et Ranma n'était visiblement pas le genre de personne a croire sur parole ce que les gens pouvaient lui dire. Sasuke avait l'impression que quoi qu'il puisse lui dire, aussi gentil que cela puisse être, aussi sincère qu'il puisse l'être... Ranma ne le croirait pas et se contenterait de lui lancer une remarque cinglante histoire de le faire taire. Il en avait conscience, il le savait et pourtant il s'entêtait encore a rester avec lui et il poussait le vice jusqu'a l'inviter a diner. Est-ce qu'il était a ce point pousser par le masochisme pour vouloir encore faire durer la torture? Aucunes idées... mais une chose était sur, aussi masochiste qu'il puisse l'être... il appréciait vraiment la compagnie de Ranma.

Sasuke poussa un léger soupire, un peu agacé de voir que Ranma se recroquevillait comme une huitre dès que Sasuke disait une chose maladroite. Il aimait sa répartie, il aimait sa façon de dire les choses avec une pointe de cynisme et d'ironie dans ses paroles, il aimait voir son regard dénué d'expression et son petit rictus rempli d'ironie. Mais il détèstait devoir se justifier ou avoir l'impression de passer pour un idiot. Il n'était pas doué pour dire les choses, il le savait, il n'avait jamais été doué pour les relations sociales. A l'époque du lycée il s'était souvent demandé pourquoi Shizare s'était-il entêté a vouloir le fréquenter. Pourquoi est-ce qu'il lui avait accordé autant de temps alors qu'il avait toujours agit comme le dernier des salopards? Maintenant il avait sa réponse. Maintenant que Sasuke se retrouvait a la place de Shizare, il comprenait pourquoi.

"Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire..."

Finit-il par lacher en regardant ailleurs. Il n'avait pas su s'exprimer correctement et il n'avait ni la patience ni l'envie de se lancer dans des excuses hasardeuses pour combler son manque d'assurance dans ce genre de situations. Mais voila que Ranma posa une question qui le poussa a grimacer légèrement. Pourquoi diable ce genre de questions? Sasuke suivit gentiment Ranma, mettant ses mains dans ses poches, le regard un peu plus sombre. Il n'aimait pas la tournure que prenait les choses... il n'aimait pas l'idée de devoir être honnête et de passer pour un imbécile pour en plus se faire envoyer chier de manière royale. D'un autre côté il n'aimait pas non plus l'idée de devoir lui mentir pour éviter les remarques désagréables de l'intendant.

"Je vous apprécie... bien plus qu'une quelconque exposition d'ikébana..."

Il grimaca de plus belle en se rendant compte de ce qu'il avait pu dire et s'arrêta, fixant une fenêtre sans parvenir a voir le paysage plongé dans l'obscurité au dehors.

"Je veux dire... que je ne me force pas a être avec vous... que je ne fais pas ca par pitié ou par politesse... je le fait parce que j'en ai envi... rien de plus. A part le fait que je vous apprécie plus que je ne le devrais, il n'y a pas de raisons particulières..."

Fit-il avant de tourner enfin son regard vers l'intendant, l'air toujours aussi stoique que d'habitude.

"Et là on arrive au moment où vous me lancer une de vos célèbres répliques pour me remettre comme il se doit a ma place avec une pointe de sarcasme et d'ironie..."

Echec critique. Sur toutes les explications que Sasuke pouvait offrir à Ranmaru, l'intéret pour sa petite personne arrivait probablement en même temps que celle d'une prise en pitié dans le top ten de celles qu'il ne voulait pas entendre. De l'intéret pour lui insinuait, en plus de la soirée, la notion possible de se revoir, de discuter, et autant de comportement qu'il n'appréciait pas particulièrement. Se couper de son isolement pour un instant t, pour une raison bien précise, passe encore. Il était misanthrope oui, pas un ermite planqué dans une grotte reculée, agoraphobe au point de ne pouvoir se trouver au milieu des gens. Acceptait un intéret plus précis équivaudrait à l'encourager.
Dommage. Quoi qu'il en dise maintenant, il avait apprécié la soirée avec le jeune homme.
L'intendant croisa les bras, dissimulant ses mains dans les manches amples de son kimono, le regard perdu sur la lune au centre de l'exposition avant d'en revenir au jeune homme qui gardait une apparence des plus stoïque malgré une déclaration qu'il avait du lui coûter de faire. C'est sans dissimuler sa curiosité que le brun le fixa avec attention, essayant de comprendre le fonctionnement de son esprit, de la même manière qu'il créait et disséquait ses personnages. Quelles étaient ses motivations, ses intentions réelles ? Ce qui le poussait en général, et son intéret, pour cette fois, en particulier. Il entendait les mots. Leur signification réelle par contre... il avait l'impression de ne pas les comprendre.

" Si vous devinez mes paroles avant que je ne les prononce, à quoi bon parler ? Désolé Saeba-san, je ne suis pas le genre de personne qui devient attachant passée la première couche de froideur. Je ne suis pas le genre de personne à qui on s'attache tout court. "

Les quelques exceptions qui avaient émaillées sa vie n'avait fait que renforcer l'avis et l'affirmation. Il n'avait plus besoin de s'en convaincre. A la limite, d'en convaincre les autres, si jamais il avait le temps et la patience de le faire, et la malchance de tomber sur quelqu'un qui s'accrochait suffisament pour qu'il en ai le besoin.
Sans y prendre garde, Ranmaru souriait légèrement. Rien d'ironique ou de narquois adapté à ses paroles, mais un sourire mélancolique qui teintait son visage de regrets inconnus par lui-même.

L'asocial finit par rompre le contact visuel pour avancer d'encore quelques pas dans le hall inanomé et quasiment vide de toute vie. Les quelques visiteurs étaient encore auprès des créations d'ikebana, ou partis pour s'adonner à d'autres occupations que ne permettaient pas une salle d'exposition qui imposait le calme et limitait les paroles.

" Encore merci pour la soirée. Ne vous en faites pas pour le retour, je vais me faire appeler un taxi."

Il lui avait fallu quelques instants, et un regard vers les portes sombres de la sortie du palace pour se souvenir qu'un retour seul était quasiment impossible et qu'il ne pouvait attendre du rônin beaucoup de patience après un tel refus. Lui demander de le raccompagner eut pour le coup, été relativement déplacé.

Sasuke avait dit ses mots en totale connaissance de cause. Il savait qu'il n'y avait aucunes chances que Ranma ne puisse ressentir ne serait-ce qu'un dixième de ce qu'il pouvait éprouver pour lui et il ne lui en voulait pas. Il avait comprit que le jeune homme n'était pas de ceux qui s'attachent et pour être honnête peut être que c'était mieux comme ca. Au moins de cette façon Sasuke restait dans les ténèbres, sans attaches vers une lumière salvatrice, prêt a respecter son pacte. Il avait encaissé les remarque de Ranma sans rien dire, se contentant de l'observer en silence sans que son regard ne trahisse la pointe de douleur qu'il ressentait déjà au fond de sa poitrine. Il s'en souvenait vaguement.. de cette douleur. Celle là était moins forte mais de même nature que celle qu'il avait déjà ressentit autrefois. Il avait fait en sorte de l'oublier et s'étaoit promis de ne plus jamais se mettre dans une situation qui la lui ferait ressentir de nouveau. Et voila qu'il en était arrivé là..; complètement a l'opposé de ce qu'il voulait devenir.

Il détourna le regard, de toutes évidences on pouvait mettre ca sur le coup d'un échec critique. Il le savait d'avance, Ranma n'avait fait que poser la mauvaise question au mauvais moment... si bien qu'il avait écourtée au possible le reste de la soirée. Le yakuza poussa un léger soupire, il n'y avait rien a dire là dessus, le plus simple serait de revenir a leur vie habituelle et faire comme si rien de tout cela ne c'était passé. Pour Ranma ce serait une bonne chose, et pour Sasuke c'était la meilleure chose a faire! L'intendant n'était pas de son monde et il n'était pas prêt a revivre le drame qu'il avait vécu avec Shizare. Il regarda Ranma s'éloigner du coup de l'oeil. Il n'avait aucunes raisons de le rattraper, le choix avait été fait et c'était surement mieux que l'intendant parte de son côté. Cependant... même s'il prenait un taxi, il doutait que le chauffeur serait aimable au point de le raccompagner jusqu'a la porte de chez lui... et le campus étant plongé dans le noir le plus total, Ranma aurait bien du mal a retrouvé le chemin. Sasuke poussa de nouveau un soupire et levant les yeux au ciel et rattrapa le jeune homme, posant une main sur son épaule qu'il retira presque aussitot.

"C'est bon.. je vous raccompagne... C'est plus prudent..."

Fit-il avant de continuer la route vers les portes. Il n'était pas rancunier de nature et il respectait le choix de Ranma, il n'allait quand même pas le forcer non? Il pouvait au moins se comporter comme une personne civilisée et le raccompagner comme il se doit... après tout, qu'il se fasse rejeter ou pas n'était pas la question. Un refus n'allait pas mettre un terme a ses sentiments de manière si catégorique. Il laisserait faire le temps, a force de ne plus le voir et de ne plus l'entendre, il finirait par l'oublier, ou il mourrait avant avec un peu de chance.

Il attendit Ranma sur le palier extérieur, la nuit était épaisse. Il s'alluma une cigarette et tendit sa main a Ranma. Histoire de jouer son rôle de guide comme il l'avait fait jusque là... puisqu'il ne serait rien d'autre au final: un guide.

Ranmaru tourna un regard curieux vers le jeune homme, surpris de se faire rattraper et de sa proposition. Il attendit un instant, se demandant si sa proposition en sous-entendait une autre, mais déjà le jeune homme était parti l'attendre dehorsen silence. Pourquoi faisait-il cela ? Pour maintenir la politesse jusqu'au bout, par détermination ? Ran n'était pas un très bon juge des caractères, se retranchant souvent dans son coin pour éviter de devoir y réfléchir – ce qui l'amenait souvent à imaginer le pire, ce qui était encore la meilleure façon de ne pas être déçu.
L'intendant secoua la tête et se dirigea vers les portes automatiques, se laissant envelopper sans angoisse dans l'obscurité nimbée de l'air tiède de cette nuit de juillet. Savoir que le jeune homme l'attendait à quelque pas rendait l'obscurité moins effrayante, pour un temps au moins. Moment qui ne durerait pas, il y avait veillé.

" Vous êtes têtu."

Pour une fois docile, Ran accepta la main tendue alors que l'obscurité faisait palir les couleurs autour de lui. L'odeur du tabac brulé entre les lèvres de Sasuke était marquante après la dernière heure passée à sentir uniquement l'odeur fraiche des fleurs coupées. Derrière cela, l'odeur de la nuit, de la ville, du goudron et des pots d'échappements, matinés d'autres parfums plus ou moins reconnaissables rendait difficile de ne pas savoir où il était même s'il ne pouvait même pas distinguer les immeubles de l'autre côté de la rue.
Voilà qu'il se repérait aux odeurs, comme un chien ? Décidément, la cécité avait des effets troublant sur lui. Dévastateurs aurait même été le mot adéquat.
D'un geste nerveux, il leva sa main libre pour frotter ses yeux, comme si le geste pouvait apporter quelque chose à sa vue en éliminant quelque voile obscur alors que le problème se situait bien plus loin, au fond de sa rétine aux cellules abimées. Comprendre, intellectuellement, ce qui se passait, ne rendait pas les choses plus facile à accepter. Etrangement, cette explication était valable dans bien des domaines de sa vie.

Il aurait bien voulu la voir, cette main qui tenait la sienne et qu'il avait accepté aussi facilement. Au point où il en était... combien de fois maintenant Sasuke l'avait-il guidé en le tenant de cette manière ? En quittant le sanctuaire, en le ramenant jusqu'à son appartement, puis pour l'accompagner jusqu'à l'exposition. Combien de fois avait-il touché quelqu'un volontairement ces derniers mois, hors consultations à l'hopital pour ses yeux ? Le nombre se comptait sur les doigts d'une main, précisément celle du rônin qui tenait la sienne.
Sans le savoir, ses pensées n'étaient pas loin d'être le miroir de celles de Sasuke. Il serait plus simple de ne pas trop s'approcher de celui qui avait déjà vu tant de lui. La vulnérabilité physique ne tenait pas à s'accompagner de plus.

Têtu? ... Non pas vraiment, disons plutôt qu'il n'avait pas le choix. Il n'allait pas prendre le risque de laisser partir Ranma tout seul avec un parfait inconnu au risque de se retrouver dans une situation délicate quand il se retrouverait tout seul, dans les ombres, prêt a se blesser. Cette simple idée l'agaçait au plus haut point. Alors non, forcément ca ne lui plaisait pas de rester a ses côtés après ce qu'il avait entendu de sa bouche, non il n'aimait pas faire tourner le couteau dans la plaie et oui il aurait préféré largement repartir seul de son côté... mais il n'avait pas le choix. Il jeta un oeil a l'intendant a côté de lui, regardant ensuite la main qu'il tenait dans la sienne, réalisant que ca serait sans doute la dernière fois qu'il pourrait se permettre se genre de proximité avec lui. Autant en profiter un peu... inconsciemment il ralentit le pas, inutile de se presser, et inconsciemment il serra un peu plus la main du jeune homme dans la sienne. Ca lui rappelait de vagues souvenirs... très lointain... quand une autre main que celle de Ranma se tenait dans la sienne. Le dernier souvenir qu'il avait c'était celui d'une main couverte de sang, avec l'odeur persistante de la mort qui plane, sentir la froideur de la main de Shizare dans la sienne jusqu'a ce que toute chaleur ai complètement disparue. Cette main là était bien vivante, bien chaude, bien réelle... et s'il voulait qu'elle reste ainsi il ferait mieux de la lâcher dès que possible et de ne plus jamais s'approcher de Ranma.

Il n'y avait pas grand chose a faire, il avait tenté sa chance et il avait perdu, c'était des choses qui arrivaient. Ils arrivèrent a la voiture, Sasuke relâcha la main de Ranma après lui avoir ouvert la porte, le laissant monter le temps qu'il faisait le tour du véhicule pour prendre place derrière le volant. Une fois que Ranma fut installé, il mit le contact, fit grogner le moteur et se mit en route vers le pensionnat. Le trajet se passa dans le plus grand silence. Sasuke avait balancer le reste de sa cigarette par la fenêtre et laissait l'air extérieur lui fouetter le visage, laissant ses mèches cendrées voleter a leur guise. Ils arrivèrent enfin au parking où il gara sa voiture qui quitta son siège sans dire un mots, claquant la portière en douceur jusqu'a attendre Ranma devant l'a portière passager. Voila la dernière ligne droite... la dernière fois qu'il allait pouvoir sentir sa main dans la sienne, sentir sa présence a ses côtés... Une boule lui serra la gorge qu'il fit disparaitre en prenant une grande inspiration, gardant toujours le même air stoïque, du moins ce qu'il avait de plus approchant...

Il résista a l'envie de s'allumer une autre cigarette pour le moment, il attendrait d'être seul. Il attendit que Ranma ne soit sortit de la voiture pour venir de lui même prendre sa main, qu'il serra doucement, restant immobile plusieurs secondes sans bouger... avant de se décider enfin a se mettre en marche... toujours silencieux.

Le temps était passé comme dans un rêve. Sans ses repaires visuels, il n'avait aucun moyen de savoir à quelle vitesse la route défilait s'ils s'approchaient du pensionat ou s'ils filaient dans une direction totalement opposée. De tous ses sens, c'était celui qu'il utilisait le plus, sa base, son ancre, et il allait devoir apprendre à s'en passer. Il aurait donné ses jambes pour pouvoir échanger sa vue contre son audition par exemple, pour se couper du monde pour son plus grand plaisir. Mais le choix ne lui était pas donné. Il devait attendre, dans le noir, en espérant que tout se passe bien, sa vie littéralement entre les mains d'un autre.
Sa bouche se tordit dans un sourire amer dans l'obscurité de la voiture. Il comprenait mieux pourquoi certains se jetaient dans les bras d'un autre pour la sécurité de ne plus être seul. En tant qu'écrivain, il l'avait même souvent écrit, cette dépendance matinée de vulnérabilité qui poussait un personnage à se raccrocher à un autre comme à une branche salvatrice. Simplement, la plupart de ces personnages n'avaient pas une triste appréhension du monde qui les entourait, sur les yeux un voile aussi sombre que les ombres qui l'entouraient pendant la nuit.

Le bruit du moteur s'arréta, créant un court silence entrecoupé par le bruit d'une portière qui claque. Maladroitement, Ran défit sa ceinture et chercha le loquet de la portière, tatonnant aussi vite que possible pour réussir à ouvrir la porte et se détestant pour ce geste. La vitre était froide contre son front quand il réussit, au deuxième essai, à ouvrir la porte et à sortir dans l'air tiède et silencieux du pensionnat, vide et seul, comme il le souhaitait. Dans un geste vain, il regarda autour de lui sans rien voir, jusqu'à ce qu'une main se referme sur la sienne, salvatrice et rassurante.
Se sentir rassurer par la présence de quelqu'un... il n'avait jamais été suicidaire, mais l'envie de s'étrangler soi-même était bien présente une fois de plus.

Le trajet se fit en silence, comme il en avait été depuis qu'il avait repousser le rônin avec véhémence. Pourquoi en aurait-il été autrement ?
Une impression de déjà-vu se profila dans sa mémoire quand l'entrée lumineuse du batiment Edo se profila dans un coin de son champs de vision, lui donnant autre chose sur lequel se concentrer que la main qu'il serrait comme l'unique ligne de survie qu'il avait. Les bruits de pas s'interrompirent dans un soupir réel ou imaginé alors qu'il essayait de faire le point dans le retour à la lumière.
Ranmaru lacha la main qui le tenait, savourant le retour à la liberté qui s'étendait aussi loin que la lumière le voulait bien.

Sans y penser, l'intendant se tourna vers le jeune étudiant, levant la main jusqu'à effleurer sa joue, fixant son visage maintenant qu'il avait à nouveau la possibilité de le voir. Sasuke avait un joli visage, du genre qu'il aurait pu mettre au héros d'un de ses livres.

" Je ne veux pas devenir aveugle. Je veux voir où je vais. Je ne veux pas être sur le chemin par hasard."

Etrange déclaration à faire après l'avoir repoussé à l'exposition.
Voilà qu'il se mettait à trembler maintenant... le froid qui lui jouait des tours, le malaise qui suivait cette étrange balade et le dur retour à la réalité par rapport à une vision qui ne s'améliorerait pas.
Plus jamais il ne voulait sortir si c'était pour se mettre dans des situations dont il avait du mal, et surtout plus l'envie, de sortir.

Il y avait tout un tas de choses qui se bousculaient dans sa tête et pourtant Sasuke s'entêtait a garder un aspect stoïque et détaché, comme si rien ne le touchait. Mais les apparences sont parfois trompeuses, Sasuke en était la preuve parfaite a cet instant. Il serrait encore la main de Ranma dans la sienne et aurait tout donné pour ne jamais la lâcher, pour ne pas avoir a s'éloigner de lui... mais il savait très bien que ce n'était pas possible. Il avait eu sa réponse, il devait respecter le choix de l'intendant. Il n'insisterait pas, il n'essaierait pas de le faire changer d'avis, il ne chercherait pas a le poursuivre. A la fin de cette soirée, il disparaitrait, comme s'il n'avait jamais existé, il ferait en sorte de ne jamais de ne plus jamais croiser sa route et au final... il laisserait faire le temps. Avec le temps tout le monde finit par oublier, Ranma ne ferait pas exception a la règle. Et a bien y réfléchir c'était peut être la meilleure chose a faire. Il fallait rester réaliste, ils n'étaient pas du même monde, ils étaient parfaitement différents tout les deux, complètement a l'opposé loin de l'autre si ce n'est a quelques détails prêt.

Plus il parcourait de chemin il plus la lumière du hall devenait oppressante pour lui. La lumière... la chose qu'il détestait le plus au monde. Toute cette clarté, cette sensation de chaleur, de sécurité... Non il n'aimait pas ca. Il n'était pas l'un de ces papillons de nuit attiré par les lueurs pâles d'une source lumineuse. Il n'aimait pas se sentir visible aux yeux de tous, il n'aimait pas cette sensation de sécurité et de plénitude. Il préférait les ténèbres, se cacher dans les ombres, là où personne ne peut vous trouver ou vous voir, a l'écart du monde, bien en sécurité au fond des abysses. Ranma lacha la main du yakuza pour s'empresse de retourner dans la lumière. Voila donc les deux mondes qui se retrouvent si proches. Sasuke et ses ténèbres d'un côté et Ranma et sa lumière de l'autre. Sasuke restait silencieux, observant Ranma sans faire un seul geste mais quand celui ci posa sa main sur sa joue, il n'eut pas le coeur de le repousser et se laissa faire, gardant un visage fermé.

Il le vit frissonner.. mais il du se retenir pour ne pas le prendre dans ses bras et garder cet air froid et distant qu'il s'entêtait a garder depuis qu'il avait entendu les mots de Ranma quelques minutes plus tôt. Aveugle? ... Il allait donc devenir aveugle. Ca expliquait la mauvaise vue et le fait qu'il n'aimait pas recevoir de l'aide. Sasuke ne pouvait qu'imaginer vaguement ce que cela pouvait faire de se sentir au pied du mur, attendant patiemment l'inéluctable moment où on vous enlèverait quelque chose de précieux. Attendre simplement que le temps passe et ne vous retire peu a peu votre espoir et votre vision, voyant peu a peu les ténèbres prendre le pas sur la lumière qu'on affectionne tellement. Et même en imaginant, il se doutait que c'était encore très loin de ce que Ranma pouvait ressentir.

Une pensée traversa son esprit et avant qu'il ai put la contrôler il se retrouva a prendre Ranma dans ses bras, sans vraiment savoir pourquoi il faisait ca. Il se contentait juste de le garder contre lui, sentant sa peau froide se réchauffer un peu a son contact, se doutant qu'il finirait par se bouffer une baffe monumentale, mais qu'importe, puisque de toutes façons il était destiné a ne plus jamais le revoir...

"Le hasard a parfois du bon... Le hasard est peut être la seule chose de vraiment acceptable dans ce monde. Le point de départ des plus belles rencontres, des plus grandes découvertes de l'espoir... Que vous le vouliez ou non... nous sommes tous sur le chemin.. par le plus grand des hasards...."

Il relacha un peu son étreinte, observa Ranma longuement, lui caressa la joue avec une extrême douceur dont même lui ne se croyait pas capable. Il fit en sorte de graver dans sa mémoire le regard de l'intendant, comme il avait fait en sorte de garder celui de Shizare juste avant que ses yeux ne se ferment a jamais. Il finit par le relacher complètement, reculant d'un pas vers les ténèbres mais restant tout de même a porté du jeune homme.

"Il faudrait parvenir à cette sagesse élémentaire de considérer les ténèbres où nous allons sans plus d'angoisse que les ténèbres d'où nous venons. Ainsi, la vie prend son vrai sens : un moment de lumière.... Vous ne serez pas le premier a perdre la vue, pas le dernier non plus... mais vous aurez au moins une certitude..."

Il fit un sourire bien visible.

"C'est que du fond des ténèbres... je serais là pour prendre votre main aussi souvent que vous en ferez la demande, sans poser de questions, sans exiger de réponses."

Il fit de nouveau un pas en arrière. Il avait dit ce qu'il avait a dire, il n'y avait rien d'autre a ajouter. Il c'était déjà fait jeter une fois, il n'était pas maso au point de vouloir recommencer l'expérience.

"Je resterais loin de vous, je ferais en sorte de ne plus vous croiser, n'ayez pas d'inquiétudes... Bonne soirée a vous... Murakami...."

Quelque part, sa panique à l'idée de devenir aveugle était probablement liée au fait que Ran n'aimait guère les discussions. Les mots, il les adorait écrits, quand il pouvait les tourner à sa manière, les façonner de la main minutieuse du créateur, à sa manière. Quand il pouvait ériger tout un monde dans son esprit, le coucher sur le papier pour ensuite le partager avec d'autre tandis qu'il restait dans l'ombre, éminence grise qui avait un instant fait danser ses marionnettes sur le papier pour son bon plaisir. C'était ainsi qu'il aimait les Mots ou les autres, avec toute la distance qu'il pouvait mettre. D'aucun aurait pu lui faire remarquer que dans cet état d'esprit, ses yeux ne lui servaient guère. Tant que son esprit était intact, il pouvait créer jusqu'à plus soif, ne nécessitant que l'apprentissage de quelques artefacts pour continuer son oeuvre.
C'était vrai, et une part de son esprit pragmatique l'avait bien compris.
Au delà de ça, il y avait la réalité. Sa vie au milieu des autres, où les contacts, même en les évitant au maximum, ne pouvaient être bannis complètement. Bien souvent, il s'en débarassait d'un regard ou d'un geste, profitait de sa position pour communiquer par l'écrit, réduisant les échanges au maximum. Sans ses yeux, que lui resterait-il pour se raccrocher ? Le contact, les paroles. Tout ce qu'il ne supportait pas. Comme la pire des malédiction, sa maladie lui arrachait quelque chose de précieux et lui imposait quelque chose qui l'horrifiait.

L'étreinte le figea sur place. Il avait du mal avec les contacts physiques aussi étroits, d'autant plus quand ils étaient imprévus. A quel moment avait-il cessé d'aimer ce genre de rapport ? Quelque part vers la fin de l'adolescence, ou l'attrait pour les autres était devenu dédain, puis agacement. Le mental avait commencé, le physique avait vite suivi. Plusieurs fois au cours de sa vie il était allé au delà de ce qui était pour lui une évidence, créant des vraies relations... qui avaient toujours mal finies. Il aurait pu en blamer ses partenaires mais cela aurait été niée sa part, ou plus exactement sa non-part dans ce type de relation.
Sasuke contre lui, ses mots délicatement choisis pour le rassurer... Ces mots, Ran auraient pu les avoir écrits pour un de ses romans tant ils étaient précieusement filés et prononcés, comme des fils de soie dans un écrin précieux. De tels mots n'avaient leur place que dans les livres, ils n'étaient pas fait pour être prononcés dans la réalité.
Y croire ? Peut-on croire aux contes de fée ?
Même son sourire était parfait. En réponse, celui de Ran fut plus ironique alors que le jeune homme s'éloignait un peu de lui, laissant à son esprit la possibilité de tourner à plein régime. Dans un livre, la réponse n'aurait pas été celle qu'il s'apprétait à donner. L'écrivain écrivait les livres, il ne les vivait pas.

" Le rôle de chevalier vous va bien Saeba-san. Vous en avez l'allure comme l'expression. Vous trouverez sans difficulté des personnes qui ne demandent qu'à être sauvées."

Ran le fixa longuement, comme s'il craignait de ne plus le revoir. Qui pouvait prédire comment sa vue évoluerait ? Vivre le livre avait été amusant un instant, mais il était plus que temps de retourner à son antre pour l'écrire et de ne pas laisser Sasuke imaginer plus longtemps qu'il était quelque chose qu'il n'était pas.
L'intendant secoua la tête, pestant contre lui-même, et se retourna avant de pénétrer dans le hall du batiment Showa, laissant le bienheureux silence l'engloutir pour la fin du chapitre.

Il n'espérait pas que l'intendant répondre autre chose qu'une de ses habituelles phrases teintées de sarcasmes et d'ironie.. et comme il l'avait prévu c'est un de ces phrases qui arriva a ses oreilles. C'était bien la première fois qu'on le comparait a un chevalier servant. Il n'avait d'honneur que pour sa famille, il n'avait pas l'âme charitable, il ne défendait ni la veuve ni l'orphelin... Il ne voyait pas comment Ranma pouvait voir en lui un chevalier servant. A cause de ses paroles? ... Oui peut être... mais Sasuke ne disait pas ce genre de chose a tout le monde, il sélectionnait les gens, il sélectionnait ceux qui pouvaient entrer dans son monde... Il ne savait pas a quel moment il avait accepté de faire entrer Ranma dans son univers mais il y était.

Il n'y avait plus rien a dire, rien a rajouter, ils le savaient tout les deux. Alors Sasuke attendit simplement que Ranma puisse rentrer dans le hall éclairé de son bâtiment... et quand il ne resta de lui plus que quelques souvenirs, Sasuke fit volte face et s'éloigna dans les ténèbres. Il allait tenir sa promesse, il éviterait de le croiser, il ferait en sorte de devenir un vague souvenir, une ombre dans un couloir tout au plus, rien qu'une impression de déjà vu. Il resterait a distance... et malgré tout il tiendrait sa promesse. Il serait là comme une ombre, il attendrait sans vraiment attendre et quand Ranma aurait besoin de lui, il serait là. Il serait toujours là... a supposer bien sur qu'un jour Ranma ai besoin de lui.

[FIN]